Vote de la loi immigration : un député Renaissance révèle des pressions de Macron

Combien de députés ont-ils été pressés comme lui de « s’abstenir » plutôt que de voter contre ?

Le président de la République lui a demandé de « s’abstenir » plutôt que de rejeter le texte, révèle Sacha Houlié. 

Le député Renaissance et président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale assure aussi qu’il a reçu la promesse de « hautes fonctions ministérielles » en échange d’un vote favorable.

L’incorruptible député Renaissance, Sacha Houlié, a voté contre la loi immigration malgré ces promesses de proches de Macron, s’il se prononçait en faveur du texte sénatorial remanié par la Commission mixte paritaire (CMP) pour être voté largement par l’Assemblée nationale. Dans les colonnes du Monde, vendredi 5 janvier, l’élu de la 2e circonscription de la Vienne explique comment le président de la République lui a également demandé de « s’abstenir » plutôt que de rejeter le texte, mais il a choisi de maintenir sa position en raison du durcissement du projet en commission mixte paritaire, sous la pression de l’opinion. Les sondages réclamaient un renforcement de plusieurs mesures. Une décision qui souligne sa fidélité à ses convictions, puisque le parlementaire avait déjà contesté ces mesures correspondant davantage à la situation, supprimées lors du passage du texte en commission des lois à l’Assemblée nationale, instance qu’il préside, mais retablies partiellement en CMP.

Sacha Houlié justifie son vote par le fait qu’il ne voulait pas approuver « un texte inconstitutionnel », alignant ainsi la position de l’aile gauche de Renaissance sur l’extrême gauche opposée à celle du camp présidentiel. Sur RTL, le président de la commission des Lois Sacha Houlié a chiffré à une « trentaine » les mesures possiblement inconstitutionnelles.

Or, parallèlement, Macron a fait « en même temps » savoir qu’il n’approuve pas certaines mesures du texte enrichi de dizaines d’articles et votées démocratiquement. Il a, de surcroît, fait appel au Conseil constitutionnel pour qu’il les censure… quelques minutes avant le vote par le Sénat du projet de loi immigration, le ministre de l’Intérieur, peut être motivé par le soutien des députés RN sur ce texte, faisait un aveu. « Bien sûr, il y a encore des questions autour de ce texte. […] Des mesures sont manifestement contraires à la Constitution. Le Conseil constitutionnel fera son office, mais la politique, ce n’est pas être juriste avant les juristes ». Le Parti socialiste et LFI ont également annoncé une saisine du Conseil constitutionnel.

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National Assembly: Late-night session for immigration bill

Loi immigration : quelles mesures pourraient être censurées par le Conseil constitutionnel ?

Au lendemain de l’adoption du projet de loi immigration au Parlement, Emmanuel Macron a saisi, lui-même, le Conseil constitutionnel. Le texte enrichi de dizaines d’articles et durci par la droite sénatoriale pourrait subir le couperet de la plus haute juridiction. Une vingtaine voire une trentaine de mesures pourraient être censurées.

Simon Barbarit

Par Simon Barbarit

Temps de lecture :

5 min

Publié le 20/12/2023 à 15:43

Mis à jour le 20/12/2023 à 16:36

Mardi soir, quelques minutes avant le vote par le Sénat du projet de loi immigration, le ministre de l’Intérieur, peut être motivé par le soutien des députés RN sur ce texte, faisait un aveu. « Bien sûr, il y a encore des questions autour de ce texte. […] Des mesures sont manifestement contraires à la Constitution. Le Conseil constitutionnel fera son office, mais la politique, ce n’est pas être juriste avant les juristes ».

Sur France Inter, ce matin, la Première ministre, Élisabeth Borne « confirme » la censure probable. A la sortie du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran a annoncé que le chef de l’Etat avait saisi le Conseil constitutionnel dès aujourd’hui « afin que les Sages puissent statuer sur la conformité de tout ou partie de cette loi à notre Constitution ». Le Parti socialiste et LFI a également annoncé une saisine du Conseil constitutionnel.

Une trentaine de mesures inconstitutionnelles ?

Conditionnement des prestations sociales non contributives, instauration de quotas migratoires, limitation du droit du sol, retour du délit de séjour irrégulier… De nombreuses mesures du texte ont provoqué l’ire de la gauche et un malaise au sein de la majorité. Sur RTL, le président de la commission des Lois Sacha Houlié, qui a voté contre le texte, a chiffré une « trentaine » les mesures inconstitutionnelles.

Le maître de conférences en droit public, Benjamin Morel, estime qu’il peut y avoir « un sujet de rupture d’égalité » en ce qui concerne le conditionnement des prestations sociales. Pour les étrangers non européens en situation régulière, les prestations comme les allocations familiales, pour le droit opposable au logement ou l’allocation personnalisée d’autonomie, un délai de carence de cinq ans est prévu pour ceux qui ne travaillent pas, et de trente mois pour les autres. Pour l’accès à l’Aide personnalisée au logement (APL), principal point d’achoppement entre la droite et la majorité présidentielle en commission mixte paritaire, une condition de résidence est fixée à cinq ans pour ceux qui ne travaillent pas, et de seulement trois mois pour les autres.

« Le gouvernement encourt une censure potentielle pour ne pas dire probable »

Le Conseil constitutionnel va devoir poser les limites de ce qui s’apparente à une forme de préférence nationale. « Le gouvernement encourt une censure potentielle pour ne pas dire probable […] Les aides sociales peuvent être conditionnées à des critères de nationalité mais pas si c’est le seul critère qui rentre en compte. Ce sont des aides sociales qui visent à permettre à une famille d’avoir une vie décente aux étrangers en situation régulière sur le territoire, et en ça, créer une inégalité avec des nationaux français, posent problème », estime Benjamin Morel.

L’instauration de quotas migratoire annuels pourrait également être contraire à la Constitution. « Demander un statut légal en France dépend de critères fixés par le législateur. Mais ces critères vous ne pouvez pas les appliquer de manière arbitraire, à géométrie variable. Si ces critères sont appliqués à une centaine d’entrants mais pas au 101e pour des raisons qui n’ont pas trait à sa situation […] C’est fondamentalement problématique », rappelle le constitutionnaliste.

La question de la rupture d’égalité se pose aussi pour la « caution étudiant », une somme à déposer par les étrangers demandant un titre de séjour « étudiant », poussée par la droite là encore.

Protection de la vie familiale

Le resserrement du regroupement familial pourrait également disparaître de la copie finale du texte. Sous la plume des sénateurs, la durée de séjour du demandeur souhaitant faire venir des membres de sa famille est portée à 24 mois (contre 18). Il devra également disposer de ressources « stables, régulières et suffisantes » et disposer d’une assurance maladie. L’âge du conjoint du demandeur devra également être de 21 ans, contre 18 ans actuellement. Une mesure qui pourrait être contraire aux principes fondamentaux qui tendent à protéger la vie familiale des individus qu’ils soient Français ou non. Elisabeth Borne a pointé l’ajout d’une condition de niveau de français élémentaire pour le conjoint : « si vous épousez demain matin un Canadien ou un Japonais, il ne peut pas rejoindre la France s’il ne parle pas bien français. On va interroger le Conseil constitutionnel ».

Cavaliers législatifs

Le rétablissement du délit de séjour irrégulier ou encore les restrictions aux droits du sol, introduits par le Sénat, pourraient, enfin, constituer des cavaliers législatifs. C’est-à-dire une mesure sans rapport avec la philosophie du texte. Supprimé en 2012 sous François Hollande afin de respecter le cadre européen qui recommande aux Etats membres de privilégier systématiquement les mesures d’éloignement aux peines d’emprisonnement. Ce nouveau délit est désormais punissable d’une peine d’amende et non plus une peine d’emprisonnement afin de se prémunir d’un risque de non-conventionalité. « Ce n’est pas dans le texte originel, ça ne répond pas forcément aux objectifs initiaux du projet de loi. Même s’il peut y avoir un lien du point de vue de la thématique […] On peut avoir des dispositions qui conduisent le Conseil constitutionnel à trancher dans le vif », observe Benjamin Morel.

Le Conseil dispose d’un maximum d’un mois pour statuer. La date, sûrement en janvier, n’est pas encore précisée.

« Faut-il être ministre d’Emmanuel Macron à tout prix ? »

Comme lui, 27 députés de la majorité ont voté contre la loi immigration et 32 autres se sont abstenus. En somme, près d’un quart de la majorité n’a pas soutenu le projet de loi Macron. Certains ministres, comme Clément Beaune, n’ont toutefois pas concrétisé leurs menaces de démission face à la version renforcée du projet de loi.

Les ministres rebelles expriment désormais leur désir de rester en poste, alors qu’une démission du gouvernement Borne semble imminente. « Faut-il être ministre d’Emmanuel Macron à tout prix ? » interroge Sacha Houlié dans le quotidien Le Monde, alors que des tensions persistent dans l’alliance présidentielle.

Vote de la loi immigration : un député Renaissance révèle des pressions de Macron

Combien de députés ont-ils été pressés comme lui de « s’abstenir » plutôt que de voter contre ?

Le président de la République lui a demandé de « s’abstenir » plutôt que de rejeter le texte, révèle Sacha Houlié. 

Le député Renaissance et président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale assure aussi qu’il a reçu la promesse de « hautes fonctions ministérielles » en échange d’un vote favorable.

L’incorruptible député Renaissance, Sacha Houlié, a voté contre la loi immigration malgré ces promesses de proches de Macron, s’il se prononçait en faveur du texte sénatorial remanié par la Commission mixte paritaire (CMP) pour être voté largement par l’Assemblée nationale. Dans les colonnes du Monde, vendredi 5 janvier, l’élu de la 2e circonscription de la Vienne explique comment le président de la République lui a également demandé de « s’abstenir » plutôt que de rejeter le texte, mais il a choisi de maintenir sa position en raison du durcissement du projet en commission mixte paritaire, sous la pression de l’opinion. Les sondages réclamaient un renforcement de plusieurs mesures. Une décision qui souligne sa fidélité à ses convictions, puisque le parlementaire avait déjà contesté ces mesures correspondant davantage à la situation, supprimées lors du passage du texte en commission des lois à l’Assemblée nationale, instance qu’il préside, mais retablies partiellement en CMP.

Sacha Houlié justifie son vote par le fait qu’il ne veut pas approuver « un texte inconstitutionnel », alignant ainsi la position de l’aile gauche de Renaissance sur l’extrême gauche opposée à celle du camp présidentiel. Sur RTL, le président de la Commission des Lois, Sacha Houlié, a chiffré à une « trentaine » les mesures possiblement inconstitutionnelles.

Or, parallèlement, Macron a fait « en même temps » savoir qu’il n’approuve pas certaines mesures du texte enrichi de dizaines d’articles et votées démocratiquement. Il a, de surcroît, fait appel au Conseil constitutionnel pour qu’il les censure… quelques minutes avant le vote par le Sénat du projet de loi immigration, le ministre de l’Intérieur, peut être motivé par le soutien des députés RN sur ce texte, faisait un aveu. « Bien sûr, il y a encore des questions autour de ce texte. […] Des mesures sont manifestement contraires à la Constitution. Le Conseil constitutionnel fera son office, mais la politique, ce n’est pas être juriste avant les juristes ». Le Parti socialiste et LFI ont également annoncé une saisine du Conseil constitutionnel.

Une trentaine de mesures inconstitutionnelles ?

De nombreuses mesures du texte ont irrité la gauche et créé un malaise dans la majorité : conditionnement des prestations sociales non contributives, instauration de quotas migratoires, limitation du droit du sol, retour du délit de séjour irrégulier. Sur RTL, le président de la commission des Lois Sacha Houlié, qui a voté contre le texte, a chiffré une « trentaine » les mesures inconstitutionnelles.

Il peut y avoir « un sujet de rupture d’égalité » en ce qui concerne le conditionnement des prestations sociales, selon le maître de conférences en droit public, Benjamin Morel. Pour les étrangers non européens en situation régulière, les prestations comme les allocations familiales, pour le droit opposable au logement ou l’allocation personnalisée d’autonomie, un délai de carence de cinq ans est prévu pour ceux qui ne travaillent pas, et de trente mois pour les autres. Pour l’accès à l’Aide personnalisée au logement (APL), principal point d’achoppement entre la droite et la majorité présidentielle en commission mixte paritaire, une condition de résidence est fixée à cinq ans pour ceux qui ne travaillent pas, et de seulement trois mois pour les autres.

« Le gouvernement encourt une censure potentielle pour ne pas dire probable »

Le Conseil constitutionnel va devoir poser les limites de ce qui s’apparente à une forme de préférence nationale. « Le gouvernement encourt une censure potentielle pour ne pas dire probable […] Les aides sociales peuvent être conditionnées à des critères de nationalité mais pas si c’est le seul critère qui rentre en compte. Ce sont des aides sociales qui visent à permettre à une famille d’avoir une vie décente aux étrangers en situation régulière sur le territoire, et en ça, créer une inégalité avec des nationaux français, posent problème », estime Benjamin Morel.

L’instauration de quotas migratoire annuels pourrait également être contraire à la Constitution. « Demander un statut légal en France dépend de critères fixés par le législateur. Mais ces critères vous ne pouvez pas les appliquer de manière arbitraire, à géométrie variable. Si ces critères sont appliqués à une centaine d’entrants mais pas au 101e pour des raisons qui n’ont pas trait à sa situation […] C’est fondamentalement problématique », rappelle le constitutionnaliste.

La question de la rupture d’égalité se pose aussi pour la « caution étudiant », une somme à déposer par les étrangers demandant un titre de séjour « étudiant », poussée par la droite là encore.

Protection de la vie familiale

Le resserrement du regroupement familial pourrait également disparaître de la copie finale du texte. Sous la plume des sénateurs, la durée de séjour du demandeur souhaitant faire venir des membres de sa famille est portée à 24 mois (contre 18). Il devra également disposer de ressources « stables, régulières et suffisantes » et disposer d’une assurance maladie. L’âge du conjoint du demandeur devra également être de 21 ans, contre 18 ans actuellement. Une mesure qui pourrait être contraire aux principes fondamentaux qui tendent à protéger la vie familiale des individus qu’ils soient Français ou non. Elisabeth Borne a pointé l’ajout d’une condition de niveau de français élémentaire pour le conjoint : « si vous épousez demain matin un Canadien ou un Japonais, il ne peut pas rejoindre la France s’il ne parle pas bien français. On va interroger le Conseil constitutionnel ».

Cavaliers législatifs

Le rétablissement du délit de séjour irrégulier ou encore les restrictions aux droits du sol, introduits par le Sénat, pourraient, enfin, constituer des cavaliers législatifs. C’est-à-dire une mesure sans rapport avec la philosophie du texte. Supprimé en 2012 sous François Hollande afin de respecter le cadre européen qui recommande aux Etats membres de privilégier systématiquement les mesures d’éloignement aux peines d’emprisonnement. Ce nouveau délit est désormais punissable d’une peine d’amende et non plus une peine d’emprisonnement afin de se prémunir d’un risque de non-conventionalité. « Ce n’est pas dans le texte originel, ça ne répond pas forcément aux objectifs initiaux du projet de loi. Même s’il peut y avoir un lien du point de vue de la thématique […] On peut avoir des dispositions qui conduisent le Conseil constitutionnel à trancher dans le vif », observe Benjamin Morel.

Le Conseil dispose d’un maximum d’un mois pour statuer. La date, sûrement en janvier, n’est pas encore précisée.

« Faut-il être ministre d’Emmanuel Macron à tout prix ? »

Comme lui, 27 députés de la majorité ont voté contre la loi immigration et 32 autres se sont abstenus. En somme, près d’un quart de la majorité n’a pas soutenu le projet de loi Macron. Certains ministres, comme Clément Beaune, n’ont toutefois pas concrétisé leurs menaces de démission face à la version renforcée du projet de loi.

Les ministres rebelles expriment désormais leur désir de rester en poste, alors qu’une démission du gouvernement Borne semble imminente. « Faut-il être ministre d’Emmanuel Macron à tout prix ? » interroge Sacha Houlié dans le quotidien Le Monde, alors que des tensions persistent dans l’alliance présidentielle.

Vote de la loi immigration : l’alliance présidentielle au bord de l’implosion

Renaissance, MoDem, Horizons ébranlés… 

L’Assemblée nationale a validé mardi le projet de loi Immigration profondément modifié par le Sénat, puis la CMP. Le vote a confirmé les divisions dans les rangs de la majorité, verticale et arrogante, mais toute relative, dont une trentaine de députés a décidé de s’opposer au texte.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, à l'initiative du projet de loi, discutant avec le député Renaissance Sacha Houlié, qui a voté contre le texte issu de son propre camp mais durci par la droite. REUTERS/Sarah Meyssonnier
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin,
porteur du projet de Macron,
discutant avec le député Renaissance
Sacha Houlié, qun président de la Commission des lois qui vote contre
le texte de son propre camp
mais renforcé par l’opposition attentive à la population.

Malgré l’adoption de la loi Immigration, certains députés de la majorité ont accueilli la nouvelle avec amertume mardi soir à l’Assemblée. Une trentaine de députés Renaissance, MoDem et Horizons ont d’ailleurs choisi de voter contre le texte considérablement durci après son passage au Sénat et en Commission mixte paritaire.

Voici les votes de la majorité.

En comptant les voix de l’ensemble des députés, la loi Immigration a été adoptée avec 349 voix pour, 186 contre et 38 abstentions. Au sein du groupe Renaissance, 131 députés ont voté pour mais 20 parlementaires ont voté contre et 17 se sont abstenus.


Parmi les parlementaires Renaissance opposés à la loi, le député de la Vienne Sacha Houlié, figure de l’aile gauche de la majorité présidentielle, a affirmé qu’il s’est réveillé avec un « sentiment de gueule de bois » ce mercredi. « Je suis triste car ce n’est pas le projet que j’aurais voulu », a-t-il livré au micro de RTL.

« La majorité est diverse, elle se pose des questions », a reconnu la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, elle-même membre du groupe Renaissance. « Mais elle est unie derrière le président de la République et elle a envie de continuer à avancer dans l’état d’esprit qui est le nôtre », a-t-elle assuré.

Philippe Caverivière et la stratégie du PS sur la loi immigration:

Que pourrait censurer le Conseil constitutionnel de la loi immigration ?

« Des choses que je n’aime pas mais qui ne sont pas contre nos valeurs« , pose Macron

Le président Macron a tenté de peser sur le Conseil constitutionnel.
Alors que 59 députés de la majorité ont voté contre la loi immigration ou se sont abstenus, que le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a présenté sa démission, Elisabeth Borne a jugé que des mesures de la loi immigration sont contraires à la Constitution et annoncé que le gouvernement va saisir le Conseil constitutionnel.

« En résistance », des associations de défense des étrangers s’en remettent au Conseil constitutionnel pour tenter de faire invalider certaines mesures du projet de loi sur l’immigration adopté mardi, a annoncé mercredi la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe plus de 900 associations. En avril 2019, Pascal Brice, le président de la FAS — qui regroupe de nombreux acteurs (Emmaüs, Aurore, Armée du salut, groupe SOS, Cités du Secours catholique, Ordre de Malte…) qui jouent le rôle d’opérateurs de l’Etat, notamment dans le secteur de l’hébergement, et touchent à ce titre de l’argent public — dénonce ce mercredi sur RMC les mesures de la loi immigration votée ce mardi soir et le socialiste passé au premier cercle de l’équipe de campagne de Yannick Jadot  annonce qu’il va participer à la saisine du Conseil constitutionnel contre les renforcements des conditions d’attribution des allocations familiales et de l’aide au logement votés par la représentation nationale. « Discriminer entre les Français et les étrangers sur les aides sociales, j’espère que c’est encore contraire à la Constitution de la République, » a-t-il ironisé. Et ce Nupésien de clamer qu’il n’attend « rien » de la prise de parole de Macron sur le sujet de la loi immigration, ce mercredi soir dans …C à vous sur France 5. « Il semble que le président de la République ait réagi en disant qu’il ne voyait pas le problème. Cette classe politique a fait preuve de cynisme, sur tous les bancs, dénonce cet ex-directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA, 2012-2018), qui a été nommé conseiller maître à la Cour des comptes, en avril 2019 (au 3e tour, tour extérieur). Ils ne savent pas ce que les hommes et les femmes qui nous écoutent vivent. Parmi les étrangers, évidemment qu’il y a des délinquants et des voyous qui devraient être reconduits dans leurs pays, mais cette loi n’apporte rien de ce point de vue-là non plus. Le président peut faire un énième discours, mais il semble qu’il ne comprend pas ce qu’il se passe pour tous ces gens. Nous, nous le savons, et nous allons continuer à travailler. » Sous son mandat à l’OFPRA, qui n’a pas été reconduit en 2019, le taux de protection de l’Ofpra est passé de 10 % à 27 %.

Trente-deux départements socialistes entrent en résistance et n’appliqueront pas le « durcissement » des conditions de versement aux étrangers de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) prévu par la nouvelle loi immigration, adoptée mardi à l’Assemblée nationale.

Macron assure devant ses ministres que le texte ne va pas « contre nos valeurs »

Le président Macron a affirmé mercredi en Conseil des ministres que le projet de loi immigration adopté la veille au Parlement dans la douleur est « un texte de compromis » avec « des choses que je n’aime pas mais qui ne sont pas contre nos valeurs », selon un participant. « Ce texte est le fruit de compromis avec des choses sérieuses et des choses que je n’aime pas, mais qui ne sont pas contre nos valeurs », a déclaré le chef de l’Etat, selon cette source, appelant ses troupes à « dénoncer les manœuvres du RN », qui a voté pour le texte, « remercier ceux qui ont voté pour la loi et écouter les autres », alors que la majorité s’est fracturée sur ce projet de loi.

Patrick Stefanini : « La France a absolument besoin d’une législation adaptée au flux migratoire »

Patrick Stefanini est une haut fonctionnaire, co-auteur d’un rapport sur l’aide médicale d’Etat et ex-directeur de la campagne présidentielle de la candidate LR Valérie Pécresse. Il était l’invité de RFI et France 24 .

Des associations vont faire appel au Conseil constitutionnel

La Fédération des acteurs de la solidarité, qui regroupe plus de 900 associations, a annoncé ce mercredi qu’elle effectuait les démarches nécessaires pour faire examiner par le Conseil constitutionnel des mesures de la loi immigration, votée définitivement la veille. La Fédération des acteurs de la solidarité « engage dès maintenant les démarches nécessaires à l’examen par le Conseil constitutionnel des mesures contraires aux principes fondamentaux de solidarité et de fraternité indissociables de notre République », indique-t-elle dans un communiqué.

Olivier Marleix (LR) : « La crise à laquelle on assiste dans la majorité, c’est l’échec du en même temps« 

Olivier Marleix, chef de file des députés LR à l’Assemblée nationale, était l’invité de LCI ce matin. « La première ministre a compris qu’il fallait laisser un peu la main à la droite sur ce texte si elle voulait avoir une majorité », a-t-il expliqué. Il estime que « la crise à laquelle on assiste dans la majorité c’est l’échec du en même temps ».  »La droite n’a pas attendu Jordan Bardella pour avoir des idées sur la question de l’immigration, » a-t-il aussi taclé.

La France insoumise ne dérage pas. 

La députée LFI Mathilde Panot a annoncé sur France Info ce matin que la France Insoumise allait saisir le Conseil constitutionnel sur la loi immigration. « On a rarement vu ça, un ministre qui porte une loi et qui reconnaît lui-même que ce qu’il est en train de porter est anticonstitutionnel ». Pour Manuel Bompard, « 6 ou 7 mesures sont héritées du programme de Marine Le Pen. » Le coordinateur de la France Insoumise Manuel Bompard voit dans la loi immigration votée par le Parlement « 6 ou 7 mesures directement héritées du programme de Marine Le Pen à l’élection présidentielle ». Il était l’invité de Sud Radio .

Olivier Marleix (LR) : « La droite n’a pas attendu Jordan Bardella pour avoir des idées sur la question de l’immigration »

Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale était l’invité de LCI ce matin.

Bruno Retailleau (LR) estime possible que Macron ne promulgue pas la loi

Le chef de file des sénateurs LR a indiqué sur CNews et Europe 1 ce matin qu’il estimait possible que Macron ne promulgue pas la loi immigration adoptée définitivement par le Parlement. « Il pourrait ne pas promulguer le texte, ce serait anti-Républicain », a-t-il déclaré en rappelant que le chef de l’Etat « méprise le Parlement ». « Il peut lui aussi faire des coups ».

Elisabeth Borne juge que des mesures de la loi immigration sont contraires à la Constitution

Elisabeth Borne a confirmé sur France Inter que plusieurs mesures de la loi immigration seraient contraires à la Constitution. Le gouvernement va saisir le Conseil constitutionnel sur ces questions. « Il n’est pas question de supprimer l’aide médicale de l’Etat » pour les étrangers. « C’est un dispositif nécessaire », estime Elisabeth Borne, la Première ministre.

Et, interrogé sur la décision de 59 députés de la majorité de ne pas voter la loi immigration, Elisabeth Borne a répondu ne pas vouloir « les juger ». Elle se félicite que « 80 % de nos députés ont voté ce texte ».de prétendre : « Il n’y a pas de crise dans la majorité. » « Près de 80 % de nos députés ont voté ce texte. »

Et aussi de polémiquer, Borne dénonçant « une manoeuvre grossière » du Rassemblement national. « Sans les voix du Rassemblement national, le texte a été adopté », a déclaré Elisabeth Borne. « Ils font le coucou », estime la première ministre. Avant de conclure sur France Inter ce mercredi matin : « J’ai le sentiment du devoir accompli (…) La loi immigration comprend « des mesures utiles, efficaces, attendues par nos concitoyens avec deux objectifs : éloigner plus efficacement ceux qui n’ont pas le droit d’être en France et mieux intégrer ceux que nous choisissons d’accueillir ».

François Bayrou : « La manoeuvre parlementaire de Marine Le Pen est réussie »

« Marine Le Pen a fait une manoeuvre assez réussie du point de vue du jeu parlementaire », a déclaré François Bayrou dans « Télématin ». Mais de nier aussitôt : « Ce n’est pas le rassemblement qui avait la clé du vote. » Le président du MoDem , maire de Pau et Haut commissaire fictif au Plan, François Bayrou, a réagi à l’adoption de la loi immigration par le Parlement. « Ce n’est pas le Rassemblement national qui avait la clé de ce vote », a-t-il déclaré . « Non, le texte a été adopté en-dehors des voix du Rassemblement national ». Il affirme n’avoir jamais demandé le retrait du texte. « J’ai demandé que le texte respecte les deux principes essentiels : qu’on ait de la rigueur et que l’on peut s’intégrer par le travail ».

Sacha Houlié : « Je ne pense pas que ce soit l’échec du président Macron »

« Je ne pense pas que ce soit l’échec du président Macron », a déclaré Sacha Houlié, député Renaissance (meneur de son aile gauche), Vienne, et président de la Commission mixte paritaire. « Je ne pense pas qu’il faille satisfaire toutes les demandes populaires. » Il aurait souhaité un texte plus dur à l’égard des délinquants et qui permette de régulariser les travailleurs. « Ce n’était pas le projet de la majorité, a-t-il expliqué sur RTL ce matin. « Je ne suis pas d’accord avec des mesures Pasqua ou Sarkozy que j’ai combattues toute ma vie politique« . Il affirme qu’une trentaine de mesures sont contraires à la Constitution.

Les syndicats n’ont pas de mots assez excessifs

Le projet de loi « fait honte à notre pays » pour Marylise Léon de la CFDT. « L’Histoire jugera cet accord signé sur les bases d’une idéologie d’extrême droite », écrit la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, estimant que le projet de loi « fait honte à notre pays ».  »Un loi infâme » pour Sophie Binet de la CGT. « Le président de la République sera comptable devant l’Histoire d’avoir rompu le barrage républicain face à l’extrême droite », a-t-elle tonné sur X (ex-Twitter), évoquant une « loi infâme ».

ONG, universités et syndicats français au front face au texte « régressif » sur l’immigration

Universités, ONG et syndicats français se sont montrés mardi abasourdis par l’accord politique sur le projet de loi sur l’immigration. Il s’agit de mesures « indignes de notre pays », contraires à « l’esprit des Lumières » et qui « nuisent à l’ambition » de l’enseignement supérieur, se sont insurgés les présidents d’une vingtaine de grandes universités publiques. « L’examen de ce texte a peu à peu fait sauter des digues, laissant le champ libre à une xénophobie aujourd’hui complètement décomplexée », ont déploré de leur côté, une cinquantaine d’associations, syndicats et ONG, dont la Ligue des droits de l’homme.

Une « victoire historique de la droite » pour Eric Ciotti

Le président des LR, Eric Ciotti, se félicite d’une « victoire historique pour la droite », a appelé la majorité « en crise », à « tenir compte » du fait que les Républicains avaient permis « sur le fond et la forme l’adoption de ce texte ». « Qu’elle comprenne enfin que le en même temps est une impuissance ».

 Une « victoire idéologique » pour le Rassemblement national

Le RN a applaudi les prises de parole dans l’hémicycle, se réjouissant de sa « victoire idéologique », comme avait dit Marine Le Pen plus tôt dans la journée. « Ce soir, si les députés du Rassemblement national votaient contre, ce texte ne passait pas contrairement aux mensonges proférés par G. Darmanin. C’est une victoire totale des idées défendues par Marine Le Pen », s’est félicité le député d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy.

Une « écoeurante victoire » selon Mélenchon

Le chef de file de la France Insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé une « écoeurante victoire » acquise au contraire grâce aux voix de l’extrême droite. « Un nouvel axe politique s’est mis en place », a-t-il réagi sur X. La gauche n’a eu de cesse de pointer dans le texte « une loi directement inspirée du programme de Jean-Marie Le Pen », le fondateur du Front national : « préférence nationale dans les prestations sociales, déchéance de nationalité, remise en cause du droit du sol », a énuméré la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot.

Un texte « fort et ferme » pour Gérald Darmanin

Sur X (ex-Twitter), le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est félicité de l’adoption d’un texte « fort et ferme », « sans les voix des (88) députés RN ». « La majorité a fait bloc, la manoeuvre du RN a échoué », a estimé de son côté la Première ministre Elisabeth Borne, semblant passer outre la défection de près du quart de ses députés.

59 députés de la Macronie n’ont pas voté la loi immigration

Sur les 251 députés de la majorité, 59 ont choisi de ne pas voter la loi immigration : abstention ou vote contre. Signe du malaise dans la majorité, le président de la commission des Lois, Sacha Houlié, a voté contre le projet de loi. Et le président du groupe MoDem, Jean-Paul Mattei, s’est abstenu. Si le vote de la loi immigration est une victoire parlementaire pour Emmanuel Macron, il a ouvert une profonde fracture au sein de la majorité présidentielle.

Plusieurs dispositions votées par le Parlement pourraient être retoquées par les Sages et disparaître du texte avant qu’il ne soit promulgué par Macron.

Une décision des Sages qui pourrait permettre de faire redescendre la pression au sein de la majorité présidentielle. La Nupes et plusieurs associations liées aux droits de l’homme, ont saisi le Conseil constitutionnel après la mise au point de compromis, mais un vote large sans contestations de la loi immigration ce mardi 19 décembre à l’Assemblée nationale. Et Macron la soumet comme il se doit à l’appréciation de sa constitutionnalité par les neuf « Sages ».

Plusieurs dispositions pourraient être jugées non conformes à la Constitution et de fait être « censurées » par les Sages. Cela signifierait que le texte serait bien appliqué mais vidé des mesures concernées.

Gérald Darmanin a d’ailleurs reconnu devant les sénateurs mardi soir que des mesures du texte « sont contraires » à la loi fondamentale. Même constat pour Élisabeth Borne ce mercredi sur France inter, assurant avoir alerté la droite « sur ses doutes » concernant certaines mesures.

• La création de quotas migratoires

Parmi celles-ci, on trouve notamment la création de quotas migratoires fixés par le Parlement « pour les trois années ». Concrètement, un nombre précis de titres de séjour serait fixé, sans possibilité de dépasser la limite.

Problème: la mesure pourrait aller contre la séparation des pouvoirs. Ce serait en effet une demande du Parlement aux préfets qui accordent ou non des papiers à des étrangers et qui dépendent directement du ministère de l’Intérieur et donc de l’exécutif.

Autre point qui fait débat, marginalement: celle d’une supposée « discrimination » entre deux étrangers qui, à dossier équivalent, pourrait se voir attribuer ou non un titre de séjour suivant le moment où se fera leur demande et si le quota fixé est atteint ou non.

Des députés en commission des lois avaient d’ailleurs longuement ferraillé contre cette mesure.

• Le versement des prestations sociales conditionné à la situation professionnelle et à la durée de résidence

Autre dispositif qui pourrait faire les frais d’une éventuelle censure: celle de la conditionnalité de certaines prestations sociales.

Dans la loi immigration, les allocations familiales doivent désormais être soumises à une présence en France depuis au moins 5 ans pour les personnes sans-emploi. Les personnes qui travaillent, pourront, elles, y accéder dès trente mois d’activité.

Les aides personnalisées au logement (APL) seront également conditionnées à 5 ans de présence en France pour les personnes qui ne travaillent pas. Elles seront accessibles pour les étrangers en emploi à partir de 3 mois.

Les détracteurs de la mesure y voient une rupture d’égalité devant la loi. Ses défenseurs arguent qu’une condition de résidence de 5 ans existe déjà pour les étrangers qui veulent obtenir le revenu de solidarité active (RSA).

Dans une décision de 2011, le Conseil constitutionnel avait validé une telle différence de traitement en ce qu’elle était en rapport direct avec l’objet du RSA, « la stabilité de la présence sur le territoire national » constituant « une des conditions essentielles à l’insertion professionnelle ».

Se pose toutefois la question de la constitutionnalité d’un dispositif qui renvoie à la « préférence nationale » comme s’en est félicité Marine Le Pen, avec une forte majorité de Français: le principe constitutionnel d’égalité devant une prestation sociale concerne-t-il les citoyens français ou « tout être humain » comme le proclame le préambule de la Constitution de 1946?

Sous l’influence de celui-ci, le Conseil constitutionnel avait rejeté la condition de nationalité pour bénéficier de la Sécurité sociale en 1990.

• La caution étudiante pour les étrangers non-européens

La caution étudiante est également très critiquée par certaines associations de défense des droits de l’homme. Les jeunes qui veulent venir étudier en France et qui sont originaires de pays hors zone UE devront désormais se fendre d’une caution.

La mesure vise à couvrir le coût de potentiels « frais d’éloignement » si leur titre de séjour n’est pas renouvelé et que l’État français cherche à les expulser.

Son montant semble pour l’instant très flou. La Première ministre a évoqué sur France inter ce mercredi matin un chiffre de « 10 à 20 euros », très loin des frais d’un éventuel billet d’avion.

Cette mesure est en réalité déjà inscrite dans le code de l’Éducation depuis 2019 mais n’a jamais été vraiment appliquée. Et pour cause: elle avait déjà été vivement critiquée à l’époque par les universités tout comme les grandes écoles qui ont fait part de « leurs vives inquiétudes » ces derniers jours en cas d’application de la réforme.

Dans une tribune, elles se sont inquiétées d’un dispositif qui mettrait fin à au « principe d’égalité » entre étudiants. De par sa présence déjà existante dans la loi, on peut cependant supposer que le principe d’une caution sera à priori validé par le Conseil constitutionnel.

• Les conditions d’accès au regroupement familial plus compliquées

Le durcissement du regroupement familial pourrait également être retoqué par les Sages. Une personne étrangère qui veut faire venir sa famille en France va désormais devoir passer au moins 24 mois sur le territoire contre 18 mois actuellement pour pouvoir faire une demande.

Il va également devoir avoir des ressources « stables, régulières et suffisantes », être bénéficiaire de l’assurance maladie et en cas d’union ou de concubinage, avoir un conjoint d’au moins 21 ans et non 18 ans comme c’est le cas aujourd’hui.

Cette mesure pourrait en effet contrevenir à la Convention européenne des droits de l’homme qui stipule le « droit au respect d’une vie privée et familiale » et que le Conseil constitutionnel doit faire respecter.

Cette disposition pourrait également être utilisée pour censurer un article de la loi immigration qui précise que les personnes qui demandent un titre de séjour au nom du regroupement familial doivent justifier d’un niveau minimal de français, et ce, dès leur arrivée en France.

« Si vous épousez demain matin un Canadien ou un Japonais, il ne peut pas rejoindre la France s’il ne parle pas bien français », a résumé Élisabeth Borne sur France inter ce mercredi.

• Le droit du sol considérablement remanié

La fin de l’automaticité du droit du sol pourrait également faire les frais de la saisie du Conseil constitutionnel. Dans la loi votée mardi par le Parlement, il faudra désormais qu’une personne née en France de parents étrangers fasse la demande entre ses 16 ans et ses 18 ans pour obtenir la nationalité française.

Cette mesure peut-être considérée comme un « cavalier législatif », une expression qui signifie qu’elle n’a pas sa place dans le texte parce qu’elle concerne une autre thématique que celle de l’immigration ? La question se pose alors que toutes les modifications liées à la nationalité ont été votées dans des textes exclusivement consacrées à la question comme pour la loi Pasqua en 1986.

Les Sages ont au maximum un mois pour se prononcer. Leur décision devrait probablement intervenir au mois de janvier

Quel avenir pour Elisabeth Borne, selon vous, Philippe Caverivière ?

Immigration : Borne ne parvient pas à faire bouger les lignes

LR est en position de force, mais Renaissance ne lâche rien, tandis que la gauche a envoyé le PS

La haine est mauvaise conseillère et la gauche ne lâche rien. Reçus à Matignon par Elisabeth Borne pour la deuxième fois en deux jours ce jeudi 14 décembre, le patron des Républicains Eric Ciotti et les présidents des groupes parlementaires Olivier Marleix et Bruno Retailleau en sont ressortis avec un mot d’ordre clair et ferme: c’est le texte du Sénat ou rien. Mais les deux premiers ne sont pas membres de la CMP.

Après une première rencontre de plus de deux heures mercredi à l’issue de laquelle les chefs de la droite ont quitté Matignon sans un mot, Eric Ciotti a dressé ce jeudi en fin de matinée un résumé lapidaire sur X soulignant la solidarité des chefs de LR : « Avec Olivier Marleix et Bruno Retailleau, nous avons ce matin confirmé à la Première ministre, notre volonté de voir le texte du Sénat adopté en commission mixte paritaire. »

« Ça reste le cap », a confirmé sa collègue députée Annie Genevard, membre d’une CMP où la droite se présente « en ordre groupé » et « bien campée sur (son) objectif », éventuellement ouverte à « des bougés » mais « pas des abandons en rase campagne ».

La version adoptée par le Sénat mi-novembre est beaucoup plus adaptée à la situation que la proposition initiale du gouvernement. Outre des expulsions facilitées et la suppression de l’automaticité du droit du sol, les modifications apportées suppriment aussi l’AME au profit d’une aide médicale d’urgence (AMU) et redonne les pleins pouvoirs au préfet sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension. Et, faute de débat dans l’hémicycle à la suite de l’intransigeance macronienne et de la motion de rejet préalable, c’est bien ce texte qui va servir de base aux discussions de la Commission mixte paritaire engagées lundi.

Qui sont les membres de la CMP?

Au Sénat, la droite part avec l’avantage du nombre avec trois élus : le président du groupe Bruno Retailleau, le président de la Commission des Lois François-Noël Buffet et la sénatrice du Morbihan, co-rapportrice du texte, Muriel Jourda. Côté socialiste, ce sont les sénatrices de Seine-Saint-Denis Corinne Narassiguin et de Paris Marie-Pierre de La Gontrie qui ont été choisies. Le groupe Union Centriste, allié de la droite, est représenté par l’élu du Tarn Philippe Bonnecarrère et enfin Olivier Bitz, sénateur de l’Orne, pour le groupe RDPI du camp présidentiel.

A l’Assemblée nationale, la majorité présidentielle sera représentée par quatre élus : le président macroniste de la Commission des Lois Sacha Houlié (qui sera le président de cette CMP), le rapporteur général du projet de loi Florent Boudié, la députée Renaissance Marie Guévenoux et Elodie Jacquier-Laforge pour le groupe MoDem. Dans l’opposition, Yoann Gilet, député du Gard et partisan d’un référendum, portera la voix du Rassemblement national, Andrée Taurinya, membre et secrétaire de la Commission des Lois, celle de La France Insoumise. Annie Genevard représentera Les Républicains.

Lignes rouges Renaissance versus lignes rouges LR

Dans la commission mixte paritaire, Les Républicains disposent de quatre voix, cinq en comptant le sénateur centriste allié, soit autant que le camp présidentiel. Néanmoins, le député Renaissance de la Vienne, Sacha Houlié, qui représente l’aile gauche du mouvement et présidera la commission a reconnu sur France 2 ce jeudi qu’« il est clair aujourd’hui qu’une majorité ne peut être trouvée qu’entre Renaissance et les Républicains » et que « si nous parvenons à un accord, oui », le texte sera plus à droite.

Pour limiter la casse – et le risque de fracture entre l’aile droite et la gauche – les députés de la majorité ont donc voté dans la nuit de mercredi des « lignes rouges » qui sont chacun en soi un casus belli: maintien de l’Aide médicale d’Etat, interdiction de placer en centre de rétention des mineurs de moins de 16 ans, pas de restriction du droit du sol, retrait de l’article qui conditionne le bénéfice de certaines aides sociales à cinq années de résidence en France.

Sur la mesure la plus médiatisée du projet de loi, la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, la majorité se résigne à discuter de la version du Sénat. Mais elle cherchera au moins « à ce que la régularisation soit possible pour un étranger sans passer obligatoirement par l’employeur », a précisé le chef des députés macronistes Sylvain Maillard sur Sud Radio.

De son côté, tout en estimant que « reprendre le texte du Sénat » était « le seul moyen aujourd’hui » pour que le projet de loi aboutisse, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a appelé son ancienne famille politique à la « mansuétude » et dit espérer que « les LR comprennent qu’il faut bouger les lignes sur deux points sensibles pour notre majorité : l’AME et les conditions d’accès aux aides sociales ».

Les enjeux ne portent pas LR à faire un geste « parce que c’est Noël »

Le président de la Commission des Lois Sacha Houlié a appelé ce jeudi à « laisser travailler la CMP » sans anticiper de son résultat final. Mais si, comme le laisse entendre le tweet d’Eric Ciotti, les Républicains refusent tout compromis… d’envergure, la durée de vie du texte risque d’être dans tous les cas de courte durée.

Premier scenario : la majorité finit par se plier aux exigences de la droite, la CMP est conclusive. Mais « je ne pense pas que la majorité (et notamment le MoDem) puisse se renier à ce point », pronostique une source socialiste à l’Assemblée, surtout quand plane le risque d’une fracture entre aile droite et aile gauche de la majorité au moment du vote dans l’hémicycle.

Le second : aucun des deux camps ne cède, la CMP n’est pas conclusive et le gouvernement renonce à son projet de loi dans l’immédiat. Un cadre de la majorité au Sénat dit ses doutes que les dirigeants LR fassent « un geste parce que c’est Noël ». « Pourquoi voulez-vous que ceux qui sont montés au cocotier se déshabillent ? Ils n’en ont rien à faire si c’est compliqué derrière à l’Assemblée », résume-t-il. Décidément, personne n’imagine Bruno Retailleau en angelot de Noël, ni les deux représentants des extrêmes en ravis de la crèche.

Le député « terroriste » Ugo Bernalicis (LFI) sanctionné pour injures à l’Assemblée

La présidente de l’Assemblée nationale se convertit CPE dans le 9.3

Des éclats de voix
dans un milieu feutré

Le député LFI Ugo Bernalicis a gagné sa journée: sa rage haineuse a été sanctionnée du quart de l’indemnité mensuelle (1.476 euros) pour avoir pris à parti en commission des Lois ses collègues en vitupérant, a annoncé la présidence de l’Assemblée par communiqué. « M. Ugo Bernalicis a perturbé le déroulement des débats, troublé l’ordre et provoqué les autres députés de manière outrancière ».

Dressé sur ses ergots et tonitruant, le député du Nord – qui a reçu un diplôme d’histoire en militant pour l’UNEF et le Crous, mais n’a jamais travaillé dans la vraie vie – avait réclamé jeudi soir une interruption des débats pour permettre aux députés de la commission, occupés par le projet de loi immigration, de se rendre dans l’hémicycle, toute affaire cessante : un coup de force ? Un texte LFI, inscrit au titre de leur journée réservée, et qui était passé auparavant devant la commission des Lois, était en effet en cours d’examen.

Menaces et injures

Totalitaire !

Le président Renaissance de la commission, Sacha Houlié, lui a rétorqué qu’une suspension interviendra plus tard. « Qu’est-ce que c’est ça ? », « intolérable » a tempêté Ugo Bernalicis. L’agression verbale a plongé la commission dans une rare cacophonie, entre interpellations bruyantes et fureur de députés. Une vidéo, filmée par un(e) membre de la commission, a également été diffusée sur les réseaux sociaux.

Le député LFI s’est emporté : «Il faudra employer la force physique si vous voulez me virer de cette commission ! Je resterai là tant qu’elle ne sera pas suspendue», avait-il lâché.

En fin de séance, Sacha Houlié avait prévenu qu’il demanderait « des sanctions ». Le révolutionnaire d’extrême gauche « a gravement perturbé la commission des Lois, a menacé ses collègues et les a injuriés. Merci à Yaël Braun-Pivet pour la sanction immédiate […] dans l’attente de la réunion du Bureau », a salué Sacha Houlié vendredi sur le réseau social X.

Déjà sanctionné

Le fauteur de troubles

Débatteur régulier pour son groupe sur les questions régaliennes et judiciaires, mais qui se croit partout en AG de l’UNEF, Ugo Bernalicis est un adepte des affrontements, en commission comme dans l’hémicycle, notamment avec Sacha Houlié ou le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Parmi les députés les plus actifs sur les réseaux sociaux, il avait déjà été sanctionné pour avoir diffusé des émissions sur Twitch en direct depuis l’hémicycle, en contravention avec le réglement intérieur de l’Assemblée.

Jeudi, il avait annoncé qu’il demanderait lui-même des sanctions à l’encontre de …Sacha Houlié.

Ce « rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal » dans le jargon parlementaire est la sanction la plus forte que la présidente de l’Assemblée peut infliger elle-même. Le communiqué de la présidence souligne toutefois que le bureau de l’Assemblée peut proposer une sanction plus lourde, lors de sa prochaine réunion le 13 décembre.

Loi immigration: pressions de proches de Macron sur les députés pour qu’ils ne votent pas la version du Sénat

Des macronistes de gauche portent atteinte à la séparation des pouvoirs.

A force de braquer sur eux les caméras, Mélenchon et ses affidés – bons clients des chaînes info en continu – réussissent à faire oublier que la France compte chaque jour plus de « nationaux » que d’insoumis. Macron peine à exister et se montre donc aux quatre coins du pays et dicte aux grands de ce monde ce qu’ils doivent faire, par exemple à la Chine de s’impliquer à Gaza.

Macron avait bâti sa campagne en se posant comme meilleur rempart au FN, mais celui-ci a muté en RN et réussi sa notabilisation. De quoi convaincre les électeurs modérés de droite et de gauche de voter pour lui puis de soutenir ensuite sa politique, selon l’idée pleine de bon sens qu’il était dans l’intérêt collectif du pays qu’il réussisse. Avec son projet de loi immigration, Macron craint fort que le coup du Sénat passe si près que son chapeau tombe et que le cheval de la macronie fasse un écart en arrière.

Le 14 novembre, le Sénat a adopté le projet de loi sur l’immigration. A l’Assemblée, son examen commence en commission le 27 novembre et en séance le 11 décembre. Et voici justement que Macron lâche les chiens sur le troupeau bêlant de ses députés.

C’est une lettre comminatoire, par son contenu, mais surtout du fait de l’identité de ses sbires. Un groupe de personnalités a écrit à tous les députés de l’alliance présidentielle pour leur demander de ne pas se laisser séduire par la loi sur l’immigration issue du Sénat : Philippe Aghion, Marisol Touraine, Jean-Marc Borello, Pascal Brice, Daniel Cohn-Bendit, Romain Goupil, Philippe Martin, Thierry Pech et Jean Pisani-Ferry. Tous sont des macronards ou l’ont été. Un nom retient particulièrement l’attention, celui d’un ancien membre de cabinet de Laurent Fabius, un homme d’affaires et président du directoire du groupe SOS, association spécialisée dans l’entrepreneuriat social,  Jean-Marc Borello, proche d’entre les proches, l’un des co-fondateurs d’En Marche. Autre point commun : tous ont une sensibilité de gauche. Enfin, deux d’entre eux (Thierry Pech et Jean Pisani-Ferry) s’étaient déjà dressés contre une précédente loi immigration, celle portée par Gérard Collomb durant le premier quinquennat : le 16 janvier 2018, ils publiaient une tribune dans Le Monde intitulée : « M. Macron, votre politique contredit l’humanisme que vous prônez ! »

Macron foule aux pieds la liberté de conscience des députés de son mouvement minoritaire. A la veille de l’arrivée du projet de loi immigration en commission paritaire au Palais-Bourbon, des intimes ou des proches de Macron appellent les députés de l’alliance présidentielle à « ne pas voter » la version des sénateurs adoptée mi-novembre.

« Le texte adopté au Sénat constitue une rupture. Il fait droit à des mesures proposées de longue date que ni le Sénat ni l’Assemblée n’avaient jamais voulu prendre en compte », écrivent les signataires de cette tribune publiée par L’Opinion.

Cohn-Bendit, Touraine et Pisani-Ferry parmi les signataires

Ils jugent que les nouvelles dispositions introduites par les sénateurs représentent « une hostilité de principe désormais affichée non seulement à l’égard de l’immigration mais des étrangers eux-mêmes, le plus souvent à raison de leur origine et de leur culture« .

Parmi la liste des personnalités qui ont participé à cette tribune, on trouve plusieurs proches de Macron à l’instar de Marisol Touraine, ex-ministre de la Santé sous François Hollande (ré-intégrée au Conseil d’Etat qui désormais pantoufle depuis 2019 à la présidence d’Unitaid, organisation internationale qui vise à réduire le prix des médicaments, mais qui veut faire contrepoids aux ralliés à Macron venus de la droite, bien que battue à la dernière législative ) , ou encore Jean-Marc Borello, l’un de cofondateurs de Renaissance (ex-En marche).

Jean Pisani-Ferry, Philippe Martin et Philippe Aghion comptent également parmi les visages signataires. Ces économistes avaient planché sur le programme présidentiel d’Emmanuel Macron en 2017 et ont depuis pris leur distance.

L’ex-écologiste Daniel Cohn-Bendit, le cinéaste Romain Goupil ou Pascal Brice, l’ex-directeur de l’OFPRA, ont également co-signé ce texte, tout comme Thierry Pech, le président du think tank Terra Nova.

Une version sénatoriale qui prend en compte les réalités de l’immigration nouvelle

Cette tribune de la société civile cherche à peser dans la bataille alors que l’alliance présidentielle doit croiser le fer à l’intérieur même de ses troupes dans les prochains jours. En effet, de très nombreux apports au projet gouvernemental votés par le Sénat ébranlent les modes de pensée de certains caciques de gauche dont la moyenne d’âge est 70 ans. Fin du droit du sol, fin de l’aide médicale d’Etat, disparition de l’article 3 (compensée par une modification controversée de l’art. 4) qui cherchait à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, autant de modifications qui donnent au projet une ossature en adéquation avec la demande de la France silencieuse…

Les sénateurs, menés par le patron des LR au Sénat Bruno Retailleau, ont considérablement renforcé ce projet de loi porté par Gérald Darmanin, sans bousculer les sénateurs Renaissance qui ont, eux aussi, voté ce projet de loi. La tribune réagit donc en urgence et dans l’outrance. « Ce texte est porteur d’une stigmatisation généralisée des personnes étrangères mais il ne nous paraît comporter aucune garantie de ‘fermeté’ ou à tout le moins d’efficacité« . A priori.

L’impossible équilibre à l’Assemblée

Le locataire de la place Beauvau s’est, lui, félicité, de la version sénatoriale. Le quadragénaire a ainsi salué « un texte co-construit », « enrichi par le Sénat ».

De quoi sérieusement inquiéter l’aile gauche de la macronie qui tient à tout prix à ce que le projet de loi ressemble à la copie promise par l’exécutif, qualifiée d’entre-deux « humanité » et « fermeté », version spéciale du « en même temps » classique et de la stratégie du « pas de vagues », inadaptés à la situation nouvelle créée par l’immigration clandestine de masse incontrôlée, des campements insalubres, de centres d’accueils dépassés par les événements et de mineurs isolés ingérables.

Le président totalitaire de la commission des Lois Sacha Houlié a de son côté déjà exprimé son mépris de la Chambre haute, en promettant de « rétablir le texte ambitieux de l’exécutif ». Ajouté au mépris de la Chambre basse, anesthésiée au gaz 49.3, le parlementarisme est gravement menacé.

Au risque de perdre les voix de la droite qui refuse farouchement un titre de séjour aux clandestins dans les métiers en tension et dont le gouvernement a tant besoin en l’absence de majorité absolue? La tribune des courtisans confirme que l’exécutif s’affole à la perspective des débats en commission dans les prochains jours.

L’espoir d’une alliance entre la gauche et la majorité

Les signataires de ce texte veulent croire, si peu soit-il, à une éventuelle alliance entre une partie de la macronie et un moignon de la gauche pour parvenir à sauver l’équilibre du texte. « Nous saluons l’esprit d’ouverture qui a permis à des élus de la majorité et de l’opposition d’adopter des positions communes sur certains aspects du projet de loi« , écrivent-ils au mépris de la réalité de leur arrogance constitutive, puisque l’alliance présidentielle a pris pour habitude de mettre au panier l’immense majorité des amendements de l’opposition.

Plusieurs figures de la gauche comme Fabien Roussel (PCF) et Julien Bayou (EELV) se sont réunis en septembre dernier aux côtés de Sacha Houlié et la députée apparentée Renaissance Stella Dupont pour faire la Une de Libération et défendre la création d’une carte de séjour pour les travailleurs en situation irrégulière dans le BTP ou la restauration.

Une tribune d’élus MoDem a également été signée début novembre pour défendre le rétablissement de l’aide médicale d’Etat, dont le retour dans le texte à l’Assemblée est défendu par Élisabeth Borne et le ministre de la Santé Aurélien Rousseau.

« Il vous revient de stopper une dérive dangereuse »

« Nous ne sommes pas dans la tonalité des donneurs de leçon. Nous appelons par exemple à une gestion plus ciblée des OQTF. Mais on sent qu’on à un moment de bascule dans le discours politique », nous explique l’un des signataires, Pascal Brice, spécialiste des questions migratoires.

Pour convaincre, les signataires ont prévu d’aller à la rencontre des députés de la majorité ces prochains jours. « Il vous revient de stopper une dérive dangereuse et de mettre le pays sur le chemin de l’efficacité et de l’apaisement. Nous comptons sur vous et restons à votre disposition pour échanger », conclut la tribune, non sans se donner d’importance.

Rappelons-le, deux des signataires, Thierry Pech et Jean Pisani-Ferry, s’étaient déjà opposés dans un appel à Emmanuel Macron en 2018 à la loi asile-immigration portée par Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur de l’époque.

Quelques stats ?

Loi immigration : l’article 3, pomme de discorde entre la droite et la majorité

Encore de l’article 49.3 et de la motion de censure dans l’air…

Le projet de loi immigration pose problème avant même que d’arriver au Parlement : la mesure sur la régularisation des travailleurs sans papier dans les métiers en tension suscite des crispations. D’un côté, Les Républicains en font une ligne rouge pour donner, ou non, son vote au texte et, de l’autre, une partie de la majorité s’émeut de son éventuel passage à la trappe. Dans ce bras de fer, Gérald Darmanin est chargé de trouver une majorité pour faire passer le projet.

Depuis l’assassinat islamiste d’un professeur par un djihadiste tchétchène dans un lycée d’Arras, Gérald Darmanin veut ajuster son projet de loi immigration

Le ministre de l’Intérieur est à la peine depuis des mois pour s’assurer du vote du texte et il compte en grande partie sur les voix de la droite dite aux ordres du patronat en quête de main d’oeuvre. Mais ses leaders sont catégoriques : sans retrait de la mesure en faveur de la régularisation des travailleurs sans papier, leurs élus ne voteront pas le projet de loi. « Je ne bougerai pas d’un iota », a répété, lundi 23 octobre sur franceinfo, le président du groupe au Sénat, Bruno Retailleau.

C’est dans ce contexte que l’élu vendéen a été reçu le soir même par la première ministre à Matignon, rapporte Le Parisien, mardi 24 octobre. Selon le quotidien, Elisabeth Borne a déclaré « qu’elle n’est en aucun cas fermée à l’idée de retirer de son texte l’article 3. »

« Gérald Darmanin a dit l’inverse (…) à savoir qu’il est favorable à l’article 3 »

Ramdam immédiat sur l’aile gauche de Renaissance qui y voit un gage d’équilibre du texte, à côté d’autres mesures auxquelles elle consent, bien que strictes, pour lutter contre l’immigration illégale. Blessant, le président de la Commission des Lois et député de la Vienne, Sacha Houlié, assure que tout est « faux. » « D’abord je n’ai pas l’habitude de croire sur parole ce que raconte Bruno Retailleau. Ensuite je suis très surpris car Gérald Darmanin a dit l’inverse ce matin [le 24 octobre] devant le groupe à savoir qu’il est favorable à l’article 3, qu’il le soutient et que le Sénat ne l’a pas supprimé en commission’  », gronde-t-il.

Ce mercredi 25 octobre, Eric Ciotti dément aussi toute porte ouverte par Matignon. « Contrairement à ce que dit la presse, la Première ministre en aucun cas n’a dit qu’elle retirerait cet article 3 », a dit le président de LR sur France Inter. La tournure de Borne est plus fourbe, quand elle dit qu’elle n’est en aucun cas fermée à l’idée de retirer de son texte l’article 3. Et le député d’assurer qu’« en ce qui le concerne, il n’y a pas de consultation, pas de concertation » et que « rien n’a changé ». Traduction : si le gouvernement ne retire pas l’article 3, « c’est clair, nous ne voterons pas ce texte ».

L’affaire est dans le camp présidentiel

Borne doit éteindre l’incendie. A défaut de figurer dans la loi, l’article 3 pourrait être transformé en circulaire ou en un décret, comme l’a évoqué Gérald Darmanin dans le Journal du Dimanche, le 22 octobre. L’idée d’une circulaire – qui ne nécessite pas un vote et peut être aisément remplacée ou abrogée du jour au lendemain – semble moins crisper la droite. « C’est du réglementaire. Je ne veux pas que dans la loi il y ait un nouveau droit qui soit ouvert », répète Bruno Retailleau sur franceinfo, sans s’avancer davantage.

Piégés entre le risque de fracturer la majorité et celui de recourir au 49.3 dans un contexte où Les Républicains laissent planer le risque d’une motion de censure, les deux ministres porteurs du texte, Olivier Dussopt et Gérald Darmanin, s’en remettent au débat parlementaire, se disant « ouvert sur les modalités ». Dans un entretien avec le Télégramme, le 21 octobre, le ministre du Travail Olivier Dussopt renvoie à l’examen du texte prévu au Sénat à partir du 6 novembre.

Du côté d’Elisabeth Borne, on tente désormais d’éteindre l’incendie. « Une partie de notre majorité tient à ce que ce soit dans la loi, et la Première ministre est attachée à l’unité de la majorité », a précisé Matignon pour apaiser son aile gauche.

Il faudra peut-être en dire plus. Selon Le Figaroles députés de l’alliance présidentielle favorables à l’article 3 préparent un courrier à l’attention d’Elisabeth Borne pour insister sur « leur attachement » à l’équilibre du texte et « solliciter un rendez-vous à très court terme afin de partager nos positionnements et nos vigilances. » Une réunion à l’initiative de Sacha Houlié était aussi prévue ce mercredi soir.

7.000 clandestins à la fois à Lampedusa: opération concertée de déstabilisation ? 

Le soutien de l’UE à l’Italie est-il à la hauteur de la provocation?

Ne nous faisons pas d’illusions sur l’amour pour la France

«C’est l’apocalypse» : entre mardi et mercredi, 6.000 migrants en 48 heures ont débarqué sur l’île italienne de Lampedusa, 10.000 en une seule semaine. Une opération d’envergure, malveillante, de quelque point de vue qu’on se place, puisque ce surnombre est préjudiciable aux arrivants comme aux accueillants.

Si l’île italienne voit regulièrement débarquer des bateaux de fortune, jamais autant d’embarcations n’étaient arrivées en même temps. L’état d’urgence a été déclaré sur place, où le maire de l’île et les habitants se sentent abandonnés de l’Union européenne et, par ricochet, du gouvernement de Giorgia Meloni, laissée seule.

La situation est intenable aux portes de l’Europe et bientôt à celles de la France, à Menton et à travers la vallée de la Roya. L’île de Lampedusa fait face à une vague migratoire sans précédent : avec plus de 6.000 migrants arrivés en deux jours, c’est autant que le nombre d’habitants de cette île italienne au sud de la Sicile.

Etat d’urgence

Mauvais goût et
bon sens populaires

Jamais l’île de Lampedusa n’avait connu une situation aussi chaotique en si peu de temps. Des dizaines d’embarcations parties de Tunisie et de Libye sont arrivées quasiment en même temps sur les plages italiennes et non pas au Maroc qui a besoin de bras depuis le tremblement de terre : plus de 5.000 personnes ont débarqué mardi, 1.000 autres mercredi. Le centre d’accueil est débordé, tout comme le sont les forces de l’ordre. « C’est l’apocalypse », voilà comment le prêtre de l’île résume la situation.

Macron rappelle l’UE à son « devoir de solidarité européenne »

Face au déferlement de plus de 7.000 sans papiers cette semaine sur l’île italienne, Gérald Darmanin a convoqué une réunion d’urgence Place Beauvau, ce vendredi, après que Macron a annoncé qu’un travail était en cours entre les deux gouvernements et que « des décisions seront prises ». La situation sur l’île italienne montre que « les approches strictement nationalistes [« nationales » suffisait.. ] ont leurs limites », a-t-il estimé, lors d’un déplacement dans le département de Côte d’Or. Le chef de l’Etat ne veut pas « laisser seule l’Italie avec ce qu’elle vit aujourd’hui ».

Le « point de situation » de Darmanin doit réunir les services concernés de la police, de la gendarmerie, de l’immigration et des renseignements intérieurs, ainsi que les préfets des Bouches-du-Rhône, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes, ces deux derniers départements étant frontaliers de l’Italie. Le ministre de l’Intérieur doit également « échanger » dans la journée « avec ses homologues allemand et italien », a-t-on souligné vendredi Place Beauvau, où une nouvelle réunion aura lieu samedi matin sur le sujet.

Darmanin n’a pas indiqué, à ce stade, si la France envisage de s’aligner sur la décision de l’Allemagne, qui a annoncé mercredi qu’elle suspend l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie, prévu par les accords européens, en raison d’une « forte pression migratoire » et du refus de Rome d’appliquer ces mêmes accords.

Lors d’un déplacement à Menton (Alpes-Maritimes) mardi, Gérald Darmanin avait annoncé des renforts dans la lutte contre l’immigration irrégulière à la frontière italienne, où la France constate « une augmentation de 100 % des flux », avait-il dit.

Le RN appellent Macron à ne pas accueillir « un seul migrant »

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a demandé vendredi à Emmanuel Macron de prendre l’engagement de ne pas accueillir « un seul migrant » en provenance de l’île de Lampedusa. « Emmanuel Macron doit prendre solennellement cet engagement : la France n’accueillera pas un seul migrant issu de l’opération concertée de Lampedusa », a déclaré la tête de liste du parti d’extrême droite pour les élections européennes de juin 2024 sur X (anciennement Twitter). « Pour lui qui a dit vouloir “réduire significativement” l’immigration, c’est le moment de vérité. Fermeté ou impuissance ? »

Présente à Lampedusa, la tête de liste de Reconquête ! Marion Maréchal a expliqué de son côté, vendredi sur BFMTV, qu’elle veut « apporter un soutien au peuple italien [et] au gouvernement italien qui est abandonné par l’Union européenne, abandonné aussi par la France, et qui se retrouve seul à gérer cette situation alors même que les frontières italiennes ne sont pas seulement les frontières de l’Italie, elles sont les frontières de l’Europe entière ».

Chez Les Républicains (LR), l’eurodéputé François-Xavier Bellamy a également critiqué, sur BFMTV, une politique européenne « en faillite sur la question migratoire, parce que le droit européen a pendant longtemps désarmé nos Etats dans leur capacité, leur volonté de maîtriser leurs frontières ».

La NUPES est-elle à la manoeuvre ?

Des milliers de sans papiers ont été conduits sur l’île de Lampedusa, proche de la Tunisie. Faut-il les renvoyer vers leur port d’origine ? a demandé finement Jean-Jacques Bourdin (Sud Radio) à Sacha Houlié, député écologiste du Val-d’Oise, après avoir été PS (jusqu’en 2017), LREM (2017-2020), LND (2020-2022)
EELV (depuis 2022), en six ans… Pas bien stable ! « Surtout pas ! » estime Aurélien Taché. Pour lui, « il faut avoir le courage de mettre en place une vraie politique européenne« . « L’action européenne et de Madame von der Leyen depuis quelques mois sur la question migratoire s’est résumée à donner de l’argent à un dictateur en Tunisie pour gérer le problème à notre place. Il a été envoyé des milliers de personnes dans le Sahara » polémique le député. « Ça n’a servi à rien, les bateaux sont là ! Cet accord a été négocié par Madame Méloni et les ultranationalistes, ça ne marche pas, » bave le sectaire.

« Ce qui marche [cet expert en géographie ou en sociologie de l’accueil des réfugiés [en provenance de Côte d’Ivoire et de Guinée, ce ne sont pas des réfugiés politiques, cette semaine, ce sont des demandeurs d’asile économique] a même des exemples], c’est de créer des centres européens d’accueil des réfugiés et les répartir en Europe » affirme Aurélien Taché. Il acte l’échec des acteurs privés (bénévoles individuels, associations, mais aussi entreprises) et publics (collectivités territoriales, élus) contribuent, sur le terrain, à pallier les carences ou impuissances des Etats-membres et de l’Union européenne. Ce visionnaire méconnu propose néanmoins que « la France dise, nous on est prêts à prendre un centre européen d’accueil à Marseille par exemple. Parce qu’il n’y a pas de raison que ce soit que l’Italie ou la Grèce qui le fasse« . Et parce que Marseille n’en a pas déjà assez avec ses quartiers Nord…

« Il faut être un peu courageux, insiste ce politicien qui vient tout juste de signer une tribune de la NUPES publiée sur les sites de Libération et de Franceinfo qui exige « des mesures urgentes, humanistes et concrètes pour la régularisation des travailleurs sans papiers ». « Donnons l’exemple, remettons une vraie politique européenne en place. Ce centre européen à Marseille, c’est pas pour que tout le monde vienne en France. C’est pour que les gens soient répartis dans les différents pays« . Et y en aura-t-il assez pour tout le monde ? Il faut être confiant, selon Houlié: on en dénombre déjà quelque 11.000, rien que cette semaine.

Loi immigration : des députés pétitionnaires réclament la régularisation des travailleurs sans papiers

Ces législateurs vertueux prônent des mesures « urgentes, humanistes et concrètes »…

Sacha Houlié (député Renaissance), Marie-Pierre de La Gontrie (sénatrice PS), Stella Dupont (députée Renaissance), Amadou Ba (cuisinier), Manuel Heurtier (chef du Mendi Gorria); Fabien Roussel (député PCF), Julien Bayou (député EELV). 

Ils souhaitent travailler sans papiers. Dans une tribune transpartisane, à l’initiative du haut fonctionnaire Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), après avoir dirigé l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) de 2012 à 2018, 35 parlementaires allant du MoDem à EELV proposent trois mesures pour la régularisation des travailleurs sans papiers, souvent en première ligne dans des secteurs en tension. Nous portons un projet humaniste et concret. Nous souhaitonsrice, l’adoption de trois mesures urgentes pour l’accès des personnes étrangères au travail.

Tout d’abord, nous assumons la nécessité d’une régularisation de travailleuses et de travailleurs sans papiers [des clandestins], dans tous ces métiers qui connaissent une forte proportion de personnes [qui se sont] placées en situation irrégulière. Ce sont bien souvent ceux que l’on retrouve en première ligne dans les secteurs en tension comme le BTP, l’hôtellerie-restauration, la propreté, la manutention, l’aide à la personne. Des milliers de personnes [illégaux] sont maintenues dans la précarité, a fortiori les vrais-faux indépendants comme auto-entrepreneurs, dans les métiers les plus pénibles comme les plus utiles socialement.

Ces travailleurs sans papiers contribuent à l’économie et à la vie sociale de notre pays [et du leur]. Sans eux, ces secteurs et des pans entiers de notre pays ne pourraient fonctionner. La France qui se lève tôt, ce sont aussi elles et eux, si utiles, si nécessaires. Et pourtant ils n’ont pas officiellement le droit de travailler faute de pouvoir disposer d’un titre de séjour [ils alimentent le marché noir, au détriment de Français sans emploi].

Si ces immigrés travaillent tout de même, c’est pour survivre [et adresser une partie de leur revenus à leurs familles restées au pays] et parce que les employeurs ont besoin de salariés. Les pouvoirs publics ferment les yeux ou ignorent leur situation en raison du caractère indispensable de ces travailleurs pour notre économie et pour répondre aux besoins sociaux. Leur précarisation est le résultat d’une hypocrisie collective : ne pas les autoriser légalement à travailler mais continuer à solliciter leurs concours. Sans papiers, sans reconnaissance, ils éprouvent les plus grandes difficultés pour se nourrir, se loger, se soigner et accéder à une vie sociale normale [ils ont droit à l’assistance sociale]. La clandestinité les invisibilise, les fragilise et les condamne à la précarisation et à la désocialisation. Faute de pouvoir faire valoir leurs droits [mise en accusation des associations], ils acceptent de faibles salaires qui pèsent sur le niveau des rémunérations dans certains secteurs.

A cela s’ajoutent toutes celles et ceux qui sont présents sur le territoire national et qui sont empêchés de travailler faute de papiers [faute de qualification et de détermination]. Ils n’ont d’autres solutions que de recourir à l’hébergement d’urgence ou à d’autres solutions de fortune [délinquance ?]. Alors qu’ils ne demandent qu’à travailler [affirmation gratuite]. Ils pourraient le faire directement ou après une formation que de nombreuses branches professionnelles et des centres de formation publics sont prêts à développer. L’accent doit être en particulier mis sur l’accès des femmes étrangères au travail, l’un des plus faibles de l’OCDE.

La régularisation de leurs situations, demande de longue date des associations qui les accueillent dans la précarité, émane tout autant des organisations syndicales et patronales [et subventionnées par les collectivités territoriales, via les contribuables].

Il s’agit également de rétablir le droit au travail pour les demandeurs d’asile. La loi leur impose six mois d’attente avant de pouvoir demander une autorisation de travail. Cette règle a pour conséquence d’augmenter à la fois le coût budgétaire de l’allocation pour demandeur d’asile [pas sûr: l’appel d’air assure leur renouvellement] et le recours à l’emploi non déclaré pour pouvoir survivre [un risque assumé par leur entrée clandestine]. Cette logique nuit considérablement à leur autonomie et donc à leurs facultés ultérieures d’intégration [si jamais ils le souhaitaient: les enterrements au pays démontrent le contraire].

Enfin, il faut d’urgence remédier à la situation d’embolie des préfectures qui conduit à fabriquer chaque jour de nouveaux sans-papiers [renversement des valeurs !].

Pas une semaine, pas une journée sans que nos permanences de parlementaires ne soient sollicitées pour un titre de séjour dont le renouvellement est compromis faute de rendez-vous en préfecture. Le rapport de l’Assemblée nationale sur «les moyens des préfectures pour l’instruction des demandes de séjour» de 2021 décrit très précisément une situation qui a encore empiré depuis lors : du jour au lendemain, faute de rendez-vous, des personnes en situation parfaitement régulière, insérées professionnellement et socialement, basculent en situation irrégulière entre deux titres et perdent leurs droits [leur devoir est de respecter les lois votées par une majorité parlementaire]. Leurs employeurs sont quant à eux confrontés à un dilemme : perdre un employé qui répond pourtant à leurs attentes ou basculer dans le travail non déclaré pour garder cet employé [l’exception ?]. Cette situation kafkaïenne est à l’origine d’un contentieux de masse qui engorge les tribunaux administratifs [provoqué par l’extrême gauche racoleuse] sous les référés «mesures-utiles» visant [par des minorités méprisant la volonté de la majorité] à contraindre l’administration à accorder un rendez-vous en préfecture.

Il est temps de fixer un délai maximal à l’administration pour accorder un rendez-vous en préfecture, comme c’est la règle pour les passeports «talent», et d’augmenter considérablement le nombre de rendez-vous y compris en présentiel en affectant davantage de moyens aux services chargés du séjour des étrangers au sein des préfectures.

Ces trois mesures sont à la fois urgentes, humanistes et concrètes. Si le gouvernement n’est pas en mesure de les faire rapidement adopter par le Parlement, nous en prendrons l’initiative.

Signataires

Julien Bayou (député EE-LV) ; Mélanie Vogel (sénatrice EE-LV) ; Guillaume Gontard (sénateur EE-LV) ; Sabrina Sebaihi (députée EE-LV); Guy Benarroche (sénateur EE-LV) ; Francesca Pasquini (députée EE-LV) ; Maud Gatel (députée Modem) ; Elodie Jacquier-Laforge (députée Modem) ; Erwan Balanant (député Modem) ; Mathilde Desjonquères (députée Modem) ; Eric Martineau (député Modem) ; Jimmy Pahun (député Modem) ; Fabien Roussel (député PCF) ; André Chassaigne (député PCF) ; Marie-Claude Varaillas (sénatrice PCF) ; Stéphane Peu (député PCF) ; Davy Rimane (député PCF) ; Gérard Lahellec (sénateur PCF) ; Boris Vallaud (député PS et époux Vallau-Belkacem) ; Marie-Pierre de La Gontrie (sénatrice PS) ; Marietta Karamanli (députée PS) ; Hervé Saulignac (député PS) ; Jean-Yves Leconte (sénateur PS) ; Laurence Rossignol (sénatrice PS) ; Sacha Houlié (député Renaissance) ; Stella Dupont (députée Renaissance et apparentés) ; Bruno Studer (député Renaissance) ; Fanta Berete (députée Renaissance) ; Cécile Rilhac (députée Renaissance) ; Benoît Bordat (député Renaissance et apparentés) ; Jean-Louis Bricout (député Liot) ; Martine Froger (députée Liot) ; Benjamin Saint-Huile (député Liot) ; Laurent Panifous (député Liot) ; David Taupiac (député Liot)

Aucun LFI…

Fabien Roussel se désolidarise de Mélenchon et de ses seconds couteaux

Leur faute est d’avoir refusé d’appeler les émeutiers au calme

Pour le Huffington Post, Romain Herreros estime qu' »au sein de la NUPES, le « Mélenchon bashing » de Fabien Roussel irrite. » « Au point que le député du Nord peine à passer une journée sans dire tout le mal qu’il pense de la lecture des événements faite par LFI et ses cadres dirigeants, selon le site, sur le modèle de sa maison-mère américaine, BuzzFeed, et propriété du groupe Le Monde : en 2022, Oxfam France précise que le site français Le HuffPost appartient au milliardaire Xavier Niel, gendre du milliardaire Arnault (LVMH).

Dans la NUPES, le « Mélenchon bashing » de Fabien Roussel irrite, selon le HuffPost

Au HuffPost, LFI est la victime

« Les sorties régulières du député du Nord contre LFI et Jean-Luc Mélenchon sont contestées jusqu’au Parti communiste, » assure Romain Herreros. Et, depuis les émeutes qui ont éclaté dans le sillage de la mort de Nahel, les désaccords entre le premier secrétaire du PCF et le meneur de La France Insoumise ont redoublé d’intensité, confirme le HuffPost, dirigé par un ancien du journal Le Monde, en remplacement d’un journaliste placé à la tête de la rédaction de Libération.

Les Insoumis ont « légitimé » les violences urbaines, a dénoncé  mardi 4 juillet, le communiste. « Je me désolidarise totalement des propos de Jean-Luc Mélenchon et de certains de ses députés qui ont refusé d’appeler au calme », a-t-il déclaré, s’attirant les foudres de LFI, autrement appelée La France Incendiaire…

Le secrétaire national du PCF provoque la colère des insoumis. La majorité salue au contraire cette prise de position. 

« Je me désolidarise des propos tenus par Jean-Luc Mélenchon et certains insoumis, qui ont refusé d’appeler au calme, certains allant jusqu’à dire que ces violences sont légitimes, jusqu’à les justifier« , a déclaré Fabien Roussel, lors d’une conférence de presse au siège du PCF à Paris.

S’il a reconnu que « nous avons beaucoup de points communs à gauche sur le retour des services publics, la nécessité de plus de moyens pour les communes, de meilleurs salaires », il a expliqué ne pas vouloir « que la gauche soit assimilée à Jean-Luc Mélenchon. Non. Il y a au moins deux gauches, la sienne et la nôtre« , a-t-il asséné. Fabien Roussel entend « incarner une gauche qui défend le progrès social, les valeurs républicaines et l’ordre et la justice ».

L’alliance présidentielle salue la prise de position de Fabien Roussel

F. Roussel qui n’a « jamais dit », contrairement à Jean-Luc Mélenchon, « que la police tue », indique qu’il ne veut pas « faire d’amalgame » entre les policiers « qui ont [auraient] des comportements dangereux, racistes et le reste des forces de l’ordre ». 

La présidente des députés LFI, Mathilde Panot, a répliqué lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale qu’elle n’a « aucune leçon à recevoir » de Fabien Roussel, qui « était devant l’Assemblée nationale avec ces mêmes syndicats de police (…) qui disaient que le problème de la police, c’est la justice, » a-t-elle polémiqué.

Dans un tweet, le député insoumis Ugo Bernalicis a dénoncé « la « minable attitude politicienne » de Fabien Roussel, qui n’a qu’un « seul but : prendre la lumière médiatique ». La majorité s’est félicitée des déclarations de Fabien Roussel.

Le député Renaissance, Sacha Houlié, a salué sa « lucidité et responsabilité » face au « discours honteux de la France insoumise », et son collègue Mathieu Lefèvre a souligné une « prise de position courageuse et républicaine ».

« Les outrances et les excès » des syndicats de police

Des chances pour la France ou
des « nuisibles » ?

Le secrétaire national du PCF a également critiqué « les outrances et excès » des « syndicats de police qui traitent de ‘nuisibles’ les habitants de ces quartiers », « cette cagnotte lancée par un soutien [Jean Messiha] de M. (Eric) Zemmour » pour aider la famille du policier auteur du tir fatal à Nahel, mais aussi « ces dirigeants de droite et d’extrême droite qui assimilent la jeunesse de ces quartiers à des pillards, à des immigrés, et alimentent un racisme toujours puissant ».

Il a présenté un « plan de réconciliation nationale pour l’égalité républicaine« , « Grenelle pour l’égalité des territoires », avec « des mesures de moyen et court termes », comme la création de 30.000 policiers de proximité, plus de moyens pour la justice, mais aussi les communes et le milieu associatif.

Loi immigration : le camp Macron diabolise LR et son projet

Un « acte de décès du parti de gouvernement », selon les chasseurs de sorcières

Immigration : La charge du camp Macron contre LR et son projet, « acte de décès du parti » (photo d’Eric Ciotti et Olivier Marleix prise le 7 février 2023)
Immigration : La charge du camp Macron contre LR et son projet, « acte de décès du parti » (photo d’Eric Ciotti et Olivier Marleix prise le 7 février 2023)

Sans majorité, le parti du président veut toujours avoir raison seul contre tous. Une semaine après en avoir annoncé les contours, Les Républicains viennent de déposer à l’Assemblée nationale le premier volet de leur projet adapté à la situation sur l’immigration. Bousculé dans son inertie, le camp présidentiel relance son entreprise de démolition en règle dans les media, comme il le fait contre le groupe LIOT, avec la proposition d’abrogation de la réforme des retraites imposée sans vote.

Les taxis de la Marne du parti Renaissance montent au front ce samedi 27 mai dans Le Journal du Dimanche. L’agité de l’ex- gauche du PS, Sacha Houlié, le LREM Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français établis hors de France (Benelux) et Pascal Canfin, écologiste passé â Renaissance, signent effectivement une tribune très partisane dans laquelle ils accusent Les Républicains de verser dans le camp des « partisans du chaos européen. »

Les trois responsables tentent ainsi de diaboliser une mesure qui évoque le opt-out réussi du Danemark : la possibilité voulue par LR de déroger au droit européen renvoie en effet à un précédent, l’option danoise de retrait de la politique de sécurité et de défense commune.

Cette position de retrait français des règles communes européennes en matière d’immigration, estime le trio, « est l’acte de décès du parti de gouvernement que fut LR, prêt à sacrifier ce qui pouvait lui rester de conviction européenne sur l’autel du suivisme des combats identitaires de l’extrême droite. »

« Une vieille revendication de l’extrême droite française et européenne »

Le parti gaulliste propose de revoir la Constitution pour parvenir à plusieurs objectifs : fixer des quotas migratoires, permettre l’organisation d’un référendum sur le sujet, mais également donner « la possibilité de déroger à la primauté des traités et du droit européen », ceci lorsque « les intérêts fondamentaux de la nation sont en jeu ». Ce serait le cas pour l’immigration. Autant de mesures qui, selon les sondages, font écho à la demande populaire.

Or, pour le camp présidentiel, toujours prompt à disserter sur la ligne politique des autres et ź rejeter systématiquement tout amendement venu d’ailleurs, « mettre fin à la primauté du droit européen », un « principe de bon sens qui assure la cohésion de l’Union », se serait « reprendre une vieille revendication de l’extrême droite française et européenne. » on le voit, un argument repris à tout props et, du coup, usé jusqu’à la trame, outre qu’il méprise les aspirations de la base.

« Cette prise de position fait sortir Les Républicains du champ des familles politiques que l’on peut qualifier de proeuropéennes, en rupture avec leur histoire et en rupture avec les autres partis européens de droite de gouvernement », ostracisent encore les présidents de Commissions à l’Assemblée Sacha Houlié (Lois) et Pieyre-Alexandre Anglade (Affaires européennes) et l’eurodéputé Pascal Canfin.

La triade n’hésite pas non plus à diaboliser la stratégie migratoire des Républicains, estimant sur ce point en tout cas,qu’elle bloquerait l’Union européenne, et donc la fragiliserait, si elle ne l’était pas déjà. « Que paralyser l’Europe soit le projet de l’extrême droite depuis des décennies, c’est une évidence. Mais qu’il soit désormais aussi celui des Républicains est nouveau, » racontent les trois commis d’office.

D’autant que cette tribune est fort peu du goût de Gérald Darmanin. Dans un entretien publié en fin de journée dans Le Parisien, le ministre de l’Intérieur ne met pas LR au ban des partis de gouvernement, contrairement à ses trois collègues radicaux: « Il y a ceux qui pensent à régulariser tout le monde, c’est la Nupes. Ceux qui ne veulent accueillir personne, c’est le RN. Entre les deux, il y a les partis de gouvernement ». Darmanin tente ainsi de ramener ses collègues à la modération. Essayant la méthode Coué avec le janissaire de Macron qui s’oppose au …référendum d’initiative citoyenne, dans lequel il voit « une source de graves dangers », mais plaide pour la tenue d’un …référendum sur la réforme des institutions, Darmanin tente de calmer les esprits. « On est tous dans la même majorité. Je travaille très bien avec Sacha Houlié, qui a un grand talent et le sens de l’intérêt du pays ».

Lien PaSiDupes : Bruno Retailleau

Pétition contre la Brav-M : un rapporteur désigné à l’Assemblée nationale

Un député Renaissance de Gironde devra proposer de la classer ou non

La pétition demandant la dissolution de la Brav-M – la brigade de répression de l’action violente motorisée à Paris – mobilise la gauche anti-flic. Mercredi 29 mars, Eric Poulliat, député Renaissance de Gironde en a été nommé le rapporteur à la commission des lois de l’Assemblée nationale, selon une information de LCP confirmée par Eric Poulliat, membre du Parti socialiste de 2005 à 2016 et membre actuellement de la commission des Lois de l’Assemblée nationale. Cette commission est présidée par un autre député Renaissance, Sacha Houlié.

La pétition contre la Brav-M en est à 200.000 signatures, un record sur la platefirme des pétitions de l’Assemblée nationale, mais il en faudrait 500.000 avant.

La plateforme des pétitions de l’Assemblée nationale permet aux citoyens d’adresser des pétitions à l’Assemblée nationale et de signer des pétitions déjà déposées.

Chaque pétition est attribuée à l’une des huit commissions permanentes de l’Assemblée nationale, en fonction de la thématique qu’elle aborde. Les pétitions ayant recueilli au moins 100.000 signatures sont mises en ligne sur le site de l’Assemblée nationale pour plus de visibilité.

Après attribution de la pétition à une commission, les députés de la commission désignent un député-rapporteur qui propose ensuite soit d’examiner le texte au cours d’un débat faisant l’objet d’un rapport parlementaire, soit de classer la pétition.

La Conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut également décider d’organiser un débat en séance publique sur une pétition ayant recueilli au moins 500.000 signatures, issues d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer.

La pétition actuelle dénonce une «action» qui «participe [à] l’augmentation des tensions y compris à l’encontre des forces de l’ordre». «Le pays étouffe de témoignages d’exactions violentes et brutales commises par ces brigades motorisées à l’encontre des manifestants qui tentent de faire entendre leur opposition à un projet de régression sociale», explique dans celle-ci Yann Millérioux, le citoyen qui en est à l’origine. Yann Millérioux, le militant de Seine-Saint-Denis à l’origine de la pétition contre la Brav-M, déposée le 23 mars.

Millérioux, casquette et cuir noir,
arborant un chèche pro-palestinien

Yann Millérioux, 50 ans, est chef de projet informatique. Il serait rédacteur pour Wikipedia et à l’origine du signalement d’un de ses semblables, « Cheep », évincé pour extrémisme de droite et favoritisme envers Eric Zemmour, comme lui-même, extrémiste de gauche, est favorable à Mélenchon. Il s’en serait également pris à la fille adoptive des Chirac, Anh Dao Traxel, laquelle a déposé plainte auprès du procureur d’Evry, contre un contributeur qui a laissé des propos « mensongers et préjudiciables » sur Wikipedia. Une enquête pour diffamation a été ouverte qui nous en dira peut-être plus…

Ce qui, en attendant, est avéré, c’est que, en binôme avec Sylvie Monnin (PC), Yann Millérioux (PG), en est à sa troisième participation après les dernières cantonales et les municipales à Noisy-le-Grand, bastion de gauche, communiste jusqu’en 1984.

«Il faut des unités mobiles»

Yann Millérioux,
délégué syndical Solidaires, militant et candidat PG / LFI

Eric Poulliat explique qu’il ne peut pas « être là pour savoir s’il faut dissoudre ou non la Brav-M»«Ici, mon rôle est de dire si on doit classer la pétition, l’étudier en commission ou l’envoyer dans une autre commission»indique-t-il. Concrètement, le député de Gironde n’aura pas à donner son avis sur la question ni à juger du texte de la pétition. «Vu l’intensité de la violence par certains délinquants, parce que ce ne sont pas des manifestants, je pense qu’il faut des unités mobiles pouvant intervenir efficacement»estime-t-il néanmoins.

Le texte rédigé par Yann Millérioux «n’est pas dans la nuance». «Il conclut par «Stoppons le massacre», j’aimerais savoir de quel massacre il parle», interroge Éric Poulliat, qui est «favorable à ce que nos forces de sécurité intérieure aient les outils pour riposter à la violence» sans pour autant que «la répression se durcisse». «Ce n’est pas parce qu’on est dans la Brav-M qu’on a le droit de tout faire. Si le cadre n’est pas respecté, c’est une faute professionnelle», estime ce partisan de la Nupes qui a échoué à se faire élire même à Noisy-le-Grand.

Droit de vote pour tous: ‘open bar’ électoral réclamé par Houlié en faveur des extra-européens

Le droit de vote aux municipales – pour commencer – pour tous les étrangers

Le président macronard de la commission des lois a déposé une proposition de loi qui marginalise les citoyens français, s’attirant paradoxalement le soutien des députés de la NUPES, mais la ferme opposition du ministre de l’Intérieur, candidat battu de Renaissance (LREM). L’opposition de droite républicaine et nationale tombe à la renverse…

Une demande de longue date portée par la gauche, qui se retrouve appuyée dans les rangs du camp présidentiel. Le député Renaissance (ex-La République en marche) de la Vienne et avocat, Sacha Houlié, a déposé, mardi 9 août, une proposition de loi pour « accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales » à tous les étrangers résidant en France. Une extension du droit du sol…

« Cette reconnaissance se fait attendre. Nous la devons pourtant à celles et ceux qui bien souvent et depuis longtemps participent au dynamisme de notre société », défend le texte, qui dénonce de ce fait une « discrimination entre deux catégories d’étrangers ».

Depuis 1992, seuls les étrangers citoyens de pays membres de l’Union européenne peuvent prendre part aux élections municipales françaises. « Ça ne choque plus personne de voir des Espagnols ou des Bulgares voter aux élections municipales en France. Mais ça a choqué beaucoup de gens que les Anglais n’aient plus le droit de voter en France après le Brexit », a expliqué le député, un socialiste à la base….

Les députés Nupes se feraient « un plaisir » de voter la loi

Le progressisme, c’est encore une fois mettre en péril notre avenir. Marronnier gauchiste resurgi du fait de la grande sécheresse idéologique à Renaissance, ce « droit » de vote progressivement élargi aux étrangers, des élections municipales aux législatives, dans un prochain temps, avait été promis par François Mitterrand, avant le terrorisme islamiste, et François Hollande, avant la conscience du séparatisme, sans aboutir. Sacha Houlié, venu du PS (NUPES), qui a déposé cette proposition de loi à sa seule initiative, présentera le texte au groupe Renaissance lors de la rentrée parlementaire. Il n’a pas trouvé une meilleure possibilité de laisser son nom…

Les députés de la NUPES, alliance populiste islamo-gauchiste se feraient « un plaisir de voter » la proposition de loi de ce fondateur du mouvement « Les Jeunes avec Macron », a assuré mercredi l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry, au micro d’Europe 1.

Souhaitant que l’initiative aboutisse, cette dernière a toutefois dit en douter : « Je constate juste que le gouvernement pour le moment a plutôt regardé du côté de la droite, voire de l’extrême droite de l’Hémicycle (…), donc j’ai mes doutes sur le fait que ça aille au bout. »

Le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, a applaudisur LCI« une excellente idée », soulignant qu’« Europe-Ecologie-Les Verts soutient fortement cette proposition ».

Mais le député macroniste s’est attiré les critiques du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et celles de la droite et de l’extrême droite. M. Darmanin, qui incarne l’aile droite du camp présidentiel au gouvernement et a annoncé au cours de la semaine passée la tenue d’un débat sur l’immigration en octobre au Parlement, « est fermement opposé à cette mesure », a fait savoir son entourage.

A  droite, le député des Alpes-Maritimes Les Républicains Eric Ciotti a tweeté qu’il s’opposerait « de toutes [ses] forces » à ce texte « grave et dangereux ». Sur BFM-TV, mardi soir, il a demandé « solennellement au gouvernement » et à la première ministre « de se désolidariser de cette proposition de loi ».

La gauche populiste craint un débat… « populiste »

Dans les rangs du Rassemblement national, le président par intérim du parti, Jordan Bardella, s’est lui aussi indigné. « Pendant que Gérald Darmanin agitait les médias sur l’expulsion (ratée) d’UN islamiste, les macronistes déposaient en douce une proposition de loi pour le droit de vote des étrangers », a-t-il affirmé sur Twitter, dénonçant ainsi une « dépossession finale des Français de leur pays ».

J. Bardella fait référence à la suspension par la justice de l’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen, accusé par les autorités françaises d’avoir tenu des propos antisémites, homophobes et « antifemmes » lors de prêches ou de conférences.

Une référence également faite par le député du parti d’extrême droite Laurent Jacobelli (Moselle), qui a affirmé mercredi matin sur FranceInfo : « Ça veut dire que, pour M. Houlié, l’imam Iquioussen aurait pu avoir le droit de vote. On a franchi les limites de l’indécence. » « Tout cela nous paraît un petit peu anachronique et révèle les vraies pensées du gouvernement », a-t-il dénoncé.

Louis Aliot, maire de Perpignan, candidat à la présidence du parti face à J. Bardella, a voulu croire, sur France Inter, que cette proposition, « vieux marronnier de la gauche depuis 1981 », est « un signal » lancé à la Nupes, mais qui n’aura « aucune réalité dans le vote de la loi, heureusement d’ailleurs ».

Au contraire, S. Houlié préfère voir dans la défense de ce… « droit », un « long et beau combat »« La France enrichirait son modèle d’intégration », délire-t-il dans la canicule, et « ferait aussi refluer les revendications communautaires qui se nourrissent de la marginalisation ».

« Ce qui m’inquiète, c’est le débat populiste sur cette question », avance-t-il, a priori. Mais l’élu macronard veut croire que « pouvoir embrasser l’intégralité des sujets qui touchent de près ou de loin les étrangers en France, c’est une façon de lui donner un peu de hauteur ».

Houlié imagine que le vote afghan ou tchétchène compenserait l’abstention et renforcerait la démocratie…

« La police tue », accuse Poutou, candidat révolutionnaire à la présidentielle

Le candidat du NPA indigne démocrates et républicains

«La police tue» : Philippe Poutou provoque un tollé avec ses propos, Darmanin porte plainte.
«La police tue» :
le révolutionnaire trotskiste Philippe Poutou outrage
les forces de l’ordre.
Darmanin porte plainte. 

«Oui, la police tue. Evidemment, la police tue.» Sur France Info ce matin, dans « Votre invité politique »,  Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à l’élection présidentielle a provoqué un véritable tollé. Celui qui avait obtenu 0,83% des voix au premier tour de la présidentielle de 2017 a accusé les forces de l’ordre de tuer «une quinzaine de jeunes», tous les ans dans les quartiers populaires.

Le candidat à l’élection présidentielle affirme que «dans les quartiers populaires, une quinzaine de jeunes sont tués par la police annuellement».

«Oui il y a une violence policière. La police tue, après on peut discuter : assassinat, meurtre, accident, bavure ou légitime défense. On le sait, on le voit. Quand on est manifestant, on n’est pas protégé par la police, on est agressé et attaqué», a soutenu le candidat du NPA. Des faits qui surviennent, selon lui, parce que les forces de l’ordre sont «armées, surarmées» et «dangereuses».

Et d’ajouter : «La police tue, mais la police surtout mutile. Combien de mains arrachées, combien de visages défigurés, combien de gens en garde à vue alors qu’ils n’ont rien fait ?», interroge-t-il.

Des propos qui font écho aux déclarations d’un adjoint LFI au maire PS de Cachan.

LFI – NPA,
même radicalité

Dans une vidéo devenue virale ces derniers jours, Dominique Lanoë, élu de la France insoumise, lança en plein Conseil municipal présidé par Hélène de Comarmond: «Je croyais que le but de la police était de protéger la population, ce n’était pas nécessairement de posséder des armes pour la tuer».

Gérald Darmanin va porter plainte contre Philippe Poutou

https://youtu.be/opojPJGzsgE

Les paroles de Philippe Poutou ont en tout cas largement fait réagir dans la classe politique. «Dire qu’il y a des violences policières c’est complètement différent que de dire que la police tue. Ce genre de propos est évidemment condamnable», a par exemple faiblement protesté le député LREM de la Vienne Sacha Houlié sur CNews. «La police protège les innocents. Elle protège tout le monde, même les personnes qui tiennent des propos immondes à leur encontre. Comme vous», lui a répondu le député LREM François Jolivet.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a également réagi aux déclarations polémiques du candidat du NPA. «Les propos de Monsieur Poutou envers la police sont insultants et indignes d’un élu de la République», a-t-il tweeté, indiquant qu’il déposait plainte, au nom du ministère et pour «défendre l’honneur de tous les policiers».

Manif anti-passe: un signalement politique par la préfète du Bas-Rhin

La préfète condamne un signalement et le signale à la justice!

Manif anti-passeport sanitaire à Strasbourg, le 24 juillet. 

Le député LREM Thierry Michels a publié la photo d’un tract distribué à la manifestation avec les photos de neuf parlementaires ayant voté pour la loi sur le passe sanitaire ou s’étant abstenus. L’adresse de son domicile figurait sur le tract rouge et blanc.

Le zélé député dénonce un tract invitant à faire « peur » aux parlementaires alsaciens ayant voté pour le passe sanitaire ou s’étant abstenus. Il a circulé lors de la manifestation du 21 août à Strasbourg EELV. L’un de ces Alsaciens, Philippe Meyer, député (Les Républicains) de Molsheim, a découvert depuis une étoile jaune sur sa permanence.

Si Thierry Michels a décidé de diffuser le tract sur les réseaux sociaux, c’est pour condamner le message qu’il sous-tend et prévenir les conséquences de ces appels à « agir » contre les parlementaires. « On ignore comment ça peut se terminer. Quels seront les prochains arguments après celui de l’antisémitisme ? », s’interroge le député qui en a profité pour rappeler que « le vote du pass sanitaire a été fait de manière démocratique » et que « 85 % des personnes admises en soins critiques ne sont pas vaccinées ».

Le tract strasbourgeois illustre le discours antiparlementaire et anti-élite des opposants au pass sanitaire. Les parlementaires y sont qualifiés de « politicien » et les références à l’ENA sont mises en avant pour Bruno Studer (Prépa ENA) et Sylvain Waserman (ENA). Ce dernier est tout autant énarque que Florian Philippot, le président des Patriotes et figure des anti-vaccins, qui, avant de faire de la politique au Front national est passé par HEC.

Le tract rouge et blanc du 21 août a aussi été collé sur le socle de la statue de Kléber. Une enquête est en cours.

La préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier a signalé à la Justice des menaces proférées contre des parlementaires du département lors de la manifestation contre le passe sanitaire à Strasbourg le 21 août. «Des menaces ont été proférées contre des parlementaires du Bas-Rhin. Ces attitudes sont inacceptables», tonne la préfecture dans un communiqué.

Josiane Chevalier «a demandé aux forces de l’ordre, police nationale et gendarmerie, de renforcer leur protection et a immédiatement saisi la procureure de la République pour lui signaler ces faits», précise ce communiqué. 

Selon les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), une enquête est diligentée.

Sur Twitter, le député LREM Thierry Michels a publié la photo d’un tract distribué à la manifestation avec les photos de neuf députés et sénateurs ayant soit voté pour la loi sur le pass sanitaire soit s’étant abstenus et certaines adresses. 

«Renversons la peur de leur côté ! Ils savent tout de nous. A notre tour de tout savoir sur eux !», revendique le tract appelant à diffuser le plus possible d’informations personnelles sur les élus.

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Une étoile jaune avec la mention «Non vacciné» a en outre été collée sur la permanence du député LR du Bas-Rhin Philippe Meyer, qui a déposé une main courante, indiquent les DNA qui ont joint l’élu. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la permanence du député LREM de la Vienne Sacha Houlié avait été incendiée et une enquête a été ouverte.

Incendie volontaire de la permanence de Sacha Houlié, député LREM

A Poitiers, les rapports entre EELV et LREM sont inflammables

Alors que les militants écologistes se retrouvaient depuis la veille, jeudi 19 août à Poitiers, pour leurs Journées d’été, préparatoires à leur primaire, la permanence à Poitiers du député LREM Sacha Houlié a été « volontairement incendiée » dans la nuit du jeudi 19 au vendredi 20 août.

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Le député LREM Sacha Houlié a ajouté que « cet acte inadmissible » n’entame « en rien [sa] détermination pour agir chaque jour dans l’intérêt général au service des Français ».

Plusieurs responsables politiques de tous bords, comme Stanislas Guerini pour LREM ou Guillaume Larrivé (LR, bébé Hortefeux devenu juppéiste au gré du vent tournant) ont assuré le député de leur soutien. Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), « mettre le feu à une permanence parlementaire est un double crime d’incendiaire et d’antiparlementarisme. La démocratie, c’est le droit à la contradiction pacifique. Solidarité », a-t-il twitté.

Le Parquet a annoncé qu’une enquête était en cours et « aucune piste écartée ».

La permanence de ce député LREM a déjà été envahie par des manifestants

Intrusion permanence Sacha Houlié

La permanence du député LREM de la Vienne, Sacha Houlié, a été envahie par des manifestants à Poitiers en décembre 2020. Des militants de la CGT, qui s’opposaient au projet de réforme des retraites avaient fait irruption dans ses locaux de la Vienne, avec des fumigènes allumés. Une collaboratrice du député avait été bousculée et incommodée par les fumigènes: elle aurait fait une crise d’asthme.

Parmi les militants CGT figuraient aussi des individus encagoulées qui avaient commis des dégradations et auraient voulu couper le courant élecrique. Sacha Houlié  avait annoncé qu’il déposerait plainte pour ces dégradations.

On connaît désormais l’origine de la coupe de cheveux improbable de l’ex-socialiste

De leur côté, les syndicalistes CGT se déclarèrent surpris par cette polémique. Abdelhak Bidaud, secrétaire CGT Cheminots de la Vienne  affirme qu’ils ont simplement manifesté devant la permanence et avoir été invités à entrer par une assistante du député.

Candidat battu aux élections départementales de 2021 dans le canton de Poitiers-5, Houlié, ancien des MHS,avait proposé dans l’été 2019 de revenir en partie sur les allègements de cotisations sur les hauts salaires, issus du pacte de responsabilité et de solidarité mis en place sous… François Hollande

Darmanin s’est invité au rassemblement des policiers: choquant ou malin?

L' »en même temps » inédit du ministre de l’Intérieur au côté de manifestants

L’émotion régit le débat permanent des chaînes d’information en continu: colère et indignation, mais elle imprègne aussi la communication politique, compassion et repentance. Apolline de Malherbe parle à Jean-Louis Debré des policiers qui ont la « sensation de recevoir des projectiles »… En fait, un jugement, une banalisation, voire une suspicion… 

Le dire et le faire se mêlent, au détriment de l’action et du progrès, si cher aux progressistes. La com’ résume en effet l’action politique, la réduisant celle-ci à une manipulation de l’opinion, le progrès et la réforme de la société dussent-elles en pâtir. Darmanin et Dupond-Moretti s’affichent main dans la main, tout en menant des politiques antithétiques, une scénarisasion destinée à plaire à tous, sans satisfaire personne et surtout pas l’intérêt général.

Les nouveaux défis en matière de sécurité n’échappent ni au prisme du débat en rond, ni au filtre de l’émotion, sous la pression d’un gouvernement politicien, plus soucieux de retarder la prise de décisions que de ne pas déplaire au plus grand nombre, constamment, et, à plus forte raison, dans ce temps électoral.

L’analyse critique est faussée par les émotions vraies ou affectées qui obligent les diseurs à l’alignement et à l’excuse. A propos des jeunes tueurs de 14 ans, Dominique Rizet parle sur BFM de « gamins » (costauds « de 1,90m », ce qui n’est guère la norme parmi les Européens), de « gosses malheureux » (tout en déclarant par ailleurs qu’ils ont « la tête vide » et manquent donc de repères, de sentiments et de jugement moral), au même plan que de « malheureuses jeunes filles » assassinées, (jetée vivante du haut d’un pont, par exemple), à qui « on » n’a jamais appris le respect ni inculqué le sens des valeurs de la vie. Pendant que la marche blanche se déroule encore, Rizet insiste sur le fait que le meurtrier n’a pas eu de chance: « un seul coup de couteau » (3 fois) a suffi, bien que le geste ait nécessité une force certaine, mobilisée par le « malheureux », « une seule fois » (sic).

La presse relaie dans la bouche de passants les jugements qu’elle a développés de la responsabilité des réseaux sociaux et des jeux vidéo, sans jamais mettre en cause les séries policières télévisées affichant en prime time des scènes effarantes de violences, dont des coups de genou dans les parties génitales et des suggestions claires d’abus sexuels, et des gros plans de corps sauvagement meurtris et d’investigations glauques en salle d’autopsie par des médecins légistes débridés et rigolards dans la routine de leur vie professionnelle, sujet de divertissement familial.

Le débat public est toujours émaillé de réglements de comptes politiques (les couteaux succéderont-ils aux gants de boxe de Paul Amar lors du débat Tapie-JM Le Pen au 20 Heures » de France 2 en 1994, en pleine campagne des élections européennes?), et de bonnes intentions sans suites –hier «solidaire avec les des soignants», aujourd’hui «solidaire avec les des policiers»–, mais débat public rarement étayé par une vision claire de la situation ou de l’avenir. Vide de toute proposition concrète et adaptée à l’époque, dont la population est en cours de renouvellement.

Un site gauchiste d’information évoque pêle-mêle l’assassinat de deux fonctionnaires à leur domicile, par un terroriste islamiste d’abord, une agent administrative au commissariat par un dealer ensuite, auxquels ce site omet d’associer les fanatiques religieux qui manient le couteau de boucher quand les jeunes enracinés de 1,80 m en sont encore à l’Opinel. L’actualité a fait prendre de nouveau (et fugitivement) conscience de la responsabilité des acteurs politiques, élus et journalistes, annonceurs et chaînes de divertissement (émissions pour la jeunesse comme de télé-réalité pour ados décérébrés), de ce que cette presse gauchiste appelle des « périls encourus par les forces de l’ordre aujourd’hui, » les risques du métier »… Tandis que le CSA ne se sent ni coupable, ni même responsable, ce type de medium abaisse quotidiennement son lectorat 30 ans en arrière, au niveau du FN et des « détails de l’Histoire » par son patron, en 1991 et 2015.

Il y a un an, la couverture complaisante de la manifestation du Comité Adama, place de la République à Paris, pointant LES «violences policières», fit apparaître dans le débat public des notions, rampant dans les milieux racisés, de «racisme systémique» ou de «violences systémiques» dont la gauche islamo-gauchiste par ces mêmes forces de l’ordre, globalement, sans détail. Au jeu de l’émotion, les partisans du « pas de vagues » ont la part belle.

Le mythe longtemps entretenu par les gauches d’une police droitière ne résiste pas à la réalité des faits ne tient plus la route. Le principal syndicat de policiers en tenue, la FASP, était marqué à gauche, preuve que les menées idéologiques relayées par cette presse. Pour demander une « réponse pénale » plus ferme face aux agressions à l’encontre des forces de l’ordre, les fonctionnaires de police étaient unis, de droite et de gauche, en intersyndicale rassemblant

SGP Police-FO, Alliance ou UNSA, ex-FASP (SCPN-UNSA) ou indépendant, dénonçant une « individualisation exacerbée des peines » et un « empilage de dispositifs qui vident les peines de leur sens ».

Le rassemblement devant l’Assemblée nationale est aussi une manière de rappeler aux élus qu’ils « doivent prendre leurs responsabilités et au besoin légiférer pour faire en sorte que tout ce qu’on vient de vivre ne se reproduise plus », détaille Fabien Vanhemelryck, Secrétaire général d’Alliance.

« Je suis venu pour soutenir tous les policiers comme les Français », a assuré le ministre Darmanin. 

Que des responsables politiques se rendent à la manifestation d’un groupe social quel qu’il soit semble pour le moins compréhensible, ce qui est très surprenant c’est de voir, sans doute pour la première fois, un ministre de l’Intérieur se rendre à une manifestation de policiers, ce qui peut être une manière de se dédouaner de ses responsabilités politiques en mettant en scènes ses affects et son émotion. Nous y revoilà! Message malin subliminal: les policiers ne manifestent pas contre le pouvoir. Si le ministre est quelque peu hué devant le Palais Bourbon, l’ensemble ne lui est pas personnellement hostile. Les cibles sont la majorité présidentielle et les décideurs de la justice.

Darmanin innove. Et fracture.

Si le ministre de l’Intérieur est «le premier flic de France», dixit Clémenceau, il n’en est pas le premier syndicaliste policier du pays. C’est ce qui fait la différence entre Etat républicain et Etat policier…

Les frères ennemis Darmanin/Dupond-Moretti confirment la fracture d’une majorité factice

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, à l’Elysée, à Paris, le 28 avri.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, à l’Elysée, à Paris, le 28 avril 2021: se parlent-ils?

La participation, mercredi, du ministre de l’Intérieur à la manifestation de policiers – dénonçant le laxisme de trop de juges – met en difficulté leur ministre qui s’est déclaré celui des détenus. Aujourd’hui, par force, il est question, non des coupables, mais de leurs victimes.

Le premier, décrit comme malin, roublard et ambitieux, incarne l’aile droite de la macronie. Le second, sanguin, grande gueule et spécialiste en boulettes, penche à gauche.

L’arrivée, à l’été 2020, de Gérald Darmanin, ex-« Sarkozy boy », au ministère de l’Intérieur, couplée à celle de l’ancien avocat pénaliste, surnommé « Acquittator », Eric Dupond-Moretti à la Justice, devait faire bouger les lignes. D’un côté, une star des barreaux pour les media buzzeurs, de l’autre, Gérald Darmanin, « le plus beau trophée de Macron à droite », selon le sénateur (Les Républicains, LR) de Paris Pierre Charon. Comment deux personnalités centripètes pouvaient-elles «  étoffer le régalien? De point faible de Macron, la Justice devient le caillou dans son mocassin pour la dernière longueur du quinquennat.

La présence de Darmanin à la manifestation des forces de l’ordre, mercredi 19 mai, au milieu de cadres du Parti socialiste (PS), de ceux de LR et, surtout, du Rassemblement national (RN), que « chasse » Eric Dupond-Moretti, un chasseur «passionné» qui s’en est pris aux «ayatollahs de l’écologie» dans la préface d’un livre du président de la Fédération nationale des chasseurs aujourd’hui en campagne des régionales, est vécu comme une provocation, une opposition frontale, par le garde des Sceaux. 

Que dire en effet du slogan : « Le problème de la police, c’est la justice ! », scandé par les syndicats de policiers ?

« Il n’y a ni laxisme ni angélisme de la part de la justice. C’est Eric Dupond-Moretti qui a raison ». Mais, dans la foulée de Pierre Person, c’est l’avis de Sacha Houlié, député LREM, démissionnaire en septembre 2020 du bureau exécutif de LREM, ainsi que de son poste de responsable des relations avec les acteurs politiques et sociaux.

A en croire l’exécutif, il n’y a ni incohérence ni schizophrénie dans la démarche. Chacun était, mercredi, dans son rôle. « Où est le problème ? », s’interroge un conseiller anonyme de l’exécutif, soulignant que l’épreuve traversée par Eric Dupond-Moretti a pu lui permettre de s’affirmer en défenseur des magistrats, qui, jusqu’ici, se méfiaient de lui. « Il faut que Beauvau tienne son administration. Le ministre de la Justice, lui, n’a pas autorité sur les magistrats, mais doit s’assurer de leur respect », souligne-t-on, compréhensif, dans l’entourage du garde des Sceaux.

Bilan: à malin, malin et demi? Ce psychodrame laisse police et justice face à face. L’émotion ne fait pas monter le dossier de la sécurité au sommet de la pile.

Le domicile d’un député LREM tagué

Pourquoi LREM et le député Sacha Houlié ?

L’élu LREM de la Vienne a déclaré qu’il portera plainte à Poitiers.

Le domicile poitevin du député de la 2e circonscription de la Vienne, Sacha Houlié (LREM), 32 ans, a été la cible d’un tag de menaces. L’inscription «Mort aux porcs» a été inscrite sur la façade du bâtiment, dans la matinée. Un contraste avec les images télévisées montrant des députés de la majorité présidentielle applaudissant, debout, à tous les bobards et projets gouvernementaux et d’autant plus frénétiquement qu’ils sont polémiques et vivement dénoncés.

Ainsi, selon selon un sondage Odoxa Backbone Consulting, six Français sur dix approuveraient les mesures annoncées par  Macron. Alors pourquoi la multiplication des fêtes sauvages et cette montée des menaces et violences sur des élus?

Les sondés sont d’ailleurs près d’un sur deux – et plus de six jeunes sur dix – à déjà envisager de les transgresser.

Cette référence aux porcs
signe le tag

Co-fondateur en 2015 des Jeunes avec Macron et délégué national d’En marche à son lancement en 2016, Sacha Houlié a réagi sur Twitter, déclarant : «Même à mon domicile, vos méthodes de fachistes (sic) ne m’impressionnent pas.»

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Créateur d’entreprise, une société de vente et d’installation de panneaux solaires, fondée en 2007 avec Jean-Pascal Emelien, le père d’Ismaël Emelien (conseiller en communication de Macron au ministère de l’Economie, puis son conseiller spécial (sic) à l’Elysée, mais démissionnaire en mars 2019 pour son implication dans l’affaire Benalla), le député LREM et délégué général de la République en Marche, Stanislas Guérini, 38 ans, a dit apporter «tout son soutien» à Sacha Houlié, suivi par d’autres membres de la majorité, comme Laetitia Avia, mais aussi des députés d’autres groupes, comme Pierre-Yves Bournazel, AE (groupe Agir ensemble, formé en mai 2020 par neuf membres d’Agir issus du groupe UDI, Agir et indépendants, six du groupe majoritaire LREM et un membre du groupe Libertés et territoires).

A Poitiers, en 2019, plusieurs dizaines de mécontents avaient déjà investi la permanence locale de Sacha Houlié, un professionnel de la politique sans expérience de la vraie vie.

Macron déçoit ceux qui le connaissent: une de ses ex-plumes lui taille… un costard

La liste des déçus d’Emmanuel Macron s’allonge comme la dette publique.

Marie Tanguy, « nègre » de Macron

Elle a mis son talent au service d’un candidat qui promettait, mais qui a fait illusion. Trois ans après avoir contribué à l’écriture de ses discours, Marie Tanguy, une des plumes du candidat de 2017, sort un roman-témoignage , « Confusions », aux éditions Lattès. Elle y dépeint les techniques de « marketing politique » employées pour atteindre les classes moyennes, ainsi que la « déconnexion » du candidat.

Alors qu’elle rejoint l’équipe de campagne, Marie Tanguy se souvient :« J’imaginais vraiment un mouvement beaucoup plus collectif, de délibération en intelligence collective, on va essayer de faire de la politique ensemble. Et ce que je découvre sur place, c’est qu’en fait, nous, on est vraiment dans une vision très verticale, très élitiste, où ceux qui décident, c’est un petit groupe de personnes, qui se ressemblent, et qui surtout donnent l’impression qu’en fait, la vérité, elle est très univoque finalement. »

Cette critique est d’ailleurs le cri général parmi les éléments de gauche qui avaient opté pour Macron face à Marine le Pen. Début 2020, un grand nombre dénonçait le « problème de concertation, de dialogue ». « Il y a trop de storytelling », disait l’un, « un manque de communication ».

Autre point de discorde unanime : le social. « Je pensais que Macron s’inscrivait dans les pas de la deuxième gauche. Je pensais vraiment qu’il était un héritier de Rocard, de cette gauche qui est vraiment très forte sur ces valeurs de justice sociale et d’égalité. Mais en même temps, d’une gauche qui regarde aussi la réalité en face et qui avance avec pragmatisme. Moi, je voulais croire ça. »

Ecœurée et fatiguée, elle a démissionné avant le premier tour. La déception est à la mesure de ses attentes et cette plume elle-même a démissionné à la suite d’un ‘burn-out’. Elle admet aujourd’hui :« D’autres dans mon entourage, avaient bien vu la supercherie. Et m’ont mise en garde. Et voilà, avec naïveté, et sans doute excès de confiance à l’époque, j’y suis allée quand même. »

« Sa campagne, c’était de l’enfumage »

En 2017, Marie Tanguy a écrit pendant deux mois et demi pour le candidat à l’élection présidentielle. Originaire du petit village de Gigouzac (LR, 190 habitants), aire urbaine de Cahors (PS) dans le Lot (DVG), elle s’est retrouvée dans un bureau parisien exigu de 11m² à écrire à la commande pendant des heures interminables les discours du futur président. 

Après avoir intégré Sciences-Po Paris, elle s’encarte au PS et décroche un premier job de plume pour la CFDT où elle restera pendant trois ans. A cette époque, elle croit à la gauche, elle croit en Macron qu’elle situe à gauche, puisqu’il a servi François Hollande, tout banquier chez Rothschild qu’il était. Alors quand un poste se libère au sein de son équipe de campagne, l’enfumée postule.

« La gauche que j’aime renaît en politique, c’est l’héritier de Rocard (premier ministre de Mitterrand, e de 1988 à 199), je dois en être, je veux en être », confie la Lotoise alors âgée de 30 ans. Mais ses illusions s’effondrent en moins de 2 mois et demi et elle démissionne, frappé par un burn-out, juste avant le premier tour.

Marie Tanguy a lâché sa proie, la CFDT, pour l’ombre, Macron

Les mots de Macron lui parlaient : l’émancipation, rendre le pouvoir à ceux qui veulent faire et font, le numérique, l’écologie. « J’y voyais des similitudes avec les idées de la CFDT. Je pensais que l’exercice serait similaire. À l’époque, Macron donne l’illusion, beaucoup de Français projettent ce qu’ils recherchent en lui. Moi aussi, j’y croyais. »

« Dès le début, j’ai eu le sentiment d’arriver dans un milieu qui ne me ressemblait pas, » analyse-t-elle avec le recul. L’équipe était très homogène, constituée presque uniquement  d’hommes, diplômés, issus de bonnes familles. Je viens d’un milieu social modeste. Je n’ai pas le caractère endurant, performant, viril finalement. Je ne me sentais pas à ma place et je me rendais compte que sur les idées je m’étais trompée. Très vite, je me suis sentie très mal. Je me suis renfermée. Puis j’ai été désillusionnée. Déçue qu’il ait utilisé les valeurs de la gauche, il les a galvaudées et trahies. Je m’en suis voulu d’avoir été naïve, de n’avoir pas vu plus tôt que c’était du flan, le Macronisme et cette campagne, c’était de l’enfumage. Assez vite, je me suis désengagée émotionnellement des discours que j’écrivais. 

« Au fil du temps, je compris que le candidat anti-système réservait ses attaques à la classe politique, à laquelle il n’appartenait pas, mais qu’il n’avait pas l’intention de toucher aux privilèges de la classe économique dirigeante. »

La plume ne nomme jamais Macron dans votre livre. Il est « le candidat » ou EM. C’est à l’image du langage technocrate qu’on utilisait. Je dis aussi « le candidat, » car j’avais du détachement; c’est devenu un personnage à l’arrière-plan de mon quotidien: je parle de lui sans en parler, ce n’est pas un personnage de mon livre. De même, Brigitte Macron apparaît aussi en fond. Je ne l’ai vue que quelques fois mais elle s’intéresse sincèrement aux gens, elle est positive. Elle est désoeuvrée ?

Confusions n’est pourtant pas un pamphlet contre la politique de Macron. l’auteure a essayé de poser une observation sur quelque chose qu’elle venait de vivre. Un texte d’abord intime avec une désillusion et de la colère en arrière-fond, mais, elle l’assure, elle n’a pas voulu en faire un commentaire politique, ni nuire à son image.

Une campagne « désorganisée », qui manque d' »expérience » et « d’humanité ».

« On n’a pas le temps de se faire des gentillesses sur une campagne, il faut aller très vite, je ne peux pas en vouloir aux membres de l’équipe. Eux-mêmes ont été surpris que la sauce prenne à ce point. L’aventure Macron, au début, c’est une poignée de personnes, ensuite, c’est l’alignement des planètes avec l’élimination de Fillon au premier tour, Bayrou qui ne se présente finalement pas et s’allie à Macron etc. Il y avait une forme de désorganisation. Les campagnes adossées à des partis déjà très structurés ont le confort de se reposer sur ce savoir-faire. Dans l’équipe de Macron, beaucoup ont vécu leur première campagne. 

« Pendant deux mois, j’ai vécu des moments de panique, d’humiliation, d’accablement. J’ai voulu mille fois disparaître, et autant de fois j’ai cru que ma vie était finie. »

La trentenaire souligne que le programme est « déconnecté » de la réalité.

Les gens simples attendent que la politique transforme la vie. J’ai beaucoup pensé à ma mère, confie-t-elle, car elle symbolise l’écart qu’il y avait entre mon origine et le bureau où je me trouvais. Elle vit seule dans un petit village, ce n’est pas rien. Ce qui me troublait dans l’équipe c’était toute cette intelligence, cet engagement et, d’un autre côté, la déconnexion des réalités et le désintérêt pour les classes modestes. 

Ce livre devrait servir d’électrochoc aux fidèles de La République en Marche.

Des frondeurs sont à la manœuvre pour tenter de faire changer le parti. Comme la porte-parole du parti présidentiel, Aurore Bergé, et Sacha Houlié, lundi 21 septembre, l’ex-socialiste Pierre Person a annoncé qu’il démissionne de ses fonctions de numéro deux de LREM accusant le parti présidentiel de ne plus « produire des idées neuves », et appelant les membres de la direction à faire de même.