Atos : un rapport sénatorial appelle l’Etat à se bouger

Enjeu : éviter un « fiasco économique industriel et social »

Le besoin en financement d’Atos est passé de 600 M€ à 1,7 Md€ en quelques semaines

L’exécutif nous serine qu’il est au travail, mais que fait-il donc? La mission sénatoriale sur l’avenir d’Atos, menée conjointement par la commission des affaires économiques et celle des affaires étrangères et de la défense, s’interroge dans ses conclusions après avoir entendu 84 personnes. Le groupe, transpartisan, fait le boulot du gouvernement et lui formule une dizaine de propositions pour sauvegarder une entreprise clé dans notre souveraineté, mais aussi « éviter de graves erreurs stratégiques ».

Alors que ce groupe, incontournable dans plusieurs activités critiques de la défense, de l’administration ou de l’énergie, est en grande difficulté économique et financière depuis quelques années, les sénateurs regrettent « l’intervention tardive et insuffisante » du gouvernement dans ce dossier. « Une très grande majorité des parties prenantes aurait souhaité une action proactive, facilitatrice et stabilisatrice de l’État dès le second semestre 2022 », relèvent les quatre rapporteurs, Sophie Primas (LR), Fabien Gay (PCF), Thierry Meignen (LR) et Jérôme Darras (PS).

Lesté d’une dette de près de 5 milliards d’euros, soit huit fois plus qu’en 2008, le groupe a pâti selon eux d’une stratégie financière « incertaine et inadaptée ». Même si la période 2008-2019 a été marquée par une forte expansion, les choix stratégiques de l’ère Thierry Breton sont désormais « sérieusement questionnés », selon les sénateurs.

Si les européistes macroniens ne « travaillent » pas pour l’UE, comment éviteront-ils le naufrage ? Les sénateurs estiment en premier lieu qu’il faut maintenir le périmètre actuel du groupe. Le maintien de la cohésion d’Atos permettrait, selon eux, d’assurer une répartition « équitable et soutenable » de sa dette, mais aussi de protéger ses activités souveraines. L’erreur serait d’aboutir à la naissance d’une structure « orpheline et résiduelle », qui porterait à elle seule le poids de la dette. Pour les sénateurs, il est impératif que les activités, « cédées comme restantes », soient suffisamment « valorisées et pérennes ».

Dans le prolongement de leurs premières communications, les sénateurs réitèrent leur appel à une entrée durable de l’Etat au capital de l’entreprise. Le rapport préconise deux prises de participation, en particulier une prise de participation « minoritaire et durable » de l’Agence des participations de l’Etat (APE, qui incarne l’Etat actionnaire, investisseur, depuis 2004) au capital d’Atos SE, la maison mère du groupe. Cette opération permettrait à l’Etat de s’assurer une place au conseil d’administration.

Des garanties demandées pour l’avenir de la division big data et sécurité, et Worldgrid

Deuxième niveau d’intervention : les sénateurs appellent à une prise de participation « majoritaire et durable » par l’intermédiaire de BpiFrance dans la division BDS (Big data & security) d’Atos, celle qui regroupe les ressources de calcul de haute performance (HPC) et de cybersécurité. Elle intervient dans les programmes de simulation de la dissuasion nucléaire français, mais aussi dans les systèmes d’information du programme militaire Scorpion ou encore les systèmes de contrôle du Rafale. Cette acquisition doit permettre « d’assurer le financement et la supervision resserrée d’activités technologiques souveraines qui doivent dans tous les cas demeurer dans le giron national », insistent les élus du Palais du Luxembourg.

La mission prend d’ailleurs « acte » de l’intention de l’Etat d’acquérir les activités souveraines d’Atos nichées dans la branche BDS (« big data et cybersécurité »), dont le groupe Airbus a annoncé qu’il renonce à acquérir. Mais elle estime que cette proposition « ne règlera pas la question de l’avenir du groupe », c’est-à-dire des autres activités et en particulier celles de Tech Foundations. Cette division, déficitaire, regroupe les activités historiques de conseil en informatique d’Atos. Forte de 52.000 salariés, elle génère plus de la moitié du chiffre d’affaires Atos. D’où l’appel sénatorial à une entrée au capital de l’Etat dans Atos SE.

BDS n’est pas le seul point de préoccupation. Moins médiatisé, le cas de la filiale Worldgrid n’en est pas moins important. Spécialisée dans la gestion intelligente de l’énergie, elle est partie prenante des compteurs Linky. A l’heure de la relance du nucléaire, cette famille d’activités d’Atos est capitale puisque le groupe intervient dans le développement de systèmes de commande-contrôle des centrales, notamment les EPR de deuxième génération.

Jusqu’à présent, aucun projet de cession n’a abouti, que ce soit la reprise de BDS par Airbus ou encore le rachat de Tech Foundations par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (propriétaire des magazines ElleTélé 7 JoursMarianne, France Dimanche, Ici Paris, etc). Les discussions avec ce deuxième potentiel repreneur ont conduit la direction d’Atos « à éconduire d’autres offres pendant près d’un an et demi », regrettent les sénateurs.

Appel à un maintien de l’emploi

Convaincus que la principale force et « valeur ajoutée » d’Atos reste ses ressources humaines et le « savoir-faire unique » de ses collaborateurs, la mission d’information appelle à trouver des garanties de préservation de l’emploi, tout comme de l’outil industriel. Celles-ci devraient prendre la forme d’obligations pluriannuelles, selon eux.

Pour protéger le maintien de ces différents atouts, les quatre rapporteurs appellent à privilégier des repreneurs industriels français, « seuls ou en consortium, éventuellement accompagnés par les pouvoirs publics ». C’est également cette ligne qu’a défendu le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, dimanche soir. Cette préférence pour des repreneurs français aurait également le mérite de consolider la compétitivité. Les rapporteurs sénatoriaux soulignent par exemple que les investissements de recherche et développement pourraient être mutualisés, sans parler des éventuelles synergies technologiques entre deux groupes.

Les sénateurs ne veulent pas oublier Tech Foundations, la branche d’infogérance

Si la majorité des préoccupations sénatoriales se concentrent sur les activités souveraines de BDS, le rapport soulève également des inquiétudes relatives au sort de Tech Foundations. Cette branche comprend elle aussi des activités jugées « stratégiques ». Pour rappel, Atos et sa division Tech Foundations jouent un rôle clé dans le Centre des Opérations Technologiques des Jeux olympiques. Le rapport rappelle aussi que cette division est rattachée à des contrats « sensibles pour nos données ». Le groupe Atos est engagé dans la dématérialisation de plusieurs services publics. On lui doit le développement de « Mon espace santé » pour le compte de l’Assurance maladie, la régulation des systèmes de vidéosurveillance du Grand Paris Express, le portail informatique des douanes, ou encore la conception de logiciels pour les services de secours et d’urgence.

Les sénateurs appellent à renforcer les moyens dédiés au contrôle des investissements étrangers

En cas de cession de Tech Foundations à des investisseurs étrangers, le Sénat demande un « contrôle ferme et vigilant » au titre des investissements étrangers en France. Les membres de la mission estiment que cette surveillance mériterait d’être révisée dans sa méthodologie et que les conséquences d’un rachat par un investisseur étranger devraient être mesurées à l’échelle de l’ensemble du groupe.

La date limite pour déposer une offre de reprise a été fixée à vendredi. Or, la voie est dégagée pour Daniel Kretinsky. Onepoint, premier actionnaire du groupe de services informatiques, et son allié Walter Butler sont attendus. Thales serait intéressé par la reprise de certains actifs liés à la Défense. En face, le milliardaire tchèque reste en embuscade depuis plusieurs semaines, attendant un « feu vert » du gouvernement.

Commando Extinction Rebellion contre Arkema

Désobéissance civile ou saccage vertueux ?

 Désobéissance civile non violente ?

300 à 400 militants d’Extinction Rebellion et de Youth for Climate ont envahi le site du groupe de chimie Arkema à Pierre-Bénite dans le Rhône au sud de Lyon, samedi 2 mars. Une journée « portes entr’ouvertes » pour dénoncer la pollution aux polluants éternels du groupe chimique. Huit casseurs ont été interpellés.

Ces activistes anti-capitalistes manifestaient contre la pollution aux perfluorés (PFAS), ces polluants quasi indestructibles qu’on qualifie d’« éternels ».

Plusieurs centaines de militants se sont introduits ce samedi sur le site du groupe de chimie Arkema à Pierre-Bénite, dans le Rhône. Membres d’Extinction Rebellion et de Youth for Climate, ils ont dénoncé la pollution aux perfluorés (PFAS, per- and polyfluoroalkyl substances), ces polluants quasi indestructibles qu’on qualifie d’« éternels ».

Ils ont sectionné les grillages autour du site, puis ont déployé des banderoles affichant une tête de mort et le mot « poison ». Ils ont tagué les murs de messages tels que : « Arkema nous empoisonne. » Selon le porte-parole des organisateurs, ils étaient plus de 300 personnes, tandis que la préfecture du Rhône a comptabilisé 150 personnes.

Huit personnes interpellées

Des CRS et policiers sont intervenus, rapporte la préfecture du Rhône à TF1, ajoutant que « huit individus ont d’ores et déjà été interpellés ». Les autres avaient quitté les lieux avant l’arrivée des forces de l’ordre, a-t-on constaté.

« Nous condamnons un tel acte, qui non seulement perturbe fortement l’outil de travail de plus de 500 salariés, mais peut également faire courir des dangers aux salariés et aux manifestants, en raison de l’activité industrielle du site, qui est classé Seveso », a déclaré dans un communiqué le directeur du site Pierre Clousier. Il affirme qu’Arkema sera en mesure de fabriquer ses produits sans additifs fluorés d’ici la fin de l’année.

Plusieurs sites industriels dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon, où se trouve l’usine d’Arkema, ont été ciblés par des plaintes collectives pour des « concentrations alarmantes » de PFAS. Des contrôles avaient été lancés par les autorités régionales après les révélations d' »Envoyé spécial » en 2022. L’action des militants intervient alors que le chimiste Daikin a récemment reçu l’autorisation de construire une nouvelle unité de production à Pierre-Bénite.

Couverture de Reporterre

Une marée blanche déferle depuis la gare de Pierre-Bénite. Vêtus de combinaisons blanches, 300 à 400 militants d’Extinction Rebellion et de Youth for Climate s’élancent vers le site industriel d’Arkema, au sud de Lyon. De l’autre côté des rails, l’usine dresse sa carcasse de tôles et de tuyaux. Des pinces coupantes fendent en quelques secondes les grilles d’enceinte. La vague blanche pénètre la zone industrielle. Des tags marquent son passage : « Arkema nous empoisonne », « Assassin », « Arkementeur ».

La majorité des 300 à 400 militants des collectifs Extinction Rebellion et Youth For Climate sont arrivés par le train, la gare étant située juste en face de l’entrée principale de l’usine Arkema de Pierre-Bénite. 

Installée aux portes de la vallée de la chimie, l’usine d’Arkema fabrique notamment un polymère utilisé dans la fabrication de microprocesseurs ou de batteries au lithium. Elle rejette des quantités considérables de composés perfluorés (PFAS), des composés chimiques surnommés « polluants éternels », dans le Rhône. Le fleuve les transporte en direction de deux champs captants qui alimentent une centaine de communes en eau courante. Jusqu’à 3,5 tonnes de PFAS étaient déversés chaque année selon un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable publié en avril 2023. Plus de 220 000 personnes pourraient être touchées. Or, une exposition prolongée aux PFAS peut provoquer de nombreux problèmes de santé : lésions hépatiques, maladies thyroïdiennes, problème de fertilité, diabète, cancer du sein, des testicules, des reins…

Cette contamination n’a rien d’un secret sur ce site exploité depuis 1957. Le taux de perfluorés est surveillé dans le sang des salariés depuis les années 2000. Leurs résultats d’analyses révélés par France 3 démontrent des doses supérieures à la moyenne. La première alerte officielle sur leur dangerosité a été adressée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à Arkema en 2011. Mais il a fallu attendre 2022 pour que l’émission « Vert de rage » de France 5 dévoile la présence massive de PFAS dans le sol et l’eau de la commune.

« Arkema a des pratiques obscures qui affectent la santé des habitants et la biodiversité environnante »

Choquées par ces révélations tardives, quarante-sept riverains, dix associations et un syndicat ont déposé en mai dernier un recours en référé pénal environnemental contre le groupe chimique. Parmi eux, des mères dont le lait maternel a été contaminé et le père d’un enfant qui a dû subir une ablation totale d’un testicule après un diagnostic de tumeur. Ils et elles réclamaient une étude des risques sanitaires liés aux PFAS utilisés et des sanctions contre l’industriel. Sans succès : le référé a été rejeté. A l’automne, trente-quatre communes voisines ont déposé une autre plainte collective contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Car Arkema n’a pas systématiquement communiqué les résultats des analyses des prélèvements réalisés en aval de ses rejets sur les sédiments, la flore et la faune alors qu’il en avait l’obligation depuis 2015.

Une centaine de personnes se sont introduites sur le site de l’usine, vêtues de combinaisons blanches, portant parapluies noirs et outils de « démantèlement ». 

« Arkema a des pratiques obscures qui affectent la santé des habitants et la biodiversité environnante. On veut savoir ce qui se passe à l’intérieur, alors on va aller chercher ce qu’ils font », explique Camille* (prénom modifié), l’un des organisateurs de la journée « portes entrouvertes » à Pierre-Bénite. Mais une effraction n’offre pas le temps d’une investigation. Cette infiltration sonne davantage comme une mise en garde l’égard d’Arkema, qui « a des comptes à rendre pour avoir caché les conséquences de son activité sur le vivant ».

Les militants ont déployé une banderole de 8 mètres sur 8 sur le toit de l’usine Arkema.

La colère face au silence de l’industriel s’est exprimée à coups de marteau sur les vitres et de pieds-de-biche pour dégonder des portes. Des activistes ont déployé des banderoles sur ses bâtiments pour dénoncer ses infractions au droit de l’environnement. La vague militante n’a investi l’usine qu’une poignée de minutes avant de refluer mais ses dégradations marquent les lieux.

Un salarié d’Arkema observe avec circonspection les dégâts causés. « Ils jouent avec le gagne-pain des gens, de toute façon des polluants éternels, il y en a partout », dit-il à Reporterre. Un de ses collègues s’amuse en voyant arriver une compagnie de CRS : « C’est la meilleure partie. » Les activistes sont nassés au bord de la voie de chemin de fer sans barrière. Lacrymogènes et charges se succèdent pour les éloigner de l’usine. La plupart parviendront à rejoindre la gare pour retourner à Lyon. Huit personnes ont été interpellées, a annoncé la préfète du Rhône. Dans un communiqué, Pierre Clousier, le directeur du site de Pierre-Bénite, promet de porter plainte contre les militants écologistes et condamne une action qui fait « courir des dangers aux salariés et aux manifestants, en raison de l’activité industrielle du site, qui est classé Seveso ».

Environ 200 personnes ont été nassées et forcées de reculer entre les grillages de l’usine, les policiers et les voies de chemin de fer.

La vague de militants estompée, des cris joyeux se font entendre. Séparés des lacrymogènes par la voie ferrée et un mur d’enceinte, des enfants ont joué toute l’après-midi au football sur le stade municipal qui fait face à l’usine. Chacun de leurs coups de crampons s’abattant sur une terre polluée.

Avant l’arrivée des CRS, les militants ont eu le temps de cadenasser l’entrée de l’usine, la taguer et y suspendre des banderoles. 

Vol de plans de sécurisation des JO de Paris2024 à un ingénieur de la ville

« Il faudrait revoir tous les plans de sécurisation » après le vol de matériel informatique

Un ingénieur a la pointe du progrès de la Mairie de Paris s’est fait voler sa sacoche d’ordinateur et deux clés USB dans un train mardi en fin de journée à la gare du Nord.

L’une des clés USB, qui aurait été dérobée comme le reste dans le coffre à bagages, contenait des plans de sécurisation de la voirie pendant les prochains Jeux olympiques, a révélé BFMTV mardi soir. Ce mercredi, le Parquet de Paris a réfuté que ce matériel informatique renferme « des dispositifs de sécurité sensibles ».

Depuis l’attaque du Bataclan (le 13 novembre 2015), tous les propriétaires de salles qui reçoivent du public sont dans l’obligation de suivre et d’identifier à qui ils ont donné les plans. Le ministère de l’Intérieur surveille de très, très près ces plans-là qui ne doivent pas être facilement récupérables, en tout cas ce qui concerne l’arrière-boutique, les entrées, les accès, car cela pourrait faciliter des attaques terroristes. Alors imaginez les plans de sécurisation de la voirie pour les JO…

Pour l’instant, on ignore qui se cache derrière ce vol…

On ne sait pas si c’était une attaque ciblée ou non. Ils vont peut-être arrêter la personne et apprendre qu’il s’agit d’un vol d’opportunité. Mais en attendant d’en savoir plus, il faudra revoir tous ces plans et s’interroger sur la sécurité.

Toutefois, si les recommandations de l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) ont été suivies, ce qu’il faut espérer, et que la clé de chiffrement, une sorte de mot de passe, ne se trouve pas collée sur la clé ou sur le devant de l’écran (!), on est tranquille pour les JO. Il faudrait en effet quelques mois pour la déchiffrer en l’état actuel des choses, à moins que ce soit une clé de chiffrement extrêmement facile, comme « Paris2024JO » par exemple.

Si c’est un membre d’un réseau criminel, il va chercher à les vendre. On soupçonne les Russes de chercher à tout prix à nous attaquer pendant les Jeux. Le problème dans cette affaire, c’est qu’il n’y a pas que la clé qui a été volée, mais aussi l’ordinateur. Or, sur un PC, il est très, très rare qu’il y ait un chiffrement au niveau du BIOS, c’est-à-dire dès le démarrage. Le hacker peut alors remonter le système sur l’ordinateur, voir ce qui a été tapé, à quel moment la clé a été connectée, retracer potentiellement l’historique des mots de passe enregistrés…

Dans l’incertitude, comme on n’a pas tous les éléments et qu’on ne sait pas qui est en possession de tout cela, il faudrait revoir tous les plans, en tout cas, les plans volés. Normalement, il y a des plans de secours. Mais la question, c’est de savoir s’il y avait les plans A, B ou C dans la clé. Il vaut mieux partir du principe que c’est quelqu’un de malveillant qui les a.

Sur les forums de hackers, sur le Dark Web, pouvoir attaquer pendant les Jeux, c’est vraiment le gros challenge. Parce qu’en termes de notoriété, on est sur le Graal du Graal pour eux.

Une administration de petites cervelles et de bras cassés

Le président-directeur général de la société UBCOM, Frans Imbert-Vier, spécialisée dans la protection cyber des entreprises, déplore l’aspect grotesque et surtout dangereux de la situation.

« Le vol des plans de sécurité des JO de la mairie de Paris est l’incident le plus improbable qui soit, agrégé d’un cumul d’erreurs sidérantes et sans doute révélateur d’une carence qui pourrait s’avérer mortelle », peste Frans Imbert-Vier. Selon lui, le premier problème dans tout cela, c’est la réaction suite au vol.

Le dirigeant estime qu’au vu de la sensibilité des éléments stockés dans les clés USB et l’ordinateur, « le responsable Sureté et le juridique de la mairie de Paris n’auraient pas dû prévenir la police et déposer une plainte ». Car oui, la plainte a non seulement permis de rendre publique la disparition des éléments, mais « il se trouve que probablement, le voleur ne savait pas ce qu’il venait de prendre. Maintenant, il le sait sans doute », ajoute le dirigeant.

En réalité, la mairie de Paris aurait d’abord dû alerter la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui aurait fait en sorte de ne pas rendre publique l’affaire. La DGSI aurait pu « engager une enquête à la hauteur de l’enjeu », explique Frans Imbert-Vier.

Que faisaient donc des informations sensibles dans une clé USB ? Le CEO d’UBCOM se le demande aussi. « Ce qui surprend tout de même, c’est qu’en 2024, on puisse extraire des informations qui devraient avoir une classification « Secret défense » sur une clé USB et en extérieur d’un site et sans être chiffré. »

Le salarié de la mairie de Paris – un ingénieur – n’a sans doute pas été formé ni sensibilisé à ces risques et ne peut que déplorer l’absurdité de la situation. « Cela dénote le niveau de l’administration face aux enjeux de la donnée stratégique et tactique, caractéristique typique de la donnée en question », répond Frans Imbert-Vier. Mais attention, une précision s’impose : la première clé, qui contenait les plans de sécurisation, était bien chiffrée. La seconde, qui ne contenait rien de sensible, ne l’était pas, comme le précise la préfecture de police. Alors que faire désormais ?

A moins de cinq mois du coup d’envoi des Jeux de Paris, déjà sous une forte menace d’attaques informatiques, les conséquences pourraient être nombreuses. « Si la nature des informations s’avèrent juste, alors la mairie de Paris a 4 mois pour tout repenser », réagit l’expert, qui n’y va pas par quatre chemins. Le compte à rebours ne s’arrêtera pas de tourner.

2024 s’annonce d’ores et déjà comme l’année de tous les dangers en matière de cybermenaces, en France.

Deux plaques de rue mal orthographiées mais installées à Carcassonne

« Pierre Curry » et Pierre Curie – sans Marie -, c’est pareil ?

Une orthographe qui n’a pas interpellé les décideurs, mais qui a amusé les niais

« Pierre et Marie Curie créent la fameuse sauce qui portera leur nom et les rendra riches et célèbres« , s’amuse notamment une internaute sur Facebook.

Sur ces deux nouveaux panneaux, le nom du physicien français a été écrit comme le mélange d’épices indiennes : le curry. Mais le préfet Christian Pouget (Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, 1981/1985), 60 ans, n’a pas sourcillé.

Une situation qui a fait réagir, notamment sur les réseaux sociaux. « C’est épicé ! Ça pique les yeux ! », s’est amusée une internaute en commentaire. 

Lien Facebook

Deux panneaux "Pierre Curry" ont été installés récemment dans la commune de Carcassonne.
Deux panneaux « Pierre Curry » ont été installés récemment dans la commune de Carcassonne.

Contactée ce samedi 24 février avant 16 heures, le cabinet de la mairie de Carcassonne indiquait « se renseigner ». Vers 16h30 ce même jour, les deux panneaux étaient enlevés par les services techniques de la commune. La mairie indique en fin d’après-midi que ceux-ci doivent être changés « dès lundi »

Curry, avec deux « R »: réjouissons-nous,
on a échappé au pire ?

A noter qu’on distingue de nombreuses et différentes variétés de curry, selon les couleurs : le jaune, le vert, le rouge et le curry noir torréfié. Ce qui n’a pas échappé aux « no border » de l’Aude…

L’universitairee Sandrine Rousseau, une éco-féministe que les copies de ses étudiant(e)s a blasé, n’a pas réagi à l’invisibilisation de Marie Curie…

La justice blanchit la verte Greta Thunberg

L’écologiste radicale inculpée pour trouble à l’ordre public à Londres

L’activiste écologiste faisait partie d’un groupe de 26 militants poursuivis et inculpés pour trouble à l’ordre public lors d’une manifestation à Londres, a annoncé la police londonienne, mercredi 18 octobre 2023. La Suédoise de 20 ans, qui avait été arrêtée sous les caméras, a été libérée sous contrôle judiciaire et avait comparu devant un tribunal londonien le 15 novembre. Elle était à la tête d’un groupe d’agitateurs lors d’une conférence qui réunissait les dirigeants des grandes compagnies productrices d’hydrocarbures.

Greta Thunberg est une professionnelle des interpellations et inculpations. Rien que le mois précédent, l’écologiste avait écopé d’une amende de 1.500 couronnes (130 euros) et 1.000 couronnes d’indemnités (environ 85 euros), après avoir bloqué le port de la ville de Malmö, en Suède, pour protester contre l’usage de combustibles fossiles. Une sanction symbolique au regard de la perte d’activité du port.

Beaucoup de bruit pour rien

Un juge britannique a décidé, vendredi 2 février 2024, d’abandonner les poursuites contre la militante pour trouble à l’ordre public à Londres.

Au deuxième jour du procès, le juge de la Westminster Magistrates Court a estimé que les policiers chargés de sécuriser la manifestation avaient imposé des conditions «illégales» et n’avaient pas été suffisamment précis en adressant leurs consignes à la Suédoise de 21 ans, qui était jugée avec quatre autres manifestants.

« Nous devons nous souvenir de qui est le vrai ennemi »

Slogan plus anti-libéral qu’écologiste

Lors d’une précédente audience en novembre, Greta Thunberg avait plaidé non coupable, comme les quatre autres militants qui comparaissaient avec elle et qui ont aussi vu les poursuites à leur encontre abandonnées vendredi. Elle risquait une amende maximale de 2.500 livres (près de 3.000 euros). Libérée sous contrôle judiciaire après son arrestation, elle avait dès le lendemain pris part à une nouvelle manifestation devant l’hôtel cinq étoiles, avec des centaines d’autres personnes.

«Même si c’est nous qui nous tenons ici, (…) des militants de l’environnement et des droits humains partout dans le monde sont poursuivis (…) pour avoir agi en conformité avec la science. Nous devons nous souvenir de qui est le vrai ennemi», avait déclaré Greta Thunberg à la presse jeudi en quittant la Westminster Magistrates Court après la première journée d’audience.

Peu après, accompagnée de militants du groupe Extinction Rebellion (XR), elle s’était invitée à une conférence sur les prévisions scientifiques organisée par le Science Museum de Londres et avait interpellé des responsables du musée sur l’un de ses sponsors, le conglomérat indien Adani, notamment producteur d’électricité à partir de charbon, selon un communiqué de XR.

Poursuites «ridicules»

L’écologiste arbore
ce qui ressemble fort à
un keffieh palestinien

Au total, 26 militants avaient été interpellés le 17 octobre dernier pour avoir perturbé l’accès à l’Energy Intelligence Forum, une conférence qui réunissait les principales compagnies pétrolières et gazières dans un hôtel de luxe de la capitale britannique. Greta Thunberg était poursuivie pour ne pas s’être pliée à l’injonction de la police londonienne de ne pas bloquer l’accès à l’hôtel où se déroulait ce rassemblement. Mais le juge John Law a estimé que les conditions d’exercice de la manifestation ont été «imposées de manière déraisonnable» par la police aux militants présents sur les lieux et que d’autres mesures «étaient disponibles et auraient pu être mises en place». Par conséquent, «quiconque n’ayant pas respecté ces règles n’a pas commis d’infraction», a-t-il estimé.

«Le verdict d’aujourd’hui (vendredi) est une victoire pour la liberté de manifester. Il est ridicule que de plus en plus de militants du climat se retrouvent devant la justice pour avoir exercé pacifiquement leur droit de manifester, alors que les géants des énergies fossiles, comme Shell, sont autorisés à faire des milliards de bénéfices en vendant des énergies fossiles destructrices pour le climat», a réagi l’ONG Greenpeace dans un communiqué.

Au Royaume-Uni, le gouvernement du premier ministre Rishi Sunak s’est attiré la colère des militants écologistes, d’une partie de la classe politique et même de son propre camp pour ses revirements sur des mesures phares de sa politique climatique. Il est notamment critiqué pour avoir décidé d’accorder de nouveaux permis d’exploitation de gisements d’hydrocarbures en mer du Nord. Des groupes écologistes comme Just Stop Oil ou Extinction Rebellion ont multiplié les actions pour dénoncer cette politique. Très hostile à ces mouvements, le gouvernement a durci la législation pour les punir plus sévèrement et les dissuader de passer à l’action.

Action de désobéissance civile de XR le 16 avril 2022 sur les Grands boulevards de Paris
Paris, 16 avril 2022

Greta Thunberg, qui a acquis une notoriété mondiale avec ses «grèves de l’école pour le climat» entamées à l’âge de 15 ans en Suède, prend régulièrement part à de telles manifestations. En octobre, elle avait reçu une amende pour le blocage du port de Malmö en Suède. Le week-end dernier, elle a participé à une marche dans le sud de l’Angleterre contre l’agrandissement de l’aéroport de Farnborough, principalement utilisé par des jets privés.

JO de Paris 2024 : les taxis volants voulus par Aéroports de Paris rejetés par les élus parisiens

Une « aberration écologique » et un projet « absurde », selon les élus de Paris unanimes

Pour les JO de Paris 2024, Aéroports de Paris comptait expérimenter des taxis volants, avec l’aide de la région Ile-de-France et de Volocopter, société allemande qui développe, teste et réalise des appareils volants (drones), à propulsion électrique. Un projet auquel les élus du Conseil de Paris, de gauche comme de droite, se sont fermement opposés.

Depuis un premier test concluant en septembre 2020, Aéroports de Paris (ADP) et la région Ile-de-France l’assurent : il y aura des taxis volants pour décharger une partie du trafic durant les Jeux olympiques de Paris 2024. Une promesse qui vient de prendre un sérieux coup d’arrêt avec le vote du Conseil de Paris contre le projet, mardi 14 novembre.

Une « lumineuse idée climaticide »

Dan Lert, l’adjoint d’Anne Hidalgo en charge de la Transition écologique et ex-conseiller juridique à l’AP-HP, a notamment dézingué un projet dans lequel « rien ne va ». Et d’insister en fustigeant « un gadget totalement inutile et hyperpolluant pour quelques ultra-privilégiés pressés ».

Même son de cloche du côté des élus écologistes, qui ont, par la voix d’Aminata Niakate, évoqué une entreprise « inutile et absurde ». La conseillère de Paris a d’ailleurs ironisé en remerciant la région Ile-de-France pour « cette lumineuse idée climaticide ». Son collègue socialiste Florian Sitbon a, quant à lui, déploré que « pour faire gagner quelques minutes à quelques nantis pressés, ignorants et méprisants de l’urgence climatique, on polluerait l’atmosphère, on détruirait l’environnement sonore ».

Un reproche repris chez les communistes, où Jean-Noël Aqua a parlé d’« aberration écologique » doublée d’un « séparatisme social » qu’il justifie en assurant qu’une course de 35 km coûterait « la modique somme de 140 euros », ce qui rendrait le trajet en taxi volant inaccessible à une large partie de la population. Avant d’ajouter, avec un clin d’œil à une autre décision forte de la mairie de Paris : « C’est un nouvel usage dont nous n’avions absolument pas besoin (…) à l’instar de ce que nous avons connu avec les trottinettes en libre-service ».

Une course pour être le premier

Représentante du groupe Changer Paris dirigé par l’ancienne garde des Sceaux Rachida Dati, Claire de Clermont-Tonnerre a pour sa part expliqué que « la consommation de ces engins volants, près de 190 kWh aux 100 km, est deux à trois fois plus élevée qu’une voiture à moteur thermique pour transporter un seul passager ».

Philippe Goujon, maire du XVe arrondissement et figure de la droite parisienne, a pour sa part été encore plus loin, rappelant sa volonté de voir fermer l’héliport d’Issy-les-Moulineaux. Un site fustigé par une partie des élus de la capitale, qui reprochent les nuisances sonores et atmosphériques déjà induites par son activité actuelle. La ville est en effet déjà en train de limiter les vols sur et depuis ce site.

Nombre d’élus ont en outre pris la peine de rappeler qu’au mois de septembre, l’Autorité environnementale avait mis un premier coup d’arrêt au projet de taxis volants, estimant que l’étude d’impact était « incomplète » au sujet notamment du futur « vertiport » d’Austerlitz. Elle citait à cet égard de nombreux facteurs sous ou mal évalués tels que les nuisances sonores, l’impact sur les activités attenantes au « vertiport » et sur la biodiversité, ou encore l’emprise sur la Seine qui serait bien trop importante. L’étude évoquait en outre le fait qu’un trajet en taxi volant soit 30 fois plus polluant qu’en métro.

En France la fonction d’Autorité environnementale (Ae) est exercée, selon les cas, par la formation d’autorité environnementale de l’inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) du ministère chargé de l’environnement (présidée par Philippe Ledenvic de 2014 au 22 novembre 2022), ou par les missions régionales d’autorité environnementale (MRAe présidée chacune par un membre de l’IGEDD).

Aux USA, Uber s’est allée à la Nasa dès 2017 pour développer des taxis volants

Les premiers essais étaient prévus à l’horizon 2020, dans quelques villes uniquement, à des prix convenables.

Le projet de partenariat consiste essentiellement à ce que la NASA épaule Uber dans le développement d’un système de contrôle du trafic aérien à basse altitude. Los Angeles, Dallas Forth-Worth au Texas, et l’Émirat de Dubaï seront les villes-cobayes qui verront les premiers essais s’effectuer à l’horizon 2020. À noter que la Californie et le Texas sont les deux plus grands parcs automobiles des Etats-Unis.

Uber a partagé le 8 novembre sur sa page YouTube une vidéo montrant une jeune femme commander son « UberAir ». La cliente commande son « chauffeur » via son téléphone, comme elle l’aurait fait pour une voiture, avant d’accéder au toit d’un immeuble sur lequel est installé un « Uber Skyport » et de grimper dans un drone géant automatisé.

« Les vols auront un pilote dans un premier temps même s’ils pourraient devenir automatisés à l’avenir », a précisé un porte-parole d’Uber à l’AFP.

Lors d’une conférence de présentation du projet « UberAir » au « WebSummit 2017 », le CPO d’Uber Jeff Holden a déclaré vouloir lancer une production massive de ces drones sans pilotes.

« Notre but est de rendre ce mode de transport plus économique que l’utilisation d’un véhicule personnel. Nous y arriverons en produisant ces appareils en masse et de façon automatisée, un peu comme des voitures (avec une conception mécanique simplifiée requérant moins de maintenance), en optimisant leur consommation énergétique, en les exploitant de façon intensive », explique-t-il.

« Beaucoup plus sûr que l’hélicoptère »

Les premiers vols de démonstration sont prévus en 2020 et le passage à la phase commerciale en 2023, avec en vue les jeux Olympiques de 2028 à Los Angeles.

Un trajet en UberAir entre l’aéroport de Los Angeles et la salle de spectacles Staples Center prendrait par exemple 27 minutes soit trois fois moins de temps qu’en voiture, promet le dossier de presse.

Ces véhicules à décollage et atterrissage vertical (VTOL) « sont différents des hélicoptères car ils sont beaucoup plus silencieux, sûrs et abordables, et plus respectueux de l’environnement », assure Uber dans un communiqué.

Uber dit envisager qu’à terme un trajet en UberAir soit équivalent à celui d’un UberX, celui d’un trajet de base avec un chauffeur du site de covoiturage. Pascal Pincemin, associé chez Deloitte, soulignait lors du salon du Bourget qu’il ne voyait pas ces taxis volants autonomes se banaliser avant 2050, car il faudra avant démontrer leur fiabilité.

Elaboré en collaboration avec Hyundai, le taxi aérien Uber Air électrique – rechargeable en seulement cinq à sept minutes durant les heures de pointe – devait être opérationnel en …2023.

Quelques efforts restent à faire pour que la France soit prête, observe Philippe Caverivière:

Planification écologique : Borne en est encore à des pistes à 10 milliards d’euros supplémentaires

L’attente est aujourd’hui jugée trop longue et la concrétisation de la Planification demeure gazeuse.

Borne peine à préciser sa planification écologique déjà reportée plusieurs fois. Ce projet a pourtant été défini comme prioritaire par le chef de l’Etat. A Marseille, le 16 avril 2022, Macron avait lancé : « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas ! » Dans son premier gouvernement, nommé le 20 mai 2022, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires occupait la 5e place dans l’ordre protocolaire. Puis en juillet, le Secrétariat général à la Planification écologique vit le jour avec à sa tête Antoine Pellion, un ancien du cabinet présidentiel. Autant de signaux forts. Mais depuis, plus rien pendant seize mois, le grand plan d’actions national de Macron était resté une formule de plus. Finalement présentée dans ses grandes lignes aux chefs de partis lundi, elle a été exposée aux membres du CNR (Conseil national de la refondation) par la première ministre ce mardi 19 septembre. Une phase de plus dans cette séquence à suspens que le gouvernement veut décidément faire durer.

Avant la présentation officielle par Macron la semaine prochaine, la première ministre Elisabeth Borne – bombardée chargée de la Planification écologique et énergétique, lors de sa reconduction – a notamment évoqué l’allocation des 10 milliards d’euros, pour « être au rendez-vous européen » de la baisse de 55 % des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, et se « projeter vers la neutralité carbone en 2050 ».

7 milliards engagés pour l’année 2024

Matignon apporte quelques informations sur 7 des 10 milliards alloués concernent l’année 2024, tandis que les 3 milliards d’euros restants seront répartis sur des projets pluriannuels, qui iront au-delà de l’année à venir.

Le projet du gouvernement prévoit d’abord une enveloppe de 2,3 milliards d’euros pour l’agriculture et la protection de la biodiversité, notamment pour des projets de reboisement, d’implantation de haies, mais aussi pour financer le plan eau à hauteur de 500 millions d’euros.

L’industrie remporte aussi le gros lot avec 1,8 milliard d’euros engagés par l’Etat, notamment à travers les investissements du plan France 2030. L’objectif est d’encourager « l’innovation verte » des entreprises, comme la fabrication de batteries de voitures électriques, le développement de l’hydrogène ou encore la décarbonation des sites industriels, précise le communiqué de Matignon. C’est d’ailleurs le même montant qui est alloué à la transition énergétique, notamment en soutien à l’hydrogène ou au biométhane.

1,6 milliard en plus pour la rénovation des logements

Autre gros poste de dépense, la rénovation des bâtiments, avec 600 millions d’euros alloués à la rénovation des bâtiments de l’Etat et 1,6 milliard d’euros réservés à celle des logements, ce qui porte à 5 milliards d’euros le budget prévu pour ce secteur. Un montant loin des 13 milliards d’euros annuels demandés par le collectif Dernière Rénovation d’ici à 2030 pour rénover les passoires thermiques.

Côté transports et mobilités, 1,6 milliard d’euros sont aussi prévus pour améliorer l’offre de transport plus propre sur le territoire, avec un accent mis sur les investissements qui concernent le ferroviaire. Finalement, le plan prévoit une enveloppe additionnelle de 800 millions d’euros destinée aux collectivités locales pour soutenir le développement de l’ensemble de ces projets sur le territoire.

Quel est l’apport de François Bayrou, Haut-commissaire au plan depuis plus de trois ans?

‘Sapiens et le climat’, le livre qui défie la politique de la peur du GIEC

La presse diffuse la pensée unique, occultant le livre

L’espèce humaine s’est déjà adaptée plusieurs fois à des périodes de réchauffement et de refroidissement extrêmes, a révélé en 2022 le journaliste scientifique, Oliver Postel-Vinay, ex-rédacteur en chef de La Recherche et de Science & Vie (groupe Reworld Media) et directeur du mensuel Books a publié, en 2022, Sapiens et le climat, dans lequel il raconte les découvertes paléoclimatiques ce qui l’amène à relativiser le catastrophisme ambiant.

Olivier Postel-Vinay se souvient ainsi d’une première une en 1986, pour Science & Vie. Nous l’avions titrée «Les prophètes de l’été carbonique». On sortait tout juste d’une période où il n’avait été question pendant des années que de prophéties apocalyptiques sur le risque d’un hiver nucléaire en cas de conflit atomique. Tout à coup, les données indiquaient un réchauffement et on sentait monter l’alerte chez les climatologues, entre réalité et extrapolation. Ensuite, j’ai suivi le «Climategate» en 1995. Des hackers avaient découvert les échanges d’e-mails de climatologues très influents au sein du Giec qui trafiquaient les résultats. Ceux-ci voulaient peser sur les politiques gouvernementales «pour la bonne cause». Cet épisode est lointain, mais il laisse planer un doute sur les «petits arrangements» avec les faits.

« Une histoire bien chahutée »

La relation entre l’homme – sapiens- et le climat peut couler de source. Mais l’étude minutieuse des interactions de l’un sur l’autre (et inversement) est en revanche bien plus récente. Si le dérèglement climatique est un sujet récurrent de l’actualité, et singulièrement sur le rôle joué par l’homme, le regard en arrière est « un peu court » souligne Olivier Postel-Vinay. Il nous invite donc à parcourir les centaines de milliers d’années d’archives climatiques et archéologiques, aujourd’hui décryptées grâce à l’étude des cernes des arbres, des stalagmites, des carottes de glaces, des pollens fossiles. Sans même se retourner si loin, les années d’après guerre ont été une séquence de refroidissement avec le gel de la Seine comme la période 45-60 avec la vague de froid qui a marqué l’Europe et le Maghreb, dont l’hiver 54, le plus intense et meurtrier qui mobilisa l’abbé Pierre.

Et de constater qu’un lien fort a uni homme et climat – les climats ayant contribué, semble-t-il, à des évolutions culturelles et politiques majeures. Naturellement l’auteur, au fur et à mesure de son analyse, se rapproche des temps modernes et nous rappelle que nos civilisations ont connu des refroidissements et des réchauffements au moins égaux, si ce n’est pire qu’aujourd’hui, preuves et événements à l’appui. Pas de climato-scepticisme dans cette rétrospective, mais le constat d’une grande complexité – objet de la synthèse qui conclut l’ouvrage –  dont la conscience doit contribuer à dépassionner les débats sur les causes et solutions au réchauffement actuel du climat. Ainsi, l’empreinte humaine n’est-elle pas seule en cause, puisque des changements climatiques sont intervenus avant l’ère industrielle, et l’activisme écologiste se focalise-t-il sur le C02 quand le méthane est encore plus dangereux.

Sur le sujet sensible de la relation de l’homme au climat, un peu d’humour ne fait pas de mal. Il est présent en particulier, sous forme d’un petit exergue, à l’ouverture de chaque chapitre. 

Toute la première partie du livre témoigne du lien entre grands épisodes climatiques et expansion de l’homo sapiens à la surface du globe. L’évolution de ses migrations et modes de vie au gré des périodes chaudes ou glaciaires, lui permirent de franchir les détroits à pied et de gagner tous les continents… sauf l’Australie ! Cette dimension d’adaptabilité de l’homme échappe aux Cassandre verts.

Une lecture de notre histoire contemporaine, à la lumière des récentes découvertes sur le climat, est particulièrement intéressante car rarement traitée sous cet angle. Il apparaît que de grandes pages furent écrites du fait de la volonté des hommes, mais aussi sous la pression du climat. Pour ne citer que quelques exemples : l’expansion et la disparition de grandes civilisations comme l’Egypte des pharaons, les Mayas, l’empire des Khmers d’Angkor Vat, les Ming en Chine ou les mouvements expansionnistes des Vikings ou des Huns. Autre exemple, la relation entre épidémies et climats – les grandes pestes apparues en Chine puis en Europe, Typhus et choléra sont liées à des conditions climatiques aujourd’hui bien identifiées. Emmanuel Leroy Ladurie, dans son Histoire humaine et comparée du climat, à propos de la fin du Petit Âge Glaciaire en Europe, prête à Jean Jaurès que la médiocrité des saisons et des récoltes de 1787, 88 et 89, furent « les gâchettes de la Révolution française ». Tout bêtement, l’homme s’adapte au rythme des saisons… Il s’est même inventé une heure d’éte !

L’essai présente aussi, sous le prisme d’événements climatiques majeurs comme des éruptions volcaniques colossales, des exemple de leur inscription dans l’art, comme certains tableaux de Breughel, des romantiques allemands ou de Turner, ou dans la littérature, comme Les raisins de la colère de Steinbeck, qui a pour cadre un événement climatique extrême au centre des Etats Unis, le Dust Bowl, dans les années 1930.

L’analyse apporte aussi quelques nuances, du fait des découvertes récentes des paléo climatologues, à des thèses collaptionnistes comme celle de Jared Diamond (Effondrement, 2005).

Enfin, l’ouvrage est très accessible et facile à lire. On peut regretter qu’Olivier Postel-Vinay semble s’excuser de se risquer à relativiser l’idéologie dominante sur les causes anthropiques du réchauffement climatique actuel.

La référence à un temps calculé « avant Socrate » plutôt qu’avant Jésus Christ, évoqué pour être « transculturel », est certes intéressant dans son esprit, mais ni convaincant (Socrate, c’est la culture européenne, gréco-romaine, autant que le Christ pour ses racines chrétiennes) ni utile à la compréhension des échelles de temps. Déplacer le curseur de 400 ans en arrière quand on s’intéresse à des millénaires… est-ce vraiment utile ?

La presse boycotte l’ouvrage

Malheureusement, dès qu’on parle de réchauffement climatique, on se divise facilement. C’est d’ailleurs l’objet d’un précédent ouvrage d’Olivier Postel-Vinay. Mais remettons les choses à leur place. Les faits climatiques sont avérés et si les interprétations peuvent varier, l’Europe, par exemple, a connu au cours de ces deux derniers millénaires un optimum climatique  avec des températures très élevées qui ne devaient rien à l’activité humaine. Il a aussi connu un « Petit Âge Glaciaire » – du moyen âge à la fin du XVIIIe siècle. L’intérêt de son ouvrage n’est pas de nier la situation actuelle, mais de la situer dans des échelles de temps long et des analyses plus complexes que l’alarmisme du court terme distille à longueur de media et avec bien peu de contradictions. La collection La Cité des Presses de la Cité a été créée précisément pour donner place à un débat pluriel sur des questions de société essentielles, et opposer à l’hystérie des lynchages médiatiques, un espace d’expression qui respecte les faits. Cet essai est courageux, n’hésitant pas d’ailleurs à citer Churchill dans son épilogue : « plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans l’avenir ».

« Dans ce dérèglement, nous voyons les saisons changer
les gels blancs tombent dans le frais giron de la rose écarlate […] Le printemps, l’été, l’automne fécond, 
l’hiver chagrin échangent leur livrée, 
et le monde effaré ne sait plus s’y retrouver ». (William Shakespeare, Songe d’une nuit d’été, vers 1595 p .261)

« La sécheresse débute à l’été 1930, l’année suivant le krach. Le déficit de précipitations est de 15% à 25% en moyenne pendant toute la décennie. En 1934, la région la plus touchée par le Dust Bowl connaît un déficit de 53%. Et il fait chaud, très chaud, au point que plusieurs records de température dans les grandes plaines n’ont pas été battus par les plus grosses chaleurs de ces dernières années (49° dans l’Oklahoma et le Kansas en 1936). » p. 307

 « Si je cite ce texte de Montaigne, écrit à la fin du XVIème siècle, en pleine offensive du Petit Âge Glaciaire, c’est pour attirer l’attention sur un trait de notre époque : ce que l’historien François Hartog appelle le Présentisme. Nous vivons tellement au présent (nourri de prédictions) que la plupart d’entre nous oblitérons le passé, l’ignorons, ou le réduisons à quelques jalons mal informés, propagés par des clichés. En matière de climat, l’un ces clichés les plus irritants est la formule « sans précédent » qui accompagne tant d' »informations » diffusées par les médias. Les journalistes (et parfois les climatologues qui les instruisent) feraient bien de regarder à deux fois avant de l’assener. » p. 342

Accélération de la hausse des prix, la première constatée en août depuis le mois d’avril

La faute à Biden, initiateur de la guerre en Ukraine auprès de Zelensky

L’Insee a publié une première estimation, ce jeudi 31 août. Elle indique que l’indice des prix à la consommation s’établit à 4,8% en août sur un an, contre 4,3% en juillet.

Un rebond préoccupant. L’inflation a atteint 4,8% en août sur un an, soit une hausse par rapport à juillet où l’indice des prix à la consommation s’était établi à 4,3%, selon une première estimation dévoilée ce jeudi par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), filiale de Bercy, aux mains de Bruno Le Maire.

L’accélération de la hausse des prix constatée en août – est imputée notamment au « rebond des prix de l’énergie», globalement, ce qui est quelque peu surprenant en plein été caniculaire, avec notamment la hausse de 10% du tarif réglementé de l’électricité au 1er août, a détaillé l’Institut national de la statistique et des études économiques. Lien PaSiDupes

La filiale de Bercy aurait été bien inspirée de dire la vérité en incriminant plutôt un rattrapage des prix consécutif au bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie… Il aurait permis de limiter la hausse des tarifs réglementés de l’électricité à 31%, pour une hausse réelle de 150%. D’où, sans attendre la fin 2023, l’effet boomerang du bouclier tarifaire.

Le bouclier tarifaire pour l’électricité a été mis en place en 2021 pour limiter la hausse des prix à 10 %. Depuis la mise en place de ce dispositif, le ministère de l’Economie a décidé de réévaluer les tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVE ) de 4 % en 2022, puis de 15 % le 1er février 2023, avant la nouvelle hausse de 10% ce 1er août. Or, la Russie n’a pas franchi sa frontière ouest avec l’Ukraine avant le 24 février 2022…, mais il reste à effectuer un rattrapage de 120% pour éponger la dette publique concernant la seule électricité… Ce n’est pas un impôt obligatoire, mais ça y ressemble.

Mis en place à la fin de l’année 2021, il a été prolongé par le gouvernement jusqu’à la fin de l’année 2023. Il permet de plafonner la hausse des factures d’électricité à 4 % et de geler les prix du gaz à leur niveau d’octobre 2021. Or, lors de l’explosion qui a endommagé le gazoduc Nord Stream en mer Baltique, en septembre 2022, l’Ukraine a été mise en cause.

En revanche, alors que la France vivait une importante crise énergétique, Elisabeth Borne, alors ministre de l’Ecologie de Hollande, a signé la mise à l’arrêt absurde et définitive de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) le 30 juin 2020. Les collectivités locales alsaciennes perdaient 2.000 emplois directs et indirects et 14 millions d’euros de rentrées fiscales. Le manque à gagner est largement plus important pour EDF, qui abandonne plus de 350 millions de marge dans l’affaire.

La Suède et l’Espagne, devant l’Allemagne, fournissent à la France ses gigawattheures manquants. La Russie est le plus grand exportateur de pétrole et de gaz naturel vers l’UE… Et le gaz russe représentait environ 17 % des importations de la France avant l’invasion de l’Ukraine, contre 7% à présent. Le gouvernement travaille donc à diversifier ses approvisionnements, avec une envolée des importations de gaz naturel liquéfié (dont du gaz de schiste) et la ré-ouverture de deux centrales à …charbon, à Saint-Avold en Moselle et à Cordemais, près de Nantes, en Loire-Atlantique, en novembre 2022.

Prochaine estimation à la mi-septembre

L’inflation énergétique s’est ainsi établie à 6,8% sur un an en août, après une baisse des prix de 3,7% en juillet. Principaux moteurs de l’inflation ces derniers mois, les prix alimentaires ont bondi de 11,1% sur un an, une envolée moins rapide qu’en juillet (12,7%). 

Alors que le gouvernement reçoit cette semaine les distributeurs et leurs fournisseurs pour les convaincre d’élargir les baisses de prix à un plus grand nombre d’articles, l’INSEE a constaté que les produits frais se sont renchéris de 9,1% sur un an en août (contre 10,6% en juillet). Les autres produits alimentaires coûtent 11,5% plus cher qu’en août 2022 (+13% sur un an en juillet).

Du côté des produits manufacturés (+3,1% sur un an) comme des services (+2,9%), la hausse des prix s’est poursuivie en août à un rythme plus lent qu’en juillet. Le tabac s’est renchéri de 9,9% sur un an, après 9,8% en juillet.

Indicateur de référence pour les comparaisons entre pays européens, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a augmenté de 5,7% sur un an en août (5,1% en juillet). L’Insee doit publier mi-septembre une seconde estimation de l’inflation en août.

Or, début août 2023, la Russie a subi des attaques de drones navals et aériens ukrainiens (deux bateaux sans équipage) contre sa base navale de Novorossïisk, sur la mer Noire, et contre la péninsule de Crimée. Elles auraient partiellement détruit un navire-citerne russe.

Cyberattaque : le site internet de l’Assemblée nationale bloqué par des hackers

Les pirates seraient pro-russes et auraient vise des partisans de l’Ukraine

Le site internet de l’Assemblée nationale aurait été bloqué par une attaque de pirates pro-russes, selon des experts.

« Le site est actuellement en maintenance ». Le site internet de l’Assemblée nationale française est bloqué depuis ce lundi 27 mars par une attaque revendiquée par le groupe de pirates pro-russes NoName en riposte au soutien de la France à l’Ukraine, ont indiqué des experts du groupe Thales, dont l’actionnaire principal est l’Etat français.

Le site de l’Assemblée renvoie vers une page fixe où il est indiqué qu’il est « actuellement en maintenance »: il est la cible d’une attaque par « déni de service », c’est-à-dire un nombre très élevé de requêtes jusqu’à saturation, par le collectif de hackers pro-russes NoName057(16). Celui-ci a revendiqué cette attaque sur sa chaîne Telegram en riposte au soutien de la France à l’Ukraine, a précisé Ivan Fontarensky, directeur technique de la cyberdéfense chez Thales.

« Nous avons décidé de réitérer notre récent voyage en France, où les protestations contre Macron, qui a décidé de ne pas se soucier des Français et continue à servir les néo-nazis ukrainiens, ne se calment pas », écrit le groupe sur Telegram.

Une attaque contre le site du Sénat

NoName revendique aussi une attaque contre le site du Sénat, pour l’instant sans effet visible. NoName est l’un des quelque 80 collectifs de hackers pro-russes qui s’en prennent aux institutions des pays qui soutiennent l’Ukraine, notamment les pays d’Europe de l’Ouest, a expliqué Nicolas Quintin, analyste en chef de l’équipe d’analyse des menaces de Thales, qui réunit une cinquantaine d’experts dans le monde.

La France, l’une de leurs cibles régulières, a connu plusieurs attaques de ce type tout récemment. La semaine dernière, elles ont bloqué le site d’Aéroports de Paris et visé le site de la DGSI. Ces deux vagues d’attaques ont été revendiquées par un autre groupe de hackers pro-russes, a précisé Thales, qui suit leurs communications.

NoName, créé en mars 2022, qui communique en russe et en anglais, conduit des attaques par déni de service, des cyberattaques de base qui consistent à saturer le serveur d’un site Web avec de multiples connexions simultanées pour le rendre inaccessible. Ces requêtes sont généralement envoyées par des centaines voire des milliers d’ordinateurs infectés à leur insu et mobilisés au moment voulu par les pirates.

Ces collectifs pro-russes ont fleuri depuis l’entrée de la Russie en Ukraine. Ils agissent sans rechercher de rançon, contrairement aux hackers traditionnels. Les attaques par déni de service, peu coûteuses, n’entraînent généralement que des blocages temporaires de sites. Mais elles peuvent handicaper des entreprises si elles sont liées à leur système de vente ou de production.

Commission d’enquête ‘souveraineté énergétique’ : des auditions accablantes pour les dirigeants politiques français

Entre hypocrisies, mensonges et incompétence

La commission d’enquête de l’Assemblee nationale visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France a auditionné de nombreuses personnalités politiques dont Ségolène Royal, Lionel Jospin ou bien encore Manuel Valls.

Ludovic Dupin

Ludovic Dupin est directeur de l’information de la Société française d’énergie nucléaire.

Valérie Faudon

Valérie Faudon est Déléguée Générale de la Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN) et Vice-Présidente de l’European Nuclear Society (ENS).  Elle est enseignante à Sciences-Po dans le cadre de la Public School of International Affairs. Elle a été Directrice Marketing d’AREVA de 2009 à 2012, après avoir occupé différentes fonctions de direction chez HP puis Alcatel-Lucent, aux Etats-Unis et en France. Valérie est diplômée de l’Ecole Polytechnique, de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, et de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Elle est aussi titulaire d’un Master of Science de l’Université de Stanford en Californie.

avec Ludovic Dupin et Valérie Faudon

Atlantico : Certains passages comme celui de Ségolène Royal devant la Commission d’enquête souveraineté énergétique ont fait beaucoup parler. Que retenir de sa prise de parole ?

Valérie Faudon : Ce qui est marquant dans les déclarations, et notamment dans celles de Manuel Valls et de Ségolène Royal, est que la décision de réduire à 50 % notre part du nucléaire est bien politique. Ségolène Royal explique ainsi que ni le parti socialiste, ni EELV n’avaient les moyens de faire une instruction sérieuse en 2011, et qu’elle n’a pas été faite non plus en 2015. Elle est d’ailleurs très honnête sur le sujet. Mais on dirait qu’elle ne se rend pas compte des conséquences que cela a pu avoir sur les employés de la filière ou la sécurité d’approvisionnement énergétique.  

L’autre point marquant, c’est que le débat de ces dernières années a été centré sur l’opposition nucléaire/renouvelable alors que le vrai sujet était les 60% d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) qui a été un point aveugle de la politique française. Les efforts pour sortir des énergies fossiles sont passés sous le radar, alors qu’ils sont les grands responsables des émissions de gaz à effet de serre du pays. A noter aussi que, avec la crise actuelle, nos importations d’énergie ont plus que doublé en 2022 et dépassé les 100 milliards d’euros.

Et plus largement quels sont les faits marquants des différentes déclarations devant la Commission ?

Valérie Faudon : Que ce soit avec François Hollande (qui n’a pas été auditionné) ou Manuel Valls, il semble qu’il n’y avait pas de volonté délibérée de leur part de faire du mal à la filière nucléaire, mais qu’ils n’ont pas mesuré ce qu’ils en faisaient. Cédric Lewandowski, directeur du parc thermique chef EDF, l’a bien dit dans son audition, une enquête interne de 2015 montrait que le moral des troupes chez EDF était très bas, il y avait eu des difficultés de recrutement.

Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est aussi le manque de préparation de ces annonces. Les politiques n’ont pas du tout compris que nous nous mettions en situation de difficultés d’approvisionnement. L’un des vrais angles morts des politiques est aussi celui de la consommation d’électricité. La sobriété n’est pas suffisante; pour sortir du fossile, il faudra aussi à long terme augmenter notre production d’électricité pour remplacer certains usages. Un bon exemple, dans les transports, est celui de la voiture électrique. Et nous sommes passés d’une situation de surcapacité au niveau européen à la situation inverse, sans le voir venir. La France a fermé ainsi 10 GW de capacités de production pilotable en 10 ans, incluant Fessenheim. On a vu la même tendance en Europe. Or, même si on développe les renouvelables, on a besoin de capacités pilotables, qui fonctionnent 24h/24 pour équilibrer l’offre et la demande d’électricité sur le réseau. Les auditions de Pierre Gadonneix ou d’Henri Proglio (anciens PDG d’Edf) montrent que ces derniers savaient qu’ils pourraient prolonger les réacteurs plus longtemps que prévu, mais qu’il faudrait maintenir la compétence de construction pour lancer un programme de renouvellement des réacteurs à partir de 2020. Cette idée s’est perdue en 2011-2012 avec l’abandon du projet d’EPR à Penly.

Pour Manuel Valls, la réduction de 50 % du nucléaire « n’était le résultat d’aucune étude d’impact » mais d’une optique « uniquement politique ». Comment l’expliquer ?

Valérie Faudon : La négociation sur le sujet au PS s’est faite entre les équipes de Martine Aubry et de Cécile Duflot, avant la primaire de la gauche. François Hollande est arrivé tardivement dans les négociations. La justification avancée par François Hollande à l’époque était, dans un entretien au Nouvel Observateur : « Je propose de réduire de 75% à 50% la production d’électricité d’origine nucléaire à l’horizon 2025. Exactement le même effort que les Allemands, qui vont passer de 22% à 0% en quinze ans. » Et évidemment on voit bien que l’Allemagne n’y arrive pas. Mais à l’époque il y avait une vraie admiration pour l’Allemagne en matière de politique énergétique.

Yves Bréchet avait taclé l’inculture politique en matière énergétique et un personnel politique qui ne lisait pas les rapports d’experts avant de prendre des décisions. Est-ce que les auditions laissent transparaître ?

Valérie Faudon : CE qui est clair, c’est que la question scientifique est compliquée pour un politique, et on l’a bien vu lors de la crise Covid où des experts donnaient en public des avis divergeants.  La parole scientifique doit être avant tout une parole collégiale, et il est important que des instances scientifiques soient mises en place et donnent des avis publics et documentés. C’est sans doute ce qui a manqué durant toute la période sur la question du nucléaire. Il ne s’agit pas pour le politique d’être scientifique, mais que le scientifique puisse s’exprimer et être une ressource pour le politique. Et cette expression a été mal organisée pendant au moins 10 ans. Le rapport « Futurs Energétiques 2050 », publié par RTE fin 2021, fruit de deux ans de travail et de concertation entre experts de l’énergie, a permis, en créant un cadre commun, les avancées que nous connaissons aujourd’hui.

Ne faut-il pas rechercher les responsabilités aussi lors de la période Jospin/Voynet, eux aussi interrogés ?

Valérie Faudon : Ce qui est étonnant dans le discours de Jospin à l’audition, c’est son explication sur l’arrêt de Superphénix et notamment le très court délai pour prendre cette décision, il explique avoir pu faire l’instruction en 1997 entre son élection et son discours de politique général 15 jours plus tard. Il déclare qu’il s’agissait avant tout d’une  décision industrielle. Mais l’instruction de ce dossier ne peut pas avoir été faite convenablement si rapidement. Superphénix était un projet important sur lequel des fonds étaient avancés, qui comptait pour l’industrie française, pour la recherche, etc.

Pour voir la vidéo : cliquez ICI

Quel bilan tirer de ces auditions ?

Ludovic Dupin : C’est un très bel exercice qui remet en perspective les décisions de ces 20 dernières années. Les intervenants sont de bonne foi, on voit clairement que la parole scientifique n’a pas toujours été écoutée ou qu’elle n’était pas la priorité de l’agenda. C’est une source documentaire incroyable.

Valérie Faudon : Chaque acteur rappelle bien quelle était la situation et sa position au moment où il était aux manettes, c’est un effort de contextualisation qui est important et nécessaire. Mais le cœur de la problématique, c’est la parole des experts, comment elle est orchestrée et prise en compte par le politique.

Retraites : la CGT Pétrole menace de trois grèves et d’arrêts de raffineries et de dépôts

« On n’est pas du tout dans la situation que nous avons connue » » » en octobre, assure Agnès Pannier-Runacher

Greve au dépôt pétrolier Total
de Gargenville.

La CGT Pétrole a lancé un appel à la grève, ce jeudi 12 janvier, pour protester contre la réforme des retraites exposée le 10 par la première ministre. Trois mobilisations sont déjà prévues pour les jeudis 19 janvier pour une durée de 24 heures, et 26 janvier pour une durée de 48 heures, ainsi que le lundi 6 février pour une durée de 72 heures. 

Le projet réforme des retraites exposée ce mardi continue de diviser. Ce jeudi 12 janvier, c’est au tour de la CGT Pétrole d’appeler à plusieurs jours de grèves pour s’y opposer. Le syndicat révolutionnaire se dit prêt à stopper le raffinage « si nécessaire ».

Trois grèves de prévues pour janvier et février

Dans le détail, ce sont les trois principaux syndicats du pétrole (la CGT Total, la CGT ExxonMobil et la CGT Petro-Ineos) qui ont lancé cet appel à la mobilisation. Ce dernier entraînera des « baisses de débit » et « l’arrêt des expéditions« , a précisé Eric Sellini, coordinateur national du syndicat pour TotalEnergies.

Une grève de 24 heures est déjà programmée pour le jeudi 19 janvier, une autre de 48 h est prévue pour le jeudi 26 janvier et une dernière de 72 h se tiendra à partir du lundi 6 février. A cette date, la reconduction de la grève sera proposée aux salariés, indique BFMTV. « Si nécessaire, l’arrêt des installations de raffinage » est envisagé.

« C’est par l’unité des salariés que nous stopperons cette réforme profondément injuste et que nous imposerons nos revendications. Retrouvons-nous dans les luttes, les pétroliers seront présents ! », écrit le syndicat dans un communiqué publié sur Twitter.

La ministre de la Transition énergétique se veut rassurante et sereine

En vérité, le mouvement est suivi avec « la plus grande vigilance » par le gouvernement, mais Agnès Pannier-Runacher affiche détermination et sérénité, alors que la CGT organise une montée progressive de la colère sur trois journées. La ministre écarte un scénario tel que celui qui avait conduit à des pénuries de carburants en octobre.

Fin septembre, une mobilisation de près d’un mois, dejà initiée par la CGT Pétrole, avec l’arrêt de raffineries et le blocage de dépôts, avait provoqué d’importantes difficultés d’approvisionnement en carburant en France. « C’était une grève continue. Là, il s’agit pour les syndicats de manifester leur point de vue« , explique-t-elle. « Aujourd’hui, il n’y a pas de grève dans les raffineries. La réalité, c’est qu’il n’y a pas de mouvement social aujourd’hui dans les raffineries et dans les dépôts pétroliers« , répète-t-elle, précisant toutefois que le gouvernement suit cela « avec la plus grande vigilance« .

Les stocks « reconstitués » depuis l’automne

La CGT fait planer la menace de pénuries . Le mouvement social entraînera des « baisses de débit » avec des « arrêts dans l’expédition des carburants« , a prévenu Eric Sellini. « Les stocks (de carburants) existent, ils ont été reconstitués depuis le mouvement de l’automne« , lui oppose la ministre de la Transition énergétique qui entend « à nouveau rassurer les automobilistes« .

Les Français n’auront que ce qu’ils méritent, selon le gouvernement. Dans le sillage de la première ministre, qui a appelé jeudi les syndicats à « ne pas pénaliser les Français » et à faire preuve de « responsabilité« , Agnès Pannier-Runacher appelle « chacun à la responsabilité« , en insistant sur le fait que « certains syndicalistes ont pris position en disant qu’ils seraient responsables vis-à-vis des Français« . « Nous sommes dans une démarche d’ouverture, de concertation, de dialogue« , a précisé la ministre, ajoutant que « la porte de la première ministre est ouverte« . Si l’intersyndicale prévoit une « puissante » mobilisation le 19 janvier, le gouvernement ne se projette pas « dans l’idée d’une mobilisation massive« , selon les mots du porte-parole du gouvernement Olivier Véran, à l’issue du Conseil des ministres mercredi, alors que Macron a mis un terme à sa séquence de com’ pour se consacrer à la chienlit (cf. les rencontres du Papotin, en plus de l’ingérence de Brigitte Macron dans le débat sur le vêtement commun à l’école par le biais de la campagne des Pièces jaunes 2023).

En tentant d’humaniser en gros sabots son mari dans les media, Brigitte Macron a fait sourire la droute et irrité la gauche, qui l’accuse aussi d’un clin d’oeil à la droite. « J’ai un mari qui est adorable avec sa femme (..) C’est un homme profondément honnête et profondément vrai », a déclaré lundi sur TF1 l’épouse septuagenaire du quadra, devant des enfants malades hôpitalisés: un joli conte de grand-mère.

L’épouse s’est attachée pesamment à défendre son action au moment où il joue une partie de son quinquennat sur la réforme des retraites : « J’entends que ce n’est pas de gaîté de cœur que la réforme est lancée mais que, sans cela, le système ne tient pas à long terme ». Parce que la prof de lettres est aussi économiste ?

Les Français ont leur sort entre les mains.

Comment le prix de l’électricité peut-il dépendre du gaz ?

Un système européen soutenu par Macron et auquel il refuse donc de renoncer

EDF, poule aux oeufs d’or de l’Etat: il faudrait parler de
la part des taxes (ici en 2019)

Le président Macron a annonçé le jeudi 10 février 2022 à Belfort un programme ambitieux de renouvellement de la filière nucléaire française. Emboîtant le pas de son aîné, le général de Gaulle, il déclarait :

Pour produire de l’énergie, en particulier l’électricité, nous avons une chance, c’est notre modèle historique. Le parc installé, le nucléaire.

Aujourd’hui, la guerre en Ukraine est instrumentalisée pour occulter les fautes politiques de Macron sur plus de dix ans: l’argument écologiste du risque de l’atome, tant par les menaces à demie voilée du président russse, Vladimir Poutine, que par l’attaque stratégique de ses forces militaires sur les abords de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporijia – de conception et de construction russes soviétiques -, les Français sont confrontés à une hausse dramatique des prix de l’électricité de gros et ce malgré la rente du parc nucléaire historique dont ils disposaient, avant son saccage par Hollande et Borne, puis Macron et Borne…

Pourquoi les prix du gaz et de l’électricité flambent-ils depuis septembre 2021 ?

Courbe de prix de marché gaz et électricité pour 2023

Ce phénomène s’est accentué de façon spectaculaire depuis le début de l’année 2022, le gaz russe a augmenté de 60%, on peut donc parler d’envolée du prix du gaz, rétortion russe prévisible, sauf pour les énarques obtus de l’entourage macronard. Et Macron aggrave son cas en promettant, mercredi 4 janvier, des chars de combat légers français à Zelensky.

Cette envolée du prix du gaz serait donc liée à des raisons internationales, voire géostratégique, selon la presse macronarde, puisque la France n’est pas productrice de gaz, elle importe entièrement ses besoins en gaz, notamment depuis la mer du Nord, de Norvège, et aussi, comme ses voisins européens d’autres pays, tel que la …Russie.

On l’a vu, l’intox officielle veut que la géostratégie soit l’origine exclusive d’une flambée des prix du gaz, et Macron fait tout pour aggraver les relations en Europe.

Pourquoi l’électricité se paie-t-elle au prix du gaz ?

C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre dans cet article qui expliquera notamment le fonctionnement du marché européen de gros de l’électricité.

  • la hausse très importante de la demande mondiale et notamment en Asie,
  • la maintenance nécessaire des installations en Norvège,
  • l’action de la Russie qui retient sa production pour pousser à la mise en production du gazoduc Nord Stream 2,
  • le faible remplissage des stockages de gaz européens cet été à la sortie de l’hiver 2019-2020 du fait d’une mauvaise anticipation des hausses de prix du gaz,
  • le niveau très bas (un tiers) des stocks localisés en Allemagne et gérés par Gazprom (russe).

Les mécanismes de marché à l’origine d’une flambée des prix de l’électricité

Il n’y avait quasiment pas eu de montée en flèche du coût de production de l’électricité en France ces derniers mois.

La part du gaz et du pétrole dans la production électrique française est de l’ordre de 7% et, en Europe, elle est de l’ordre de 20%: une partie du coût est liée à la construction des installations, tandis qu’en France, elle est liée à la relance des unités abandonnées pour des raisons électoralistes entre le candidat Macron et les écologistes. Donc, si on détaille la part du combustible, c’est moins de 10% du coût total de production de l’électricité qui dépend du gaz en Europe.

Source : Connaissance des Énergies

Donc ce n’est pas le coût de l’électricité qui a flambé du fait de l’augmentation du prix du gaz. Par ailleurs, la demande d’électricité n’a pas flambé non plus, elle est stable. Le prix de l’électricité sur le marché a flambé uniquement du fait du mécanisme de marché lui-même, activé par les traders de l’énergie, des spéculateurs sur le prix de produits énergétiques .

Comparativement, si la France était restée dans le système des tarifs réglementés qui existaient du temps de l’entreprise publique, le prix n’aurait pas évolué ou quasiment pas, puisque les coûts n’ont pas évolué en globalité. D’autant qu’aujourd’hui l’ARENH permet aux acteurs de marché de couvrir une partie de leur coût à un prix fixe régulé. Mais, sous influence allemande, l’UE, toujours mal inspirée, a modifié les règles du marché.

Un mécanisme de marché européen gommant les mix énergétiques régionaux

Les prix de gros sur les marchés de l’énergie sont désormais calés sur les coûts marginaux. C’est-à-dire qu’à chaque instant le prix de marché est égal au coût de production de la centrale la plus chère de tout le réseau interconnecté européen – auquel Macron se dit néanmoins attaché – et ce même si la part de production de cette centrale représente une part infime de la production totale, car ce mécanisme de fixation des prix de gros est indépendant des quantités produites.

Principe de la préséance économique

Le principe de la préséance économique (merit order) consiste à démarrer les centrales de production, de la moins chère à la plus chère, au fur et à mesure que la demande augmente et à rémunérer l’électricité produite à un instant T au prix de la dernière centrale appelée à fonctionner pour garantir l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité et équilibrer la tension sur le réseau à 50 Hz.

Le coût marginal de production maître étalon des prix de gros de l’électricité

Ce prix, qui dépend non pas du prix moyen de l’électricité produite mais du prix de la dernière centrale marginale appelée à fonctionner, est applicable à toutes les centrales en production à ce moment-là, quelle que soit leur part relative dans la production du parc installé.

Il y a donc un alignement du marché sur le prix marginal de production de la dernière centrale appelée par le gestionnaire de réseau (RTE pour la France). Autrement dit, si une centrale gaz fournit 1% de l’électricité du réseau interconnecté, le coût de production de cette centrale sera appliquée à 100% de cette électricité sur le marché de gros. Et donc en cas de forte tension en Europe sur la demande en électricité, c’est-à-dire en cas de mobilisation des centrales de production de pointe, le prix résultant sur le marché de gros sera bien supérieur à la valeur moyenne de la production au même moment.

Ainsi, si le prix du gaz flambe sur les marchés du gaz, par effet de ricochet : dès qu’une centrale à gaz sera appelée en production, son coût de production s’appliquera mécaniquement à l’ensemble de l’électricité produite sur le réseau interconnecté européen, même si cette électricité est globalement produite à partir de barrage hydraulique ou de centrales nucléaires dont les coûts sont bien plus faibles et quasiment stables. En conséquence, le prix de gros de l’énergie ne reflète pas le mix énergétique de chaque pays et donc les choix politiques structurants du parc de production.

Le CO2 entre dans l’équation du coût marginal de production des centrales gaz

Et c’est sans oublié le prix du CO2 qui s’applique à la production électrique des centrales fossiles, et donc des centrales à gaz, qui surenchérit le prix de production des centrales à gaz et par effet mécanique du principe exposé ci-dessus de préséance économique, à l’ensemble de la production électrique, qu’elles soient d’origine nucléaire, hydraulique ou encore éolienne.

Quand le gaz augmente, l’électricité augmente !

De ce point de vue, en fonction de leur mix énergétique, tous les pays européens ne sont pas égaux, certains étant plus vertueux que d’autres, les consommateurs ne subissent pas l’effet mécanique du marché de gros européen les choix de la politique énergétique de leur voisin comme en témoigne cette carte.

Des prix de gros de l’électricité corrélés en partie sur les prix du gaz

Avec ce mécanisme de marché, les prix de gros sont corrélés aux prix du gaz et deviennent incontrôlables par la puissance publique et extrêmement volatiles.

Ce qui pénalise les producteurs qui doivent faire des investissements très importants et qui font face à un prix très volatile qu’ils ne peuvent pas anticiper et donc à un risque financier important.

Un mécanisme de marché qui impacte les consommateurs

Et ce qui pénalise aussi évidemment les consommateurs, tout d’abord les particuliers puisque leurs factures vont augmenter pour refléter l’augmentation des prix sur les marchés de gros.
Et ensuite les entreprises, PME/PMI françaises et électro intensives, qui ont besoin d’assurer l’approvisionnement électrique de leur outil productif et qui voudraient avoir une visibilité sur les prix, dit autrement un prix stable et lié aux coûts de production, pour pouvoir maîtriser le prix de vente de leurs produits et rester compétitif.

Dans la situation actuelle c’est un problème pour tout le monde, même s’il y a certains consommateurs qui subissent la hausse des factures d’énergie et pas d’autres.

Sur les marchés, les opérateurs s’échangent l’électricité au prix de gros pour ensuite répercuter la variation des prix sur leurs clients.

Certains consommateurs ont des contrats de fourniture avec des prix fixes garantis sur plusieurs années, donc pour l’instant ils ne subissent pas les hausses de prix des marchés de gros. Ils subiront ces hausses plus tard au moment du renouvellement de leur contrat mais de manière très lissée.

D’autres consommateurs ont des contrats indexés sur les prix de marché et donc ils subissent dès à présent ces hausses sur les marchés de l’électricité.

Le bouclier tarifaire est-il une mesure efficace de protection des consommateurs français ?

Comme vous l’aurez compris, l’augmentation du prix du gaz à des conséquences directes sur le prix de gros de l’électricité atteint des sommets mettant l’Europe sous tension.

C’est pourquoi le mardi 1er mars 2022, Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance a déclaré sur FranceInfo : “Je souhaite qu’on prolonge le bouclier tarifaire”.

Un bouclier mis en place en septembre 2021 pour limiter la hausse à 4%

Le bouclier tarifaire avait été annoncé par le Premier ministre, Jean Castex, le 30 septembre 2021 pour faire face à l’exceptionnelle hausse des prix de l’énergie observée depuis la mi-2021. La mise en place de ce bouclier tarifaire par le gouvernement visait alors à limiter à 4% la hausse moyenne des TRV (tarifs réglementés de vente) applicables aux clients résidentiels.

Bouclier tarifaire : la guerre en Ukraine pérennise la crise des énergies

Aujourd’hui, face à la guerre en Ukraine, les prix de l’électricité flambent à nouveau en Europe. Le bouclier tarifaire initialement conçu pour faire face à une situation exceptionnelle va perdurer sous l’action conjuguée de la guerre et de la Présidentielle en France.

Les pouvoirs publics affirment que le bouclier tarifaire va résister et permettre de contenir la hausse des prix dans l’objectif de 4% annoncé en septembre 2021. Hausse des prix qui auraient dû atteindre près de 40% selon les estimations présentées le 10 janvier par Bercy.

Toutes ces mesures pour contenir le prix de l’énergie représentaient déjà un coût pour l’Etat de 14 milliards d’euros sur 2021-2022, avant la guerre en Ukraine.

Qu’en est-il de la rente du nucléaire ARENH promise aux Français ?

Pour répondre à la situation de crise actuelle, le gouvernement a également augmenté de 20 TWh le niveau d’ARENH (initialement de 100 TWh) qui sera livré en 2022 et dans le même temps révisé à la hausse son prix à 46,20 €/MWh (initialement à 42 €/MWh). (Cf. communiqué de presse du 13 janvier 2022).

Grâce à cette mesure portant sur l’ARENH, les fournisseurs vont donc pouvoir bénéficier de 20% d’énergie d’origine nucléaire en plus pour répondre aux besoins de leurs clients. Ce prix subit cependant une augmentation de 10%.

Quelle politique énergétique doit mener la France ?

On observe donc à la lumière de la crise actuelle les limites du modèle de mécanisme de marché construit sur le principe de la préséance économique et du coût marginal de la dernière centrale appelée qui conduit à une hausse dramatique des prix pour le consommateur final.

Dans le même temps, le Gouvernement est obligé de prendre des mesures palliatives afin de faire bénéficier les consommateurs français de la rente nucléaire sans s’attirer les foudres de Bruxelles.

L’énergie s’est déjà largement invitée dans la campagne présidentielle, certains prônant le renouveau du nucléaire, comme l’actuel Président-Candidat, Emmanuelle Macron, et d’autres, comme Yannick Jadot y étant totalement opposé et souhaitant au contraire augmenter de 3 000 éoliennes supplémentaires le parc existant qui en compte déjà 9 000.

Comme chacun le sait, l’augmentation des énergies renouvelables pose le problème de leur intermittence. Or pour faire face à leur intermittence, les centrales de pointe de type CCGT (centrale gaz) sont fortement sollicitées, ce qui avec les mécanismes actuels de marché européen aurait tendance à maintenir artificiellement un prix de gros de l’électricité élevé.

À n’en pas douter, la composante géostratégique, c’est-à-dire la dépendance au gaz et donc à la Russie, va devenir un critère de plus en plus prépondérant dans les choix de politique énergétique des 27.

Au changement climatique, au renouveau de la filière nucléaire française, à la dépendance aux panneaux photovoltaïques chinois, à la transformation de nos campagnes et des littorales par les éoliennes, etc. Nos politiques français doivent maintenant composer de plus en plus avec la géostratégie du gaz, à moins qu’ils ne tentent de sortir des mécanismes de marchés européens !

Hypothèse peu probable tant il est vrai que dans la période actuelle où les 27 appellent de leurs vœux à plus d’Europe, la cohésion et la solidarité n’ont jamais été aussi fortement mises à rude épreuve, par le Brexit d’abord, puis par la guerre en Ukraine ensuite.

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Prix de l’électricité : Macron reste arc-bouté contre une sortie du marché européen de l’énergie

Macron juge impossible ce qu’ont réussi l’Espagne et le Portugal.

Désinformation du journal
Le Figaro sur l’appel de la France au découplage

Macron s’entête à refuser de revenir sur ce qu’il a contribué à instaurer. Pour protéger les factures des Français face à la crise énergétique, il faudrait pourtant sortir du marché européen de l’électricité, argumentent certains responsables, qui prennent l’exemple de l’Espagne et du Portugal, qui ont bénéficié d’une dérogation de Bruxelles pour sortir temporairement du marché européen pendant un an. Mais cette piste n’emporte pas l’adhésion du gouvernement.

Bruno Le Maire et Olivia Grégoire justifie leur obstination en mettant en avant le recours aux interconnexions européennes qui permettent à la France d’importer de l’électricité quand elle en a besoin, ce qui resterait une possibilité en cas de sortie… 

Invités respectivement sur France Inter et CNews ce mercredi matin, Bruno Le Maire et Olivia Grégoire ont tenté de démonter la décision de nos deux voisins. «Si on était sortis aujourd’hui du marché européen de l’énergie, comme le réclame le Rassemblement national [et], nous n’aurions pas eu l’électricité allemande dont nous avons eu besoin pour faire tourner les fours des boulangers», a affirmé le ministre de l’Economie. Le menteur de Bercy fait ici référence aux arrêts de réacteurs nucléaires pour des problèmes de corrosion sous contrainte qui «nous (ont) obligés d’importer de l’électricité d’Allemagne» cet hiver: il occulte les fermetures de centrales pour des raisons électoralistes depuis Hollande, puis d’unités au prétexte de maintenance et de relance, après des consignes gouvernementales de blicage de kaaintenance, avant arrêt. «On était bien contents en novembre d’importer de l’électricité allemande quand on en a eu besoin, à un tarif raisonnable», a abondé sur CNews sa collègue chargée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, sachant que cette électricité est carbonée, issue d’usines au charbon. Macron a même entretenu le systême d’interconnexions européennes en achetant de l’électricité au prix fort et en vendant à bas prix…

Alors que les prix de l’électricité continuent de s’envoler sur le marché européen, l’Etat a vendu plus d’électricité à prix cassé à ses concurrents (le 14 janvier 2022)

Si la France est en capacité d’importer de l’électricité de ses voisins européens et d’en exporter lorsqu’elle peut, c’est grâce à ses interconnexions avec les autres pays européens. «La France n’est ni l’Espagne ni le Portugal, ce n’est pas une péninsule», a rappelé Bruno Le Maire. «On ne peut pas sortir comme l’ont fait les Espagnols et les Portugais, parce qu’on n’a pas du tout le même rapport à l’énergie que la péninsule ibérique», qui «n’importe pas d’énergie ni n’exporte d’énergie avec le marché européen», a développé Olivia Grégoire.

Enfin, la sortie du marché européen ne serait pas une solution miracle pour les factures des Français, selon Bruno Le Maire qui n’est plus à une forfaiture près. «Ceux qui ont aujourd’hui les factures d’électricité et de gaz parmi les moins chères de tous les pays européens, ce sont les Français, grâce au bouclier énergétique que nous avons décidé de maintenir pour 2023», a affirmé le ministre.

En revanche, le gouvernement français fait quelque pas vers une réforme de ce marché européen, afin de découpler le prix du gaz du prix de l’électricité. «C’est une bataille plus difficile à livrer que de foutre le camp du marché européen de l’énergie», a admis le ministre de l’Economie. Mais «c’est à la table de travail de la Commission européenne au premier semestre 2023», a indiqué Olivia Grégoire.

Des salariés CGT de RTE en garde à vue pour sabotage du réseau électrique

Martinez accuse RTE d’avoir livré quatre militants aux servuces secrets

Pour dénoncer l’intervention de l’entreprise auprès de la direction de la sécurité intérieure, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a écrit à Elisabeth Borne. Quatre militants cégétistes seront jugés fin février pour avoir saboté le réseau électrique.

La guerre entre la direction du Réseau de transport de l’électricité (RTE) et la CGT devient une affaire d’Etat. Son secrétaire général, Philippe Martinez, a envoyé le 7 décembre une lettre au vitriol à la première ministre, Elisabeth Borne, ainsi qu’aux ministres de la Justice, de l’Intérieur et de la Transition énergétique.

Sa lettre dénonce la « machination orchestrée » par la direction de RTE lors de l’arrestation de quatre « salariés » par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Mardi 4 octobre dernier, quatre agents de l’entreprise ont été arrêtés dans les Hauts-de-France, au petit matin par la police, et ont été placés en garde à vue pendant trois jours dans les locaux de la DGSI à Levallois. Fin juillet, leur entreprise RTE avait porté plainte à Lille contre X pour des actes « graves de malveillance ».

Lors de grèves en juin et juillet, ces quatre salariés étaient « intervenus » sur le réseau électrique. A l’aide d’ordinateurs, ils avaient au même moment empêché, de manière simultanée, le pilotage de quatorze réseaux locaux au niveau national. Si bien que pendant plusieurs heures, RTE ne pouvait plus agir dessus depuis son poste central à Paris.

Les quatre salariés seront jugés le 28 février prochain pour « entrave », « sabotage » et « accès frauduleux » au système informatique. Ils encourent jusqu’à 15 ans de prison.

Intervention de la direction de RTE auprès de la DGSI

Philippe Martinez accuse la direction de RTE d’être intervenue auprès de la DGSI. « Les procès-verbaux font apparaitre que le directeur de la sécurité de RTE a saisi directement la DGSI », explique-t-il à Elisabeth Borne.

Le secrétaire général de la CGT charge ensuite le président de RTE qu’il accuse d’avoir « menti sur son implication dans les suites policières et judiciaires ».

Il cite un courrier aux administrateurs de RTE, signé de Xavier Piechaczyck qui écrit que « le procureur de la République, et lui seul, a décidé de saisir la section spécialisée en matière de cybercriminalité qui a ensuite désigné la direction de la sécurité intérieure ».

Dans ce courrier daté du 2 novembre, le président de RTE souligne en gras que le procureur de la République « et lui seul » a « saisi » la DGSI. Les mots sont importants et les nuances aussi. RTE reconnait avoir « informé » les services de renseignements comme cela a déjà été fait par le passé pour des actes graves.

Mais la direction ajoute que « RTE n’interfère d’aucune manière dans son travail ». Il répond ainsi à des lettres des administrateurs salariés de RTE qui proféraient ces accusations sur les réseaux sociaux.

La CGT dénonce le management brutal de RTE

Les procès-verbaux des policiers de la DGSI, que BFM Business s’est procurés, sont clairs. Le 29 juillet 2022, il y est écrit que « le service a été contacté par le directeur sûreté du groupe RTE, Marc Betton, qui tenait à nous informer des faits impactant leur système informatique ».

Cet ancien gendarme, en vacances fin juillet, a alors communiqué les coordonnées de l’officier central de sécurité de RTE, Philippe Le Falher. C’est lui qui a porté plainte auprès de la police à Lille. Il informe le 2 et le 4 août la DGSI « des avancées de leur enquête interne ».

Contacté, l’intéressé a refusé de répondre à nos questions, jugeant que « RTE ne commente pas une affaire judiciaire en cours ».

Mais les PV vont plus loin et alimente la thèse de la CGT qui estime que « la direction de RTE a livré les quatre salariés », selon son responsable Francis Casanova. Le policier de la DGSI qui a recueilli la plainte écrit qu' »à la demande de la haute hiérarchie de RTE, une réquisition lui a été adressée, afin de leur permettre de nous communiquer des données à caractère personnel ».

C’est ensuite la vice-procureur de Paris, Johanna Brousse, qui a saisi la DGSI d’après ces documents. Ce qui pousse le secrétaire général de la CGT à interroger Elisabeth Borne sur « le rôle du gouvernement dans la décision de dessaisir le Parquet et le commissariat de Lille ».

Ce dossier extrêmement sensible illustre l’opposition frontale entre la CGT et le président de RTE depuis son arrivée à la tête de l’entreprise, à l’été 2020. Philippe Martinez dénonce d’ailleurs « le management brutal et délétère vis-à-vis des représentants du personnel » et demande au gouvernement de « revoir la gouvernance » de l’entreprise publique, détenue à 50% par EDF et 50% par le groupe Caisse des Dépôts.

Des dégradations « symboliques » ayant engendré des coupures électriques

Alors que l’heure est à la multi-crise énergétique et aux restrictions de consommation, notamment électrique, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) s’est mobilisée à propos de sabotage sur le réseau électrique datant de l’été. Quatre syndIcalistes CGT du réseau de transport d’électricité (RTE) ont été placés en garde à vue dans les locaux de la DGSI.

Cette garde à vue fait suite à des dégradations majeures sur le réseau qui ont entraîné des coupures de courant. RTE avait déposé plainte cet été à la suite de ces dégradations, qui ont entraîné des coupures de courant, a indiqué la source proche du dossier, précisant que les faits reprochés étaient de droit commun. Mais le fait que les salariés soient entendus dans les locaux de la DGSI s’explique par le statut de RTE, opérateur d’importance vitale pour le fonctionnement du pays.

Le Parquet de Paris a confirmé le placement en garde à vue de quatre hommes âgés de 31 à 35 ans, « employés » de RTE, dans le cadre d’une enquête de sa section cybercriminalité. Cette enquête a été ouverte le 29 juillet pour entrave à un système de traitement de données, sabotage informatique, accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, ainsi que pour introduction, modification et suppression de données d’un tel système, a précisé le Parquet.

La CGT couvre ses cyber-criminels

La CGT a dénoncé des « services anti-terroristes utilisés pour faire taire les revendications salariales des agents ». Dans un communiqué, ce syndicat affirme que les quatre salariés, basés dans le Nord, sont suspectés d’avoir « programmé le passage en local de postes électriques »« Ce sont des salariés lambda, quatre techniciens de maintenance de la région Nord », a minimisé Francis Casanova, délégué syndical central CGT pour RTE, qui déplore que pour une « action symbolique », selon lui, ces salariés « se retrouvent en garde à vue pendant 96 heures comme les pires des terroristes ».

« Il s’agit, estime la CGT, d’une action symbolique de reprise en main de l’outil de travail, fréquente lors des grèves, qui n’a aucune incidence sur la continuité de l’alimentation électrique, ni même sur la sécurité des gens et des personnes ».

Le syndicat a dénoncé cette garde à vue dans les locaux de la DGSI, fustigeant le recours à des « services anti-terroristes utilisés pour faire taire les revendications salariales des agents ». C’est là « une volonté de réprimer le mouvement social », estime le représentant CGT, rappelant qu’il y a eu des actions pendant plusieurs mois chez RTE pour des augmentations de salaires, sans que les grévistes obtiennent gain de cause. Un rassemblement à l’initiative du syndicat était organisé en octobre 2022 devant le siège de RTE dans le quartier de La Défense, en proche banlieue parisienne.

RTE devrait reverser plus d’un milliard d’euros à ses clients, début 2023

La flambée des prix de l’énergie, si elle grève le pouvoir d’achat des ménages, profite néanmoins au gestionnaire des lignes à haute tension françaises (RTE). Ce dernier a, en effet, encaissé des recettes exceptionnelles sous l’effet des tensions sur le marché de l’électricité. Et ce, grâce aux droits d’accès payés par les importateurs ou exportateurs d’électricité pour pouvoir utiliser les interconnexions transfrontalières exploitées par RTE, explique ce dernier. Ces recettes dépendent des volumes échangés aux frontières et des écarts de prix de l’électricité entre la France et ses voisins, qui se sont creusés dans le contexte de la crise énergétique européenne, alimentée par les conséquences de la guerre en Ukraine, dont la rupture avec la Russie est encouragée par les Etats-Unis de Joe Biden, avec le soutien de l’UE.

Mais RTE ne gardera toutefois pas cette manne pour lui, puisqu’il a annoncé le 28 septembre dernier son intention de restituer plus d’un milliard d’euros à ses clients qui bénéficieront de ce soutien « dès le début d’année 2023 ». Cela concerne notamment « 53 grands sites de chimie »« 80 sites de métallurgie »« 34 sites de sidérurgie » et « une cinquantaine de sites de papeterie et cartonnage », précise Laurent Martel, directeur général chargé du pôle finances et achats à RTE.

Avec près de 90%, la plus grosse part reviendra aux distributeurs, les gestionnaires du réseau basse et moyenne tension, comme Enedis et certaines entreprises locales de distribution qui font l’intermédiaire entre RTE et les utilisateurs finaux – entreprises ou particuliers.

Quatre salariés de RTE entendus en garde à vue à la DGSI en lien avec des dégradations sur le réseau électrique

Burkina Faso: la lutte contre le djihad va lui coûter 152 millions d’euros

Le Burkina accorde justement l’exploitation d’une mine d’or à la société russe Nordgold

Le gouvernement burkinabè, issu d’un putsch, entend mobiliser 152 millions d’euros pour un « fond de soutien à la guerre » contre le djihadisme qui frappe le Burkina Faso depuis 2015.

Ce fond de soutien « doit nous permettre de lever 100 milliards de francs CFA (152 millions d’euros) pour l’année » 2023, a déclaré vendredi le ministre de l’Economie et des finances, Aboubacar Nacanabo, à l’issue d’une rencontre entre le président de la transition Ibrahim Traoré, le patronat burkinabè et des partenaires sociaux. 

« Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement a décidé de recruter 50.000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs civils de l’armée) qui seront payés 60.000 FCFA par mois « , soit 91 euros, a-t-il rappelé. « Outre cette prise en charge, il y a des armes à payer pour les équiper, des tenues pour leur habillement, des engins et du carburant pour leurs déplacements », a précisé A. Nacanabo.

En plus des « contributions volontaires » qui « ne suffiront pas », il y a « l’idée d’un prélèvement de 1% sur le salaire net de tous les travailleurs, y compris les députés, pour accompagner la lutte contre le terrorisme », ainsi que des taxes sur la consommation de certains produits, comme la boisson, le tabac, la connexion internet et des produits de luxe, a-t-il dt.

Le 1er décembre, Apollinaire Kiélem de Tembela, le Premier ministre burkinabè avait demandé à la France « des armes et des munitions » pour les supplétifs de l’armée, lors d’une rencontre avec l’ambassadeur de France au Burkina Faso.

Depuis 2015, le Burkina Faso est régulièrement endeuillé par des attaques djihadistes qui ont fait des milliers de morts et contraint quelque deux millions de personnes à fuir leurs foyers.

Ces attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda visant militaires et civils se sont multipliées ces derniers mois, essentiellement dans le nord et l’est du pays.

Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition issu d’un coup d’Etat militaire le 30 septembre – le deuxième en huit mois – s’est donné pour objectif « la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes ».

A l’issue d’une campagne de recrutement, 90.000 civils se sont inscrits pour rejoindre les VDP, appelés à seconder l’armée dans sa lutte contre les djihadistes.

La France, hors-jeu dans la lutte contre le terrorisme et pour de nouveaux marchés

Le gouvernement de transition burkinabè a d’octroyé un permis d’exploitation d’une nouvelle mine d’or à la société russe Nordgold, selon un compte rendu du Conseil des ministres publié jeudi 8 décembre. Les autorités prévoient la production de plus de 2,5 tonnes d’or et des revenus de 5,3 milliards de francs CFA (8,1 millions d’euros) sur quatre ans. Dans un secteur qui pèse plus de 10 % des richesses du pays, Ouagadougou souhaite montrer qu’il diversifie ses partenaires.

Après l’annonce en novembre 2019 du lancement de la production sur le site de Bomboré, confié au groupe canadien Orezone, c’est au tour des Russes de Nordgold de gagner une participation à l’exploitation de l’or burkinabè.

Sur quatre ans, le gouvernement estime que le site de Yimiougou dans la commune de Korsimoro devrait produire 2,53 tonnes d’or. Sur cette même période, il devrait générer 5,3 milliards de francs CFA pour l’État et 648 millions de francs supplémentaires (soit 1 million d’euros) censés abonder le fonds minier de développement local.

Déjà présent sur trois sites dans le pays à travers ses filiales, le groupe russe Nordgold se repositionne alors que depuis avril, il a dû stopper l’activité du site de Taparko pour raisons de sécurité : dans cette région du Centre-Nord, les attaques des groupes islamistes se font de plus nombreuses, menaçant l’activité des industries extractives.

L’annonce de nouveaux gisements est une aubaine pour l’entreprise : en 2022, pas moins de six mines ont dû fermer dans le pays. En conséquence, le Burkina Faso pourrait produire 13% d’or en moins cette année par rapport à 2021, d’après les statistiques gouvernementales. De quoi réduire une source majeure de devises pour l’Etat et menacer des milliers d’emplois dans les régions aurifères.

« Le marché européen est une stupidité », tacle Loïc Le Floch-Prigent

Le marché européen de l’électricité gonfle artificiellement nos factures

Il est important de sortir du marché européen de l’électricité qui gonfle artificiellement les prix, insiste l’ancien patron de GDF et du groupe pétrolier Elf, l’ingénieur Loïc Le Floch-Prigent. Et il faut redémarrer au plus vite les centrales nucléaires à l’arrêt pour maintenance.

Pour l’instant limité en faveur des ménages précaires avec le bouclier tarifaire, financé par les contribuables, le prix de l’électricité qui a flambé menace cependant l’activité économique de nombreuses entreprises, non protégées, quant à elles, par un système équivalent. Des artisans et des restaurateurs sont ainsi obligés de fermer, tandis que certaines sociétés doivent réduire fortement leur activité.

De quoi s’inquiéter pour l’économie dans un futur proche, avant même d’éventuels délestages: « A cause du prix de l’électricité, on va devoir arrêter de produire, et beaucoup », prévient ce mercredi sur le plateau des « Grandes Gueules » Loïc Le Floch-Prigent, ingénieur et ancien patron de GDF et d’Elf.

« J’ai des entreprises qui vont devoir payer 3, 5 à 6 fois plus que d’habitude. C’est une très mauvaise nouvelle pour la France. Ca signifie moins de consommation, moins d’industrie et moins de travail », prévient-il.

« Anti-nucléaire systématique »

Et tandis que RTE se félicite de la baisse de la consommation d’électricité, de 8,3% sur une semaine et de 6,6% sur les 4 dernières semaines, du fait de la sobriété contrainte des consommateurs angoissés par les déclarations anxiogiènes de la macronie, Loïc Le Floch-Prigent n’y voit aucun motif de satisfaction: « Bien sûr qu’il y en a moins, vu que les industriels se préparent à diminuer la production. Je ne vois pas ce qu’il y a de réjouissant », tacle l’ancien dirigeant d’Elf.

Loïc Le Floch-Prigent déplore la communication cacophonique du gouvernement. « Il y a une politique de communication désordonnée mais ce n’est pas de l’action. L’action, c’est comment remettre en fonctionnement la production d’électricité« , plaide l’ingénieur qui estime qu’il faut remettre en activité pas au plus vite les centrales nucléaires.

« Normalement, les centrales nucléaires sont toutes en fonctionnement au 1er janvier. Mais on a fait de l’anti-nucléaire systématique et, à chaque fois qu’on a pris de telles précautions inutiles, on a mis en danger notre électricité« , estime Loïc Le Floch-Prigent.

Pour lui, « c’est stupide », d’arrêter en même temps toutes les centrales nucléaires confrontées à des problèmes de corrosion.

Un prix français de l’électricité indexé sur le tarif du gaz allemand

Pour pallier ces pénuries, la France a acheté de nombreuses quantités d’énergie « à un prix très élevé« , déplore Loïc Le Floch-Prigent. « Pourquoi est-ce qu’un produit, que l’on fait à 50 euros, se retrouve dans l’industrie à 600 euros? On a tarifé l’électricité », tacle l’ingénieur.

Et pour se débarrasser de cette électricité trop chère, il plaide pour la sortie du marché européen, comme le Portugal et l’Espagne: « On enlève le marché de l’électricité, les Portugais et les Espagnols sont à 115 euros le mégawattheure, je suis à 600 avec mes entreprises« . « Ce marché de l’électricité est une stupidité, il est artificiel et impossible à tenir, car tout ce qui est artificiel est destiné à tomber », conclu Loïc Le Floch-Prigent.

Le prix de l’électricité à l’intérieur du marché européen commun est fixé par le coût de production de la dernière centrale utilisée pour satisfaire une demande. En général, les sources de production les moins chères, nucléaire et renouvelable, sont utilisées en premier, avant le charbon et le gaz, très cher en ce moment. Ainsi, le prix de l’électricité en France est souvent déterminé par une centrale à gaz, souvent située en Allemagne.

Dites-nous « comment la France va-t-elle s’en sortir, M. Loïk Le Floch-Prigent Lien YT

Le risque de coupure du courant est inacceptable pour 7 Français sur 10 dans un pays comme la France

En soufflant le chaud et le froid, Macron joue-t-il avec les Français par mépris ?

Dix ans de pouvoir et voilà
où Macron a conduit la France,
7e puissance mondiale

Alors que le gouvernement soumet le pays avec la peur d’éventuelles coupures de courant cet hiver, plus de 7 Français sur 10, entre angoisse et sérenité,  trouvent la situation inacceptable pour un pays comme le nôtre, selon un sondage de l’institut CSA pour CNews diffusé ce jeudi 8 décembre.

En raison de la crise énergétique qui frappe la France, le gouvernement prépare la population à des délestages, à toutes fins utiles, quitte à claironner, a posteriori, son auto-satisfaction. Une situation qui mécontente une majorité de Français, selon un sondage de l’Institut CSA pour CNEWS dévoilé ce jeudi.

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Ainsi, 73 % des sondés trouvent «inacceptable» le risque de coupure de courant pour un pays comme la France.

Un automne sous tension, promesse d’un hiver glacial, loin du réchauffement climatique. En raison de la politique énergétique menée par Hollande et Macron qui frappe les pays de l’UE alignés sur les USA de Biden, déterminé à solder les comptes américains de la Guerre Froide sur le territoire ukrainien, le gouvernement prépare la population à des délestages, non pas du fait du froid, mais du sabotage du nucléaire par Macron et Borne. Une politique de zigzags et de cacophonie, à la fois domestiques et internationales, qui mécontente déjà une majorité de Français, avant même les manifestations de la pénurie, selon ce sondage CSA.

Les électeurs mécontents, de droite comme de gauche

La proximité politique des Français interrogés montre que les sympathisants de la droite sont les plus intransigeants avec le gouvernement. En effet, 85 % d’entre eux jugent la situation «inacceptable», un taux qui monte à 96 % pour les partisans de Reconquête.

A gauche, le risque de coupures de courant scandalise moins. Ainsi, 31 % des sondés appartenant à cette famille politique pensent que ces coupures sont «acceptables». Les proches de la France insoumise font exception : 85 % d’entre eux sont vent debout contre une telle décision.

Du côté des électeurs du parti présidentiel Renaissance, la situation divise. Ici, 52 % la jugent «inacceptable», et 46 % «acceptable», alors que les premiers pics de consommation sont attendus dans les prochains jours.

Enfin, on remarque que les 18-24 ans sont les plus nombreux (81%) à juger un tel risque de coupure «inacceptable», un chiffre qui baisse à 69 % chez les 65 ans et plus.

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Du côté des catégories socio-professionnelles, ce sont les CSP- qui sont les plus intransigeants avec le gouvernement.

Propos scandaleux sur les patients sous respirateur artificiel

La gestion des délestages par le gouvernement, et en particulier la désignation des secteurs et des publics protégés, suscite de nombreuses réactions. Les propos de Laurent Méric, porte-parole d’Enedis, qui a annoncé que les patients sous respirateur artificiel ne seraient pas épargnés par les coupures, a ainsi provoqué une vive polémique.

«Nous sommes un grand pays, nous avons un grand modèle énergétique [jusqu’à son intrusion], nous allons tenir cet hiver malgré la guerre. Et je demande à chacun de faire son travail… Les scénarios de la peur, pas pour moi !», a tenu à assurer Macron depuis Tirana (Albanie), mardi.

Pour mémoire, en cas de tension du système électrique cet hiver, notamment en janvier, la «météo de l’électricité» EcoWatt gérée par RTE émettra trois jours en avance un signal rouge pour alerter sur le risque de coupures ciblées et temporaires, pour que chacun mette en œuvre des mesures permettant de les éviter.

Risque de délestages: « les patients sous respirateurs  » seront pris en charge », rectifie Borne

La première ministre a critiqué les « propos maladroits » d’Enedis , éclaboussant au passage  ceux qui « agitent de fausses peurs ».

Restez calme !

Alors que le directeur exécutif du Réseau de transport d’électricité (RTE), Thomas Veyrenc, a récemment expliqué qu’il n’y aura pas « de coupures à très court terme », c’est-à-dire, royalement, dans les quinze jours à venir, l’exécutif a fait savoir qu’il a commencé à se préparer à de possibles délestages.

Elisabeth Borne a pris la parole pour tenter de rassurer les personnes à haut risque vital, stressées par les propos irréfléchis du porte-parole deshumanisé d’Enedis, notamment celles placées sous respirateur artificiel, en cas de délestage électrique. « Contrairement à ce que des propos maladroits ont pu laisser penser, nos hôpitaux seront toujours alimentés en électricité et les personnes malades à domicile seront toujours prises en charge », a expliqué l’occupante de Matignon, mardi, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Les hôpitaux sont dotés de groupes électrogènes et ne doivent donc rien à Elisabeth Borne. Restent les patients à domicile qu’Enedis a mis aux cent coups, puisque leur risque vital est engagé, mais qui ne peuvent bénéficier d’aucun régîme de faveur, selon le porte-parole.

Enedis recadré par Macron et Borne 

Le président français, Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse sur la crise énergétique, à Paris, le 5 septembre 2022.

L’exécutif change son fusil d’épaule après avoir angoissé les Français plongés dans la crise de covid. Elisabeth Borne a critiqué les « propos maladroits », pour le moins, de ce porte-parole d’Enedis refusant de faire exception pour les malades à domicile, notamment tributaires d’un respirateur artificiel, qui pourraient subir de plein fouet les éventuelles coupures d’électricité. Elle n’a pas hésité, sur un sujet aussi sensible, à détourner du sujet, épinglant plus largement ceux qui « agitent de fausses peurs », faisant montre d’un tact de polytechnicienne.

La mise au point de Borne met-elle un terme à la cacophonie anxiogène ?  Les « propos maladroits » évoqués par Elisabeth Borne sont ceux tenus lundi soir par Laurent Méric qui n’a pas craint d’affirmer que « les personnes qui sont à haut risque vital ne font pas partie des clients prioritaires définis par les préfectures et sont éventuellement délestables ». 

Ecoutons-le:

Une sortie qui, selon BFMTV, avait valu un premier recadrage de Enedis, dès mardi matin, par la première ministre. « En faisant cette sortie, il a agacé [c’est tout ?] le président et la première ministre », a fait savoir l’entourage anonyme d’E. Borne.

Macron n’agite plus les peurs: ce n’est pas son style !

Crise de l’énergie : jouer la peur, une stratégie de communication risquée
Après ses propos alarmistes sur la “fin de l’abondance” et le “prix de la liberté”, Emmanuel Macron se fait plus rassurant cette semaine, observe ce quotidien suisse, suite à la conférence de presse du chef de l’Etat sur la potentielle crise de l’énergie à venir. Un revirement qui s’explique peut-être par le souvenir de la crise de Covid-19.

Mardi à la mi-journée, Macron, qui ne redoute de rien, avait aussi critiqué « les scénarios de la peur » dénoncés par l’opposition et les réseaux sociaux face aux risques de coupures d’électricité cet hiver, en assurant que la France va « tenir » si chacun fait « son travail »: la balle est dans le camp des consommateurs… Mais, en même temps, il  se montre plus virulent. « Stop à tout ça ! Nous sommes un grand pays, nous avons un grand modèle énergétique, nous allons tenir cet hiver malgré la guerre », a-t-il asséné face à la presse, depuis l’Albanie, où il était en déplacement pour un sommet européen de plus.

Après ses propos alarmistes sur la “fin de l’abondance” et le “prix de la liberté”, Emmanuel Macron se fait plus rassurant cette semaine, observe ce quotidien suisse, en réaction à la conférence de presse du chef de l’Etat sur la potentielle crise de l’énergie à venir. Un revirement qui s’explique peut-être par le souvenir de la crise de Covid-19.

Le chauffage est-il coupé
au Palais Bourbon ?
A croire que Bruno Le Maire gère le budget de l’Etat au sou près

Prenant le contrepied de son gouvernement, le « bad cop », le chef de l’Etat a joué au « good cop ». Il a voulu tenir un discours mobilisateur en demandant à chacun « de faire son travail »: de se mettre sur le pied de guerre. « Celui d’EDF, c’est de faire tourner les centrales, le travail du gouvernement, c’est qu’il y ait une planification [allo, Bayrou, es-tu là ? »], le travail de tout le monde, c’est qu’on déroule la sobriété. On reste tous unis et on avance », a-t-il lancé. Il avait déjà expliqué récemment que les coupures pourraient être évitées si les Français continuaient à baisser leur consommation électrique: il fallait enfiler les pulls à col roulé, sur le modèle de Borne, ou griller le pain d’un seul côté. Un tango élyséen déroutant.

E. Borne, seule, fait du zèle

En France, on a tellement intégré le risque de pénurie d’énergie, en plus de la pénurie de carburants, après la pénurie de masques, gel et respirateurs, et de médicaments, toujours actuellement (paracétamol ou amoxicilline) que l’on risque d’être déçu de ne pas avoir froid cet hiver. François Heisbourg, conseiller à la Fondation pour la recherche stratégique, le principal centre d’expertise français sur les questions de sécurité internationale, nous disait il y a quelques jours qu’en tenant son discours alarmiste sur “la fin de l’abondance”, Emmanuel Macron s’est “habilement” mis en situation de pouvoir dire à la fin de l’année : “On a bien géré l’affaire et c’est grâce à vos efforts, mes chers compatriotes, que nous avons réussi à surmonter la situation.” Ce faisant, le président s’est cependant peut-être aussi mis en situation qu’on lui dise : Après avoir crié au loup sur le Covid, vous nous avez fait peur sans raison sur le chauffage et l’électricité.”

Le col roulé,
ce n’est pas pour Macron
et le palais de l’Elysée
(28 nov. 2022)

« Pas de panique », raille Macron, suite à l’annonce de coupures d’électricité

Macron a-t-il toutes les excuses qu’il se donne ?

Depuis la République Tchèque,
où il était en déplacement, Macron avait déjà appelé ses concitoyens
au « calme » et au bon sens
en assurant que le gouvernement est « mobilisé ».

Le président Macron a évoqué la crise énergétique, mais aussi économique de la France. Sur TF1, il a dégagé sa responsabilité de la casse du nucléaire français en appelant la population à un effort collectif. Si elle n’est pas économe, elle n’aura à s’en prendre qu’à elle-même.

« Je sais que les jours sont durs, que le coût de la vie pèse sur votre quotidien », a déclaré Macron dans un entretien accordé à TF1 et diffusé au journal télévisé de 13 heures du samedi 3 décembre. De retour de Washington, le chef de l’Etat a prédit un « ralentissement » de l’économie mondiale en 2023 et une possible « reprise » en 2024.

Interrogé sur les possibles coupures d’électricité en France cet hiver, il s’est montré méprisant de ses concitoyens inquiets en affirmant qu’il faut raison garder et qu’il s’agit d’un scénario « extrême ». De même que le pouvoir d’achat des Français chuterait, selon lui, pour des raisons purement conjoncturelles, les coupures de courant seraient la faute de la population…

« Pas de panique, ça ne sert à rien », a-t-il dit, supérieur et serein, sur TF1. « Si tous ensemble nous tenons le plan de sobriété qui a été présenté par le gouvernement […] alors, oui, nous pourrons passer même avec un mois de décembre et un mois de janvier froid cette période, ça dépend de nous », a-t-il insisté.

Comme toujours, la France est « parmi ceux qui s’en sortent le mieux »

Macron a admis que l’année 2023 sera « un moment un peu difficile de notre histoire » à cause du « ralentissement de l’économie mondiale », mais a espéré une « reprise qui devrait [indéniablement ?] arriver en 2024 ».

Une fois de plus, il est tributaire des autres, mais se fait reluire.  Néanmoins, la France figure « parmi ceux qui s’en sortent le mieux », a estimé le président de la sixième puissance mondiale, depuis décembre 2021, et septième depuis cette fin 2022. La France était encore 5e en 2014, mais son déclassement s’est accéleré depuis…, avec les socialistes qu’il a servis à l’Elysée, puis au gouvernement de François Hollande. « On va continuer de tenir, on va absorber ce choc, et il faut maintenant [comme si c’était gagné] relancer les choses, par les réformes – sur le travail, l’éducation, la santé, les retraites – pour être plus forts », a-t-il ajouté.

Car « l’année 2023, indéniablement, sera marquée par un ralentissement de l’économie mondiale, on le voit déjà poindre, plusieurs de nos voisins entrent déjà en récession », a averti Macron : quand je me regarde, je m’admire, quand je me compare je me gondole. Celui qui l’anticipe, ainsi n’a pas fait autant cas de la crise économique et financière internationale de 2007… « Il nous faut continuer le travail et nous préparer à une reprise qui, je pense, devrait arriver [indéniablement ?] dans l’année 2024 », a estimé le chef de l’Etat. « Nous avons tout pour sortir plus forts, plus grands de ce moment un peu difficile de notre histoire, et nous avons peut-être plus que beaucoup de nos voisins, donc nous allons y arriver », a-t-il laborieusement développé. Ca stratégie, c’est la méthode Coué.