Les trafiquants de drogue bénéficieront du statut de repenti

Eric Dupond-Moretti n’en prévoit pas pour ses consommateurs

Un plan choc pour collabos : stupéfiant !

Un nouveau Parquet, le « PNACO » (parquet national spécialisé dans la criminalité organisée), « viendra renforcer notre arsenal judiciaire pour mieux lutter contre la délinquance du haut du spectre », explique le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti.

L’ancien procureur national antiterroriste Jean-François Ricard, nommé il y a quelques jours conseiller spécial du ministre, sera chargé d’une concertation en vue de définir les contours de cette réforme, dont les détails seront présentés en octobre, précise Dupond-Moretti.

« Un véritable statut de repenti », comme en Italie pour lutter contre la mafia

Autre projet annoncé par le ministre : la création d’un « véritable statut du repenti », inspiré du modèle en vigueur en Italie depuis les années 80 pour lutter contre la mafia. Quand le ministre travaille, il transpose les législations voisines… En France, « une législation en la matière existe déjà mais elle est beaucoup trop restrictive et donc peu efficace », estime Dupond-Moretti, qui fait du neuf avec de l’ancien. Lien PaSiDupes

La macronie compte officiellement sur les balances. A l’avenir, un juge pourra octroyer un statut spécial à un repenti ayant « collaboré avec la justice » et « fait des déclarations sincères, complètes et déterminantes pour démanteler des réseaux criminels » : la peine encourue par l’intéressé sera réduite et il lui sera proposé, pour sa protection, « un changement d’état-civil officiel et définitif », un dispositif « totalement nouveau », selon le ministre.

Le garde des Sceaux propose par ailleurs que les Cours d’assises spéciales, composées uniquement de magistrats professionnels, se voient confier non seulement les trafics de stupéfiants en bande organisée, comme c’est déjà le cas aujourd’hui, mais aussi à l’avenir les règlements de comptes entre trafiquants. Cela permettra d’éviter les pressions et les menaces sur les jurés citoyens qui doivent juger ces assassinats, pense-t-il.

Enfin, le ministre entend créer dans le code pénal un crime d’« association de malfaiteurs en bande organisée », passible de 20 ans de réclusion. Aujourd’hui, ceux qui importent « de la cocaïne de Colombie » risquent moitié moins, pour « association de malfaiteurs », fait-il valoir.

Sachant que les peines planchers sont supprimées depuis le 1er octobre 2014, les magistrats continueront à personnaliser la peine  prévue par le Code pénal… Volonté destructrice de la ministre de la Justice Christiane Taubira. Les trafiquants tremblent…

EDP, c’est bien le « bordel » annoncé :

Main tranchée à Albi : non, ce n’est pas une décision de la justice de Dupond-Moretti

En état de droit, quatre suspects en détention provisoire, dont deux mineurs

Il est, de fait, strictement interdit dans l’islam, de couper la main du voleur.

Quatre suspects âgés de 16 à 20 ans sont actuellement en détention provisoire suite à l’agression d’un couple à Albi le 5 avril dernier. Lors d’une transaction de stupéfiants qui a mal tourné, l’acheteur s’était fait trancher la main. L’arme du crime, une machette, selon les premiers éléments de l’enquête, n’a pas été retrouvée.

Les quatre suspects ont été mis en examen pour « tentative d’extorsion avec violence ayant entraîné une mutilation » suite à l’agression du couple à Albi, le 5 avril dernier. Une des deux victimes, un homme âgé de 33 ans, s’était fait trancher la main. C’est sa compagne qui a alerté les secours.

Les quatre individus mis en cause, dont deux frères, sont âgés de 16 à 20 ans. Identifiés notamment grâce aux caméras de vidéosurveillance de la ville Horizons, 50.000 habitants, trois d’entre eux avaient été interpellés dans l’Aveyron, puis présentés le 8 avril dernier devant la juge d’instruction du tribunal judiciaire d’Albi, Blandine Arrial. Le quatrième suspect, qui était lui aussi identifié et activement recherché, s’est finalement rendu aux forces de l’ordre le même jour et a été mis en examen à son tour. Il est le plus âgé de la bande et le seul à avoir déjà été condamné par la justice. Les autres mis en cause ont un casier judiciaire vierge mais le juge des libertés et de la détention a ordonné leur placement en détention provisoire, y compris pour les deux mineurs.

Greffe de la main

L’agression avait eu lieu rue de Rayssac à Albi, peu avant minuit. La victime a été amenée en urgence par les secours au CHU de Purpan à Toulouse, avec son membre sectionné, pour y subir une greffe. L’opération s’est bien déroulée, indique le Parquet d’Albi, mais il reste sous étroite surveillance au vu des risques de rejet de greffe et d’infection. Son état doit être réévalué par le médecin légiste, qui fixera le nombre de jours d’ITT au sens pénal.

Lors de leurs auditions, la victime, qui habite dans le quartier de Veyrières à Albi, et sa compagne ont reconnu qu’ils ont participé à une transaction de stupéfiants qui a mal tourné. Ils auraient alors été agressés à l’arme blanche par les suspects. Outre la main sectionnée, l’homme a souffert de plusieurs plaies. Sa compagne n’a pas été violentée physiquement, mais elle a été profondément choquée.

Quelques heures après l’agression, dans la matinée du 6 avril, des enquêteurs du commissariat d’Albi sont venus faire les premières constatations et interroger le voisinage. Les poubelles du quartier ont été fouillées, ainsi qu’une partie de l’ancienne voie ferrée Albi-Saint-Juéry, qui longe la rue de Rayssac, mais l’arme du crime n’a pas été retrouvée à ce stade. Au vu des premiers éléments de l’enquête, notamment des auditions, il s’agirait d’une machette.

La tentative d’extorsion avec violence ayant entraîné une mutilation est punie par le Code pénal d’une peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle et de 150.000 euros d’amende. A l’issue de l’instruction, si les suspects font l’objet d’une ordonnance de mise en accusation, ils pourront être jugés par la C,our criminelle départementale du Tarn et la Cour d’assises des mineurs.

La maire d’Avallon, Jamilah Habsaoui, a été incarcérée

Que savait Jamilah Habsaoui, la maire d’Avallon (Yonne) mise en examen dans l’enquête pour « trafic de stupéfiants » et placée en détention provisoire, après la découverte de 70 kg de cannabis et près d’un kilo de cocaïne « principalement » à son domicile, a annoncé mercredi le Parquet d’Auxerre.

Aux côtés de Jamilah Habsaoui, maire divers gauche, cinq autres personnes ont également été mises en examen dans le cadre de la même information judiciaire, a indiqué dans un communiqué le procureur de la République à Auxerre, Hugues de Phily.

Il n’a pas précisé si, parmi ces mis en cause, figurent deux des frères de la maire qui avaient été placés en garde à vue. Parmi ces six personnes, dont la maire, cinq ont été incarcérées, et la sixième placée sous contrôle judiciaire.

Un des frères de la maire reconnaît les faits

« Les faits sont reconnus par mon client. Il a été mis en examen pour trafic de stupéfiants. Il dédouane complètement sa sœur. C’est un dossier qui n’a rien d’extraordinaire. Il n’y a pas forcément de connexion entre les six mis en cause », a déclaré Me Cesar Lauwerie, qui représente un des frères de Jamilah Habsaoui.

L’enquête préliminaire, lancée en octobre 2023 du chef de trafic de stupéfiants, a permis de « mettre en cause deux frères de Jamilah Habsaoui comme pouvant se livrer à l’achat et la revente de manière habituelle de produits stupéfiants à partir du domicile de leur sœur », a indiqué le procureur.

Des perquisitions, réalisées dans le cadre d’une opération place nette aux domiciles des mis en cause, ainsi que dans la pharmacie où travaille Jamilah Habsaoui et à la mairie d’Avallon, ont permis la saisie de 70 kg de résine de cannabis et 983 grammes de cocaïne, « principalement » au domicile de la maire, ainsi que 7.143 euros en espèces et deux lingots d’or – et non pas 20 comme d’abord évoqué, car l’essentiel était des faux.

Un adolescent mortellement blessé à coups de couteau à Romans-sur-Isère

«C’est un fait de société, ce n’est pas un fait divers», réagit la maire Marie-Hélène Thoraval

Quartier de la Monnaie
à Romans-sur-Isère, Drôme.
(la « moula » désigne le cannabis ou l’argent,
en argot du rap)

Un adolescent de 15 ans a été mortellement blessé au dos à l’arme blanche ce mardi 10 avril au soir. L’agression a eu lieu sur la voie publique de Romans-sur-Isère, dans le département de la Drôme, a-t-on appris de sources concordantes ce mercredi 10 avril.

Une tentative de réanimation a été réalisée sur place, puis l’adolescent a été transporté à l’hôpital où il est mort. Les faits se sont déroulés dans le quartier défavorablement connu de la Monnaie aux alentours de 21h et les motivations de cette exécution ne sont pas connues. A ce stade, aucune interpellation n’a été effectuée.

La région avait déjà été secouée par le décès de Thomas, un lycéen de 16 ans, mortellement poignardé en novembre dernier à la fin d’un bal de village à Crépol, dans la Drôme. L’enquête sur ce tragique incident n’a pas abouti à l’identification de l’auteur du coup de couteau.

Pas connu de la justice

La victime, dont le prénom est occulté, n’était pas connue des services de police, une information confirmée par Marie-Hélène Thoraval, maire DVD de Romans-sur-Isère, qui ajoute que l’adolescent n’est pas non plus connu « des services de sécurité ou de prévention » de la ville.

« Je suis très peinée, j’ai essayé d’appeler le papa hier soir. J’imagine la douleur qui est la leur. On est nous-mêmes, en tant que responsables, affectés quand il y a la mort d’un jeune et révoltés par cette déferlante de violence dans plusieurs villes de France », ajoute-t-elle.

La police judiciaire s’est saisie de l’enquête.

Qualité des eaux en bouteille : la responsabilité du gouvernement est-elle engagée ?

« Ce scandale démontre une opacité et questionne la responsabilité du gouvernement »

Eaux du groupe Nestlé

Une grande partie des eaux en bouteille vendues, notamment par le groupe Nestlé et le groupe Sources Alma, doit subir des processus de purification pour être consommable, selon une première enquête du 30 janvier. Une purification interdite par le code de santé publique pour les eaux en bouteille dites “minérale” ou “de source”. Les différentes enquêtes présentent une contamination importante des eaux et une note de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) rapporte la présence de pesticides en décomposition (ou métabolites), de différentes bactéries ainsi que de per- et polyfluoroalkylées (PFAS). Ces derniers, aussi appelés PFAS, sont des substances chimiques, dont certaines sont jugées cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer. Les PFAS sont principalement utilisés dans l’industrie, notamment pour le revêtement des poêles. Les PFAS sont aussi appelés “polluants éternels” du fait de leur persistance dans la nature et le corps humain.

“Quand on manque de transparence, c’est encore pire que tout. On peut aller vers une catastrophe industrielle à cause de ce manque de transparence”, tranche le sénateur socialiste, Hervé Gillé, qui qualifie de “scandale” les révélations du journal Le Monde et de Radio France.

Cette retenue est difficilement compréhensible”

Au-delà de la contamination d’un certain nombre de sites de production d’eaux en bouteilles, les enquêtes mettent en lumière la défaillance des pouvoirs publics, un point qui suscite le mécontentement des sénateurs. Le Monde et Radio France rapportent en effet que l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) a réalisé une première enquête en 2021 dont les conclusions n’ont pas été rendues publiques. La note de l’Anses faisant état de la qualité insatisfaisante de l’eau, datée d’octobre 2023, est également restée confidentielle. “Cette retenue est difficilement compréhensible”, souligne Hervé Gillé qui ne comprend pas pourquoi les résultats de l’enquête de l’Anses n’ont pas été publiés. Guillaume Gontard,  le président du groupe écologiste au Sénat, n’hésite pas à essentialiser cette rétention d’information. Il y a un “problème général sur la question des contaminations, l’ensemble des eaux de notre territoire commence à être contaminé, impropre à la consommation,” distille le sénateur.

Socialistes et écologistes espèrent d’ailleurs mobiliser les pouvoirs de contrôle du Sénat pour identifier les éventuels dysfonctionnements des pouvoirs publics. Le groupe socialiste souhaite notamment créer une commission d’enquête sur le sujet. Si le groupe a déjà utilisé son droit de tirage annuel au Sénat, les députés socialistes pourraient utiliser leur droit de tirage à l’Assemblée. “On a fait la demande à la commission des affaires économiques pour qu’il y ait une mission flash sur la question”, rapporte Guillaume Gontard

Le groupe écilogiste a également utilisé son droit de tirage pour une commission d’enquête sur Total Energies. Pour la sénatrice Florence Lassarade (LR), il n’apparaît pas utile de multiplier les commissions d’enquête, en particulier sur ce qu’elle considère être une “erreur de communication”. “Si une commission d’enquête devait être créée, il faudrait peut-être s’orienter vers un sujet plus large, sur l’ensemble des contaminations de l’eau ou des aliments”, affirme Florence Lassarade.

Le gouvernement au coeur des critiques

Face à cette situation, les sénateurs de gauche mettent en cause la responsabilité du gouvernement. Si Bruno Le Maire a indiqué, en réponse à une question d’Hervé Gillé, dit qu’il partage “la gravité des faits”, ce dernier affirmait également qu’il s’en remet à l’enquête judiciaire en cours. Une réponse insatisfaisante pour le sénateur socialiste qui fustige le manque de transparence de la part de l’exécutif. “Ce scandale, qui est en train de se consolider, démontre une opacité et questionne la responsabilité du gouvernement”, insiste Hervé Gillé.

“On a un gouvernement qui reconnaît la gravité des faits, mais n’agit pas, c’est tout le problème du “en même temps”. A partir du moment où les résultats nous donnent une eau impropre à la consommation, on doit retirer ces produits du commerce,” tranche Guillaume Gontard. Une évidence aussi pour Florence Lassarade qui estime “qu’il aurait fallu rappeler immédiatement les produits concernés pour des raisons sanitaires”, mais également pour “rassurer les consommateurs”.

Une proposition de loi sur l’interdiction des PFAS bientôt au Sénat ?

Peu après les révélations du Monde et de Radio France, l’Assemblée nationale examinait ce jeudi, dans le cadre de la niche parlementaire du groupe écologiste, une proposition de loi sur l’interdiction des PFAS. Le texte proposait, entre autres, d’interdire les PFAS dans les ustensiles de cuisine, notamment les revêtements de poêle d’ici 2026. Si le texte a été adopté, le gouvernement a amendé le texte pour exclure les ustensiles de cuisine de son champ d’application, après une manifestation des salariés de la marque Tefal (groupe SEB) devant l’Assemblée nationale. Le gouvernement craint en effet de faire peser des contraintes trop importantes sur les industriels. Dans ce contexte, le gouvernement a également présenté un plan d’action de réduction des PFAS, ce jeudi 4 avril. Ce plan succède “à un plan de diagnostic” et doit permettre d’améliorer les “méthodologies de mesure”.

S’ils ne remettent pas en cause la dangerosité des PFAS, le gouvernement et les parlementaires LR refusent une interdiction qu’ils jugent dangereuse pour les secteurs économiques concernés. “Les industriels peuvent évoluer, interdire est peut-être excessif, plutôt que de multiplier les lois, je suis plutôt favorable au développement d’une information de qualité pour généraliser l’information sur les risques sanitaires que font courir ces produits”, assure Florence Lassarade.

Un renoncement, selon Guillaume Gontard qui estime que c’est le moment de faire preuve d’anticipation. Le groupe écologiste avait déjà déposé un amendement proposant l’interdiction des PFAS en 2021 lors de l’examen de la loi contre le dérèglement climatique. “Tout le monde s’aperçoit qu’il y a une problématique sanitaire, donc on réfléchit à inscrire le texte dans notre niche parlementaire au Sénat”, affirme Guillaume Gontard.

La cocaïne sud-américaine et la violence des cartels déferlent sur l’Europe

Devant le Sénat en mars 2024, Le Maire défend son projet de gel administratif des avoirs des narcotrafiquants

Le « quoi qu’il en coûte »
est-il une stratégie lucide ?

« Un c’est 70, deux c’est 120. » Le livreur présente quelques boulettes à la jeune femme qui l’a rejoint au bas de son immeuble du très chic VIe arrondissement de Paris. Sous le plastique, de la cocaïne venue tout droit d’Amérique du Sud, rapporte Le Point du 16/01/2023. Ce soir, la cliente se contentera d’un seul gramme. Sitôt empochés les 70 euros, Hassan (prénom modifié) enfourche son scooter et file vers sa prochaine livraison.

« C’est comme tous les livreurs à domicile, ceux qui +speedent+ avec des courses ou des sushis », s’amuse le jeune dealer, « je reçois des commandes et je tourne dans Paris ».

La « coke » coule à flots. Dans la capitale française, comme dans la plupart des grandes villes européennes.

Quelques dizaines de minutes suffisent pour en passer commande sur une messagerie cryptée type WhatsApp ou Signal et la faire porter chez soi comme une pizza. En matière de stupéfiants aussi, « l’ubérisation » a révolutionné le marché. « Les consommateurs préfèrent passer par une plateforme (de messagerie) et se faire livrer en bas de chez eux par un mec qui ressemble à un Deliveroo », décrit la commissaire Virginie Lahaye, cheffe des « stups » parisiens. « C’est beaucoup plus facile que d’aller dans un coin un peu sordide en banlieue. »

En 2021, quelque 3,5 millions d’Européens ont goûté au moins une fois à la cocaïne, selon l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT), créé en 1993. Un niveau « historique », quatre fois supérieur à celui mesuré il y a vingt ans.

La demande de poudre blanche suit la même progression que l’offre. Vertigineuse.

La demande de poudre blanche suit la même progression,  vertigineuse, que l’offre.

Le volume des saisies sur le Vieux Continent, seul baromètre officiel en la matière, a battu un nouveau record en 2021 avec 240 tonnes, selon l’Office de police européen (Europol), contre 213 tonnes en 2020 et 49 dix ans plus tôt.

2022 s’annonce encore meilleure: 162 tonnes ont été saisies l’an dernier dans les seuls ports d’Anvers (Belgique) et Rotterdam (Pays-Bas), selon les douanes des deux pays.

« Un tsunami », résume le patron de la police judiciaire fédérale belge, Eric Snoeck.

Depuis que les barons de la drogue ont fait de l’Europe une priorité au début des années 2000, les dizaines de milliards de dollars de profits générés par ce marché [font briller les yeux de Macron et] y nourrissent une corruption à grande échelle et une criminalité hyper-violente inspirée de celle qui sévit en Amérique du Sud. [Les règlements de comptes de Marseille, ou de Grenoble, par exemple, donnent des idées à l’Elysée et à Bercy.]

« Les enjeux financiers sont tels que les organisations criminelles ont importé sur notre sol les méthodes des cartels: règlements de comptes, enlèvements, tortures », décrit la cheffe de l’Office antidrogue français (Ofast, créé en 2019 à… Nanterre), Stéphanie Cherbonnier [dont il est inconvenant d’y voir une pâle copie de l’OEDT, 30 ans plus tard].

Les grands ports d’Europe du Nord sont aujourd’hui gangrenés par les violences de mafias locales qui déstabilisent de vieilles [mais faibles] démocraties [progressistes !] comme la Belgique ou les Pays-Bas.

Jets de grenades ou fusillades de rues à Anvers, assassinats à Amsterdam, projets de rapts de personnalités politiques dans les deux pays cet automne, les trafiquants menacent l’ordre public et ébranlent toute la société.

Au point que la Belgique pourrait bientôt être « qualifiée de narco-Etat », avertissait en septembre le procureur général de Bruxelles, Johan Delmulle.

Incontournable coca

Le périple de la cocaïne débute à des milliers de kilomètres de là. Sur les pentes des hauts-plateaux de Colombie, du Pérou et de Bolivie, poussent les feuilles dont est extraite la drogue popularisée au XIXe siècle par Sigmund Freud et une poignée de chimistes européens pour ses vertus médicinales.

Dans la région du Catatumbo (nord-est de la Colombie), la coca a pris depuis belle lurette la place des cultures vivrières. C’est grâce à elle que José del Carmen Abril nourrit sa famille de huit enfants. « La coca (…) a remplacé le gouvernement qui n’est jamais venu par ici », commente, chapeau de paille sur la tête, ce père de famille de 53 ans. « Avec elle, nous avons pu construire des écoles, des centres de santé, des routes et des habitations. » [D’où l’intérêt subi de Le Maire et de Macron pour les revenus de la drogue.]

Dans un pays où le salaire quotidien minimum ne dépasse pas 7 dollars, un planteur de coca peut en gagner cinq fois plus.

Plus de 200.000 familles colombiennes récoltaient de la coca en 2018, selon l’ONU. Les milliards de dollars dépensés depuis des décennies par Bogota et son principal soutien Washington dans leur « guerre contre la drogue » n’y ont rien changé: la production n’en finit pas de croître.

Elle a même battu un record historique en 2021: 1.400 tonnes de poudre produites contre 1.228 tonnes l’année précédente, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et la criminalité (ONUDC) [Les offices et observatoires de la drogue ne manquent pas]. Une hausse de 14 %.

Les experts estiment à plus de 2.000 tonnes le volume total de cocaïne proposé sur le marché mondial en 2021.

Producteur de coca, José del Carmen Abril y a pris sa part. Mais il refuse d’être taxé de « narco ». Les paysans comme lui [et nos producteurs de fuits et légumes] sont « des paysans qui récoltent (…) et n’ont pas de salaire minimum », se défend-il. Les trafiquants, eux [comme notre grande distribution de laitage ou de poulet], « se font combien de millions avec un kilo de cocaïne ? »

Une fois récoltées, ses feuilles sont confiées à des chimistes qui les mélangent à de l’essence, de la chaux, du ciment et du sulfate d’ammonium pour obtenir une pâte blanche vendue dans le Catatumbo autour de 370 dollars le kilo.

Cette pâte est ensuite enrichie dans d’autres laboratoires d’un cocktail d’acides et de solvants pour devenir la « coke ». Pure, son prix a passé la barre des 1.000 dollars le kilo.

Cartels mexicains

La Colombie fournit à elle seule les deux tiers de la cocaïne mondiale. Mais la chute des cartels de Medellin et Cali au milieu des années 1990 et l’accord de paix signé en 2016 avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont bouleversé le marché.

Simples intermédiaires à la fin du siècle dernier, les Mexicains ont profité de l’atomisation de leurs rivaux colombiens pour arracher le contrôle quasi total du secteur, du financement de la production à la supervision des exportations.

Longtemps, les cartels de Sinaloa ou de Jalisco ont privilégié leur marché « naturel », les Etats-Unis. Ils visent désormais en priorité l’Europe, où la consommation flambe.

Europol y évalue aujourd’hui le marché annuel de la vente au détail de cocaïne entre 7,6 à 10,5 milliards d’euros.

« Le marché US est saturé et la coke se vend en Europe à un prix 50 à 100 % supérieur », décrypte le patron du renseignement douanier français, Florian Colas. « Autres avantages pour les trafiquants, le risque pénal est sans doute moins dissuasif en Europe qu’aux Etats-Unis et les options logistiques sont multiples entre les deux continents. »

Comme 90 % du commerce mondial, l’essentiel de la « blanche » traverse l’Atlantique dans des conteneurs maritimes, dissimulée dans des cargaisons parfaitement légales de bananes, de sucre en poudre ou de conserves.

Le reste circule en avion dans les valises ou les intestins de « mules » qui embarquent à Cayenne, en Guyane française, pour Paris. Quand elle ne se faufile pas au fond des mers à bord de sous-marins ou de submersibles téléguidés, comme ceux saisis en juillet dernier par la police espagnole.

Au début des années 2000, les Mexicains avaient établi leur tête de pont européenne sur la Costa del Sol espagnole, un des noeuds du trafic de cannabis marocain.

L’arrestation quelques années plus tard de plusieurs « barons » et surtout l’explosion du transport maritime les a convaincus de réorienter leur trafic vers les principaux ports à conteneurs du continent, dans le nord de l’Europe.

Embarqués dans le port brésilien de Santos, tenu par la mafia de Sao Paulo, celui de Guayaquil en Equateur, en Colombie, au Panama ou au Pérou, les pains de « neige » cinglent vers Anvers, Rotterdam, Hambourg (en Allemagne) ou Le Havre (en France).

« C’est par là que passe l’essentiel de la drogue destinée à l’Europe », détaille la directrice adjointe des douanes françaises, Corinne Cléostrate. « Certaines cargaisons font étape aux Antilles. D’autres filent vers les Balkans ou transitent en Afrique de l’Ouest, avant de remonter vers l’Europe. »

Mafias européennes

Ces routes sont gérées selon un « business plan » bien rodé.

Les cartels mexicains vendent « leur » produit aux multinationales européennes du crime. Parfois via des courtiers qui répartissent les cargaisons, collectent leur financement et mutualisent les pertes en cas de saisie.

« Ces organisations criminelles peuvent être concurrentes », observe la policière Stéphanie Cherbonnier. « Mais elles créent aussi des alliances car elles doivent unir leurs compétences, leur savoir-faire, pour faire rentrer la drogue. »

« Mocro-maffia » d’origine marocaine aux Pays-Bas et en Belgique, pègre albanaise, serbe ou kosovare et Ndrangheta calabraise se répartissent le marché selon leur localisation et leurs spécialités (logistique, protection, blanchiment…).

Ces groupes pilotent la réception de la drogue dans les ports, confiée à des « petites mains » du cru au nom d’un strict cloisonnement des tâches.

Leurs moyens sont considérables car le trafic de cocaïne offre une rentabilité sans pareil: le kilo acheté 1.000 dollars en Amérique du Sud est vendu 35.000 euros en Europe. Une fois sortie des ports et coupée – jusqu’à 40 % – la marchandise est vendue au client autour de 70 euros le gramme.

Un bénéfice qui autorise toutes les corruptions.

Dockers, agents portuaires ou chauffeurs-routiers, douaniers et policiers parfois, sont achetés pour laisser les « petites mains » récupérer le butin dans les conteneurs.

Au Havre, décrit un policier français, les 2.200 dockers qui règnent en maîtres sur les piles de conteneurs rouges, bleus ou verts entassés sur ses quais, sont devenus les complices préférés et souvent obligés des trafiquants.

Ces dernières années, plusieurs ont été condamnés en France à des années de prison ferme pour avoir « collaboré ».

L’un d’eux a décrit à son avocat l’engrenage qui l’a plongé dans le trafic: « Avant, je récupérais des cartouches de cigarettes ou du parfum pour les revendre. Ça me rapportait 200 à 300 euros par mois. Puis un jour, des mecs nous ont demandé de sortir des sacs. Ils nous ont offert 1.000 euros le sac. Ça a commencé comme ça… »

Certains dockers leur prêtent un badge pour entrer sur le port, d’autres déplacent un conteneur chargé de drogue hors du champ des caméras ou « autorisent » la sortie d’un autre.

A Rotterdam, le plus grand port d’Europe, policiers et douaniers ont surpris des petits soldats du trafic cachés dans des « conteneurs hôtels » avec vivres et couvertures pour attendre l’arrivée d’un chargement de cocaïne.

Le « ticket de sortie » d’une « boîte » – un conteneur – peut se monnayer jusqu’à 100.000 euros au Havre où, confesse un douanier, « on ne contrôle que 1 % des conteneurs parce qu’on n’a pas les moyens de faire plus ».

Exécution

En plus d’acheter complicités ou silences, ces sommes folles nourrissent une violence qui déborde largement dans les rues des villes portuaires. Dans le quartier résidentiel anversois de Deurne, en Belgique, Steven de Winter en a connu au moins trois vagues.

En mai dernier, une maison de son quartier, occupée par une famille connue pour son implication dans le trafic, a été attaquée à l’explosif, alors que des voisins célébraient un mariage dans un jardin tout proche. »Ce n’est plus possible », enrage l’employé de banque de 47 ans, « ça suffit ! »

En cinq ans, le Parquet de la cité flamande dit qu il a recensé « plus de 200 actes de violence liés à la drogue »: menaces, agressions ou jets d’engins explosifs. Le 9 janvier encore, une fillette de 11 ans a été tuée dans sa maison anversoise visée par des tirs. Le bourgmestre Bart De Wever a immédiatement fait le lien avec « une guerre de la drogue ».

Aux Pays-Bas, les groupes criminels sont allés encore plus loin. Le 6 juillet 2021, il est 19h30 quand le célèbre journaliste Peter R. de Vries quitte le studio d’Amsterdam où il a participé à un talk-show télévisé. A l’entrée d’un parking souterrain, le reporter est abattu de plusieurs coups de feu.

Spécialiste des affaires criminelles, il était le confident du principal témoin à charge dans le procès de Ridouan Taghi, un chef présumé de la « Mocro-maffia » arrêté à Dubaï en 2019.

Séquestration de dockers, torture de rivaux, élimination de gêneurs: les trafiquants sont prêts à tout pour défendre leur commerce. Le démantèlement l’an dernier du réseau de messagerie crypté Sky/ECC a ouvert une fenêtre inédite sur leurs méthodes.

« On a découvert une violence complètement inouïe », souffle le policier belge Eric Snoeck. « Il y a très, très peu de retenue par rapport au fait de torturer quelqu’un qui a une bonne information ou tout simplement d’exécuter quelqu’un qui n’a pas respecté un contrat (…) ça fait froid dans le dos. » En 2020, la police néerlandaise avait découvert des conteneurs aménagés en chambre de détention et de torture… [Une information plus dissuasive que les sommes démesurées perçues pour un simple chouffe livrées par la presse française.]

Les mafias de la cocaïne visent de plus en plus haut. Un projet d’enlèvement du ministre belge de la Justice a été déjoué en septembre. Aux Pays-Bas, c’est la princesse héritière Amalia et le premier ministre Mark Rutte qui semblaient visés cet automne.

« Guerre totale »

Pour enrayer la vague qui déferle sur l’Europe, policiers et magistrats ont engagé une « guerre totale ».

En développant renseignement et « ciblage », en musclant la coopération internationale et en renforçant la sécurité des ports, les saisies ont battu des records chaque année. Près de 110 tonnes en 2022 à Anvers, le principal point d’entrée de la « blanche » en Europe, contre 89,5 tonnes en 2021. « Ça signifie que nos méthodes sont plus efficaces mais aussi que les flux augmentent », commente la douanière française Corinne Cléostrate. Jamais confirmé, un « chiffre noir » circule: seuls 10 % du volume de la cocaïne en circulation seraient interceptés.

« Nous avons des terminaux de plus en plus automatisés, cela rend plus difficile la tâche (des trafiquants) », note le chef des douaniers chargés des interceptions à Rotterdam, Ger Scheringa. A Rotterdam, les saisies ont nettement reculé de 72,8 à 46,8 tonnes de 2021 à 2022.

Mais les trafiquants ont déjà ouvert des « itinéraires bis » vers des ports moins surveillés. C’est le cas de Montoir-de-Bretagne [DVC, après 43 ans de gouvernance de la gauche], près de Saint-Nazaire [PS depuis 1945] en France, où près de 600 kilos de « coke » ont été saisis en 2022.

Les polices européennes ont également renforcé la chasse aux têtes du trafic.

Fin novembre, Europol a annoncé le démantèlement d’un « super cartel » qui contrôlait un tiers du trafic de cocaïne vers l’Europe: 49 suspects arrêtés en France, Espagne, Pays-Bas, Belgique et surtout à Dubaï, un de leurs repaires favoris.

En première ligne de cette guerre, les douaniers français de Martinique ne se font pourtant guère d’illusion. Inlassablement, ils surveillent et inspectent les yoles de pêche, voiliers et cargos qui voguent dans les eaux turquoises du canal de Sainte-Lucie, face aux côtes sud-américaines.

« Les trafiquants connaissent nos méthodes (…) on fait au mieux mais il faut savoir reconnaître qu’on ne pourra pas tout attraper », concède le patron des douaniers de l’île, Jean-Charles Métivier. « On a souvent un coup de retard. »

Pendant ce temps à Paris, le commerce bat son plein, avec ses guerres des prix et ses offres commerciales. « Big promo, 50 euros: 1 caro », (un gramme de « coke »), promet un message posté sur la boucle d’une messagerie.

Lorsque, dix-huit mois après, Bruno Le Maire défend son projet de gel administratif des avoirs des narcotrafiquants, il cherche à combler le trou sans fond du déficit public dont, avec Macron, il est responsable. La santé publique n’est pas sa priorité.

Pourvu que l’idée ne germe pas dans un cerveau de mafia d’enlever Brigitte contre rançon…

François Molins tacle Eric Dupond-Moretti pour sa charge contre des magistrats de Marseille

Molins fait part de son « incompréhension majeure » des reproches de Dupond-Moretti

Et il mord…

Les reproches abrupts du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti à des magistrats, lors d’un déplacement à Marseille pour lancer l’opération anti-drogue « XXL », ont encore du mal à passer, comme pour François Molins, ancien procureur général près la Cour de cassation.

Auditionné ce mercredi 27 mars par la Commission d’enquête sénatoriale sur l’impact du narcotrafic en France, François Molins n’a pas manqué d’exprimer son « incompréhension majeure » après ce qu’il a qualifié de « remontée de bretelles » de hauts magistrats par Eric Dupond-Moretti qui a pour habitude d’aboyer à chaque prise de parole. Sa cible priviliégiée, quand il ne mord pas le RN, est la magistrature.

En ouverture de son audition, François Molins s’est donc permis de revenir quelques instants sur le « comportement du garde des Sceaux à Marseille », qui lui semble « aux antipodes de l’office d’un garde des Sceaux qui est censé soutenir la justice, défendre son indépendance ».

L’exprocureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris en a profité pour dire « toute (s)on admiration pour ces magistrats », « engagés au quotidien » et qui lui paraissent « parfaitement irréprochables ».

Une attaque directe contre le ministre de la Justice qui fait donc suite à cette sortie médiatique à Marseille où Éric Dupond-Moretti s’était rendu avec Macron. Mais sur place, des magistrats s’étaient émus d’une « soufflante » passée par le ministre, visiblement mis en fureur contre des propos tenus précédemment devant la commission sénatoriale. « Je crains que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille », avait notamment affirmé la juge d’instruction du pôle criminalité du tribunal Isabelle Couderc au début du mois de mars. Lien PaSiDupes

« Discours de défaitisme » pour Dupond-Moretti

Selon le bilan de ces magistrats dans les colonnes du Figaro, ils étaient même « en état de sidération » après ce vif échange avec le brutal Eric Dupond-Moretti. De quoi obliger François Molins à prendre leur défense ce mercredi en affirmant devant la commission que ces magistrats « vous ont dit la vérité avec une grande lucidité dans le combat qu’ils mènent au quotidien ».

Très remonté contre le comportement du garde des Sceaux, François Molins est allé encore plus loin en lâchant qu’il « n’est pas convenable d’avoir ce type de comportement qui consiste à reprocher à des magistrats d’avoir dit la vérité devant des émanations de la Nation et de la représentation nationale ».

« Les magistrats ne sont pas là pour venir au soutien ou à la justification des discours politiques des uns ou des autres, qu’il s’agisse de la majorité ou de l’opposition », a-t-il ajouté.

Le Conseil supérieur de la magistrature, dont la mission est de protéger et garantir l’indépendance de la justice, va recevoir « prochainement » les chefs de la cour d’Appel d’Aix-en-Provence et ceux du tribunal judiciaire de Marseille pour revenir sur les propos tenus par le ministre.

Après son passage à Marseille, le ministre avait confirmé sur RMC que l’expression d’Isabelle Couderc n’était « pas opportune », avant d’ajouter ne pas aimer les « discours de défaitisme ». Interrogé ce mercredi par les sénateurs sur cet échange avec les magistrats marseillais, Eric Dupond-Moretti s’est défendu en rappelant que « la réunion (…) s’est tenue à huis clos », sous-entendant que les accusations à son encontre ne se fondent que sur des « propos rapportés ».

Il confirme toutefois qu’il a tenu des « propos qu’un garde des Sceaux responsable peut tenir » mais assume le fond de ses propos tenus devant les magistrats. «

A propos du narcotrafic, l’ancien magistrat a également appelé à s’attaquer à sa « dimension patrimoniale ».

Dans le cadre de la Commission d’enquête sur le narcotrafic, les magistrats du tribunal judiciaire de Marseille avaient alerté, le 5 mars dernier, sur « le risque d’un délitement de l’Etat de droit », affirmant que Marseille est « en train de perdre la guerre contre le narcotrafic ».

Interpellé par le sénateur LR, Etienne Blanc, rapporteur de la commission d’enquête, seulement quelques minutes après l’audition, Eric Dupond-Moretti a dénoncé des « propos rapportés », affirmant cependant « assumer totalement » que « lorsque l’on exprime l’idée qu’une guerre était perdue, on la perdait ».

Si François Molins a rappelé que le narcotrafic n’était pas un phénomène récent, il a cependant noté « une différence notable », étant donné que les trafics se sont « considérablement aggravés », appelant « à s’interroger sur l’efficacité et l’efficience des politiques publiques conclues en la matière qui, malgré un lourd investissement en termes financiers et de moyens, n’arrivent pas à endiguer ce phénomène qui ne cesse de se multiplier ».

« Aujourd’hui, il y a du trafic de stupéfiants partout », a-t-il observé, dévoilant dans le même temps sa « surprise » de constater l’extension du trafic dans des zones rurales, avec des remontées de procureurs rapportant que le phénomène constitue « l’un des problèmes numéro 1 ». « Ce qui était circonscrit dans des zones urbaines, touche aujourd’hui des villes de moyenne ou de petite importance », analyse François Molins.

Du fait de cette extension massive, il appelle à fluidifier les liens entre renseignements et justice : « On ne maîtrise pas le renseignement quand on est magistrat », déclare l’ancien procureur, expliquant que les magistrats sont « tributaires de la bonne volonté du service qui appuye sur le bouton ».

Décrivant un « problème culturel », il regrette que « certains services [aient] plutôt tendance à garder le renseignement auprès d’eux et ne pas vouloir le partager avec les magistrats ».

L’ancien procureur a dépeint une « internationalisation du trafic », qui se caractérise par des « têtes à l’étranger », des « instructions données à distance », tout cela sous la bénédiction de « pays non coopératifs ». Une internationalisation notamment facilitée par le « manque de coopération pénale internationale » en la matière, même si certains échanges d’informations bilatéraux fonctionnent plutôt bien, à l’image de la coopération franco-espagnole.

« Internationalisation » d’un côté, « complexification » de l’autre, via la « professionnalisation du marketing des livraisons ». L’ancien procureur général près la Cour de cassation a ainsi décrit un phénomène d’« ubérisation » avec des « centrales d’achat » : « Vous allez commander une pizza comme vous allez commander votre dose de stupéfiants », déplore-t-il, appelant à ce que lesdites opérations places nettes « doivent aller de pair avec des opérations de police judiciaire, parfois peu compatibles avec la logique de chiffres ».

« Nous sommes trop dans une logique de répression des premiers niveaux de revente et de saisie de produits », a-t-il dénoncé, critiquant le focus fait sur la répression des consommateurs, alors même que « seulement 10% des produits sont saisis ». A ce titre, il a alerté sur « une approche de prévention et de réduction des risques beaucoup plus importante il y a 20 ou 30 ans par rapport à aujourd’hui », en dépit d’un « vrai besoin en termes de santé publique ».

La réflexion du pouvoir face au  dérapage du déficit public tourne au concours Lépine

Macron refait le coup du « c’est l’Etat qui paie » de Hollande ?

À la recherche des milliards perdus. L’exécutif travaille depuis plusieurs jours sur les moyens de réparer les dommages du « quoi qu’il en coûte » dont il s’est glorifié  mais qui fait monter en flèche le déficit public de la France dont l’ampleur doit être dévoilé et officialisé par l’Insee mardi 26 mars.

Au congrès du MoDem, François Bayrou fait la leçon au gouvernement sur la dette, l’éducation et les retraites, mais s’accroche néanmoins à l’alliance comme la moule au rocher pour préserver les sièges électifs négociés qui le maintiennent en vie.

Palpable au plus haut sommet de l’Etat, préoccupé par l’envol des taux d’intérêt et du coût de la dette et aussi par sa notation financière, dont la baisse pourrait déclencher la récession économique guettant la France, la chasse aux milliards semble redoubler depuis la semaine dernière et une réunion organisée par Macron à l’Elysée avec les sommités, pourtant discréditées, de son camp. La situation est en effet plus délicate encore que prévu, avec un déficit qui pourrait atteindre 5,6 % du PIB… Loin des prévisions du ravi de Bercy établies à 4,9 %.

Dans ce contexte, le gouvernement s’emploie à défendre sa stratégie irresponsable à effet retard et son bilan désastreux. Typiquement, il tente d’impliquer les oppositions qu’il a muselées et  méprisées à coups de 49.3 et  sollicite d’elles les lumières dont l’arrogant se disait seul éclairé. Quand maintenant il avance à tâtons, il mendie les suggestions et les moyens de « compléter » les mesures budgétaires déjà prises, avec les piètres effets qu’on sait.

Un débat qui tend à se transformer en concours Lépine et met à nouveau en exergue les désaccords fiscaux dans le camp présidentiel.

La droite veut toucher au chômage, la gauche taxer les riches

A droite, Eric Ciotti propose de faire des économies en rationnant le « modèle social trop généreux avec les allocations » et en limitant les droits des personnes sans emploi. « Ce modèle social encourage trop souvent le non-travail. Il faut réduire les critères d’indemnisation du chômage pour reflécher beaucoup de Français vers le travail », a ainsi proposé le président des Républicains, ce dimanche 24 mars sur CNews.

Celui qui décrit le chef de l’Etat comme « l’homme qui valait 1.000 milliards d’euros de dette » plaide également pour « limiter le cumul des allocations sociales » et « mieux lutter contre les dérapages de ce système ». « Il faut réduire nos dépenses publiques, diminuer notre modèle social, et arrêter de le faire financer par le travail », martèle-t-il.

La gauche, reprenant des antiennes de son camp, veut plutôt taxer les riches. L’eurodéputée Aurore Lalucq, porte-parole de la liste PS-Place Publique aux élections européennes et proche de Dominique Méda, a appelé Bruno Le Maire à « sortir de son idéologie », samedi, qui consiste depuis sept ans à « ne pas toucher aux impôts mais à réduire un certain type de dépenses publiques qui concernent toujours les plus faibles ».

Au contraire, selon elle, « il faut aujourd’hui taxer les super profits et les super riches ». « On ne peut pas avoir d’un côté 30 % du PIB donnés aux grandes entreprises sans conditionnalité et de l’autre côté dire que l’on ne va pas augmenter les impôts alors qu’on a un problème d’augmentation de la dette et des déficits », a-t-elle plaidé, à l’unisson des formations de gauche et d’extrême gauche désireuses d’imposer davantage les plus aisés, notamment depuis la crise liée à la pandémie de Covid-19.

La majorité se divise encore

Dans ce contexte, le camp présidentiel se divise façon puzzle. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a évoqué la piste d’une contribution des plus grands pourvoyeurs de dividendes, vendredi 23 mars, dans un entretien avec Le Figaro.

Une idée défendue par plusieurs chapelles de la majorité, du MoDem à l’aile gauche de Renaissance… mais écartée par Bruno Le Maire cinq heures plus tard sur BFMTV : pas question de « dévier de notre ligne économique », a répondu le numéro 2 du gouvernement. En réalité, l’exécutif – qui se fait fort de n’augmenter aucun impôt depuis 2017 – semble pour l’instant vouloir activer principalement le levier de la maîtrise des dépenses publiques pour redresser les comptes.

Dix milliards d’euros de d’économies ont déjà été passées mi-février dans le budget 2024. Mais il faudra compléter « dans toutes les actions utiles de la dépense publique », a indiqué Macron, vendredi, en visant notamment les dépenses sociales ou des collectivités locales.

Mais trop restreindre les dépenses peut avoir un « impact sur le pouvoir d’achat »« la situation des entreprises et l’investissement » et donc à terme la croissance, risquant de plonger le pays dans une « spirale d’austérité », selon les mots de l’économiste Mathieu Plane, directeur adjoint à l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE). Pour l’instant, le concours ne donne pas de gagnant.

Pour une opération « place nette XXL » contre la drogue, Macron se donne en spectacle à Marseille 

Le cuistre tente de se refaire la cerise face à la crise agricole et à la dette publique

Alors que la banqueroute menace la France, Macron était ce mardi 19 mars à Marseille avec ses escortes, Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin, pour lancer ce plan antidrogue d’une ampleur « sans précédent », selon ses mots, et dénommé « Place nette », non sans suffisance.

Au mépris de l’opération XXL du prétentieux Macron, les affaires continuent pendant la visite surprise: les dealers marseillais poursuivent leurs affaires sur Telegram. Sur leurs canaux, où s’échangent tarifs, horaires et propositions de livraison, les trafiquants marseillais ne semblent que très marginalement affectés par l’opération policière d’envergure lancée par les pouvoirs publics, mardi, en présence du m’as-tu-vu.

« Salut tout le monde, nous sommes ouverts. » Vu depuis le réseau Telegram, messagerie instantanée codée, basée à Dubaï et très utile aux dealers, l’opération « Place nette » lancée en grande pompe à Marseille pour le chef de l’Etat, mardi 19 mars, ne semble pas avoir affecté durablement les affaires.

Quelques points de vente du quartier de la Castellane ont dû se résoudre à suspendre leurs activités. « Les amis désolé de la gêne occasionnée la police sont là depuis l’ouverture et je ne c’est [sic] pour combien de temps », s’excusait « Gotham Porche Drive », mardi soir. Mais, pour la plupart, la perturbation n’a duré que quelques heures. Un autre dealer avait également publié dans la soirée de mardi : « Avis à toute la clientèle, nous sommes désolés de la situation embêtante qui a eu lieu aujourd’hui, la police est restée très longtemps », tout en ajoutant : « le coffee vous accueille demain à partir de 10 heures », et « pour les retardataires, nous fermons actuellement à trois heures du matin ».

De « Boubou Moula » à « la Frappe à Mickey », rien que sur l’agglomération marseillaise, on trouve sans peine une vingtaine de canaux de ce type. Certains font la promotion d’un « four » – un point de deal – particulier, beaucoup proposent des services de livraison à domicile. Le canal leur permet également de signaler à leurs clients la présence éventuelle de la police. La plupart ont, dès mercredi 20 mars au matin, affiché leur habituel logo indiquant qu’ils sont ouverts et que les commandes sont disponibles.

« Super promo »

L’offre est telle que les vendeurs tentent de se différencier, en proposant des « super promo » sur les « plaques 100 grammes », « deux morceaux achetés, le troisième offert », ou de petits cadeaux. L’un d’eux promettait ainsi, mardi, pour toute commande « réductions et cadeaux (filtre, grinder [outil pour réduire le cannabis en poudre], cigarette, ticket à gratter ». D’autres misent sur la notoriété que leur confère leur ancienneté : « Nous nous efforçons de ramener la meilleure qualité ainsi que la quantité pour vous satisfaire », vantait le même jour un compte de la Castellane, qui se targue de « la confiance que vous portez a notre enseigne depuis plus de 20 ans ».

Une visite surprise

A Marseille, Macron aura signé des autographes, fait la bise aux petits enfants et palpé les grands sous les caméras. Le chef de l’Etat entend ainsi incarner l’opération de police pour « porter un coup d’arrêt au trafic de drogue, assurer l’ordre républicain, en faisant “place nette”.

Il a mis un pied dans le quartier de la Castellane abandonné aux trafiquants de stupéfiants, après plusieurs opérations policières concernant les deux principaux gangs de Marseille, et annonce sans délai « plus de 82 interpellations » dans le cadre de son opération de  com’.

D’une main, il caresse, de l’autre, il cogne.

Son service de propagande publie des photos de Macron tapant dans un sac de frappe: cf. Le frimeur en boxeur

Il aura signé des autographes, fait la bise aux petits enfants et palpé les grands sous les caméras. Le chef de l’Etat entend ainsi incarner l’opération de police pour « porter un coup d’arrêt au trafic de drogue, assurer l’ordre républicain, en faisant “place nette”. Il a mis un pied dans le quartier de la Castellane abandonné aux trafiquants de stupéfiants, après plusieurs opérations policières concernant les deux principaux gangs de Marseille.

Macron imite Poutine
sur le terrain du virilisme

« On ne cédera rien » face à « ce fléau terrible », a déclaré le chef de l’Etat en début d’après-midi, assurant vouloir « rendre la vie impossible aux consommateurs [non organisés et moins dangereux], (…) aux familles des plus jeunes qui servent de guetteurs ou autres et qui sont aussi des victimes de ces trafics ». « Accompagner, responsabiliser, dans certains cas sanctionner », a énuméré Macron.

« A Marseille et dans d’autres villes de France, c’est une opération sans précédent que nous avons lancée pour porter un coup d’arrêt au trafic de drogue, assurer l’ordre républicain, faire “place nette” », avait écrit Macron sur X à son arrivée mardi matin dans la deuxième ville de France.

L’opération « Place nette XXL » est conduite à Marseille « depuis vingt-quatre heures », selon l’Elysée. « Il y a eu une très grosse opération hier, qui va durer plusieurs semaines partout dans Marseille », a précisé le chef de l’Etat dans la cité de la Castellane, dans ls quartiers nord de la ville, abandonnés de la République, où il a commencé son déplacement. « Le but, c’est d’essayer de détruire les réseaux et les trafiquants et que les quelques-uns qui vous rendent la vie impossible s’en aillent », a-t-il annoncé lors d’un échange avec des habitants.

La première journée d’opération a donné lieu à « plus de 82 interpellations et [à] une soixantaine de gardes à vue », a déclaré Macron, sans présumer des suites données par les juges. Par ailleurs, 140 000 euros ont été saisis, selon une source officielle. Selon une source proche du dossier, 4.000 policiers et gendarmes vont être mobilisés par semaine à Marseille et dans les communes alentour, pour trois semaines au total.

« L’idée, c’est d’avoir une situation qui soit clairement assainie et d’avoir un impact très fort les prochaines semaines », a déclaré, aux côtés du chef de l’Etat, le nouveau préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Edouard Colliex. « Ma feuille de route aujourd’hui, elle est claire : les stups, les stups, encore les stups », avait-il annoncé au début de mars lors de sa prise de fonction.

« Qu’est-ce qu’on fait pour la Palestine, M. Macron ? »

Il a pris du muscle entre les photos 2 et 1

Mais, mardi matin, Macron, accompagné aussi de la secrétaire d’Etat à la ville, Sabrina Agresti-Roubache, a surtout été interpellé sur la guerre en Ukraine, la situation à Gaza ou encore des problématiques de recherche d’emploi, lors d’un bain de foule au cours duquel de nombreux collégiens et lycéens lui ont fait dédicacer leurs carnets de correspondance.

« Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on fait pour la Palestine, M. Macron ? », s’est indigné un habitant, Ahmed Saïd, 35 ans,  l’accusant de « verser de l’eau dans le sable » avec l’action humanitaire de la France dans la bande de Gaza. « On a donné tous les moyens qu’il faut à l’Ukraine pour pouvoir défendre ses droits. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on fait pour la Palestine, Emmanuel Macron ?« , s’est indigné un habitant, Ahmed Saïd, 35 ans.

Peu après, une mère de famille en pleurs a demandé au président de « faire quelque chose pour les Palestiniens » et de ne pas laisser « ces enfants mourir ».

«Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants» : à Marseille, autopsie d’un échec collectif

«Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille», estime la responsable du pôle criminalité organisée du parquet de Marseille. «L’État semble mener une guerre asymétrique contre le narcobanditisme mais se trouve fragilisé face à des bandes organisées très équipées», s’alarme devant les sénateurs le président du tribunal judiciaire de Marseille, Olivier Leurent.

« Calmez vos petits CRS », lui a demandé un jeune, « cela ne sert à rien de nous les envoyer ».

49 morts en 2023, mais 4 dommages collatéraux

La visite de Macron à Marseille survient alors que plusieurs opérations policières ont eu lieu récemment concernant les deux principaux gangs – DZ Mafia et Yoda –, qui se disputent le contrôle du trafic de stupéfiants dans la deuxième ville de France.

Treize jeunes membres présumés de la DZ Mafia ont ainsi été interpellés il y a une semaine à Marseille, Rennes et dans les Alpes-de-Haute-Provence dans le cadre d’une enquête pour tentative de meurtre en Espagne. Dix d’entre eux ont été mis en examen samedi, selon le parquet de Marseille. Ces arrestations sont survenues quelques jours à peine après l’interpellation au Maroc de Félix Bingui, 33 ans, alias « le Chat », le chef présumé du clan Yoda, rival de la DZ Mafia à Marseille.

La guerre de territoire pour le contrôle des points de deal a ensanglanté Marseille comme jamais en 2023, avec 49 personnes tuées, dont quatre victimes collatérales, et 123 blessés.

Pendant que Macron jouait au petit employé de France Travail à Castellane,
le commerce de la mort se poursuivait

Les magistrats marseillais avaient alerté au début de mars au sujet de la puissance du narcotrafic. « Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille », s’était inquiétée Isabelle Fort, responsable du service qui s’occupe de la criminalité organisée au Parquet de Marseille, devant la commission sénatoriale d’enquête sur la lutte contre le trafic de drogues en France.

Isabelle Couderc, vice-présidente du tribunal judiciaire de Marseille

    Debut mars, les membres de la commission d’enquête sénatoriale ont enquêté sur le narcotrafic en France, se penchant sur le cas marseillais, avec un constat aussi amer qu’inquiétant. Du propre aveu des sénateurs, les parlementaires ont fait une «vertigineuse promenade au bord du gouffre», dans une ville gangrenée par un «narcotrafic de plus en plus agressif et performant». un constat vertigineux : celui d’une guerre contre le narcobanditisme que certains magistrats, sous serment et devant des sénateurs, disent «bientôt perdue», face à des trafiquants de drogue toujours plus agressifs et organisés.

    Najat Vallaud-Belkacem appelle à « rationner internet »

    Sanctionner pour réduire la « dépendance aux écrans » ?

    Najat Vallaud-Belkacem est aujourd’hui directrice de l’ONG ONE et présidente de France terre d’asile, mais Najat Vallaud-Belkacem semble souffrir d’un manque de visibilité. En témoigne son entretien accordé au Figaro, ce lundi 18 mars, dans lequel l’ancienne ministre controversée de l’Education nationale évoque le problème des Français avec les écrans. Dans sa tribune, elle déplore que « ce problème, c’est celui de nos rapports aux écrans, et, plus concrètement, à Internet. » Si elle concède qu’elle utilise les réseaux sociaux pour « commenter », ainsi que pour « s’indigner, sourire, s’amuser aussi », elle s’offusque qu’on n’apporte pas « de solution politique ».

    Comment faire quand l’Etat et le législateur contribuent à rendre l’internet incontournable, puisqu’ils autorisent le paiement par contact ou la multiplication des applications institutionnelles (le service des impôts ou celui des contraventions, ainsi que la prise de rendez-vous médicaux ou le suivi de l’assurance maladie…)?

    Najat Vallaud-Belkacem cite tantôt les études qui soulignent « les ravages causés par une surexposition aux écrans », tantôt celles pointant du doigt la toxicité des réseaux sociaux ou encore « les récents travaux du Sénat sur les méfaits de la pornographie en ligne ». Sans oublier les enjeux liés à l’intelligence artificielle. Il faudrait alors, selon la socialiste, « encadrer l’usage ». Et l’ancienne ministre de poser la question : « Avons-nous besoin de tant d’Internet que cela ? », alors que l’Etat et le législateur créent le besoin et la nécessité. Elle propose donc de « rationner Internet » « Si nous savons que nous n’avons que 3 Go à utiliser sur une semaine, nous n’allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes. » Les collaborateurs parlementaires pourront continuer à s’y consacrer…

    « Une approche manichéenne et hors-sol »

    Une proposition qui a fait bondir la secrétaire d’État chargée du Numérique, comme l’a repéré BFMTV. Sur le réseau social X justement, Marina Ferrari s’insurge : « Rationner autoritairement Internet ? Probablement la pire manière d’aborder le débat sur notre rapport aux écrans. » Car selon Najat Vallaud-Belkacem, l’idée de « rationner » les Français à 3 Go par semaine permettrait de passer moins de temps à écrire des « commentaires haineux ou fabriquer des fakes ». Cela favoriserait également la « paix (…) dans les relations familiales ». De quoi faire sortir de ses gonds une nouvelle fois la secrétaire d’État chargée du Numérique : « Traiter les risques mérite tellement mieux qu’une approche manichéenne et hors-sol de l’espace numérique dont les usages sont aussi nombreux que les usagers. »

    Najat Vallaud-Belkacem s’attendait aux critiques, qui qualifient sa proposition de « dictatoriale » ou d’« irréaliste », mais elle serait, selon elle, justement « profondément progressiste ». Pollution, lutte contre le cyberharcèlement, les violences et les discriminations en ligne… Autant d’effets positifs que permettrait ce rationnement. Sans oublier les effets sur « le développement cognitif et pour la santé ». Reste à savoir sur quelle étude elle s’appuie. Une étude de l’Arcep montrait que le volume moyen de données consommées sur les réseaux mobiles par les particuliers avait augmenté de 24 % en 2022 pour atteindre… 14 Go par mois.

    Laurent Marcangeli (Horizons) sur les réseaux sociaux : « Je propose d’instaurer une majorité numérique à 15 ans »

    Narcotrafic à Marseille : le Maroc met la main sur le chef du clan Yoda

    Félix Bingui, le chef d’un des plus puissants gangs de Marseille, le clan Yoda, a été arrêté au Maroc vendredi 8 mars à Casablanca, ce qui ne sera pas sans conséquences pour l’un des deux plus puissants gangs du narcotrafic à Marseille. C’est ce qu’estime Bruno Bartocetti, secrétaire national zone sud du syndicat de police Unité SGP-FO. « C’est un coup très dur qui a été donné à leur encontre », a-t-il expliqué sur franceinfo samedi 9 mars. « [Le clan] avait été déjà affaibli dans le cadre des règlements de comptes. Le frère de Félix Bingui, qui avait été tué en Espagne il y a quelques mois ; là maintenant, c’est lui qui est arrêté, qui va être extradé, détaille-t-il. C’est vrai que ça leur donne un coup très, très fort ».

    Tweet du ministre français de l’Intétieur, dans un français approximatif :

    A « vrai malin », malin et demi

    Félix Bingui est né en 1990 à Alès (Gard). « C’est quelqu’un qui a la tête sur les épaules, extrêmement intelligent, c’est pour ça qu’on l’appelle aussi le Chat, car c’est un vrai malin qui retombe toujours sur ses pattes », a expliqué Rudy Manna, porte-parole du syndicat de police Alliance sur BFMTV , évoquant un homme connu « de tous les délinquants et policiers marseillais ».

    Le clan Yoda a été baptisé ainsi en raison de peintures murales représentant le personnage de la série cinématographique Star Wars. Ces peintures se situent près de certains points de deal de la Cité phocéenne.

    Réfugié au Maroc, où il se cachait depuis plusieurs mois, a été arrêté sur mandat d’arrêt d’un juge d’instruction marseillais des chefs « d’importation de stupéfiants en bande organisée », « transport, détention, acquisition, cession de stupéfiants », « association de malfaiteurs en vue de commettre un crime et un délit puni de 10 ans d’emprisonnement » et « blanchiment et non justification de ressources », a précisé le parquet de Marseille.

    Félix Bingui était visé par une notice rouge Interpol délivrée par la France dans le cadre d’un mandat d’arrêt émis par les autorités françaises à l’été 2023 pour trafic de stupéfiants.

    Yoda contre DZ Mafia

     Guetteurs sur un point de deal, à l’entrée de la cité La Paternelle, à Marseille

    La rivalité des deux gangs a vu le jour en février 2023, dans la cité de la Paternelle, l’une des plus grosses plaques tournantes du trafic de stupéfiants dans le quartier Sainte Marthe à Marseille. Depuis, le clan Yoda s’oppose violemment ces derniers mois à la DZ Mafia, l’autre groupe dominant du narcotrafic marseillais, mené par Abdelatif Laribi, causant la mort de plusieurs dizaines de personnes dans la cité phocéenne, selon les autorités.

    Mais l’arrestation de Félix Bingui, surnommé « le chat », ne devrait pas mettre un terme à cette violente rivalité, selon Bruno Bartocetti. « En revanche, ce qui se passe aussi, c’est qu’il y aura toujours malheureusement ce combat incessant qu’on mène à l’endroit des stupéfiants, répond Bruno Bartocetti, secrétaire national zone sud du syndicat de police Unité SGP-FO. Parce que tant qu’il y aura des consommateurs, on aura des réseaux de stups ».

    En 2023, « 70% » des « narchomicides » ou tentatives d’homicides en bande organisée à Marseille étaient liées à ce contentieux entre DZ Mafia et Yoda, avec un « pic très fort » en août, avait indiqué le procureur de la République de Marseille, le 22 décembre dernier.

    C’est dans le cadre de cette rivalité qu’un autre membre du clan Yoda a été assassiné à Salou en Espagne, en mai 2023. Neuf personnes ont été mises en examen dans ce dossier début janvier.

    En 2023, 49 personnes ont été tuées dans les Bouches-du-Rhône sur fond de trafic de stupéfiants, selon la préfecture de police.

    En février dernier, le Maroc avait déjà livré à la France le Franco-algérien de Marseille Karim Harrat, alias « Le Rent » ou ou « Arafat ». Après plus d’un an de procédure, le fugitif de 34 ans, soupçonné d’être impliqué dans quatre règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants, a été extradé vers la France.

    Il a été conduit au tribunal judiciaire de Paris, dans le cabinet du juge d’instruction Matthieu Bonduelle qui enquête sur l’assassinat de Florent N’Gondo, producteur de rap de 32 ans, domicilié à la Marine bleue, parmi les auteurs présumés du braquage mortel d’une bijouterie de la Rose, abattu au sol au fusil d’assaut en 2011. Ce Marseillais âgé de 30 ans avait succombé, le 2 décembre 2018 vers 2 heures, à vingt-cinq tirs d’armes automatiques, à la sortie d’un bar à chicha du 20e arrondissement de Paris.

    Présent dans la capitale pour l’enregistrement d’un album du rappeur marseillais Elams, qu’il produisait, Florent N’Gondo aurait été sollicité par Karim Harrat, qui allait s’installer à Dubaï, pour gérer « les magasins », un des trois points de vente de drogue implantés dans la cité marseillaise de La Paternelle. Il aurait pu être tué pour ne pas avoir réglé son dû à Karim Harrat, selon une des pistes explorées par l’enquête.

    Un dealer algérien viole la copine d’un client pour s’indemniser d’une dette de stupéfiants

    A Saintes, le dealer algérien menace la compagne d’un client mauvais payeur avec une arme, lui intimant l’ordre de se déshabiller pour prendre des photos d’elle nue. Après des attouchements, il la viole.

    La cour criminelle départementale de Saintes a condamné cet habitant de Cognac, originaire d’Algérie, âgé de 41 ans, à 11 années de réclusion pour le viol de la copine de son client.

    Après deux jours de procès, lundi 4 et mardi 5 mars, le migrant a été reconnu coupable. Ce mardi vers 18 h 30, la Cour criminelle départementale de la Charente-Maritime a rendu son verdict et a condamné Nassim Mendjel à de la réclusion et à une interdiction de territoire français pour le viol commis sous la menace d’une arme et tentative de vol aggravé, le 23 mai 2021 à Jonzac.

    Mahrez Meliani, 44 ans, sera jugé pour complicité de viol et tentative de vol aggravé. Ce jour de mai, au petit matin, les deux individus ont lancé leur expédition punitive depuis Cognac chez le dealer de Jonzac qui avait une ardoise de 7.000 euros. L’endetté se réfugia alors chez sa compagne, qui habitait dans une autre maison, à 500 mètres. Là, ne trouvant pas celui qu’il cherchait, Nassim Mendjel aurait menacé la jeune femme avec une arme pour commettre son crime sexuel.

    Pendant ce temps, son complice était parti se cacher chez un autre voisin… Rapidement interpellé, le principal accusé a reconnu les faits de viol, non sans avoir changé plusieurs fois de version.

    Un adolescent torturé au chalumeau dans une cave à Marseille 

    Jusqu’à 25 ans de réclusion requis

    Cité Félix-Pyat, Marseille 3e

    L’affaire date de 2019. Un adolescent de 16 ans avait vécu un calvaire dans une cave de la cité Félix-Pyat (autrement appelée cité Parc Bellevue ou 143 Félix Pyat), à Marseille 3e. Des faits qui illustrent l’ultra-violence régissant l’univers des réseaux de stupéfiants. Et le procès des quatre hommes accusés d’être ses bourreaux a commencé vendredi 8 septembre 2023 devant la cour d’Assises d’Aix-en-Provence.

    L’adolescent s’était enfui de son foyer de Chartres pour venir à Marseille, attiré par les promesses d’argent facile postées sur Snapchat par des entrepreneurs de la drogue.

    Le jeune homme s’était mis en tête de revendre du shit pour son propre compte à Felix-Pyat, cité située dans l’un des arrondissements dits les plus pauvres de Marseille, en dépit d’une économie souterraine prospère. Vite repéré, il s’est retrouvé encerclé, frappé, avant d’être traîné dans un local désert, pour avoir vendu seul de la drogue sur un territoire géré par un clan de trafiquants.

    « Je hurlais de douleur »

    La Provence rapporte que l’adolescent a été « dénudé et attaché à une chaise : frappé avec un câble électrique, brûlé une quarantaine de fois avec des cigarettes, arrosé de détachant. Jamais à court d’imagination, ses bourreaux allumaient un chalumeau sur son bas-ventre et ses parties génitales. « Je sentais de l’air et le gros feu, je hurlais de douleur », témoignera la victime, qui assure qu’il s’agissait au début de le faire « parler », et qu’ensuite, ses tortionnaires semblaient prendre du « plaisir ». »

    Verdict attendu le 15 septembre

    L’adolescent torturé aurait été libéré par des jeunes du quartier, qui l’auraient conduit à l’hôpital où il avait fini au service des grands brûlés. Une enquête avait été ouverte pour « violences accompagnées ou suivies d’actes de torture ou de barbarie et séquestration. » 

    Après 5 jours d’audiences, l’avocate générale de la cour d’Assises d’Aix-en-Provence a requis des peines de prison ferme pour les quatre hommes âgés de 22 à 30 ans accusés d’avoir torturé cet adolescent de 16 ans en août 2019.

    En octobre dernier, un des suspects, âgé de 17 ans, a été condamné à 10 ans de prison devant la cour d’Assises des mineurs. Les quatre majeurs risquaient des peines bien plus lourdes cette semaine à Aix-en-Provence. L’un des tortionnaires présumés, El-Khebir, 25 ans, qui nia formellement les faits, a vu l’accusation requérir à son encontre la peine la plus lourde : 25 ans de réclusion criminelle. Toujours selon La Provence, à l’exception de l’un d’eux qui a reconnu « une gifle violente », tous contestèrent leur participation au lynchage barbare. Contre les trois autres, dont un seul à reconnu sa participation au lynchage, l’avocate générale avait demandé des peines de 7 à 9 ans de prison.

    « Nous sommes en train de perdre la guerre contre le narcotrafic à Marseille » : des magistrats sonnent le tocsin

    Une « narcoville » en proie à une « guerre asymétrique entre l’Etat et les trafiquants » (Olivier Leurent, président du tribunal judiciaire)

    Un policier, à côté d’un graffiti indiquant « Par ici mes abeilles, vous trouverez du miel ouvert 10/2h 7j/7 », dans un point de deal connu des quartiers nord de Marseille,
    le 1er décembre 2023

    Décrivant une « narcoville », où l’incarcération n’empêche pas la poursuite des activités criminelles, ces acteurs en première ligne dans la lutte contre le trafic de drogue ont proposé, devant la commission sénatoriale sur le narcotrafic, des pistes fortes pour le juguler. Selon le président du tribunal de Marseille, « il y va de notre Etat de droit et de la stabilité républicaine ».

    « Nous sommes en train de perdre la guerre. » Devant la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic, les magistrats marseillais ont, mardi 5 mars, dressé un état des lieux très préoccupant de l’impact des réseaux de drogue qui gangrènent la deuxième ville de France, au point d’évoquer le terme de « narcoville ». L’explosion, en 2023, du nombre d’assassinats et de tentatives d’assassinat liés aux stupéfiants, avec une cinquantaine de morts et 123 blessés, illustre, selon Olivier Leurent, président du tribunal judiciaire, combien « la guerre est asymétrique entre l’Etat, en situation de vulnérabilité, et des trafiquants qui disposent d’une force de frappe considérable sur le plan des moyens financiers, humains, technologiques et même législatifs ».

    Si le narcotrafic n’est pas l’apanage de Marseille, la cité en est, aux yeux des magistrats, « l’épicentre, où il se manifeste dans son expression la plus violente et abîme jour après jour le tissu social ». Publiquement, ces acteurs discrets de la justice ont révélé ce qui se susurre dans les couloirs du palais de justice. Avec des modes de recrutement de tueurs de plus en plus jeunes, sur les réseaux sociaux, les risques sur la propre sécurité des magistrats se sont accrus.

    Entre jeudi 7 et vendredi 8, les membres de la Commission doivent rencontrer les acteurs de justice, les forces de l’ordre, mais aussi et pour la première fois, les familles de victimes des narchomicides.

    La commission d’enquête du Sénat veut mesurer l’impact du trafic de stupéfiants. Lancée le 27 novembre dernier et dédiée au trafic de stupéfiants en France, elle arrive à Marseille ce jeudi 7 mars.

    Une visite de deux jours. qui a pour objectif de dresser un bilan complet de ce trafic, qui gangrène la cité phocéenne depuis des années et qui a, en 2023, causé la mort de 49 personnes.

    « On a voulu ouvrir notre commission à la totalité du territoire français, car ce qui se passe à Marseille, s’étend malheureusement dans les villes moyennes, les campagnes, et c’est nouveau. C’est un phénomène qui nous inquiète énormément et il faut réagir au plus haut niveau », explique Marie-Arlette Carlotti, sénatrice PS des Bouches-du-Rhône, présidente du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées depuis le 23 août 2015 et vice présidente de la commission d’enquête, invitée de BFM Marseille Provence ce jeudi matin.

    Rencontre avec les élus, familles de victime et visites…

    Le parc Kalliste, dans les quartiers nord de Marseille, le 10 mai 2022.
    Le parc Kalliste, dans les quartiers nord de
    Marseille 15e, dont Nadia Boulainseur (DVG) est le maire, le 10 mai 2022.

    Au programme de ces deux journées, des rencontres avec les acteurs judiciaires, les élus locaux, les forces de sécurité, les personnels et la direction du Grand port de Marseille-Fos, mais aussi une visite des Baumettes.

    « La justice d’abord, ce sont les premiers que nous verront tout à l’heure. Le procureur sera présent avec les magistrats autour de lui, car ils font un travail que les gens ne savent pas, qui est long. Le travail avec la police judiciaire est fondamental pour remonter les réseaux », souligne Marie-Arlette Carlotti.

    Autre point important soulevé par la sénatrice, une rencontre prévue avec les familles de victimes des narchomicides.

    « C’est la première fois, à Marseille, où on va rencontrer les gens qui sont les victimes, que ce soit la maman du petit dealer mort (…) C’est la première fois que les familles vont avoir la parole », indique-t-elle.

    Et d’ajouter: « moi, je les considère, comme le maire de Marseille, qui a reçu les familles lors d’un conseil municipal. Quand un enfant meurt, qu’il soit petit dealer de 15 ans, car ils ont entre 15 et 20 ans, ou qu’il soit une victime collatérale, ce sont des petits Marseillais ».

    Ces rencontres se dérouleront sous la forme d’une table ronde à la préfecture, en présence de quatre associations de familles.

    Le président de la commission Jérôme Durain (PS, Saône-et-Loire) et le rapporteur Etienne Blanc (LR, Rhône) devraient se rendre dans la cité de la Castellane, point de deal prépondérant à Marseille.

    Le procureur alerte sur le manque de moyens de la justice

    Avant cette visite en terre phocéenne à laquelle Macron a consacré une trentaine de visites qu’il a voulues chargées de promesses, la commission sénatoriale a auditionné plusieurs magistrats du tribunal judiciaire, mardi 5 mars, notamment Nicolas Bessone, le procureur de la République de Marseille et Olivier Leurent, le président du tribunal judiciaire.

    Devant les sénateurs, ces derniers ont tenu à alerter sur les lenteurs de la justice, dues aux manques de moyens. Une situation qui pourrait causer la remise en liberté de personnes mises en examen en raison des délais judiciaires difficiles à respecter.

    « C’est le risque encouru. Il n’y pas encore eu de remise en liberté, mais ça nous pend au nez. Les élucidations en matière de narchomicides ont été très importantes cette année », alertait Nicolas Bessone, invité de RMC et RMC Story mercredi.

    En 2023 à Marseille, « 70 personnes » ont été mises en examen dans des affaires de narchomicide.

    « Si nous ne renforçons pas la capacité de jugement au niveau de la cour d’Appel et de la cour d’Assises des Bouches-du-Rhône, nous risquons inéluctablement d’avoir des remises en liberté pour non-respect des délais procéduraux« , ajoutait alors le procureur de la République.

    Le risque de corruption grandit

    Nicolas Bessone appelle donc à augmenter les moyens de la justice et de la police, pour poursuivre la lutte contre le trafic de drogue à Marseille. Et, à ce titre, il demande des tribunaux spéciaux pour juger les trafiquants de drogue, qui peuvent faire pression sur les jurés.

    « La difficulté, c’est que ces faits qui sont liés à de la menace, de la terreur, sont jugés par des cours d’Assises ordinaires, pointe le procureur de la République de Marseille. Des jurés populaires rendent la justice dans un contexte de menace, de terreur et cela ne nous semble plus adapté. Qui penserait faire juger encore aujourd’hui par des jurés populaires des actes de terrorisme? », indiquait le magistrat.

    En face, les narcotrafiquants n’hésitent pas à tenter de corrompre. « Les moyens financiers de ces organisations sont illimités, déplore Nicolas Bessone. Malheureusement, chaque homme a un prix. Nous avons des enquêtes en cours. Des fonctionnaires de police et de l’administration pénitentiaires sont approchés, menacés, voire achetés », a-t-il précisé.

    Un constat que partage Marie-Arlette Carlotti. « Il est venu nous dire qu’il a besoin de moyens, que la corruption est partout, c’est affolant. Cette corruption est liée au trafic, sans ça, il n’y a pas de trafic », souligne la sénatrice et ancienne ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées de Ayrault et Hollande.

    Après cette série de visites, d’auditions et de rencontres, la commission, composée de 23 sénatrices et sénateurs, rendra ses conclusions en mai prochain.

    Des dizaines de tonnes de livres jetées

    Pourquoi n’ont-ils pas été donnés ?

    Une benne de chantier sert de point final à des ouvrages qui auraient pu être
    lus ou offerts. 

    Ces tonnes d’ouvrages auraient pu enrichir les rayons de bibliothèques d’école ou d’universités, d’association ou simplement de particuliers.

    « Le livre, ça marchera toujours, » assurait le propriétaire de cette librairie de quelque 1.300 mètres carrés de livres, plus de 38.000 références sur deux niveaux, en face de l’entrée du centre commercial Cap 3000. Le livre devait être un bien culturel qu’on s’arracherait comme les coquillettes: elle était attendue depuis dix ans, selon Marc-Henry Solange, fondateur des éditions Sydney Laurent et à l’origine de cette librairie. Né à Oran, Algérie, il a eu maille à partir avec la justice à son arrivée à Lyon. « Le Français est très sensible au toucher du papier. En période de crise, on est en hausse constante du chiffre d’affaires. Dans toutes les familles, vous avez des livres ! Le livre, ça marchera toujours.« 

    Les livres sont la propriété du gérant de la librairie

    60 tonnes de livres sont parties au pilon, après la faillite de « La grande librairie » située à Saint-Laurent-du-Var.

    Les livres, présents physiquement dans la librairie, n’appartenaient pas au propriétaire des murs du local commercial, mais au gérant de la librairie, en faillite depuis plus d’un an.

    Il revient donc au liquidateur judiciaire de procéder à l’évacuation desdits livres.

    L’article L. 111-1 du Code de la propriété intellectuelle (CPI)

    Cette librairie a ouvert
    il y a …deux ans

    Selon la loi, le liquidateur judiciaire, dans un tel cas de figure, se doit d’informer de cette situation, chaque auteur des 60 tonnes de livres, soit quelque 8.000 personnes, pour savoir que faire des livres au nom de la loi sur la propriété intellectuelle. Ce qui demande qu’n membre du cabinet de liquidation judiciaire s’occupe de cette tâche qui peut prendre un certain temps au vu du nombre de livres concernés.

    Qui paie quoi ?

    Qui plus est, pour que le liquidateur judiciaire puisse faire évacuer la marchandise, il faut qu’il ait recours à une société qu’il doit lui-même payer en retour de ce service. Or, la librairie en faillite n’a plus un euro d’actif pour assumer ce coût.

    Le liquidateur judiciaire propose donc au propriétaire, impatient de retrouver la jouissance de son bien, pour qu’il puisse enfin en tirer des revenus locatifs, de les évacuer lui-même ! Depuis 1 an, le propriétaire de ce local commercial situé à proximité de Cap 3000 assure qu’il a eu un manque à gagner d’environ 200.000 euros.

    « L’administrateur judiciaire est obligé de demander une subvention au Trésor pour faire évacuer les livres, mais cela met beaucoup de temps. Donc, il m’a demandé de faire l’avance si je veux vite récupérer mes locaux et c’est ce que j’ai décidé de faire » nous explique Paul Teboul, le propriétaire des murs de « La grande librairie » de Saint-Laurent-du-Var.

    L’administrateur judiciaire m’a demandé de faire l’avance des frais si je veux vite récupérer mes locaux et c’est ce que j’ai décidé de faire. (Paul Teboul, propriétaire des murs de « La grande librairie » de Saint-Laurent-du-Var)

    Au final, le propriétaire des murs a fait évacuer les livres restants dans la librairie, à ses frais. Ce dernier a tout de même bon espoir de se faire rembourser cette facture, soit par le liquidateur judiciaire, soit par le Trésor, c’est-à-dire l’Etat, c’est-à-dire le contribuable.

    Une étude de marché a-t-elle été réalisée, sachant que Cultura (société Socultur, filiale de la holding Sodiva, troisième enseigne spécialisée dans la commercialisation de biens et loisirs culturels et créatifs en France, derrière Leclerc et la FNAC (Darty) sont des enseignes locales voisines (cf. photo) ?

    Moscou suspend pour six mois ses exportations d’essence

    Quelles conséquences sur nos prix à la pompe?

    La Russie a annoncé mardi l’interdiction pour six mois des exportations d’essence, une décision officiellement justifiée par la nécessité de répondre à la hausse de la demande des conducteurs et du secteur agricole ainsi qu’à la nécessité d’entretenir les raffineries.

    Moscou avait déjà instauré une telle interdiction entre septembre et novembre 2023. Elle ne concernait toutefois pas quatre anciennes républiques soviétiques, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kirghizistan.

    L’interdiction annoncée ce mardi, et qui prendra effet le 1er mars, est moins large puisqu’elle ne vise pas les exportations vers les pays membres de l’Union économique eurasiatique, la Mongolie, l’Ouzbékistan et les régions séparatistes géorgiennes de l’Ossétie du Sud et d’Abkhazie.

    Les exportations de pétrole, de produits pétroliers et de gaz sont une source importante de revenus pour la Russie et permettent à Moscou de contribuer à la politique énergétique mondiale, alors que la Russie n’appartient pas à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.

    L’industrie pétrolière russe a produit en 2023 43,9 millions de tonnes d’essence et en a exporté environ 5,76 millions de tonnes, 13% environ de sa production, essentiellement vers des pays africains.

    Quelle incidence sur l’approvisionnement européen ?

    Les stocks de gazole dans la région de Rotterdam, Anvers et Amsterdam sont 15% inférieurs à leur niveau de l’an dernier à la même époque, selon Commerzbank.

    Les cours ont aussi été soutenus, mardi, par une information de l’agence Reuters, selon laquelle l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés du groupe Opep+ vont étudier la possibilité d’un prolongement de leurs coupes de production au deuxième trimestre.

    La France importe près de 20 millions de tonnes de pétrole brut russe en 2022. 9 d’Algérie.


    Macron n’a-t-il donc que des ennemis, et présumés coupables ?

    Daniel Křetínský sur le point de faire main basse sur Casino

    Energéticien et magnat de la presse, le Tchèque se renforce dans la grande distribution

    Après le retrait ce dimanche de la triade Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, l’offre de reprise de Casino du duo de milliardaires composé par le Tchèque Daniel Kretinsky et le financier français Marc Ladreit de Lacharrière, est la seule en lice.

    L’affaire semble pliée. Daniel Kretinsky va mettre la main sur Casino. Après le retrait, ce dimanche, de l’offre concurrente composée du trio Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, le milliardaire tchèque est désormais seul en lice. Son offre, en partenariat avec le milliardaire français Marc Ladreit de Lacharrière, actionnaire déjà dans la place, sera présentée ce lundi à la direction de Casino, les créanciers, les administrateurs du groupe, et le CIRI, l’arme de Bercy pour aider les entreprises en difficulté. L’acceptation de l’offre devra se faire rapidement, a prévenu Daniel Kretinsky dans un entretien aux Echos (Bernard Arnault, LVMH), alors que le mur de la dette se rapproche.

    Créanciers écrasés

    Casino a jusqu’au 27 juillet pour trouver un accord de principe avec ses principaux créanciers sur l’écrasement de l’endettement, annoncé à 6,4 milliards d’euros à fin 2022. Le plan prévoit désormais l’injection de 1,2 milliard d’euros d’argent frais, dont plus de 900 millions d’euros émanant du duo, contre 1,35 milliard dans la proposition initiale.  Daniel Kretinsky a aussi fermé la porte au patron historique de Casino, Jean-Charles Naouri, actuel propriétaire du groupe mais qui ne le sera plus au terme de l’opération, quel qu’en soit le dénouement.

    Daniel Křetínský

    Puissant en territoire faible, Kretinsky, 48 ans et dont la fortune s’élève à 9,7 milliards de dollars (environ 8,6 milliards d’euros), selon Forbes, a commencé à investir en France en 2018. Il détient des participations dans des media (Libération, Marianne…), la distribution (Fnac Darty), l’édition (Editis, accord conclu en juin) et l’industrie (essentiellement dans l’énergie).

    Réuni dans la holding 3F, le trio Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari a dénoncé un « process biaisé », estimant que Casino « a visiblement déjà choisi son repreneur ». En cause, un manque allégué de coopération et de transparence sur la situation financière de Casino, notamment sur « les besoins de liquidité » et les résultat attendus d’ici à la fin de l’année, mais aussi la trahison imputée à l’un des créanciers, le fonds d’investissement Attestor, avec lequel le trio avait construit son tour de table. L’Allemand Attestor, fonds d’investissement spécialisé dans le rachat de la dette des entreprises, est accusé d’avoir contribué à l’offre concurrente « tout en continuant à participer » à ses propres réunions.

    Situation plus dégradée que prévu

    Le trio Niel-Pigasse-Zouari a aussi regretté dans son communiqué une « situation financière plus dégradée que prévu » de Casino, qui compte 200.000 salariés dans le monde, dont 50.000 en France. Casino avait lui-même annoncé le 12 juillet que son chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre serait en forte baisse.

    Les deux offres concurrentes s’accordaient sur le fait que la reprise de l’activité devrait passer par une baisse des prix en rayons, un gros travail sur l’offre commerciale et le développement de partenariats.

    Le duo Kretinsky-Ladreit de Lacharrière n’envisage ni cession des hypermarchés ni cession du commerçant en ligne CDiscount, selon son entourage.

    En juin, les représentants des salariés avaient initié un « droit d’alerte économique » pour obtenir davantage d’informations sur la situation financière du groupe tout en étant préoccupés par la cession de 119 magasins Casino à Intermarché.

    Le siège à Saint-Etienne confirmé

    Marc Ladreit de Lacharrière et Macron
    au palais de l’Elysée à Paris,
    le 15 septembre… 2015

    « Il est inimaginable de fermer le siège de Saint-Etienne », son berceau historique, a répété Daniel Kretinsky dans son entretien avec Les Echos.

    « On est rassuré que le trio Niel-Pigasse-Zouari se retire car on ne voulait pas de fonds d’investissement vautour. Le projet de Kretinsky est séduisant sur le papier, mais on reste vigilant sur sa faisabilité », a déclaré Thomas Meyer, délégué syndical Unsa du groupe Casino.

    Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait indiqué le 11 juillet que l’Etat veillerait à « la solidité du projet industriel et à l’avenir des 50.000 salariés du groupe » en France.

    Nouveau directeur général chez Naturalia

    Richard Jolivet, directeur du Réseau Naturalia

    Le directeur général de Naturalia, enseigne majoritairement bio faisant partie du groupe en difficulté financière Casino, Allon Zeitoun, va quitter son poste à compter du 17 juillet « pour un nouveau projet professionnel » et sera remplacé par « son bras droit », selon un communiqué publié jeudi. Naturalia, « annonce le départ d’Allon Zeitoun, directeur Général, qui a souhaité quitter ses fonctions pour un nouveau projet professionnel » et précise qu’ à « compter du 17 juillet, il est remplacé par Richard Jolivet, directeur du Réseau Naturalia », selon un communiqué de Monoprix, groupe détenu par Casino et dans lequel est logé l’enseigne à majorité bio.

    Carrefour avale Biocoop tout cru

    Le temps du commerce militant est-il passé ?

    Biocoop a marqué les esprits par ses ambitions de pionnier du bio et a contribué fortement à faire changer les pratiques de production agricole et de consommation en France. Le réseau de magasins alternatifs était clivant et s’assumait comme tel. Souvent critiqué pour ses prises de positions et dénoncé par ses détracteurs comme « militant chiant écolo », il a imposé ses pratiques responsables et a transformé la stratégie de l’ensemble des distributeurs français.

    La saisonnalité chez Biocoop (2014) puis chez Carrefour 5 ans plus tard.

    Avec une augmentation de chiffre d’affaires en hausse de seulement 11% (contre +13,5% et +25% les 2 années précédentes), Biocoop était à la traîne. Le marché du bio évolue lui à +22,2%, soit 2 fois plus vite que l’enseigne. L’arrogance idéologique l’a perdu.

    Biocoop se cherche depuis 3 ans et Carrefour l’a trouvé… elle a dû lisser son image et se faire plus consensuelle. La marque a clairement décidé d’abandonner son esprit de défi qui l’a conduite à sa perte et adopte aujourd’hui un profil bas.

    Biocoop se rapproche beaucoup de la stratégie de marque de Carrefour qui a connu le bord du goufre. En effet, face à des concurrents aux fortes aspérités comme Leclerc (le moins cher), Système U (coopérative locale) ou encore Intermarché (Producteur Commerçant), Carrefour offre une image rassurante et inclusive avec l’ambition d’assurer la transition alimentaire.

    Biocoop est un nain économique face aux grands distributeurs conventionnels (Biocoop fait 1,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires quand Carrefour en fait 80 milliards). En abandonnant son rôle de défricheur, elle se met au même niveau que ses concurrents avec une même proposition de valeur mais avec beaucoup moins de capacités d’actions.

    Pourquoi ce changement ? Mon analyse tient à 5 actes fondateurs de la transformation de Biocoop en Carrefour.

    Acte #1 : démocratisation du bio réussie, dans un premier temps.

    Biocoop portait dans son ADN une volonté farouche de développer la bio en France, les magasins n’étant qu’un moyen pour accomplir sa politique de création de nouvelles surfaces en agriculture biologique en France. Il y a encore 10 ans, Biocoop se félicitait alors de voir ses concurrents conventionnels s’intéresser au bio.

    « Je trouve ça bien que la grande distribution se mette au bio. Biocoop a toujours été d’accord pour que tout le monde puisse accéder aux produits bio. »
    Entretien de Claude Gruffat dans Paris Match, le 13/11/15

    Force est de constater que cette mission a atteint son objectif : 9,5% des fermes françaises sont certifiées bio pour 7,5% de la surface agricole utile française (3,9% en 2010). Le marché du bio a triplé en 10 ans à 9,7 milliards d’euros (3,3 milliards d’euros en 2010) avec un taux de pénétration de 97,6% dans les foyers français : quasiment tout le monde consomme du bio aujourd’hui. Mais Biocoop n’a fait que participer au mouvement qui l’a dépassé.

    Sur un marché bio devenu structurant, et non plus une niche, pour toutes les enseignes conventionnelles, Biocoop ne peut plus revendiquer sa place de magasin bio alternatif. Pour survivre, l’enseigne a dû attirer dans ses magasins de nouveaux consommateurs moins militants, venant de la grande distribution.

    Acte #2 : de militants, ses magasins se font commerçants

    Pour répondre à l’essor du bio en France et à ce changement de paradigme, Biocoop, comme tous ses concurrents spécialisés, est poussé à créer le plus de magasins possibles pour garder ses parts de marchés. 70 ouvertures de magasins Biocoop ont eu lieu en 2019, soit plus de 10% de son parc (630 magasins répertoriés à date). Les patrons de magasins de Biocoop expliquaient alors que pour suivre cette forte expansion de leur réseau, ils devaient intégrer des patrons de magasins dont le retour sur investissement est prioritaire à la transformation de l’agriculture française. Moins militants mais très pragmatiques, ces nouveaux patrons de magasins font désormais bouger les lignes chez Biocoop et sont de plus en plus présents au Conseil d’Administration de l’enseigne. La transition agricole politisée est ainsi rangée au second plan. L’efficacité commerciale, la qualité d’exécution en magasin et la rentabilité sont désormais la priorité.

    Acte #3 : des concurrents vampirisent l’ADN de marque de Biocoop

    Biocoop a été une marque pionnière sur des enjeux allant au-delà du bio : commerce équitable, approvisionnement local, saisonnalité… Le tout avec une posture assez revendicative, voire dogmatique. Aujourd’hui, toutes ces thématiques et ces positionnements ont été intégrés par l’ensemble des autres enseignes.

    Iconoclaste hier, Biocoop est devenu standard. Pour attirer les consommateurs de bio dans ses magasins (et non plus seulement entretenir l’entre-soi des militants de la première heure), la marque a opté pour une posture plus ouverte où tout le monde se rassemble, quelle que soit sa catégorie socio-professionnelle et son idéologie. La communication de l’enseigne a changé de ton : moins élitiste, plus ouverte et positive. Elle veut désormais parler fort en investissant de plus en plus massivement dans les media. Toutefois, si Biocoop multiplie son budget communication par 4 en 5 ans (de 1M€ à 4M€), il est seulement le 5ème annonceur sur le bio en France (derrière E.Leclerc, Intermarché, Système U et la Vie Claire). Ce qui limite l’impact de ses prises de paroles auprès du public.

    Le local chez Biocoop (2015) puis chez Système U,
    4 ans plus tard
    L’engagement « carotte » chez Biocoop (2017) puis chez Naturalia 1 an plus tard
    La copie pub de Biocoop 2019 : l’enseigne veut désormais rassembler tout le monde et ne plus être clivant.

    Acte #4 : une marque lissée, avec amertume

    Pour ce pionnier, l’heure n’est donc plus à la différenciation mais à l’inclusion : tout le monde peut aller chez Biocoop. Cette posture est revendiquée dans son logo modernisé et sa signature de marque en 2019 : plus arrondis et ouverts. L’ancien logo était perçu comme trop engagé et austère, à l’instar de sa clientèle. Cette ouverture répond à la stratégie commerciale de recrutement de nouveaux consommateurs.

    Ancien logo avec la signature revendicative « achetons responsable » — nouveau logo avec la signature fédératrice « la bio nous rassemble ».

    Pour essayer de faire écho aux leaders environnementalistes aux verbe haut et de retrouver sa virulence perdue, l’enseigne lance en 2020 un auto-label « avec nos paysans associés » (c’est à dire que Biocoop se certifie lui-même) et un autre label qui revendique une bio issue du commerce équitable. Après l’échec de Biocohérence en 2010, la faible progression commerciale des produits « Ensemble » s’avère mauvaise. En effet, si la démarche est sincère, elle est plus politique que commerçante et se noie dans la concurrence des multiples labels. Pour qu’il émerge un label doit être fortement soutenu par de nombreux industriels et enseignes (dernier succès à date : le nutriscore), plutôt que fièrement à contre-courant. Selon moi, en étant trop centré sur soi, voire imbu, Biocoop brouille son message et perd une occasion de se faire mieux comprendre des consommateurs. Il s’est d’ailleurs fait rejeter

    Les 2 nouveaux labels portés par les produits Biocoop au centre. Les anciens labels à gauche. Deux nouveaux labels concurrents créés rien qu’en 2020 à droite.

    Acte #5 : une politique RH incisive

    Le dernier acte de la transformation de la marque Biocoop est son passage sous tutelle de Carrefour, sa marque employeur. Fini le temps des dirigeants militants écolos de la première heure (son président historique, Claude Gruffat, est désormais député européen chez Europe Ecologie-Les Verts). Les « pros » de la distribution conventionnelle sont désormais au pouvoir chez Biocoop, notamment des anciens de Carrefour qui sont partis il y a 3 ans lors du plan de restructuration.

    L’éviction du DG Orion Porta en 2019, pourtant patron de plusieurs magasins Biocoop bien intégrés dans le réseau, est symptomatique. Son remplaçant est maintenant Eric Bourgeois, pur produit Carrefour. Depuis son arrivée, c’est l’ensemble du comité de direction de Biocoop qui semble devenir un miroir de Carrefour. Dernier venu début 2020 : Philippe Bernard en tant que directeur de l’offre, 20 ans de Carrefour au compteur.

    Ce passage à l’ennemi pour survivre démontre clairement une urgence à se professionnaliser et à se structurer comme les grandes enseignes nationales, dans une quête d’efficacité commerciale, et non plus dans une vision politique transformatrice de la société.

    Campagne d’affichage 2019. Une image douce et positive associée à une conception-rédaction qui arrondit les angles du message pour ne heurter aucun consommateur.

    La thématique de « perdre son âme » a toujours été récurrente à Biocoop et est toujours un débat interne entre les patrons de magasins. Malgré tout, la marque a décidé aujourd’hui d’adopter une stratégie et un positionnement dictés par Carrefour. Après avoir été observée et détestée pendant plusieurs années, l’enseigne rentre ainsi dans le rang et se couche pour recruter des consommateurs, au moment où la baisse du pouvoir d’achat rend le bio inaccessible au plus grand nombre.

    Aveuglée par son idéologie archaïque et la certitude d’être meilleure que l’autre, l’enseigne est incompatible avec l’économie de marché et avec son époque. Sans vision d’avenir, l’enseigne bio s’est faite absorber. Biocoop n’aime ni son époque ni ses concitoyens et, plus que des déclarations, le consommateur veut des preuves d’amour. Carrefour devra reconquérir les coeurs des amateurs de bio.

    Macron aurait menti en niant farouchement les invitations de l’exécutif aux Soulèvements de la terre à son « grand » débat avec les agriculteurs

    Macron au Salon de l’Agriculture : fallait pas l’inviter !

    Le président de la République a politisé sa visite du 60e Salon international de l’Agriculture – du 24 février au 3 mars 2024 à Paris Expo Porte de Versailles – en attaquant le Rassemblement national, parti qui rassembla 13 millions d’électeurs contre lui en avril 2022, mais ignorant le collectif radical Les Soulèvements de la terre qui blesse des policiers et qu’il a tenté de dissoudre. En vain, comme la plupart de ses actions. BFMTV a interrompu un entretien pour diffuser en direct l’agression verbale présidentielle du premier parti de France.

    Le santon Pannier-Runacher baisse les yeux…

    A la Joe Biden, 81 ans, insultant Poutine, traité de « fils de p*te » («son of a bitch»), pendant une rencontre à San Francisco (Californie) avec des donateurs du Parti démocrate, Macron en campagne des Européennes – faute de se trouver une tête de liste pour son mouvement – a estimé que la profession agricole « mérite mieux » que le « projet de décroissance et de bêtise » du RN

    Macron a pété un cable ce samedi 24 février au cours de réponses aux questions de la presse depuis le Salon de l’agriculture. Il est entré dans une colère noire pour assurer qu’il n’a jamais invité les Soulèvements de la Terre à débattre. Il a martelé qu’il n’a « jamais » au grand jamais « songé initier » une invitation au collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre à un grand débat.

    « Je démens totalement cette information. Totalement ! Je n’ai jamais songé initier une telle invitation », à un grand débat au premier jour du Salon de l’agriculture, a-t-il asséné en évoquant le collectif écologiste d’extrême gauche. Une nouvelle qui avait provoqué la colère des agriculteurs et déclenché un boycottage par la FNSEA, syndicat majoritaire et respectueux.

    « Vous parlez au président de la République qui a assumé de faire passer en Conseil des ministres la dissolution des Soulèvement de la Terre. Toute cette histoire m’a mis en colère à un point que vous ne pouvez pas imaginer (…) Donc là, ça, c’est n’importe quoi », a-t-il ajouté haussant le ton, visiblement hors de lui. Sauf qu’il est un comédien reconnu, également capable de prononcer des discours d’hommage sur un ton compassé frisant le ridicule et de prononcer au Salon des grossièretés (« bordel », « emmerder » et autres), le banquier pensant faire peuple et se rallier ainsi les benêts.

    Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, détourne le regard…

    Macron évoque une « erreur » de ses conseillers

    Pressé par les journalistes puisque le collectif avait été cité parmi d’autres dans un appel de l’Élysée à débattre avec la presse, il a insisté : « Il n’y a pas eu d’invitation. »

    « Il y a eu une erreur qui a été faite quand ce groupement a été cité, mais c’est faux. Il y a eu la volonté d’organiser un débat avec toutes les parties prenantes, avec les distributeurs, avec la grande distribution, avec les industries agroalimentaires et avec les organisations qui sont dans les conseils, c’est-à-dire les organisations qui ont pignon sur rue, qui sont pacifiques et qu’on retrouve dans les conseils Ecophyto, etc. », a-t-il dit, citant les douteux WWF et Greenpeace.

    VOIR la colère surjouée de Macron :

    « Les organisations qui pratiquent la menace, qui détruisent : jamais », a conclu le président, dont on ne savait toujours pas à 10h s’il comptait se rendre au contact des agriculteurs échaudés pour couper le cordon officiel signant l’ouverture du Salon. Macron n’aurait donc pas tenté d’amadouer les méchants en invitant LSD, sachant que la FNSEA et les JA , quant à eux, sont accessibles à la raison et entrent dans l' »arc républicain. »

    Les Soulèvements de la terre démentent les propos du président

    « Contrairement à ce que voudrait faire croire Emmanuel Macron et la FNSEA, les Soulèvements de la terre sont nés avec l’objectif de lutter pour la préservation d’une agriculture paysanne, contre l’artificialisation et l’accaparement des terres. Nous ne sommes pas contre les agriculteurs, nous oeuvrons au contraire aux côtés d’une grande partie d’entre eux depuis nos débuts, pour que les ressources, les sols, l’eau soient protégés : c’est la condition sine qua non pour qu’une agriculture soit possible encore demain, et que de nombreuses personnes puissent vivre de la paysannerie, assure LST sur son site. L’Élysée a bien cherché à nous contacter via différents biais pour nous inviter à ce « grand débat » [1]. Voici quelques clarifications sur notre positionnement et sur les dernières 48h.

    Marine Tondelier (EELV) confirme : lien

    En deux jours, la venue d’Emmanuel Macron au salon de l’agriculture a pris des airs de farce et s’est accompagnée d’une somme de mensonges de l’exécutif. A l’heure d’une fronde agricole inédite, Macron a cherché à désamorcer le conflit en resservant la soupe du « grand débat ». Mais de l’arnaque de la convention citoyenne pour le climat au simulacre de négociations pour les retraites, plus personne n’accepte de faire de la figuration pour légitimer les monologues présidentiels. L’invitation des Soulèvements de la terre a rendu fous de rage la FNSEA, la droite et l’extrême droite. De notre côté nous avons d’abord cru à une blague lorsque nous avons appris que l’Elysée cherchait à nous contacter pour participer au débat. De toute évidence, nous ne nous serions jamais livré à une telle mascarade qui n’a d’autre objectif que d’éteindre la rébellion agricole en cours. Notre place est dans les luttes avec les paysan-nes, dans les blocages des  plate-formes de la grande distribution ou les occupations des sièges de l’agro-industrie. Les débats nous les avons au quotidien, sur le terrain, avec les habitant-es et paysan-nes des territoires.                                    

    La direction  de la FNSEA et le gouvernement agissent de concert pour mettre un point final au mouvement agricole et œuvrent à mettre en place une agriculture sans agriculteurs, accuse encore LST. Ils cherchent à détourner la colère avec un train de mesures qui ne profiteront qu’aux patrons de l’agro-business sans résoudre trois questions centrales : (1) celle du revenu paysan, de la capacité à vivre dignement du travail de la terre ; (2) celle d’un changement de modèle agricole pour préserver la terre et l’eau face au ravage écologique ; (3) et enfin celle de la garantie pour tous-tes d’accéder à une alimentation saine et locale. La loi d’orientation agricole en facilitant l’usage des pesticides, en généralisant les méga-bassines au profit d’une minorité d’agriculteurs exportateurs ne répond à aucun de ces enjeux. 

    Le désarroi agricole, les suicides et la colère sont les conséquences d’une politique délibérée de destruction de la classe paysanne (sic) : par la mise en concurrence mondiale et les accords libre échange et par l’organisation d’une dépendance au complexe agro-industriel qui dépossède les agriculteurs de la maîtrise de leur métier, les surendette et inféode leur activité aux profits de la grande distribution et des industriels de l’agro-alimentaire. 

    Nous contribuons avec les Soulèvements de la Terre à différents combats pour la défense des paysan.nes. Contrairement à ce que cherche à faire croire la propagande du gouvernement, nous n’avons jamais « attaqué de fermes », nous avons ciblé des infrastructures du complexe agro-industriel : bassines en Deux-Sèvres, une usine Monsanto à Lyon, des expérimentations toxiques de l’industrie nantaise du maraîchage. Nous avons repris des terres aux spéculateurs et vendangé les vignes de Bernard Arnault pour appuyer des installations paysannes. Plusieurs générations de paysan-nes se retrouvent dans nos manifestations et prennent pleinement part aux Soulèvements de la Terre. 

    Contrairement à ce que cherche à faire croire la FNSEA, il n’y a pas un monde agricole unifié  dont elle représenterait les intérêts. Il y a une grande bourgeoisie agro-industrielle, dont Arnaud Rousseau est le représentant, qui accapare et concentre les terres et les aides publiques. Et en face, il y a des masses d’ouvriers agricoles précaires et d’agriculteur-ices moyens en voie de paupérisation. Le gouvernement et la direction de la FNSEA cherchent une nouvelle fois à opposer écologistes et paysan-nes. Pour nous, il n’est plus question que les paysan.nes continuent à être pris en tenaille entre suicide économique et suicide aux pesticides. Nous avons la conviction que la lutte sociale des travailleurs de la terre et la lutte écologique contre le ravage en cours [sic] sont indissociables. Nous le démontrerons une fois de plus lors de la saison d’action des Soulèvements de la Terre qui commence ce printemps. 

    L’agitation qui règne au salon de l’agriculture démontre que le mouvement qui a surgi en janvier 2021 n’est pas près de s’éteindre. Nous continuerons [avec le soutien du Conseil d’Etat], comme nous l’avons fait ces dernières semaines, à appuyer les blocages et les actions contre les multinationales, comme Avril [marques comme Lesieur, Puget, Matines ou Diester ] et Lactalis [produits laitiers Président, Galbani, Lactel, Bridel, Société, Le Roitelet, Lepetit, Salakis, Graindorge…], qui font leur beurre sur le dos des paysans. 

    [1] L’Elysée, par l’intermédiaire des cabinets de Pascal Canfin [ministre délégué au Développement dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault] et Gabriel Attal, ont bien cherché à contacter des membres des Soulèvements de la terre afin de nous inviter à ce débat. En effet, le jeudi 22 février, à partir de 18h, un député européen EELV confirme avoir transmis le numéro de téléphone d’une de nos portes paroles au cabinet de Pascal Canfin (RE), qui était en charge de faire le lien avec l’Élysée pour nous inviter à ce « grand débat ». Des membres du cabinet du cabinet Gabriel Attal ont contacté une responsable politique nationale d’EELV, afin de récupérer un contact chez les Soulèvements de la terre. Cela rejoint les annonces de l’Elysée concernant notre invitation, lors de la conférence de presse du jeudi 22 février.

    [2] Notre premier communiqué sur le mouvement agricole en cours, daté du 31 janvier :

    L’écriture inclusive n’est pas de notre fait…

    Salon de l’agriculture chaotique: Macron, sous haute protection policière

    Le président a fait le malin de bulle en bulle derrière six rangs de policiers

    Mini débat en lieu et place du « Grand » annoncé, en petit comité de quelques syndicalistes agricoles sélectionnés, à l’étage du Salon de la Porte de Versailles:

    « En vrai », les virulents sont évacués manu militari:

    Lien TikTok

    Images de bousculades

    Ce que BFMTV n’a pas montré:

    Macron hué, sifflé et appelé à la démission:

    Le problème des agriculteurs, pour Macron, c’est le RN et non l’Ukraine:

    3 milliards de la France pour armer l’Ukraine: de quoi faire rêver les paysans français auxquels Macron promet 400 millions :

    Un total que Bruno Le Maire juge peu… excessif au regard du nombre d’exploitations en France. Lien Twitter

    Pourquoi démissionner, puisque la police lui autorise tout ?

    Autre chose? Ben, oui : les JO, sous haute pritection policière…