La réflexion du pouvoir face au  dérapage du déficit public tourne au concours Lépine

Macron refait le coup du « c’est l’Etat qui paie » de Hollande ?

À la recherche des milliards perdus. L’exécutif travaille depuis plusieurs jours sur les moyens de réparer les dommages du « quoi qu’il en coûte » dont il s’est glorifié  mais qui fait monter en flèche le déficit public de la France dont l’ampleur doit être dévoilé et officialisé par l’Insee mardi 26 mars.

Au congrès du MoDem, François Bayrou fait la leçon au gouvernement sur la dette, l’éducation et les retraites, mais s’accroche néanmoins à l’alliance comme la moule au rocher pour préserver les sièges électifs négociés qui le maintiennent en vie.

Palpable au plus haut sommet de l’Etat, préoccupé par l’envol des taux d’intérêt et du coût de la dette et aussi par sa notation financière, dont la baisse pourrait déclencher la récession économique guettant la France, la chasse aux milliards semble redoubler depuis la semaine dernière et une réunion organisée par Macron à l’Elysée avec les sommités, pourtant discréditées, de son camp. La situation est en effet plus délicate encore que prévu, avec un déficit qui pourrait atteindre 5,6 % du PIB… Loin des prévisions du ravi de Bercy établies à 4,9 %.

Dans ce contexte, le gouvernement s’emploie à défendre sa stratégie irresponsable à effet retard et son bilan désastreux. Typiquement, il tente d’impliquer les oppositions qu’il a muselées et  méprisées à coups de 49.3 et  sollicite d’elles les lumières dont l’arrogant se disait seul éclairé. Quand maintenant il avance à tâtons, il mendie les suggestions et les moyens de « compléter » les mesures budgétaires déjà prises, avec les piètres effets qu’on sait.

Un débat qui tend à se transformer en concours Lépine et met à nouveau en exergue les désaccords fiscaux dans le camp présidentiel.

La droite veut toucher au chômage, la gauche taxer les riches

A droite, Eric Ciotti propose de faire des économies en rationnant le « modèle social trop généreux avec les allocations » et en limitant les droits des personnes sans emploi. « Ce modèle social encourage trop souvent le non-travail. Il faut réduire les critères d’indemnisation du chômage pour reflécher beaucoup de Français vers le travail », a ainsi proposé le président des Républicains, ce dimanche 24 mars sur CNews.

Celui qui décrit le chef de l’Etat comme « l’homme qui valait 1.000 milliards d’euros de dette » plaide également pour « limiter le cumul des allocations sociales » et « mieux lutter contre les dérapages de ce système ». « Il faut réduire nos dépenses publiques, diminuer notre modèle social, et arrêter de le faire financer par le travail », martèle-t-il.

La gauche, reprenant des antiennes de son camp, veut plutôt taxer les riches. L’eurodéputée Aurore Lalucq, porte-parole de la liste PS-Place Publique aux élections européennes et proche de Dominique Méda, a appelé Bruno Le Maire à « sortir de son idéologie », samedi, qui consiste depuis sept ans à « ne pas toucher aux impôts mais à réduire un certain type de dépenses publiques qui concernent toujours les plus faibles ».

Au contraire, selon elle, « il faut aujourd’hui taxer les super profits et les super riches ». « On ne peut pas avoir d’un côté 30 % du PIB donnés aux grandes entreprises sans conditionnalité et de l’autre côté dire que l’on ne va pas augmenter les impôts alors qu’on a un problème d’augmentation de la dette et des déficits », a-t-elle plaidé, à l’unisson des formations de gauche et d’extrême gauche désireuses d’imposer davantage les plus aisés, notamment depuis la crise liée à la pandémie de Covid-19.

La majorité se divise encore

Dans ce contexte, le camp présidentiel se divise façon puzzle. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a évoqué la piste d’une contribution des plus grands pourvoyeurs de dividendes, vendredi 23 mars, dans un entretien avec Le Figaro.

Une idée défendue par plusieurs chapelles de la majorité, du MoDem à l’aile gauche de Renaissance… mais écartée par Bruno Le Maire cinq heures plus tard sur BFMTV : pas question de « dévier de notre ligne économique », a répondu le numéro 2 du gouvernement. En réalité, l’exécutif – qui se fait fort de n’augmenter aucun impôt depuis 2017 – semble pour l’instant vouloir activer principalement le levier de la maîtrise des dépenses publiques pour redresser les comptes.

Dix milliards d’euros de d’économies ont déjà été passées mi-février dans le budget 2024. Mais il faudra compléter « dans toutes les actions utiles de la dépense publique », a indiqué Macron, vendredi, en visant notamment les dépenses sociales ou des collectivités locales.

Mais trop restreindre les dépenses peut avoir un « impact sur le pouvoir d’achat »« la situation des entreprises et l’investissement » et donc à terme la croissance, risquant de plonger le pays dans une « spirale d’austérité », selon les mots de l’économiste Mathieu Plane, directeur adjoint à l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE). Pour l’instant, le concours ne donne pas de gagnant.

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