14 nouvelles mesures gouvernementales pour les agriculteurs

Tout arrive? Eh bien non, selon la Coordination rurale

En début d’année, d’importantes mobilisations paysannes avaient poussé le gouvernement à prendre, sous la pression et dans l’urgence, un premier train de mesures.

En février, il y a eu l’épisode 1, durant lequel le gouvernement avait annoncé un ensemble de 62 engagements en faveur des agriculteurs après des semaines de mobilisation et un Salon de l’agricultusre très mouvementés. Ce samedi 27 avril, le gouvernement passe à l’épisode 2 et annonce un nouveau train de 14 mesures « fort, étayé et efficace ».

Matignon a également annoncé qu’une enveloppe de 50 millions d’euros sera consacrée aux agriculteurs souffrant du changement climatique. Elle cible, notamment, les Pyrénées-Orientales, l’Aude et l’Hérault, départements particulièrement concernés.

Si certaines sont la conclusion d’actions d’ores et déjà engagées, d’autres sont destinées à entrer en vigueur prochainement. Parmi elles, la mise en place, en 2026, de mesures sur le revenu des agriculteurs et la prise en charge des 25 meilleures années pour le calcul des retraites agricoles. Une demande maintes fois formulée par l’ensemble des syndicats, dont la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles).

On retrouve également des exonérations d’impôts, des prêts de trésorerie pouvant grimper jusqu’à 200.000 euros en cas de difficultés. Plus de 100 millions d’euros seront également consacrés aux financements.

Un nouveau plan Ecophyto

Le gouvernement a également travaillé sur un nouveau plan Ecophyto pour 2030, qui sera publié dans quelques jours. Ce programme, mis en place en 2008, vise à réduire de 50 % l’utilisation des pesticides. Les écologistes ont vivement critiqué sa mise sur pause, en février. L’ensemble des observateurs note cependant que ce plan empêche toute évaluation factuelle des efforts de réduction consentis par les agriculteurs et de leurs effets sur l’environnement.

Enfin, le taux de dégrèvement de la taxe foncière sur les propriétés non bâties sera augmenté en cas de sinistre et cent projets de stockage d’eau ou d’irrigation seront finalisés avant la fin de l’année.

L’« extrême vigilance » de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs

Ces annonces ont été bien accueillies par les syndicats agricoles, dont la FNSEA et les JA (Jeunes Agriculteurs), mais ces derniers feront preuve d’une « extrême vigilance » sur la « concrétisation rapide et complète » de ces annonces.

Ces deux syndicats « considèrent désormais que la phase de travail postérieure aux mobilisations entamées en novembre dernier se termine. S’ouvre désormais la troisième phase de suivi de la déclinaison concrète de chacune des mesures », ont-ils souligné dans un communiqué commun.

Alors que les députés doivent examiner, dès lundi, le projet de loi d’orientation agricole, les syndicats appellent « l’ensemble des parlementaires à faire preuve de responsabilité pour traduire dans les lois en cours d’examen ou à venir l’ensemble de ces avancées ».

« Ce n’est pas la fin de la mobilisation »

« Le compte n’y est toujours pas, » a expliqué, ce samedi 27 avril, la présidente de la Coordination rurale, après les nouvelles annonces du gouvernement. « Dans le sud et dans le nord de la France, les agriculteurs ne se sentent pas entendus, » regrette Véronique Le Floc’h.

« Accorder de nouveaux prêts aux agriculteurs, alors même qu’ils sont en attente d’argent de l’Etat, c’est difficilement acceptable de leur part« , a-t-elle notamment souligné, évoquant les nouveaux prêts de trésorerie, pouvant aller jusqu’à 75.000 euros, qui seront apportés par Bpifrance.

Concernant les prêts garantis par l’Etat, cela « va dans le bon sens » mais « faut-il encore que les banques acceptent les prêts auprès de ces agriculteurs », a poursuivi la présidente de la Coordination rurale, une organisation créée fin 1991.

« Beaucoup de mesures sur les trésoreries auraient pu être avancées » par le gouvernement, « en particulier concernant le gasoil » [GNR], rappelant la demande portée par la Coordination rurale d’un gasoil à « 1 euro TTC ».

Le syndicat réclame également une « baisse de la taxe foncière ». Par ailleurs, sur le sujet de la sécheresse, « aider toute la partie sud de la France aurait été plus judicieux qu’aider uniquement trois départements », a-t-elle déploré.

« Il y a quelques mesures qui vont dans le bon sens, mais le compte n’y est pas », a déploré Véronique Le Floc’h.

Pour la Coordination rurale, ce n’est pas encore l’heure d’appeler à l’arrêt de la mobilisation. « Comment voulez-vous qu’il y ait une volonté de retourner travailler sans savoir quand toutes ces mesures seront appliquées » et « si vous ferez partie de ceux-là qui pourront être sauvés ou en partie sauvés? », s’est-elle interrogée.

« Tout ce qui concerne les retraites, c’est de la redite » et « tout ce qui concerne les contrôles […], on le savait déjà », a-t-elle déclaré. « Franchement, le travail n’est pas fini », a avancé Véronique Le Floc’h. « Notre phase de mobilisation va redémarrer », a-t-elle affirmé.

Les prix plancher agricoles adoptés à l’Assemblée, contre l’avis du gouvernement

Les Ecologistes infligent une défaite symbolique au gouvernement 

Le président pérore,
son ministre baisse les yeux

Le retour d’une mesure voulue par Macron, mais rejetée par la macronie.

Macron avait annoncé la mise en place de « prix plancher », au Salon de l’agriculture, à la surprise générale, pour garantir les rémunérations agricoles.

Leur mise en œuvre semblait à risques. Mais, surprise, ils viennent d’être votés à l’Assemblée à la faveur d’une niche parlementaire écolo.

A la faveur de leur niche parlementaire du jeudi 4 avril, les députés écologistes ont présenté une proposition de loi visant à instaurer leur version des prix plancher agricole. La majorité a voté contre, espérant faire valoir sa propre interprétation du sujet dans de prochaines propositions législatives. Mais, faute d’opposition de la droite, la mesure a été adoptée quand même…

C’était une des images du Salon de l’Agriculture 2024 (ci-dessus). Le visage du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau se décomposant à l’annonce, par le président de la République, de l’instauration d’un prix plancher agricole pour sauver les revenus des fermes. Rien n’avait été préparé. Pire, la majorité, qui s’était gaussée d’une proposition similaire faite, en novembre à l’Assemblée, par La France Insoumise, s’était retrouvée en porte-à-faux.

L’Assemblée a approuvé jeudi 4 avril dans la soirée en première lecture une proposition de loi écologiste en faveur de prix planchers pour les agriculteurs, en dépit de l’opposition de la majorité et du gouvernement.

Dans un hémicycle clairsemé, où de nombreux élus macronistes étaient absents, le texte de la députée écologiste de la Drôme Marie Pochon a été approuvé par 89 voix contre 66, la gauche votant pour et la majorité contre. Le RN s’est abstenu, affirmant par la voix de Grégoire de Fournas avoir «toujours été pour des prix planchers», mais regrettant l’absence dans le texte de «dispositifs pour encadrer les marges» au risque de nourrir «l’inflation alimentaire».

LR a été quasi absent du débat, mais le député Pierre Cordier a marqué son désaccord avec le texte.

Pour «garantir un revenu digne aux agriculteurs», le texte écologiste prévoit un prix minimal d’achat fixé par «une conférence publique» dans les filières qui le souhaitent, ou sur décision du gouvernement  en cas de désaccord. Le texte prévoit que les prix ainsi déterminés permettent de rémunérer les agriculteurs à hauteur de deux fois le Smic, le prix minimum pouvant être revu tous les quatre mois.

La proposition de loi, qui reprend une mesure proposée dans un texte de la France insoumise rejeté de peu dans l’hémicycle en novembre, fait aussi écho aux propos du président Macron, qui avait fixé un objectif de «prix planchers» lors de sa visite houleuse du Salon de l’agriculture en février, sur fond de colère paysanne.

«Inopérant»

Au banc du gouvernement, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, a toutefois rejeté avec vigueur le dispositif proposé par l’écologiste Marie Pochon, le jugeant «inopérant», même si le gouvernement «partage pleinement [sa] préoccupation» par le1 revenu des agriculteurs. «La piste conduisant à des prix administrés doit être écartée» car ce n’est pas le gouvernement qui «peut déterminer le prix pour un secteur économique», a estimé Agnès Pannier-Runacher.

De plus, «l’instauration d’un prix minimal qui par définition ne s’appliquerait qu’à la production nationale, pourrait favoriser les produits importés au détriment de nos agriculteurs», a-t-elle souligné.

Au cours de débats qui se sont étirés, la majorité a parfois donné l’impression de jouer la montre pour éviter d’aller jusqu’au vote de la loi. «Ils sont gênés sur un dispositif annoncé par le président de la République», a analysé Marie Pochon.

Le député MoDem Bruno Millienne a particulièrement échauffé les esprits, en accusant les écologistes de «vouloir [se] racheter une conscience, après avoir fait chier les agriculteurs pendant des décennies, mais ça ne marche pas»«Oui nous sommes écologistes, nous sommes fiers et nous sommes au côté des agriculteurs. La réalité c’est que vous n’assumez pas votre vote» – contre les prix planchers -, a réagi la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain.

Un mois avant, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, Marc Fesneau était d’un avis diamétralement opposé. «La proposition de LFI pour un prix plancher sur le lait c’est un modèle soviétique».

Le texte doit désormais être présenté au Sénat, à majorité à droite.

Supprimer les APL n’est pas un tabou pour Macron, Attal et leur alliance

Avec la macronie, Paris Match défend les coupes sombres dans les aides sociales

La sémantique du magazine de Vivendi laisse rêveur ! La majorité présidentielle cherche sérieusement à tailler dans les aides publiques, notamment au logement, pourtant en grande souffrance. Une vraie source d’économies mais qui comporte un immense risque social, tandis que les Français voient leur passer sous le nez trois milliards pour l’Ukraine et trois autres milliards pour et que les agriculteurs ne peuvent espérer que. Bercy promet aux agriculteurs 150 millions d’euros en aides sociales et fiscales pour l’élevage bovin, 400 millions d’euros de nouveaux crédits  et 200 millions d’euros d’avances de trésorerie sur le gazole non routier (GNR). « Il n’y a pas d’argent public disponible. Il faut rétablir les finances publiques, a admis Bruno Le Maire devant les filières agricoles. Mais l’Etat peut apporter sa garantie. Cela peut permettre aux banques de prêter beaucoup et à des taux intéressants. »

Dans la loi de finances pour 2024, le gouvernement a en effet prévu 2 milliards d’euros de garanties de crédit pour le monde agricole. Bruno Le Maire a promis que ce soutien serait effectif au 1er juillet 2024. Seule exception à la règle, les 150 millions d’euros promis en aides sociales et fiscales pour l’élevage bovin. « Parce que c’est ça ou le secteur crève », a justifié le ministre, évoquant l’inscription de cette somme – déjà prévue pour 2025 – dans un éventuel budget rectificatif en juillet prochain.

Les banques mises à contribution

Dans l’immédiat, Bercy compte sur la mobilisation du secteur privé. Les banques et les assurances ont été conviées à une réunion au ministère de l’Economie ce mardi. Des échanges informels ont eu lieu au cours du week-end, avec notamment la direction du Crédit Agricole. « Je souhaite qu’elles jouent davantage le jeu, qu’elles formulent des propositions en termes d’ouverture de crédits et de taux d’intérêt pour tous les paysans français, a précisé Bruno Le Maire. Aujourd’hui, nous n’y sommes pas. »

Devançant les demandes de Bercy, le secteur bancaire a de son côté multiplié les annonces depuis l’ouverture du salon. La Banque populaire a communiqué sur plusieurs mesures, dont la mise en place d’un financement à court terme « dans des conditions exceptionnelles, à taux préférentiel » ; le Crédit Mutuel dit mobiliser « tous les leviers à sa disposition pour leur apporter, au cas par cas, un soutien proactif et personnalisé ». Mais elles attendent surtout que ce soit l’Etat qui casse sa tirelire. Et sa tirelure, c’est le fond de nos poches.

« Les APL ? Ça ne sert à rien ! Ça nous coûte près de 14 milliards d’euros par an. Et cet argent va directement dans la poche des propriétaires », s’emporte un ministre.

L’exécutif est sous pression. La croissance est en berne, 1 % de prévision en 2024, et la dette abyssale, 3.000 milliards d’euros. Pour tenir les objectifs de déficit public, 10 milliards ont dû être trouvés. En urgence ! Et il en faudra « au moins 20 milliards de plus » l’année prochaine, a annoncé Thomas Cazenave (ministre délégué en charge des Comptes publics) aux sénateurs qui l’auditionnaient le 6 mars. Plutôt 50 milliards, estime la Cour des comptes dans son rapport public annuel publié le 12 mars.

Alors, dans le camp présidentiel, la chasse aux économies est ouverte. Et tels des limiers, certains commencent à flairer une piste : les aides personnalisées au logement. « Nous savons qu’elles n’aident pas à la baisse des prix, explique un député Renaissance, spécialiste des questions budgétaires. On le voit dans tous les secteurs : automobile, chauffage, logement, etc. “Combien touchez-vous d’APL ?” est même devenu l’une des premières questions que posent les propriétaires à leurs futurs locataires. »

En 2015, la Cour des comptes faisait déjà le constat que « le système souffrait d’une gestion complexe et coûteuse » et laissait « subsister des facteurs d’inégalité et d’inefficacité ». Rapport resté lettre morte… ou presque. « Les APL ne sont pas l’alpha et l’oméga de notre politique logement », assume un député anonymé de la majorité qui plaide pour une réforme en profondeur de ces aides.

Le sujet est inflammable

Ce n’est pas la première fois que ces dépenses sociales se retrouvent dans le viseur de l’exécutif. L’aide à l’accès au logement a déjà été rabotée de 300 millions d’euros cette année. Et, depuis 2017, elle constitue l’un des principaux postes d’économie du budget de l’Etat. En baisse de 18,1 % entre 2017 et 2022, selon la commission des finances. Le gouvernement pourrait-il aujourd’hui aller plus loin en les supprimant totalement ? « Ce n’est pas un tabou », répète-t-on dans le bloc central, l’alliance présidentielle.

Pourtant, quelques années plus tôt, Macron reconnaissait que la baisse des APL de 5 euros – décidée au début de son premier quinquennat et validée par le Conseil d’Etat en octobre 2018 – était « un boulet » qu’il traînait au pied. Face au tollé suscité, l’exécutif avait revu sa copie. Mais le mal était fait. L’opposition s’était emparée du sujet pour dénoncer la politique d’un « président des riches ». Etiquette dont le chef de l’Etat peine à se débarrasser encore aujourd’hui.

« Supprimer les APL ? Ce n’est pas la première fois que j’entends cette idée, avoue-t-on au ministère du Logemen, dont Guillaume Kasbarian est le ministre délégué. Pour l’heure, rien ne nous a été demandé. Ce n’est pas dans nos cartons. Mais nous savons que nous devrons participer à l’effort budgétaire. »

Tous ont en tête la notation financière de la France. Une dégradation d’une des trois agences mondiales provoquerait une hausse du taux d’intérêt de la dette – déjà au plus haut depuis 2012 – ce qui aggraverait la santé des finances publiques.

Bruno Le Maire recevra les groupes parlementaires, en avril

Le sujet passe de « sensible » à inflammable ! Alors pour ne pas se ­brûler, l’exécutif a bien une idée : demander à l’opposition de rendre des comptes… Au sens propre, comme au figuré. Bruno Le Maire recevra l’ensemble des groupes parlementaires, courant avril, « pour une prise de conscience collective », a-t-il expliqué, mercredi 13 mars au Sénat. « Beaucoup de nos opposants formulent des propositions de dépenses mais jamais d’économies, critique-t-on dans son entourage. Nous attendons donc des mesures sérieuses, crédibles et chiffrées ! »

Attendons-nous à ce que les oppositions soient tenues pour responsables… depuis « 40 ans » ! On entend déjà la péronnelle, Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, depuis qu’Olivier Véran se reconvertit dans l’esthétique.

Guerre en Ukraine : Macron, Scholz et Tusk mettent en scène une unité de façade

Un étalage qui ne fait pas illusion et surtout pas sur Poutine

Après que Macron a soupçonné l’Europe de lâcheté dans le conflit en Ukraine, une petite poignée de main à trois, un diagnostic minimal partagé et une annonce opérationnelle floue : trois petits tours et puis s’en vont. Manque d’ailleurs Biden pour que la farce soit complète. Ce vendredi 15 mars, au lendemain d’un entretien donné à la télévision française sur la guerre en Ukraine, Macron s’est rendu à Berlin pour une réunion avec le chancelier allemand d’une coalition hétéroclite Olaf Scholz et le premier ministre polonais libéral conservateur Donald Tusk.

L’occasion de jouer la comédie de l’unité du « Triangle de Weimar » et de dissiper les dissensions liées à l’évocation par Macron d’éventuel envoi de troupes au sol. « Nous continuerons comme nous l’avons fait depuis le premier jour à ne jamais prendre l’initiative de quelque escalade », a déclaré le chef de l’Etat, tout en promettant « de soutenir aussi longtemps que nécessaire l’Ukraine et son peuple ».

Une priorité de Macron en décalage avec le surendettement, l’inflation et la crise agricole

Le président français joue au fer de lance européen contre Poutine, passant un accord avec Zelensky pour fournir jusqu’à 3 milliards d’euros d’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine en 2024, tandis qu’il accorde 150 millions d’euros de mesures de soutien aux éleveurs français…

Selon Macron, la Pologne, l’Allemagne et la France seraient plus que jamais « unies, déterminées » et « résolues à ne jamais laisser gagner la Russie ».

« Nous avons acté beaucoup de choses à trois », a poursuivi le chef de l’Etat, annonçant « une politique industrielle et de défense plus forte », pour soutenir Kiev. « Le moment est grave, c’est une époque nouvelle qui s’ouvre, et nous serons au rendez-vous », a-t-il dramatisé, à l’approche des Européennes. Et pour bien matérialiser cet alignement, Olaf Scholz a annoncé « une nouvelle coalition de capacités pour l’artillerie à longue portée ». Soit précisément l’arsenal réclamé par Kiev pour faire face aux contre-attaques russes face aux agressions de la coalition occidentale orchestrée par Biden à Washington qui promet monts et merveilles à Zélensky pour fragiliser la frontière russe avec l’Ukraine.

Cette coalition agira dans le cadre du format Ramstein (le groupe de contact des alliés sur la défense de l’Ukraine) et fait suite à une déclaration faite à la Conférence de soutien à l’Ukraine, à Paris, le 26 février.

Tout est bon à Macron et Attal pour agresser le Rassemblement national

Le RN les rend fous.

Après avoir marqué les esprits en intégrant le Rassemblement national à « l’arc républicain » dans ses premières déclarations depuis Matignon, Macron a contredit son premier ministre dans un entretien du 18 février. « Le RN ne s’inscrit pas dans l’arc républicain », tranche le président dans le journal communiste l’Humanité, ce qu’omet de souligner le HuffPost. Mais le premier ministre hausse le ton contre la droite nationale, sous la pression de la campagne pour les élections européennes. Récemment, à deux reprises, le premier ministre a expliqué que, selon lui, « l’arc républicain, c’est l’hémicycle », tout l’hémicycle donc, Rassemblement national et France insoumise compris. Des propos qui ont suscité l’émoi dans la majorité, alors qu’Elisabeth Borne prônait exactement l’inverse. Olivier Véran, désormais ancien ministre, se félicite de pouvoir désormais « la rouvrir » et, lui aussi, a taclé Attal et exclu le RN de l’arc républicain. C’est la cacophonie au sommet de l’Etat.

Et ils assurent qu’il ont une ligne politique : le zigzag…! En contredisant son premier ministre, Macron se contredit lui-même, malgré une « pensée complexe »qui lui permet de dire tout et don contraire. Interrogé il y a quelques jours à Bordeaux à la suite des propos de Gabriel Attal, Macron était allé dans son sens, jugeant tout à fait normales les discussions avec le RN. Le président était même allé jusqu’à assumer « de constituer des majorités qui puissent être complétées ou grossies par des voix venant du RN ». Des propos étranges quand on sait qu’au moment du vote de la loi immigration, Macron avait expliqué que le texte ne devait pas passer grâce aux voix du Rassemblement national. La macronie apprend à ses dépens que l’image de l’arc véhicule celle de flèches.

Depuis qu’il a proposé un débat à Marine Le Pen pour la coincer sur l’agriculture – débat refusé par l’intéressée, puisque ni elle ni lui n’est candidat aux Européennes – le chef du gouvernement multiplie les invectives sur de nombreux sujets. Son intention maligne est de débusquer les incohérences supposées du parti premier parti de France – en meeting ce dimanche à Marseille – et réagir au danger qu’il représente dans les urnes, à l’heure d’enquêtes d’opinions très prometteuses pour lui, après sept années de totalitarisme macronien.

Une stratégie qui revient à endosser pleinement le rôle « anti-Bardella » que certains taillaient pour lui au moment de sa nomination rue de Varenne, et à faire du RN son seul adversaire pour le 9 juin prochain.

« Passagers clandestins » de la crise, « troupes de Poutine »

Les nouveaux éléments de langage de l’exécutif ne valent pas tripette. Mardi 27 février, au Salon de l’agriculture, alors que Jordan Bardella vient d’enchaîner deux longues visites marquées par d’innombrables selfies et l’accueil bienveillant des exposants et visiteurs, le premier ministre est sur lq défensive et riposte. Depuis le studio de RTL, installé porte de Versailles pour l’occasion, il accuse le RN d’être les « passagers clandestins » de la crise agricole, pointant leur « incohérence absolue ». Des assertions inspirées d’un sentiment de défaite intégrée.

Les dirigeants du parti « viennent butiner sur cette crise, expliquer qu’ils auraient toutes les solutions », mais en « 40 ans », le RN n’a « absolument rien fait, rien proposé », assène Gabriel Attal, citant les variations de Marine Le Pen sur la PAC, lancée en 1962, sur l’assurance récolte portée en 2023 par le député Frédéric Descrozaille (Renaissance) et imposant une hausse de l’aide de l’Etat du contribuable à 70% du montant de la prime d’assurance payée par les agriculteurs, ou sur la loi Egalim, quatrième version de Macron pour lutter contre l’inflation.

Autre sujet, autres flèches, l’après-midi même, mais à l’Assemblée nationale. Alors que la cheffe de file du RN brocarde la dernière déclaration de Macron sur la possibilité, un jour, d’envoyer des troupes françaises en Ukraine, Gabriel Attal réplique avec une longue tirade pour rappeler les liens et la complaisance du parti lepéniste, comme Chirac, à l’égard du Kremlin, depuis qu’en 2014 les banques françaises ont refusé des prêts à la candidate RN à la présidentielle.

Le premier ministre s’est même offert une escapade à l’Assemblée, vers 15 h, pour répondre à une question posée par Marine Le Pen sur la mobilisation de militaires occidentaux envisagée par Macron face à la Russie. En ne faisant pas dans la demi-mesure, le locataire de Matignon s’est décrédibilisé : « Il y a lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà en France : je parle de vous et vos troupes », a-t-il lancé à l’ancienne candidate à la présidentielle, outrée « d’une telle injure ». Chaque agression verbale d’Attal fait écho à un délire de Macron.

« Passager clandestin »

A 103 jours du scrutin européen, le premier ministre entend s’ériger en rempart face à la poussée de la droite nationale et à sa forte avance dans les sondages. L’un de ses adversaires est Jordan Bardella, qui vient de passer deux jours au Salon de l’agriculture, multipliant les selfies. « Il ne faut pas être dupe, exhorte Gabriel Attal. Le RN est le passager clandestin de cette crise agricole. Il butine sur le malaise de la profession ». Une affirmation qui a agacé la députée du Rassemblement national, Hélène Laporte. « Il est loin le temps des premiers ministres à la hauteur », a-t-elle lancé.

Interpellé par des militants de la Coordination rurale, Gabriel Attal est revenu sur les incidents de samedi, lors des sifflets, huées et appels à la démission de Macron au Salon. « Ce que l’on a vu, c’est l’instrumentalisation de certains pour semer le chaos. Le RN a manipulé des forces syndicales, a-t-il accusé. Parmi ceux qui ont cherché à bousculer le chef de l’Etat, il y avait des militants », assure le premier ministre. Mais les preuves tardent à sortir… Des diffamations rejetées par l’électorat, selon les sondages. Manipulés par Poutine, selon les complotistes macroniens.

Débattre avec Macron, ça donne ça, au Salon de l’agriculture 2024

Le langage vulgaire de Macron, dans le style du populo, selon les banquiers, est insultant !

La scène du mini-débat en camp retranché: les agrlculteurs ne connaissent rien à leur profession, nan, nan, nan : le banquier leur explique…

Débattre, selon lui, c’est débiner les absents:

TikTokeur

Soyez prêts à entendre des raisonnements fallacieux:

Les sommes versées par la France surendettée à Zelensky ne sont pas des milliards détournés de l’agriculture française, puisqu’elles sont destinées à l’armement de l’Ukraine!… A quoi las mafias ukrainiennes utilisent-elles les revenus de leurs exportations de poulets industriels ou de céréales avec normes particulières et droits de douanes réduits?

« Vous êtes gonflés »

Il règle des comptes

C’est pas lui, c’est l’autre

Lorsqu’il tombe sur un contradicteur coriace, il élude en déviant sur ses opposants :

Il n’arrête pas de parler, ses propos seraient détournés et il s’en prend aux journalistes… Qu »il la mette en veilleuse !

Bilan

Macron aurait menti en niant farouchement les invitations de l’exécutif aux Soulèvements de la terre à son « grand » débat avec les agriculteurs

Macron au Salon de l’Agriculture : fallait pas l’inviter !

Le président de la République a politisé sa visite du 60e Salon international de l’Agriculture – du 24 février au 3 mars 2024 à Paris Expo Porte de Versailles – en attaquant le Rassemblement national, parti qui rassembla 13 millions d’électeurs contre lui en avril 2022, mais ignorant le collectif radical Les Soulèvements de la terre qui blesse des policiers et qu’il a tenté de dissoudre. En vain, comme la plupart de ses actions. BFMTV a interrompu un entretien pour diffuser en direct l’agression verbale présidentielle du premier parti de France.

Le santon Pannier-Runacher baisse les yeux…

A la Joe Biden, 81 ans, insultant Poutine, traité de « fils de p*te » («son of a bitch»), pendant une rencontre à San Francisco (Californie) avec des donateurs du Parti démocrate, Macron en campagne des Européennes – faute de se trouver une tête de liste pour son mouvement – a estimé que la profession agricole « mérite mieux » que le « projet de décroissance et de bêtise » du RN

Macron a pété un cable ce samedi 24 février au cours de réponses aux questions de la presse depuis le Salon de l’agriculture. Il est entré dans une colère noire pour assurer qu’il n’a jamais invité les Soulèvements de la Terre à débattre. Il a martelé qu’il n’a « jamais » au grand jamais « songé initier » une invitation au collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre à un grand débat.

« Je démens totalement cette information. Totalement ! Je n’ai jamais songé initier une telle invitation », à un grand débat au premier jour du Salon de l’agriculture, a-t-il asséné en évoquant le collectif écologiste d’extrême gauche. Une nouvelle qui avait provoqué la colère des agriculteurs et déclenché un boycottage par la FNSEA, syndicat majoritaire et respectueux.

« Vous parlez au président de la République qui a assumé de faire passer en Conseil des ministres la dissolution des Soulèvement de la Terre. Toute cette histoire m’a mis en colère à un point que vous ne pouvez pas imaginer (…) Donc là, ça, c’est n’importe quoi », a-t-il ajouté haussant le ton, visiblement hors de lui. Sauf qu’il est un comédien reconnu, également capable de prononcer des discours d’hommage sur un ton compassé frisant le ridicule et de prononcer au Salon des grossièretés (« bordel », « emmerder » et autres), le banquier pensant faire peuple et se rallier ainsi les benêts.

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, détourne le regard…

Macron évoque une « erreur » de ses conseillers

Pressé par les journalistes puisque le collectif avait été cité parmi d’autres dans un appel de l’Élysée à débattre avec la presse, il a insisté : « Il n’y a pas eu d’invitation. »

« Il y a eu une erreur qui a été faite quand ce groupement a été cité, mais c’est faux. Il y a eu la volonté d’organiser un débat avec toutes les parties prenantes, avec les distributeurs, avec la grande distribution, avec les industries agroalimentaires et avec les organisations qui sont dans les conseils, c’est-à-dire les organisations qui ont pignon sur rue, qui sont pacifiques et qu’on retrouve dans les conseils Ecophyto, etc. », a-t-il dit, citant les douteux WWF et Greenpeace.

VOIR la colère surjouée de Macron :

« Les organisations qui pratiquent la menace, qui détruisent : jamais », a conclu le président, dont on ne savait toujours pas à 10h s’il comptait se rendre au contact des agriculteurs échaudés pour couper le cordon officiel signant l’ouverture du Salon. Macron n’aurait donc pas tenté d’amadouer les méchants en invitant LSD, sachant que la FNSEA et les JA , quant à eux, sont accessibles à la raison et entrent dans l' »arc républicain. »

Les Soulèvements de la terre démentent les propos du président

« Contrairement à ce que voudrait faire croire Emmanuel Macron et la FNSEA, les Soulèvements de la terre sont nés avec l’objectif de lutter pour la préservation d’une agriculture paysanne, contre l’artificialisation et l’accaparement des terres. Nous ne sommes pas contre les agriculteurs, nous oeuvrons au contraire aux côtés d’une grande partie d’entre eux depuis nos débuts, pour que les ressources, les sols, l’eau soient protégés : c’est la condition sine qua non pour qu’une agriculture soit possible encore demain, et que de nombreuses personnes puissent vivre de la paysannerie, assure LST sur son site. L’Élysée a bien cherché à nous contacter via différents biais pour nous inviter à ce « grand débat » [1]. Voici quelques clarifications sur notre positionnement et sur les dernières 48h.

Marine Tondelier (EELV) confirme : lien

En deux jours, la venue d’Emmanuel Macron au salon de l’agriculture a pris des airs de farce et s’est accompagnée d’une somme de mensonges de l’exécutif. A l’heure d’une fronde agricole inédite, Macron a cherché à désamorcer le conflit en resservant la soupe du « grand débat ». Mais de l’arnaque de la convention citoyenne pour le climat au simulacre de négociations pour les retraites, plus personne n’accepte de faire de la figuration pour légitimer les monologues présidentiels. L’invitation des Soulèvements de la terre a rendu fous de rage la FNSEA, la droite et l’extrême droite. De notre côté nous avons d’abord cru à une blague lorsque nous avons appris que l’Elysée cherchait à nous contacter pour participer au débat. De toute évidence, nous ne nous serions jamais livré à une telle mascarade qui n’a d’autre objectif que d’éteindre la rébellion agricole en cours. Notre place est dans les luttes avec les paysan-nes, dans les blocages des  plate-formes de la grande distribution ou les occupations des sièges de l’agro-industrie. Les débats nous les avons au quotidien, sur le terrain, avec les habitant-es et paysan-nes des territoires.                                    

La direction  de la FNSEA et le gouvernement agissent de concert pour mettre un point final au mouvement agricole et œuvrent à mettre en place une agriculture sans agriculteurs, accuse encore LST. Ils cherchent à détourner la colère avec un train de mesures qui ne profiteront qu’aux patrons de l’agro-business sans résoudre trois questions centrales : (1) celle du revenu paysan, de la capacité à vivre dignement du travail de la terre ; (2) celle d’un changement de modèle agricole pour préserver la terre et l’eau face au ravage écologique ; (3) et enfin celle de la garantie pour tous-tes d’accéder à une alimentation saine et locale. La loi d’orientation agricole en facilitant l’usage des pesticides, en généralisant les méga-bassines au profit d’une minorité d’agriculteurs exportateurs ne répond à aucun de ces enjeux. 

Le désarroi agricole, les suicides et la colère sont les conséquences d’une politique délibérée de destruction de la classe paysanne (sic) : par la mise en concurrence mondiale et les accords libre échange et par l’organisation d’une dépendance au complexe agro-industriel qui dépossède les agriculteurs de la maîtrise de leur métier, les surendette et inféode leur activité aux profits de la grande distribution et des industriels de l’agro-alimentaire. 

Nous contribuons avec les Soulèvements de la Terre à différents combats pour la défense des paysan.nes. Contrairement à ce que cherche à faire croire la propagande du gouvernement, nous n’avons jamais « attaqué de fermes », nous avons ciblé des infrastructures du complexe agro-industriel : bassines en Deux-Sèvres, une usine Monsanto à Lyon, des expérimentations toxiques de l’industrie nantaise du maraîchage. Nous avons repris des terres aux spéculateurs et vendangé les vignes de Bernard Arnault pour appuyer des installations paysannes. Plusieurs générations de paysan-nes se retrouvent dans nos manifestations et prennent pleinement part aux Soulèvements de la Terre. 

Contrairement à ce que cherche à faire croire la FNSEA, il n’y a pas un monde agricole unifié  dont elle représenterait les intérêts. Il y a une grande bourgeoisie agro-industrielle, dont Arnaud Rousseau est le représentant, qui accapare et concentre les terres et les aides publiques. Et en face, il y a des masses d’ouvriers agricoles précaires et d’agriculteur-ices moyens en voie de paupérisation. Le gouvernement et la direction de la FNSEA cherchent une nouvelle fois à opposer écologistes et paysan-nes. Pour nous, il n’est plus question que les paysan.nes continuent à être pris en tenaille entre suicide économique et suicide aux pesticides. Nous avons la conviction que la lutte sociale des travailleurs de la terre et la lutte écologique contre le ravage en cours [sic] sont indissociables. Nous le démontrerons une fois de plus lors de la saison d’action des Soulèvements de la Terre qui commence ce printemps. 

L’agitation qui règne au salon de l’agriculture démontre que le mouvement qui a surgi en janvier 2021 n’est pas près de s’éteindre. Nous continuerons [avec le soutien du Conseil d’Etat], comme nous l’avons fait ces dernières semaines, à appuyer les blocages et les actions contre les multinationales, comme Avril [marques comme Lesieur, Puget, Matines ou Diester ] et Lactalis [produits laitiers Président, Galbani, Lactel, Bridel, Société, Le Roitelet, Lepetit, Salakis, Graindorge…], qui font leur beurre sur le dos des paysans. 

[1] L’Elysée, par l’intermédiaire des cabinets de Pascal Canfin [ministre délégué au Développement dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault] et Gabriel Attal, ont bien cherché à contacter des membres des Soulèvements de la terre afin de nous inviter à ce débat. En effet, le jeudi 22 février, à partir de 18h, un député européen EELV confirme avoir transmis le numéro de téléphone d’une de nos portes paroles au cabinet de Pascal Canfin (RE), qui était en charge de faire le lien avec l’Élysée pour nous inviter à ce « grand débat ». Des membres du cabinet du cabinet Gabriel Attal ont contacté une responsable politique nationale d’EELV, afin de récupérer un contact chez les Soulèvements de la terre. Cela rejoint les annonces de l’Elysée concernant notre invitation, lors de la conférence de presse du jeudi 22 février.

[2] Notre premier communiqué sur le mouvement agricole en cours, daté du 31 janvier :

L’écriture inclusive n’est pas de notre fait…

Salon de l’agriculture chaotique: Macron, sous haute protection policière

Le président a fait le malin de bulle en bulle derrière six rangs de policiers

Mini débat en lieu et place du « Grand » annoncé, en petit comité de quelques syndicalistes agricoles sélectionnés, à l’étage du Salon de la Porte de Versailles:

« En vrai », les virulents sont évacués manu militari:

Lien TikTok

Images de bousculades

Ce que BFMTV n’a pas montré:

Macron hué, sifflé et appelé à la démission:

Le problème des agriculteurs, pour Macron, c’est le RN et non l’Ukraine:

3 milliards de la France pour armer l’Ukraine: de quoi faire rêver les paysans français auxquels Macron promet 400 millions :

Un total que Bruno Le Maire juge peu… excessif au regard du nombre d’exploitations en France. Lien Twitter

Pourquoi démissionner, puisque la police lui autorise tout ?

Autre chose? Ben, oui : les JO, sous haute pritection policière…

Salon de l’agriculture : des manifestants forcent l’entrée, des CRS sont déployés à l’intérieur

Le Salon ouvre au public avec retard et Macron bunkerisé à l’étage avec un vingtaine de syndicalistes

La soixantième édition du Salon de l’agriculture n’a pas pu effectuer son ouverture officielle à 9h, du fait de la présence contestée de Macron ce samedi 24 février dans un climat de tension, nourri depuis plusieurs semaines avec le rejet de normes européénnes et de règlements nationaux et les manifestations agricoles.

Les organisateurs du Salon ont finalement annoncé à 9h15 que l’ouverture est retardée jusqu’à nouvel ordre. Dans le même temps, Macron a pris la parole, avec des fiches, devant une caméra fixe et des journalistes accrédités, renouvelant des promesses qui n’ont pas apaisé la colère rurale après 35 jours.

Le président, qui a été contraint d’annuler finalement hier son « grand » débat avec les agriculteurs, a fait son entrée dans la nuit, en évitant le comité d’accueil paysan pour se rendre dans une salle fermée, en étage. Dans ce huis clos, il a rencontré les secrétaires généraux des syndicats de la profession. Echaudées, des dizaines de manifestants, dont certains ont passé la nuit devant le salon pour accueillir le chef de l’Etat, ont forcé une grille pour entrer dans les lieux avant l’heure.

Certains, munis de sifflets, se sont précipités dans l’entrée principale où des heurts se sont produits avec le service d’ordre. « On va le dégager physiquement s’il le faut », a déclaré l’un des manifestants.

Heurts entre manifestants et membres du service d’ordre
du Salon de l’agriculture,
le 24 février 2024. 

Des empoignades ont eu lieu entre la sécurité des manifestants portant des signes distinctifs des trois syndicats, FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale, au moment où le chef de l’État commençait à s’entretenir avec des responsables syndicaux à proximité. Des CRS ont été déployés dans les allées du salon et les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène contre les agriculteurs.

L’ouverture du salon repoussée

Les organisateurs du Salon de l’agriculture, qui avaient dit qu’ils comptaient bien ouvrir comme prévu à 09H00, ont finalement annoncé que l’ouverture était retardée jusqu’à nouvel ordre.

« Les organisateurs du Salon international de l’agriculture informent que dans le contexte actuel les conditions ne sont pas réunies pour que nous puissions ouvrir les portes aux visiteurs sereinement. La décision est prise de retarder l’ouverture de la 60e édition », ont-ils indiqué.

Dans leur première annonce, ils envisageaient que des « endroits restent inaccessibles » au public, en particulier le pavillon 1 – celui des animaux – où ont convergé les centaines d’agriculteurs remontés.

Macron fait des annonces

Vers 9h15, Macron s’est adressé la presse, appelant à ce que le salon « se passe bien, dans le calme ». « C’est un moment de fierté, de reconnaissance et donc il faut que ce salon se passe bien, dans le calme pour l’agriculture française », a-t-il déclaré constatant également qu’« on ne répondra pas en quelques heures à cette crise agricole ».

« Nous lancerons un recensement dans chaque région des exploitations qui sont dans les plus grandes difficultés de trésorerie pour pouvoir les accompagner. », a-t-il annoncé.

Il a dit vouloir reconnaître dans la loi l’agriculture et l’alimentation « comme un intérêt général majeur » de la France. « Nous devons lancer un Egalim européen, parce que nous avons aujourd’hui des grands groupes de distribution qui ne joue pas le jeu et qui utilise l’Europe pour contourner la loi française. », a-t-il ajouté.

Plusieurs agriculteurs interpellés après des heurts entre manifestants et service d’ordre

Quelques minutes après l’arrivée de Macron porte de Versailles, quelques dizaines de manifestants présents sur place ont forcé une grille et ont pénétré dans l’enceinte du Salon de l’agriculture. Des bagarres ont éclaté avec le service de sécurité.

Fiasco – Macron avait invité Les Soulèvements de la terre à débattre: la FNSEA indignée

Macron rétropédale: il exclut les violents du débat au Salon de l’agriculture

Macron a scandalisé en invitant des casseurs
avec des agriculteurs républicains

Ce devait être un grand débat « ouvert, franc et transparent ». Le président de la République assurait qu’il voulait « esquisser l’avenir » de la filière, a indiqué ce jeudi l’Elysée. « L’ensemble des acteurs pourront donner leur point de vue, faire des propositions, confronter des idées », a promis la présidence. Le débat, qui va durer au moins deux heures, se veut également « sans filtre », « dans un état d’esprit républicain ». Le président « souhaite vraiment que la parole soit libre », a ajouté l’Elysée. Mais les Français savent à quoi s’en tenir.

L’annonce de ce débat est survenue alors que les agriculteurs, en colère depuis plusieurs semaines, ont remis la pression sur le gouvernement. Une centaine d’entre eux a manifesté jeudi à Arras (Pas-de-Calais) à l’appel de la Coordination rurale pour réclamer des « actes ».

Quand en mai 1992, le Conseil des ministres européen entérina la nouvelle PAC, la Coordination rurale organisa alors le « blocus de Paris », une action nationale destinée à « essayer de paralyser Paris » en dressant dans la nuit du 22 au 23 juin 1992 des barrages sur les accès principaux d’Ile-de-France. Cinq cents tracteurs se dirigèrent sur la capitale.

Mercredi, le premier ministre Gabriel Attal a récapitulé les dizaines d’engagements et chantiers déjà lancés pour répondre à la colère du monde agricole. Ces déclarations n’ont pas empêché plusieurs actions de protestation un peu partout en France.

L’invitation des violents Soulèvements de la Terre, une provocation pour la gentille FNSEA

Le collectif des Soulèvements de la Terre n’est finalement pas convié samedi, a annoncé l’Elysée ce jeudi soir 22 février.

Plus tôt, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, avait refusé d’y participer en la présence de fauteurs de troubles qui instrumentalisent l’écologie à des fins subversives. Collectif fondé en janvier 2021 à Notre-Dame-des-Landes par d’anciens membres de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, ces éco-terroristes.

Selon Gérald Darmanin, le collectif – l’un des principaux organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline samedi 25 mars 2023, avec « Bassine non merci » et la Confédération paysanne (dont certains membres font aussi partie du collectif d’ultra-gauche) – est directement « à l’origine des actions violentes » dénoncées par le gouvernement lors des regroupements non autorisées contre le projet de méga-bassines. Le ministère a compté 47 policiers blessés et le ministre . 

En décembre 2022, une usine Lafarge avait été victime de dégradations à hauteur de 4 millions d’euros dans une attaque des activistes du mouvement. Dans l’été 2022, ces éco-terroristes avaient déjà effectué des vendanges sauvages, fort de plusieurs centaines de militants, dans des parcelles de vignes situées dans le Var et considérées comme « accaparées » par LVMH.

Le Conseil des ministres a prononcé en juin la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre. Le Conseil d’Etat avait suspendu cette dissolution pendant l’été et a examiné le fond de l’affaire avant de mettre sa décision en délibéré et d’annuler la dissolution, mais validant, en même temps, la dissolution de trois autres associations : la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), dissoute le 20 octobre 2021, l’Alvarium, un groupuscule d’ultradroite établi à Angers, dissous le 17 novembre 2021, et le GALE (Groupe antifasciste Lyon et environs), dissous le 30 mars 2022.

Personne ne veut participer au show de Macron

La FNSEA ou encore les Jeux Agriculteurs ont protesté contre l’invitation par l’Elysée des Soulèvements de la Terre. A la veille de l’organisation de son « grand » débat au Salon de l’agriculture, le chef de l’Etat a dû annoncer qu’il prend « acte » de la décision des syndicats de ne pas le rencontrer samedi 23 février à son grand débat au salon de l’agriculture. C’est pourquoi il s’est résolu, ce vendredi soir, à l’annuler.

A la place de ce grand débat, le chef de l’État a imaginé d’ « inviter demain matin tous les syndicats agricoles avant l’ouverture officielle du salon ». Ces rencontres auront bien lieu à la Porte de Versailles. Avant d’ajouter: « Je serai là pour l’ouvrir et irai au contact de tous ceux qui veulent échanger comme je le fais chaque année. »

Un risque de « plusieurs actions » susceptibles de perturber l’événement est mis en exergue par le renseignement territorial. Le président risque d’être « sifflé à son arrivée », selon leurs informations.

Colère des agriculteurs: la Coordination rurale encercle le château de Chambord

Car Macron « est un petit monarque » pour la CR

Une centaine d’agriculteurs s’est installée ce jeudi 15 février sur le domaine du célèbre château de Chambord, à l’appel de la Coordination rurale (20 % des voix aux élections aux chambres d’agriculture en 2019) du Loir-et-Cher. Arrivés en fin de matinée sur un peu plus de soixante tracteurs, ils ont rangé leurs engins une centaine de mètres devant château, avant de déployer des banderoles revendicatives, cf. illustration

« On ne voulait pas empêcher les gens de travailler, mais on voulait aussi un impact médiatique. On a la chance d’avoir Chambord dans le département. Et ça symbolise aussi le fait qu’on est toujours les gueux contre les rois », a expliqué Axel Masson, responsable de la Coordination rurale dans le sud du Loir-et-Cher. « Aujourd’hui le roi Macron ne nous écoute plus, alors l’idée c’est de venir le chercher au château », a-t-il ajouté, alors que les tracteurs bloquaient quatre des cinq accès du château.

Un entretien avec Marc Fesneau dans les 48 heures

Les agriculteurs présents ont réclamé, en vain, un déplacement du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, lui-même élu du département. « On voulait que le ministre vienne, ça n’a pas été possible en raison de son déplacement dans les Pyrénées-Orientales aujourd’hui, à la rencontre d’autres agriculteurs. On a quand même eu un entretien avec son cabinet et le préfet », a déclaré Axel Masson, indiquant avoir obtenu un entretien en présence du ministre « sous 48 heures ».

Le préfet du Loir-et-Cher s’est déplacé pour entendre leurs revendications, notamment sur la simplification administrative et les problèmes de revenus rencontrés par les exploitants. « Nous aujourd’hui, on demande un prix rémunérateur, un prix minimum garanti, et aujourd’hui on n’a aucune réponse du gouvernement et encore moins de Monsieur Macron », a notamment déclaré Frédéric Prégeant, trésorier de la Coordination rurale du Loir-et-Cher, au micro de France 3.

« Foutez-nous la paix et laissez-nous travailler »

La Coordination rurale du Loir-et-Cher assure vouloir donner plus de place dans les négociations aux agriculteurs non syndiqués. Objectif : rassembler les voix qui font contrepoids face à la FNSEA et aux Jeunes Agriculteurs. Pendant ce temps, les représentants nationaux de chaque syndicat agricole sont cette semaine reçus par Macron, comme c’est toujours le cas en amont du Salon de l’agriculture.

Après avoir été reçue par le Président de la République ce mercredi, la Coordination rurale avait déclaré à la presse que le chef de l’Etat « a pris la mesure de la situation » et entendu notre message subliminal : “Foutez-nous la paix et laissez-nous travailler” ». Ce même message était à nouveau inscrit en lettres rouges sur les tracteurs venus ce jour au château de Chambord.

Gabriel Attal communique son calendrier de mesures prioritaires

« Dès ce printemps, nous réglerons plusieurs urgences » 

« Il n’y aura aucun temps mort,  » assure Attal

Logement, lutte contre l’insécurité, projet de loi d’orientation agricole… Gabriel a détaillé son plan d’action pour les mois à venir.

Gabriel Attal fixe le cap de son gouvernement après un mois à Matignon. A l’occasion d’un entretien fleuve avec Le Parisien, publié samedi, le premier ministre a dévoilé le calendrier des mesures et réformes à venir, promettant qu’il n’y aura « aucun temps mort pour l’action ».

« Dès ce printemps, nous réglerons plusieurs urgences », assure en préambule le chef du gouvernement. A peine arrivé à Matignon, le premier ministre a dû faire face à la colère des agriculteurs, qui ont manifesté partout dans l’Hexagone. Face à cette crise profonde, Gabriel Attal affirme que le gouvernement tiendra ses engagements en préparant le projet de loi d’orientation agricole. Celui-ci doit être présenté « autour du Salon de l’Agriculture », qui se tiendra à Paris, du 24 février au 2 mars. Le premier ministre indique, par ailleurs, qu’il recevra les représentants des agriculteurs, dès ce début de semaine.

Vers une loi « Macron 2 »

Lors de sa conférence de presse à l’Elysée, le 16 janvier dernier, Macron avait esquissé les contours d’une loi pour « la croissance, l’activité et les opportunités économiques ». Attal a confirmé que le gouvernement planche bel et bien sur ce nouveau projet de loi dit « Macron 2 » et indique qu’il sera présenté avant l’été 2024. Dans le détail, ce texte visera à poursuivre la réindustrialisation « dans l’esprit d’Industrie verte », et « simplifier un certain nombre de règles et les conditions d’accès à certaines professions » dans les secteurs tels que les syndics de copropriétés ou encore la vente de médicaments en ligne.

Gabriel Attal souhaite faire de la lutte contre le trafic de drogue l’une des priorités de son gouvernement. « Nous présenterons au mois de mars un nouveau plan Anti-Stups », a-t-il déclaré au Parisien. Ce nouveau plan aura pour objectif de « taper les dealers au porte-monnaie en donnant la possibilité de geler et de saisir les avoirs des trafiquants », indique le locataire de Matignon. En matière de sécurité, Gabriel Attal entend également présenter un plan « Vie tranquille » qui visera à établir une nouvelle stratégie de lutte contre les cambriolages.

Généraliser le service d’accès aux soins

Sur la question du logement, le gouvernement se veut ambitieux, se fixant pour objectif d’en construire pas moins de 30.000 en trois ans. « Nous présenterons […] d’ici quelques jours 20 territoires où nous simplifierons drastiquement toutes les procédures » pour la construction, a ainsi annoncé le premier ministre, rappelant que la loi sur la solidarité et le renouvellement urbain sera modifiée « d’ici l’été ».

Autre enjeu majeur pour le gouvernement : l’accès aux soins. « Dans tous les départements, cet été, il y aura un SAS, un service d’accès aux soins », a souligné Gabriel Attal. Initié en 2020, ce nouveau service prend la forme d’un numéro de téléphone. Il doit servir à orienter la population lorsque le médecin traitant du patient est indisponible. « Vous appelez le 15 et on vous oriente vers un professionnel de ville ou vers l’hôpital », résume ainsi le premier ministre.

LIDL France de défend sur ses achats de tomates marocaines et de fraises espagnoles

Vertueux, seulement selon sa pub

Michel Biero, le président de Lidl France, assure ce jeudi sur BFMTV et RMC qu’il fait tout son possible pour proposer des produits français mais n’entend pas s’interdire de vendre des fruits étrangers à prix cassés. Aux pesticides?

Or, le poids de plus en plus important des légumes et des fruits étrangers dans les rayons de la grande distribution constitue l’une des principales raisons de la colère des agriculteurs.

Ainsi, 36% des tomates consommées en France sont désormais importées. Selon l’Etablissement national des produits de l’agriculture et de la mer, en 2019, la production hexagonale de fruits et de légumes représentait 60% de l’offre contre 65% en 2005.

Pour autant, la grande distribution tente de se défendre. Exemple avec Lidl.

« On a 20 références de fruits et légumes bio dont 11 qui sont françaises », indique ce jeudi, Michel Biero, président de Lidl France.

Ce dernier met également en avant la saisonnalité et la disponibilité des produits. « On est le 1er février et je n’ai pas des produits français sur 100% de mes références », finasse-t-il, citant notamment les courgettes.

La tomate cerise française est 2,4 fois plus chère que la marocaine

« Mais on a déjà planifié nos productions avec nos producteurs et on sera le premier distributeur à basculer sur du français dès que c’est possible et dès que la production est présente en France », annonce Michel Biero.

Reste que certains prix choquent, comme ceux des tomates marocaines.

« Le prix moyen en magasin pour la tomate cerise origine France est 2,4 fois plus élevé que l’origine Maroc, estime le site des chambres bretonnes d’agriculture. Pour les tomates cocktail et ronde l’écart est moins important (1,4). Ceci est d’autant plus significatif que la part de marché de la tomate cerise dans les achats des ménages français est passée de 7,8 % en 2015 à 14,3 % en 2020. »

Michel Biero, le président de Lidl France, explique ce jeudi qu’il fait tout son possible pour proposer des produits français mais n’entend pas s’interdire de vendre des fruits étrangers à prix cassés.

C’est l’une des principales raisons de la colère des agriculteurs: le poids de plus en plus important des légumes et des fruits étrangers dans les rayons de la grande distribution.

Ainsi, 36% des tomates consommées en France sont désormais importées. Selon l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer, en 2019, la production hexagonale de fruits et de légumes représentait 60% de l’offre contre 65% en 2005.

Pour autant, la grande distribution tente de se défendre. Exemple avec Lidl.

« On a 20 références de fruits et légumes bio dont 11 qui sont françaises », indique sur BFMTV et RMC ce jeudi, Michel Biero, président de Lidl France.

Ce dernier met également en avant la saisonnalité et la disponibilité des produits. « On est le 1er février et je n’ai pas des produits français sur 100% de mes références », se justifie-t-il, citant notamment les courgettes.

La tomate cerise française est 2,4 fois plus chère que la marocaine

« Mais on a déjà planifié nos productions avec nos producteurs et on sera le premier distributeur à basculer sur du français dès que c’est possible et dès que la production est présente en France », poursuit Michel Biero.

Reste que certains prix choquent, comme ceux des tomates marocaines.

« Le prix moyen en magasin pour la tomate cerise origine France est 2,4 fois plus élevé que l’origine Maroc, estime le site des chambres bretonnes d’agriculture. Pour les tomates cocktail et ronde l’écart est moins important (1,4). Ceci est d’autant plus significatif que la part de marché de la tomate cerise dans les achats des ménages français est passée de 7,8 % en 2015 à 14,3 % en 2020. »

Leur importation a atteint plus de 425.000 tonnes en 2022, soit une hausse de 40% en à peine cinq ans.

« Ils [les agriculteurs] ont raison d’être en colère. Il y a la problématique du prix et celle des normes. Mais si je ne les vends pas, mes concurrents vont les vendre et mes clients vont se diriger chez mes concurrents. On essaye, chaque fois que c’est possible, et notamment l’été lorsque c’est la pleine saison des tomates, de ne faire que de la tomate française. On joue le jeu au maximum », estime Michel Biero.

Colère des agriculteurs : des camions arrêtés et des magasins contrôlés

Des mises en évidence que la presse soumise aux annonceurs avait négligées

La Coordination Rurale a fouillé de nombreux camions dans la journée du jeudi 1er février 2024, à La Gravelle, entre Vitré et Laval.

La mobilisation des agriculteurs s’est poursuivie en Mayenne jeudi 1er février 2024. La Coordination Rurale a organisé un point de contrôle des camions à La Gravelle.

Des camions de livraison bloqués à l’hypermarché Leclerc de Sedan. Une dizaine de tracteurs ne se revendiquant d’aucun syndicat a bloqué les deux entrées de livraison de l’hypermarché Leclerc, a partir de 23 heures mercredi 31 janvier, bloquant les approvisionnements du Leclerc. « Des fraises et des framboises qui viennent du Maroc ont été bloquées et n’ont pu décharger », explique un agriculteur. Certains livreurs n’approchent pas de la zone commerciale et font directement demi-tour. « On n’empêche pas les clients de faire leurs courses, souligne un agriculteur. Ce n’est pas notre objectif. »

Les agriculteurs bloquent
le centre logistique
du groupe Lidl à
Marche-en-Famenne (Wallonie)

Dans la nuit de mercredi à jeudi, d’autres agriculteurs ont également mené des actions devant les supermarchés Aldi (chaîne de supermarchés hard-discount originellement domiciliée en Allemagne et Lidl (autre entreprise de distribution allemande). Des bottes de foin et des banderoles avaient été déposées devant les magasins.

Des agriculteurs ont aussi contrôlé l’origine de produits E.Leclerc en magasin

Opérations de contrôle par la FDSEA et JA dans des grandes surfaces. Ce mardi, des agriculteurs ont mené plusieurs actions chez des distributeurs dans le Nord. Dans la matinée, à la centrale Leclerc d’Hazebrouck, dans après-midi à celle d’Halennes-lez-Haubourdin puis à Seclin.

Plusieurs fruits et légumes en provenance d’autres pays européens, voire au-delà ont été sortis des bacs frigirifiques.

Ce mardi après-midi, un convoi d’une dizaine de tracteurs et d’une vingtaine d’agriculteurs sont allés chez Leclerc à Halennes-lez-Haubourdin. Objectif  : contrôler les prix et la provenance des produits frais. Ils ont demandé à avoir accès aux réserves du magasin. Requête d’abord rejetée par la direction, puis acceptée à  l’exception des frigos.  Les agriculteurs étaient convaincus que Leclerc avait fait retirer de ses rayons plusieurs produits à prix très compétitifs et/ou de provenance étrangère. 

lls ont notamment demandé des précisions sur le lait de la marque du distributeur, Repère. Ils affirment que les bouteilles étaient vendues moins d’un euro le litre jusqu’à l’annonce de leur opération coup de poing,  ce que conteste la direction…

Seule la Confédération paysanne continue d’appeler aux blocages

1.000 euros par exploitation: le compte n’y est pas !

Suite aux annonces de Gabriel Attal, on reste mobilisé·es !! Aujourd’hui, nous étions 200 paysan·nes et sympathisant·es devant la Préfecture de région à Rennes pour faire entendre nos propositions pour une juste rémunération

« Rien de ce qu’a annoncé le gouvernement ne permet de résoudre de façon concrète et structurelle la question du revenu. C’est pourtant la revendication principale « , pointe d’entrée de jeu Thomas Gibert, secrétaire national de la Confédération paysanne et maraîchère en Haute-Vienne.

Alors que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (majoritaires) se sont déclarés globalement satisfaits des annonces de Gabriel Attal et ont appelé à suspendre les blocages, ce syndicat de gauche, qui a recueilli 20 % des suffrages exprimés lors des élections des chambres d’agriculture en 2019 (comme la Coordination rurale), entend, lui, poursuivre le mouvement.

La CP est le syndicat d’extrême gauche de José Bové qui s’est illustré par une séquestration et des saccages (« démontage », en août 1999, du McDonald’s de Millau ou le fauchage, en avril 2000, d’un champ expérimental de colza transgénique à Gaudiès (Ariège) ou des actions politiques contre les « rafles de sans-papiers » ou pour la dissolution de la Brigade anti-criminalité (BAC), contre la procréation médicalement assistée (PMA)…

Au cœur du problème, la question du revenu paysan. L’engagement du premier ministre à renforcer les contrôles pour s’assurer de l’application des lois Egalim, censées empêcher la vente de produits agricoles en dessous des coûts de production, reste en effet, à leurs yeux, largement insuffisant.

Malgré les annonces, et contrairement aux autres, ce syndicat maintient la pression sur le gouvernement, estimant que la question du revenu des paysans n’a pas été réglée.

« Les lois Egalim sont inopérantes »

« Les lois Egalim sont inopérantes et n’agissent pas sur le revenu, dénonce ainsi Thomas Gibert. Tant que nous serons en compétition sur le marché international avec le libre-échange, et tant que la grande distribution et l’agroalimentaire continueront à se gaver sur notre dos, il n’y aura pas de rémunération juste. »

Son syndicat milite ainsi pour une obligation d’achat au-dessus du prix de revient, c’est-à-dire à un tarif qui prenne en compte le coût de production mais aussi le revenu de l’agriculteur et ses cotisations sociales. Une mesure pour augmenter le pouvoir d’achat des paysans, mais qui ne peut aller, selon la Confédération paysanne, sans une modification des traités de libre-échange.

Car si Macron s’est dit opposé à celui actuellement négocié par Bruxelles avec le Mercosur, et qu’il a plaidé auprès d’Ursula von der Leyen pour le renforcement du contrôle des « clauses miroirs » – obligation pour les partenaires commerciaux de l’UE de se conformer aux mêmes normes sanitaires et environnementales –, pour la Confédération paysanne, cela ne suffit pas. Le syndicat appelle ainsi à des mesures protectionnistes bien plus larges.

« Les pesticides sont une arme sur le marché international »

Le 26 janvier, la FNSEA et la Confédération paysanne appellaient ensemble
à « rester mobilisés ».

« Notre compétitivité ne dépend pas uniquement de normes environnementales, insiste Thomas Gibert. Nous ne pouvons pas rivaliser avec les autres pays en termes de coût du travail et d’avantages agronomiques. Que voulez-vous qu’on fasse face à leurs millions d’hectares de prairies ? Le libre-échange impose aussi le nivellement par le bas des normes environnementales, en nous enfermant dans un système qui nous empêche de produire autrement. Comment renoncer aux pesticides sans une augmentation de nos revenus et sans protection vis-à-vis de l’international ? Ces produits sont une arme sur le marché international. S’en passer revient à augmenter encore nos coûts de production et à accroître notre précarité. »

Plutôt que de se réjouir de la suspension du plan Ecophyto, qui prévoit la diminution par moitié des tonnages de pesticides utilisés en France d’ici à 2030, la Confédération paysanne propose de fixer le prix des produits importés au coût de revient français. Une « mesure protectionniste qui bénéficie aux agriculteurs des pays exportateurs, n’interdit pas le commerce et évite le repli sur soi », affirme le syndicaliste, qui martèle : « Sans cela, nous ne pourrons pas prétendre à un revenu décent. »

Si la question de la répercussion de la hausse des prix sur le consommateur se pose, Lætitia Plumat, membre du comité de direction de la Coordination rurale, partage finalement le même constat. Son syndicat, apartisan, a pourtant appelé à la suspension du mouvement après les annonces de Gabriel Attal, et s’oppose à la Confédération paysanne sur les questions environnementales.

« La grande distribution doit partager le gâteau »

« On a beau ne pas être d’accord avec la Confédération paysanne sur beaucoup de questions, c’est bien qu’elle maintienne le mouvement. Je partage leur point de vue sur le prix de revient, et je ne pense pas que la base soit très satisfaite des annonces, observe cette élue, depuis un rond-point d’où elle assure continuer les blocages. Notre slogan à nous, au départ, c’est “des prix, pas des primes”, et on ne peut pas dire que cela ait été entendu, il n’y a vraiment pas grand-chose dans les annonces sur les prix. Ce sont des mesurettes, finalement. »

Si certaines mesures la satisfont tout de même, l’agricultrice espérait ainsi une année blanche qui suspende le remboursement des prêts et permette aux exploitations endettées de renflouer leurs trésoreries. Elle voudrait aussi que les niveaux de marges de la grande distribution et de l’industrie soient abordés frontalement. Et critique la notion d’« exception agricole française », préférant que la mesure soit appliquée au niveau européen.

« Ce n’est plus possible de vendre un chou-fleur 70 centimes et de voir qu’il est à 5 euros en rayon…, gronde-t-elle. Bien sûr qu’il faut rééduquer le consommateur, mais tout le monde ne peut pas aller en vente directe, ce n’est pas réaliste. Il faut qu’on vende nos produits plus cher. La grande distribution fait du profit sans arrêt, elle doit partager le gâteau. »

De leur côté, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs jugent les promesses du gouvernement encourageantes, même s’ils assurent rester vigilants sur leur mise en œuvre. « C’est vrai qu’on n’a pas gagné énormément financièrement, concède Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne. Mais nous sommes satisfaits du changement de paradigme. Il faut maintenant s’assurer que le gouvernement fasse ce qu’il a promis. On s’est donné trois semaines jusqu’au Salon de l’agriculture pour bâtir les choses. »

Quentin Le Guillous, secrétaire général adjoint de Jeunes Agriculteurs, partage le même point de vue. « Emmanuel Macron a dit qu’il est prêt à retravailler les lois Egalim et pousse à un Egalim européen. C’est un bon point d’entrée pour la question du revenu. On a été entendus, je trouve que les réponses de Gabriel Attal et de Bruno Le Maire ont été très claires, nettes, respectueuses. Il faudra refaire un bilan d’ici à juin prochain pour voir s’il faut renforcer la loi, mais le gouvernement s’est dit très ouvert, et c’est ce qu’on veut. »

Les Lois Egalim ne satisfont pas

La grande distribution profite des lois votées par les députés

La loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable, ou loi Egalim, est issue des Etats généraux de l’alimentation de 2017, votée en 2018. Elle vise principalement à favoriser une alimentation saine et durable ou encore à renforcer la qualité des produits.

Le mardi 30 janvier, le gouvernement a annoncé de « nouvelles mesures » en faveur des agriculteurs, qui manifestent partout en France et bloquent plusieurs axes routiers notamment autour de Paris. Parmi leurs revendications : une meilleure application des lois Egalim, censées leur éviter de vendre à perte. A deux jours de la fin des négociations entre les fournisseurs et les distributeurs, trois entreprises vont être sanctionnées pour ne pas avoir respecté cette loi.

Pression maximale sur le gouvernement. Alors que les huit grands axes autoroutiers desservant Paris sont bloqués par les agriculteurs, le gouvernement de Gabriel Attal promet d’annoncer de « nouvelles mesures » après un premier volet jugé insuffisant avant le week-end. Au cœur des revendications des agriculteurs figurent les lois Egalim supposées leur garantir une meilleure rémunération dans le cadre des négociations entre industriels et supermarchés. Car dans les faits, le texte serait peu appliqué et à deux jours de la fin des négociations entre les distributeurs et les producteurs, le gouvernement a va prononcer trois sanctions à l’encontre de trois entreprises qui n’ont pas respecté ces lois.

Les raisons de la colère des agriculteurs

Au cœur des revendications des professionnels du secteur : les lois EGAlim supposées leur garantir une meilleure rémunération dans le cadre des négociations entre industriels et supermarchés. Or, des distributeurs comme E. Leclerc ou Carrefour, ont créé des entreprises de négociation de prix soupçonnées de passer outre les règles qui protègent les producteurs et les industriels. Via son Galec, le Groupement d’achat du groupe Leclerc, une société coopérative située à Ivry-sur-Seine, Michel-Edouard Leclerc avait appelé en mai 2023 le gouvernement à autoriser les distributeurs à se fournir ailleurs en Europe « pour aller chercher ce qui est de moins cher« , ce qui peut séduire le consommateur, mais au détriment des producteurs français.

Les centrales d’achats européennes, créées par plusieurs grandes enseignes de la distribution, «constituent un contournement de la loi française», a dénoncé le chef de l’Etat, sans même employer le conditionnel et après avoir demandé que les distributeurs «ne tirent pas toute la valeur ajoutée» dans les négociations avec les agriculteurs. En clair, que la hausse des étiquettes dans les rayons ne profite pas uniquement à E.Leclerc, Carrefour et Système U au détriment des producteurs d’huile, de blé ou de fruits et légumes.

Pour mémoire, le 28 août 2020, la DGCCRF avait infligé à la centrale d’achat Eurelec, domiciliée en Belgique et commune à l’enseigne E.Leclerc et au distributeur allemand Rewe (troisième position des plus grands commerçants alimentaires d’Europe derrière Carrefour et Tesco en 2004 et adhèrent à la centrale d’achat européenne Coopernic, en Allemagne et en France et aussi aux Pays Bas, en Belgique et en Italie, depuis Cologne), une amende administrative aux motifs que les conventions signées entre des fournisseurs français et Eurelec ne respectaient pas les dispositions du droit français, celui-ci étant impératif à partir du moment où la livraison des produits intervenait en France. En 2022, dans cette l’affaire Bercy contre Eurelec, l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avait finalement été favorable à la centrale d’achat européenne de Leclerc et Rewe.

Hors des frontières

Ce mercredi 31 janvier soir se sont achevées les négociations annuelles entre la grande distribution et leurs fournisseurs, dont les industriels de l’agroalimentaire. Elles ont même été avancées de six semaines cette année, à la demande de Bercy, pour répercuter le plus tôt possible une éventuelle baisse des prix de certains produits de consommation courante, compte tenu du recul des cours des céréales, des huiles végétales ou encore de la volaille. Toutefois, au vu des résultats de ces négociations qui commencent à filtrer, il n’y aurait pas de dégringolade des prix.

Comment dysfonctionnent les lois « Egalim » ?

Trois lois, dites « Egalim I », « Egalim II » et « Egalim III », votées entre 2018 et 2023, visaient à protéger les exploitants agricoles des effets pervers du bras de fer commercial qui oppose la grande distribution et les industriels de l’agroalimentaire. Mais, de l’aveu des parlementaires et du gouvernement, leur application révèle à quel point elles sont inadaptées.

La colère des agriculteurs français gagne de l’ampleur. La FNSEA, premier syndicat agricole français, fait mine de bloquer Paris si aucune réponse n’est apportée aux « revendications claires » que la fédération a présentées au gouvernement mercredi soir. A la sortie du Conseil des ministres, un peu plus tôt dans la journée, Prisca Thévenot, la porte-parole du gouvernement, a estimé que « l’appel des agriculteurs » a été « entendu ». A moins de six mois des élections européennes, l’exécutif marche sur des œufs face à une grogne potentiellement explosive, qui touche aussi l’Allemagne, les Pays-Bas, la Roumanie ou encore la Pologne, mais aussi l’Italie et la Belgique, lesquels se rassemblent devant la Commission européenne à Bruxelles, ce jeudi. 

Les causes du malaise sont multiples : hausse des prix du gazole, taxation du GNR (gazole non routier, un carburant pour moteur Diesel utilisé en France pour les engins mobiles non routiers, notamment dans les secteurs agricoles, forestiers, fluviaux ou des travaux publics), mille-feuille administratif (réglementation française punitive d’inspiration écologiste ajoutée aux normes européennes tatillonnes et déconnectées), impossible conciliation entre les enjeux de la transition énergétique et environnementale et un impératif de production souveraine… En sous-main, c’est également la question des revenus qui se pose, notamment l’endettement des exploitants et la juste rémunération des producteurs.

L’Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, estime à 56 014 euros le revenu moyen annuel d’un exploitant agricole, hors impôts, pour l’année 2022. Mais derrière ce chiffre se cachent de très importantes disparités en fonchttps://www.instagram.com/reel/C50lVvoC4c2/?igsh=MTkwNGNiY2R0OWJqMQ==tion des secteurs d’activité. En France, plusieurs dispositifs législatifs ont été mis en place depuis six ans pour sécuriser les revenus du monde agricole, à travers les lois dites « Egalim », des textes techniques, qui visent essentiellement à réguler les rapports conflictuels entre l’agroalimentaire et la grande distribution, notamment en période de négociations commerciales, sources de très fortes tensions. Toutefois, les limites de ces différents textes ont déjà été éprouvées à plusieurs reprises. C’est pourquoi, parmi les 24 revendications prioritaires formulées par les syndicats agricoles, figure « le respect absolu des lois Egalim ».

Egalim I : un principe de « ruissellement »

L’acronyme « Egalim » renvoie aux Etats généraux de l’alimentation lancés en juillet 2017, suivant une promesse de campagne faite par Emmanuel Macron face au mal-être grandissant du monde agricole. Leurs travaux donnent lieu à l’adoption, le 2 octobre 2018, de la loi « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable », soit la première loi « Egalim ». Son objectif est de mettre fin à la guerre des prix dans l’alimentaire à laquelle se sont livrés pendant des années les distributeurs afin d’attirer le chaland, ce qui a largement profité aux consommateurs au détriment des exploitants.

Ce texte repense la manière dont le prix des produits est élaboré. Désormais, ce sont les agriculteurs, regroupés en organisations de producteurs pour mieux peser face aux industriels, qui proposent un prix de vente en tenant compte de leurs coûts de production. C’est ce que l’on appelle la construction « en marche avant » du prix. Parallèlement, les organisations professionnelles sont tenues de mettre en place des « indicateurs de référence » quant à ces coûts de production, ce qui doit permettre de poser des garde-fous dans les négociations commerciales.

Le seuil de revente à perte, c’est-à-dire la revente d’un produit à un prix inférieur à son prix d’achat, est relevé de 10 % sur les denrées alimentaires, ce qui oblige la distribution à mettre fin à la revente à prix coûtant. La loi définit aussi un encadrement plus strict des promotions sur les denrées alimentaires, désormais limitées à 34 % du prix et 25 % du volume acheté jusqu’en 2023 (disposition finalement prolongée jusqu’en 2026 avec « Egalim III »), ce qui acte la fin des formules promotionnelles du type « deux pour le prix d’un », « deux achetés, le troisième offert », etc.

Ces différentes mesures doivent permettre aux distributeurs de dégager des marges plus importantes, et d’en faire bénéficier l’agroalimentaire. « L’idée était celle d’un principe de ruissellement. Avec des marges plus importantes, la grande distribution peut accorder une meilleure rémunération au maillon industriel, qui lui-même va pouvoir rémunérer à la hausse l’agriculteur », explique à Public Sénat la sénatrice Anne-Catherine Loisier (rattachée au groupe centriste), qui a été corapporteure sur ce texte.

Egalim II : garantir la part fixe des prix

Mais l’application de la loi n’a jamais donné pleine satisfaction. Un an après sa promulgation, un rapport d’information du Sénat dénonce la tendance des industriels et de la grande distribution à s’émanciper d’un schéma de construction des prix insuffisamment contraignant. « Le mécanisme n’assure pas en lui-même une obligation de prise en compte ou de couverture des coûts de production », note la Haute assemblée. « En résumé : la loi Egalim ne garantit en rien à l’agriculteur un revenu couvrant au minimum son coût de revient. » A l’exception du secteur laitier, qui profite d’une hausse du cours du lait en 2019, les premières négociations commerciales après l’entrée en vigueur de ce texte restent largement déflationnistes pour les fournisseurs.

Adoptée le 14 octobre 2021, « Egalim II » vient muscler le dispositif par de nouvelles… contraintes. Le texte pose le principe d’une contractualisation écrite obligatoire pour la vente de tout produit agricole, ce qui doit garantir la traçabilité des prix.

Par ailleurs, la loi acte la non-négociabilité de la matière première, donc de la rémunération des agriculteurs, lors des discussions commerciales. En clair, lorsqu’une denrée alimentaire est composée de produits transformés et d’au moins 50 % de matière première agricole (lait, œufs, viande, etc.), le prix de cette matière première ne peut pas entrer dans la négociation entre l’industriel et le distributeur. Par exemple, si le cours de la viande de bœuf ou du lait grimpe, les supermarchés sont tenus d’ajuster l’étiquetage et de répercuter l’augmentation.

Egalim III : renforcer la prédominance du droit français face à l’évasion juridique

Adoptée en mars dernier, la loi Descrozaille, du nom du député Renaissance Frédéric Descrozaille, parfois appelée « Egalim III », étend l’encadrement des promotions prévu dans « Egalim I » au-delà du champ de l’agroalimentaire, à la droguerie et aux produits d’hygiène. Surtout, elle renforce le poids des fournisseurs dans les négociations commerciales. Si celles-ci n’ont pas abouti à la date butoir – un levier régulièrement utilisé par la grande distribution pour faire pression sur les industriels -, les fabricants ne seront plus contraints de reconduire les conditions de vente de l’année précédente, ils auront la possibilité d’interrompre leurs livraisons.

Le texte s’attaque également à un moyen de contournement de la législation, via l’installation de centrales d’achats à l’étranger. Ce système permet aux supermarchés d’acheter, à des conditions locales souvent favorables, une marchandise française destinée à être revendue dans leurs rayons, en France. « Les grandes enseignes orientent les fabricants vers ces centrales d’achats basées en Espagne, au Portugal ou en Italie… pour vendre leurs produits. Mais celles-ci imposent aux industriels des contrats d’achats qui répondent à la législation du pays où elles sont domiciliées, ce qui leur permet de s’émanciper du mécanisme de fixation des prix mis en place par Egalim », explicite Anne-Catherine Loisier. Désormais, la loi Descrozaille soumet aux droits français les négociations qui concernent les produits destinés à être vendus sur le territoire national.

Notons que l’association qui représente la grande distribution au niveau européen, EuroCommerce, a déposé une plainte auprès de la Commission européenne concernant ce texte du 30 mars 2023. Elle lui reproche d’enfreindre les règles de l’Union européenne sur la libre circulation des biens et des services à l’intérieur du marché unique.

« Que chacun accepte de jouer le jeu »

« Egalim est un texte qui a été voté largement, il faut que l’on arrive à le faire respecter, c’est l’objet des réunions que j’aurai avec le premier ministre et le ministre de l’Economie », a commenté Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture ce mercredi devant les sénateurs. « Le problème des lois Egalim n’est pas lié à leur contenu mais au fait qu’elles sont insuffisamment appliquées. Je ne dis pas qu’elles résolvent tout, mais elles ont le mérite de réguler les relations entre les différents maillons de la chaîne alimentaire, à condition que chacun accepte de jouer le jeu », nuance Anne-Catherine Loisier.

Si « Egalim III » a sensiblement revu à la hausse le montant des amendes administratives prévues contre les acteurs qui s’émancipent du cadre légal – jusqu’à un million d’euros pour une personne morale – bien souvent, agriculteurs et industriels renoncent à se tourner vers les tribunaux par crainte des représailles de la grande distribution. « Producteurs et industriels ne veulent pas prendre le risque d’être écartés des magasins », pointe la sénatrice Loisier. « Le développement des marques distributeur est devenu un instrument offensif pour les supermarchés. Ces marques envahissent les rayons et on assiste à un phénomène d’hyper-concentration. La frontière entre fabricants et grande distribution s’amenuise. A terme, le risque, c’est de voir la grande distribution s’émanciper totalement des fournisseurs traditionnels. Ce jour-là, nous serons pieds et poings liés », alerte l’élue.

Des agriculteurs « se dirigent vers Paris » ce jeudi

La Coordination rurale appelle à se rassembler devant l’Assemblée à Paris

Des agriculteurs « se dirigent vers Paris », ce jeudi, confirme la présidente du syndicat agricole Coordination rurale, Véronique Le Floc’h, sur RMC où elle était l’invitée d’Apolline de Malherbe. Elle les appelle à converger vers l’Assemblée nationale et certains sont déjà en route.

« Si un maximum d’agriculteurs décide de monter, et c’est le cas, qu’ils viennent à l’Assemblée nationale et que les députés concrétisent leur soutien à l’agriculture », a-t-elle expliqué.

Un appel à la demande expresse des agriculteurs eux-mêmes. « Je n’ai même pas besoin d’appeler, parce que ce sont les agriculteurs de partout qui s’organisent pour remplir des voitures et qui nous ont dit qu’ils partent à Paris« , a précisé Véronique LeFloc’h. Certains sont déjà en route, les premiers départs ont eu lieu dès 5 heures du matin.

Ces agriculteurs qui montent à Paris individuellement viennent notamment de Corrèze, du Finistère, des Hautes-Alpes ou encore de Creuse.

Le mouvement prend un nouveau tournant. L’objectif est de rencontrer directement les députés, pour « qu’ils puissent venir à la rencontre des agriculteurs et qu’ils s’engagent parce qu’ils ont tous été agriculteurs cette semaine ».

Rencontrer le président « d’ici la fin de la semaine »

Les manifestants se mobilisent également « pour marquer leur soutien à nos 91 collègues qui ont été interpellés hier (mercredi). » La présidente de la Coordination rurale a qualifié de « provocation » l’arrestation des 91 agriculteurs.

« Le problème de nos collègues à Rungis était normalement réglé. Nous étions en contact avec Gabriel Attal et le cabinet de Gérald Darmanin. Tout devait bien se dérouler et quand on voit comment ça s’est passé, alors même que des dégradations visiblement il n’y en aurait pas, on considère qu’il y a là encore un traitement qui relève de la provocation« , a-t-elle expliqué.

Les agriculteurs espèrent aussi rencontrer Macron « d’ici la fin de la semaine », car « c’est important que les engagements soient écrits, validés et confirmés en plus haut lieu pour qu’on puisse continuer notre travail ».

Le président de la République est attendu, ce jeudi, au sommet européen à Bruxelles où il doit en profiter pour rencontrer Ursula von der Leyen, présidente CDU de la Commission européenne, élue en 2019 du Parlement européen.

Agriculteurs en colère : des manifestants s’introduisent brièvement dans le marché de Rungis

« Rungis c’est non », martèle la préfète du Centre-Val de Loire

Les agriculteurs installés sur l’A5 à Réau sont venus sur la Francilienne jusqu’à Tigery, dans l’Essonne.

Les annonces intégrées au discours de politique générale de Gabriel Attal n’ont pas convaincu les agriculteurs. Quelque 91 manifestants ont été interpellés au marché de Rungis en raison d’une intrusion et de « dégradations » dans une « zone de stockage », a indiqué Laurent Nunez.

A la mi-journée, un cortège de 115 tracteurs, venu du barrage de Réau sur l’A5 en Seine-et-Marne, a emprunté la Francilienne et est arrivé vers 12 h 30 au niveau de Tigery, dans l’Essonne. Ils annoncent vouloir bloquer la circulation dans les deux sens jusque vers 14 heures, avant de repartir sur le barrage. 

En fin de matinée, une partie du convoi parti d’Agen et souhaitant rejoindre Rungis était bloquée dans le Loiret. Sur place, la préfète de la région Centre-Val de Loire et du Loiret Sophie Brocas a voulu « attendre la conclusion » d’une réunion qui se tenait depuis 11h30 à Matignon avec des responsables de la Coordination rurale. « On va avancer pas à pas, je ne souhaite pas d’affrontement. Rungis est la plateforme qui alimente un bassin de vie de 12 millions de personnes, Rungis c’est non. Les préfets du Lot-et-Garonne et de Dordogne les ont prévenus et je leur ai redit », a-t-elle ajouté.

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a réagi sur X (ex-Twitter) à l’annonce de la proposition européenne d’une dérogation sur les jachères, une revendication des agriculteurs. « Des mois de travail de la France, une coalition construite patiemment avec l’ensemble des collègues européens que je remercie, une solution simple et pragmatique qui conjugue transition et production », a-t-il écrit. Mais une décision de Bruxelles.

Bruxelles a également proposé mercredi d’intervenir pour limiter toute hausse incontrôlable des importations agricoles ukrainiennes. Depuis l’exemption de droits de douane accordée au printemps 2022 par l’UE, l’afflux de produits agricoles ukrainiens – céréales, œufs, poulets, sucre… – provoque la colère des agriculteurs. 

Une concession de l’UE sur les jachères trop « limitée » pour les syndicats agricoles

La dérogation partielle sur l’obligation de jachères, proposée mercredi par Bruxelles pour 2024, intervient « tardivement » dans le calendrier agricole et reste « limitée », a regretté le Copa-Cogeca, organisation des syndicats agricoles majoritaires dans l’UE.

Outre les jachères, la puissante organisation avait réclamé des dérogations sur d’autres obligations de la nouvelle Politique agricole commune (PAC), comme la rotation des cultures. « Nous espérons que les Etats membres renforceront encore cette proposition », indique le Copa-Cogeca (regroupement de certaines organisations syndicales et professionnelles agricoles et coopératives).

Si des blindés des forces de l’ordre et des tracteurs se font face à plusieurs endroits, les agriculteurs ne comptent pas, a priori, avancer vers la capitale. « Il n’y a aucun mot d’ordre pour se rapprocher, indique Clément Torpier, président des JA Ile-de-France. Parfois, quelques-uns parcourent quelques kilomètres, mais tout le monde revient à la base. »

Quant aux négociations, ce mardi soir, entre les représentants de la FNSEA et des JA et le premier ministre Gabriel Attal, rien ne filtre. « Si ce n’est que ce n’est toujours pas satisfaisant et que les négociations bloquent, tranche Clément Torpier. Il serait temps que le gouvernement prenne la mesure du problème. »

« Les agriculteurs se battent pour l’ensemble des Français », lance le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand. Invité dans l’Oise sur un barrage de l’autoroute A16, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand estime que « si les Français les soutiennent autant, c’est parce qu’ils savent pertinemment que ce qui se joue, c’est l’alimentation, c’est la qualité de l’alimentation », a insisté l’élu selon France Bleu Picardie.

Les écologistes réclament à Macron de former une coalition d’Etats contre l’accord avec le Mercosur

La tête de liste écologiste aux européennes Marie Toussaint demande mercredi à Macron de « passer des paroles aux actes » et de s’atteler dès jeudi, lors du sommet européen à Bruxelles, à « former une coalition d’Etats-membres contre l’accord UE-Mercosur ».

« Ce jeudi, la France doit porter haut et fort » une des revendications du mouvement agricole français : « l’arrêt de l’accord commercial UE-Mercosur » ((Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), écrit Marie Toussaint dans une lettre au chef de l’Etat, signée aussi par les chefs des groupes parlementaires écologistes à l’Assemblée et au Sénat, et les eurodéputés écologistes.

Au total, en France, il y avait à la mi-journée plus de 80 blocages, 4 500 engins et 6 000 manifestants, selon une source policière. « Ce n’est pas la faute de ce gouvernement », raconte sa porte-parole, Prisca Thévenot. Lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Prisca Thévénot a répondu aux critiques d’un député LR. « Nous devons nous attacher à trouver des solutions. Non, ce n’est pas la faute de l’Europe ; non, ce n’est pas la faute de ce gouvernement, ni même des anciens gouvernements », assure-t-elle: c’est la faute à personne….

Le Salon de l’agriculture risque de ne pas être une « visite de santé », sans réponse du gouvernement

« L’attente est énorme » parmi les agriculteurs qui manifestent en France, a souligné le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, devant les sénateurs. « Elle peut être même au-delà de ce qu’on imagine, avec évidemment (…) des sujets qui ne se règlent pas en trois jours. Donc j’essaie d’appeler au calme et à la raison ».

Mais si le gouvernement n’apporte pas de réponses « en profondeur », le Salon de l’agriculture fin février ne sera pas « une visite de santé » pour les responsables politiques, a prévenu Arnaud Rousseau.

« Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », se défend Marine Tondelier

« Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale Les Ecologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ».

« Je ne suis pas du tout mal aimée des agriculteurs », a nié cette écologiste dont le moyvement est à l’origine des normes et tracasserries environnementales dont se plaignent les paysans du Pas-de-Calais et de partout ailleurs après avoir caressé des vaches bazadaises, une espèce menacée élevée dans une exploitation bio de Villebichot (Côte-d’Or), près de Dijon.

« J’ai même rencontré Interbev !», l’association du bétail, « alors que je suis végane depuis 15 ans », a asséné Marine Tondelier. « Les fermes, c’est le type de déplacement que je fais le plus ! », a-t-elle insisté.

Le député de Cergy, Aurélien Taché (EELV), s’est rendu mercredi à la rencontre des agriculteurs qui bloquent l’autoroute A 15, à Argenteuil, au niveau de la butte des châtaigniers. Il est venu afficher son soutien, accompagné de la conseillère régionale et élue de L’Isle-Adam, Carine Pelegrin (Génération écologie) et le sénateur Pierre Barros (apparenté PCF).

Un barrage levé en Essonne

Sur la Francilienne, le barrage des agriculteurs créé un peu au sud de Tigery (Essonne) depuis la fin de matinée en direction de Paris, puis dans les deux sens à partir de 13 heures, a été levé vers 15 h 30. Les tracteurs ont regagné leur base de blocage initial en Seine-et-Marne sur l’autoroute A 5 à Réau, près de l’aire de repos du Plessis-Picard. A 17 heures, 123 tracteurs s’y trouvaient tandis que 121 autres étaient regroupés sur l’A4 à hauteur de Jossigny. Vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture, et maire de Nemours, Valérie Lacroute (LR) s’y est rendue pour évoquer notamment le vote au Conseil régional d’une mesure facilitant la transmission des exploitations agricoles le matin même.

Vote sur l’aide à la transmission des exploitations en Ile-de-France

L’aide à la transmission des exploitations agricoles a été votée par le conseil régional d’Ile-de-France, ce mercredi matin. Valérie Lacroute (LR), vice-présidente de la région en charge de l’agriculture, est venue en discuter avec les agriculteurs sur le barrage de l’A4 à Jossigny cet après-midi. « Il s’agit d’une aide financière de 30.000 euros pour que l’exploitant puisse partir à la retraite. En contrepartie, il s’engage durant deux à cinq ans à aider un jeune qui veut s’installer », explique la maire de Nemours. Depuis le 1er janvier 2023, la mise en œuvre du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) pour la programmation 2023-2027 est partagée entre l’Etat et les régions.

Incursions à Rungis

Des agriculteurs se sont introduits dans le marché de Rungis et dans des entrepôts de Bolloré, d’après une source policière. Il s’agit de paysans de l’Essonne, suite aux interpellations de ce matin. Ils sont repoussés et bloqués à l’extérieur. 79 personnes ont été interpellées. Des hélicoptères de la gendarmerie nationale ont été déployés, alors que tous les axes autour de Rungis sont bloqués.

Des personnes « à pied sont entrées brièvement sur une zone de stockage » et y ont « commis des dégradations ». Elles ont été « sorties des lieux par les forces de l’ordre », ajoute une source policière, précisant que plus personne ne se trouvait désormais à l’intérieur du site.

La Confédération paysanne en action

Hier, la Confédération paysanne (CP) avait appelé ses adhérents à bloquer les « centrales d’achats », les « marchés de gros » et les « industries agroalimentaires », « lieux où s’exercent cette pression sur nos prix ». 2e syndicat agricole (20,04 % des suffrages au niveau national) et le plus radical (membre fondateur de la coordination paysanne européenne, de Via Campesina et d’Attac), elle a mené plusieurs actions sur le territoire, comme dans des supermarchés à Amiens ou dans les Deux-Sèvres ou en une « opération péage gratuit » dans le Lot-et-Garonne.

Sept blocages autour de la capitale sont encore actifs en Ile-de-France, d’après Laurent Nunez.

Les manifestants tentaient de s’introduire dans un entrepôt de Primever

Selon une source policière, les 79 personnes ont été interpellées au MIN de Rungis pour participation en vue de commettre des dégradations, des dégradations en réunions. « Certains portaient des cagoules », ajoute cette source. Ils ont tenté d’entrer dans l’un des entrepôts appartenant à la société Primever (groupe Satar, à Agen), qui distribue des fruits et légumes pour les grandes et moyennes surfaces. Il est également l’un des chargeurs du train des primeurs Perpignan-Rungis. Le directeur du marché de Rungis devrait déposer plainte.

Au marché de Rungis, « pas de pénurie » mais « un peu de désorganisation »

Les grossistes du marché d’intérêt national de Rungis (MIN) soutiennent les revendications des agriculteurs, même si le blocage des routes franciliennes perturbe l’arrivée de leurs marchandises. Certains produits commencent à manquer, mais « rien de catastrophique » à ce stade.

Les céréaliers français veulent voir réinstaurer des droits de douane pour l’Ukraine

Les céréaliers français veulent voir réinstaurer des droits de douanes au-delà d’un quota d’importations d’Ukraine, se disant mercredi « extrêmement déçus » de voir les céréales exclues des produits « sensibles » pour lesquels Bruxelles prévoit de limiter la hausse des importations.

« Le problème est crucial pour les céréales. Entre 2021 et 2023, les importations de blé ukrainien dans l’Union européenne ont été multipliées par vingt. On est passé de 215 000 tonnes de blé en 2021 à 5 millions de tonnes en 2023 », a déclaré Eric Thirouin, le président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB).

Pour tenter de répondre à la colère des agriculteurs, Bruxelles a annoncé pour les produits « sensibles » – volaille, œufs et sucre -, un « frein d’urgence » pour limiter le volume des importations aux niveaux moyens observés en 2022 et 2023, niveaux au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés.

La France veut lancer le chantier de « simplification » de la PAC

Le ministre français de l’Agriculture Marc Fesneau a appelé mercredi à Bruxelles à « simplifier » rapidement les procédures de la Politique agricole commune (PAC), dont le secteur critique la complexité, promettant des propositions avec d’autres Etats membres.

« On ne peut avoir une PAC qui soit à ce point complexe et incompréhensible, parfois tant pour nos administrations que nos agriculteurs. On a besoin de s’engager résolument dans la voie de la simplification », a-t-il lancé devant la presse.

Alors que les manifestations agricoles s’intensifient en France à l’unisson d’autres pays, il a rencontré à Bruxelles son homologue belge, des eurodéputés, et les commissaires européens au Marché intérieur et à l’Agriculture.

Pas « de prétexte à revenir en arrière sur la transition écologique », répète Béchu

Le ministre de la Transition écologique a réaffirmé mercredi qu’il ne pouvait pas y avoir « prétexte à revenir en arrière sur la transition écologique », à l’occasion de de ses vœux aux acteurs de l’écologie et des territoires.

« Il faut être très fermes sur nos ambitions et nos convictions, mais être très souples et très pragmatiques sur la façon de les atteindre. C’est une ligne de crête que je tiens depuis mon arrivée et que je tiendrai toujours », a expliqué Christophe Béchu, dans une allusion aux concessions environnementales faites au monde agricole, en crise.

« Les agriculteurs ne sont pas les ennemis de l’écologie, ils en sont des artisans », a-t-il estimé tout en reconnaissant qu’ils « se trouvent parfois confrontés à un mur de complexité ».

Pendant que Macron était l’hôte officiel au dîner de gala en queue de pie au palais royal de Suède, la Commission européenne a « répondu aux demandes de la France » concernant l’assouplissement des obligations de jachères et la limitation des importations agricoles ukrainiennes, deux points de crispation des agriculteurs français, a rappelé mercredi l’Elysée.

Bruxelles a proposé mercredi d’accorder une dérogation partielle aux obligations de jachères dans l’UE et de limiter toute hausse incontrôlable des importations agricoles ukrainiennes, offrant des gages aux agriculteurs qui manifestent à travers l’Europe.

« Les deux sujets importants sur lesquels l’Europe est le bon niveau pour agir ont été réglés rapidement en réponse à nos demandes », a souligné l’Elysée, à la veille d’une rencontre entre la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, et Emmanuel Macron.

Des députés LFI au commissariat pour soutenir les agriculteurs

Clémence Guetté, Louis Boyard, Antoine Léaument et Jérôme Legavre se rendent au commissariat de Créteil afin de soutenir les agriculteurs interpellés, selon BFMTV.

Selon José Pérez, coprésident de la Coordination rurale 47, Karine Duc figure parmi les personnes interpellées à Rungis. « Ma coprésidente a été placée en garde à vue, le président de la Chambre d’agriculture (du Lot-et-Garonne) et des collègues agriculteurs qui défendent leur cause », a-t-il avancé.

Sept blocages sont encore actifs en Ile-de-France, d’après Laurent Nunez.

Trois actions pour un total de 345 tracteurs en Seine-et-Marne. A Réau, sur l’A5 à hauteur de l’aire du Plessis-Picard-Ourdy, la circulation est coupée. A Jossigny, sur l’A4, au péage de Jossigny, ce sont en tout 173 tracteurs, 120 voitures, 4 poids-lourds et près de 300 personnes au plus fort qui ont pris part au blocage. A Guignes, un point de blocage a été initié par une quinzaine d’agriculteurs de la Coordination Rurale de la Haute-Saône et de l’Aube. Il est localisé à l’intersection D319 / N36 « pour plus de visibilité ».

Au cours de la nuit, des tensions ont grimpé entre des paysans de l’Aisne, qui souhaitaient des actions plus radicales et la FDSEA 77, qui n’a pas souhaité qu’ils se maintiennent sur site. Ils ont donc décidé de repartir dans l’Aisne ce matin.

En Essonne (91), deux points de blocage actuellement et 320 tracteurs agglomérés. A Janvry, l’A10 est bloqué à hauteur de l’aire de repos de Limours-Janvry. Ce barrage était précédemment installé à Longvilliers (78). À 10 heures, le Président de la chambre d’agriculture 47, Serge Bousquet Cassagne et des membres de la Coordination rurale ont tenté de rallier à leur mouvement les manifestants de ce point de blocage, en vain. A 11h00, il concentrait 100 agriculteurs, 120 tracteurs et 30 véhicules légers. Sur l’A6, le camps de base d’une centaine de tracteurs, initialement installé à Villabé, s’est déplacé à hauteur de la sortie 5 à Chilly-Mazarin.

Dans le Val-d’Oise, deux blocages rassemblent au total 250 agriculteurs et 182 tracteurs. Installés sur les voies de circulation à Argenteuil, les agriculteurs bloquent la circulation nuit et jour sur l’A15, uniquement dans le sens province-Paris au niveau de la sortie 2. A Chennevières-lès-Louvre, le blocus de l’A1 concerne les deux sens de circulation.

Dans les Yvelines, un point de blocage réunit 90 tracteurs. Le péage de Buchelay, sur l’A13, est débloqué depuis mardi. Le convoi s’est rapproché de Paris. Il a été arrêté par les forces de l’ordre à hauteur de la sortie n°9 Les Mureaux, où la circulation vers Paris est bloquée. A 11 heures 30, le barrage rassemblait 100 personnes, 90 tracteurs, 8 remorques et un engin de levage.

Selon une source policière, 20 compagnies de CRS seront déployées demain jeudi à Paris, soit le double du dispositif actuel.

L’inscription de l’IVG dans la Constitution est votée à l’Assemblée

Mais le Sénat a voix au chapître…

Les droits fondamentaux ? Travail, logement et… avortement?

Les députés ont massivement dit oui au projet de loi constitutionnelle. Mais, au Sénat, où la droite est en position de force, un coup de froid – voire un coup de gel – n’est pas exclu.

La bataille est engagée, mais la victoire n’est pas encore en vue. Les députés ont voté ce mardi 30 janvier pour l’inscription dans la Constitution de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Une première étape est toutefois franchie dans un parcours qui en comporte encore deux et pas des moindres.

Si le moment reste fort pour les droits des femmes, l’adoption du texte par les députés ne faisait aucun doute. Avant ce vote solennel, ils s’étaient déjà prononcés sur le sujet à trois reprises : en novembre 2022, deux fois début 2024 et chaque fois, l’alliance de la majorité présidentielle et de la gauche a permis une issue favorable.

C’est donc avec une large majorité de 493 voix contre 30 que les députés ont voté pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution, pas tant « la liberté garantie à la femme d’avoir recours » à une interruption volontaire de grossesse, que l’assurance que cette liberté soit garantie contre tout retour en arrière. « Je vais maintenant m’atteler à porter le message qui est le vôtre au Sénat », a déclaré le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti à l’issue du vote. Il sait qu’au Palais du Luxembourg, cette précaution est superflue en France.

« Non », Gérard Larcher ne se battra pas pour que l’IVG soit inscrite dans la Constitution.

Le président LR du Sénat a redit sur franceinfo le 23 janvier, son opposition globale au projet de loi car « l’IVG n’est pas menacée » en France. Une position partagée par une partie de ses pairs.

En février 2023, seule la réécriture du texte adopté à l’Assemblée par le sénateur LR Philippe Bas avait permis son adoption. Alors que la proposition des députés consacrait le « droit » à l’IVG, les sénateurs ont eux voté pour « la liberté » d’y recourir – une avancée moindre du point de vue des associations de lutte pour les droits des femmes. Même après cette modifcation sémantique, 152 sénateurs avaient voté contre et le texte n’a été adopté qu’à une courte majorité de 166 voix.

Le projet de loi constitutionnelle porté par le Garde des Sceaux est lui formulé comme suit : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ». Le 24 janvier, devant les députés, Eric Dupond-Moretti a défendu une formulation qui « va dans le même sens » que le texte du Sénat. « Le Conseil d’Etat y a mis sa patte, et nous ajoutons un mot, un seul ! », a-t-il fait valoir.

Lapidaire !
Le respect du vivant,
c’est pour les règnes
animal et végétal…

La précision du ministre s’adresse directement aux parlementaires de droite. Car la voie choisie pour une révision constitutionnelle nécessite que les deux chambres adoptent le même texte, faute de quoi le Congrès ne pourra pas être réuni. Or, au Sénat, l’ajout du mot « garantie » est vécu par certains LR comme une véritable rupture avec la version en février 2023. « Pour un certain nombre, la liberté garantie, ça veut dire un droit. Et ce n’est pas du tout le sens de ce qui avait été discuté il y a quelques mois », a mis en garde sur Public Sénat le 23 janvier Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains et personnellement opposé à la constitutionnalisation de l’avortement.

« Le Sénat est à égalité en termes de pouvoirs vis-à-vis de l’Assemblée nationale »

Outre ce débat sémantique, les sénateurs opposés au projet de loi s’insurgent aussi contre le calendrier envisagé par l’exécutif. Fin décembre, la ministre des Solidarités Aurore Bergé a annoncé que le Congrès se réunira le 5 mars pour statuer sur le projet de loi. Colère chez LR. « On voit bien que le gouvernement, en plaçant le Congrès début mars possiblement alors que l’examen du Sénat sera à la fin du mois de février, postule qu’il y aurait un alignement docile du Sénat sur l’Assemblée nationale » grinçait Bruno Retailleau au micro de Public Sénat. Sous entendu : un feu vert n’est pas garanti et le gouvernement ferait bien de ne pas s’avancer. Et le Vendéen de souligner que « le Sénat est à égalité en termes de pouvoirs, de droits, vis-à-vis de l’Assemblée nationale. »

Face aux députés, le 24 janvier, le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a donc tenté de déminer le terrain. « Je sais l’émoi qu’a provoqué la pseudo-annonce d’une date de Congrès, avant même que les chambres ne se soient prononcées. Cela a été perçu par certains comme un manque de respect à l’égard du Parlement », a déclaré l’« Ogre du Nord », avant de se montrer rassurant. Le 5 mars n’est qu’une « possibilité » et « nous prendrons le temps qu’il faut pour aller au bout de cette révision », a-t-il promis. Si le Sénat adoptait à nouveau une version différente de l’Assemblée, la navette parlementaire serait relancée.

Pannier-Runacher a autorisé la purification des eaux minérales… naturelles

Borne, ex-ministre de la Transition écologique de Macron, a caché des pratiques interdites

Fin du débat
eau du robinet
vs
eau minérale

L’exécutif était au courant depuis 2021 des pratiques non conformes de Nestlé, mais a préféré alléger la réglementation en sa faveur plutôt que de saisir la justice. L’Américain n’est pas le seul à imposer ses volontés à Macron. En fait, tout commence en décembre 2020, après un signalement de fraudes au sein du groupe Sources Alma, qui produit une trentaine d’eaux en bouteille en France, dont Cristaline, « l’eau préférée des Français », vantée par Guy Roux, Rozana, recommandée par un papi sympa qui fleure bon le terroir, puis son fils, esprit sain dans un corps sain, mais aussi Saint-Yorre, Vichy Célestins ou encore l’eau de Châteldon, une eau « d’exception » qui « se fit connaître à la cour des rois de Versailles pour ses vertus digestives », selon le site internet de la marque.

Pierre Papillaud,
capable de vendre l’eau du robinet
au prix de l’eau minérale naturelle

Les bouteilles de Perrier, mais aussi de Vittel, Hépar et Contrex, ont été concernées par des traitements interdits, révèle une enquête du Monde et de Radio France.

Le gouvernement d’Elisabeth Borne savait depuis 2021 que plusieurs industriels de l’agroalimentaire ont appliqué des traitements et filtrages interdits sur leurs eaux en bouteille, révèle cette enquête publiée ce mardi 30 janvier.

Pire, le gouvernement – de la personne de l’ineffable Agnès Pannier-Runacher, aurait assoupli la réglementation pour permettre la poursuite de pratiques non conformes chez le Suisse Nestlé.

Tout commence fin 2020, quand un ancien employé de la société du groupe Sources Alma (Cristalline, Saint-Yorre…) fait un signalement à la direction générale de la concurrence, du commerce et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui n’avait rien détecté par elle-même. L’enquête administrative qui s’ensuit révèle des pratiques « frauduleuses »dont la désinfection de l’eau à l’ozone et la « filtration de l’eau aux UV », rapporte Le Monde.

Rendez-vous avec Agnès Pannier-Runacher

Les enquêteurs découvrent surtout que le groupe Alma est loin d’être le seul à appliquer ce genre de traitements. Parmi les industriels qui achètent des filtres non autorisés figurent notamment le géant suisse Nestlé Waters (Perrier, Vittel, Hépar et Contrex).

Se sentant en danger, Nestlé contacte la ministre de l’Industrie d’alors, Agnès Pannier-Runacher, et une rencontre est organisée à Bercy à l’été 2021. Lors de cette réunion, la multinationale argue qu’elle a besoin de filtrer au maximum ses eaux à cause de nombreuses contaminations bactériennes de ses exploitations.

Nestlé demande par ailleurs au gouvernement de lui accorder la permission d’utiliser les filtres les plus puissants, avec une filtration à moins de 0,8 micron. Ce genre de filtres n’est pas autorisé pour les eaux minérales naturelles et eaux de source car elles sont normalement « microbiologiquement saines », explique un avis de 2003 de l’Agence française de sécurité sanitaire (actuelle ANSES) des aliments (Afssa, alors), dépendant du ministère de la Santé, occupé par Jean-François Mattei. Ils sont uniquement acceptés pour traiter l’eau du robinet ou les « eaux rendues potables par traitement ».

Le gouvernement ne saisit pas la justice

Les bouteilles de Perrier, mais aussi de Vittel, Hépar et Contrex, ont été concernées par des traitements interdits, révèle une enquête du Monde et de Radio France.

Le gouvernement est donc au courant dès août 2021 de la situation et des doléances de Nestlé, mais la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon (PS, LREM), décide de gérer la crise en interne, sans en informer la justice. Pourtant, selon l’article 40 du code de procédure pénale, tout officier public « ayant acquis la connaissance d’un crime ou d’un délit » doit immédiatement saisir le procureur de la République, rappelle Radio France. Même s’il ne saisit pas la justice, Bercy (Francis Mer) décide tout de même de saisir l’inspection générale des affaires sociales (Igas) en novembre 2021.

Il ressort de l’enquête de l’Igas un rapport accablant publié en juillet 2022 : plus d’un tiers des marques d’eaux embouteillées en France subiraient des traitements non conformes. Et 100 % des marques d’eau de Nestlé sont concernées.

Assouplir la réglementation

Dans « toutes les usines du groupe », la note souligne une « microfiltration en deçà de 0,8 micron mais aussi charbon actif et ultra-violet dont l’interdiction est absolue, ne laissant place à aucune interprétation. » Pire, l’entreprise aurait volontairement caché sa pratique aux ARS en cachant ses traitements dans des armoires électriques.

Mais malgré ce rapport de l’Igas qui confirme les pratiques de Nestlé, le gouvernement décide d’aider la multinationale suisse et en assouplissant la réglementation des autorités sanitaires concernant les eaux minérales.

De fait, en février 2023, lors d’une réunion interministérielle, l’exécutif donne le droit aux préfets de prendre des arrêtés autorisant la microfiltration en deçà de 0,8 µm, indique l’enquête du journal Le Monde et de Radio France.

Bruno Le Maire y défend cette décision auprès de la presse, en s’appuyant sur un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale de 2023, qui indique qu’une filtration maximum peut être utilisée pour retenir certaines particules. Mais le directeur général de l’Anses a, quant à lui, répondu dans un courrier au gouvernement que les filtres utilisés ne devraient jamais « viser à masquer une insuffisance de qualité ».