Deux militantes Nemesis qualifiées de « raid »
La maire de Besançon Anne Vignot a annoncé, ce vendredi 12 avril, qu’elle porte plainte pour cyberharcèlement « d’une extrême violence ». C’est une première plainte de l’élue après que des pancartes anti-clandestins ont été brandies dimanche dernier lors du carnaval de sa ville.
Le 7 avril 2024, dans le cadre du Carnaval de Besançon, des militantes féministes du collectif Nemesis, qualifié d’extrême droite au motif qu’il n’est pas internationnaliste aurait « perturbé le défilé en brandissant deux pancartes associant sans nuance les termes ’immigrés’ et ’violeurs’ », a accusé l’élue écologiste dans un communiqué. « Ces propos essentialisants, qui constituent des incitations à la haine envers les étrangers, m’ont conduit à déposer plainte le même jour pour incitation à la haine raciale », a-t-elle indiqué, la maire écologiste faisant l’amalgame raciste entre violeurs et hommes de couleur, essentialisant tous les étrangers comme violeurs.
La maire monte en neige ce qui n’est qu’opposition démocratique.
Titulaire d’un bac G (commercial), la maire entre en politique et se retrouve diplômée d’un DEA de …géographie, délivré par l’université de… Franche-Comté à Besançon. En 1984, elle est cooptée au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), mais si, d’abord, modestement, en tant que technicienne, puis elle y est bombardée ingénieure de recherche : un bac G, mais surtout la politique, mène à tout.
Dès la fin d’après-midi, la maire écologiste de la ville Anne Vignot a indiqué sur X, à propos des deux redoutables membres du « raid »: « Elles s’affichent sans difficulté, de manière totalement décomplexée, au cours d’une manifestation dans laquelle elles bénéficient d’un public important. Elles veulent alimenter la haine contre les migrants. C’est immonde. C’est scandaleux et c’est incroyable de vivre ça en France », a déploré l’élue, avec force adjectifs outranciers incitant à la haine de l’opposition.
Des tombereaux d’injures et de menaces
« A l’annonce de ce dépôt de plainte, j’ai subi un harcèlement ciblé et coordonné d’une extrême violence sur les réseaux sociaux. Au-delà des outrages me visant en ma qualité de maire, ou des appels à commettre des crimes à mon encontre, dont des menaces de viol, j’ai reçu des centaines d’injures et propos haineux ou dégradants », a encore indiqué la maire. On notera qu’elle juge que les injures vont au-delà des menaces de mort !
Le journal local L’Est républicain (groupe EBRA, contrôlé par le Crédit Mutuel) avait notamment publié dans la semaine certains de ces messages pour alerter sur leur violence. On pouvait lire « Sois patiente, tu seras tondue à la Libération » ou encore « Saute dans un cercueil qu’on en finisse immondice ». « Ces attaques ciblées m’ont conduit[e] à déposer plainte afin que les responsables de ce raid soient identifiés et poursuivis », a ajouté l’élue.
Une des militantes ayant brandi une pancarte dimanche, étudiante en filière Administration économique et sociale âgée de 19 ans, a été placée en garde à vue mardi durant plusieurs heures avant d’être relâchée. Une autre jeune femme devait être entendue ultérieurement.
L’extrême droite locale en roue libre
Cette plainte d’Anne Vignot intervient alors que l’extrême droite locale continue d’attiser la haine dans ce dossier. Jeudi, des élus RN ont brandi des pancartes identiques à celles des militantes d’extrême droite en pleine séance du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, pour soutenir les deux jeunes femmes. Une action qui, là aussi, a conduit la présidente PS de l’institution, Marie-Guite Dufay, à porter plainte pour « incitation à la haine ».
Plus tard, la responsable socialiste a également dénoncé l’usage par un de ces élus d’une « expression empruntée au vocabulaire nazi », le mot « Untermensch », « sous-homme » en allemand, dans l’hémicycle.
« Un des conseillers régionaux du parti d’extrême droite a même utilisé une expression empruntée au vocabulaire nazi », s’est encore alarmée Anne Vignot. « Je dénonce cette action honteuse qui vise, sous couvert d’un prétendu droit illimité à la liberté d’expression, à transformer nos assemblées délibérantes en caisses de résonance de la haine contre les immigrés. »
Un ras-le-bol ancien
« 46 femmes auraient pu être épargnées si les OQTF avaient été appliquées en 2023 », un fait que la maire ne saurait entendre.
« Vous mentez Anne Vignot », a rétorqué dans un tweet le collectif, qui persiste et affirme que « ce n’est pas un message haineux, c’est la pure vérité ». Dans une réponse plus frontale encore, la directrice du collectif, Alice Cordier, renchérit : « Oui, nous avons appelé à l’expulsion des violeurs qui sont étrangers. Vous vous opposez à cela Anne Vignot ? ».
Dès la fin d’après-midi, la maire écologiste de la ville a écrit sur X : « Elles s’affichent sans difficulté, de manière totalement décomplexée, au cours d’une manifestation dans laquelle elles bénéficient d’un public important. Elles veulent alimenter la haine contre les migrants. C’est immonde. C’est scandaleux et c’est incroyable de vivre ça en France », a déploré l’élue, impliquée dans l’arrêté anti-mendicité que le maire PS Jean-Louis Fousseret a signé sans l’avoir mis aux voix de l’assemblée municipale, lorsqu’elle était adjointe. Plusieurs associations d’accueil et d’insertion des sans-abris l’avaient contesté en justice.
A Besançon, l’association avait déjà été visée par une plainte sans fondement pour « incitation à la haine » en novembre dernier, rappelle l’Est Républicain, qui ne distingue pas non plus haine et refus de l’immigration incontrôlée. Elle avait été déposée par l’Université de Franche-Comté, après la découverte de tags du même slogan : « Libérez-nous de l’immigration ». Cette plainte est à ce jour « en voie de classement ».