La Ville ne maîtrise rien: elle est livrée aux anarchistes
La maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, très réactive, a dénoncé ce mardi 4 juillet, « avec la plus grande fermeté » le décor anti-police d’un jeu installé lors d’un festival organisé par la ville le week-end précédent, entre le 30 juin et le 2 juillet. Des sanctions ont été prises, une enquête interne est lancée, et le préfet a signalé les faits à la justice.
« A aucun moment, cet habillage de la buvette, gérée par des membres d’un collectif associatif, n’a été présenté, ni validé par l’équipe d’organisation qui n’a donc pas pu prendre en amont connaissance des dessins et inscriptions », s’est ainsi défendue Johanna Rolland la maire de Nantes socialiste, dans un communiqué.
Une réaction qui fait suite à une première prise de position, plus molle. La veille, la ville se bornait en effet à « déplorer ce manque collectif de vigilance. »
Le ton a donc changé en 24 heures. Les dessins « ont été occultés rapidement après qu’une personne du public soit venue interpeller un des organisateurs à ce sujet », précise désormais Johanna Rolland, également secrétaire déléguée du Parti socialiste. Si peu évidentes qu’elles soient, ses qualités ont valu à Mme Rolland un second mandat à la mairie et à la métropole aux élections de juin 2020 et même d’être portée peu après à la présidence de ‘France urbaine’, une association qui, le 28 juin 2023, a fait part de ses propositions pour …améliorer l’attractivité des polices municipales ! « Elle éclaire la décision publique sur les principaux sujets qui concernent les territoires urbains et la décentralisation. » Dont afgiliés Grenoble, Marseille, Bordeaux, Rennes ou Strasbourg…
Les responsables bannis du festival
Une enquête interne a en outre été diligentée pour « comprendre ce qui avait conduit à cette situation », toujours selon les mots de l’élue, qui précise que les responsables « ne pourront évidemment plus participer aux prochaines éditions » du festival.
Selon des images diffusées dans la presse locale, on peut voir un stand « Acab [All cops are bastards, tous les flics sont des salauds, un slogan anti-police bien connu] Game » avec un dessin où figure notamment un policier à terre baignant dans une mare de sang. De quoi provoquer l’indignation de nombreux élus sur les réseaux sociaux. Selon l’avocat Antoine Lyon-Caen, « ACAB ce n’est pas une injure. Initialement, ça fait état de l’origine populaire des policiers. » Une origine dont les anar binaires n’ont aucune notion, puisqu’ils pensent par slogans et frappent les leurs…
« Nantes tombe dans les mains de celles et ceux qui prônent la haine de la République et de la police », a par exemple écrit sur Twitter la conseillère municipale d’opposition et ancienne députée de Loire-Atlantique Valérie Oppelt. « Ignoble », ajoute pour sa part Eric Ciotti sur Twitter, à l’unisson de plusieurs de ses collègues LR.
Dans un communiqué, le préfet de Loire-Atlantique a également réagi. « Dans le cadre du festival les “Scènes Vagabondes” (…) des membres du public ont constaté la présence d’une buvette dont les décors présentaient des slogans et dessins inacceptables. En effet, ceux-ci comportaient un « jeu » anti-police, qui représentait notamment des policiers morts ou blessés. » Les festivals créent volontiers un climat contestataire apte à séduire les jeunes rebelles (Vieilles charrues, Printemps de Bourges, Avignon ou Cannes, etc) et véhiculent souvent des idées contestataires.
Le préfet Fabrice Rigoulet-Roze dit condamner « avec la plus grande fermeté la présence de ces visuels qui ne sont rien d’autre que des appels à la haine ». Et d’indiquer qu’il a « procédé à un signalement au procureur de la République, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale ». Les « Scènes vagabondes » est un festival artistique de plein air qui a été organisé par la ville de Nantes dans le parc de la Roseraie du vendredi 30 juin au dimanche 2 juillet.
« Un événement organisé par la mairie ne devrait pas afficher de telles incitations à la haine, surtout dans un contexte actuel aussi tendu. ».
Pauline reste choquée. Samedi 1er juillet 2023, en famille et avec des amis, cette Nantaise profite du festival de plein air les Scènes vagabondes, au parc de la Roseraie. En se dirigeant vers la seule buvette du festival, près de la scène, elle observe les lettres « Acab Game », le slogan anti-police (All cops are bastards), « une pancarte d’environ 2,50 sur 1 m ». Et découvre, en s’y approchant, des dessins de policiers, morts, baignant dans une mare de sang. Au dessus, un compteur de points, « comme si c’était un jeu. Si vous tuez un policier, vous gagnez ici 666 points » , s’étonne encore Pauline. En numérologie, le numéro 666 est associé au diable…
Selon une certaine presse, Pauline serait la seule indignée…
Le sujet n’est qu' »‘un caillou dans l’engrenage : la présence d’un stand orné [sic] d’une fresque ‘anti-flics' »… selon France 3 Pays de Loire, chaîne publique.
Et pourtant, le conseiller régional des Pays de la Loire délégué à la culture et au patrimoine, Alexandre Thebault, s’émeut aussi de l’installation, qu’il estime être une « dérive inqualifiable » et un « appel au meurtre » devant être saisi par la justice.
« Marre de cette haine anti-flics financée par la Ville de Nantes », tempête aussi Laurence Garnier, sénatrice de Loire-Atlantique.
« Perforer un policier… »
Policier tué ou menacé avec une perceuse, un décor nantais
Policier tué ou menacé avec une perceuse, un décor nantais festif… La scène est pour le moins macabre et d’une violence inouïe. Elle représente un membre des forces de l’ordre mort au milieu d’un bain de sang. Deux individus – l’un muni d’une perceuse et l’autre d’un nunchaku – menacent un homme habillé en noir et porteur d’un brassard «Bac» faisant référence à la brigade anticriminalité. Pour compléter ce décor sordide, des ordures, des bouteilles de verre cassées et des déjections. L’ensemble de cette «œuvre» est représenté sous un titre évocateur lui aussi maculé de sang : «ACAB GAME», un slogan insultant.
Cette fresque était visible pendant quatre jours. «Sympa le stand payé par le contribuable nantais au festival Les Scènes Vagabondes. Bonne ambiance par les temps qui courent», écrit Hervé, un internaute. Un message ironique en référence aux émeutes actuelles qui n’ont d’ailleurs pas épargné Nantes. U ne librairie catholique a d’ailleurs été saccagée lors d’un rassemblement pour Nahel.
«Haine de la République»
Ce Nantais a découvert le stand polémique lors d’une balade dans le parc de la Roseraie, jeudi en fin de soirée, en amont du festival qui débutait le lendemain. «J’ai été surpris de voir ça dans un festival 100% municipal et gratuit. J’ai mentionné Johanna Rolland sur Twitter pour lui signaler», explique-t-il.
Son alerte est restée sans réponse: «Quand je vois ça, je me demande quelles sont les associations avec lesquelles la mairie est en contact. En tant que contribuable, je me pose aussi la question de l’utilisation de l’argent public.» L’affaire a pris ensuite une tournure politique avec l’évocation de plusieurs témoignages concordants. «Nantes tombe dans les mains de celles et ceux qui prônent la haine de la République et de la police», a notamment écrit sur Twitter la conseillère municipale d’opposition et ancienne députée de Loire-Atlantique Valérie Oppelt (Renaissance).
«Incompétence» et «cynisme»
Plusieurs membres du groupe d’opposition de la droite et du centre «Mieux vivre à Nantes» ont eux aussi fait part de leur colère sur les réseaux sociaux. Ce mardi matin, ces élus ont envoyé un communiqué au titre cinglant. Intitulé «La mairie de Nantes diffuse le poison de la haine anti-flic avec l’argent des Nantais», il signe une charge contre la collectivité accusée «d’incompétence» et de «cynisme». Les organisateurs de l’événement, qui n’auraient «rien à faire au service des habitants», sont taxés d’avoir «laissé imaginer, dessiner, imprimer, installer, animer cet ignoble ‘jeu’».
Les responsables de la mairie en prennent aussi pour leur grade : «La complicité idéologique avec l’extrême gauche des élus majoritaires de Nantes est une insulte au travail des policiers et aux victimes parmi eux des violences urbaines de ces derniers jours.» En complément, ils disent souhaiter que «les auteurs de cette inqualifiable dérive» répondent de leurs actes devant la justice.
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Intervention du préfet
Des suites judiciaires qui pourraient bien avoir lieu. Le préfet de Loire-Atlantique, Fabrice Rigoulet-Roze, a annoncé saisir le procureur de la République au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale afin que ces «appels à la haine» ne restent pas «impunis». Au passage, le haut fonctionnaire a indiqué apporter «son soutien plein et entier» ainsi que sa «profonde reconnaissance» aux forces de l’ordre.
En réaction, la Ville de Nantes se défend de toute implication et responsabilité dans la réalisation et la diffusion de cette illustration anti-police. Sur Twitter, la maire PS, Johanna Rolland, a dénoncé «avec la plus grande fermeté» le décor en question. «À aucun moment, cet habillage de la buvette, gérée par des membres d’un collectif associatif, n’a été présenté ni validé par l’équipe d’organisation qui n’a donc pas pu prendre en amont connaissance des dessins et inscriptions», a-t-elle indiqué.
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Enquête interne
Les dessins «ont été occultés rapidement après qu’une personne du public soit venue interpeller un des organisateurs à ce sujet», a ajouté la première secrétaire déléguée du PS. Pourtant, selon le témoignage recueilli par Presse Océan, un simple bout de carton a été scotché sur l’image du policier mort pour cacher l’inscription «police». Autre élément surprenant : dans un tweet publié sur son compte vendredi 30 juin – supprimé depuis – la ville de Nantes faisait la promotion des Scènes vagabondes avec une image dans laquelle il est possible de voir la banderole anti-police à l’origine de la polémique.
Selon Johanna Rolland, une enquête interne a été diligentée pour «comprendre ce qui avait conduit à cette situation». L’édile précise que les responsables de la banderole «ne pourront évidemment plus participer aux prochaines éditions» du festival. Quant à l’équipe d’organisation de l’événement, elle doit recevoir «un rappel à l’ordre strict pour son manque de vigilance collective qui a conduit à la présence de ces éléments d’habillage de stand totalement inacceptables».