Une majorité de Français ne se reconnaît pas en cette représentante des quartiers
Et pourquoi pas Bilal Hassani pour incarner une autre minorité ? Un sondage Elabe pour BFM montre que Aya Nakamura est encore une mauvaise idée de Macron selon 49 % des Français: tous racistes ? Seulement 21 % l’approuvent. Depuis quinze jours, la chanteuse malienne – française depuis le 30 avril 2021 – est partout: sa représentativité, son inadéquation avec la cérémonie ou sa maltraitance de la langue française sont au cœur du débat politique. Fallait-il nécessairement un artiste de couleur? Les partisans de Aya Nakamura ne voient que racisme et arrogance de la majorité blanche face à ce choix du disruptif Macron, sans conscience que le choix d’une femme sacrifie par ailleurs, à nouveau, au féminisme ambiant et que les chanteurs d’expérience sont ringardisés par sexisme mâtiné de jeunisme et d’universalisme. Jul a été le chanteur le plus écouté en France en 2023, devant Ninho et Gazo.
Macron a-t-il de surcroît sacrifié au mercantilisme ? Benjamin Biolay a d’ailleurs poussé un gros coup de gueule sur RTL. « Je trouve ça dingue, cette jeune femme a un talent monstre, c’est notre artiste la plus vendue à l’étranger. » Un amalgame ! Certes, c’est un produit Warner Music France et son PDG, Alain Veille, est monté au créneau pour défendre son tiroir-caisse. Aya Nakamura est la seule femme dans le top 20 des albums les plus écoutés en 2023 : à la 14e place, en France, sur un titre, avec son album Dnk, faisant référence à son vrai nom de famille, Danioko. Quel rang dans le monde ?
Pour comprendre cette omniprésence, il faut remonter au jeudi 29 février dernier. Le journal L’Express publie alors une enquête fouillée sur « Les exigences secrètes d’Emmanuel Macron pour les JO. » On y apprend que le président de la République s’intéresse de très près à la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet prochain.
Il aurait reçu Aya Nakamura à l’Elysée mi-février pour en discuter avec elle et lui proposer de participer à la fête, pourquoi pas en chantant Edith Piaf. La si perspicace ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, s’y est collée.
« Peu importe comme on vous aime, chère Aya Nakamura, foutez-vous du monde entier [auquel elle est censée s’adresser…]. Avec vous », a-t-elle partagé sur X. Lapidaire, le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, PS, a dénoncé une « attaque ignoble ». Depuis, ni l’entourage du président, ni la chanteuse n’a démenti une éventuelle performance de l’artiste « francophone » la plus écoutée dans le monde.
Née à Bamako, elle utilise dans ses textes un argot ivoirien très parlé dans certains quartiers et elle ne fait donc pas la promotion de la langue française. Le président du Sénat, deuxième personnage de l’Etat, a confié qu’il n’est guère emballé par le projet. « Ça n’aurait pas été mon choix, même pour chanter Edith Piaf, a déclaré Gérard Larcher. Quand je regarde le texte de ses chansons, je trouve qu’on est assez loin de la représentation de notre pays… » Dans « Djadja » – qui signifie menteur –, Aya Nakamura s’adresse à un daron qui la drague et la calomnie : « Oh Djadja / Y a pas moyen, Djadja / J’suis pas ta catin Djadja, genre / En catchana baby, tu dead ça… » Interrogée en 2018 sur Canal+, l’artiste avait confirmé que catchana était un mot d’argot en lien avec le sexe. Et Gérard Larcher de faire valoir que cette « ode à la levrette » par Aya Nakamura ne serait peut-être pas du meilleur goût pour l’ouverture des JO 2024… Mais, en même temps, c’est un homme de droite !
Offensive des réactionnaires ?
C’est là que naît la polémique. L’idée de faire chanter l’interprète de « Djadja » ou « Pookie » hérisse les amateurs de chanson française, brocardés en réactionnaires, d’extrême droite, of course…
Comme elle veut faire respecter ses lois, la droite veut protéger la langue française, y compris dans la chanson, preuve qu’elle est opposée à la torture :
Cette désapprobation, qui a atteint son pic le week-end du 10 mars, indispose les intolérants d’extrême gauche, la qualifiant de raciste puisque la chanteuse est noire. Eric Zemmour ose l’évoquer lors de son premier grand meeting de campagne pour les élections européennes. « Les bébés votent Mozart, pas Aya Nakamura », résume-t-il en substance, après un long développement sur les appétences musicales des fœtus du monde entier.
Réaction du journaliste sportif Fred Hermel :
Qui c’est, ce progressiste, sur Red radio, radio lycéenne de l’Académie de Créteil, constituée de Imane M. – Hajer S. – Assia L. – Amélie M. – Kaïna I. – Maryam E. – Léonie S. – Gebril M., pour qui l’avenir de la musique en France est dans le métissage ?
Autre chose, Mme la ministre de la Culture ?