SNCF : l’accord avec Farandou sur les fins de carrière casse-t-il la loi sur les retraites ?

Bruno Le Maire court-circuité ?…

Image d'illustration.

Un communiqué du gouvernement est tombé le matin de l’audition devant la commission sénatoriale de l’aménagement du territoire : le mandat du PDG, qui n’aurait atteint la limite d’âge qu’en juillet 2025, ne sera pas renouvelé au-delà de la période des Jeux Olympiques.

Voilà plusieurs jours que le ministre de l’Economie et des Finances manifeste son mécontentement après la signature d’un accord sur les fins de carrière, entre la direction et quatre syndicats représentatifs des cheminots.

L’accord de Faraudou avec les syndicats sabote la réforme des retraites

Jean-Pierre Farandou va devoir assumer seul l’accord polémique passé à la SNCF, qui annule la réforme des retraites. Et crée un régîme spécial… Avec cette réforme, l’âge de départ à la retraite est passé à 54 ans pour les cheminots (10 ans avant le reste des Français) et 57 ans pour les autres cadres.

Le gouvernement jure que personne n’était au courant, ni à l’Elysée, ni à Matignon, ni à Bercy. Personne, on vous dit. Cet accord annule les effets de la réforme la plus importante du second quinquennat de Macron, mais l’exécutif n’est pas au courant. Le journal L’Opinion affirmait la semaine dernière que le cabinet du premier ministre était au courant, ce qui a été démenti et a provoqué la colère de l’entourage du premier ministre.

En menaçant de bloquer la circulation des trains au moment des JO, les cheminots ont réalisé un véritable exploit : décrocher des avantages pérennes et totalement démesurés, notamment en matière de retraites.

La SNCF est l’entreprise qui a le plus dégringolé dans le classement 2024 des entreprises préférées des Français, perdant 26 places. En cause, une image dégradée à l’approche des JO, notamment en raison de grèves à répétition.

Bruno Le Maire estime que l’accord n’est « pas satisfaisant à [ses] yeux » et parle d’un « dysfonctionnement ». « Un accord est signé qui engage effectivement les équilibres de la réforme des retraites et les équilibres financiers de la SNCF. Je n’ai pas été averti », avait-il pesté la semaine dernière.

A 30 mois de la retraite, ils vont pouvoir se mettre en cessation de travail, c’est-à-dire ne pas travailler pendant 15 mois tout en étant payés à 75% de leur salaire. Le coût de l’opération est estimé à 300 millions d’euros, selon l’IFRAP.

« Un bon accord qui ne contourne pas la loi sur les retraites « 

« Ma conviction, c’est que c’est un bon accord qui ne contourne pas la loi sur les retraites », a réagi Jean-Pierre Farandou devant la commission sénatoriale. Avant de préciser que le coût est « raisonnable », « avec de vrais bénéfices pour l’entreprise ».

En matière de méthode, Jean-Pierre Farandou a affirmé que le processus avait été « transparent » et « non caché ». Le chef d’entreprise a rappelé que « les pouvoirs publics » avaient demandé, à l’automne 2023, d’engager des négociations sur la cession progressive d’activité, dans les carrières « liées à la pénibilité ». « On peut donc considérer que le gouvernement est au courant qu’on engage une négociation au moins dans son principe, puisqu’il nous le demande », s’est exclamé Jean-Pierre Farandou, avant d’ajouter que l’Etat, des membres de la haute administration de Bercy, étaient représentés au conseil d’administration du groupe. C’est dans ce contexte que l’accord de 2008 a été renégocié.

Le PDG du groupe SNCF a par ailleurs indiqué que les négociations avaient été évoquées à l’occasion d’une interview dans Le Monde, en février. « Je ne comprends pas les accusations d’opacité, de manque de transparence ou de manque d’information. »

« Je m’engage devant vous à compenser le coût sans le répercussion sur les prix des billets, et à préserver les marges de l’entreprise. Il ne coûtera rien au contribuable. »  (Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, le 7 mai 2024)

Interrogé sur le coût du « compromis » trouvé avec les représentants du personnel, Jean-Pierre Farandou a précisé que les deux volets de l’accord coûteront à la SNCF 35 millions d’euros, soit « 0,3 % de la masse salariale ». Le PDG a pris l’engagement devant les sénateurs à « compenser le coût, sans le répercuter sur les prix des billets et à préserver les marges de l’entreprise ». « Il ne coûtera rien au contribuable », a-t-il insisté.

Rappelant que « 91 000 cheminots » tiennent un emploi reconnu comme pénible, que ce soit en raison des contraintes physiques ou des horaires décalés, le patron de l’entreprise ferroviaire a défendu la nécessité de réaménager les fins de carrière, en matière de reconversion, mais aussi de perspectives de rémunérations avec le recul de l’âge légal de départ. Pour Jean-Pierre Farandou, ces différents volets de l’accord sont importants tant pour les salariés de la SNCF et de leurs conditions de travail, tant pour les usagers. « Tout cela est positif pour nos clients. Nos agents participent à la production de services. Ce n’est pas la même chose, s’ils ne sont pas en forme, ou engagés. »

Une bénévole chassée des Restos du coeur: elle est au FN !

Noire, juive ou lesbienne, c’était du racisme, de l’antisémitisme ou de l’homophobie…

Mais elle est sympathisante du RN et la chasse aux sorcières est légitime… Sexagénaire au RSA, bénévole aux Restos du Cœur et électrice du Rassemblement national, Colombe avait ému jusqu’à la gauche après la diffusion  d’une vidéo virale sur les réseaux sociaux, avec plus de 5 millions de vues.

Mais l’association, dont la « neutralité politique » est un « principe non négociable », a indiqué samedi 4 mai que Colombe ne fait plus partie de ses bénévoles. Selon les Restos, il s’agit d’une décision de la sexagénaire!

Sur les images tournées par TF1 en marge du meeting de Marine Le Pen, le 1er mai à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, Colombe avait fondu en larmes en racontant sa situation personnelle.

« On est arrivé dans un monde de fous, il faut qu’on trouve des solutions. On a du mal à vivre, on ne peut pas payer les factures, on a les huissiers, les menaces (…) Il n’y a pas de travail, pas d’usine », avait confié cette bénéficiaire du RSA âgée de 60 ans, à la recherche d’un emploi, au journaliste Paul Larrouturou, journaliste à LCI et ancien chroniqueur de Quotidien, diffusé sur TMC . « Je ne trouve pas de travail, mais je suis bénévole aux Restos du cœur et j’aide les gens de la rue », ajoutait-elle, très émue. Virée ! La discrimination au faciés est raciste, mais la discrimination politique est « citoyenne »…

« Quand certains jours la bataille politique nous paraîtra difficile, il suffira de penser à Colombe. Elle nous rappellera toujours pour quoi et pour qui nous nous battons », avait déclaré Marine Le Pen, après que le Rassemblement national a partagé le témoignage de son électrice sur les réseaux sociaux.

« Toutes les Colombe du pays, nous ne devons pas les mépriser, mais les entendre, les comprendre. Et que demain, elles placent leur espoir et leur bulletin chez nous, à gauche », avait de son côté réagi le député LFI François Ruffin sur X (anciennement Twitter).

Cacophonie aux  Restos du Cœur

Malgré tout, les mots de la sexagénaire n’ont semble-t-il pas plu a l’association des Restos du Cœur. « On lui a rappelé un principe qui n’est pas négociable, c’est la neutralité politique. On le rappelle d’ailleurs à nos bénévoles quand ils sont candidats à des élections, ils n’ont pas le droit de faire état de leur bénévolat. On n’a pas l’intention de se faire instrumentaliser par qui que ce soit », a ainsi affirmé Yves Mérillon, porte-parole national de l’organisation.

La direction parisienne de l’association de solidarité assure que c’est bien son adhérente qui a elle-même fait le choix de démissionner dans une lettre après les remontrances qui lui ont été adressées. Une source locale indique cependant que Colombe a été abruptement poussée vers la sortie.

Sur X, le député RN Sébastien Chenu

et le député européen Gilbert Collard ont imputé à l’association le départ de Colombe, tout comme le colistier de Jordan Bardella pour les européennes, Matthieu Valet.

Qui, à Renaissance ou au PS,  a manifesté de l’empathie pour Colombe et / ou condamné les Restos ?

1er mai 2024 : ce qui change

Pas d’augmentation d’impôts: ce sont des taxes, sur les prix du gaz, les frais de santé ou  compte personnel de formation

Hausse du prix du gaz

Ce 1er mai commence par une mauvaise nouvelle : le prix repère de vente de gaz augmente de 1,4 % TTC par rapport au mois d’avril. Cet indicateur est publié chaque mois par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), prédidée par l’ex-ministre Emmanuelle Wargon, pour guider les consommateurs (quelque 2,5 millions de clients résidentiels) dans leur choix. Une mesure mise en place depuis la fin du tarif réglementé de vente du gaz, le 30 juin 2023, qui permet aux opérateurs de fixer librement les tarifs qu’ils appliquent.

Cette hausse du prix repère « s’explique par une légère augmentation des prix de marché de gros de gaz naturel », justifie la Commission de régulation de l’énergie sur son site. Les opérateurs devraient donc logiquement suivre cet indicateur et augmenter leurs factures de gaz.

100 euros pour utiliser son compte personnel de formation

L’accès au compte personnel de formation (CPF) sera conditionné à une participation financière et forfaitaire des salariés à hauteur de 100 euros, quel que soit le coût de la formation. Seuls les demandeurs d’emploi et les salariés dont les formations sont partiellement financées par l’employeur ne sont pas concernés. Le décret d’application a été publié dans la nuit de lundi 29 a mardi 30 avril, pour une application dès le jeudi 2 mai.

Deux euros de plus chez le médecin

Après le doublement des franchises médicales, qui est entré en vigueur fin mars, à partir du 15 mai 2024, le reste à charge pour les patients va passer de 1 à 2 eurosselon l’arrêté du 24 avril 2024. Pour chaque dépense en matière de santé, que ce soit pour une consultation médicale, une analyse biologique ou un examen de radiologie, les assurés sociaux paieront donc un euro de plus, dans la limite de 50 euros par an et par personne.

Le gouvernement précise sur le site service-public.fr, que les moins de 18 ans, les femmes enceintes, les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire et de l’aide médicale de l’Etat (AME, aux étrangers en situation irrégulière), ainsi que les invalides de guerre, seront exonérés.

Le plein-emploi paraît hors d’atteinte de Macron

Les demandeurs d’emploi peuvent-ils compter sur la macronie ?

En 2022, durant sa campagne, Macron avait promis d’atteindre, d’ici la fin de son quinquennat, un taux de chômage de 5%, correspondant au «plein-emploi». Pour l’atteindre, plusieurs grandes réformes censées booster l’emploi avaient été lancées : durcissement des règles de l’assurance chômage, réforme des retraites supposée maintenir les actifs dans l’emploi plus longtemps, subventions massives à l’apprentissage, réforme du RSA pour renforcer l’accompagnement professionnel des bénéficiaires.

Le taux de chômage au quatrième trimestre reste stable à un niveau élevé. En dépit des promesses et mesures de Macron, il s’élève à 7,5 %, selon les chiffres de l’Insee publiés ce mardi 13 février. Sa promesse d’atteindre le plein-emploi (moins de 5 % de chômage) d’ici à 2027 semble encore s’éloigner. « Ce sera très compliqué, voire impossible », tranche Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Car, derrière une apparente stabilité, le taux de chômage augmente depuis trois trimestres. De 7,1 % début 2023 – le plus faible taux depuis les années 1980 –, il pourrait grimper à 7,9 % à la fin de l’année 2024, d’après les prévisions de l’OFCE. En effet, depuis la fin de la crise sanitaire, « les carnets de commandes des entreprises étaient pleins, mais elles n’arrivaient pas à recruter », relate Éric Heyer.

Destruction d’emplois

Depuis début 2023, la situation s’est inversée. « Avec la crise inflationniste et énergétique, la perte de pouvoir d’achat s’est traduite par des carnets de commandes vides pour les entreprises », explique l’économiste. Dans ce contexte, les sociétés ne créent plus d’emplois ; au contraire, elles en détruisent.

A cela s’ajoute le remboursement des PGE (prêts garantis par l’Etat), initiés dans le cadre de la pandémie pour soutenir les entreprises, ce qui crée des manques de trésorerie et la stabilisation des contrats d’apprentissage, dont le nombre n’augmente plus depuis quelques mois en raison notamment de la baisse des aides de l’État – passées de 8 000 à 6 000 euros par apprenti. Résultat : « L’emploi net se détériore », explique Éric Heyer.

Pas la bonne méthode

Dans un tel contexte, la réponse du gouvernement n’est pas adaptée, juge l’économiste de l’OFCE. Le ministre Bruno Le Maire entend en effet s’attaquer au modèle social français, qui doit devenir « moins attractif pour ceux qui ne travaillent pas ». Au programme : refonte de Pôle emploi, devenu France Travail, réforme du RSA, réduction de la durée de l’indemnité chômage pour les plus de 55 ans… « Dans un contexte de destruction d’emplois, inciter les bénéficiaires du RSA à retenter leur chance sur le marché du travail va, au contraire, augmenter le chômage » en gonflant les chiffres des demandeurs d’emploi, estime Éric Heyer.

Pour atteindre le plein-emploi, « il faudrait que le gouvernement soutienne les créations d’emplois via les emplois aidés ou espérer que les croissances mondiale et européenne redémarrent fortement », prédit Éric Heyer. Ce dernier scénario peut d’ores et déjà être écarté, la zone euro ayant échappé de peu à la récession en 2023 avec une croissance de 0,5 %. Pour 2024, la Commission européenne table sur une croissance de 1,2 %, mais ce chiffre pourrait encore être revu à la baisse.

Attention : le taux de chômage mesuré par l’Insee ne doit pas être confondu avec les demandeurs d’emploi inscrits à France Travail (ex-Pôle emploi). Pour établir une mesure du chômage qui corresponde à la définition du Bureau international du travail (BIT), l’institut national de la statistique recense les personnes sans emploi qui sont disponibles pour travailler dans les deux semaines suivantes et qui ont effectué, au cours du dernier mois, une démarche active de recherche d’emploi. Les populations recensées par l’Insee ne recoupent donc pas complètement les inscrits à Pôle Emploi.

La suite du gouvernement Attal n’est pas indispensable

Les subalternes sont toujours en attente depuis… trois semaines

Les seize, aux coudes à coudes, lors du premier conseil des ministres après
le changement de gouvernement, « le plus resserré de l’Histoire »,
vanté par l’Elysée à Paris,
le 12 janvier 2024…

Les prochains nommés seront le tiers-état de l’exécutif, sous l’aristocrate Gabriel Attal de Couriss et le prélat de Bercy.

Le « noyau dur gouvernemental » de 14 ministres constitué trois jours après la désignation du benjamin à Matignon, le 11 janvier, devrait finir par être complété par autant de ministres délégués et de secrétaires d’Etat. Ces choix sont un exercice contre nature pour l’indécis Macron qui se suffit d’ailleurs à lui-même, mais pourrait avoir besoin de boucs émissaires. Certes il faut respecter les équilibres politiques entre les partis de la majorité (Renaissance, MoDem et Horizons), la parité homme-femme et régionaux, mais le supplice vécu par les futurs impétrants aux dents longues, n’est rien face à l’errance du pouvoir. Notamment sans ministres des Transports, ni du Logement…

Pour l’heure, le mystère reste entier et insoutenable ce suspens inédit qui s’éternise et commence à gripper la machine gouvernementale autant qu’elle exaspère les hommes et femmes politiques et les conseillers ministériels. Difficile d’asséner que le gouvernement est au travail quand 50% sont sans emploi et que les dossiers à « regarder » sont bel et bien « sur la table ».

Une ambiance de campagne électorale

« Vingt jours de salaire en moins quand on a un loyer à Paris ce n’est pas évident. Ce sont des vacances forcées », gémit l’un de ces prébendiers, pourtant habitué aux « incertitudes » des changements de gouvernements, tous les deux ans, et remaniements, « tous les six mois ». Quatre conseils des ministres en janvier, mais quand ça chante à Macron, les 12, 17, 24 et 29.

Après le départ d’Elisabeth Borne, ministres et collaborateurs ont géré – en télé-travail ? – les affaires courantes, mais depuis les premières nominations, ils ne touchent plus de salaire et ne peuvent plus officiellement revenir dans les ministères. Certains membres de cabinet ont déjà changé de trottoir, comme Benjamin Rosmini, ancien conseiller presse de l’ex-ministre du Travail, Olivier Dussopt, parti rejoindre l’équipe de la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati.

D’autres, qui se conçoivent en fonctionnaires, restent en contact avec leurs anciens collègues « pour préparer la suite ». « C’est un peu une ambiance de campagne électorale. On n’est pas sûrs de gagner (un retour au gouvernement), mais des groupes se réunissent pour prévoir ce qu’on ferait si on était maintenus », selon un autre conseiller.

Ministères XXL

La situation reste évidemment aussi compliquée pour les ministres en poste avec des portefeuilles XXL, telle Amélie Oudéa-Castéra, qui est dépassée par l’Education nationale, la Jeunesse, les Sports, les Jeux olympiques et paralympiques, et qui enchaîne donc bourdes, faux pas et mensonges au point que Gabriel Attal voudrait s’en débarrasser au contraire de Macron. Christophe Béchu lui aussi est en surchauffe, qui cumule la Transition écologique et la Cohésion des territoires, tandis que les Transports et le Logement ne sont pas pourvus, pas plus que la Ville. Idem pour Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Mais le surhomme, c’est Catherine Vautrin qui croule sous le Travail, les Solidarités et la Santé, soit le boulot précédent de trois ministres de plein exercice (Brigitte Bourguignon, Olivier Dussopt et Damien Abad). Quant à l’Outre-Mer, cinquième roue fu carrosse jupitérien, il est victime du réchauffement climatique et englouti par la montée des eaux.

Les oppositions ont réagi à la conférence de presse de Macron

Les élèves devront connaître la Marseillaise et Macron, les programmes scolaires

L’innovateur n’est pas
celui qui le dit
Coucou un jour,
coucou toujours

La conférence de presse de Macron, que le service com’ de l’Elysée appelle le « Grand rendez-vous avec la nation », a été l’occasion de faire une série d’annonces devant la presse et les caméras des chaînes de télévision françaises et internationales, mardi 16 janvier. Le président de la République a présenté une seconde fois ses vœux aux Français avant d’énumérer une série de mesures touchant aux domaines de l’éducation, du social, de l’économie ou encore de la santé.

Le chef de l’Etat s’en est notamment pris au Rassemblement national qu’il a qualifié de « parti de l’appauvrissement collectif » et « du mensonge ». Des propos qui ont fait réagir le patron du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui sur France 2 a tancé « un président de la République qui n’était pas président de la République mais qui était un Premier ministre ». Ce dernier aurait tenu « une déclaration de politique générale en prenant un peu tout un tas de sujets, en rentrant parfois dans des microdétails. ». De son côté, la cheffe des députés RN, Marine Le Pen, a qualifié cette conférence de presse d’« énième et interminable bavardage […], un entre-soi sans hauteur, sans vision et surtout sans solutions aux problèmes critiques des Français ». 

Un « exercice digne de l’ORTF »

Même son de cloche du côté des Républicains. Eric Ciotti a fustigé un président qui, « promettant un rendez-vous avec la Nation », n’a tenu « qu’un rendez-vous avec lui-même ». Le président des Républicains a aussi réagi au fait que Macron a déclaré vouloir que « la France reste la France ». Le slogan avait précédemment été utilisé par les Républicains, sur leurs tracts promouvant l’organisation du Printemps des Républicains, en juin 2018.

En 2021, Eric Ciotti, l’avait utilisé pour l’investiture du parti Les Républicains pour la présidentielle, comme il l’a rappelé sur son compte X.

La gauche n’est pas en reste. La secrétaire nationale d’EELV Marine Tondelier a dénoncé un « discours de technocrate réactionnaire», et «un discours de politique générale lunaire et paternaliste ». Même rengaine chez le coordinateur de La France Insoumise, Manuel Bompard, qui a fustigé un « exercice digne de l’ORTF. » « Emmanuel Macron enchaîne les poncifs réactionnaires, répète des promesses non tenues et annonce une nouvelle étape de maltraitance sociale », a déploré le député des Bouches-du-Rhône. Quant au communiste Fabien Roussel, ce dernier a dénoncé une politique économique en décalage avec les attentes des Français : « Les factures d’électricité vont augmenter. Les prix des médicaments vont augmenter. Mais les salaires, eux, ne vont pas augmenter ! La messe est dite. »

Que retenir de la conférence de presse de Macron

Après l’ébauche de nomination d’un nouveau gouvernement emmené par Gabriel Attal, Macron a fixé le cap de sa politique dans cette conférence de presse du mardi 16 janvier, coupant ainsi l’effet d’annonce de son premier ministre, avec la délitatesse et la considération qu’on lui connaît.

Concernant la lutte contre le trafic de drogue, Macron a promis la tenue de dix opérations policières « place nette » par semaine contre les narcotrafiquants.

Devant la presse et les caméras des chaînes de télévision françaises, le président de la République a présenté une seconde fois ses vœux aux Français. « La France sera plus forte dans ce monde de bouleversements si nous sommes d’abord plus unis. Apprenons à partager des valeurs, une culture commune, le sens du respect. Dans les salles de classe, dans la rue, dans les transports comme dans les commerces. Chaque génération de Français doit apprendre ce que la République veut dire », a déclaré Macron, avant d’énumérer une série d’annonces touchant aux domaines de l’éducation, du social, de l’économie ou encore de la santé. Tout d’abord, le « réarmement civique » évoqué par le dirigeant se matérialisera par le doublement des heures d’instruction civique dès la classe de 5e. Le retour de l’histoire de l’art au collège et au lycée, les cours de théâtre obligatoires dès la rentrée prochaine ou encore l’expérimentation de la « tenue unique » dans une centaine d’établissements scolaires publics ont été confirmés.

Le port de l’uniforme, pris en charge par les collectivités locales et… l’Elysée, pourrait ainsi être généralisé à partir de 2026. « Nous irons vers la généralisation du Service national universel », a-t-il ajouté. Questionné plus tard sur l’éventuelle régulation de l’usage des écrans par les enfants, il n’a pas fermé la porte à « des interdictions, des restrictions ».

Dans une noté publiée mardi 14 décembre 2021, la Cour des comptes préconisa plusieurs mesures pour améliorer les performances du système éducatif français qu’elle juge « médiocres ». Elle proposa des pistes pour organiser « plus efficacement » l’école au service des élèves. Et parmi elles, rémunérer les enseignants au mérite grâce à un système de prime pour récompenser les enseignants qui s’investiraient dans « des missions annexes ». En mars 2022, présentant son programme, le président candidat avait dit sa volonté d’étendre les missions des enseignants, qui, pour gagner plus, devraient accepter notamment de remplacer leurs collègues absents. Le chef de l’Etat promettait aussi plus d’autonomie pour les établissements, y compris en matière de recrutement.

Près de 500.000 euros pour un rapport qui prône la rémunération au mérite: très exactement 496.800 euros facturés par le cabinet McKinsey en 2020 au ministère de l’Education national pour la préparation d’un colloque qui n’a jamais eu lieu…Quatre ans plus tard, Macron confirme ce 16 janvier 2024 que « le principal critère d’avancement et de rémunération devra être, à côté de l’ancienneté, le mérite. En tout cas davantage qu’aujourd’hui », a tranché Macron. Une référence à la réforme de la fonction publique, d’abord repoussée par la séquence des retraites, puis par le récent remaniement. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a aussitôt taclé cette « annonce », soulignant que la rémunération au mérite « existe déjà » : « Je ne suis pas sûre qu’il [le président] ait bien saisi ce qu’était la priorité des travailleuses et des travailleurs. Les fonctionnaires, notamment, attendent une revalorisation ».

Par ailleurs, pour relancer la natalité, Macron a annoncé la réforme du congé parental, transformé en un congé d’une durée de six mois pour les deux parents appelé « congé naissance », qui sera mieux rémunéré. Cette mesure s’inscrit dans l’objectif de « réarmement démographique » de la France. Le locataire de l’Elysée a également formulé le souhait d’un plan de lutte contre l’infertilité.

Point de vue radical de Sandrine Rousseau, son approbation de la citation : « l’enfantement est le djihad des femmes » qu’elle promeut en refusant d’encourager les femmes européennes à procréer :

Dans son soutien à l’islam, la féministe européenne va devoir pactiser avec l’idée islamique voulant que plus la femme est mère, plus elle est honorée sur terre et mérite le paradis…

Concernant la lutte contre le trafic de drogue, il a promis la tenue de dix opérations policières « place nette » par semaine contre les narcotrafiquants.

Près de 500.000 euros pour un rapport qui prône la rémunération au mérite: très exactement 496.800 euros facturés par le cabinet McKinsey en 2020 au ministère de l’Education national pour la préparation d’un colloque qui n’a jamais eu lieu… Quatre ans plus tard, Macron confirme, ce 16 janvier 2024, que « le principal critère d’avancement et de rémunération devra être, à côté de l’ancienneté, le mérite. En tout cas davantage qu’aujourd’hui », a tranché Macron. Une référence à la réforme de la fonction publique, d’abord repoussée par la séquence des retraites, puis par le récent remaniement. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a aussitôt taclé cette « annonce », soulignant que la rémunération au mérite « existe déjà » : « Je ne suis pas sûre qu’il [le président] ait bien saisi ce qu’était la priorité des travailleuses et des travailleurs. Les fonctionnaires, notamment, attendent une revalorisation ». rémunérés « au mérite ».

Au sujet de l’innovation et des technologies, il a indiqué mettre fin aux « normes inutiles »« Je demande au Gouvernement de supprimer des normes, réduire les délais, augmenter les seuils de déclenchement d’obligations », a-t-il expliqué. Il a aussi prévu 2 milliards de baisse d’impôts pour les ménages en 2025, mais aussi de « tailler dans le vif des dépenses inutiles ».

Pour « mettre fin au scandale des déserts médicaux », il faut « permettre des coordinations plus simples » entre médecine de ville et hôpital, et avec les professions paramédicales, mais aussi « régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins, et que nous laissons dans une précarité administrative qui est complètement inefficace », a plaidé le chef de l’Etat.

Et de préciser qu’il ne considère pas les contraintes d’installation comme « la bonne solution » car « ils quitteront » le métier. « C’est une solution qui paraît simple mais je n’y crois pas, compte tenu de la manière dont les étudiants sont formés », a-t-il expliqué, assénant qu’il n’y a « quasiment plus d’endroit où il n’y a pas de désert médical ». « Le problème aurait dû être anticipé il y a 15, 20, 30 ans » a accusé celui qui a été à l’Elysee, puis à Bercy avant de revenir au Château en 2017. Le chef de l’Etat a estimé qu’il vaut mieux « libérer du temps de médecin » en allant vers « une rémunération plus intelligente ». « Il faut dégager du temps aux médecins pour qu’ils puissent mieux travailler et voir plus de patients. Il faut également régulariser les médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins et que nous laissons dans une précarité administrative », a-t-il poursuivi. Mais régulariser des praticiens ne crée pas des postes pour pallier la pénurie qui, quoi qu’en dise le conteur de l’Elysée, se creuse.

Développer le leasing à l’automobile écologique

En outre, Emmanuel Macron s’est exprimé sur le dossier de l’écologie : « Nous allons accroître l’accompagnement de nos agriculteurs pour améliorer leur pratique en matière d’écologie. Accompagner les Français avec les transports en commun, développer le leasing à l’automobile électrique. Nous allons faire une France écologique plus juste. » Pour justifier la raison pour laquelle il ne fera pas « d’annonce miracle » sur l’environnement et le climat, il a défendu son bilan des dernières années : « J’ai pris la décision de faire une nation plus forte et plus décarbonée. Durant mon quinquennat précédent, on est revenus sur la trajectoire des accords de Paris. Alors même qu’on a commencé à réindustrialiser le pays. Les résultats des six dernières années sont bons. Maintenant, il faut territorialiser nos résultats, et travailler avec les élus. »

« Pour que la France reste la France » : Macron reprend un slogan d’Eric Zemmour et des Républicains

En ouverture de sa grande conférence de presse, la deuxième qu’il tient depuis son élection en 2017, Macron a tenu à présenter à nouveau ses vœux aux citoyens. « Après six ans et demi d’action au service des Français, j’ai tenu à vous retrouver en ce moment décisif pour dire aux Français d’où nous venons et où nous allons », a-t-il déclaré en préambule, mardi 16 janvier, dans un discours retransmis à la télévision. « Je suis convaincu que nous avons tous les atouts pour réussir. Convaincu que nous n’en avons pas fini avec notre histoire de progrès et que nos enfants vivront mieux demain que nous vivons aujourd’hui. Et c’est pour faire face à ces défis et à ce moment très précis du mandat que m’ont confié les Français, que j’ai voulu nommer un nouveau gouvernement », a poursuivi le président de la République, avant de surprendre les spectateurs en reprenant un slogan issu de la droite.

« Dans les mois, dans les années à venir, se décidera le destin des prochaines générations. C’est tout l’enjeu, c’est tout notre défi. Voilà pourquoi nous sommes là. Voilà pourquoi démocrates, écologistes, républicains se rassemblent autour d’un même projet pour agir au service des Français, pour que la France reste la France, pour que la France demeure cette nation », a martelé Emmanuel Macron. Et le moins que l’on puisse dire est que les mots « Pour que la France reste la France » ne sont pas nouveaux dans la sphère politique.

Ciotti, Zemmour ou encore le PS l’ont employé avant lui

Le slogan avait précédemment été utilisé par les Républicains, en lettres majuscules sur leurs tracts promouvant l’organisation du Printemps des Républicains, en juin 2018. Plus tard, Eric Ciotti, alors député des Alpes-Maritimes, l’avait utilisé pour l’investiture du parti Les Républicains pour la présidentielle. Celui qui est désormais président des LR, était allé jusqu’à inscrire l’expression dans sa biographie sur le réseau social X (anciennement Twitter). Quelques mois plus tard, le fondateur du parti Reconquête, Eric Zemmour, l’avait reprise pour l’un de ses tracts de campagne.

Le Parti socialiste avait également adopté ce slogan au cours de la promotion de ses « universités de l’engagement », lancées en 2016 pour soutenir la campagne présidentielle.

Un choix des mots qui en dit long !

L’ambiguïté et la dérive politique jusqu’aux slogans de campagne : quand l’original et la copie se confondent, impossible de distinguer #Ciotti et #Zemmourpic.twitter.com/TJ8z0h9Dpv— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) March 15, 2022

Acte II de la réforme du marché du travail et baisse d’impôts

Macron a aussi annoncé l’adaptation des dispositifs sociaux et fiscaux pour engager une « dynamique salariale », ainsi qu’un « acte II de la réforme du marché du travail » avec des « règles plus sévères » en cas de refus d’une offre d’emploi et un « meilleur accompagnement » des chômeurs. « Il y a une France de l’angle mort, la France des classes moyennes, tous nos compatriotes qui gagnent trop pour être aidés. Mais ce sont elles qui tiennent le pays. Je souhaite qu’on gagne mieux sa vie par le travail », a-t-il clamé, ajoutant vouloir que les fonctionnaires soient davantage rémunérés « au mérite ».

Au sujet de l’innovation et des technologies, il a indiqué qu’il met fin aux « normes inutiles »« Je demande au Gouvernement de supprimer des normes, réduire les délais, augmenter les seuils de déclenchement d’obligations », a-t-il expliqué. Il a aussi prévu 2 milliards de baisse d’impôts pour les ménages en 2025, mais aussi de « tailler dans le vif des dépenses inutiles ».

« Maîtriser les prix » et régulariser les médecins étrangers

Interrogé sur l’inflation, Macron a assuré « tout faire pour retrouver la maîtrise des prix »« Il faut un prix juste pour nos agriculteurs, et nous serons très loin de l’inflation de l’année précédente (…). Le Gouvernement va apporter un texte qui, grâce à ce qu’on a négocié avec l’Europe, va nous permettre de ne plus avoir la volatilité qu’on avait connue pendant la crise liée à la guerre en Ukraine », a-t-il continué.

Du côté de la santé, le chef d’État a annoncé maintenir le plafond de la franchise médicale de 50 euros par an pour les patients atteints de maladies chroniques et a estimé que de la faire passer de 50 centimes à 1 euro sur les médicaments était une « bonne mesure ». A propos des déserts médicaux, il a aussi exprimé la volonté de « prendre des solutions radicales pour mettre fin au scandale des déserts médicaux »« Il faut dégager du temps aux médecins pour qu’ils puissent mieux travailler et voir plus de patients. Il faut également régulariser les médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins et que nous laissons dans une précarité administrative », a-t-il poursuivi.

Développer le leasing à l’automobile écologique

En outre, Macron s’est exprimé sur le dossier de l’écologie« Nous allons accroître l’accompagnement de nos agriculteurs pour améliorer leur pratique en matière d’écologie. Accompagner les Français avec les transports en commun, développer le leasing à l’automobile électrique. Nous allons faire une France écologique plus juste. » Pour justifier la raison pour laquelle il ne fera pas « d’annonce miracle » sur l’environnement et le climat, il a défendu son bilan des dernières années : « J’ai pris la décision de faire une nation plus forte et plus décarbonée. Durant mon quinquennat précédent, on est revenus sur la trajectoire des accords de Paris. Alors même qu’on a commencé à réindustrialiser le pays. Les résultats des six dernières années sont bons. Maintenant, il faut territorialiser nos résultats, et travailler avec les élus. »

Pour l’information de Macron, l’instruction civique est déjà au programme de l’école élémentaire…

Un agriculteur tente de déloger des squatteurs au tractopelle

Le législateur à l’origine d’une réglementation inappropriée peut-il être tenu pour responsable d’un drame?

Un agriculteur excédé a tenté de déloger les squatteurs d’un camping avec son tractopelle. En vain. « Je ne sais plus quoi faire pour qu’ils partent, » s’irrite Guy Baldissar, excédé par le squat d’une petite maison située sur sa propriété à Saint-Cyr-sur-Mer dans le Var.

« Avec la trêve hivernale, je ne fais plus rien; on va croire que c’est de l’acharnement, sinon », déplore-t-il. 

L’affaire débute avec l’arrivée sur la propriété de Guy Baldissar d’un homme de nationalité algérienne venu rejoindre son oncle, qui logeait dans le camping de Guy Baldissar. Tous deux ont vécu ensemble dans ce logement jusqu’au départ de l’oncle.

« Ils se branchent sur mon bloc sanitaire »

Or, le dernier arrivant perd son emploi et déclare qu’il n’a plus les moyens de payer le loyer. L’occupant s’installe ensuite dans une petite maison, inhabitée, située juste en face du camping. Cette propriété se situe sur le terrain de l’agriculteur et il l’occupe alors pendant 9 mois.

« Au début, il était seul, maintenant, je crois qu’ils sont trois ou quatre à y vivre« , déplore Guy Baldissar, qui habite à deux pas. « Comme ils n’ont pas d’eau, ils se branchent sur mon bloc sanitaire à 50 mètres et ils ont tiré un fil électrique d’une chambre de la maison derrière. »

La situation est d’autant plus complexe que si la maisonnette se situe bien sur le terrain de l’agriculteur, elle appartient en réalité à un homme « décédé depuis des années », écrit le quotidien régional.

« Je me sens bloqué »

Guy Baldissar et le squatteur se sont accrochés plus d’une fois : si le premier assure avoir été menacé de mort, le second explique que « des hommes sont venus avec une arme pour me faire peur ».

C’est dans ce contexte que l’agriculteur, cet automne, a décidé de déloger les squatteurs au moyen de son de tractopelle. Décision à nouveau infructueuse, puisque tous occupent encore les lieux. 

« Avec la trêve hivernale, je ne fais plus rien, on va croire que c’est de l’acharnement sinon », lance l’agriculteur. « J’attends mars pour bloquer la porte avec un tas de pierres, mais bon je ne sais plus quoi faire pour qu’ils partent, je me sens bloqué. »

Les députés vont-ils se décider à travailler au réglement des conflits de squat qui se multiplient ? Sans emploi et étranger, le squatteur restant -et ses coreligionnaires- bénéficient-ils des aides sociales aux migrants en situation irrégulière ?

71% des Français sont favorables à la préférence nationale

La loi immigration « durcie » répond aux voeux de la population

Le projet de loi immigration porté par Gérald Darmanin et négocié par Elisabeth Borne a finalement été approuvé par le Parlement, fracturant la macronie. L’exécutif et Les Républicains ont trouvé un accord en commission mixte paritaire, mardi 19 décembre, sur l’accès aux prestations sociales prévu dans le projet de loi immigration et notamment l’octroi de l’APL aux étrangers, mais la question d’une « priorité nationale » refait surface. Selon un sondage CSA réalisé pour CNews, Europe 1 et le JDD, mercredi 20 décembre, 71 % des Français se disent favorables à « la préférence nationale » en matière d’emploi, de logement, d’allocations sociales et familiales.

Dans le détail, les différentes générations s’accordent, avec 70 % d’avis positifs sur la question chez les moins de 35 ans et 73 % chez les plus de 50 ans.

Favorables à droite, opposés à gauche

Côté politique, les sympathisants Reconquête! sont très majoritairement pour la « préférence nationale », à 98 %, suivis des partisans Les Républicains (97 %) et du Rassemblement national (91 %). A gauche, en revanche, une majorité de sondés se sont positionnés contre la « préférence nationale ». Les sympathisants du parti socialiste s’y sont opposés à 61 %, contre 57 % pour les sondés proches de La France insoumise et 54 % pour les partisans EELV.

Le projet de loi immigration a été adopté à une forte majorité à l’Assemblée nationale, mardi, à 349 voix pour et 186 contre, et avec lui le conditionnement de l’accès aux prestations sociales. Ainsi, les étrangers sans emploi devront désormais passer cinq ans sur le territoire national avant d’être éligible à une aide. La règle sera de trente mois pour les travailleurs. Concernant les APL (aides personnaliséed au logement), les personnes sans emploi devront toujours attendre cinq ans contre trois mois pour les personnes exerçant un métier.Sur le même sujet

Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a présenté sa démission à Élisabeth Borne à la suite de l'adoption de la loi immigration.

Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, aurait présenté sa démission à Elisabeth Borne dans la foulée. Or, la première ministre a réfuté cette information sur France inter, ce mercredi, assurant que l’Elysée n’a rien reçu.

Dans un épisode où une partie de l’hémicycle s’est décrédibilisée aux yeux de citoyens interloqués par les mensonges et les changements de pied, la gauche, une fois encore, remporte la palme des dindons de la farce et n’a pas de mots assassins en nombre suffisant pour s’indigner. Ainsi Jérôme Guedj (PS) était-il au bord de l’apoplexie.

Le projet de loi immigration a été adopté à l’Assemblée nationale peu avant 23h30 ce mardi 19 décembre. Au total, 349 voix se sont prononcées pour la loi immigratio et 186 contre. Dans le détail, ce sont les députés Renaissance (131 pour), Rassemblement national (88 pour) et Républicains (62 pour) qui ont voté en faveur du projet de loi. En revanche, les élus Insoumis et socialistes ont tous voté contre.

Mais que contient au final le projet de loi immigration adopté à l’Assemblée ?

Plus tôt dans la journée, un accord a été trouvé à l’issue de la commission mixte paritaire (CMP). Le Sénat a d’ores et déjà voté en faveur de ce texte très controversé. Que contient vraiment le projet de loi immigration ?

Régulariser les travailleurs sans-papiers

La régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension était l’un des points de discorde. Si le gouvernement souhaitait créer un titre de séjour pour ces travailleurs, exerçant notamment dans le secteur du BTP et de la restauration, la droite y voyait un véritable appel d’air. Les sept sénateurs et les sept députés de la CMP se sont ainsi mis d’accord pour conditionner ce titre de séjour à une période de résidence en France d’au moins trois ans, et d’activité salariée d’au moins 12 mois sur deux ans. Cette expérimentation s’appliquera jusqu’à la fin de l’année 2026. L’employé sans-papiers pourra entreprendre ses démarches en préfecture seul, sans devoir passer par son employeur.

Les aides sociales conditionnées

L’accès aux prestations sociales sera désormais conditionné. Les étrangers sans emploi devront passer cinq ans sur le territoire national avant d’être éligible à une aide. La règle sera de trente mois pour les travailleurs. Concernant les APL, les personnes sans emploi devront toujours attendre cinq ans contre trois mois pour les personnes exerçant un métier.

Les quotas

Si le texte de départ proposé par Gérald Darmanin ne mentionnait pas de quotas migratoires, le Sénat a ajouté cette mesure. Celle-ci prévoit de créer des quotas de personnes admises à séjourner en France pour trois ans pour des motifs économiques. La mesure a été retenue dans l’accord mais, pourrait être retoquée par le Conseil constitutionnel.

Le droit du sol

Le Sénat a mis fin à l’automaticité du droit du sol en France. L’accord propose désormais qu’une personne née en France de parents étrangers fasse la demande entre ses 16 ans et ses 18 ans pour obtenir la nationalité française. Les personnes condamnées pour des crimes ne pourront néanmoins pas obtenir la nationalité.

Une déchéance de nationalité

Le camp présidentiel a accepté d’accorder à la droite que toute personne possédant la double nationalité, condamnée pour homicide volontaire contre un membre des forces de l’ordre, soit déchue de sa nationalité française.

Les mineurs interdits en centre de rétention

La macronie a réussi à conserver la mesure prévoyant d’interdire le placement des mineurs en centre de rétention administrative. A l’heure actuelle, les enfants et leurs parents peuvent être placés dans ces lieux en attendant leur expulsion.

Le regroupement familial durci

Les conditions pour permettre à un étranger de faire venir sa famille en France vont être durcies. Le temps d’attente pour pouvoir formuler une demande passera de 18 mois à 24 mois. L’étranger devra également prouver qu’il possède des ressources « stables, régulières et suffisantes », et qu’il a accès à l’assurance-maladie. En cas de mariage, le partenaire devra être âgé de 21 ans, contre 18 ans actuellement.

Une caution déposée par les étudiants étrangers

Pour demander un visa, les étudiants étrangers devront déposer une caution à l’Etat. Le but est de couvrir le coût de potentiels « frais d’éloignement ».

L’aide médicale d’Etat réformée en 2024

Si la droite souhaitait sa suppression, c’est finalement un projet de loi sur l’aide médical d’Etat qui sera présenté « au début de l’année 2024 », s’est engagé Elisabeth Borne. En revanche, l’accord validé en CMP comprend une restriction de l’accès au titre de séjour pour les étrangers malades. Il ne sera donc plus possible pour les sans-papiers de venir en France dans le but de se faire soigner gratuitement. 

Selon un sondage CSA réalisé pour CNews, Europe 1 et le JDD, mercredi 20 décembre, plus de 7 Français sur 10 se disent être favorables à la « préférence nationale » en matière d’emploi, de logement, d’allocations sociales et familiales.

Les dépités ont des velléités de démission

Alors que le projet de loi immigration a été voté, mardi 19 décembre, par le Parlement, et que la première ministre dit avoir « le sentiment du devoir accompli », le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, un ancien communiste, aurait dans la foulée présenté sa démission à Elisabeth Borne. La première ministre a réfuté cette information.

Quatre ou cinq autres ministres issus de la gauche auraient mis « leur démission dans la balance », si un projet de loi sur l’immigration, trop droitisé, est voté au Parlement.

Macron appelle Borne à un « compromis… intelligent » sur le projet de loi immigration

Avec ce défi, les rapports de l’exécutif se tendent à nouveau

Dans l’entourage d’Elisabeth Borne (ici en position défensive face à Macron, le 8 février à l’Elysée), on admet « peut-être des différences de style » avec le président, mais
« aucune divergence de fond »

Les rapports entre Macron et Borne traversent des périodes difficiles, comme en mai dernier, quand la première ministre venait d’être confirmée à Matignon et que, pourtant, dans les couloirs du pouvoir, le doute persistait sur son sort, comme sur l’état de sa relation avec le président de la République, au-delà du 14-Juillet.

« Il y a de la tension dans le tube », sourit alors un fidèle du chef de l’Etat. En privé, il arrive au président de se plaindre de la cheffe du gouvernement, « énervé contre elle », témoigne un vieil ami. En coulisses, on glose sur leurs différences de caractères, le premier choix pour Matignon (la LR Catherine Vautrin) venant d’être contrarié par la levée de boucliers des ténors de la macronie.

Depuis l’étranger selon son habitude, ce 15 décembre, le chef de l’Etat a menacé de tirer « les conséquences » du résultat des discussions en cours entre le gouvernement et les parlementaires.

Interrogé depuis Bruxelles, où il participait au Conseil européen, Macron a évoqué les affaires intérieures françaises en abordant les discussions en cours sur le projet de loi relatif à l’immigration, vendredi 15 décembre. Le texte gouvernemental, rejeté lundi par l’Assemblée, est désormais au cœur d’intenses négociations entre le gouvernement et la droite, dont l’issue divise ministres et majorité relative.

Emmanuel Macron donne une conférence de presse à l’issue du Conseil européen à Bruxelles, dimanche 15 décembre 2023.
Macron donne une conférence de presse à l’issue du
Conseil européen à Bruxelles,
dimanche 15 décembre

Devant la presse, le chef de l’Etat a appelé à un « compromis intelligent (…) au service de l’intérêt général » entre les représentants de l’alliance présidentielle et ses oppositions à la commission mixte paritaire (CMP) qui doit sceller le sort du texte, lundi. Le chef de l’Etat a également déclaré qu’il tirerait « les conséquences » du résultat des discussions en cours.

Le gouvernement et Macron ont choisi de confier à la CMP la tâche de définir un texte de compromis, après l’adoption par l’Assemblée d’une motion rejetant le projet de loi. Elle devra travailler sur la base du texte sénatorial que les macroniens de l’Assemblée avait dénaturé au point de provoquer le coup de sang des députés contre le projet porté par Darmanin.

Les Républicains en position de force

Depuis lundi, Elisabeth Borne et ses proches conduisent les tractations intensives auprès des Républicains, en position de force, pour tenter de leur arracher des concessions même minimes susceptibles d’apaiser l’alliance présidentielle divisée sur ce texte.

Après avoir reçu à deux reprises les dirigeants de la droite, avant une nouvelle rencontre prévue dimanche soir, la première ministre a exposé jeudi à ses ministres, puis à ses partisans à l’Assemblée, les « grands équilibres » du texte susceptible d’être discuté lundi par les sept sénateurs et les sept députés de la CMP.

Devant ses ministres, la cheffe du gouvernement a évoqué un texte qui serait amputé de la réforme de l’aide médicale d’Etat (AME) pour les sans-papiers, qui ne reprendrait pas l’allongement des délais de séjour en France pour bénéficier des prestations sociales et de certaines dispositions du code de la nationalité.

Le texte conserverait en revanche un article sur la régularisation des sans-papiers, au cas par cas, dans les métiers en tension qui serait à la discrétion des préfets. L’alliance présidentielle était favorable à une formule plus attractive des migrants et plus coûteuse en période de déficit budgétaire et de menace de récession économique.

Savoir s’entourer, en mettant son ego dans la poche, Macron ne sait pas faire :

Loi immigration : les deux conseils de Bruno Le Maire pour sortir de la crise politique

Le ministre de l’Economie indique à Macron la voie de la raison

Bruno Le Maire entre en scène, suite au revers subi par Gérald Darmanin et aux blocages de l’alliance présidentielle humiliée.

Dans un entretien accordé au Figaro mercredi 13 décembre, le ministre de l’Economie adresse à l’alliance présidentielle deux conditions pour parvenir à sortir de l’impasse dans laquelle s’est engagé l’exécutif en s’exposant au vote de la motion de rejet préalable du projet de loi immigration à l’Assemblée, le 11 décembre dernier. Bruno Le Maire a reconnu la « défaite » de l’alliance présidentielle. Le locataire de Bercy ne désespère cependant pas qu’un compromis sur le texte soit trouvé au terme de la commission mixte paritaire qui se réunit depuis lundi 18 décembre.

Bruno Le Maire espère de la « mansuétude » de la part des Républicains

Le sujet n’est pas celui du pardon à accorder – ou non - aux arrogants de la macronie, mais de produire un texte capable de faire face à la menace migratoire. Pour cela, Bruno Le Maire appelle son camp à modifier son état d’esprit pour sortir de la nasse politique dans laquelle s’est précipité Macron : « Nous pouvons nous en sortir uniquement à deux conditions : si la majorité reconnaît qu’elle a subi une défaite et si les vainqueurs, les LR, font preuve d’un peu de mansuétude« .

« Or, quel est le seul moyen aujourd’hui pour qu’une telle loi passe ? C’est de reprendre la version du Sénat, en espérant que les LR comprennent qu’il faut bouger sur deux points sensibles pour notre majorité : l’AME et les conditions d’accès aux aides sociales« , a-t-il déclaré.

Olivier Faure n’a pas tardé à réagir aux propos du ministre.

« Ce gouvernement a comme seule ligne rouge l’adoption d’un projet de loi immigration Qu’importer le contenu. Qu’importe la surenchère xénophobe« , a riposté sur X le patron des socialistes, à qui on peut retourner l’analyse : qu’importe la surenchère immigrationniste.

De son côté, Elisabeth Borne continue les concertations pour trouver un terrain d’entente avec Les Républicains. Un véritable exercice contre-nature car la star du recours au 49.3 doit « en même temps » trouver un compromis avec ses propres rangs, entre ceux qui refusent la sanction du texte par une majorité de députés et ceux qui acceptent un rapprochement avec la version sénatoriale majoritaire au Parlement.

Immigration : Borne ne parvient pas à faire bouger les lignes

LR est en position de force, mais Renaissance ne lâche rien, tandis que la gauche a envoyé le PS

La haine est mauvaise conseillère et la gauche ne lâche rien. Reçus à Matignon par Elisabeth Borne pour la deuxième fois en deux jours ce jeudi 14 décembre, le patron des Républicains Eric Ciotti et les présidents des groupes parlementaires Olivier Marleix et Bruno Retailleau en sont ressortis avec un mot d’ordre clair et ferme: c’est le texte du Sénat ou rien. Mais les deux premiers ne sont pas membres de la CMP.

Après une première rencontre de plus de deux heures mercredi à l’issue de laquelle les chefs de la droite ont quitté Matignon sans un mot, Eric Ciotti a dressé ce jeudi en fin de matinée un résumé lapidaire sur X soulignant la solidarité des chefs de LR : « Avec Olivier Marleix et Bruno Retailleau, nous avons ce matin confirmé à la Première ministre, notre volonté de voir le texte du Sénat adopté en commission mixte paritaire. »

« Ça reste le cap », a confirmé sa collègue députée Annie Genevard, membre d’une CMP où la droite se présente « en ordre groupé » et « bien campée sur (son) objectif », éventuellement ouverte à « des bougés » mais « pas des abandons en rase campagne ».

La version adoptée par le Sénat mi-novembre est beaucoup plus adaptée à la situation que la proposition initiale du gouvernement. Outre des expulsions facilitées et la suppression de l’automaticité du droit du sol, les modifications apportées suppriment aussi l’AME au profit d’une aide médicale d’urgence (AMU) et redonne les pleins pouvoirs au préfet sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension. Et, faute de débat dans l’hémicycle à la suite de l’intransigeance macronienne et de la motion de rejet préalable, c’est bien ce texte qui va servir de base aux discussions de la Commission mixte paritaire engagées lundi.

Qui sont les membres de la CMP?

Au Sénat, la droite part avec l’avantage du nombre avec trois élus : le président du groupe Bruno Retailleau, le président de la Commission des Lois François-Noël Buffet et la sénatrice du Morbihan, co-rapportrice du texte, Muriel Jourda. Côté socialiste, ce sont les sénatrices de Seine-Saint-Denis Corinne Narassiguin et de Paris Marie-Pierre de La Gontrie qui ont été choisies. Le groupe Union Centriste, allié de la droite, est représenté par l’élu du Tarn Philippe Bonnecarrère et enfin Olivier Bitz, sénateur de l’Orne, pour le groupe RDPI du camp présidentiel.

A l’Assemblée nationale, la majorité présidentielle sera représentée par quatre élus : le président macroniste de la Commission des Lois Sacha Houlié (qui sera le président de cette CMP), le rapporteur général du projet de loi Florent Boudié, la députée Renaissance Marie Guévenoux et Elodie Jacquier-Laforge pour le groupe MoDem. Dans l’opposition, Yoann Gilet, député du Gard et partisan d’un référendum, portera la voix du Rassemblement national, Andrée Taurinya, membre et secrétaire de la Commission des Lois, celle de La France Insoumise. Annie Genevard représentera Les Républicains.

Lignes rouges Renaissance versus lignes rouges LR

Dans la commission mixte paritaire, Les Républicains disposent de quatre voix, cinq en comptant le sénateur centriste allié, soit autant que le camp présidentiel. Néanmoins, le député Renaissance de la Vienne, Sacha Houlié, qui représente l’aile gauche du mouvement et présidera la commission a reconnu sur France 2 ce jeudi qu’« il est clair aujourd’hui qu’une majorité ne peut être trouvée qu’entre Renaissance et les Républicains » et que « si nous parvenons à un accord, oui », le texte sera plus à droite.

Pour limiter la casse – et le risque de fracture entre l’aile droite et la gauche – les députés de la majorité ont donc voté dans la nuit de mercredi des « lignes rouges » qui sont chacun en soi un casus belli: maintien de l’Aide médicale d’Etat, interdiction de placer en centre de rétention des mineurs de moins de 16 ans, pas de restriction du droit du sol, retrait de l’article qui conditionne le bénéfice de certaines aides sociales à cinq années de résidence en France.

Sur la mesure la plus médiatisée du projet de loi, la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, la majorité se résigne à discuter de la version du Sénat. Mais elle cherchera au moins « à ce que la régularisation soit possible pour un étranger sans passer obligatoirement par l’employeur », a précisé le chef des députés macronistes Sylvain Maillard sur Sud Radio.

De son côté, tout en estimant que « reprendre le texte du Sénat » était « le seul moyen aujourd’hui » pour que le projet de loi aboutisse, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a appelé son ancienne famille politique à la « mansuétude » et dit espérer que « les LR comprennent qu’il faut bouger les lignes sur deux points sensibles pour notre majorité : l’AME et les conditions d’accès aux aides sociales ».

Les enjeux ne portent pas LR à faire un geste « parce que c’est Noël »

Le président de la Commission des Lois Sacha Houlié a appelé ce jeudi à « laisser travailler la CMP » sans anticiper de son résultat final. Mais si, comme le laisse entendre le tweet d’Eric Ciotti, les Républicains refusent tout compromis… d’envergure, la durée de vie du texte risque d’être dans tous les cas de courte durée.

Premier scenario : la majorité finit par se plier aux exigences de la droite, la CMP est conclusive. Mais « je ne pense pas que la majorité (et notamment le MoDem) puisse se renier à ce point », pronostique une source socialiste à l’Assemblée, surtout quand plane le risque d’une fracture entre aile droite et aile gauche de la majorité au moment du vote dans l’hémicycle.

Le second : aucun des deux camps ne cède, la CMP n’est pas conclusive et le gouvernement renonce à son projet de loi dans l’immédiat. Un cadre de la majorité au Sénat dit ses doutes que les dirigeants LR fassent « un geste parce que c’est Noël ». « Pourquoi voulez-vous que ceux qui sont montés au cocotier se déshabillent ? Ils n’en ont rien à faire si c’est compliqué derrière à l’Assemblée », résume-t-il. Décidément, personne n’imagine Bruno Retailleau en angelot de Noël, ni les deux représentants des extrêmes en ravis de la crèche.

Loi immigration: 75% des Français veulent un référendum 55% une dissolution de l’Assemblée

Une majorité (55%) voudrait même une dissolution de l’Assemblée

Le vote-surprise de la motion de rejet préalable du projet de loi immigration du gouvernement Borne a fait renaître l’espoir et libéré les consciences : les trois-quarts des Français y voient une opportunité de se faire entendre. En effet, 75% se disent favorables à l’organisation d’un référendum sur l’immigration, d’après une nouvelle enquête « L’Opinion en direct » menée par Elabe pour BFMTV et diffusée ce mercredi 13 décembre.

Le sondage Elabe pour BFMTV est sujet à caution

69% des Français interrogés seraient favorables à une loi équilibrée façon Gérald Darmanin, selon BFMTV, qui milite toujours pour le pouvoir en place – et perd de l’audience (abandonnant sa premtère place de télévision d’information au profit de CNews)) entre « une extrême fermeté » et une « meilleure intégration ». En contradiction avec le vote des députés, neuf d’entre eux ayant préféré être absents pour ne pas se faire remarquer et risquer une menace de tonte par le macronard Jean-René Cazeneuve (père de Pierre, député et beau-frère d’Aurélien Rousseau, ministre de la Santé de Borne) dans le plus pur style de l’épuration de la Libération (lien PaSiDupes)

Pour 57% d’entre eux, le projet de loi porté par Darmanin, et plus spécifiquement la mesure sur la régularisation des travailleurs illégaux dans les métiers en tension, « est un appel d’air migratoire supplémentaire« . Le bon sens populaire reste pourtant inaudible de la macronie qui préfère maintenir l’ensemble des travailleurs des métiers de service au plus bas plutôt que de proposer des salaires attractifs aux demandeurs légaux d’un emploi.

LA GAUCHE ET LA DROITE D’ACCORD
Aucun écart significatif n’est constaté lorsque l’on observe la proximité politique des répondants. Près de 75% des électeurs de gauche sont «pour» cette prime pour les travailleurs français dans les métiers en tension. Ceux de La France insoumise sont les plus favorables (82%), devant les Français proches du Parti socialiste (74%) et ceux d’EELV (67%), 29/09/2023

En revanche, 42% des Français adhèrent à l’idée que le projet gouvernemental « trahit les valeurs fondamentales de la République », comme indiqué par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, et qu’il « stigmatise en permanence l’étranger montré soit comme une menace soit comme quelqu’un qui cherche à profiter du système ». Un sentiment que contredisent d’autres sondages.

Si dissolution, 28% des Français souhaitent une victoire du RN

Outre le référendum sur l’immigration, une majorité de Français (55%) est favorable à la dissolution de l’Assemblée nationale et à l’organisation de nouvelles élections législatives. 43% sont opposés à cette idée.

La dissolution de l’hémicycle clive davantage politiquement que le référendum: la majorité des électeurs de Marine Le Pen (76%) et de Jean-Luc Mélenchon (61%) y sont favorables, tandis que les sympathisants de Macron (64%) et dans une moindre mesure des électeurs LR (52%) y sont majoritairement opposés.

Si un tel scénario devait se réaliser, 28% des Français souhaiteraient que le Rassemblement national remporte les élections législatives. Pour le moins surprenant, sachant que 34% ont voté Marine Le Pen au 2e tour de la prédidentielle de 2917.

16% espèrent une victoire d’une alliance de gauche, 14% de Renaissance, 9% des Républicains. En revanche, 32% ne souhaitent la victoire d’aucun d’entre eux.

Dans l’hypothèse d’une cohabitation future en cas de victoire du RN aux élections législatives, Jordan Bardella, qui a déclaré être prêt à assumer la fonction de « Premier ministre de cohabitation », est perçu comme un bon Premier ministre potentiel par 46% des Français. Notamment aux yeux des électeurs de Marine Le Pen (87%) et d’Eric Zemmour (87%).

La quasi-totalité des électeurs ainsi que 43% des électeurs de Valérie Pécresse, 29% de ceux d’Emmanuel Macron, et 28% de ceux de Jean-Luc Mélenchon partagent cet avis.

Le président du Rassemblement national bénéficie d’une opinion particulièrement positive chez les 18-34 ans et chez les employés/ouvriers.

Mais ceux favorables à Jordan Bardella ne sont pas la majorité: 52% considèrent qu’il ferait un mauvais premier ministre. Pour mémoire, le président Macron a été réélu par seulement 43,6% des inscrits. Rien d’étonnant donc qu’il n’ait pas obtenu de majorité absolue à la législative.

Par ailleurs, plus de 4 millions d’électeurs (soit 8,6% des électeurs inscrits et 11,5% des votants) ont glissé un bulletin blanc ou nul dans l’urne lors de ce second tour. Il s’agit d’un record absolu sous la Ve République.

Elabe et son donneur d’ordre BFMTV croient-ils donc pouvoir nous faire avaler leurs chiffres tendancieux de propagande en contexte aussi défavorable que le vote de la motion de rejet préalable du projet de loi d’immigration ? Macron leur saura peut-être gré d’avoir essayé…

Lescure offre de recruter (« à la marge » ?), des travailleurs étrangers dans certains secteurs de l’industrie

Le ministre de l’industrie fait s’étrangler les droites et leurs électorats

Lescure

Le gouvernement fait-il tout pour rapprocher Les Républicains et le Rassemblement national sur l’immigration. Le plan de LR sur le sujet affiche des similitudes avec le programme du RN et la droite républicaine n’a pas besoin du coup de pouce de Lescure, ministre de l’Industrie, qui vient encore de relancer l’idée d’une régularisation des clandestins dans les « métiers en tension, » en gonflant les chiffres.

Alors que le chef de l’Etat fait de la réindustrialisation de la France l’une de ses marottes du moment, tout en accusant les patrons de s’endormir sur la tâche, Roland Lescure a fait l’état des lieux des besoins de main d’œuvre sur franceinfo. « On va avoir 1,3 million d’emplois à remplir dans l’industrie dans les dix années qui viennent », a-t-il annoncé, précisant à la louche que, dans le même temps, entre 800.000 et 900.000 personnes partiront à la retraite sur la même période.

« Il va sans doute falloir avoir recours à l’immigration. Il va falloir faire feu de tout bois pour que la nation française soit à nouveau une nation industrielle, écologique et souveraine », a-t-il découvert, tout en se défendant d’ouvrir « grandes les vannes de l’immigration économique ».

« Capitulation en rase campagne »

Cette idée anti-républicaine, consistant à recourir aux migrants en situation irrégulière pour environ 10 % des besoins sur dix années, a fait hurler les droites : à l’arrivée, on n’est plus à 10% ! « La France compte 5 millions de chômeurs (5.076.600, sans les Outre-mer)… Mais Roland Lescure appelle à accueillir des migrants [illégaux] dans l’industrie », fait valoir Alexandre Loubet, vice-président du groupe RN à l’Assemblée nationale et directeur de la communication du Rassemblement national, alors que le chiffre cité par le ministre de l’Industrie correspond à 4 % de celui total des chômeurs, et sur une décennie. « Au RN nous croyons que la réindustrialisation de la France passera par la formation des Français sans-emploi et la mobilisation de toute la nation ! », a-t-il insisté sur le réseau social X.

Une analyse de bon sens que partage le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau. « C’est ce qu’on appelle une capitulation en rase campagne. Avec un taux de chômage de 7,4 %, la priorité du gouvernement devrait être de permettre à chaque Français de trouver un travail », a réagi l’élu vendéen.

Des positions – en soutien des naufragés français de sept ans de gouvernance macronienne – qui mettent en évidence la préoccupation nationale des droites face au projet de loi immigration, qui néglige les chômeurs legaux, et dont l’examen débutera en commission des Lois ce lundi 27 novembre. Un texte que le RN et LR entendent renforcer à l’Assemblée nationale, en partageant notamment des objectifs communs, comme la suppression de l’article 2 interdisant le placement en centre de rétention des étrangers accompagnés de mineurs de 16 ans ou le renforcement (voire la suppression pure et simple) de l’article 3 relatif à la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension.

Budget de la Sécurité sociale : Elisabeth Borne appuie sur le bouton du 49.3 pour imposer le volet recettes

Le petit robot vapoteur passe outre les élus pour la 18e fois

Accès aux soins en 2024:
« Nous ne pouvons pas prendre le risque de les en priver » [les clandestins ?]

La première ministre a de nouveau actionné cet article constitutionnel, pour faire adopter, sans vote, donc sans accord du Parlement et du peuple, la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale.

C’est le 18e pied de nez de Macron à la représentation nationale depuis son second quinquennat, il y a six mois. « Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale est le cœur même de notre modèle social. Il rassemble et protège les Français [mais pas seulement, depuis l’AME, aide médicale de l’Etat, dispositif controversé permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins]. Nous ne pouvons pas prendre le risque de les en priver [les clandestins ?]», a estimé la maîtresse-chanteuse …devant l’Assemblée.

Des dépenses en hausse de 3,2 % en 2024 par rapport à 2023

Dans la foulée, le groupe La France insoumise à la République a annoncé son dépôt d’une motion de censure. Celle-ci a peu de chance de recueillir une majorité des suffrages des députés. Si elle échoue, cette partie du texte sera adoptée, avant un très probable nouveau 49.3 sur la partie « dépenses ». « La Sécurité sociale est le plus important budget de dépenses publiques du pays. Nous pourrions attendre que le droit des parlementaires de se prononcer sur ses ressources soit respecté : il n’en sera rien », ont écrit les Insoumis dans le texte de la motion.

Ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit des dépenses en hausse de 3,2 % en 2024 par rapport à 2023, à 254,9 milliards d’euros. Mais, « en même temps », une réduction du déficit de la Sécurité sociale : ça va charcler ! En juin dernier, dans le cadre du budget 2024 de la Sécurité sociale, son directeur, Franck von Lennep, avait indiqué, comme une certitude a priori, que dans la recherche d’économies, la baisse du taux de remboursement serait exclue… A l’arrivée, quatre mois plus tard, le remboursement par la Sécu est passé de 70% à 60% au 1er octobre

Le déficit de la « Sécu », fixé à 8,8 milliards d’euros en 2023 puis 10,7 milliards en 2024, selon les dernières prévisions du gouvernement, pourrait atteindre 17,5 milliards à l’horizon 2027. Le régime général, qui affichait 17,4 milliards d’euros de déficit en 2011, avant la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, était prévu par la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) à 400 millions d’euros de l’équilibre en 2017, à la fin de celui du socialiste François Hollande, pour un budget de 500 milliards d’euros (hors Fonds de solidarité vieillesse – FSV). En 2017, à la fin de la crise économique et financière de 2008, il devait dégager un excédent de 1,6 milliard d’euros et l’assurance-maladie une très nette amélioration, avec un déficit passant de 4,1 à 2,6 milliards d’euros. A quel prix ? La dernière réforme des retraites en date est entrée en vigueur le 1er septembre 2023.

Macron réduit la durée d’indemnisation chômage des seniors

Le Maire fait passer au rouge le « renflement brun dilaté » des seniors

Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est prononcé jeudi pour une baisse de la durée d’indemnisation chômage des plus de 55 ans, de 27 mois à 18 mois. Une déclaration faite alors même que les partenaires sociaux viennent de conclure un nouvel accord sur les règles de l’assurance chômage, mais qui ne porte pas sur les seniors.

« Je ne vois aucune raison pour qu’il y ait une durée d’indemnisation plus longue pour ceux qui ont plus de 55 ans par rapport aux autres », soutient Bruno Le Maire, qui veut ignorer qu’il ne suffit plus, à cet âge, de traverser la rue pour retrouver un emploi.

« Si vous avez plus de 55 ans, la durée d’indemnisation, c’est 27 mois alors qu’aujourd’hui, le lot commun, c’est 18 mois. Pourquoi ? » a fait mine de s’interroger le ministre. « Qu’est-ce qui justifie qu’on ait encore des durées d’indemnisation différentes selon qu’on a plus de 55 ans ou moins de 55 ans ? », a lancé Bruno Le Maire, qui fait de la démagogie égalitaire à rebours. Mais pour le ministre, « c’est une hypocrisie, une façon de [les] mettre à la retraite de manière anticipée ». « Quand vous avez 28 mois d’indemnisation du chômage, on vous dit en fait : « Partez à la retraite tranquillement, on n’a plus besoin de vous » », dénonce le le ministre déconnecté, qui assure que les plus de 55 ans « valent autant que les moins de 55 ans ».

Le Maire veut légiférer à la place des députés, en plus de leur faire un pied de nez avec un 18e recours à l’article 49.3

Il a par ailleurs jugé « perfectible » l’accord sur l’assurance-chômage signé la semaine dernière par les syndicats et le patronat, notamment sur cette question des seniors. Bruno Le Maire critique aussi les mesures de financement qui figurent dans l’accord, avec « des dépenses certaines », comme des réductions de cotisations, compensées par « des économies improbables ».

Des propos sur l’assurance chômage réitérés jeudi après-midi, devant le Sénat, en ouverture de l’examen du budget 2024. « Il est évident qu’avec une durée d’indemnisation du chômage de 27 mois pour les plus de 55 ans, alors qu’elle est de 18 mois pour les autres, l’incitation à la reprise d’un d’emploi est assez faible et que là aussi, de manière hypocrite et déguisée, on transforme l’assurance chômage en retraite. Je me refuse à valider ce modèle », a encore lancé devant les sénateurs le ministre imperfectible.

« Il faut donc modifier ces règles. Je suis favorable à l’alignement de la durée de l’indemnisation chômage des plus de 55 ans, qui est de 27 mois, sur celle des autres chômeurs, qui est de 18 mois. »

Macron appelle les patrons à « se réveiller » et Le Maire, à donner du taf aux seniors

Le ministre « souhaite » aussi « que les entreprises prennent leurs responsabilités pour donner aux seniors toute la place qui leur revient, pour qu’au-delà de l’index senior, on travaille à d’autres dispositifs qui permettent aux entreprises de garder les plus de 55 ans ».

Le pouvoir n’est quant à lui toujours pas satisfait des deux réformes majeures de l’assurance chômage qu’il a fait voter depuis 2019... En effet, les règles de l’assurance chômage viennent pourtant d’être changées. Et pas qu’une fois. Il y a un peu plus d’un an, le Parlement adoptait un texte qui permettait de moduler les règles en fonction de la situation économique. Certains critères avaient été durcis au passage.

En 2019 déjà, une première réforme était décidée par Macron. Son entrée en vigueur avait été repoussée, à cause de l’épidémie de covid-19. Des mesures avaient été censurées par le Conseil constitutionnel, puis l’entrée en vigueur du nouveau calcul suspendu par le Conseil d’Etat. Ce pouvoir est-il perfectible après bientôt sept ans aux manettes?

Depuis décembre 2021, la réforme est finalement entrée en vigueur : durée minimale de travail ouvrant des droits portée à six mois, dégressivité de 30 % de l’allocation chômage pour les hauts revenus à partir du septième mois, accès à l’assurance chômage pour les salariés démissionnaires et les travailleurs indépendants, sous certaines conditions.

« L’encre de l’accord national interprofessionnel n’est absolument pas sèche, que déjà le ministre dit qu’il n’est pas d’accord », pointe la sénatrice Frédérique Puissat. Malgré ces multiples changements, la réduction de la durée d’indemnisation pour les plus de 55 ans pourrait pourtant se profiler, si les souhaits du ministre de l’Economie sont suivis. Ce qui irrite pour le moins les sénateurs qui avaient travaillé sur la dernière réforme.

Pour la sénatrice LR Frédérique Puissat, « on est en réalité sur une intervention qui est essentiellement budgétaire, et non sur le fond de ce qu’est l’assurance chômage ». Celle qui était la rapporteure du texte sur l’assurance chômage, il y a un an, dénonce aussi « la capacité de Bruno Le Maire à piétiner le dialogue social. Frédérique Puissat résume : « C’est très maladroit de sa part et ça relève d’un discours qui n’est que financier et ne tient pas compte des partenaires sociaux. »

« Olivier Dussopt n’a pas du tout évoqué ce point »

La sénatrice est d’autant plus étonnée qu’elle en a « discuté avec le ministre du Travail, Olivier Dussopt, dont l’assurance chômage relève du portefeuille ministériel. Et il n’a pas du tout évoqué ce point-là. C’était la semaine dernière, jeudi 16 novembre, quand on a voté le texte sur l’accord national interprofessionnel sur le partage de la valeur ».

La sénatrice LR de l’Isère trouve au passage « un peu fort de café le type d’argument » de Bruno Le Maire, qui soutient que la durée d’indemnisation pour les plus de 55 ans est utilisée comme une retraite déguisée.

« Dans l’esprit de Bruno Le Maire, les plus de 55 ans sont des profiteurs et des feignants », s’indigne Monique Lubin.

Cette socialiste ne cache pas, quant à elle, qu’elle est « très en colère ». « Je suis tombée de ma chaise,» lance la sénatrice de la Gironde, auteure, avec l’ex-sénateur LR, René-Paul Savary, d’un rapport sur l’emploi des seniors. « Déjà, l’argumentation… Je ne comprends pas comment on peut être aussi coupé des réalités. Son raisonnement, c’est si on réduit la durée d’indemnisation pour les plus de 55 ans, ils repartiront plus tôt au travail, donc dans son esprit, les plus de 55 ans sont des profiteurs et des feignants. Mais est-ce que Bruno Le Maire sait que lorsqu’on perd son emploi à 55 ans, on a très peu de chance de retrouver un emploi qualitatif en CDI ? » s’inquiète Monique Lubin.

« Ce sont des gens qui ont du mal à retrouver du travail. […] C’est une insertion très difficile, car ils se retrouvent confrontés à des jeunes parfois plus adaptés au monde du travail et surtout, au niveau du salaire, qui sont moins en demande sur le plan financier », confirme la sénatrice LR Frédérique Puissat.

La durée d’indemnisation a déjà reculé de « 36 à 27 mois » pour les plus de 55 ans… « Est-ce que Bruno Le Maire sait qu’on a reporté l’âge de départ à la retraite ?… Quelqu’un lui a dit ? Quand on est au chômage à 55 ans, pour atteindre la retraite à 64 ans, 9 ans de chômage, ça n’existe pas », tempête encore la sénatrice PS, qui ajoute qu’« on continue de rechercher les économies toujours du côté des mêmes ».

Monique Lubin rappelle que les critères ont déjà été durcis pour les seniors. « C’est évident » qu’une telle réforme placerait les personnes concernées dans la « précarité ». Elle ajoute : « Après, il ne faut pas s’étonner de voir monter partout l’extrême droite. Les gens au chômage, ont des difficultés. Ce n’est pas l’immigration qui leur fait peur, c’est ce genre de propos. Je trouve ça terrible ». Et pourquoi, plutôt que l’extrême droite, l’extrême gauche ne monte-t-elle pas ?

« Il y a pibale sous gravier, comme on dit chez moi »

La sénatrice PS regrette « un encadrement pervers du dialogue social, car jusqu’à preuve du contraire, l’Unedic est gérée par les partenaires sociaux. Et on leur dit ce qu’ils doivent faire… » Au final, Monique Lubin ne croit pas au simple ballon d’essai et craint que l’idée de Bruno Le Maire soit celle du gouvernement. « Il y a pibale [alevin de l’anguille] sous gravier, comme on dit chez moi », lance Monique Lubin, autrement dit « anguille sous roche ».

La question de l’emploi des seniors fait l’objet d’un autre cycle de négociations entre partenaires sociaux, qui se sont engagés à trouver 440 millions d’euros d’économies lors des négociations futures. Tout juste amorcé le 21 novembre, ce cycle de discussions devrait durer jusqu’en mars 2024. Mais si les conclusions ne lui conviennent pas, l’exécutif peut imposer les siennes. Il a déjà démontré qu’il en est capable.

Ils s’attaquent aux plus vieux, mais aussi aux plus actifs dans les urnes…

Plein emploi : Macron accuse les entrepreneurs de dormir et de contrecarrer son action énergique

 « Réveillez-vous ! On est à 7% de taux de chômage »

Macron s’est encore défaussé de sa responsabilité à la tête de l’exécutif depuis sept ans, accusant les chefs d’entreprise de somnolence, eux qui l’ont porté aux affaires. Mardi 21 novembre, Macron a appelé à poursuivre les réformes, le chômage étant à 7%. Il a pour objectif le plein-emploi, c’est-à-dire 5% de chômage, d’ici à 2027.

Plus vite, plus haut, plus fort. C’est peu ou prou ce qu’a annoncé Macron mardi 21 novembre, au lancement d’un programme d’aide à la croissance intitulé « ETIncelles » pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) exportatrices. Le taux de chômage a augmenté sur deux semestres successifs, en passant de 7,2% au deuxième trimestre à 7,4% au troisième, hors Mayotte, en dépit des génies autoproclamés de Macron et Dussopt.

Son objectif politique est d’atteindre le plein-emploi, avec 5% de chômage ou moins, d’ici à 2027, mais il n’est rien sans l’adhésion des patrons : le verbe a ses limites et l’agression ses retours de manivelle.

Evidemmenti, le chef d’Etat a vanté le mérite de ses réformes, qui auraient permis de passer de 9% à 7% de chômage entre le début de son mandat en 2017 et 2023. Macron a prôné « la culture de la réussite soutenable, respectueuse, bienveillante« . 

L’échec rend amer et Macron, injuste : il déplore un « discours ambiant » qui ne lui plaît pas : « J’ai le sentiment qu’on serait arrivé [au plein-emploi] : l’assurance chômage, les retraites… On peut redistribuer, revenir en arrière. Les réformes, on pourrait les mettre sur pause. C’est le moment de savoir comment on va être plus gentils, » suggère-t-il. 

« Réveillez-vous »

Mais l’ancien banquier n’est pas de cet avis : « Réveillez-vous ! Je vous le dis en toute sincérité, réveillez-vous, » assène-t-il, visiblement en déficit de sommeil, à force d’omniprésence stérilisante. Et de balancer les restaurateurs, les hôtels et les entreprises de tous secteurs qui arriveraient à embaucher s’ils étaient plus attractifs, ne serait-ce qu’en partageant la richesse, invoquant par ailleurs les « finances publiques qui ne donnent pas le sentiment qu’on peut relâcher l’effort non plus« . Avant de fustiger ceux qui pensent « que le temps est au repos, c’est-à-dire celui qui se fait contre l’énergie de l’Etat, de la société civile, de notre tissu économique. (…) On ne vit pas dans le même monde » a-t-il martelé, désabusé et agressif, sous les applaudissements de l’auditoire.

Pour mémoire, selon une étude de la Dares, il y avait environ 363.000 emplois vacants au deuxième trimestre 2022. Combien précaires ? Ces emplois comprennent les postes inoccupés comme ceux occupés sur le point de se libérer. Or, cela représentait 6% d’emplois vacants en 2022 rapportés aux six millions de chômeurs recensés.

Le président veut donc « redoubler d’efforts sur les grandes réformes » et « redoubler de courage et d’énergie en matière de travail et d’emploi »: une condamnation implicite et pourtant aussi limpide qu’offensante. Il a notamment la volonté de développer les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI, entreprise de taille intermédiaire, soit entre 250 et …4.999 salariés) qu’il juge trop peu nombreuses par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne, qui en comptent davantage (mais tant l’artisan que l’entreprise de plus de 1.000 salariés). Pour ce faire, il compte faire avancer les PME vers le format ETI, en proposant un accompagnement à 500 PME à « fort potentiel de croissance d’ici à 2027 », selon Le Parisien, dans leurs démarches administratives.

On n’est pas près de mettre pause ! https://t.co/hDm5lvKwhc— Les Jeunes avec Macron (@JeunesMacron) November 21, 2023

La macronie angoisse et joue le tout pour le tout, pour sauver deux quinquennats essentiellement sociétaux. Les Jeunes avec Macron, la section jeunesse de Renaissance, se sont mobilisés, publiant un extrait de l’intervention du président sur X (ex-Twitter) en affirmant leur volonté de poursuivre les réformes. La loi « plein emploi » portée par le ministre du Travail Olivier Dussopt et adoptée mardi 10 octobre par l’Assemblée nationale en est l’illustration. Elle incluait notamment le conditionnement de l’encaissement du RSA subordonné à 15 heures d’activités hebdomadaires. Si on en croit encore les propos aigres du président, elle constitue le début d’une série de réformes impopulaires. Bon courage à tous, dans l’opposition et en macronie.

Transport ferroviaire : Alstom annonce la suppression d’emplois en France

1.500 emplois sacrifiés dans le monde, pour réduire sa dette de 2 milliards d’euros

Depuis le début de l’année, l’action Alstom a perdu
47% de sa valeur.

Le « grand Alstom » a déraillé. Devenu numéro 2 mondial du ferroviaire il y a trois ans en avalant le canadien Bombardier, le fabricant du TGV et des TER de la SNCF et des rames de métro de la RATP tombe de haut.

En proie à de sérieuses difficultés financières, le Français Alstom a annoncé ce mercredi 15 novembre un plan de désendettement, avec réduction de coûts impliquant la suppression de 1.500 emplois.

Alstom, plombé par des difficultés commerciales et financières, a annoncé ce mercredi 15 novembre un plan de réduction des coûts avec la suppression notamment de 1.500 emplois, soit 10% des fonctions commerciales et administratives. Le groupe ferroviaire se donne pour objectif une réduction de sa dette de 2 milliards d’euros d’ici mars 2025, via un programme de cession d’actifs et éventuellement, «en fonction des conditions de marché», une augmentation de capital, selon un communiqué.

«Nous mettons en œuvre un plan d’actions global », notamment pour rassurer les agences de notation et tenir « nos objectifs à moyen terme», a prévenu le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge, cité dans le communiqué de résultat. L’action Alstom a chuté mercredi de 15% à la Bourse de Paris. Depuis le début de l’année, elle a perdu 47% de sa valeur. Le 12 octobre, Moody’s a abaissé la perspective de la note d’Alstom, rapprochant encore l’entreprise de la catégorie spéculative. Ces résultats semestriels viennent assombrir le tableau et constituent un avertissement «d’envergure», dixit le cabinet de conseil Oddo BHF qui souligne la menace d’une dégradation.

Les commandes ont chuté de 16%

Début octobre, le constructeur ferroviaire a révélé une consommation excessive de trésorerie avec l’annonce d’un flux libre de trésorerie (free cashflow) attendu largement négatif sur l’exercice annuel 2023/2024, de l’ordre de -500 à -750 millions d’euros. Au premier semestre de son exercice décalé 2023/2024, cet indicateur, central pour l’estimation de la valeur d’une entreprise, s’établit à -1,1 milliard d’euros. La croissance de l’activité «a généré des besoin en en terme de stock, d’inventaire qui ont généré des besoins en cash important. Ils n’ont pas été financés par des rentrées d’argent à hauteur de ce qu’on aurait souhaité», a expliqué le PDG du groupe Henri Poupart-Lafarge lors d’une conférence de presse mercredi.

La performance commerciale d’Alstom, dont les commandes ont chuté de 16% au premier semestre par rapport à l’an dernier pour s’établir à 8,4 milliards d’euros, a été «faible» a-t-il insisté. Les rentrées liées aux acomptes versés lors de la signature des contrats ont donc été décevantes. D’autres contrats plus anciens plombent le bilan du constructeur ferroviaire comme le programme Aventra, 443 trains destinés au Royaume-Uni et hérités du portefeuille de Bombardier Transport racheté début 2021, et qui a pris un retard considérable. La digestion de cette acquisition, réalisée il y a deux ans et demi pour 5,3 milliards d’euros, risque de durer encore un an et demi selon les prévisions de M. Poupart-Lafarge.

Cessions d’actifs

Le chiffre d’affaires du groupe s’est lui établi à 8,4 milliards d’euros sur le semestre, en légère hausse de 4,9% par rapport à l’année dernière, et le résultat net part du groupe est tout juste repassé dans le vert, à 1 million d’euros – contre une perte nette de 21 millions d’euros un an plus tôt. Le plan présenté par Alstom pour se remettre en ordre de marche vise à réduire la dette de 2 milliards d’euros d’ici mars 2025. Actuellement, elle s’élève à 3,4 milliards d’euros. Pour y parvenir, le groupe, qui fabrique trains et tramways, prévoit des cessions d’actifs de l’ordre de 500 millions à 1 milliard d’euros mais aussi une possible augmentation de capital.

Les 1.500 emplois supprimés pour réduire les coûts le seront uniquement dans les fonctions commerciales et administratives et représentent 10% des effectifs de celles-ci. Le deuxième groupe ferroviaire mondial entend aussi se positionner sur des appels d’offre plus rémunérateurs, notamment dans le domaine des services, pour privilégier les prises de commande de qualité où la marge potentielle est plus importante.

Changement de président : mise sous tutelle» ?

La restructuration s’annonce profonde puisque le sommet du groupe va lui aussi être touché. Il a été décidé de dissocier les fonctions de directeur général de celle de président du conseil d’administration à partir de juillet 2024. Henri Poupart-Lafarge, PDG depuis février 2016 et reconduit à ce poste en juillet dernier, n’en sera donc plus que son directeur général. Pour le remplacer à la présidence, l’ancien directeur général de Safran Philippe Petitcolin a été choisi.

M. Poupart-Lafarge a refusé de parler de «mise sous tutelle» et salué cette nomination comme «une très bonne idée». «On a un conseil d’administration dans lequel il n’y a pas tellement de grands industriels. Il a cette expérience. (Safran) est une activité de projet également, donc il a connu ce que sont des projets à long terme», a souligne l’actuel PDG. Alstom a d’ores et déjà annoncé son intention de ne verser aucun dividende l’été prochain.

Corruption

Des faits de corruption ont entraîné « la fragilisation d’Alstom », ce qui « a facilité le rachat de la branche énergie par GE avec des conséquences négatives sur l’emploi et très positives pour la rémunération des acteurs de cette fusion », avait estimé Anticor dans un communiqué au moment du dépôt de plainte.

L’actionnaire principal d’Alstom est à 80,90 % un capiral flottant… En 2003, « l’entreprise était exsangue » et la moitié des emplois avait été supprimée. L’Etat avait dû venir à la rescousse, apportant 730 millions d’euros et prenant 21 % du capital. En contrepartie, la Commission européenne exigea de lourdes cessions.

Le 9 janvier 2004, Alstom cède à Areva – aujourd’hui holding chargée de l’achèvement de la construction de la centrale nucléaire EPR d’Olkiluoto 3 en Finlande et détenu par le CEA et l’APE) son secteur Transmission et Distribution pour 913 millions d’euros. Fin 2005, Alstom cède à Barclays Private Equity son activité Power Conversion, qui prendra le nom de Converteam en avril 2006.

02/06/2017

Le 4 janvier 2006, Alstom décide de se départir de ses chantiers navals, les Chantiers de l’Atlantique, détenus à 84% par l’Etat français, et Leroux Naval, au profit du spécialiste norvégien Aker Yards. Or, Les Chantiers de l’Atlantique intéressent le secrétaire général de la présidence de la République Alexis Kohler au premier chef, à propos de leur vente à STX France (anciens Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire), puisqu’il est apparenté à la famille du milliardaire italien, fondateur et propriétaire de la société MSC. Il est même alors soupçonné de prise illégale d’intérêts. Il est aussi celui qui supervisa plusieurs dossiers notamment la vente d’Alstom Power à General Electric (GE).

Citez-moi un organe de presse qui rappelle qu’en 2014, Macron Emmanuel, alors ministre de l’Economie de François Hollande, avait validé la vente d’une partie des activités d’Alstom au géant américain General Electric. La cession avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque. Aujourd’hui, fait-elle couler ce qui reste d’Alstom ?

Loi immigration : le Sénat supprime les régularisations dans les métiers « en tension »

Le Sénat montre la voie aux députés

Les gauches ont-elles intérêt à un nivellement salarial par le bas ?

Le Sénat a voté un amendement pour la suppression de l’article 3 du projet de loi immigration. Cet article controversé prévoit la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers dits « en tension ».

L’article 3 du projet de loi immigration a été supprimé, mercredi 8 novembre dans la soirée, au Sénat. L’amendement de suppression, porté par la rapporteure LR Muriel Jourda, a été voté à 191 voix pour et 138 contre, rapporte Le Figaro. L’article 3 du projet gouvernemental prévoyait la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers dits « en tension », principalement dans le bâtiment, l’hôtellerie-restauration ou encore l’industrie.

Bien que cet article soit supprimé, il est remplacé par l’article 4B. Il prévoit quant à lui le renforcement des critères prévus par la circulaire Valls. Entrée en vigueur en novembre 2012, cette circulaire concerne la régularisation des étrangers sans papiers par le travail ou à un autre titre. Elle autorise notamment la demande de titre de séjour aux étrangers en situation irrégulière qui vivent en France depuis au moins cinq ans, qui ont travaillé au moins huit mois dans les deux dernières années et qui disposent d’un contrat de travail ou d’une promesse d’embauche. Désormais, les préfets pourront accorder un titre de séjour « au cas par cas », de façon exceptionnelle, selon une procédure très encadrée. Parmi les conditions requises, Public Sénat précise qu’y figure le respect des « principes de la République », ce qui paraît être la moindre des choses.

Victoire à droite, désarroi à gauche

Avant que les sénateurs ne passent au vote, Gérald Darmanin a de nouveau réaffirmé la volonté du gouvernement que ce projet de loi immigration soit voté avec l’article 3. L’exécutif est déterminé à « régulariser les personnes qui sont dans l’irrégularité et qui travaillent, même si leur employeur ne souhaite pas le faire », a indiqué le ministre de l’Intérieur. Finalement, face au résultat du vote, Gérald Darmanin a expliqué qu’il a « entendu le compromis » trouvé par la majorité sénatoriale et trouver cet amendement 4B « évidemment acceptable ».

La gauche a en revanche exprimé son profond désaccord, à la fois avec la suppression de l’article 3 et la solution de compromis proposée par l’article 4B. « Ce projet de loi marchait sur deux jambes, celle des horreurs et celle des douceurs. Il est désormais amputé de cette jambe », a déploré l’écologiste radicale Mélanie Vogel, sénatrice représentant les Français établis hors de France, tête de liste de rassemblement avec La France insoumise, Génération.s, la Gauche républicaine et socialiste et Place publique.

Le projet de loi immigration doit être voté dans son intégralité au Sénat mardi 14 novembre, avant d’arriver à l’Assemblée nationale à partir du 11 décembre.

Le projet de loi immigration indigne des associations: pourquoi leur imposer l’article 3 ?

Ces associations dénoncent une « vision utilitariste des étrangers »

Manifestants avec leurs pancartes du « Code de la honte »
en avril 2018

Les associations de défense des travailleurs clandestins s’opposent aussi bien au volet intégration qu’au volet maîtrise  de l’immigration du projet de loi, dont l’examen a commencé au Sénat.

Cette semaine ont repris les confrontations sur le projet de loi immigration et intégration. Une trentaine d’associations et de collectifs de défense des étrangers en situation irrégulière ont profité du retour du texte porté par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, au Sénat, ce lundi 6 novembre, pour sonner la mobilisation.
La Cimade, la Ligue des droits de l’homme, Singa France ou Amnesty International, pour ne citer que les généralistes qui ne sont pas régionales, africaines ou orientales, ont ainsi invité la presse pour une conférence à la Gaîté Lyrique, centre culturel consacré aux arts numériques et aux musiques actuelles et propriété de la Ville de Paris, au cœur du troisième arrondissement de Paris. Ces associations entendent étayer leur opposition systématique et totale au texte du gouvernement, qu’il s’agisse, sans surprise, des mesures facilitant les procédures d’expulsions ou, étonnammant de celles visant à améliorer l’intégration des travailleurs « au noir. » Elles cherchent comment contrecarrer les procédures envisagées par l’article 3 du projet qui permettent précisément la régularisation des clandestins travaillant depuis plusieurs années dans des « métiers en tension »…

Lors d'une manifestation à Paris en novembre 2021 contre l'expulsion d'étrangers sans papiers. 
Lors d’une manifestation contre l’expulsion d’étrangers
sans papiers,
à Paris en novembre 202

Pour faire passer leur message, ces associations d’extrême gauche ont préféré laisser la parole à des étrangers ou demandeurs d’asile, pour la plupart sur le territoire national depuis moins de dix ans. « Nous refusons que la migration soit imposée comme un thème central dans le débat public sans la participation des personnes concernées », lit à haute voix Camila Ríos Armas, originaire de Caracas au Vénézuela, avant de dénoncer « l’instrumentalisation des étrangers » opérée par le nouveau projet de loi immigration du gouvernement.


En cause : la remise en question, selon elles, du droit « inaliénable, indivisible » d’asile, explique Nayan NK, président de Solidarité Asie France (SAF). Le jeune homme, originaire de la république démocratique du Bangladesh, membre de l’ONU, arrivé en France en 2002, sans motif de statut de demandeur légitime d’asile, dénonce la « justice expéditive » qu’induit le passage au juge unique devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) pour certaines procédures.

L’article 3 au cœur des discussions

Si est rappelé que 131.000 personnes issues de 146 pays ont demandé l’asile en 2022 afin « de fuir les persécutions dans leur pays et chercher refuge en France », il n’est en revanche jamais mentionné le fait que seuls 29 %, en moyenne, de ces demandeurs remplissent, selon l’OFPRA, les conditions strictes de l’asile. Le volet répressif du texte soulève de loin le plus de critiques parmi les associatifs. Aboubacar Dembélé, du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry-sur-Seine, fulmine contre la notion « floue, non caractérisée, arbitraire de la menace à l’ordre public qui a pour conséquence une multiplication des retraits de titres de séjour, des obligations à quitter le territoire et des placements en rétention… »

Au grand dam du gouvernement, même ses mesures visant à améliorer l’intégration des personnes étrangères en France ne trouvent pas grâce aux yeux des associations. « La loi envisage d’accorder un accès immédiat au droit du travail à certains demandeurs d’asile issus de certaines nationalités », dénonce Nayan K. qui, loin d’y voir un progrès, vocifère contre « une rupture d’égalité entre demandeurs d’asile ». Bchira Ben Nia, Tunisienne et membre de l’Union des étudiants exilés, condamne quant à elle le fameux article 3, ouvrant la régularisation des clandestins travaillant dans les métiers en tensions, voyant là une vision « utilitariste » des immigrés.

« Ces métiers dits en tension sont des métiers pénibles et enferment les personnes dans certains types de métiers dans des zones géographiques spécifiques. Cet article met les personnes toujours plus dans la précarité. Il faut un titre de séjour stable sinon la personne reste toujours angoissée et fragilisée psychologiquement », souligne-t-elle.

Quitte à tomber d’accord avec les autres opposants au projet de loi, issus du parti Les Républicains ou du Rassemblement national, selon qui, une fois régularisés, les clandestins ne voudront plus exercer ces métiers en tension, contraignant les employeurs à recourir indéfiniment à une main-d’œuvre étrangère.

Il y a peu de chance, pour autant, qu’opposants de droite et de gauche partagent les mêmes cortèges. Les associations défilaient, quant à elle, devant le Sénat dès lundi midi contre « l’immigration jetable » et pour les « régularisations ».

L’article 3 du projet gouvernemental inscrit dans la loi la régularisation de migrants illégaux. Ubuesque ?

Loi immigration : l’article 3, pomme de discorde entre la droite et la majorité

Encore de l’article 49.3 et de la motion de censure dans l’air…

Le projet de loi immigration pose problème avant même que d’arriver au Parlement : la mesure sur la régularisation des travailleurs sans papier dans les métiers en tension suscite des crispations. D’un côté, Les Républicains en font une ligne rouge pour donner, ou non, son vote au texte et, de l’autre, une partie de la majorité s’émeut de son éventuel passage à la trappe. Dans ce bras de fer, Gérald Darmanin est chargé de trouver une majorité pour faire passer le projet.

Depuis l’assassinat islamiste d’un professeur par un djihadiste tchétchène dans un lycée d’Arras, Gérald Darmanin veut ajuster son projet de loi immigration

Le ministre de l’Intérieur est à la peine depuis des mois pour s’assurer du vote du texte et il compte en grande partie sur les voix de la droite dite aux ordres du patronat en quête de main d’oeuvre. Mais ses leaders sont catégoriques : sans retrait de la mesure en faveur de la régularisation des travailleurs sans papier, leurs élus ne voteront pas le projet de loi. « Je ne bougerai pas d’un iota », a répété, lundi 23 octobre sur franceinfo, le président du groupe au Sénat, Bruno Retailleau.

C’est dans ce contexte que l’élu vendéen a été reçu le soir même par la première ministre à Matignon, rapporte Le Parisien, mardi 24 octobre. Selon le quotidien, Elisabeth Borne a déclaré « qu’elle n’est en aucun cas fermée à l’idée de retirer de son texte l’article 3. »

« Gérald Darmanin a dit l’inverse (…) à savoir qu’il est favorable à l’article 3 »

Ramdam immédiat sur l’aile gauche de Renaissance qui y voit un gage d’équilibre du texte, à côté d’autres mesures auxquelles elle consent, bien que strictes, pour lutter contre l’immigration illégale. Blessant, le président de la Commission des Lois et député de la Vienne, Sacha Houlié, assure que tout est « faux. » « D’abord je n’ai pas l’habitude de croire sur parole ce que raconte Bruno Retailleau. Ensuite je suis très surpris car Gérald Darmanin a dit l’inverse ce matin [le 24 octobre] devant le groupe à savoir qu’il est favorable à l’article 3, qu’il le soutient et que le Sénat ne l’a pas supprimé en commission’  », gronde-t-il.

Ce mercredi 25 octobre, Eric Ciotti dément aussi toute porte ouverte par Matignon. « Contrairement à ce que dit la presse, la Première ministre en aucun cas n’a dit qu’elle retirerait cet article 3 », a dit le président de LR sur France Inter. La tournure de Borne est plus fourbe, quand elle dit qu’elle n’est en aucun cas fermée à l’idée de retirer de son texte l’article 3. Et le député d’assurer qu’« en ce qui le concerne, il n’y a pas de consultation, pas de concertation » et que « rien n’a changé ». Traduction : si le gouvernement ne retire pas l’article 3, « c’est clair, nous ne voterons pas ce texte ».

L’affaire est dans le camp présidentiel

Borne doit éteindre l’incendie. A défaut de figurer dans la loi, l’article 3 pourrait être transformé en circulaire ou en un décret, comme l’a évoqué Gérald Darmanin dans le Journal du Dimanche, le 22 octobre. L’idée d’une circulaire – qui ne nécessite pas un vote et peut être aisément remplacée ou abrogée du jour au lendemain – semble moins crisper la droite. « C’est du réglementaire. Je ne veux pas que dans la loi il y ait un nouveau droit qui soit ouvert », répète Bruno Retailleau sur franceinfo, sans s’avancer davantage.

Piégés entre le risque de fracturer la majorité et celui de recourir au 49.3 dans un contexte où Les Républicains laissent planer le risque d’une motion de censure, les deux ministres porteurs du texte, Olivier Dussopt et Gérald Darmanin, s’en remettent au débat parlementaire, se disant « ouvert sur les modalités ». Dans un entretien avec le Télégramme, le 21 octobre, le ministre du Travail Olivier Dussopt renvoie à l’examen du texte prévu au Sénat à partir du 6 novembre.

Du côté d’Elisabeth Borne, on tente désormais d’éteindre l’incendie. « Une partie de notre majorité tient à ce que ce soit dans la loi, et la Première ministre est attachée à l’unité de la majorité », a précisé Matignon pour apaiser son aile gauche.

Il faudra peut-être en dire plus. Selon Le Figaroles députés de l’alliance présidentielle favorables à l’article 3 préparent un courrier à l’attention d’Elisabeth Borne pour insister sur « leur attachement » à l’équilibre du texte et « solliciter un rendez-vous à très court terme afin de partager nos positionnements et nos vigilances. » Une réunion à l’initiative de Sacha Houlié était aussi prévue ce mercredi soir.