Oudéa-Castéra appelée à la démission, suite à des révélations

La nouvelle ministre, à peine nommée, des révélations aux appels à la démission 

AOC

Les signalements de Mediapart sur la scolarisation des enfants de la ministre de l’Education nationale dans un prestigieux établissement privé ont atteint leur objectif au-delà de ce que le site révolutionnaire trotskiste espérait. Ses révélations ont en effet conduit à un mensonge de la ministre et à des appels à la démission par la droite et la gauche qui ont appelé à la démission de la tout fraîchement nommée ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et Paralympiques, accusée de mensonge.

« Il faut partir maintenant, madame », a lancé sur X (ex-Twitter) la députée Les Ecologiste de Paris Sandrine Rousseau. « Si la ministre a menti, je ne vois pas comment elle peut continuer son action publique », a ajouté le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy aux micros de BFMTV et de RMC. Comment en est-elle arrivée là, cette ministre si peu politique et finaude issue de la société civile qui devait revigorer le monde politique ? 

« La ministre de l’Education a choisi un établissement privé ultra-réac pour ses enfants » : l’affaire débute vendredi avec un article du site anti-libéral Mediapart révélant qu’Amélie Oudéa-Castéra avait choisi de scolariser ses trois enfants dans un établissement privé catholique. En février 2023, au temps de Jean-Michel Blanquer, le ministère de l’Education avait saisi l’Inspection générale et lancé un appel à témoignages après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse visant cet établissement. Le lycée fait par ailleurs partie des meilleurs établissements français : il est le deuxième meilleur lycée de France, selon un classement du Figaro.

Le même jour, la ministre Amélie Oudéa-Castéra, surnommée « AOC », relance le distributeur à claques en réagissant à ces « attaques personnelles » lors d’un point presse à l’issue d’un déplacement avec le premier ministre dans un collège à Andrésy (Yvelines). Elle fait alors le récit de l’histoire de son fils aîné, Vincent, il y a une douzaine d’années. « Comme sa maman », il a commencé sa scolarité dans le secteur public, à l’école Littré, à Paris. Mais « la frustration de ses parents », « qui en ont eu marre » en voyant « des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées », les a poussés à scolariser leurs enfants dans cet établissement privé situé à proximité de leur domicile, le collège Stanislas. « [Nous en avons] eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait un choix d’aller chercher une solution différente. »

‘AOC’, huée et sifflée à l’école Littré, lors de son voyage à Canossa : lien TikTok

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La porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot soi-même, n’est pas sûre que la ministre n’a pas menti… :

Amélie Oudéa-Castera exprime des regrets

Ces paroles ont suscité la colère des syndicats d’enseignants. Le Snes-Fsu,  syndicat de gauche dominant dans le second degré, qui appelle à la grève le 1er février, attribue à la ministre « la première médaille d’or : celle de la provocation ». « Des propos lunaires et provocateurs, contre le service public d’éducation et ses personnels », a ajouté sur X (ex-Twitter) la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay, professeure de SES au lycée Rosa Parks à Montgeron (Essonne).

Le lendemain, la ministre a exprimé des regrets aux enseignants. Samedi, dans un courrier, elle a « regretté » d’avoir « pu blesser certains enseignants de l’enseignement public » et a assuré qu’elle sera « toujours » aux « côtés » de « l’école publique et de ses professeurs », . « Je n’avais aucunement [l’]intention » de blesser, a-t-elle ajouté.

L’histoire aurait pu s’arrêter là mais, dimanche soir, Libération a publié un article dans lequel l’ancienne institutrice a la retraite du fils de la ministre dément une quelconque absence non remplacée. Selon l’institutrice de l’école Littré, le choix d’Amélie Oudéa-Castéra et de son mari de mettre leur fils dans le privé était lié au refus de l’école d’autoriser un passage anticipé en moyenne section, à l’âge de 4 ans. Des précisions qu’a fermement démenties la ministre.

Amélie Oudéa-Castera accusée de mensonge

« Nous exigeons des excuses publiques », a lancé la secrétaire générale du Snes-FSU, à l’issue d’une rencontre avec l’exécutif. « Peut-on être ministre de la plus importante institution républicaine et de milliers de fonctionnaires tout en méprisant leur travail publiquement et en colportant contre eux, dans les media, ragots et mensonges ? La réponse est non », a écrit Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis dans une tribune parue dans Libération.

Lien TikTok Quand AOC sort de l’école Littré

Manuel Bompard (LFI) s’indigne:

Le député RN de l’Yonne Julien Odoul a de son côté appelé Amélie Oudéa-Castéra, « discréditée », à démissionner.

Face à ces appels à la démission, lundi, la ministre a demandé que soit refermé « le chapitre des attaques personnelles » . « Il y a des attaques auxquelles j’ai essayé de répondre avec le plus de sincérité possible. Il faut clore ce chapître des attaques personnelles et de la vie personnelle », a-t-elle déclaré. Le président Macron ne s’est pas exprimé sur cette polémique. Il pourrait être incité à le faire mardi soir lors de sa grande conférence de presse.

Novice en politique, la ministre a commis l’erreur fondamentale d’embrayer sur son cas personnel, de s’arranger avec la vérité et de valider les plaintes en maltraitance des professeurs du public en s’excusant d’une réalité générale mais inappropriée à l’école Littré.

Amateurisme de mauvais augure, alors que la composition du gouvernement « resserré » reste incomplète après déjà cinq jours de nominations des ministres principaux (jeudi 11 janvier) et que se dessine une polémique surajoutée avec la prise de parole, ce mardi soir, du président, avant le discours de politique générale de son premier ministre et de tout vote de confiance du Parlement : une dérive des institutions de la Ve République vers un régime anti-démocratique.

« Dans toutes les démocraties du monde, le Premier ministre ou la Première ministre doit se soumettre au vote de confiance devant la représentation nationale, » a déclaré, mardi 9 janvier au matin, la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, lors d’un point presse. Si tel n’était pas le cas, le groupe La France insoumise a annoncé son intention de déposer une motion de censure « spontanée« . En 2022, faute de majorité absolue, Elisabeth Borne n’avait déjà pas sollicité la confiance des députés. Il s’en était suivi une avalanche de recours à l’article 49.3: vingt recours en un an et demi, soit le record de Rocard battu, sur une durée équivalente… Sans faire tousser le Conseil constitutionnel.

Un couple à donner en exemple aux enfants des écoles…

L’oeil de Philippe Caverivière : lien TikTok

Une taxe sur le gaz va presque doubler

Un avatar du bouclier tarifaire et de l’argent magique

La sortie du bouclier tarifaire annoncée se concrétise dès le 1er janvier 2024, mais puisque ce n’est pas une surprise, la presse gouvernementale la présente comme normale. Elle nous raclnte que l’un des impôts payés par les fournisseurs de gaz naturel, l’accise, va presque doubler, ce qui devrait mécaniquement faire augmenter la facture pour les abonnés.

La France doit importer 99% de sa consommation de gaz naturel et subit les variations des prix sur les marchés mondiaux, Or, ce gaz vient principalement de Norvège et de Russie mais aussi du Qatar, de l’Algérie et autres pays. Et la géopolitique n’est pas favorable…

Le tarif normal de l’accise sur les gaz naturels à usage combustible, qui a remplacé depuis 2022 la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel, va passer à 16,37 euros le mégawattheure (MWh) dès le 1er janvier, contre 8,45 euros actuellement, selon un arrêté publié samedi au Journal officiel.

En juillet 2021, le tarif réglementé du gaz a déjà augmenté de presque 10% par rapport au mois précédent. S’en sont suivies deux autres hausses, de 5,3% et 8,7%. Au point que le gouvernement dû annoncer un blocage du prix du gaz pendant toute l’année 2022. En 2023, après avoir déjà augmenté de 4,93 % en novembre, selon la CRE le prix du gaz a augmenté de nouveau de 5,18 €/MWh en décembre. Et 2024 ne sera pas meilleure.

Le tarif normal de l’accise sur les gaz naturels à usage combustible correspond au plafond autorisé par la loi de finances 2024, publiée le même jour au Journal officiel. Jeudi 21 décembre, le projet de loi de finances fut considéré comme adopté définitivement par l’Assemblée nationale, en application de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution.

« Une hausse de la facture de gaz de l’ordre de 8 euros du mégawattheure »

« Pour la moitié des abonnés au gaz qui ont opté pour une offre tarifaire à prix fixe, le relèvement de l’accise va induire une hausse de la facture de gaz de l’ordre de 8 euros du mégawattheure », explique Nicolas Goldberg, analyste spécialisé dans l’énergie au cabinet de conseil Colombus Consulting.

L’autre moitié des abonnés a signé des offres fondées sur un indice, dit « repère de vente », établi tous les mois par la Commission de régulation de l’énergie. Au ministère de l’Économie, on estime que cet indice pourrait baisser, passant de 123 euros/MWh en décembre pour la consommation liée à la cuisson ou l’eau chaude dans la fourchette basse, à une moyenne de 114 euros sur les trois premiers mois de l’année, selon les anticipations de marché à date. Le consommateur ne profiterait donc pas de la baisse des cours, puisque la taxe maintiendrait la facture de gaz autour du prix payé en décembre. Le prix actuel est au même niveau que celui de la sortie du bouclier tarifaire, le 1er juillet 2023.

Une autre hausse du prix du gaz se profile

L’exécutif organise depuis plusieurs mois la sortie progressive du bouclier tarifaire, déployé depuis fin 2021 pour modérer l’impact de la flambée des prix du gaz et de l’électricité. Depuis le 1er juillet, il n’existe plus de tarifs réglementés de vente de gaz (TRVG), qui permettaient au gouvernement de limiter directement la hausse des tarifs. À la place, un prix « repère » de la Commission de régulation de l’énergie, actualisé tous les mois, doit servir de guide, en fonction des cours du marché. Il sert de base aux offres tarifaires « passerelles ».

Une autre hausse pour le gaz se profile par ailleurs, qui sera aussi répercutée sur les factures : le tarif de distribution du gaz qui compte pour environ un quart de la facture finale augmentera au 1er juillet 2024 ; la Commission de régulation de l’énergie (CRE) doit déterminer de combien, d’ici à début janvier.

Concernant l’électricité, aucun nouveau relèvement de taxe n’a encore été publié au Journal officiel. Le gouvernement pourrait relever en février le tarif réglementé, mais s’est engagé à ce que la hausse soit inférieure à… 10 % par rapport au niveau d’août 2023. « Beaucoup d’experts dont je suis estiment qu’un relèvement de l’accise sur le tarif de l’électricité serait une grave erreur au moment où l’on incite les gens à électrifier leurs usages pour le chauffage ou les véhicules », a ajouté Goldberg. Mais les élections européennes (en juin) seront passées…

Croyez-vous que, dans ses voeux pour 2024, Macron évoquera ces hausses du prix de l’énergie ?

Elisabeth Borne déclenche un 21e article 49.3 pour imposer la partie recettes du budget de l’Etat

L’addiction de la première ministre interpelle en contexte de retour du déficit public

En 18 mois, la vapoteuse a dégaîné 21 fois l’article 49.3 de la Constitution depuis son arrivée à Matignon, en mai 2022. Cette procédure permet de faire adopter un texte sans vote des représentants du peuple. Jeudi 14 décembre, elle a ainsi fait passer la partie « recettes » du budget de l’Etat pour 2024.

« Les délais constitutionnels nous pressent et (…) aucun groupe d’opposition n’est prêt à voter ce budget. Nous devons prendre [ce qu’elle appelle] nos responsabilités », a reconnu jeudi la première ministre devant l’Assemblée, où le texte arrivait pour une nouvelle lecture.

Le petit robot froid de Matignon a choisi la facilité et le mépris dans un contexte parlementaire particulièrement tendu depuis le vote de la motion de rejet surprise, lundi, du projet gouvernemental de loi immigration, une réponse du berger à la bergère au 21e affront au Parlement.

« Le 49.3 est au budget ce que le trou noir est à l’espace. Il absorbe et efface toute trace de démocratie parlementaire », avait vertement critiqué quelques minutes plus tôt Eric Coquerel, président « insoumis » de la Commission des finances.

Son groupe, La France insoumise, LFI, a répliqué immédiatement par le dépôt d’une motion de censure, la présidente Mathilde Panot dénonçant un « déni de démocratie ». Elle devrait être étudiée samedi à partir de 18 h 30 et son rejet attendu entraînerait l’adoption de cette partie recettes.

L’exécutif pris en étau

En érigeant la « maîtrise des dépenses publiques » comme « première priorité », selon les mots du rapporteur général du texte, Jean-René Cazeneuve, le budget 2024 prévoit un retour du déficit public à 4,4 % du PIB en 2024 contre 4,9 % en 2023. Le ministre des comptes publics, Thomas Cazenave, a également défendu jeudi un « investissement historique pour la transition écologique ».

La première ministre a de son côté mis en avant des mesures de revalorisation des enseignants, ou encore la « réforme des zones de revitalisation rurale », adoptée au Sénat, et qui va permettre, selon elle, d’inclure « 4.000 communes de plus que prévu initialement », dans ce dispositif.

L’exécutif s’est piégé avec ses promesses d’investissements, d’un côté, et sa volonté de maîtriser les dépenses publiques, de l’autre. Les oppositions dénoncent donc des crédits largement insuffisants, notamment sur la transition écologique, le logement ou l’éducation.

Après une hausse de 20% à la mi-octobre 2023, le gouvernement a déposé deux amendements pour pouvoir rehausser par arrêté les tarifs de l’électricité et du gaz, avec un plafond, pour sortir progressivement des boucliers tarifaires. Thomas Cazenave a toutefois rappelé jeudi l’engagement du gouvernement à ce que les prix de l’électricité au début de 2024 n’augmentent pas de « plus de 10 % » par rapport à août 2023. On le voit, la Commission de régulation de l’énergie, la CRE, dont on dit qu’il émet des avis, est en fait liée par le budget de l’Etat.

Contre l’avis des oppositions, le gouvernement retient également un amendement du député de la majorité Mathieu Lefèvre (Renaissance) pour instaurer des mesures fiscales avantageuses en faveur des fédérations sportives internationales, afin d’essayer d’attirer notamment la puissante Fifa, instance du football mondial.

« Cette injustice fiscale est intolérable », a réagi dans la journée la présidente du groupe Rassemblement national, Marine Le Pen. « Cet amendement [de] copinage avec les hautes instances du foot est un scandale », a dénoncé Eric Coquerel.

Loi immigration: des députés LR prêts à voter le texte si il respecte la version renforcée du Sénat

Un ultimatum de 17 députés

Des élus Les Républicains écrivent dans une tribune ce dimanche 26 novembre leur intention de voter la loi sur l’immigration à la condition qu’elle ne défigure pas la version mise au point par le Sénat.

Des députés Républicains à l'Assemblée nationale (photo d'illustration)

Dix-sept députés Les Républicains se déclarent disposés à voter avec l’alliance présidentielle « si prévaut l’esprit du projet du Sénat » à l’issue de son examen à l’Assemblée, soit une position plus souple que celle de la direction du groupe sur ce texte qui représente un nouveau défi pour le gouvernement, après plusieurs reculades.

« Nous entendons préserver les principaux acquis du Sénat et améliorer cette loi autant que possible« , assurent ces 17 députés, dans une tribune publiée dans La Tribune dimanche. Ils mettent ainsi en garde  les députés de l’alliance : « la balle est (…) dans le camp du gouvernement » et de « la majorité présidentielle, de son aile gauche en particulier ».

Les signataires :
Jean-Louis Thiériot (Seine-et-Marne) qui œuvre pour un rapprochement avec Macron, Josiane Corneloup (Saône-et-Loire) ralliée de la dernière heure à LR, Marie-Christine Dalloz (Jura), Julien Dive (Aisne) proche de Xavier Bertrand, Virginie Duby-Muller (Haute-Savoie) porte-parole de la campagne presidentielle de Xavier Bertrand, Nicolas Forissier (Indre), Philippe Gosselin (Manche) proche de Damien Abad et de Gérald Darmanin, Justine Gruet (Jura), Michel Herbillon (Valde-Marne), Philippe Juvin (Hauts-de-Seine) membre d’un groupe informel de députés LR œuvrant à un rapprochement avec Macron, Véronique Louwagie (Orne), Jérôme Nury (Orne), Eric Pauget (Alpes-Maritimes), Vincent Rolland (Savoie), Antoine Vermorel-Marques (Loire), Alexandre Vincendet (Rhône), Stéphane Viry (Vosges).

Pas de majorité certaine sur ce texte?

Le président du groupe LR à l’Assemblée, Olivier Marleix, a prévenu mardi que le camp macroniste ne « doit pas s’attendre à avoir une majorité » sur ce texte, « en tout cas, pas avec nous », s’il n’était pas accompagné d’une réforme de la Constitution.

La droite fait depuis plusieurs mois campagne pour une réforme de l’article 11 de la Constitution, qui permettrait d’étendre aux questions migratoires l’organisation de référendums, le cœur de ses revendications concernant l’immigration.

La possibilité d’un référendum sur l’immigration a cependant été écartée par le président Macron à l’issue des 2e rencontres de Saint-Denis, le 17 novembre.

La crainte d’un « détricotage » du texte

Pour les 17 signataires qui se démarquent de la position de leur direction, « le détricotage du texte du Sénat est évidemment la principale menace pour l’avenir de cette loi« . « Amender oui. Anéantir non », expliquent-ils, rappelant que « la plupart des sénateurs de la majorité présidentielle ont voté le texte au Sénat ».

Selon eux, la nouvelle rédaction de l’article 3 (devenu 4bis), qui prévoyait la régularisation des clandestins travaillant dans des secteurs en tension, préserve « le pouvoir discrétionnaire des préfets » et est « une réponse ferme qui ne crée pas un droit opposable au fond ».

Un avis non partagé par Olivier Marleix pour qui l’article 4 bis « n’est pas une bonne solution ».

Un nouveau 49.3 ?

Pour autant, le gouvernement qui ne dispose que d’une majorité relative parviendra-t-il à éviter le 49.3 sur ce texte? Selon les calculs d’un cadre de la majorité, si les 21 membres du groupe indépendant Liot apportent leurs suffrages, « il manque 18 voix ».

Loi de programmation des finances : LR votera contre

Ni compromission, ni compromis

L’absence des députés LR lors du vote du projet de loi en commission des Finances, lundi soir, a levé les doutes sur une possible abstention de la droite ce mercredi en séance. Finalement, le groupe LR a décidé ce mardi de voter contre, ce qui va conduire au passagr en force de Macron pour l’adoption du texte par le 49.3.

La question semblait avoir été tranchée. Comme sur le budget, il n’était pas question pour LR de donner quitus au gouvernement sur sa loi de programmation des finances publiques. « La trajectoire financière déjà dévoilée au printemps par le gouvernement n’est pas assez ambitieuse, ce n’est pas acceptable pour nous », avait prévenu, en août dans un entretien aux « Echos », Véronique Louwagie , la cheffe de file des Républicains à la commission des Finances de l’Assemblée.

« Trajectoire pas réaliste et dangereuse »

« Nos députés n’ont pas participé au vote. Ils ont voté contre tous les amendements du gouvernement, rectifie Olivier Marleix, le président du groupe. Ils étaient tous scandalisés par la légèreté de l’exécutif qui a déposé 80 et quelques pages d’amendements sur un sujet aussi technique et important ». Ces amendements additionnels et tardifs seraient la cause de l’absence de vote des députés LR.

Réunis ce mardi matin en réunion de groupe autour d’Olivier Marleix, les députés LR se sont entendus sur une position de principe, justifiant leur opposition au texte en commission, lundi soir.

« Certains voulaient se diriger vers l’abstention, Ciotti était ouvert à la discussion, mais globalement, nous resterons sur un vote contre », affirme un participant, alors que diverses notes sur la position du groupe circulaient récemment entre députés, preuve d’un vrai débat interne, mais créant l’agacement chez certains. « La trajectoire présentée n’est pas réaliste et dangereuse pour nos finances publiques. Je pense qu’en l’état, il faut voter contre », insiste Fabien Di Filippo, député de Moselle.

« Il ne faut pas qu’ils comptent sur nous pour cogérer aujourd’hui la situation calamiteuse dans laquelle se trouve le pays », a expliqué Olivier Marleix, tout en reconnaissant que « 4 ou 5 députés » des Républicains, sur 62, pourraient s’abstenir si la LPFP était soumise au vote.

Abstention du RN

« En commission, il s’agissait des plus constructifs, renchérit un député macronien présent. La possible abstention du RN les bloque et ils ne peuvent pas apparaître moins responsables ».

Le groupe présidé par Marine Le Pen a en effet prévu de s’abstenir. Ce qui embarrasse le gouvernement qui ne veut pas faire adopter la trajectoire financière du pays avec le soutien implicite des députés de Marine Le Pen. Dans les couloirs de Bercy, Renaissance fait courir le bruit que le recours à l’article 49.3 de la Constitution est rendu nécessaire par cette situation et pour prévenir tout « accident de parcours ».

« Cette loi est majeure puisque sans son adoption, le décaissement des deux aides européennes de 10,3 milliards d’euros et 7,5 milliards d’euros que nous devrions recevoir avant la fin 2023 et en 2024 dans le cadre du Plan national de relance et de résilience sera empêché », ont prévenu les ministres concernés dans un communiqué de presse commun publié ce mardi. Elle devrait être adoptée grâce au 49.3.

Civitas : Gérald Darmanin annonce la dissolution prochaine de l’organisation

Le ministre est-il aussi réactif à l’encontre des séparatistes ou de l’extrême gauche ?

Gérald Darmanin a demandé à ses services « d’instruire la dissolution » de Civitas, a-t-il annoncé à l’encontre du mouvement classé à l’extrême droite et regroupant des catholiques traditionalistes intégristes. Il condamne ainsi la demande de « déchéance de nationalité pour les Juifs » formulée lors de l’université d’été de l’organisation, parti politique depuis 2016.

« L’antisémitisme n’a pas sa place dans notre pays. Je condamne fermement ces propos ignominieux et saisis le procureur de la République », a ajouté le ministre de l’Intérieur dans son passage publié sur X (anciennement Twitter).

Les propos controversés de l’essayiste Pierre Hillard relancent le débat de la liberté d’expression

L’essayiste Pierre Hillard a tenu des « propos ignominieux » lors de l’université d’été de juillet 2023 en Haute-Loire. Un épisode qui relance le débat sur la liberté d’expression : a-t-elle des limites spécifiques à l’extrême droite?

« Avant 1789, un juif, un musulman, un bouddhiste… ne pouvait pas devenir français… La naturalisation des Juifs en septembre 1791 ouvre la porte à l’immigration. Parce qu’à partir du moment où vous donnez la nationalité française aux Juifs, tôt ou tard, vous ne pouvez pas la refuser aux bouddhistes, aux musulmans… Lorsqu’Eric Zemmour critique avec justesse l’invasion migratoire, il oublie de dire que ce sont ses coreligionnaires qui ont ouvert les portes de l’immigration. Si on veut rétablir les lois de catholicité et qu’on fait du catholicisme traditionnel la religion d’Etat, peut-être faut-il retrouvé la situation d’avant 1789 », argumente Pierre Hillard.

Pourtant, en 2016, Civitas avait été reconnu éligible au financement des partis politiques et avait soutenu la candidature d’Eric Zemmour.

Darmanin et LFI font cause commune

Suite aux propos de Pierre Hillard, la cheffe de file des députés Insoumis, Mathilde Panot, a diffusé sur X, une lettre adressée à la procureur de la République de Paris, au nom de son groupe politique, pour informer la magistrate de « propos diffamatoires publics [qui] mobilisent des informations fausses dans le but de stigmatiser et porter atteinte à des Français au motif de leur religion« .

Parti pro-palestinien, LFI est antisioniste et antisémiste. S’est-il réveillé ami des Juifs en ce mois d’août?

Sur le même réseau social, Mélenchon qui s’était pourtant récemment écharpé avec le président du CRIF Yonathan Arfi, a applaudi à l’intention de Darmanin, dont le grand-père était musulman, preuve que certains sujets sont trans-partisans entre le pouvoir macronien, LFI et la mosquée, mais brouillés avec le clocher.

Plusieurs associations comme l’Union des étudiants juifs de France UEJF, mais aussi l’Union des organisations islamiques de France (UOJF) ou la Licra, mais aussi des personnalités politiques de tous bords, ont critiqué les propos d’Hillard et salué la décision de Gérald Darmanin, qui était accusé récemment d’avoir la main plus lourde, quant il s’agissait de sévir à l’encontre des organisations de gauche.

L’intention claironnée de Gérald Moussa Darmanin entre en résonance avec les propos du pasteur et théologien allemand Martin Niemöller, qui après avoir soutenu le régime nazi avait créé la « Ligue d’urgence des pasteurs », une lettre de protestation contre les mesures d’exclusion et de persécution prises envers les Juifs à destination du régime nazi et un mouvement des pasteurs du monde entier.

La liberté d’expression doit-elle donc se dresser des limites sur le sujet de l’antisémitime et être étendue au séparatisme, à l’homophobie ou au changement climatique ? Hyde Park à Londres est bien connu pour être un espace social et de liberté d’expression, qui a été un terrain de jeu pour les extrémistes intégristes de tout poil, même s’il n’y a pas eu plus d’attentats au Royaume-uni que dans les autres pays occidentaux.

Faut-il dissoudre Civitas ou poursuivre Pierre Hillard?

A la lumière de l’exemple de Pierre Hillard, on serait tenté de répondre que le tout n’est pas le particulier. Il fut un temps où la promulgation des textes qui allaient dans le sens de la restriction de la liberté d’expression n’a pas été sans poser de questions, que ce soit en 1939, puis en 1972 et en 1990, lors des discussions sur la loi Gayssot, qui réprime également le negationnisme et enfin en 1992, avec l’alourdissement des peines possibles en la matière.

L’extrême susceptibilité de l’extrême gauche sur les atteintes à la liberté d’expression connaît des limites… Se pose en effet la question de l’utilisation des textes, au gré des intérêts partisans, qui peuvent conduire à bâillonner les oppositions, comme le dénoncent les libertariens et comme on a pu le constater récemment dans un autre domaine, lors de la dissolution des Soulèvements de la terre, bien que violents, à la différence de Génération identitaire. On peut également relever l’inefficacité de la loi, contre les arguments d’extrême droite ou le negationnisme et se demander si la dissolution de Civitas ne va pas finalement renforcer ce mouvement, tout en muselant un peu plus la liberté d’expression, même si comme le voeux l’adage, « la liberté des uns, s’arrête à celle des autres ». Quoi qu’on pense de ces aléas, le chouchou des ministres de Macron (avec Bruno Le Maire, l’expert en tableaux Excel et en vibrations de « renflements bruns ») se classe en champion des dissolutions et des atteintes à la liberté d’expression, comme Elisabeth Borne, en musèlement des députés, qui n’a pas dit son dernier mot de féministe, face à Michel Rocard, en championne des recours à l’article 49.3.

A l’épreuve des libertés en 2023, Macron accède au podium.

Deux Français sur trois ne peuvent plus voir Elisabeth Borne, selon un sondage

Deux tiers des Français demandent sa démission

Treize mois après sa nomination, alors que des rumeurs concernant un remaniement ministériel sont véhiculées, Elisabeth Borne est appelée à la démission par 63 % des Français sondés par Odoxa-Backbone consulting.

Depuis son arrivée à Matignon, Elisabeth Borne n’a jamais séduit qui que ce soit. Son air revêche et sa voix dans les graves de ménopausée et de fumeuse ajoutent aux traits figés de la quinquagénaire (sexa depuis deux ans), à l’image du manque de flexibilité de cet esprit binaire. Elle a en vérité beaucoup varié, au fil des cabinets ministeriels qu’elle a enchaînés, froidement, sans états d’âme, en servante de l’Etat.

Elle suscite aussi des réticences et même des invectives de la sphère politique. En faisant usage à répétition de l’outil constitutionnel qu’est le 49-3, pour forcer le passage sans vote d’un projet de loi à l’Assemblée nationale. Onze recours au 49.3 entre octobre et mars, sur trois textes budgétaires. Les critiques des citoyens n’ont donc pas manqué de coaguler sur sa personne. La fracture causée par la réforme jamais acceptée des retraites en témoigne. Résultat, dans un dernier sondage Odoxa-Backbone consulting publié dimanche et commandé par Le Figaro, deux tiers des Français souhaitent sa démission. A la question « Elisabeth Borne doit-elle rester Première ministre ou bien Emmanuel Macron doit-il nommer un nouveau Premier ministre ? », 63 % des sondés ont réclamé sans ambages son départ.

Seulement 35 % des personnes interrogées ont indiqué qu’elles veulent qu’elle reste cheffe du gouvernement, tandis que 2 % d’entre elles se sont abstenues de répondre. Dans l’éventualité d’une démission et d’un changement de gouvernement, qui pourrait remplacer Elisabeth Borne ? Aucune personnalité politique n’est à ce jour plébiscitée « par plus de 30 % de nos concitoyens », a analysé le président d’Odoxa, Gaël Sliman, auprès du Figaro.

Les successeurs potentiels ne font pas l’unanimité

L’institut Odoxa a ainsi choisi de classer les « premier-ministrables » en s’aidant de leur pourcentage de rejet. L’ancien ministre macroniste, Julien Denormandie, 39 % des sondés le verraient prendre la tête de l’exécutif, l’actuel ministre de l’Économie, Bruno Le Maire (30 %) et le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (24 %), figurent dans le peloton des politiciens les moins désapprouvés pour ce poste.

Julien Denormandie, pressenti pour une pub des dragées Fucca

La liste se poursuit avec les noms de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, du ministre des Armées, Sébastien Lecornu: du n’imprte quoi donc. De même de Julien Drnormandie, un féal sans aucun charisme.

Arrivent loin derrière leurs confrères, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin (62 % de rejet, d’où ses crises à répétition contre la droite nationale) et le président du MoDem, le vieux rossignol François Bayrou (63 %, pour son image écornée et jaunie depuis 1993 – il y a trente ans – quand il fit la démonstration de son impuissance au ministère de l’Education nationale).

L’ancien président du Palais Bourbon, Richard Ferrand, ferait un brève réapparition sur la dernière longueur, pour contenir les départs en masse de « fidèles » préoccupés de leurs avenirs personnels.

On parle en fait d’un simple remaniement, faute de successeur acceptable : seulement trois ministres ne verrait pas le 14-Juillet: Marlène Schiappa, François Braun et Pap Ndiaye. Eric Dupond-Moretti ne devrait son sursis qu’à une réforme en cours. La perle rare viendrait-elle de la société privée que Macron trahirait une nouvelle fois son incapacité à intégré les leçons du passé. Le pays n’a que faire de gestionnaires et réclame un politicien expétimenté, avenant, lucide et pragmatique.

En clair, Macron va jouer son va-tout : il peut perdre gros ou tout rafler sur ce remaniement.

Le plan Borne pour éviter un vote sur l’abrogation de la réforme des retraites, jugé honteux par Roussel

« Borne n’a qu’à supprimer l’Assemblée » , tempête le PCF

Le patron du Parti communiste hausse le ton face à l’exécutif qui fourbit ses armes pour contrer la proposition de loi pour revenir à la retraite à 62 ans. « C’est vraiment rendre jusqu’au bout cette réforme des retraites antidémocratique, illégitime« , dénonce Fabien Roussel.

A deux semaines de l’arrivée prévue dans l’hémicycle de la proposition de loi du groupe Liot pour abroger la réforme des retraites, l’exécutif a des sueurs froides et Fabien Roussel répond vertement à la première ministre qui a jugé ce texte « inconstitutionnel ».

« Elle veut quoi Madame Borne? Supprimer le Parlement? Mais elle n’a qu’à supprimer l’Assemblée nationale directement« , a tonné le patron du Parti communiste, ce lundi matin sur …France inter.

Macron veut éviter le débat au Parlement

Une trentaine de députés du groupe Liot qui réunit d’anciens macronistes, d’ex-socialistes et des centristes a déposé une proposition de loi pour rétablir la retraite à 62 ans, qui devrait être étudiée le 8 juin prochain par les députés. Sur le papier, elle pourrait tout à fait être adoptée par le Palais-Bourbon.

De quoi mettre en grande difficulté politique l’exécutif qui est empêché de tourner la page de la réforme des retraites qu’il a fait passer par la force, sans vote. Plusieurs poids lourds de l’alliance présidentielle cherchent la parade et ont déjà suggéré d’utiliser l’article 40 de la Constitution pour empêcher tout débat parlementaire.

Cette disposition permet aux parlementaires de questionner la recevabilité financière d’un texte. La proposition de loi Liot est accusée de créer 15 milliards d’euros de charges publiques supplémentaires, entièrement financées par de nouvelles taxes sur le tabac. Le texte LIOT a d’ailleurs été jugé recevable par le bureau de l’Assemblée nationale.

« Jusqu’au bout, une réforme anti-démocratique »

Mais la majorité minorité présidentielle, renforcée par le MoDem et Horizons, dispose d’autres armes dans sa manche pour éviter le vote, comme le dépôt de milliers d’amendements – à la façon de la Nupes que le pouvoir a pourtant dénoncé -, pour ralentir les débats qui doivent finir avant minuit, comme le prévoit le règlement.

« C’est honteux. C’est vraiment rendre jusqu’au bout cette réforme des retraites antidémocratique, illégitime. (…) Nous souhaitons qu’il y ait au moins un vote à l’Assembée nationale, au moins un. Il n’y en a même pas eu jusqu’ici« , a encore avancé Fabien Roussel, après avoir laissé ses alliés de la Nupes saboter le débat et empêcher le vote des députés.

Chaotique pendant deux semaines à l’Assemblée nationale au grand dam du gouvernement, l’examen du texte de réforme n’a pas été sanctionné par aucun vote des députés en première lecture. En seconde lecture, Elisabeth Borne a dégainé le 49.3 pour passer outre le vote du parlement.

Macron-le-fourbe s’était dit favorable au débat

Le président Macron s’était pour sa part montré ouvert au débat sur le texte, prévu le 8 juin : « pour la majorité, ce sera l’occasion de continuer à expliquer notre projet », avait-il expliqué dans les colonnes de L’Opinion mi-mai.

Pour s’éviter un vote en faveur de l’abrogation de la retraite à 64 ans, l’exécutif pourrait aussi s’appuyer sur la technique du vote bloqué, prévue dans l’article 44.3 de la Constitution: un texte serait bien soumis au vote, mais seulement avec les amendements choisis par le gouvernement.

« Il faut se demander ce qui est pire: l’adoption du texte qui nous mettrait dans une sacrée panade politique ou assumer de bloquer le vote, quitte à se faire moucher quelques jours dans les médias? Je penche pour la seconde réponse« , jugeait un cadre macroniste cité, mais anonymé, par BFMTV, la semaine dernière.

Le gouvernement et la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem et Horizons) pourraient aussi s’appuyer sur des alliés de circonstance: le groupe Les Républicains au Sénat. Au micro de BFMTV, Bruno Retailleau a prévenu: si la proposition de loi Liot est adoptée, « elle ne passera pas » au Sénat. Sans incidence sur le vote des députés en seconde lecture.

Réforme des retraites: visite chahutée d’Elisabeth Borne dans un supermarché d’Eure-et-Loir

Chargée d’apaiser avant mardi, sa seule vue déchaîne la foule

« Le 49.3, on n’en veut pas ». Entre les rayons des couches bébé et des surgelés, plusieurs opposants à la réforme Macron des retraites ont perturbé la visite de Borne dans un supermarché d’Eure-et-Loir, où elle a pu cependant échanger avec des clients sur ce thème et celui de la vie chère.
Venue parler pouvoir d’achat dans l’Hyper U (fédération d’enseignes Système U) de Hanches, petite ville de 2.600 habitants, la locataire de Matignon a d’abord dû changer de porte pour entrer dans le magasin, où l’attendaient près des caisses quelques militants CGT.

« On voulait lui faire un comité d’accueil », explique le syndicaliste Fernand Carré.

« Si ce soir [la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites] ne va pas dans le sens des manifestants, on ne sait pas du tout comment ça va évoluer », prévient-il.

« Ça va se calmer »

E. Borne n’a donc pas pu saluer les caissières comme prévu mais s’est fait présenter le panier anti-inflation par le président de l’enseigne Système U Dominique Schelcher. « C’est au prix coûtant » et « on prend sur nos marges », souligne ce dernier.

Mais en passant près du rayon jardinage, des opposants à la réforme des retraites se mettent à crier. « On ne veut pas des 64 ans madame Borne », ou encore, c’est de « la provocation ».

Imperturbable, la première ministre continue son chemin, avec le dirigeant de Système U jusqu’au rayon des couches pour bébé.

« 49.3 on n’en veut pas », scande alors une femme avec un masque anti-Covid sur le visage, rapidement écartée par les services de sécurité.

Borne s’arrête près d’un caddie rempli de charbon de bois, tenu par un retraité qui cinfirme que « c’est très dur » la hausse des prix. « Ça va se calmer. On est très conscients de ces préoccupations », lui assure la cheffe du gouvernement, avant de lui souhaiter un « bon barbecue ». La saucisse, c’est moins cher.

« Ma priorité, c’est d’apaiser »

« Ça fait plaisir de vous voir », sourit à son adresse une animatrice au rayon nettoyage, quand soudain des manifestants entonnent « on est là » avant d’être éloignés du cortège.

Parvenue au stand des fruits et légumes, la cheffe des ministres dit sa satisfaction que les prix des produits des enseignes participantes au « trimestre anti-inflation », lancé début mars, aient baissé en moyenne de 5%. Mais c’edt un effort des enseignes qui ne coûte rien au pouvoir…

C’est « fort possible que [la contestation] se poursuive », admet, de sa voix rocailleuse de routier, la ministre déléguée au PME Olivia Grégoire, qui accompagne Elisabeth Borne. Mais souligne-t-elle, « sur cinq personnes qu’on a croisées, trois étaient contre et deux dames soutenaient la réforme. On n’est pas à 5-0 ! ». Enquête éclair perso et peu scientifique.

Fragilisée depuis l’emploi à répétition du 49.3, Borne « mesure la colère » qu’elle déclenchée mais assure que cela « ne (l’)empêche pas de (se) déplacer ». « C’est bien pour ça que ma priorité c’est d’apaiser et de répondre aux préoccupations très concrètes des Français » comme le pouvoir d’achat, plaide-t-elle, en annonçant que le Smic augmentera « d’un peu plus de 2% » au 1er mai.

Celle qui disait tenir sa porte ouverte pour les syndicats, mais qui envoya l’intersyndicale se faire voir au ministère du Travail d’Olivier Dussopt, se dit en outre désireuse « que des discussions puissent s’engager avec les organisations patronales et syndicales » sur « beaucoup de mesures prévues dans cette réforme ». Et elle invite au passage les entreprises à « renégocier les grilles salariales » après une inflation en mars un peu plus forte qu’envisagée.


En partant, Elisabeth Borne croise Annie, 23 ans, en recherche d’emploi, qui lui dit qu’elle n’est « pas d’accord avec les 64 ans » et s’inquiète pour l’avenir de sa fille de huit mois, dans un landau. « Si on veut demain (…) des retraites, il faut travailler un peu plus longtemps », lui répond la successeuse de Jean Castex. Mais avant « il faut qu’on vous aide à trouver un job [anglicisme] ». Pour trouver du « boulot », comme disent les macronards qui veulent faire peuple, ne suffit-il pas de « traverser la rue » ?

Aura-t-elle déminé le terrain pour Macron qui a invité les syndicats à l’Elysée mardi? Ils devront éviter de se montrer et compter sur le Conseil constitutionnel pour remballer leur réforme.

Réforme des retraites : DSK règle son compte à Macron

« Ce n’est pas l’âge de la retraite qu’il faut changer », juge l’ancien ministre

Dominique Strauss Kahn donne son avis sur la réforme Macron des retraites et interpelle le président sur les réseaux sociaux. Dans une longue publication postée sur Twitter ce lundi 10 avril, l’ancien président déchu du FMI l’accuse de multiplier les « erreurs ». « Aujourd’hui, ce n’est pas l’âge de la retraite qu’il faut changer, c’est la conception même du système », écrit l’ancien ministre de l’Economie.

Le président de la République aurait commis quatre erreurs. La France doit « sortir d’un système qui repose sur l’âge de départ à la retraite pour construire un système fondé sur la durée de cotisation ». Cette dernière « s’ajusterait lentement et régulièrement avec l’évolution des besoins de financement. »

Et DSK d’approuver ainsi la « réforme systémique » que Macron avait voulu mettre en place lors de son premier quinquennat et qui avait été abandonnée en mars 2020.

Autre erreur de Macron : un mauvais timing. « Le moment n’était-il pas particulièrement mal choisi qui crée une crainte nouvelle sur la retraite quand d’autres détresses assaillent les Français ? 

Passage en force

« Si comme nous l’apprend un sondage récent, près de la moitié des Français les plus modestes ont été amenés à supprimer un repas par jour, alors c’est là qu’est l’urgence, écrit l’ancien ministre socialiste de l’Economie de Lionel Jospin.

Dominique Strauss-Kahn déplore également que « le pouvoir a décidé de passer en force » en utilisant le 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites en « malmenant le peuple français ». Michel Rocard a, quant à lui, malmené le peuple 28 fois, dont 13 en une seule session parlementaire. 

L’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur de Mitterrand juge enfin sévèrement « l’usage disproportionné de la violence physique et verbale » de la part du gouvernement.

Hollande tire sur l’ambulance Macron

Le capitaine de pédalo accuse son successeur d’avoir « exacerbé les tensions »

François Hollande a rappelé l'importance de l'avis du Conseil constitutionnel dans le dossier de la réforme des retraites.
Le bogoss François Hollande a rappelé l’importance de l’avis du Conseil constitutionnel dans le dossier de la réforme des retraites.

François Hollande a évoqué la réforme des retraites lundi matin sur France Inter, pour dire que son projet de réforme des retraites n’est pas « juste ».

Cet ex-président socialiste qui n’a pas pris le risque de se représenter à un second quinquennat a rappelé l’importance de l’avis du Conseil constitutionnel dans ce dossier. « Le président ne peut pas promulguer le texte avant cette décision » qui doit se baser sur « des éléments de droit » et non des faits « d’opportunité », a-t-il rappelé.

Le prédécesseur et mentor de Macron, François Hollande, a mis en exergue une « accumulation d’erreurs » commises par le gouvernement sur la réforme Macron des retraites.

L’exécutif s’apprête à faire face mardi à une dixième journée de mobilisation générale contre la réforme des retraites. Les tensions autour de ce dossier brûlant ne diminuent pas. « On a un niveau de colère et de ressentiment comme rarement j’en ai connu (…) Dans beaucoup de catégories de la population il y a cette même colère, ce sentiment que la démocratie ne fonctionne pas comme elle devrait, que le dialogue ne s’est pas installé, et que l’injustice est au cœur des choix faits, ça fait beaucoup », a analysé François Hollande, invité de BFM Politique, dimanche. L’ancien président de la République a énuméré les « erreurs » empilées par Macron et son gouvernement pour construire cette crise sociale.

Selon l’ancien chef d’Etat, il y a d’abord eu une « erreur de moment ». « Une réforme des retraites, elle peut se justifier dans le mandat, mais là il a été décidé d’une réforme au pire moment, il y a une erreur de moment », a-t-il commencé par expliquer avant de pointer une « erreur de contenu, de sens ». « Une réforme qui demande un effort à ceux qui ont travaillé dur et tôt et rien aux revenus les plus élevés, c’est un contresens », a estimé François Hollande.

L’absence de discussions avec les syndicats décriée

Une « erreur de méthode » est aussi dénoncée : « Quand vous commencez à discuter avec une organisation politique, en l’occurrence les LR, plutôt qu’avec les syndicats, la CFDT qui était prête à s’engager, c’est une nouvelle erreur. »

François Hollande a ensuite jugé qu’il y avait eu une erreur de procédure, « une réforme qui est un sujet large, engagée par une loi de financement de la sécurité sociale puis terminée avec un 49-3 », et une erreur dans la communication, « on l’attendait mardi pour qu’il apaise les tensions, et il les a exacerbées avec des mots désagréables ».

Le Conseil constitutionnel doit encore trancher

Pour François Hollande, « les deux conditions » pour que la réforme des retraites soit mise en place « ne sont pas réunies ».
Cet ancien président n’a pas souhaité sieger de droit au Conseil constitutionnel, comme si sa parole libre pouvait peser…

En conclusion de son entretien, il a formulé « des doutes sur la constitutionnalité de la procédure choisie ». « Etait-il possible de prendre une loi de financement de la sécurité sociale plutôt qu’une loi ordinaire, est ce qu’il y a eu un temps de débat suffisant, si des sujets ne se sont pas immiscés dans la loi qui n’avaient pas leur place… », s’est-il questionné

La semaine dernière, Elisabeth Borne a surpris en déjeunant avec l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Dimanche 4 décembre, dans les colonnes du Figaro, elle a confié vouloir également rencontrer François Hollande, pour « écouter ceux qui ont de l’expérience ». N’est-ce pas l’aveu que le roi est nu ?

Hollande estime que le « débat a été assez long » et que le budget doit être voté, 49-3 ou non.

Marine Le Pen a en revanche critiqué dimanche l’utilisation du 49-3 par le gouvernement pour faire adopter la première partie du budget.

Philippe Caverivière a une appréciation peu complaisante sur le sujet François Hollande : lien TikTok

Des acteurs de la culture demandent le retrait de la réforme Macron des retraites

La gauche bobo pas intello se met en avant scène

Corinne Masiero et les Groseille pétitionnent

Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat, un collectif d’environ 300 salariés de la culture du spectacle demande « le retrait immédiat » de la réforme des retraites qu’ils jugent « injuste » et « inefficace », rapporte Libération, mercredi 22 mars.

Audrey Fleurot, Juliette Binoche, égérie de plusieurs campagnes publicitaires du parfumeur Lancôme, ou encore de la banque Crédit Agricole, en Pologne, Camélia Jordana, Jonathan Cohen, Jean-Pierre Darroussin (PCF), Philippe Katerine, compagnon de Julie Depardieu… Ils sont moins de 300, tous des intervenants plus ou moins connus du monde du spectacle – soutiens des « black bourges »- à avoir signé une tribune destinée à Macron pour affirmer leur opposition à la réforme des retraites. 

Audrey Fleurot

« Monsieur le président de la République, vous avez choisi de faire passer en force une réforme des retraites injuste, inefficace, touchant plus durement les plus précaires et les femmes, rejetée par l’immense majorité de la population, et même minoritaire à l’Assemblée nationale », dénonce le collectif dans une lettre ouverte diffusée par Libération, mercredi 22 mars.

Philippe Katerine

Marqués à gauche et professionnels de la pétition, ces interprètes de la culture déplorent notamment « la méthode du passage en force par le 49.3 » dégainé par le gouvernement, jeudi 16 mars, permettant de faire passer la réforme sans vote à l’Assemblée nationale. « Des professions sont en grève depuis plusieurs semaines (…) Ils se mobilisent pour nous toutes et tous, avec un sens de l’intérêt général qui force notre respect et qui semble au contraire avoir disparu de la tête de nos gouvernants », poursuivent-ils dans cette tribune rédigée à l’initiative de Gilles Perret, qui filma la campagne de Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2017, de Samuel Churin, proche d’Olivier Py et acteur de la Coordination des Intermittents et Précaires, et de Denis Gravouil, secrétaire général de la Fédération nationale CGT des syndicats du spectacle.

Gravouil

« Nous ne voulons pas déplorer (…) de décès dans ces manifestations »

Isabelle Nanty, véhicule d’une certaine image de la ménagère

« En ce qui concerne nos professions, notre ministère de tutelle n’a produit aucune réponse aux demandes d’étude d’impact de la réforme, en particulier pour nombre d’artistes et techniciens intermittents du spectacle, d’autrices, d’auteurs », regrette le collectif, réunissant aussi Isabelle Nanty, Abd al Malik, salafiste, et Corinne Masiero. « Des enquêtes ont largement démontré que cette précarité est encore plus grande pour les femmes que pour les hommes, que les rôles se font plus rares après 50 ans pour nous, comédiennes par exemple », détaillent-ils.

Binoche, nantie par de L’Oréal

« M. le Président, nous sommes solidaires de celles et ceux qui font grève et manifestent avec raison contre cette loi injuste et impopulaire. Nous ne voulons pas déplorer de victimes de blessures graves, ou pire de décès, dans ces manifestations : la raison et la démocratie imposent le retrait immédiat de cette réforme des retraites », demandent ainsi les professionnels de la culture, à la veille de la neuvième journée de mobilisation contre la réforme.

Ignobles menaces contre Aurore Bergé et son bébé, dans le contexte révolutionnaire d’extrême gauche

« Ignoble », « intolérable » climat de terreur inspiré de 1793 et créé par la réforme Macron des retraites

La patronne des députés Renaissance a partagé sur les réseaux sociaux une lettre dans laquelle son enfant et elle, en couple avec Grégory Besson-Moreau, député RE de Bar-sur-Aube (Aube) sont visées par des injures et des menaces.

 « Il est si petit son rejeton, il pourra pas s’enfuir. Feu, batte de base ball, barre de fer. Tout sera, non, tout est bon pour vous éradiquer« , peut-on lire sur la lettre relayée par la cheffe de file des députés du parti présidentiel.

« Prenez garde tous les jours, et surtout la nuit », met encore en garde la lettre.

« C’est infâme. Juste infâme », a simplement ajouté la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale. Aurore Bergé avait fait connaître quelques heures plus tôt son soutien à sa collègue députée de Marly-le-Roi (Yvelines) Marie Lebec, elle aussi visée par des menaces: « cela doit cesser ».

Hormis LFI de Mélenchon, la condamnation est unanime des excès des émeutiers contre la réforme Macron des retraites. Des élus de tout bord déplorent d’une seule voix la lettre de menaces reçue par la cheffe des députés Renaissance Aurore Bergé la visant elle et son enfant de 4 mois et qu’elle a dévoilé vendredi.

Tous dénoncent une attaque « ignoble » et « abominable », alors que les menaces et actes malveillants touchent nombre d’élus depuis l’usage du 49.3 par l’exécutif sur les retraites.

« Honte à l’auteur de ce torchon (…). C’est ignoble et cela doit être condamné », dénonce l’allié ré-assumé de Mélenchon et ses hordes, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure sur Twitter, ce samedi.

Aurore Bergé a posté vendredi sur Twitter un cliché de la lettre reçue et dans lequel l’auteur la menace de s’en prendre au moyen d’une « batte de base ball » ou « d’une barre de fer » à son enfant. « C’est infâme », s’est-elle indignée.

« Ces menaces sont immondes »

Hors Olivier Faure, d’autres ont exprimé leur soutien à la députée de la majorité présidentielle. « Ces menaces sont immondes », a assuré la sénatrice PS Laurence Rossignol.

« Ces menaces sont abjectes et franchissent un nouveau seuil de violence », a aussi déploré la vice-présidente PS de l’Assemblée nationale Valérie Rabault.

Pour le député écologiste Benjamin Lucas, « aucune cause ne saurait justifier ce torchon abject ».

« Le summum de l’ignominie »

« Un degré dans l’horreur a été franchi. Ignoble et abominable! », estime sur Twitter Eric Ciotti, président des Républicains, adressant « tout (son) soutien » à Aurore Bergé.

Pour la rivale Rassemblement national de Macron à la présidentielle, Marine Le Pen, « le summum de l’ignominie est atteint! » avec cette lettre visant une élue et un jeune enfant de quelques mois.

« Ces menaces contre les élus doivent cesser, tout cela est intolérable », appelle-t-elle.

Les menaces aux élus accrues avec le 49.3

Des membres du gouvernement ont eux aussi apporté leur soutien à Aurore Bergé. « Mon soutien plein et entier chère Aurore. Ces attaques ignobles renforcent notre détermination à ne rien laisser passer. Ensemble », assure la ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome, tandis que la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna dénonce une attaque « inacceptable ».

« Il n’y a pas de mot pour décrire l’abomination de ces menaces », a pour sa part estimé Renaud Muselier, ancien membre des Républicains, désormais président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’élu dit espérer que « les auteurs soient retrouvés et très sévèrement punis ».

La présidente des députés Renaissance à l’Assemblée nationale avait écrit la semaine passée au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour demander d’assurer « protection des parlementaires » en lien avec la mobilisation sociale contre la réforme des retraites et le recours du gouvernement au 49.3.

Aurore Bergé, déjà menacée de mort en janvier 2019

« Tu parles trop, tu as été reconnue coupable de tes crimes« , peut-on notamment lire dans ce courrier anonyme, sous forme de sentence d’un tribunal révolutionbaire, envoyé à son bureau de l’Assemblée nationale.

Aurore Bergé, élue de La République en marche dans les Yvelines, a posté sur Twitter, lundi 7 janvier, une photo d’une lettre d’insulte et de menace de mort anonyme reçue à son bureau de l’Assemblée nationale. « Tu parles trop, tu as été reconnue coupable de tes crimes » peut-on lire dans ce courrier, qui lui promet aussi de la brûler « au fer chaud » et de la « décapiter ». « Vouloir nous faire vivre sous la menace est inadmissible. Penser que l’on cédera à la peur est mal connaître les députés LREM », écrit Aurore Bergé.

Une orthographe faussement défectueuse par un soudard sadique


En commentaires, plusieurs députés LREM ont apporté leur soutien à leur consœur. La secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, y va aussi de son mot : « C’est ton courage, ta liberté de femme, tes convictions et ta parole d’élue qui sont visés par ces propos infâmes. Que ces menaces soient condamnées. »

Ce courrier intervient dans un contexte tendu pour les élus de la majorité. Depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », plusieurs députés ont vu leur domicile ou leur permanence parlementaire dégradés. D’autres ont été menacés sur les réseaux sociaux ou directement.

Macron sur France 2 et TF1: l’opposition tance un président bouché à l’émeri

Au JT de 13h, Macron « ne comprend pas » mieux qu’au 20h

Des représentants de la NUPES à ceux du RN en passant certains élus LR, l’intervention du président Macron en direct a plus agacé qu’apaisé.

Après l’interview de Macron sur France 2 et TF1, l’opposition tance un président qui « ne comprend pas »
Entretien de Macron
le 22 mars 2023
sur France 2 et TF1

« On ne s’attendait à rien. Mais rien eût été mieux », cingle l’écologiste Sandrine Rousseau à l’issue de la prise de parole d’un Macron plus hors sol que jamais, ce mercredi 22 mars. En pleine contestation de sa réforme des retraites en dépit de son adoption (au forceps) au Parlement, les réponses du président de la République ont ulcéré les élus de tous bords, de la NUPES au Rassemblement national (RN) en passant par certains LR.

« C’est hallucinant, il est dans un déni absolu », a déclaré le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure depuis l’Assemblée nationale. « Je crains qu’il n’ait mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé », a-t-il ajouté, tandis que son collègue de l’hémicycle Boris Vallaud résume : « Sarkozy sur la forme. Fillon sur le fond. Pasqua sur le maintien de l’ordre. »

Itw hallucinante d’un pdt qui ne reconnaît qu’1 erreur : ne pas avoir réussi à convaincre. Assimile les manifestants… https://t.co/2g8Z8ON5vp— Olivier Faure (@faureolivier)

Voir le tweet

Devant la presse, Mélenchon n’a vu, quant à lui, dans le discours que « les marques traditionnelles du mépris dont (le président de la République) nous a accablés jusque-là ». Son successeur à la tête de La France Insoumise Manuel Bompard appelle, lui, à poursuivre « le bras de fer dans la rue et dans la grève » en déferlant « par millions » jeudi 23 mars à l’appel des syndicats, tandis que le député de la Somme François Ruffin constate sur BFMTV : « M. Macron arrive à faire l’union de François Ruffin, Laurent Berger, Charles de Courson et Léna Situations [vidéaste web, influenceuse et entrepreneuse française.]», en référence à la prise de position de l’influenceuse qui a dénoncé le recours du gouvernement au 49-3.

François Ruffin (LFI): « M. Macron arrive à faire l’union de François Ruffin, Laurent Berger, Charles de Courson et… https://t.co/xaHJ8qJQMt— BFMTV (@BFMTV)

Voir le tweet

#Macron a donc choisi le passage en force plutôt que d’écouter l’immense majorité des français et l’ensemble des sy… https://t.co/f8y73wT6xP— Manuel Bompard (@mbompard)

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Le « mépris » de Macron pour « la France qui travaille » est aussi revenu chez Marine Le Pen« Il a comparé la foule, c’est-à-dire les manifestants dans leur ensemble, à ce qui s’est déroulé au Capitole, au Brésil. Il dit qu’il respecte mais il insulte tous les Français, tous ceux qui, en vertu du respect de la Constitution, manifestent y compris pacifiquement, ou ceux qui sont en grève », a fustigé lors d’une conférence de presse l’ancienne candidate à la présidentielle à la tête des députés RN.

Marine Le Pen dénonce « le mépris » d’Emmanuel Macron https://t.co/MKpvOVtQOn— BFMTV (@BFMTV)

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Macron « ne comprend pas »

Quel que soit le camp, le même reproche est revenu : celui d’un président qui « ne comprend pas » les Français et leur colère. La Secrétaire nationale des Verts Marine Tondelier s’est ainsi dite « glacée par la démonstration d’autosatisfaction du président » qui, à ses yeux, a tenu des « propos offensants »« On a affaire à un complet décalage entre la colère des gens, le nombre de manifestants et la vacuité des réponses. Que lui faut-il pour comprendre qu’il faut qu’il change de ton, d’attitude, qu’il respecte les Français, les syndicats ? », ajoute-t-elle sur France Inter.

Glacée par la démonstration d’autosatisfaction du Président #Macron. Outre ses propos méprisants et même offensant… https://t.co/xjplDa5fgD— Marine Tondelier (@marinetondelier)

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« Emmanuel Macron ne comprend pas. Ne rien changer, attendre, bidouiller, c’est jouer avec le feu. Comment ignorer à ce point les Français ? », tweete aussi le député LR du Lot Aurélien Pradié, l’un des opposants de droite les plus hostiles à la réforme. Sur franceinfo, son collègue Fabien Di Filippo abonde et considère « le chapitre » sur les retraites « est loin d’être clos ». Le président de la République « ne comprend pas les ressorts du pays, la défiance qui traverse la France qui travaille, qui en a marre de tout pays et qui ne bénéficie d’aucune aide », estime l’élu de Moselle.

Emmanuel Macron ne comprend pas. Il ne comprend pas les fractures immenses de la Nation. Il ne comprend pas que… https://t.co/vAwJybgU4w— Aurélien Pradié (@AurelienPradie)

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L’élu RN de l’Oise Philippe Ballard résume à sa manière l’intervention présidentielle en quelques mots : « mépris des Français et mensonges XXL ».

Résumé de l’intervention d’Emmanuel Macron : mépris des Français et mensonges XXL. Le combat se poursuit !— Philippe Ballard (@BallardPhilippe)

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Quant au patron du PCF Fabien Roussel, il compare désormais la situation politique à « une cohabitation » entre Emmanuel Macron et les Français« Rien » dans son discours n’est « à même d’apaiser la colère légitime qui s’exprime contre la retraite à 64 ans », juge-t-il.

Le président de la République n’a pas crispé que les oppositions politiques. Immédiatement après la fin de sa prise de parole, Laurent Berger l’a accusé de mentir sur la position de la CFDT pendant les consultations sur la réforme. « « Il n’y a aucune réponse du président de la République.(…) Soit il a une méconnaissance de notre système et c’est très grave, soit il se fout de notre gueule », réagit le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. On est loin de lapaisement espéré.

Quoi de neuf, donc, Philippe Caverivière?

Mépris de Macron: Bayrou désapprouve son clivage entre « peuple » et « foule »

Nouveau dérapage de Macron qui oppose le « peuple » à la « foule » des mécontents

François Bayrou président n’aurait « pas dit les choses comme ça. » Le président du MoDem, donc allié de Macron, a pris ses distances avec des déclarations du président de la République qui a déclaré la veille que « la foule » qui s’exprime dans la rue n’est pas « légitime » face « au peuple qui s’exprime à travers ses élus ». Que dire alors d’un président claquemuré à l’Elysée ou à la Lanterne qui refuse de recevoir les syndicats qui s’expriment dans la rue ?

Le commissaire au Plan n’est pas allé jusqu’à parler de « dérapage » ou de « bras d’honneur » comme certains représentants de la minorité présidentielle l’opposition. Pour autant, « moi, je n’aurai pas dit les choses comme ça », indique-t-il prudemment sur franceinfo, ce mercredi 22 mars, estimant que « chacun a sa légitimité ».

« Pour ma part, je ne nierai pas légitimité des manifestations. Quelque chose s’exprime », nuance François Bayrou, précisant avoir raté le dîner qui a réuni les parlementaires de la majorité à l’Elysée dans la soirée, car retenu par un autre engagement. Il avait piscine…

Le centriste ne s’est pas pour autant désolidarisé franchement des propos du président : pour exister, il a besoin des circonscriptions législatives que Macron veut bien lui réserver. « Le président de la République a eu une formule. La mienne est un peu différente mais je donne l’illustration de la formule » de Macron. Illustration qu’il est alle chercher Outre-Atlantique, aux Etats-Unis, avec l’intrusion dans le Capitole des partisans de l’ex-président Donald Trump, le 6 janvier 2021. « Lorsqu’ils ont attaqué le Capitole, c’était une foule, mais elle n’avait pas la légitimité des institutions », a-t-il expliqué.

« Les manifestations ont leur légitimé. Mais ce n’est pas une légitimité supérieure à la légitimité démocratique. La Constitution dit que la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce au travers de ses représentants », ajoute-t-il, legitimant les violences de rue.

L’autre avertissement d’un affidé de la Macronie

Cette sortie de Macron a indigné les oppositions, le député du groupe LFI François Ruffin qualifiant par exemple Macron de « pompier pyromane ». « Ce n’est pas la foule qui s’oppose à Emmanuel Macron, c’est le pays tout entier, presque », estime-t-il sur LCI, tandis que la cheffe du groupe Mathilde Panot parle de « provocation ».

L’écologiste radicale Sandrine Rousseau estime que « quand il utilise le terme foule, on a l’impression d’une horde de sauvages. » « Mais nous ne sommes pas une horde de sauvages. Nous sommes un mouvement social et ça se respecte », assène-t-elle. La représentation que se fait EELV de la foule est à la hauteur de son idéologie archaïque…

« C’est un vocabulaire qui m’inquiète un peu de la part du président de la République. (…) Le rôle du président de la République c’est de chercher à apaiser dans ces moments-là et pas de donner le sentiment de jeter de l’huile sur le feu », pointe sur France Inter le président du groupe LR Olivier Marleix, qui juge « urgent qu’il rectifie le tir et change de vocabulaire lors de son intervention de ce midi ».

Sur Europe 1, le député de Paris Gilles Le Gendre a volé au secours du président de la République, estimant qu’il n’a rien dit de faux : « Le président enfonce une porte ouverte: dans notre pays, c’est le Parlement qui décide, qui vote la loi », rappelle-t-il, considérant que c’est un détail de la démocratie que les representants de la nation ne soient pas représentatifs. Avec cependant un petit conseil, en amont de sa prise de parole très peu attendue aux journaux de 13h00 de TF1 et de France 2 à l’adresse donc de la ruralité et des retraités qui ne manifestent pas dans la rue: « En revanche, s’il s’agit de dire aux Français que nous avons parfaitement compris la gravité de la crise, alors là oui, il faut le dire, la foule doit être entendue. Ce que j’attends du président lors de son intervention, c’est que précisément il porte un diagnostic sans concession sur la situation relativement grave que nous connaissons depuis quelques semaines », indique-t-il. Sera-t-il, lui aussi, inaudible ?

Appels de syndicats enseignants à la grève, malgré des épreuves du bac, lundi

Jusqu’au-boutisme révolutionnaire d’enseignants de nos enfants

Lycée Henri IV, ce jour

Alors que la mobilisation sociale contre la réforme des retraites est encore forte dans l’Education nationale, les premières épreuves du baccalauréat doivent pourtant avoir lieu lundi, mardi et mercredi prochains,

Vendredi 17 mars 2023, des universités et lycées à Paris et en Ile-de-France ont même été bloqués depuis le recours au 49.3 pour imposer la réforme des retraites sans vote du Parlement.

« Pendant le Bac la grève continue », écrivent ce vendredi dans un communiqué plusieurs syndicats bretons de l’Education nationale, appelant à continuer la mobilisation contre la réforme des retraites la semaine prochaine.

L’appel de la CGT Educ’action, snFOlc (Syndicat National Force Ouvrière Lycées Collèges), SNES-FSU Bretagne, Sud éducation du 17 mars 2023 à diffuser largemen à la mobilisation inclut « les surveillants » des épreuves qui doivent se tenir lundi, précise une source syndicale.

Le SNES-FSU a ainsi déposé « un préavis de grève qui couvre toute la semaine du 20 au 24 mars », écrit sur son site la branche de Toulouse. Ce syndicat « appelle tous les collègues à poursuivre la mobilisation pendant les épreuves de spécialité du baccalauréat, y compris par la grève des surveillances là où les équipes le décident. »

L’intersyndicale interprofessionnelle, toujours totalement unie, appelle, au soir du 16 mars, à participer aux rassemblements intersyndicaux de ce week-end, et à être en grève et dans les manifestations le jeudi 23 mars, lit-on sur le site SNES-FSU de Toulouse. Il s’git de hausser encore le niveau de mobilisation, dans tous les établissements, pour gagner, face à un gouvernement désormais sans majorité.

Le gouvernement « porte l’entière responsabilité » des conséquences

SUD éducation – révolutionnaire trotskiste – revendique également « le retrait de la réforme des retraites et appelle les personnels de l’éducation à (…) décider la grève le jour des épreuves de spécialités, les 20, 21 et 22 mars ».

Le mouvement est également suivi par la CGT, qui écrit dans un communiqué ce vendredi le gouvernement « porte l’entière responsabilité des grèves et de leurs conséquences sur le baccalauréat ».

Cet appel à la grève pour les premières épreuves du baccalauréat survient dans un contexte de tensions entre les enseignants et le ministère de l’Education nationale sur cet examen.

L’épouse n’a rien à dire sur le sujet et c’est pourtant une profession qu’elle a exercée. Le mythe veut qu’elle ait été convaincante… Brigitte Macron, favorable à la retraite à 67 ans, a pris la sienne à 62 ans.

Plusieurs associations de professeurs de spécialités dénoncent en effet depuis plusieurs semaines le calendrier des épreuves du baccalauréat arrivant trop tôt dans l’année et obligeant à traiter les programmes trop vite dans un temps limité. 

Le SNES-FSU a aussi déposé un préavis de grève qui couvre toute la semaine du 20 au 24 mars, en collège, en lycée, en CIO. Il appelle tous les collègues à poursuivre la mobilisation pendant les épreuves de spécialité du baccalauréat, y compris par la grève des surveillances là où les équipes le décident. Il soutient les actions de reconduction décidées localement.

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Les jeunes bougent dans les lycées et facultés contre la réforme des retraites et le 49.3

Des élèves du lycée Henri-IV bloquent l’entrée du lycée

Des élèves bloquent l’entrée principale du lycée Henri IV, à Paris, le 17 mars 2023

Vendredi 17 mars 2023, des universités et lycées à Paris et en Ile-de-France sont bloqués depuis le recours au 49.3 dégainé par Borne pour imposer la réforme Macron des retraites.

« Même nous, on en a marre. » Les élèves du prestigieux lycée Henri-IV à Paris entendent montrer leur opposition à la méthode Macron pour faire passer la réforme des retraites. Ils se sont mobilisés pour la première fois ce vendredi.

Les élèves intellos-bobos du lycée Henri-IV à Paris entendent montrer leur opposition à la méthode employée par le gouvernement pour faire passer la réforme des retraites. Ils se sont mobilisés pour la première fois ce vendredi.

Une rangée de poubelles érigées en barricade bloquait, vendredi 17 mars au matin, l’entrée principale du lycée parisien Henri-IV, l’un des établissements publics les plus bourgeois et élitiste de France. Perchés dessus, les élèves dansent, chantent des slogans révolutionnaires. C’est la première fois qu’ils se mobilisent. Leur colère est attisée par l’utilisation du 49.3 par Macron pour imposer le texte sur la réforme des retraites, sans vote. « J’ai trouvé ça complètement aberrant, raconte Tara, lycéenne, et absolument pas démocratique, parce que le gouvernement n’a pas entendu la voix des Français. Mais le combat continue. Nous, on est très déterminés à faire entendre notre voix et à faire entendre la voix de toute la jeunesse. Parce que nous serons concernés plus tard. »

Comme dans une cinquantaine de facultés ou d’écoles en France, des lycéens réagissent par des mouvements de blocage ou d’occupation de locaux. C’est en mobilisant toute la jeunesse que ces élèves privilégiés à Henry-IV espèrent faire plier le gouvernement.

Des étudiants de la Sorbonne ont d’ailleurs rejoint la mobilisation. « On a besoin d’être là en soutien de tous ceux qui bloquent et qui se mobilisent contre la réforme des retraites, confirme Romain étudiant en licence de géographie. « C’est important d’être solidaires et de s’aider dès qu’on peut. »

« L’utilisation du 49.3 nous a un peu assommés et pris de court. Maintenant, il faut se mobiliser, faire pression sur le gouvernement et sur le président pour que le projet de loi soit retiré. » Romain étudiant en licence de géographie (franceinfo)


Ce soutien étudiant donne de l’espoir à Razi, élève de première : « C’est bien qu’on ait une solidarité entre étudiants et lycéens, ça fait plaisir, ça montre qu’on n’est pas seuls. Ça nous encourage aussi à continuer pour faire comprendre, avec un peu de chance, au gouvernement que la population est contre sa réforme. » Avec un peu de chance, dit Razi car la question qui se pose maintenant, c’est de tenir dans le temps. Pas si simple. « On espère pouvoir refaire des blocus, mais je pense que ce n’est pas très réaliste, reconnaît Naé. Cela demande vraiment beaucoup d’efforts et les gens ont trop envie de travailler, malheureusement ! Mais déjà, rien que le fait que ça se soit passé une fois, montre que même nous, on en a marre ! »

Ces lycéens n’appellent pas au blocage de l’établissement parisien lundi pour le début des épreuves de spécialité du bac. Ils comptent sur la mobilisation des travailleurs, sur les grèves et les manifestations.

La prochaine mobilisation intersyndicale se tiendra jeudi 23 mars. En attendant, ils peuvent aussi compter sur le soutien des automobilistes qui passent devant leur lycée.

Parmi les lycées qui se mobilisent à l’instar de l’établissement Henri IV dans le 5e arrondissement, citons d’autres tout aussi peu exposés comme Racine dans le 8e, Jules Ferry dans le 9e ou encore Turgot dans le 3e. 

Des campus de la Sorbonne bloqués, une AG prévue à Tolbiac

Vendredi 17 mars 2023, les blocages se multiplient dans les facs et les lycées d'Île-de-France. Les étudiants se mobilisent contre le recours au 49.3 dans le cadre de la réforme des retraites.
Vendredi 17 mars 2023, les blocages se multiplient dans les facs et les lycées d’Ile-de-France. Les étudiants se mobilisent contre le recours au 49.3 dans le cadre de la réforme des retraites.

A Paris, les étudiants des différents sites de la Sorbonne sont mobilisés. C’est notamment le cas du centre René Cassin (13e arrondissement) et du campus Nation (12e arrondissement). Sur le campus de Paris Cité, des voix se sont élevées pour appeler au rassemblement, alors que les étudiants parisiens se sont donnés rendez-vous à 11 heures à Tolbiac

Dans les Hauts-de-Seine, c’est la fac de Nanterre qui a été bloquée par des poubelles aux premières lueurs du jour. En Seine-Saint-Denis, l’université de Paris 8 à Saint-Ouen fait également l’objet d’un blocage. 

49.3 : Darmanin demande aux préfets de renforcer la protection des élus

Le ministre de l’Intérieur acte un climat insurrectionnel

Le ministre Gérald Darmanin a condamné les menaces dont font l'objet les parlementaires, après le déclenchement du 49.3 décidé par Emmanuel Macron. AFP/Kenzo TRIBOUILLARD

Depuis le coup de force institutionnel du 49.3 décidé par Macron sur la réforme des retraites refusée par une majorité de Français, le gouvernement ne peut plus désormais ignorer la colère sociale qui se développe. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a envoyé dès jeudi soir un message à tous les préfets leur demandant leur plus grande « vigilance » et « entière mobilisation pour garantir la sécurité de l’ensemble des élus de notre République. » « Les élus, notamment les parlementaires, font parfois l’objet de menaces, d’outrages, d’injures ou encore d’actes de malveillance tels que des dégradations de bien. Ces actes d’intimidation et violences sont inacceptables », affirme le ministre dans un télégramme. « Je vous demande de maintenir fermement le dispositif mis en œuvre à la suite de mes précédentes instructions dans l’objectif de prévenir toute atteinte envers les élus et de réagir promptement en cas d’incident. »

Une surveillance près des permanences d’élus. Ce dispositif passe par une « surveillance aux abords des permanences de parlementaires et de leur domicile » mais aussi une « veille renforcée sur les réseaux sociaux » ou encore « informer les élus des démarches à suivre en cas d’incident », indique Gérald Darmanin.

Plus tôt dans la soirée, la patronne des députés Renaissance Aurore Bergé avait alerté Darmanin des craintes des élus RE, demandant au ministre de l’Intérieur de « mobiliser les services de l’Etat » pour la « protection des parlementaires » de la majorité, pris pour cible par des opposants à la réforme des retraites. « Je refuse de voir des députés de mon groupe, ou tout député de la Nation, avoir peur de leur expression individuelle, peur de voter librement car il craindrait des représailles », a écrit l’élue dans un courrier au ministre.

« Suite au courrier que vous m’avez adressé (…) je tiens à vous confirmer que la protection des élus est actuellement et plus que jamais la priorité du ministre de l’Intérieur », lui a répondu Gérald Darmanin.

De « possibles débordements ». Le déclenchement jeudi par la première ministre Elisabeth Borne de l’arme constitutionnelle du 49.3, pour faire adopter définitivement – en force, sans vote – la réforme des retraites par l’Assemblée, a été suivi de rassemblements dans plusieurs villes de France et de manifestations émaillées de tensions. Plusieurs responsables syndicaux dans les secteurs du transport et de l’énergie ont par ailleurs annoncé de possibles « débordements » ou « actions individuelles » de salariés de la base. Dejà des parlementaires de la majorité, mais aussi de LR, ont subi des coupures de courant ou des dégradations de permanences.

Guérilla avec la police au rassemblement de la gauche à la Concorde contre le 49.3

La NUPES a rassemblé les conditions des affrontements: plusieurs milliers de manifestants étaient convoqués 

La manifestation anti-réforme Macron des retraites était interdite Place de la Concorde, à deux jets de pierre du palais de l’Elysée.

Initialement, la préfecture de police avait pris hier un arrêté d’interdiction de la manifestation sur la place de la Concorde, officiellement en raison des risques liés au chantier de restoration de l’Obélisque, mais officieusement pour éloigner les manifestants en colère de la résidence présidentielle. Le juge administratif a finalement suspendu cet arrêté, considérant que cette place n’est pad un lieu de manifestation.

En « colère » ou « révoltés »: plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans plusieurs villes de France jeudi pour protester contre la réforme des retraites et le déclenchement de l’article 49.3, des manifestations parfois émaillées de tensions en début de soirée.

Dans l’après-midi, des manifestants se sont rassemblés à l’appel du syndicat Solidaires place de la Concorde, non loin de l’Assemblée nationale où Elisabeth Borne a déclenché l’article 49.3.

Des représentants de plusieurs organisations de jeunesse, syndicats étudiants (Alternative), et organisations politiques (Jeunes insoumis, Jeunes écologistes, NPA Jeunes), à l’initiative de cette manifestation, étaient présents. Ils ont été rejoints par des travailleurs: cheminots, raffineurs notamment, puis par des manifestants massés près de l’Assemblée nationale et par un cortège de plus de 1.600 jeunes parti de la place de la Sorbonne, aux cris de « Emmanuel Macron, président des patrons, on vient te chercher chez toi » et « A bas le 49.3 », a constaté une journaliste.

Selon une source policière, Ils étaient « quelques milliers », de source policière, à Paris, où les forces de l’ordre sont intervenues en début de soirée. Selon la préfecture de police, les forces de l’ordre sont entrées en action, notamment avec des canons à eau, après une tentative de dégradation du chantier de l’Obélisque, au centre de la place. Ces interventions ont provoqué d’importants mouvements de foule sur la place, selon des journalistes.

Des incidents ont aussi éclaté dans d’autres villes comme à Marseille sur la Canebière, où des jeunes masqués ont fracassé la vitrine d’une agence bancaire et un panneau publicitaire, tandis que d’autres ont mis le feu à des poubelles aux cris de « à bas l’Etat, les flics et le patronat », a rapporté un journaliste.

A Amiens, dans la ville de Brigitte Macron, où 1.000 à 1.500 manifestants ont défilé, selon la préfecture, les CRS ont fait usage de gaz lacrymogènes, tout comme à Lille. A Dijon, où 700 personnes se sont rassemblées, certains s’en sont « pris aux forces de l’ordre et ont commis des dégradations », tandis qu’un mannequin à l’effigie du président de la République a été brûlé, selon la préfecture.

« Le 49.3, ça renforce forcément un peu la détermination », a témoigné Ruben, 20 ans, étudiant en sciences politiques à Paris 1 rencontré Place de la Concorde. « On est presque dégoûtés parce qu’on se mobilise depuis des semaines, et derrière, la seule réponse du gouvernement, c’est l’utilisation du 49.3 », a-t-il dénoncé.

Engéline Allée, 48 ans, travaille à la RATP. « Elisabeth Borne a déclenché le 49.3. Elle a déclenché une bombe. Ça va mettre les gens encore plus en colère », juge-t-elle estimant que « tout le gouvernement devrait démissionner ».

« Tout le monde grogne »

A Grenoble, 200 à 300 personnes se sont rassemblées dans l’après-midi devant la préfecture. « Je m’étais dit qu’ils respecteraient un peu la démocratie. A priori je suis très naïve donc j’ai été surprise, je croyais qu’ils n’allaient pas oser user du 49.3 », explique Karen Mantovani, agente d’accueil à la CPAM et déléguée syndicale CGT. « Tout le monde grogne mais ça manque d’action », regrette-t-elle, se disant « révoltée ».

A Lyon, une manifestation a rassemblé quelque 400 personnes vers 17h00 devant la préfecture aux cris de « Macron démission ». Plusieurs milliers de personnes se sont également réunies à Toulouse, a constaté la presse.

A Lille, où plusieurs centaines de personnes étaient réunies sur la place de la République, « il y a de fortes probabilités qu’on durcisse le mouvement », prévient Sandrine Desmettre, déléguée CGT chez Malakoff Humanis. « On se disait: avec tout le monde qui s’exprime contre cette réforme, un 49.3, (…) ils vont quand même pas oser. Ben si. Maintenant c’est la colère. Il y a vraiment de l’abus ».

Trois Intercités étaient bloqués en soirée entre Clermont-Ferrand et Paris en raison de manifestants présents sur les voies à Moulins qui empêchaient la circulation depuis 18H30, selon la SNCF.

A Bordeaux, environ 300 personnes se sont rassemblées, des rassemblements spontanés ont également eu lieu à Strasbourg ou encore Besançon (500 personnes selon la police), où des sacs poubelles ont été déposés devant la préfecture.

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Borne et Macron opposent le 49.3 à une majorité d’opposants dans le pays à la réforme des retraites

Coup de force de Borne dans un tohu-bohu de la NUPES

Macron a appelé Elisabeth Borne à engager jeudi 16 mars sous les huées la responsabilité du gouvernement par le 49.3 pour imposer la réforme des retraites, sans vote de validation. La séance finale à l’Assemblée nationale a été levée en attendant le dépôt de plusieurs motions de censure.

Elisabeth Borne déclenche le 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites

Réforme des retraites 2023 : Élisabeth Borne déclenche le 49.3
Les forces de l’ordre ont pris position devant l’Assemblée nationale, où s’est ouvert jeudi 16 mars la séance décisive où les députés devaient procéder à l’ultime vote avant l’adoption du projet de réforme des retraites.

Sous les huées des députés de l’opposition, chant et pancartes bafouant le réglement, Elisabeth Borne a engagé la responsabilité du gouvernement en dégaînant le 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites qui n’aura reçu aucun vote favorable. Le gouvernement a finalement décidé de passer outre un vote à l’Assemblée. Un conseil des ministres s’est réuni en début d’après-midi à l’Elysée pour ouvrir la voie à cette procédure.

La gauche est experte en désordre à l’Assemblée. Le 21 janvier 2009, le Parti Socialiste avait dé « bordélisé » l’hémicycle à propos d’une réforme de procédure:

Lien INA

Après la prise de parole de la première ministre, Gaël Braun-Pivet a levé la séance.

La séance finale s’est ouverte à l’Assemblée nationale sous les huées

La séance finale s’est ouverte jeudi 16 mars à 15 heures à l’Assemblée nationale sous les huées. Les députés de la Nupes ont entonné la Marseillaise et ont brandi des pancartes « 64 ans, c’est non ». Après une suspension de deux minutes, Elisabeth Borne a pris la parole sous les protestations des députés pour activer l’article 49.3 sur le texte du projet de loi réformant les retraites.

L’intersyndicale réitère son appel à « voter contre » la réforme

Les syndicats engagés dans la bataille contre la réforme des retraites ont réitéré jeudi leur appel aux députés à « voter contre » le texte « injuste » et « brutal », aux abords de l’Assemblée.

« L’intersyndicale vous demande avec force, au nom de l’immense mouvement social et populaire opposé au recul de l’âge légal de départ en retraite, de voter contre le projet de réforme », a déclaré François Hommeril (CFE-CGC) au nom des organisations syndicales. « L’Assemblée nationale et le vote de ce jour ont un rôle crucial pour stopper cette réforme fondamentalement injuste et déconnectée de la réalité du travail », a-t-il également affirmé.

Macron a réuni les poids lourds du gouvernement

Plusieurs réunions sur le sort de la réforme des retraites se sont tenues au fil de la journée à l’Élysée autour d’Emmanuel Macron, avec les chefs du camp présidentiel et les poids lourds du gouvernement. Une dernière s’était ouverte vers 14 heures, moins d’une heure avant la séance finale de l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites

Outre la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne, les réunions ont réuni les ministres du travail Olivier Dussopt et des relations avec le Parlement Franck Riester ainsi que les chefs de parti et de groupe à l’Assemblée nationale et d’autres figures de la majorité comme les ministres Olivier Véran, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu ou Gabriel Attal

Jusqu’au dernier moment, le chef de l’État et ses partisans ont débattu des risques des deux options possibles : solliciter un vote à l’Assemblée nationale ou bien recourir au 49.3 qui permet une adoption du projet sans vote, qui est la solution finalement choisie.

Sur le fond de la nécessité et de l’urgence de la réforme Macron des retraites, écoutons l’avis de l »économiste Michael Zemmour: