La nouvelle ministre, à peine nommée, des révélations aux appels à la démission
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Les signalements de Mediapart sur la scolarisation des enfants de la ministre de l’Education nationale dans un prestigieux établissement privé ont atteint leur objectif au-delà de ce que le site révolutionnaire trotskiste espérait. Ses révélations ont en effet conduit à un mensonge de la ministre et à des appels à la démission par la droite et la gauche qui ont appelé à la démission de la tout fraîchement nommée ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et Paralympiques, accusée de mensonge.
« Il faut partir maintenant, madame », a lancé sur X (ex-Twitter) la députée Les Ecologiste de Paris Sandrine Rousseau. « Si la ministre a menti, je ne vois pas comment elle peut continuer son action publique », a ajouté le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy aux micros de BFMTV et de RMC. Comment en est-elle arrivée là, cette ministre si peu politique et finaude issue de la société civile qui devait revigorer le monde politique ?
« La ministre de l’Education a choisi un établissement privé ultra-réac pour ses enfants » : l’affaire débute vendredi avec un article du site anti-libéral Mediapart révélant qu’Amélie Oudéa-Castéra avait choisi de scolariser ses trois enfants dans un établissement privé catholique. En février 2023, au temps de Jean-Michel Blanquer, le ministère de l’Education avait saisi l’Inspection générale et lancé un appel à témoignages après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse visant cet établissement. Le lycée fait par ailleurs partie des meilleurs établissements français : il est le deuxième meilleur lycée de France, selon un classement du Figaro.
Le même jour, la ministre Amélie Oudéa-Castéra, surnommée « AOC », relance le distributeur à claques en réagissant à ces « attaques personnelles » lors d’un point presse à l’issue d’un déplacement avec le premier ministre dans un collège à Andrésy (Yvelines). Elle fait alors le récit de l’histoire de son fils aîné, Vincent, il y a une douzaine d’années. « Comme sa maman », il a commencé sa scolarité dans le secteur public, à l’école Littré, à Paris. Mais « la frustration de ses parents », « qui en ont eu marre » en voyant « des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées », les a poussés à scolariser leurs enfants dans cet établissement privé situé à proximité de leur domicile, le collège Stanislas. « [Nous en avons] eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait un choix d’aller chercher une solution différente. »
‘AOC’, huée et sifflée à l’école Littré, lors de son voyage à Canossa : lien TikTok
La porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot soi-même, n’est pas sûre que la ministre n’a pas menti… :
Amélie Oudéa-Castera exprime des regrets
Ces paroles ont suscité la colère des syndicats d’enseignants. Le Snes-Fsu, syndicat de gauche dominant dans le second degré, qui appelle à la grève le 1er février, attribue à la ministre « la première médaille d’or : celle de la provocation ». « Des propos lunaires et provocateurs, contre le service public d’éducation et ses personnels », a ajouté sur X (ex-Twitter) la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay, professeure de SES au lycée Rosa Parks à Montgeron (Essonne).
Le lendemain, la ministre a exprimé des regrets aux enseignants. Samedi, dans un courrier, elle a « regretté » d’avoir « pu blesser certains enseignants de l’enseignement public » et a assuré qu’elle sera « toujours » aux « côtés » de « l’école publique et de ses professeurs », . « Je n’avais aucunement [l’]intention » de blesser, a-t-elle ajouté.
L’histoire aurait pu s’arrêter là mais, dimanche soir, Libération a publié un article dans lequel l’ancienne institutrice a la retraite du fils de la ministre dément une quelconque absence non remplacée. Selon l’institutrice de l’école Littré, le choix d’Amélie Oudéa-Castéra et de son mari de mettre leur fils dans le privé était lié au refus de l’école d’autoriser un passage anticipé en moyenne section, à l’âge de 4 ans. Des précisions qu’a fermement démenties la ministre.
Amélie Oudéa-Castera accusée de mensonge
« Nous exigeons des excuses publiques », a lancé la secrétaire générale du Snes-FSU, à l’issue d’une rencontre avec l’exécutif. « Peut-on être ministre de la plus importante institution républicaine et de milliers de fonctionnaires tout en méprisant leur travail publiquement et en colportant contre eux, dans les media, ragots et mensonges ? La réponse est non », a écrit Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis dans une tribune parue dans Libération.
Lien TikTok Quand AOC sort de l’école Littré
Manuel Bompard (LFI) s’indigne:
Le député RN de l’Yonne Julien Odoul a de son côté appelé Amélie Oudéa-Castéra, « discréditée », à démissionner.
Face à ces appels à la démission, lundi, la ministre a demandé que soit refermé « le chapitre des attaques personnelles » . « Il y a des attaques auxquelles j’ai essayé de répondre avec le plus de sincérité possible. Il faut clore ce chapître des attaques personnelles et de la vie personnelle », a-t-elle déclaré. Le président Macron ne s’est pas exprimé sur cette polémique. Il pourrait être incité à le faire mardi soir lors de sa grande conférence de presse.
Novice en politique, la ministre a commis l’erreur fondamentale d’embrayer sur son cas personnel, de s’arranger avec la vérité et de valider les plaintes en maltraitance des professeurs du public en s’excusant d’une réalité générale mais inappropriée à l’école Littré.
Amateurisme de mauvais augure, alors que la composition du gouvernement « resserré » reste incomplète après déjà cinq jours de nominations des ministres principaux (jeudi 11 janvier) et que se dessine une polémique surajoutée avec la prise de parole, ce mardi soir, du président, avant le discours de politique générale de son premier ministre et de tout vote de confiance du Parlement : une dérive des institutions de la Ve République vers un régime anti-démocratique.
« Dans toutes les démocraties du monde, le Premier ministre ou la Première ministre doit se soumettre au vote de confiance devant la représentation nationale, » a déclaré, mardi 9 janvier au matin, la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, lors d’un point presse. Si tel n’était pas le cas, le groupe La France insoumise a annoncé son intention de déposer une motion de censure « spontanée« . En 2022, faute de majorité absolue, Elisabeth Borne n’avait déjà pas sollicité la confiance des députés. Il s’en était suivi une avalanche de recours à l’article 49.3: vingt recours en un an et demi, soit le record de Rocard battu, sur une durée équivalente… Sans faire tousser le Conseil constitutionnel.
Un couple à donner en exemple aux enfants des écoles…
L’oeil de Philippe Caverivière : lien TikTok