Législatives 2024 : 24 ministres sont candidats, dont Gabriel Attal et Gérald Darmanin

Parmi les 4000 candidats aux législatives 2024, 24 ministres dont Gabriel Attal et Gérald Darmanin

Plus de la moitié du gouvernement dont Gabriel Attal et Gérald Darmanin sont candidats aux législatives des 30 juin et 7 juillet.
Plus de la moitié du gouvernement, dont Gabriel Attal et Gérald Darmanin, est candidate aux législatives des 30 juin et 7 juillet.

Sur les 35 membres du gouvernement, ils sont 24 à briguer un siège de député.

Gabriel Attal, désigné par la Constitution comme de parti, du camp macronien en l’occurrence, se représente dans sa circonscription, la dixième des Hauts-de-Seine, à Vanves, dont il est le représentant depuis 2017. Le Premier ministre avait été élu avec 60 % des voix en 2022, contre la socialiste Cécile Soubelet (40 %). Il exhorte aujourd’hui les électeurs à lui redonner leur confiance pour poursuivre sa mission à Matignon.

Toujours dans les Hauts-de-Seine, le ministre des Affaires étrangères, son ex-compagnon, Stéphane Séjourné tente pour la première fois de se faire élire député en se présentant dans la 9e circonscription comprenant Boulogne-Billancourt. La porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot remet en jeu son mandat dans la circonscription voisine.

Ailleurs en Ile-de-France, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, et la ministre déléguée chargée des Entreprises, Olivia Grégoire, briguent un mandat à Paris. Ils sont trois députés sortants des Yvelines à se représenter : Aurore Bergé (Egalité), Marie Lebec (Relations avec le Parlement) et Jean-Noël Barrot (Europe). 

Franck Riester, le ministre délégué au Commerce extérieur, veut garder son mandat en Seine-et-Marne dont il est l’élu depuis 2007. Dans le même département, Frédéric Valletoux (Santé) repart aussi en campagne sous l’étiquette d’Horizons, tandis que Marie Guévenoux, ministre chargée des Outre-Mer et également soutien d’Edouard Philippe, est candidate à sa réélection en Essonne.

Darmanin joue son poste de ministre à Tourcoing

Dans le Nord, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur qui figure parmi les poids lourds du gouvernement, mène à nouveau campagne à Tourcoing. Il a déjà fait savoir qu’en cas d’échec, il démissionnera du gouvernement, y compris avant les Jeux olympiques qui débutent le 26 juillet.

Sa collègue chargée de l’Agriculture Agnès Pannier-Runacher, jamais candidate à des élections législatives, se présente aussi dans la région des Hauts-de-France, dans le Pas-de-Calais.

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et Guillaume Kasbarian, ministre du Logement, se représentent tous deux en Centre-Val de Loire, respectivement dans le Loir-et-Cher et en Eure-et-Loir. Fadila Khattabi, ministre déléguée aux Personnes âgées et handicapées, et sortante de la Côte-d’Or, est à nouveau candidate. Marina Ferrari, (Numérique), est candidate à sa succession en Savoie. Sarah El Haïry (ministre déléguée à la Jeunesse) et Hervé Berville (secrétaire d’Etat à la Mer) représentent le camp présidentiel dans l’ouest du pays, en Loire-Atlantique et dans les Côtes-d’Armor.

Dans la partie sud du pays, ils sont quatre à se présenter devant les électeurs. Dominique Faure (Collectivités territoriales) en Haute-Garonne, Thomas Cazenave (Budget) en Gironde, Patricia Mirallès (Anciens combattants) dans l’Hérault et Sabrina Agresti-Roubache (Citoyenneté) dans les Bouches-du-Rhône. Le ministre de l’Industrie Roland Lescure brigue pour sa part encore le mandat des Français du Canada et des Etats-Unis.

Les ministres de gauche défendent leur place menacée par le changement de gouvernement

L’aile gauche de la macronie, préoccupée de son sort ou des intérêts du pays ?

Roland Lescure, Clément Beaune et Elisabeth Borne s’accrochent

Cette aile gauche est passée des manoeuvres aux menaces. Alors que les rumeurs de dissolution du gouvernement se précisent en ce début d’année 2024, plusieurs ministres qui se flattent encore de leur appartenance à l’aile gauche du camp présidentiel font le siège des media pour défendre leur place au gouvernement.

La position de cette poignée de contestataires est particulièrement scrutée depuis qu’ils ont révélé leur déconnection du pays face à la demande des Français d’une loi immigration forte telle que votée mi-décembre. Parmi les ministres déçus par ce texte qui tente de répondre pourtant aux besoins de désendettement et de sécurité, seul Aurélien Rousseau, à la Santé, présenté et obtenu sa démission le 19 décembre, à la différence des velléitaires qui, aujourd’hui, rechignent à faire leurs cartons.

Trois semaines plus tard, et alors que le président de la République pourrait être tenté de renouveler son équipe pour donner un nouvel élan à son second quinquennat, les autres se verraient bien rester.

« Remonter sur le ring »

Dans un entretien publié par Le Parisien ce jeudi 4 janvier, Clément Beaune, l’un des membres du gouvernement qui se targuent d’un profil social et humaniste, assure qu’il a « encore des combats à mener », notamment sur la fin de vie ou la loi immigration. Il espère que seront revues « la mesure sur l’Aide personnalisée au logement (APL) » ou la caution demandée aux étudiants étrangers à l’université, mais ce n’est pas de sa compétence actuelle de ministre délégué chargé des… Transports.

« Est-ce que je pense qu’après avoir beaucoup échangé avec la Première ministre, on a fait évoluer le texte dans la bonne direction ? Oui. Est-ce que c’est terminé ? Non, il y a encore des combats à mener. Est-ce que je veux y participer ? Oui », affirme, ravi, le ministre venu du Parti socialiste.

Clément Beaune, qui avait été organisateur d’un dîner de c*ns avec d’autres ministres en désaccord sur le texte voté démocratiquement, admet malgré tout qu’il y a « des sensibilités, des histoires différentes et des débats compliqués » dans le camp présidentiel. « Mais après un combat difficile », précise-t-il, « mon tempérament c’est de remonter sur le ring. J’ai envie de remonter sur le ring. » Et si les choses n’étaient pas assez claires sur son intention de rester ministre, l’ancien conseiller du président (2017-2020) se dit « heureux de servir » tant que Macron fait appel à lui. Message reçu ?

Dans un autre registre, son collègue Roland Lescure – membre lui aussi du petit groupe de frondeurs-foireux avec Patrice Vergriete (logement) et Rima Abdul Malak (culture) – s’est livré à une opération quelque peu similaire ce jeudi matin dans la matinale de …France Inter.

Les frondeurs en sursis ?

Si le ministre de l’Industrie admet ququ’il a « eu des questions sur le texte lui-même, dès la fin de la CMP », et qu’il a été reçu rapidement par les deux têtes de l’exécutif pour en parler, il fait valoir que le président de la République aussi a révélé « ses doutes » en s’exprimant sur France 5 au lendemain du vote, et en saisissant le Conseil constitutionnel. Donc « le travail continue », selon ses mots. Un travail qu’il « adore », comme le logement et la voiture de fonction, a-t-il pris soin de souligner, dans un moment « exceptionnel. »

Mais cela suffira-t-il ? Le sort de ces ministres est l’un des points sensibles de ce changement de gouvernement présenté comme un simple remaniement, bien qu’on se dirige vers le choix d’un quatrième premier ministre. Pour Macron, l’enjeu se résume ainsi : peut-il sanctionner cette gauche rebelle qui n’a pas hésité à faire lever un vent de fronde inédit dans son équipe gouvernementale, sans mettre à mal sa stratégie controversée du « en même temps » ?

Selon le récit de plusieurs media, le président de la République est agacé par l’attitude de ces ministres qui ont soulevé l’idée d’une démission si était adopté le texte — issu de plusieurs débat, d’une commission mixte paritaire et d’un vote respectueux des procédures constitutionnelles — sans aller au bout de leur menace. Il l’aurait confié aux journalistes du Monde (3 janvier) invités à couvrir son déplacement en Jordanie le 21 décembre pour une fête de Noël anticipée avec les militaires de l’opération Chammal (participation des forces armées françaises à la coalition contre l’Etat islamiste pendant les guerres d’Irak et de Syrie, depuis septembre 2014).

A sa démission, Aurélien Rousseau s’est replié sur le Conseil d’Etat d’où il pourra nuire au nouveau gouvernement.

Affaire Pénicaud : mise en examen, l’ex-ministre du Travail dit n’avoir « rien » à se reprocher

Les charges avaient d’abord été abandonnées, mais un nouveau juge la poursuit pour favoritisme

Macron et Pénicaud (derrière) au CES 2016 de Las Vegas

L’ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a juré samedi 23 décembre qu’elle n’a « rien » à se reprocher après la divulgation de sa mise en examen dans l’enquête sur des soupçons de favoritisme envers l’agence Havas, organisatrice d’une soirée en 2016 à Las Vegas, où le candidat Macron avait rencontré des entrepreneurs français.

« Mon intégrité est totale, je suis sereine, j’ai la conscience tranquille […] Parce que je n’ai rien à me reprocher, tout simplement », a plaidé l’ex-ministre, après que le journal Le Monde avait dévoilé sa mise en examen en octobre.

Dans cette affaire dite « Business France », Muriel Pénicaud est mise en examen en tant qu’ancienne directrice générale de cet organisme public de promotion de l’économie française à l’étranger, dépendant de Bercy et fondé en janvier 2015, alors que Macron était ministre de l’Economie et des Finances de François Hollande.

Est en cause un séjour controversé du futur président Macron, en janvier 2016, dans la ville américaine de Las Vegas, pour y rencontrer des centaines d’entrepreneurs français – financeurs et électeurs potentiels -, au moment du Consumer electronics show (CES), grand-messe de l’innovation technologique.

Il s’était fait photographier sous tous les angles, arborant air décontracté et barbe de trois jours (la représentation qu’il se fait du jeune cadre dynamique). Il avait clairement fait le voyage pour se vendre en nouveau John Kennedy et faire sa moisson de chèques.

Réveil d’un vieux dossier judiciaire

CES 2016

Pour monter l’opération d’un coût d’environ 300.000 euros, en urgence et sous la pression du cabinet du ministre, Business France, donc Pénicaud, l’avait intégralement confiée à l’agence Havas Paris, sans recourir à la mise en concurrence prévue par le code des marchés publics pour de telles sommes.

Business France et Havas Paris étaient alors liées par un contrat-cadre qui, selon cette dernière, avait pour objet d’« accompagner Business France dans sa démarche de promotion de l’attractivité économique de la France vis-à-vis des décideurs et des prescripteurs d’opinion à l’étranger et en France ».

Cette mise en examen permet de réparer une bizarrerie judiciaire qui avait alimenté des accusations contre Macron dès 2016 : il fallait diligenter une enquête pour démontrer qu’il s’était servi de sa position de ministre de l’Economie pour faire sa promotion avant sa candidature à l’Elysée.

Changement de juge d’instruction

C’est un rapport critique de l’Inspection générale des finances (IGF) transmis par Bercy qui avait conduit le Parquet de Paris à ouvrir l’enquête en mars 2017, confiée ensuite à trois magistrats instructeurs. Le procureur de la République du Parquet national financier près le tribunal de grande instance de Paris (depuis le 30 janvier 2014 et jusqu’au 30 juin 2019), est alors la juge Eliane Houlette. Tandis qu’en janvier 2017, elle est chargée des investigations sur l’affaire Fillon, en revanche, plusieurs enquêtes préliminaires sont alors clôturées.

Les juges avaient notifié la fin des investigations en 2019, quand Macron était devenu président. Mais divers recours procéduraux ont eu lieu depuis et un nouveau juge d’instruction financier, Serge Tournaire, a repris le dossier.

« Depuis le début de cette affaire, j’ai été mise hors de cause par un rapport d’audit, l’Inspection générale des finances, trois juges d’instruction, le procureur, la Cour d’appel de Paris, la Cour des comptes », affirme l’ex-membre du gouvernement de Macron (2017-2020), qui avait été initialement placée sous le statut plus favorable de témoin assisté.

« Travailler à les convaincre qu’ils se trompent »

« Huit ans plus tard, de nouveaux juges d’instruction semblent d’un avis différent. Je le regrette. Nous allons retrousser nos manches et travailler à les convaincre qu’ils se trompent », a-t-elle ajouté. S’agit-t-il de convaincre ou de produire les preuves demandées ?

En 2018, Le Canard enchaîné avait affirmé que les enquêteurs disposaient aussi de nombreux courriels témoignant des contacts étroits entre Muriel Pénicaud, 68 ans, ancienne directrice générale des Ressources humaines de Danone, et Stéphane Fouks, le vice-président d’Havas.

Selon l’hebdomadaire anarchiste, l’ex-ministre écrivit à son assistante le 4 juin 2015, peu avant l’obtention par Havas d’un important marché lancé par Business France : « J’ai un rendez-vous secret avec (Stéphane) Fouks, cela ne doit pas figurer à mon agenda et cela ne doit pas se savoir. »

Macron avait récompensé Muriel Pénicaud du poste de ministre du Travail (2017-2020) et Roland Lescure, demi-frère de Pierre Lescure (C à nous, France 5), député de la première circonscription des Français de l’étranger (Amérique du Nord), a été fait ministre délégué chargé de l’Industrie de France rn juillet 2022.

Depuis 2016, Macron a-t-il honoré de sa présence, ne serait-ce qu’une seule fois, le CES de Las Vegas ?

Le ministre de la Santé a remis sa démission suite au vote de la loi immigration

La loi a été adoptée à la majorité relative sans les voix des députés RN

Aurélien Rousseau, ancien chef de cabinet d’Elisabeth Borne, a présenté sa démission, marquant son désaccord avec les mesures négociées par la première ministre et son opposition au renforcement du projet de loi porté par Gérald Darmanin et soutenu par le Rassemblement national et Les Républicains.

Le camp présidentiel qui s’accommode plus aisément de 22 recours au 49.3 que du vote démocratique des députés, est en crise ouverte. Une heure après l’annonce du vote par l’Assemblée nationale du projet de loi immigration ce mardi 19 décembre en fin de soirée, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, a présenté sa démission. Une lettre a été envoyée à la première ministre Elisabeth Borne, a-t-on appris.

Dans la soirée, le ministre avait réuni les membres de son équipe pour leur annoncer sa décision, avait revélé BFMTV auprès de plusieurs sources.

Elisabeth Borne n’a pas encore indiqué si elle accepte ou non la démission d’Aurélien Rousseau. Elle doit s’exprimer ce mercredi matin sur France Inter.

Opposés au renforcement du texte

Son ancien directeur de cabinet, en poste depuis l’été dernier au ministère de la Santé, avait fait savoir son opposition à la version du texte considérablement durcie par la droite, entériné par la Commission mixte paritaire et finalement adoptée mardi soir au Parlement par une forte majorité.

Le projet de loi comporte plusieurs mesures qui vont changer profondément l’accès à la nationalité française ou aux allocations familiales, comme souhaité par la population, au fil des sondages. Certaines d’entre elles sont même « clairement contre la Constitution », a estimé au Sénat le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Par la voix d’Elisabeth Borne, l’exécutif s’est aussi engagé auprès de la droite à organiser début 2024 un débat sur l’Aide médicale d’Etat. En novembre, le gouvernement ne s’était pourtant pas opposé à la fin de l’AME, au grand dam d’Aurélien Rousseau. Il avait dénoncé « une faute » et une « profonde erreur » sur TMC.

Six autres ministres étaient écalement annoncés démissionnaires, parmi lesquels Roland Lescure, chargé de l’industrie, Clément Beaune, ministre des Transports, Sylvie Retailleau, chargée de l’Enseignement, Patrice Vergriete, ministre délégué chargé du Logement, ou Rima Abdul Malak, ministre de la cancel culture

Un quart des députés macroniens n’a pas voté le texte présenté par le gouvernement mardi. Comme Aurélien Rousseau, le député Sacha Houlié, animateur de l’aile gauche macronien et président de la commission des Lois, avait lui aussi annoncé mardi qu’il voterait contre le projet de loi. D’autres députés de l’aile gauche de Renaissance avaient fait la même annonce, tels Gilles Le Gendre, Stella Dupont, Cécile Rilhac, Nadia Hai et Eric Bothorel. 

Lescure offre de recruter (« à la marge » ?), des travailleurs étrangers dans certains secteurs de l’industrie

Le ministre de l’industrie fait s’étrangler les droites et leurs électorats

Lescure

Le gouvernement fait-il tout pour rapprocher Les Républicains et le Rassemblement national sur l’immigration. Le plan de LR sur le sujet affiche des similitudes avec le programme du RN et la droite républicaine n’a pas besoin du coup de pouce de Lescure, ministre de l’Industrie, qui vient encore de relancer l’idée d’une régularisation des clandestins dans les « métiers en tension, » en gonflant les chiffres.

Alors que le chef de l’Etat fait de la réindustrialisation de la France l’une de ses marottes du moment, tout en accusant les patrons de s’endormir sur la tâche, Roland Lescure a fait l’état des lieux des besoins de main d’œuvre sur franceinfo. « On va avoir 1,3 million d’emplois à remplir dans l’industrie dans les dix années qui viennent », a-t-il annoncé, précisant à la louche que, dans le même temps, entre 800.000 et 900.000 personnes partiront à la retraite sur la même période.

« Il va sans doute falloir avoir recours à l’immigration. Il va falloir faire feu de tout bois pour que la nation française soit à nouveau une nation industrielle, écologique et souveraine », a-t-il découvert, tout en se défendant d’ouvrir « grandes les vannes de l’immigration économique ».

« Capitulation en rase campagne »

Cette idée anti-républicaine, consistant à recourir aux migrants en situation irrégulière pour environ 10 % des besoins sur dix années, a fait hurler les droites : à l’arrivée, on n’est plus à 10% ! « La France compte 5 millions de chômeurs (5.076.600, sans les Outre-mer)… Mais Roland Lescure appelle à accueillir des migrants [illégaux] dans l’industrie », fait valoir Alexandre Loubet, vice-président du groupe RN à l’Assemblée nationale et directeur de la communication du Rassemblement national, alors que le chiffre cité par le ministre de l’Industrie correspond à 4 % de celui total des chômeurs, et sur une décennie. « Au RN nous croyons que la réindustrialisation de la France passera par la formation des Français sans-emploi et la mobilisation de toute la nation ! », a-t-il insisté sur le réseau social X.

Une analyse de bon sens que partage le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau. « C’est ce qu’on appelle une capitulation en rase campagne. Avec un taux de chômage de 7,4 %, la priorité du gouvernement devrait être de permettre à chaque Français de trouver un travail », a réagi l’élu vendéen.

Des positions – en soutien des naufragés français de sept ans de gouvernance macronienne – qui mettent en évidence la préoccupation nationale des droites face au projet de loi immigration, qui néglige les chômeurs legaux, et dont l’examen débutera en commission des Lois ce lundi 27 novembre. Un texte que le RN et LR entendent renforcer à l’Assemblée nationale, en partageant notamment des objectifs communs, comme la suppression de l’article 2 interdisant le placement en centre de rétention des étrangers accompagnés de mineurs de 16 ans ou le renforcement (voire la suppression pure et simple) de l’article 3 relatif à la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension.

Relocalisation, selon Macron : Recipharm décide de fermer à Monts d’ici 2025 

Le groupe suédois devra rembourser les 15 millions d’euros d’aides de l’Etat du contribuable français

Recipharm (Monts, ici),
quatre usines en France

Bilan de santé alarmant du laboratoire tourangeau Recipharm, situé à Monts (Indre-et-Loire en région Centre-Val de Loire) et expert en enflaconnage du vaccin Moderna, alertait la profession, début décembre 2022. Le site était signalé en perte de vitesse à la fois dans le conditionnement de produits stériles pour ses clients historiques comme Aspen (Xylocaïne) et dans celui du vaccin anti-Covid Moderna. Informations confirmées de source syndicale.

Alors que se passait-il déjà sur le site montois où l’on évoquait une baisse des volumes de commandes de vaccins ? Et, concomitamment, des problèmes de réglage de la ligne depuis qu’Agnès Pannier-Runacher, alors ministre de l’Industrie, avait donné le départ fictif d’un nouveau défi pour Recipharm, en avril 2021. Face à l’effondrement du chiffre d’affaires – les syndicats parlent de moins 74 % cette année -, les tensions sociales sont apparues.

Baisse de production égale rétrécissement des marges, égale activités à temps partiel pour éviter des licenciements au sujet desquels le gouvernement devait se prononcer au plus tard le 1er janvier 2023…

Relocalisation à la Macron ou fuite des entreprises étrangères ?

Recipharm s’en va comme elle est venue. Mais l’Etat annonce ce mercredi qu’il exige de ce groupe suédois qu’il rende l’intégralité des 15 millions d’euros qu’il avait touchés dans le cadre de France Relance, un programme de relance économique de la France (2020-2022) mis en place par le gouvernement et doté de 100 milliards d’euros. Il correspond en France au plan européen adopté en juillet 2020 et déployé dans la plupart des Etats membres pour faire face au choc économique de la pandémie de Covid-19. Ce plan de relance européen est doté de 750 milliards d’euros (806,9 milliards en euros de 2022).

Le remboursement par Recipharm de son aide est une information du député (Horizons) d’Indre-et-Loire, Henri Alfandari, et confirmée ce mercredi par le cabinet du ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure.

Les quelque 220 salariés de Recipharm, à Monts, qui en comptait 360, ont appris sans grande surprise, ce mardi, la nouvelle d’une cessation d’activité de leur usine, d’ici à la mi-2025.

L’information est d’abord venue du député de la majorité (Horizons) d’Indre-et-Loire Henri Alfandari , puis confirmée par le cabinet du ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure. Si en avril 2021, la ministre Agnès Pannier-Runacher avait annoncé qu’elle débloquait 35 millions d’euros d’aides, ce sont finalement 15 millions d’euros qui ont été versés. Ce sont donc ces 15 millions que le groupe suédois Recipharm va devoir intégralement rembourser.

« Il est hors de question de décrédibiliser l’action publique », clame Henri Alfandari, député de l’alliance présidentielle. « 15 millions d’euros dans le cadre du plan France Relance ont été attribués, et on va simplement exiger le remboursement de ces sommes à l’exact, réagit le député d’Indre-et-Loire Henri Alfandari. Il y a un accord du groupe pour le faire, et donc il n’y aura pas de fonds versés par l’Etat dans une activité qui n’existe pas. Il est hors de question de décrédibiliser l’action publique« .

Bruno Le Maire fait ce matin la tournée des plateaux de radio et de télévision, mais c’est pour une tout autre annonce : le laboratoire … danois Novo Nordisk, pour lequel Macron fait un déplacement lourdement médiatisé à Chartres. Ce n’est encore pas une relocalisation, mais une prochaine affaire Recipharm en perspective ?

Les ministres Borne, Ndiaye, Dupond-Moretti, Braun, etc… poursuivis par les « casserolades », comme Macron

« Borne dégage », « Dussopt traître », etc

Couvrir la voix officielle de l’exécutif avec un tintamare de casseroles est désormais devenu symbole de protestation contre la réforme Macron des retraites et plus globalement contre le pouvoir. Ainsi est-il presque impossible aujourd’hui pour un ministre d’aller sur le terrain sans être accueilli par une « casserolade » « bon-enfant » de protestataires vindicatifs.

Macron envoie ses ministres sur le terrain pour dire aux opposants « même pas peur ». La première, Schiappa a effectué une sortie de route en passant par Playboy, pensant ainsi éviter les coups, et s’est ramassée, se faisant taper sur les doigts par Borne, bad cop à la voix caverneuse et flippante, et Macron, good cop souriant et hâbleur, mais faux c*l de face comme de dos. C’est donc au prix financier et humain de déploiements staliniens de forces de l’ordre en nombres extravagants qui, paradoxalement, font obstacle à la reconnection de la macronie par le dialogue avec la « foule » des contestataires qui, vu de l’Elysée, ont besoin de pédagogie pour tout comprendre. Les déplacements des ministres s’enchaînent depuis plusieurs jours et, à chaque fois, un comité d’accueil, plus ou moins nombreux, attend de pied ferme les hommes du président pour leur signifier que l’heure n’est plus aux prêchi-prêcha. Des manifestants se rassemblent équipés de casseroles pour un spectacle de rue désormais appelé « casserolade », autrement dit un concert de casseroles.

Un moyen de protester contre la réforme Macron des retraites et dénoncer plus globalement l’attitude du gouvernement Borne et le comportement provocant de Macron face à la colère des Français. Depuis la fin de la semaine dernière, les concerts de casseroles s’enchaînent. Et quasiment aucun ministre n’y échappe, s’il sort du bois.

Elisabeth Borne dans l’Indre

Après les visites houleuses de Macron mercredi 19 avril à Sélestat en Alsace, puis jeudi 20 à Ganges dans l’Hérault, à 750 km par la route, effectués en jet (décarboné ?), la première ministre en sursis, Elisabeth Borne, a été reçue vendredi par des manifestants mécontents dans l’Indre. A Châteauroux (44.000 hab.), 200 contestataires l’attendaient, avec huées, sifflets et casseroles. Certains ont été repoussés par les forces de l’ordre à son passage, et des arrêtés préfectoraux ont interdit de manifester dans certains périmètres de la visite : pour plus de proximité… 

Un concert de casseroles a eu lieu ce 24 avril à Paris devant le Théâtre de Paris, pour accueillir la ministre de la Culture, avant les Molières.

Avant d’aller faire monter la tension à Châteauroux, Elisabeth avait d’abord borné à Valençay (2.500 hab., format jugé par Macron idéal pour les séances photos et selfies), puis à Buzançais (4.500 hab., maire Parti radical valoisien), où elle a visité à la mairie les services de délivrance des passeports et des cartes d’identité, mais où elle a été accueillie aux cris de « Borne dégage«  par plusieurs dizaines de manifestants.

Babette s’en est allé aussi en guerre à Poissy, Yvelines, vendredi matin, sur le marché, comme Macron la veille à Dole (Jura). La surprise a encore été totale, sans tambours ni trompettes et sans « casserolade », contrairement à certains de ses ministres.

Olivier Dussopt en Saône-et-Loire

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui a porté le texte de la réforme des retraites, a été accueilli par un concert de casseroles et des huées à son arrivée dans une entreprise de Montceau-les-Mines, mairie …Horizons après 40 années de socialisme, vendredi dernier, en Saône-et-Loire.

« Vous ne nous écoutez pas, vous marchez sur la démocratie ! » A Dracy-le-Fort, où il a visité à 14 h 30 l’entreprise Instant Poêles et Cheminées by Pinto qui favorise le lien intergénérationnel entre les salariés, le ministre du Travail a évoqué les différents leviers existants et ceux à venir du maintien de l’emploi des seniors, un des enjeux de la mise en oeuvre de la réforme des retraites. Pourtant, l' »index senior » et le contrat de fin de carrière ont été éliminés du projet final en dernière instance.

Dussopt est grillé dans son fief d’Annonay, Ardèche: voir la manifestation du 22 mars dernier

Agnès Pannier-Runacher et Roland Lescure dans la Drôme

Egalement vendredi dernier, mais dans la Drôme, devant l’entrée du site nucléaire Orano-Tricastin, où Macron soutient l’entreprise qui envisage une augmentation de sa production d’uranium enrichi, le combustible des centrales nucléaires, des manifestants attendaient la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, histoire de leur rappeler le retournement de politique de Borne qui, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, en remplacement de François de Rugy, avait signé l’arrêt de mort de Fessenheim et du secteur nucléaire. Une centaine de manifestants étaient réunis aux entrées sud et nord du site d’Orano (pas moyen de tromper l’ennemi), l’intersyndicale voulant rappeler son opposition à la réforme des retraites.

Gabriel Attal dans les Pyrénées-Atlantiques

Un concert de casseroles a également eu lieu au Pays Basque pour la venue de Gabriel Attal, toujours vendredi dernier. L’intersyndicale a organisé une opération escargot, d’Urrugne jusqu’au péage voisin de Biriatou, où le ministre délégué aux Comptes publics était attendu pour une visite aux services de douanes. Dans la matinée, un comité d’accueil l’avait également attendu à Pau, sans réussir à croiser l’anguille visqueuse. Le parcours de cette visite n’avait pas été rendu public…

Comité d'accueil aussi au péage de Biriatou au Pays basque pour le représentant du gouvernement Gabriel Attal.

Comité d’accueil aussi au péage de Biriatou au Pays basque pour le représentant du gouvernement Gabriel Attal.

Olivia Grégoire en Loire-Atlantique

En déplacement vendredi dernier à La Baule, en Loire-Atlantique, la ministre des PME et du Tourisme, Olivia Grégoire, a également été accueillie par un concert de casseroles.

Bruno Le Maire dans la Somme

Présent en Picardie, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a lui aussi eu un comité d’accueil vendredi dernier lors de sa visite l’entreprise Innovafeed à Nesle, dans la Somme. « Le dialogue ne peut pas se faire avec des bruits de casseroles et du tintamarre ! Ça ne fait pas avancer les choses ! », a-t-il lancé au micro de France Inter, expliquant avoir proposé de recevoir une délégation syndicale et essuyé un refus.

Pour tromper l’attente interminable du grand libidineux à la baguette adolescente magique, les opposants peuvent aisément faire l’économie de la lecture des oeuvres complètes du producteur d’argent du même nom sur la planche à billets :

Pap Ndiaye à Lyon… et à la gare de Lyon à Paris

Ce lundi, les concerts de casseroles et manifestations ont repris de plus belle. A Lyon, le ministre de l’Education, Pap Ndiaye, a même dû décaler une visite à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspe) où l’attendait en début d’après-midi une centaine de manifestants qui ont tenté de pénétrer dans le bâtiment. Notamment mobilisés par un appel sur les réseaux sociaux, les manifestants munis de casseroles, poêles, seaux, sifflets, mais aussi cornes de brume et fumigènes ont forcé une des entrées de l’Inspe. Ils ont crié « nous aussi, on passera en force« , allusion à l’usage du 49.3. Les forces de l’ordre les ont repoussés en faisant notamment usage de gaz lacrymogènes pour répondre à quelques jets de projectiles.

Le ministre, lui, ne s’est pas présenté à l’heure prévue, mais lors d’un micro tendu organisé plus tard au rectorat, Pap Ndiaye a démenti toute reculade, affirmant avoir inversé les étapes de son déplacement lyonnais. « Tout cela n’a pas grande importance, l’essentiel est de rencontrer les personnels du rectorat et les élèves professeurs » de l’Inspe, « c’est un petit contretemps qui finalement ne change rien« , a-t-il minimisé, avant de finalement se rendre à l’Inspe en fin d’après-midi.

De retour à Paris dans la soirée, des dizaines de manifestants l’attendaient gare de Lyon. Composée essentiellement de jeunes, la foule a tapé sur des casseroles, entonné des chants antifascistes et anti-Macron dans le hall principal de la gare faisant face à un cordon de forces de l’ordre. Le ministre a pu quitter la gare sans passer devant les manifestants. Ils se sont ensuite élancés en manifestation sauvage arpentant à pas rapide les rues de l’est de la capitale, renversant des poubelles et des vélos et parfois en y mettant le feu.

« Ma détermination reste sans faille pour aller à la rencontre des élèves et des professeurs, écouter, répondre aux interrogations« , a fanfaronné ce mardi sur Twitter le ministre de l’Education nationale. « Le débat est nécessaire ; la violence en est l’exact opposé« , a-t-il ajouté. « Photo de la cible, heure de rendez-vous dans une gare : c’est inviter à la violence« , a poursuivi Pap Ndiaye, relayant une photo le montrant avec le lieu et l’heure de son arrivée.

François Braun dans la Vienne

En déplacement au CHU de Poitiers ce lundi, le ministre de la Santé François Braun y est arrivé au son des casseroles et sous les huées de quelques dizaines de manifestants, qui avaient répondu à un appel de la CGT et ont été tenus à bonne distance par les CRS. La semaine dernière déjà à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, François Braun était attendu par des protestataires dans un concert de casseroles. « Ce n’est pas des bruits de casseroles qui m’empêcheront de continuer à travailler, à avancer« , avait déclaré le ministre à des journalistes, reconnaissant « en même temps » « un vrai malaise dans la société« .

Eric Dupond-Moretti dans la Sarthe

Dans la Sarthe, c’est le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti qui a été accueilli par un bruyant concert lors d’un déplacement ce lundi dans la maison d’arrêt du Mans à Coulaines et seul établissement pénitentiaire de la Sarthe. Environ 150 manifestants, selon un photographe, ont commencé à taper sur une multitude d’ustensiles de cuisine une heure et demie avant l’arrivée du ministre, venu inaugurer une structure d’accompagnement des détenus en fin de peine. Le ministre de la Justice est allé saluer les manifestants à l’issue de sa visite, selon un responsable syndical.

Rima Abdul Malak aux Molière, à Paris

Ce lundi soir avait lieu à Paris la 34e édition des Molières. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, était briefée pour répondre aux interpellations.  A cette occasion, quelques dizaines de manifestants équipés de casseroles et de poêles s’étaient rassemblés devant le Théâtre de Paris, dirigé par Stéphane Hillel, où se déroulait la cérémonie. Objectif, là aussi, protester contre la réforme, à l’appel de la CGT Spectacle.

Des députés aussi visés

Il n’y a pas que les ministres qui sont concernés. L’arrogant député Renaissance des Bouches-du-Rhône, Jean-Marc Zulesi, a lui aussi été accueilli par des manifestants munis de casseroles lors de sa venue à la Fête de la fraise à Salon-de-Provence samedi dernier. Il a même été suivi à travers les rues par plusieurs dizaines de manifestants contre la réforme des retraites. D’ailleurs, il a annoncé dans un communiqué son intention de porter plainte. « Aujourd’hui, je ne peux me rendre sereinement à la rencontre de nos concitoyens à cause d’une poignée d’individus [sic]. » « Utiliser une fausse identité pour connaître mon emploi du temps et organiser ce type d’intimidation n’est pas une manifestation, c’est tout simplement du harcèlement« , a déploré Jean-Marc Zulesi, ingénieur sorti d’une école classée entre 140 et 150e.

A l’occasion du premier anniversaire de la victoire d’Emmanuel Macron, et contre la réforme des retraites, des manifestants partout en France ont participé ce lundi à des concerts de casseroles, répondant ainsi à l’appel des syndicats ATTAC et Solidaires et des partis politiques LFI, EELV et NPA. A partir de 20h, devant les mairies et dans les rues, des tintements de casseroles se sont fait entendre pour protester contre la politique d’Emmanuel Macron.

Il y a aussi ceux et celles qui renoncent au contact, telle Carole Granjean. Vous connaissez ? Moi non plus…

Macron accueilli une nouvelle fois par des casseroles, ce mardi

Présent ce mardi à Vendôme, dans le Loir-et-Cher, le président a été de nouveau accueilli par un concert de casseroles. Le président est arrivé vers 14 h à la Maison de santé pluridisciplinaire universitaire (MSPU) de la ville, dans un quartier bouclé par un important dispositif de sécurité pour tenir les manifestants à distance. Plusieurs centaines de contestataires de la réforme des retraites, équipés de casseroles et autres boîtes de conserve ou de trompettes, s’étaient réunis en milieu de journée le long d’une voie ferrée proche de la maison de santé, où ils ont commencé leur « casserolade » dans une ambiance bon enfant.

La préfecture du Loir-et-Cher a de son côté publié un arrêté mettant en place un périmètre de protection pour celui qui, il y a seulement quelques semaines, se déclarait notre protecteur et prévoyant notamment l’interdiction des cortèges et rassemblements revendicatifs aux abords de la maison de santé, ainsi que « l’interdiction des dispositifs sonores amplificateurs de son« . Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l’Homme (LDH) internationaliste plutôt que français, ont saisi le tribunal administratif d’Orléans pour contester l’arrêté du préfet.

Samedi, Macron sera présent au stade de France pour le match Nantes-Toulouse en finale de la coupe de France, où il s’attend à un accueil houleux. Mais il n’est pas certain qu’il se rende sur le terrain pour saluer les joueurs, ni qu’il remette la coupe aux vainqueurs au centre du terrain. Il se dit qu’il restera courageusement planqué dans les vestiaires pour serrer la main des joueurs et du corps arbitral, et dans la tribune, à l’abri des projectiles, pour remettre le trophée aux vainqueurs.

Sans preuve aucune d’animosité, Macron attend les supporteurs avec des dispositifs réservés aux pigeons d’électeurs:

En se déployant partout en France, les membres du gouvernement répandent les casserolades et la colère, une stratégie macronarde perdant-perdant. Faut-il pour autant leur faire un brin de pédagogie ?

Tract mensonger de la majorité sur le bilan économique de Macron

Au moins cinq affirmations du tract LREM sont suspectes de manipulation.

Des centaines de milliers de tracts de la majorité présidentielle
en faveur d’une candidature de Macron à l’élection présidentielle de 2022, le 10 septembre 2021, à Nevers (Nièvre).

France Télévisions publie cette analyse éclairante, le 15 octobre 2021

Si le tract de campagne de la majorité présidentielle dit vrai sur la baisse des impôts et le recul du chômage, son affirmation sur l’attractivité de la France mérite d’être nuancée, et celle sur les mesures économiques prises face à la crise de Covid-19 est fausse.

Emmanuel Macron n’est pas encore officiellement candidat à un second mandat. Mais à six mois de l’élection présidentielle, La République en marche, elle, fait déjà campagne pour sa réélection. Le mouvement a préparé un tract, signé « majorité présidentielle » et décliné pour chaque département, centré sur le bilan économique et social du quinquennat. LREM prévoit d’en distribuer 700.000 exemplaires d’ici la fin de l’année. Baisse des impôts, recul du chômage… Le document met en avant plusieurs arguments que franceinfo a décidé de vérifier.

Des tracts de la majorité présidentielle en faveur d'une candidature d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle de 2022, le 10 septembre 2021, à Nevers (Nièvre). (MAXPPP)

1 « Un travailleur au SMIC gagne 170 euros de plus par mois » : à nuancer

« En 2021, un travailleur au smic gagne 170 euros de plus par mois grâce aux baisses de charges et à la prime d’activité. » Cette affirmation assénée dans le tract est également reprise depuis plusieurs jours par les ténors de la majorité : de Christophe Castaner à Elisabeth Borne. Elle trouve son origine dans le calcul d’un cas type, figurant dans une annexe du projet de loi de finances pour 2022.

Ce cas type est celui d’un célibataire travaillant au smic, qui payait 595 euros par an de taxe d’habitation avant la suppression de cette contribution, qui réalise 111 heures supplémentaires par an, et qui reçoit une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat de 600 euros par an, détaille le rapport. Mais ces critères posent question

D’abord, pour les 80% des foyers les moins aisés, ceux concernés par la suppression totale de la taxe d’habitation depuis 2020, le montant moyen de l’économie est de 451 euros, d’après les données de Bercy. On est loin des 595 euros de ce cas type. Ensuite, les salariés payés au smic font en moyenne bien moins d’heures supplémentaires. En 2013,  ils en totalisaient 36 et non 111 sur l’année, selon une analyse de la Dares, le service d’études statistiques du ministère du Travail, parue en 2016.

Enfin, toucher 600 euros via la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa) n’a rien d’automatique pour un salarié. Celle-ci n’est versée que par les entreprises qui le souhaitent. Plus les entreprises sont petites, moins elles ont recours à ce dispositif, comme l’atteste l’Insee. En 2019, seules 17% des entreprises de moins de 10 salariés l’ont utilisé et 41% des PME les plus grosses, au mieux. Or les petites et moyennes entreprises sont celles qui emploient le plus de salariés au SMIC. De plus, le montant moyen de la prime perçu par les bénéficiaires était au mieux, en moyenne, de 524 euros dans les micro-entreprises et de 361 euros dans les PME les plus grandes.

Ce cas type, bien que plausible, apparaît donc peu représentatif. Il illustre néanmoins une réalité, mise en avant par la Direction générale du Trésor dans son rapport : « Les ménages modestes bénéficient de la progression du pouvoir d’achat la plus importante en pourcentage (+4%). »

2 « Depuis 2017, nous baissons les impôts des Français » : vrai

Le mandat d’Emmanuel Macron a été marqué par deux mesures fiscales phares : la suppression progressive de la taxe d’habitation et la réforme du barème de l’impôt sur le revenu. Depuis 2020, la première tranche du barème de l’impôt sur le revenu a été allégée de 14% à 11%. La taxe d’habitation, elle, a été supprimée par paliers, entre 2018 et 2020, pour les 80% des foyers les plus modestes. A partir de cette année, les 20% des ménages les plus aisés vont également en bénéficier, d’abord partiellement puis totalement en 2023. 

Les contribuables y ont-ils gagné ? Oui, selon les calculs de la Direction générale des finances publiques (DGFIP), consultés par franceinfo. Entre 2017 et 2022, ils auront économisé 52,1 milliards d’euros : 13,1 milliards en impôt sur le revenu pour 18,2 millions de contribuables et 39 milliards en taxe d’habitation pour 24,6 millions de propriétaires ou de locataires.

La DGFIP a modélisé des cas types qui permettent de se faire une idée des gains qui auront été réalisés sur la durée du quinquennat, en fonction de la situation du foyer fiscal. Les économies réalisées vont de 842 euros pour un célibataire sans enfants vivant dans un studio de 26 m2 dans une grande ville, à plus de 4 500 euros pour un couple sans enfant vivant dans un 42 m2 à Rennes ou un parent célibataire avec un enfant vivant dans un appartement de 55 m2 hors de région parisienne.

« Il y a une réinjection de pouvoir d’achat via les baisses d’impôts qui ont bénéficié à toutes les catégories, mais qui ont surtout favorisé les classes moyennes en activité, grandes gagnantes des réformes fiscales », constate Thomas Grjebine, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, un service rattaché à Matignon. 

Les ménages les plus aisés ont toutefois bénéficié d’autres gains fiscaux, qui ne sont pas comptabilisés par la DGFIP : la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière et la « flat tax » qui réduit l’imposition des revenus financiers. La baisse des impôts sur les entreprises pourrait aussi être ajoutée à cette liste, fait valoir l’expert : « Quand vous baissez les impôts sur les entreprises, in fine ça bénéficie à ceux qui détiennent ces entreprises, donc plutôt aux plus riches. »

3 « Depuis treize ans, le chômage n’a jamais été aussi bas » : vrai, mais à relativiser

La France comptait 2,4 millions de chômeurs, hors Mayotte, au 1er trimestre de l’année 2021 et le taux de chômage s’établissait à 8,1% de la population active, selon l’Insee. Un niveau proche de la fin de l’année 2019, avant la crise sanitaire. Dans sa dernière note de conjoncture parue en octobre, l’Insee table sur une poursuite de cette diminution du chômage : de 8% au deuxième trimestre à 7,6% aux troisième et quatrième trimestres. 

Il faut remonter à la fin 2007 et à la fin 2008 pour retrouver un niveau de chômage en dessous de 8%. Soit treize ans, comme l’écrit la majorité présidentielle dans son tract. Le chômage était ensuite reparti à la hausse, jusqu’à culminer à 10,5% fin 2014 et début 2015. Depuis, la courbe a suivi une trajectoire descendante. La baisse a donc débuté deux ans avant le début de mandat d’Emmanuel Macron, durant le quinquennat de François Hollande.

L’économiste Thomas Grjebine l’explique par « un effet multiplicateur créateur d’emplois » « Il y a eu une stimulation du pouvoir d’achat, grâce aux mesures ‘gilets jaunes’, qui a permis de relancer la consommation et l’investissement. » 

« On a particulièrement bien digéré cette crise du Covid. Pour l’instant en tout cas, relève le macro-économiste. A court terme, tous les indicateurs conjoncturels sont au vert, de façon assez surprenante. Est-ce une anomalie statistique ? On verra dans les prochains mois si c’est une tendance qui se confirme. »

Ces « bons » chiffres sont relativisés par la lecture d’un autre indicateur : le halo autour du chômage. On y retrouve les personnes sans emploi qui en recherchent un, mais qui ne sont pas disponibles dans les deux semaines pour travailler ; et les personnes sans emploi qui souhaitent travailler, mais qui n’ont pas cherché de travail le mois précédent. Elles ne sont pas considérées comme au chômage, mais elles en sont proches, résume l’Insee

Le nombre de Français se trouvant dans le halo autour du chômage ne cesse d’augmenter depuis 2008. On comptait alors 1,5 million de personnes dans cette situation, selon l’Insee. Et au premier trimestre de l’année, 2 millions des 15-64 ans s’y trouvaient. « Cette augmentation sur le long terme du halo autour du chômage est très inquiétante, souligne Thomas Grjebine. Les gouvernements ont beaucoup de difficultés à casser cette dynamique. »

4 Face à la crise sanitaire, « aucun pays n’a fait plus que la France » : faux

« Aucun pays n’a fait plus que la France » pour soutenir ses travailleurs et ses entreprises en 2020, au plus fort de la crise sanitaire, assure le tract. Le gouvernement a en effet multiplié les mesures d’urgence, comme le chômage partiel, le fonds de solidarité, les prêts garantis par l’Etat, les reports des échéances fiscales ou encore le crédit d’impôts. Il a aussi adopté un vaste plan de relance pour doper le redémarrage de l’économie.

Mais la France a-t-elle vraiment fait mieux que ses voisins européens ? Non, répondent France Stratégie, institution rattachée à Matignon, et l’Inspection générale des finances, dans un rapport rendu en juillet. Afin « d’éviter un écueil récurrent dans l’analyse des dispositifs d’urgence et de relance », l’étude porte sur les mesures ayant « un impact budgétaire immédiat et définitif, c’est-à-dire celles qui ne prévoient pas de remboursement de la part de leurs bénéficiaires », précise le rapport. 

En additionnant mesures d’urgence (138,6 milliards d’euros) et plan de relance (91,7 milliards d’euros), la France a certes annoncé un effort budgétaire global de 230,3 milliards d’euros. Mais l’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Italie ont fait davantage. Berlin a engagé des dépenses pour un total de 284,8 milliards d’euros. Londres a déboursé 326,5 milliards d’euros, pour l’essentiel en mesures d’urgence. Quant à Rome, elle promet 405,6 milliards d’euros de dépenses, dont plus de la moitié au titre de son plan de relance, même si cette dernière estimation « demeure incertaine », reconnaît le rapport. 

Si l’on rapporte ces sommes au produit intérieur brut de l’année 2019, l’effort consenti par la France (9,5%) se révèle plus important que celui de l’Allemagne (8,3%). Pour autant, ce ne sont plus seulement l’Italie (22,7%) et le Royaume-Uni (13,1%) qui font cette fois encore mieux que la France, mais aussi les Pays-Bas (12,8%) et l’Espagne (13,8%).

Que ce soit en montant brut ou en pourcentage du PIB, « la France occupe une position intermédiaire » dans ce bref comparatif européen, conclut le rapport.

Interrogé par franceinfo, Roland Lescure, porte-parole de LREM, fait valoir que la majorité présidentielle a intégré à son calcul l’ensemble de la protection sociale. En la matière, la France est déjà la plus généreuse de l’OCDE. Elle y a consacré 31% de son PIB en 2019. Elle perd toutefois sa première place, si l’on rapporte les sommes dépensées au nombre d’habitants. Avec l’épidémie de Covid-19, les dépenses de prestations sociales se sont accrues, notamment pour la branche maladie. En 2020, la crise sanitaire a occasionné un surcoût de 18 milliards pour l’assurance maladie. Mais contrairement aux mesures d’urgence et au plan de relance, exceptionnels, les dépenses habituelles de prestations sociales auraient, quoi qu’il arrive, englouti une partie du budget ordinaire déjà élevé de la protection sociale. Cela fausse donc le calcul. « Peut-être que cette phrase [du tract] est un peu un abus de langage », concède le porte-parole de la majorité.

5 La France est « le pays le plus attractif d’Europe » : vrai, mais à nuancer

La France est « le pays le plus attractif d’Europe », affirme le tract. Pour la deuxième année consécutive, et malgré la crise économique provoquée par la pandémie, la France arrive en effet en tête du palmarès des pays d’Europe les plus attractifs pour les investisseurs étrangers, établi par le cabinet EY dans son baromètre annuel de l’attractivité. Mais l’analyse qui accompagne ce classement invite à nuancer ce constat.

En 2020, la France a décroché 985 projets d’investissements étrangers, juste devant le Royaume-Uni (975) et l’Allemagne (930), qui complètent un podium identique à celui de l’année passée. L’attractivité de la France (-18%) a toutefois davantage reculé que celle de ses deux rivaux (respectivement -12% et -4%), mais aussi que la moyenne européenne (-13%).

Ces investissements étrangers sont, certes, à l’origine de 30 558 créations d’emplois en France en 2020. Mais ils sont moins pourvoyeurs d’emplois en France que dans le reste de l’Europe. Chaque projet crée en moyenne 34 emplois en France quand il en génère 135 en Espagne, 123 en Pologne ou encore 61 au Royaume-Uni et 48 en Allemagne. « Le coût du travail reste probablement un de nos points noirs, la France reste un des pays chers en Europe »avance sur franceinfo l’auteur de l’étude, Marc Lhermitte, associé chez EY. 

Enfin, si la France est passée en 2019 devant le Royaume-Uni et l’Allemagne dans le classement des pays européens ayant attiré le plus d’investissements étrangers, l’accélération a eu lieu entre 2015 et 2017, avec une hausse de 70% des investissements étrangers sur le sol français en deux ans. GRAPH

« Le rapport Gallois sur la compétitivité française de 2012 a suscité une prise de conscience de l’importance de l’attractivité économique de la France et celle-ci a fait partie des priorités des deux derniers quinquennats », rappelle le Conseil économique, social et environnemental dans un avis publié en mars. C’est ainsi qu’ont été créées les structures Business France à la fin 2014, puis Team France Invest en mars de cette année. 

L’attractivité « n’est pas un bon indicateur », juge Thomas Grjebine. La France a beau attirer toujours davantage d’investissements étrangers, sa balance commerciale reste déficitaire : elle importe toujours plus qu’elle n’exporte. Le déficit du commerce extérieur français s’est encore creusé de 7,3 milliards d’euros en 2020, affichant 65,2 miliards d’euros, selon l’Insee« C’est l’indicateur qui compte et qui est le plus inquiétant, note l’économiste. Ce n’est pas bon signe pour notre industrie. »

Traitement de Zemmour: LREM rivalise avec les réseaux sociaux

A Avignon, les macronards se fourvoient sur la stratégie anti-Zemmour

Tintin, le Lotus bleu

Le combattre de front à la loyale et attaquer son supposé « délire permanent », voire son « désordre mental », le railler sans le nommer, ou se concentrer sur son propre cas ? Les Marcheurs sont divisés sur la stratégie à adopter face à l’essayiste Eric Zemmour, valeur montante sur la droite radicale en vue de la présidentielle, à sept mois de l’échéance.

Macron les rend fous. D’accord pour faire de l’anti-Zemmour, samedi midi à la tribune de l’université de rentrée de La République en marche à Avignon, ils ne savent pas comment s’y prendre: ils sont partis en vrille, à l’instar de l’homme d’affaires et dirigeant associatif de 63 ans (grouoe SOS), Jean-Marc Borello, n°2 de LREM. Signe que celui qui n’est pas officiellement candidat obsède les esprits macroniens, lesquels peinent à trouver le juste ton pour bloquer son ascension.

Ex-socialiste agressif, le patron des députés LREM Christophe Castaner a tapé à bras raccourcis sur le journaliste, crédité de sondages à deux chiffres (10, 13, puis 15%) qui le font parfois tutoyer l’étiage de la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen, d’autant que la macronie s’emploie à maintenir Macron quand les lignes bougent autour de lui: tant que LR n’a pas désigné son champion, les sondeurs font grimper Eric Zemmour au détriment de Marine Le Pen, les désignant l’une et l’autre à la critique.

Eric Zemmour est « en délire permanent », a ainsi fustigé l’ancien ministre de l’Intérieur, « fier d’annoncer un grand remplacement », « fier de piétiner l’héritage de notre pays« , « fier d’étaler les salissures dans lesquelles il se complaît ».

« L’outrance n’est que l’art des pleutres. Quelle honte il fait au débat et à la France », a encore estimé, tout en finesse, cet ancien proche de Zampa, truand marseillais, jugeant, pendant qu’il y est, que Zemmour serait « plus lepéniste que les Le Pen ». Il y a seulement un mois, Castaner assurait que « politiquement, Eric Zemmour n’est rien« . Que dira-t-il dans sept ?

Lui aussi violent, le ministre de la Santé Olivier Véran a attaqué un « aventurier du repli, du rejet, du racisme, qui cite des grands auteurs comme d’autres font de la prose, mais qui surtout, donne des boutons aux historiens sérieux ».

Diabolisant Eric Zemmour sans le nommer en clair,  » le délégué général adjoint de LREM, le désopillant Jean-Marc Borello, a attaqué bille en tête, à la manière stéréotypée de la gauche archaïque pavlovienne, annonçant « l’arrivée de la peste brune« , à la suite de Gérald Darmanin qui, quant à lui, alors ministère de l’Action et des Comptes publics, avait assimilé les manifestants des Champs-Elysées à cette « peste brune » à usage multiple, inépuisable.

Borello a usé de la métaphore du « virus nouveau » qui vérolerait « 15 % du corps électoral » et qui « se traduit par des désordres mentaux, un peu de machisme, un peu d‘homophobie« . Cet ex-éducateur spécialisé et ex- vice-président d’Ensemble contre le sida (association présidée par Pierre Bergé) et d’Élus locaux contre le sida (association présidée par Jean-Luc Romero) ne manque pas d’aplomb, outre cette accusation de fascisme, puisque, homosexuel assumé, il est l’objet de deux articles en décembre 2018, dans Le Monde tout d’abord, puis dans Libération, qui rendent compte d’accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles dans son entreprise de la part de plusieurs anciens employés. Invoquant la « culture du groupe », Jean-Marc Borello se défend de toute agression et déclare : « Je ne vais pas agresser, a fortiori devant 1.000 personnes, pour arracher un smack. Cela confinerait à de la pathologie ou du suicide ». C’est un connaisseur en « désordres intimes » qui parle.

« Personnaliser la riposte »: blesser

De son côté, dans un message enregistré, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, qui lui-même vit avec un homme, s’est fait plus évasif en appelant les marcheurs à « ne jamais laisser personne s’arroger le monopole de la radicalité ». « Parce que la vraie radicalité, c’est la nôtre (…) pas celle des postures pour la bulle médiatique », a-t-il lancé, refusant la vision d’un « pays rabougri ».

Mais « c’est une erreur de parler de Zemmour aujourd’hui », regrette un anonyme de la majorité. « Ca ne veut pas dire qu’on n’est pas dupe, mais si on n’en parle pas, on n’en fait pas la pub », ajoute-t-il, estimant que Castaner et Véran avaient eu « des réflexes de meetings socialistes ».

Macron lui-même avait d’abord esquivé le sujet lundi en marge d’un déplacement à Lyon, avant de livrer son opinion réductrice dès le lendemain en affirmant que « notre identité ne s’est jamais bâtie ni sur le rétrécissement, ni sur des prénoms », ciblant, sans le désigner non plus, l’étoile montante des sondages.

Dans ce sillage, le dirigeant de LREM Stanislas Guerini, ancien chef incompétent du groupe présidentiel à l’Assemblée, plaide ainsi pour ne pas « personnaliser la riposte ». « Quand on est empêtré dans la riposte, c’est le meilleur moyen de ne pas faire passer nos idées », complète une marcheuse historique, appelant donc, comme le député Roland Lescure à « ne pas boxer, mais creuser son sillon, avancer ».

« Se livrer à un concours de punching ball ne sert absolument à rien », a abondé devant la presse le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, comparant la « bulle Zemmour » à une « cloque de lac volcanique » destinée à éclater l’une après l’autre…

Les sondeurs ont-ils reçu le message: cesser de faire monter Zemmour dans leurs « enquêtes »?

Les députés valident le « pass sanitaire » malgré les critiques

La majorité rejette tous les amendements: l’allié MoDem se soumet

Le « pass sanitaire » sera d’abord réservé aux déplacements vers ou depuis l’étranger et subordonnera l’accès à des grands rassemblements ou à certains lieux. Il faudra présenter le résultat négatif d’un dépistage virologique, un justificatif de vaccination ou une attestation de son rétablissement à la suite d’une contamination. 

« Condition de la liberté » ou « impasse »? Les députés ont validé la création d’un « pass sanitaire » pour l’accès aux grands évènements, malgré les sévères critiques des oppositions, lundi soir lors de l’examen du projet de loi de sortie de la crise sanitaire. Cette mesure-phare du texte introduite par le gouvernement en commission des Lois a fait l’objet d’un tir de barrage des oppositions avec à la clef de longues discussions et de nombreux amendements rejetés, y compris des centristes du MoDem. 

« On nous dit que c’est un projet de loi pour gérer la sortie de cette crise sanitaire et on nous pond la mesure la plus coercitive de contrôle depuis le début de la crise du covid », a taclé Eric Coquerel (LFI). « Vous ouvrez la boîte de Pandore ». « C’est la condition de la liberté », a rétorqué le député LREM, Roland Lescure.

« Le pass sanitaire doit nous permettre de rouvrir des établissements recevant du public, des festivals, des lieux de rassemblement. Si nous avions pas le passsanitaire, nous devrions attendre beaucoup plus longtemps », a prévenu le secrétaire d’Etat en charge du numérique Cédric O, ajoutant: « le pass sanitaire ne garantit pas qu’il n’y a aucun risque, il diminue les risques ».

Des « garanties suffisantes »

L’outil d’abord réservé aux déplacements vers ou depuis l’étranger, subordonnera l’accès à des grands rassemblements ou de certains lieux à la présentation d’un résultat négatif d’un dépistage virologique, ou un justificatif de vaccination ou une attestation de son rétablissement à la suite d’une contamination. 

« Le dispositif est entouré de garantie suffisante car il ne s’appliquera pas aux activités quotidiennes », a redit le rapporteur LREM Jean-Pierre Pont. Une jauge à 1.000 personnes a été promise par le gouvernement mais sans l’inscrire dans le marbre de la loi. Il faut « maintenir une forme de souplesse », a justifié Jean-Pierre Pont. 

Loi «Sécurité globale» : Richard Ferrand fragilisé

Les sénateurs rappellent la procédure législative constitutionnelle au gouvernement et à sa majorité

Ferrand fait porter à Castex le chapeau de l’incurie de l’Assemblée

Les élus du Palais du Luxembourg ont souligné, Constitution à l’appui, qu’eux seuls sont habilités à décider une «réécriture» de l’article 24 à ce stade.

Richard Ferrand prend un coup sur le bec. La presse aux ordres titre que « Larcher et Ferrand ont fait plier Castex sur la réécriture de l’article 24 ». La vérité n’est-elle pas plutôt que Richard a laissé débattre les députés et voter un texte qui ne tient pas la route et que Ferrand vient maintenant dénigrer tout le travail fourni sous sa responsabilité de président de l’Assemblée ?

Ce vendredi 27 novembre, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ont annoncé solidairement au premier ministre qu’ils n’acceptent pas qu’une commission réécrive l’article polémique de la loi Sécurité globale. Jean Castex a décidé de faire marche arrière. Mais pourquoi Ferrand a-t-il laissé faire les rapporteurs LREM Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot, députés de la majorité présidentielle ? Le président de l’Assemblée n’a-t-il pas fait perdre du temps législatif compté et précieux sur une session parlementaire chargée ?

L’exécutif et la majorité espéraient enfin, ce lundi, éteindre l’incendie provoqué par la proposition de loi Sécurité globale et la rédaction, très controversée, de son article 24, le tout voté par une majorité de députés: lien PaSiDupes . Après une première tentative de conciliation – un compromis de réécriture du texte par une commission indépendante – ayant réussi à réunir la quasi-totalité des bancs de l’Assemblée nationale contre elle, une nouvelle issue de secours vers une sortie de crise, retenue par les têtes de la majorité, soulève à son tour bronca. Mais dans les travées du Sénat, cette fois.

Castaner s’en mêle et met le feu

La majorité et le gouvernement vont reprendre à zéro – ensemble – la rédaction de l’article malicieusement incompris par la presse pourtant décrypteuse. Lors d’une conférence de presse, lundi après-midi, le chef du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale, Christophe Castaner, était pourtant escorté des présidents de groupe MoDem et Agir qui, à l’évidence, ne connaissent rien au principe de séparation des pouvoirs que Christophe Castaner, Patrick Mignola et Olivier Becht s’accordent ainsi à violer allégrement: une tournante parlementaire, dont la Constitution aurait fait les frais !

«L’exécutif et sa majorité vont d’erreur en erreur. N’en déplaise aux députés LREM, l’article 24 est toujours dans le texte qui a été transmis mardi dernier au Sénat. Conformément à la Constitution, sa réécriture dépend donc désormais du Sénat», s’est révolté le président du groupe Les Républicains au sénat, Bruno Retailleau. «La Constitution s’impose à tous, à commencer par ceux qui ont le devoir de l’appliquer», abonde le questeur LR du sénat Philippe Bas.

Adoptée à une large majorité en première lecture à l’Assemblée nationale mardi dernier, la proposition de loi doit suivre le cheminement normal de la «navette parlementaire». Elle devrait ainsi être discutée, en l’état, par la chambre haute fin janvier ou début février. En annonçant d’ores et déjà sa réécriture, la majorité et l’exécutif font peu de cas des sénateurs et de leurs discussions à venir, comme des apports sur le texte, venant des élus de la Chambre haute.

La presse partisane tente de diaboliser la droite, mais la gauche est également aux cent coups

«Une fois que le texte aura été discuté au Sénat, il y aura une commission mixte paritaire, la position des députés pourra s’exprimer dans une nouvelle écriture de l’article 24, expliquait la présidente LREM de la commission de lois à l’Assemblée nationale, l’irrésistible Yaël Braun-Pivet – une magistrate tout-terrain -, lors d’une conférence de presse ce lundi après-midi. « Nos collègues Sénateurs pourront retravailler ce texte et proposer des amendements et donc s’inspirer de la rédaction que nous proposerons.» Le plus simple ne serait-il pas de renvoyer les députés dans leurs foyers ?

Sur Twitter, le président LREM de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Roland Lescure est plus radical : «Conformément aux institutions, en cas de désaccord entre les deux chambres, c’est la majorité à l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot». En même temps, cet individu – demi-frère du journaliste Pierre Lescure qui bénéficie d’un emploi fictif sur France 5 où il émarge chez Anne-Elisabeth Lemoine -, est un renégat socialiste, fils de François Lescure, journaliste au quotidien communiste L’Humanité, et d’une mère syndicaliste à la Régie autonome des transports parisiens (RATP): sa dérive idéologique le mènera-t-il au RN ?

Ce mépris des travaux du Sénat, lourdement augmenté d’une ignorance de la procédure législative, a été tenue cachée pendant plus de trois ans«Leur inventivité et leur potentiel d’enfumage sont sans limites! Cette petite phrase  »la majorité parlementaire suspend l’article 24 » ne passerait même pas le cap d’un TD de 1ère année en droit constitutionnel», s’étrangle la sénatrice socialiste de l’Oise, Laurence Rossignol, ex-ministre de Hollande aux Familles, à l’Enfance
et aux Droits des femmes.
Le chef du groupe PS au Sénat, Patrick Kanner, gronde nécessairement : «Nous ne serons pas la voiture-balai de la majorité gouvernementale et demanderons la suppression de cet article liberticide.» 

Les commissions mixtes partiaires, où devront se mélanger sénateurs et députés, pourraient enfanter d’un monstre ! Le Conseil constitutionnel n’est pas en vacances…