Présidentielle: Macron ne séduit pas les actifs

« Macron ne domine plus dans la “France du travail”,» selon l’IFOP

Macron, content de lui,
lors d’une visite le 28 mai 2015 aux installations d’Alstom à Belfort

Entretien de Frédéric Dabi avec Le Point. Selon le directeur général opinion de l’Ifop, Macron sur-performe chez les jeunes et les seniors. Le duel Le Pen-Macron est plus serré chez les actifs.

Qui sera élu ou réélu président de la République ? Réponse dimanche 24 avril, à 20 heures. En attendant le verdict des urnes, l’Ifop propose une intrigante photographie de l’opinion dans son « rolling » (information en continu) paru mercredi 20 avril, quelques heures avant le débat du second tour. Macron distance très largement Marine Le Pen parmi les primo-votants et les seniors, deux catégories plutôt inactives, l’une votant peu, l’autre massivement.

En revanche, les deux candidats à l’Elysée se partagent le vote de la « France du travail », selon les estimations de cette entreprise commerciale de sondage. Entretien avec Frédéric Dabi, le directeur général opinion de l’IFOP, longtemps propriété de la famille Parisot (notamment de l’ancienne vice-présidente du MEDEF, Laurence Parisot. Celle-ci traîne un boulet qui l’assimile à Macron dans l’affaire de ses cabinets de conseil, tel McKinsey. A l’époque où Laurence Parisot dirigeait l’entreprise Optimum, elle aurait mandaté le cabinet anglo-saxon d’intelligence économique Kroll pour surveiller les abords de la société et enquêter sur le passé de certains salariés.

Le Point : Une partie de la jeunesse manifeste dans les universités contre ce second tour Macron-Le Pen. Lequel des deux candidats à l’Elysée emporte leurs suffrages ?

Frédéric Dabi : Selon nos estimations, Emmanuel Macron récolte 60 % des intentions de vote chez les 18-24 ans. C’est un score important, net et supérieur à sa performance globale – toutes classes d’âges confondues – que nous estimons à 55 %. Il y a cependant une très forte marge de progression pour le président candidat chez ces primo-votants. On aurait pu s’attendre à ce qu’Emmanuel Macron grimpe à 75 % dans cette classe d’âge, compte tenu des résultats de Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Valérie Pécresse au premier tour. Et ce, d’autant plus que Marine Le Pen n’a capté que 18 % du vote des 18-24 ans il y a deux semaines.

Nous pouvons donc tirer comme enseignement que le vote barrage au Rassemblement national s’est émoussé chez les primovotants. En 2002, c’était 90 % pour Jacques Chirac et 10 % pour Le Pen père ! Deux explications. La première, l’appel de Jean-Luc Mélenchon à ne pas voter pour l’extrême droite [sic] sans pour autant désigner un vote Macron. Seconde explication, Emmanuel Macron se présente cette fois avec un bilan. Certaines mesures, comme Parcoursup et la baisse des APL, ont pu déplaire à l’électorat jeune.

Comme le McKinseyGate à tous:

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Vos prévisions pour le second tour confirment-elles la nette avance [recherche traditionnelle de stabilité] d’Emmanuel Macron chez les plus de 65 ans ?

Emmanuel Macron, en campagne dans l'usine Siemens Gamesa du Havre, le 14 avril.
Désosseur d’Alstom, Macron,
en campagne dans l’usine Siemens Gamesa du Havre, le 14 avril.

Oui, complètement. Il s’est passé quelque chose d’historique il y a deux semaines. Pour la première fois sous la Ve République, le premier candidat en tête chez les seniors n’est pas issu de la droite modérée [preuve que, pendant cinq ans, Macron n’a pas respecté toutes les sensiblilités]. Au premier tour, Valérie Pécresse fait 10 % et Emmanuel Macron 39 % ! Cette avance se confirme au second tour. Emmanuel Macron ferait 64 % chez les plus de 65 ans [imprégnés de la vision marxiste d’après-guerre, malgré l’échec des partis communistes européens] et Marine Le Pen seulement 36 %. Or, le vote senior est essentiel pour gagner une présidentielle.

Quelles sont les motivations des seniors ?

Le vote RN représente pour eux un saut dans l’inconnu. Certes, Marine Le Pen ne prévoit plus de retour au franc [comme les écolos à la lampe à pétrole !] et semble [elle s’en défend face à la désinformation] écarter le scénario d’un Frexit. Mais un point les inquiète davantage : celui des retraites. La majorité des plus de 65 ans est à la retraite et craint pour sa pension [Macron n’a pas restauré leur pouvoir d’achat: en 2014, le gouvernement du socialiste Manuel Valls a mis en place un plan d’économies de 50 Mds  sur 3 ans. Le gel des pensions de retraite de base faisait partie des mesures et Macron – ministre de l’Economie et du Numérique – n’a jamais rien fait pour eux, ni auprès de Hollande, ni à Bercy, ni à l’Elysée, puisque leur vote est acquis].

Emmanuel Macron est devant chez les plus jeunes, pour beaucoup encore en études. Il est également devant chez les plus âgés, pour la plupart à la retraite. Emmanuel Macron est-il le président des inactifs ?

Octobre 2017, le député LFI François Ruffin appelle le chef de l’Etat à se soucier du sort des intérimaires de l’entreprise Whirlpool Amiens, symbole de la désindustrialisation
française, en octobre 2017

Emmanuel Macron sur-performe, en effet, dans les catégories générationnelles extrêmes. Chez les 25-65 ans, à savoir les générations intermédiaires, le rapport de force est au contraire beaucoup plus serré. Le candidat LREM et la candidate RN sont au coude-à-coude, à environ 52 % et 48 %. Contrairement à la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron ne domine pas dans la « France du travail ».

La trahison et le néant caractérisent Macron: analyse de Davet et Lhomme, Le Monde
lien PaSiDupes

La France entière garde à l’esprit la fermeture de l’usine américaine Whirlpool d’Amiens, en un an seulement, un fiasco industriel et humain du quinquennat Hollande auquel Macron est associé. Un échec que le repreneur a justifié par la pression des pouvoirs publics sur ce dossier, enjeu de l’ élection présidentielle de 2017: les deux finalistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen allèrent jusqu’à se rendre sur place… Pour autant, Whirlpool qui est producteur de purificateurs d’air n’a pu fournir la France pendant la crise sanitaire.

Le « Mozart de l’Economie » a également à son passif le démantèlement d’Alstom. Un désossage engagé en 2014 – alors que Macron conseillait Hollande dès 2012 – avec la vente du pôle Energie à General Electric, et une déstabilisation durable de l’un de nos fleurons industriels. Avec la fermeture programmée du site de Belfort, les actifs payèrent l’impéritie du pouvoir socialiste.

Désossement d’Alstom entre General Electric et Siemens – lien PaSiDupes: Alstom : Hollande se rend en Allemagne pour désavouer Montebourg

Extrait, septembre 2016

On peut tout aussi bien dire qu’il y a « une France du travail » qui préfère Marine Le Pen. En 2007, cette France avait majoritairement soutenu Nicolas Sarkozy, séduite par son « travailler plus pour gagner plus ». En 2012, c’était François Hollande. On ne les y a plus repris…

Présidentielle: Macron, dépendant de l’abstention au premier tour

La marge d’erreur des sondages peut aussi dissimuler une issue fatale

La principale incertitude est de savoir « jusqu’où Emmanuel Macron peut baisser », explique Bruno Jeanbart, le vice-président de l’institut OpinionWay. Il observe « un réveil de l’anti-macronisme, qui remonte très fort ». Le soutien des Français aux « gilets jaunes » atteint 49 %, du jamais vu depuis le début de la campagne.

Dans l’hypothèse d’une nouvelle finale Macron-Le Pen, 47 % disent d’abord vouloir éviter l’élection de la candidate RN et 45 % lutter contre la réélection de celui d’En marche. En septembre 2020, ils étaient respectivement 53 % et 40 %. La diabolisation de Marine Le Pen semble désormais manquer sa cible, tandis que les révélations du cynisme des pratiques de Macron atteignent visiblement leur cible: il est tombé de son haut, perdant cinq points.

Selon le dernier baromètre OpinionWay-Kéa Partners pour « Les Echos » et Radio Classique, publié ce vendredi, Macron n’est plus crédité que de 26 % des intentions de vote et Marine Le Pen de 22 %, quand Jean-Luc Mélenchon, avec 17%, ne parvient pas à rattraper le wagon de tête.

L’anti-macronisme enfle surtout à gauche, chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, plus nombreux, à ce stade, à vouloir éviter un nouveau quinquennat Macron. « Cela peut changer dans l’entre-deux-tours », prévient l’enquêteur : « Dans cette campagne, où l’on a tour à tour parlé de Zemmour, de Pécresse, de Macron et, aujourd’hui, de Mélenchon, Marine Le Pen est un peu passée sous les radars. Elle n’a jamais été au coeur de la campagne. » C’est l’une des clés de son succès, tandis qu’irritent l’omniprésence de l’arrogant Macron et sa stratégie de campagne sournoise. « Mais dans les deux prochaines semaines, un duel va s’installer et elle ne pourra plus être cachée. »

Bataille serrée à droite

Les neuf autres candidats en lice ne peuvent plus prétendre à l’Elysée. Valérie Pécresse et Eric Zemmour, qui ont chuté ces dernières semaines, jouent des coudes à 9 % des intentions de vote. Mais la bataille n’est pas sans enjeu, dans la perspective des législatives et d’une éventuelle « recomposition » à droite. Zemmour pourrait entrer au Parlement: il lui suffit de trouver la circonscription qui lui permettrait de constituer un groupe parlementaire.

C’est cependant l’« effondrement de la gauche sociale-démocrate et écologiste » qui frappe surtout les auteurs de l’enquête. La socialiste Anne Hidalgo, dont la candidature n’a jamais percé, n’est qu’à 2 %, à égalité avec Nicolas Dupont-Aignan et derrière le communiste Fabien Roussel ou même Jean Lassalle (3 %). L’écologiste Yannick Jadot, lui, a reculé en fin d’année dernière et n’a jamais retrouvé le moindre élan : il est à 5 %, le seuil pour être remboursé de ses frais de campagne. Avec Anne Hidalgo, à eux deux, ils totalisent 7 %. « Contre 15 % en octobre », note le vice-président d’OpinionWay.

Quant aux révolutionnaires trotskistes Philippe Poutou (NPA) et Nathalie Arthaud (LO), ils finissent la campagne là où ils l’avaient commencée : autour de 1 % des intentions de vote, voire 0% pour la candidate de LO. Les candidats trotskistes ont pour point commun d’être en lice pour la troisième fois. Et de ne pas vouloir être élus.

Depuis 2017, les Français disent ne pas vouloir d’un match retour Macron / Le Pen. Par défaut, et après avoir cherché des alternatives, ils semblent pourtant s’y diriger. A deux jours du premier tour de la présidentielle, et alors que la campagne officielle s’achève, le président sortant et la candidate RN sont en position de force, selon le dernier baromètre OpinionWay-Kéa Partners pour « Les Echos » et Radio Classique, publié ce vendredi. Le premier est crédité de 26 % des intentions de vote et la seconde de 22 %, quand Jean-Luc Mélenchon est à 17 %.

Mais la prudence s’impose. Un sondage n’est pas l’élection, plus encore sur fond d’incertitude sur le niveau de l’abstention , notamment des catégories populaires. Et, depuis quelques semaines, deux dynamiques sont à l’oeuvre, en faveur de la figure de proue du RN et du leader des Insoumis, révélant une saturation de Macron chez les sondés les plus critiques. La première au détriment d’Eric Zemmour, la seconde de manière plus disparate à gauche, mais toutes deux portées par le « vote utile ». Le 1er avril, 25 % des électeurs de Marine Le Pen affirmaient vouloir voter par stratégie plutôt que par conviction. Aujourd’hui, ils sont 31 %. Du côté de Jean-Luc Mélenchon, leur proportion est passée de 30 % à 37 %.

Macron empile les erreurs de stratégie: McKinsey est -il nuisible ?

Macron s’était fait passer pour un fin stratège, mais les sénateurs ont mis en évidence l’emprise sur lui du cabinet McKinsey. Son habileté n’est plus aussi indiscutée et sa lucidité est désormais mise en question au vu des effets désastreux des cabinets de conseil privés étrangers. La confiance des Français a fondu, du fait de l‘évasion fiscale tolérée par Bercy, doublée de soupçons de renvoi de l’ascenseur pour l’apport de 300.00 euros de McKinsey à la campagne de Macron en 2017. En conséquence, Macron perd du terrain. L’ « effet drapeau » dont il avait bénéficié à la faveur de l’ingérence de l’UE dans la guerre de l’Américain Joe Biden contre la Russie, ennemie héréditaire depuis la « guerre froide » en territoire ukrainien s’est atténué, le pouvoir d’achat prenant une place prépondérante dans l’esprit des électeurs. Et son refus de rentrer de plain-pied dans la campagne irrite. L’avance du chef de l’Etat sortant sur celle qui se veut désormais une « femme d’Etat » – le slogan de campagne de Marine Le Pen – était de 13 points à la mi-mars. Elle n’est plus que de 4 points, au point que sa première place, ce dimanche soir, n’est plus certaine.

Si le second tour se déroulait aujourd’hui, Macron l’emporterait avec 54 % des voix face à Marine Le Pen, ce qui ne prend pas en compte l‘effet isoloir qui désigne la décision de dernière minute des indécis, lesquels seraient entre 30 et 50%. En 2017, Marine Le Pen avait obtenu 33,9 % des suffrages exprimés mais est créditée de 47% le 24 avril et Macron 66,1% contre 54% ou 53% envisagés en 2022.

La marge d’erreur peut atteindre 2,6 à 3 points, en plus ou moins, ce qui peut inverser le rapport de forces. La marge d’erreur et le taux d’abstention conjugués permettent d’envisager un 50/50…

McKinsey aurait «travaillé gratuitement» pour la campagne 2017 de Macron

Eric Zemmour a dénoncé une collusion entre le cabinet de conseil et le président.

La «polémique McKinsey» alimente l’opposition à un second mandat de Macron. Ses concurrents à l’élection présidentielle s’indignent de son recours jugé abusif et coûteux aux cabinets de conseil durant la mandature, dont l’américain McKinsey, cabinet international de conseil en stratégie, l’un des plus prestigieux – et gourmand- au monde. La firme a pourtant été associée à de nombreux scandales, notamment pour son implication auprès de gouvernements autoritaires, ou de grands acteurs de la vie économique (effondrement d’Enron en 2001, crise financière de 2007-2008, scandale des opioïdes avec Purdue Pharma dans les années 2010, dissidents emprisonnés en Arabie Saoudite, fête à côté de camps de concentration Ouighours en Chine, etc ). L’entreprise McKinsey est critiquée aux Etats-Unis pour ses liens avec les industriels du tabac et encourager ses clients à augmenter significativement le prix de médicaments pourtant développés il y a longtemps.

Dès février 2021, dans une longue enquête sur McKinsey & Company France, le journal Le Monde révèle que le siège social de McKinsey est au Delaware, deuxième plus petit état des Etats-Unis et souvent décrit comme un paradis fiscal (mais dirigé par un gouverneur Démocrate, sans discontinuer depuis 1993 !). L’entreprise n’y exerce aucune activité (il s’agit d’une simple boîte aux lettres), mais ses revenus y sont déclarés, ce qui lui permet de payer au fisc… 175 dollars d’impôts par an.

La société assure qu’elle « déclare ses activités en France, et paie la fiscalité directe et indirecte due chaque année ».

En mars 2022, la commission d’enquête sénatoriale française sur les cabinets de conseil constate que « McKinsey n’a payé aucun impôt sur les sociétés en France depuis dix ans ».

De plus, Karim Tadjeddine, le directeur associé et responsable du secteur public chez McKinsey est suspecté d’avoir fourni un faux témoignage, sous serment, lors de son audition le 18 janvier 2022. Cette accusation fait suite à des faits similaires en Norvège.

Les droites résistent aux dénis mensongers de Macron

Après Eric Ciotti, Christian Jacob étrille le président sortant, l’accusant d’utiliser l’argent public pour ses propres besoins de campagne présidentielle.

Macron ferait-il secrètement campagne avec les moyens de l’Etat ? Le président des Républicains affirme que la pratique n’est « pas loin du détournement de fonds publics ». Dans un entretien avec Le Figaro publié mercredi 26 janvier, alors que le chef de l’Etat n’est toujours pas candidat déclaré à la présidentielle, Christian Jacob soupçonne que Macron « fait campagne avec les moyens de l’Etat, ce qui n’est pas acceptable. On n’est pas loin du détournement de fonds publics », assène alors le patron de LR.

Il dit aussi comprendre ainsi pourquoi Macron retarde son annonce de candidature « parce qu’il n’a pas de bilan à présenter » et parce qu’il redoute d’avoir à rendre des comptes. Il préfère ainsi aller pérorer devant de braves gens sélectionnés par ses services et les élus partisans comme le maire de Poissy, Karl Olive, plutôt que d’affronter des contestataires documentés.

Eric Zemmour ne se laisse pas balader non plus

Le ministre délégué aux Comptes Publics, Olivier Dussopt, n’a pas été plus convaincant que sa collègue ministre de la Transformation publique, Amélie de Montchalin, lors de leur conférence de presse conjointe et n’a pas éteint le débat. Eric Zemmour l’a relancé sur RTL, le lendemain matin. L’ancien journaliste a renouvelé ses attaques, accusant Macron de collusion avec les cabinets de conseil, et ce dès la campagne présidentielle de 2017.

«Emmanuel Macron a utilisé une vingtaine de membres du cabinet McKinsey pendant sa campagne électorale de 2017. Ils l’ont fait à titre gratuit, donc c’était déjà une illégalité, puisqu’on sait le prix de ces conseillers et ils n’ont pas à travailler gratuitement», a révélé Eric Zemmour. «Et, comme par hasard, […], en 2018, l’Etat paie à McKinsey 300 millions« … Un modeste retour d’ascenseur de Macron à McKinsey pour sa contribution à son élection surprise de 2017 ?

La paire McKinsey – Macron s’apprête-t-elle à réaliser un nouveau hold-up, selon le même modus operandi, puisque le PNF a mis quatre mois pour réagir après le début des révélations déclenchées par la commission sénatoriale ?

Qu’est-ce que l’affaire McKinsey, qui éclabousse le président Macron ?

Le président Macron a méprisé les hauts-fonctionnaires français et dépensé près d’un milliard au profit d’un fraudeur fiscal américain

Le cabinet de conseil McKinsey pollue
les campagnes présidentielles 2017 et 2022 de Macron

Macron, Philippe et Caster ont déboursé près d’un milliard d’euros pour s’offrir les conseils du cabinet McKinsey, alors que celui-ci n’a pas payé d’impôts en France pendant près de 10 ans, selon un rapport du Sénat. Emmanuel Macron assume !

« Que ça aille au pénal ! » C’est le défi lancé par Macron accusé d’avoir multiplié les contrats avec des groupes privés de conseil depuis son arrivée au pouvoir. Les dépenses de conseil engagées par l’exécutif en doublon des hauts fonctionnaires ministériels et des conseillers de l’Elysée ont doublé depuis 2018, atteignant un record de plus d’un milliard d’euros en 2021. Parmi ces cabinets pour lesquels l’Etat a dépensé des sommes colossales figure McKinsey, récemment épinglé par le Sénat pour ne pas avoir payé d’impôt sur les sociétés en France entre 2011 et 2020. 

Nicolas Dupont-Aignan a ajouté à ces abus de biens publics des conflits d’intérêts

« McKinsey, qui a reçu des millions d’euros et ne paye pas d’impôts en plus en France, était conseiller de Pfizer [laboratoire de recherche et pourvoyeur de vaccins contre la covid-19], c’est le conflit d’intérêts au sommet, » a-t-il dénoncé ce mardi 29 mars sur RTL.

Le candidat Mélenchon et Les Insoumis, eux, pointent un « scandale d’Etat ».

Adrien Quatennens, coordinateur de La France insoumise (LFI), était l’invité de Dimitri Pavlenko ce jeudi 7 avril sur Europe 1. Le porte-parole du candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a réagi sur l’ouverture d’une enquête préliminaire par le Parquet national financier sur les cabinets de conseil, qualifiant l’affaire McKinsey de « scandale d’Etat ».

Quatre jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le Parquet national financier (PNF) – qui avait fermé les yeux pendant toutes ces années – a finalement ouvert une enquête pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale » dans l’affaire des cabinets de conseil, sans que son enquête n’ait la moindre chance d’aboutir avant le second tour de la présidentielle le 24 avril, ni même avant les législatives de juin 2022. Une enquête en lien avec le recours par Macron et ses premiers ministres – méprisant les compétences de leurs propres collaborateurs – au cabinet McKinsey.

Le cabinet McKinsey tente d’embrouiller la commission sénatoriale

Pendant que la majorité présidentielle LREM à l’Assemblée détourne le regard et fait le dos rond, le cabinet McKinsey est auditionné par une commission d’enquête sénatoriale le mardi 18 janvier 2022. Un des directeurs associés du cabinet de conseil McKinsey a eu toutes les peines du monde à justifier un contrat mirobolant de 496.800 euros pour « évaluer les évolutions du métier d’enseignant » en vue d’un séminaire organisé par Blanquer, mais qui n’aura jamais lieu.

Pour justifier la somme perçue par son cabinet, Karim Tadjeddine a déclaré qu’elle avait servi à organiser un « séminaire » pour « réfléchir aux grandes tendances des évolutions du secteur de l’enseignement ». « Nous avons accompagné la DITP [Direction Interministérielle de la Transformation Publique, ndlr] dans cette réflexion. », a-t-il ajouté.

« 496 800 euros, c’est l’équivalent d’un million de masques FFP2 »

Une réponse qui n’a visiblement pas convaincu l’élue PCF de Seine-Saint-Denis, Eliane Assassi, qui a estimé que la réponse était « un peu imprécise » pour une somme aussi conséquente. « Ça a abouti à quoi, précisément ? », insiste la communiste. Ce à quoi Karim Tadjeddine jargonne qu’il s’agissait de « travaux de « benchmarking » du marché, de comparaison » des évolutions du métier d’enseignant et des systèmes éducatifs européens et de « réfléchir à des thèmes de réflexion pour la tenue d’un séminaire avec les responsables des enseignants ».

Un peu plus tard, toujours insatisfaite face à la ministre chargée de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie de Montchalin, ministre issue de la société civile (Elf Aquitaine, ensuite Danone, puis Coca-Cola), la sénatrice a rappelé que « 496.800 euros, c’est l’équivalent de 1.600 purificateurs d’air dans 1 600 restaurants scolaires, et c’est l’équivalent d’un million de masques FFP2 qu’attendent dans l’urgence les enseignants comme l’a promis le ministre Jean-Michel Blanquer ».

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Largement partagée sur les réseaux sociaux, cette séquence montrant le conseiller de McKinsey en difficulté a beaucoup scandalisé, alors qu’une nouvelle mobilisation des enseignants était organisée le jeudi 20 janvier pour protester contre la gestion de l’épidémie dans les écoles, et que Bourriquet, Jean-Michel Blanquer, était en pleine tempête médiatique après les révélations de ses vacances à Ibiza par Mediapart.

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Depuis le début de la crise sanitaire, le cabinet de conseil McKinsey, cher au coeur du gouvernement français mais cher au portefeuille des Français depuis déjà quelques années, a engrangé plus de 13,5 millions d’euros, selon cette même Commission d’enquête sur l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques.

Mentant à la Commission sénatoriale, le président de McKinsey jure sous serment avoir payé des impôts en France. 

Alors comment justifier ces sommes pharaoniques et le choix de McKinsey ? 

Emmanuel Macron l’assure : lorsque des ministères sont « jour et nuit au travail », « qu’ils demandent des prestataires extérieurs pour les aider ne me choque pas ». « On a l’impression qu’il y a des combines, c’est faux (…) Aucun contrat n’est passé dans la République sans qu’il respecte la règle des marchés publics » et « que quiconque a la preuve qu’il y a manipulation mette le contrat en cause au pénal », a poursuivi le chef de l’Etat sur France 3 dimanche 27 mars. 

Présidentielle 2022 : « l’affaire McKinsey », Macron rattrapé par ses mauvaises pratiques?Ecouter le son 

Des procédures en justice engagées

Sur les soupçons de fraude fiscale, Macron a estimé que cela s’expliquait par les règles fiscales en vigueur, assurant s’être « battu » pour instaurer un impôt minimal sur les grandes entreprises qui entrera en vigueur dans les prochains mois.

Présidentielle 2022

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, invité du Grand Jury sur RTL, avait également indiqué : « Nous allons nous assurer que McKinsey paie les impôts qu’il doit à la France, comme toutes les entreprises », précisant que « toutes les procédures sont déjà engagées [depuis janvier ?] par la Direction générale des finances publiques ». 

Vendredi 25 mars, les sénateurs ont saisi la justice pour « suspicion de faux témoignage » contre un dirigeant de McKinsey. De son côté, le cabinet de conseil a assuré respecter « l’ensemble des règles fiscales et sociales françaises applicables«  et dit avoir payé l’impôt sur les sociétés « les années où le cabinet a réalisé des bénéfices en France ».

Macron s’en est remis à McKinsey dans la gestion de la covid: à quoi sert-il?

L’exécutif et les parlementaires sont-ils des doublons inutiles et coûteux?

McKinsey a gouverné la France et coûté moins cher que l’Etat dans la gestion de la vaccination.

La gestion de la vaccination « par McKinsey a couté moins cher » que si l’Etat s’en était occupé

C’est un « sparadrap » de plus pour Macron, celui dont il aimerait se défaire dans la dernière ligne droite de la présidentielle, mais qui va peser lourd dans les urnes, parmi tous les autres mensonges. On apprend en effet que cet exécutif qui affirmait sans cesse être an travail ne faisait que « regarder les dossiers sur la table », littéralement et de loin. L’Elysée et les membres du gouvernement, singulièrement Florence Parly, Olivier Véran, Jean-Mimi Bkanquer ou Le Maire, payaient avec notre impôt des cabinets de conseil privés et souvent étrangers pour faire le boulot pour lequel nous les payons. Le contribuable paie deux fois pour le même travail mais la presse ne crie pas au scandale: elle est subventionnée !

Si lors d’un déplacement en Charente-Maritime le 31 mars dernier, Macron a tenté d’éteindre la polémique « McKinsey » en assenant qu’« il est tout à fait légitime si le besoin est là, de prendre quelqu’un pour effectuer une mission, les collectivités locales le font beaucoup », il traîne cette casserole dans l’opinion, comme le montrent les sondages pourtant bienveillants qui ne lui débitent que cinq points de baisse en deux semaines mais que les deux tours – même faussés par son refus de débattre de son bilan, son programme et ses méthodes – vont amplifler aux dépouillements.

En cinq ans, l’exécutif macronien aurait dépensé un milliard d’euros au total pour déléguer les services de cabinets de conseil, selon le rapport de la commission d’enquête du Sénat. C’est deux fois plus que durant celui de son prédécesseur socialiste, François Hollande.

Et pourtant, Macron s’est flatté de faire appel à la societé civile au gouvernement et au Parlement N’a-t-il pu attirer à lui que les plus mauvais, s’ils n’ont pas su faire le travail, sans payer des experts? On pense à Agnès Buzyn, Nathalie Loiseau, Françoise Nyssen, Laura Flessel, Roxana Maracineanu, Frédérique Vidal, Sophie Cluzel, Elisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher, Marlène Schiappa, Amélie de Montchalin, Elisabeth Moreno, Nathalie Elimas, Nadia Haï, Sarah el Haïri, Emmanuelle Wargon, Muriel Penicaud et quelques hommes, Jean-Michel Blanquer, Julien Denormandie, Marc Fesneau, Jean-Baptiste Djebbari, Franck Riester et Eric Dupond-Moretti…

L’affaire McKinsey, boulet dans la campagne de Macron ou scandale d’Etat ?

« Est-ce que l’organisation mise en place par McKinsey est bonne pour le pays ? »

Pour Jean-Luc Mano, c’est un mauvais procès ; et la vraie question n’est pas celle du coût mais celle des bénéfices : « Est-ce que l’organisation mise en place par McKinsey est bonne pour le pays ? Nous fait-elle économiser de l’argent ? » Pour lui, la campagne de vaccination gérée par le cabinet a été une réussite, « elle a coûté moins cher que si on avait laissé l’Etat central et les agences régionales de santé superviser les choses ». Avant d’ajouter : « Je pense qu’on devrait donner à McKinsey quelques missions supplémentaires, comme l’organisation de la propreté dans la capitale par exemple, ce ne serait pas si mal ».

Est-ce que Macron et sa majorité sont bons pour le pays ?

A l’inverse, pour la journaliste Astrid de Villaines, cette affaire pourrait bien devenir « un scandale si d’autres révélations démontraient qu’il y a eu fraude fiscale ou conflit d’intérêts, mais on n’en est pas encore là » et on verra quel en sera l’impact dans les urnes le 24 avril prochain.

Les contribuables sont-ils indifférents à la gabegie gouvernementale et à l’aggravation de la dette publique? Les électeurs diront, dès le 10 avril, s’ils sont d’accord pour travailler pour gaver les cabinets de conseil, tout en payant « en même temps » Macron, ses ministres et ses parlementaires.

Gérard Larcher croit possible l’élection de Marine Le Pen

« La défiance peut amener à faire des bêtises, » justifie le président du Sénat

Nivellement : Elabe (pour BFM TV) le 30 mars 2022, ci-dessus,
IFOP (pour Paris Match, LCI, Sud Radio), le 13 janvier 2022, ci-dessous
Le 13 janvier 2022

Gérard Larcher est en campagne au côté de Valérie Pécresse (LR) et n’épargne pas l’anguille de l’Elysée pour qui tous les prétextes sont bons pour esquiver le débat sur son bilan et son programme.

Ces derniers jours, le président du Sénat n’exclut plus la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen, ce qui alimenterait les inquiétudes, selon un sondage Elabe commandé par la très macronienne chaîne privée BFMTV et le magazine L’Express, détenus l’un et l’autre, comme le quotidien Libération, par le groupe Altice – domicilié au Luxembourg, paradis fiscal, et cotée à la bourse d’Amsterdam – de Patrick Drahi, milliardaire, de nationalités marocaine, française, portugaise et israélienne. L’ancien directeur de la rédaction de L’Express, Christophe Barbier, est aujourd’hui éditorialiste politique et chroniqueur sur BFM TV depuis la rentrée de septembre 2016.

Il montre que l’écart entre les deux candidats n’a jamais été aussi faible au second tour. Au premier tour, les entreprises de sondages font grimper Mélenchon et régresser d’autant Zemmour: si évidente que soit la manipulation sondagière agréant l’Elysée, elle perdure jusqu’à suggérer une menace de l’islamo-gauchiste Mélenchon sur le « parrain » Macron qui se pose en « protecteur ». La corde à virer le vent de la peur est un peu grosse mais peut faire tourner le vote des Français.

Macron n’est-il pas sur-évalué?

Certes, la presse aux ordres occulte le scandale du cabinet de conseil McKinsey et des autres qu’emploient en nombre grandissant les ministères et les administration, pour un montant annuel de plusieurs milliards, alimentant des soupçons d’abus de biens publics, mais le deuxième personnage de l’Etat et patron LR des sénateurs a été marqué par les échanges du candidat-président avec des habitants du Vaucluse, ce mardi 29 mars. « Il est lointain », « il nous méprise », « vous ne pouvez pas nous en débarrasser? », a-t-il ainsi pu entendre lors d’un déplacement, entre autres remarques visant le chef de l’Etat.

« Attention, une telle défiance (vis-à-vis) d’Emmanuel Macron peut amener à faire des bêtises », confie-t-il en privé, comme le rapporte Le Parisien (groupe LVMH, détenu par Bernard Arnault). Et pourtant ni les Français, ni les commerçants du sondage politique politicien ne prennent encore en compte cette affaire

Le président réélu du Sénat dénonce un stratégie anti-républicaine et lâche de l’évitement

Les propos tenus par Gérard Larcher ne peuvent pas surprendre, puisque les échanges sont vifs par media interposés entre les deux hommes.

Montage libre de droits

S’il n’y a pas de campagne, la question de la légitimité du gagnant se posera. Notre pays fracturé, endetté et confronté à de multiples problèmes a besoin de ce débat. Le président de la République veut être réélu sans jamais avoir été réellement candidat, sans campagne, sans débat, sans confrontation d’idées. Tous les candidats débattent sauf lui. C’est un paradoxe!, » a souligné G. Larcher dans les colonnes du Figaro? le  14 mars 2022. 

« Etre en tête dans les sondages n’est pas une raison suffisante pour enjamber l’élection et considérer que ce scrutin n’est qu’une formalité, ne serait-ce que par respect de la démocratie », avait tancé Gérard Larcher, président du Sénat depuis 2008, soit plus de dix ans sur deux mandats, dans les colonnes du Figaro le 15 mars dernier.

Piqué au vif, l’Elysée a été prompt à la riposte. « Un président du Sénat ne devrait pas dire ça », avait raillé Macron lors de la conférence de presse de présentation de son programme, deux jours plus tard. Au gouvernement, le frêle Denormandie – qui n’a rien de mieux à faire à l’Agriculture et à l’Alimentation en s’occupant de la hausse des prix du pain et du beurre pourtant annoncées, comme le risque de rationnement – avait parlé d' »irresponsabilité ».

« Ne pas vouloir lancer de polémique »

Gérard Larcher avait cependant persisté et signé la semaine suivante, usant de sa liberté d’expressio,sur France bleu Normandie, à la surprise de la macronie servile.

« Je ne vais pas être cruel, je ne l’ai pas exprimé ainsi, avait-il souligné, refusant de « se lancer dans une polémique. » Mais un président de la République parfois n’aurait pas dû dire ça. Je pense à ce qu’il a dit sur les non-vaccinés (son « désir de les emmerder », et ce, « jusqu’à la fin »), je pense aussi (à ce qu’il a dit) sur le chômage » et des « chômeurs assistés », avait-t-il encore rappelé en novembre 2021.

L’élection de Marine Le Pen pourrait tuer les LR

Elabe
IFOP

Le sondage Elabe vise clairement à redresser la barre de Macron, face au scandale des cabinets de conseil qui coûtent un bras aux ministères et à l’échec de la stratégie de Macron en Ukraine et les effets boomerang sur l’économie française des sanctions de la France contre la Russie, après celui de la vente des sous-marins à l’Australie, alors que la macronie disait craindre l’abstention de ses électeurs face à une élection que certains jugent déjà pliée.

Macron s’effrite et Le Pen consolide sa position

Emmanuel Macron a beau rester en tête des intentions de vote en cas de duel avec Marine Le Pen, seuls 5 points le séparent désormais de sa concurrente, une première depuis le début de la campagne. De quoi inquiéter l’entourage du président mais aussi Gérard Larcher, deuxième personnage de l’Etat dans le rang protocolaire.

Tout en faisant monter la petite bête noire Mélenchon, Elabe agite le chiffon rouge d’un très bon score de Marine Le Pen au second tour, voire même une élection. L’entreprise de sondage préférée de BFM tente d’attirer des électeurs Les Républicains en les persuadant que voter Macron éviterait une explosion de la droite laquelle risque déjà de sortir fragilisée de la campagne en cas d’échec de Valérie Pécresse.

Avec des belles paroles aux uns et des insultes aux autres (il a récemment indigné les handicapés, singulièrement les sourds, tel Mélenchon), Macron va-t-il parvenir à cesser de cliver et à contenir la hausse des prix – des carburants, du pain, du beurre et des fruits – jusqu’au 24 avril au soir et après les législatives de juin, sans créer des révoltes de la faim ?

Guerre en Ukraine : limogeage du chef du renseignement militaire français

Les services français n’ont pas cru à l’invasion russe.

Le général Eric Vidaud paie les erreurs de jugement des services français. Pendant plusieurs semaines, les dirigeants européens ont à demi-mot soupçonné Joe Biden de dramatiser les risques d’une invasion russe « imminente ». Mais le renseignement américain avait vu juste et Paris en tire les enseignements : le patron du renseignement militaire français, le général Eric Vidaud, est limogé. L’Elysée a jugé que sa diplomatie est hors de cause et que les services de la DRM ont révelé des insuffisances sur la guerre russe menée en Ukraine, a-t-on appris de sources militaires.

Le général, dommage collatéral du scandale du cabinet de conseil McKinsey?

Pratique généralisée à l’ensemble des ministères, comme de l’administration de l’Etat, la Grande Muette n’a mis aucun frein au recours croissants à des consultants externes, notamment les stratèges de l’armée ou de la santé.

La décision de disgrâce du patron de la Direction des renseignements militaires (DRM) a effet immédiat. Le site L’Opinion précise qu’une source interne au ministère des Armées évoque des « briefings insuffisants » et un « manque de maîtrise des sujets ».

Le ministère de la Défense finance une armée de consultants. La Défense dispose de ses propres marchés de conseil en stratégie. Les consultants interviennent sur tout type de sujets, même les plus sensibles, et même quand ils proviennent de sociétés internationales.

McKinsey & Company est l’un des winners récurrents des appels d’offres de ce ministère auprès de Oliver Wyman, du BCG, de Roland Berger, de Kearney, de KMPG, de Deloitte, de Capgemini consulting… mais aussi les cabinets d’origine française, comme Cylad Consulting. Et ces cabinets de conseil restent plus que silencieux sur les travaux qu’ils mènent pour le ministère de Florence Parly, ex-salariée (2012-2017) d’Altran, renommée …Capgemini Engineering, entreprise de… conseil.

Vincent de Crayencour, senior advisor recruté par Oliver Wyman, est un ancien de l’Armée, de Thales et du Quai d’Orsay. Le BCG s’était offert en 2012 les conseils de Michèle Flournoy, ancienne sous-secrétaire du ministère américain de la Défense, un temps pressentie pour être la ministre de la Défense du gouvernement Biden.

En 2019, le BCG, encore lui, a fait appel à Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées de 2014 à 2017, démissionnaire de son poste pour cause de désaccord sur le budget des armées.

Durant le quinquennat de Macron, le gouvernement a même souhaité coordonner les achats de conseil, et de conseil en stratégie en particulier, en créant en 2017 une délégation interministérielle, la DITP. Elle accompagne les ministères et les administrations dans la conduite de la transformation publique de l’Etat. Avec une centrale d’achat publique, l’UGAP, l’Union des groupements d’achats publics, qui s’est mise au conseil en stratégie.

En 2014, le ministère des armées a adopté une stratégie d’achat ministérielle (indépendante de l’UGAP et de la DITP) spécifique au conseil qui prévoit la mise en place d’un accord-cadre ministériel multi-attributaire. « Il est aujourd’hui le principal vecteur contractuel utilisé pour les missions de conseil », souligne-t-on au ministère. Finalisé en 2018, quinze cabinets de conseil ont été choisis comme titulaires, dont McKinsey.

Ainsi l’état-major des Armées, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD), le Contrôle général des Armées (CGA), la Direction de la sécurité aéronautique d’État (DSAÉ), ou encore la Direction générale de l’armement (DGA) ou la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) peuvent tour à tour recourir aux missions des stratèges externes et étrangers, notamment américains.

En 2019, le ministère des Armées a ainsi notifié des marchés de conseil à hauteur de 13 M€ (le maximum annuel que s’autorise le ministère) et 6 M€ pour 2020 — des montants mobilisés dans le contexte de l’accord-cadre 2018 qui prévoyaient 87 millions d’euros de dépenses de conseil pluriannuelles.

A dix jours du premier tour de la présidentielle, Macron n’assume rien

Le président-candidat sabre. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, selon la source militaire, la DRM est le fusible de la politique internationale de Macron et Le Drian: aujourd’hui, elle est sacrifiée par l’Etat-major des Armées dirigé par le général d’armée Thierry Burkhard.

Mais la DRM « fait du renseignement militaire sur les opérations, pas sur l’intentionnalité », a-t-elle estimé, renvoyant la balle au ministére des Affaires étrangères de Le Drian, ex-patron des Armées. Les productions des services de la DRM concluaient que la Russie avait les moyens d’envahir l’Ukraine. « Ce qui s’est passé lui donne raison », a-t-elle fait valoir. La diplomatie française n’y a pas cru, pensant à une volonté de puissance d’un Joe Biden vitrifié dans la « guerre froide », ainsi que décevant à l’intérieut, et à une dramatisation américaine de la situation.

Selon une autre source militaire qui a elle aussi requis l’anonymat, le départ de l’ifficier général faisait l’objet de rumeurs depuis quelques jours à l’état-major de l’armée. Il lui a été cherché un autre poste qui aurait respecté son honneur, mais le président en campagne n’a pas pu attendre et n’a donc pas hésité à l’accabler.

Les Américains « avaient raison »

« On ne peut pas résumer ce changement à la seule situation ukrainienne. Il est aussi question de réorganisation du service », a raconté pour sa part une « source proche du dossier ». Le général Vidaud avait été nommé à ce poste l’été dernier, en provenance du Commandement des opérations spéciales (COS). Mais sa nomination avait été le fruit de jeux de chaises musicales qui avaient fait du bruit dans la communauté militaire.

Début mars, peu après l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, avait admis dans le journal Le Monde des divergences d’analyses entre Français et Américains sur la question d’une possible invasion de l’Ukraine. « Les Américains disaient que les Russes allaient attaquer, ils avaient raison. Nos services pensaient plutôt que la conquête de l’Ukraine aurait un coût monstrueux et que les Russes avaient d’autres options » pour faire chuter le président Volodymyr Zelenski, avait-il reconnu.

La France « défaillante »

De fait, les Américains ont obtenu du renseignement de très grande qualité sur les préparations russes et avaient décidé, plusieurs semaines avant l’invasion, d’en publier une partie pour tenter notamment de faire pression sur le président russe Vladimir Poutine. Ni les services de renseignement de Le Drian, ni ceux de Florence Parly ne se sont donc informés à la lecture de cette diffusion.

« Le renseignement américain a battu la mesure et a utilisé le renseignement comme un moyen de pression. Cela marque le retour du renseignement comme levier de communication politique », a expliqué à cet égard Alexandre Papaemmanuel, professeur à l’Institut des études politiques (IEP) à Paris et spécialiste a posteriori du renseignement.

« La France fait de même. Elle dit en interne, au sein de la communauté et au reste du monde, qu’elle a été défaillante », a-t-il ajouté. Mais il estime pour autant que la DRM ne saurait être la seule à blâmer et qu’elle souffre en particulier de moyens insuffisants, d’un problème d’image et d’une organisation des services en silos.

« C’est un peu facile de blâmer la DRM. On l’apprécie quand elle est discrète et ne fait pas de vague et elle intrigue quand elle commence à montrer qu’elle existe », a regretté le chercheur. Pour autant, a-t-il conclu, « l’avertissement est pour l’ensemble de la communauté. Il faut être performant et être au rendez-vous de l’ensemble des menaces ». Combien d’experts en La Palissades en France ?