Une députée LFI brandit un drapeau palestinien une semaine après Sébastien Delogu

Revendiqueront-ils la nationalité des terroristes islamistes du Hamas?

La députée LFI Rachel Kéké a brandi ce mardi 4 juin à l’Assemblée nationale un drapeau palestinien, reproduisant le geste de son collègue Sébastien Delogu il y a une semaine. La séance a ensuite été suspendue quelques minutes avant de reprendre.

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a prononcé un « rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal » à l’encontre de Rachel Kéké et annoncé qu’un bureau serait convoqué « ultérieurement » pour décider si la sanction sera ou non aggravée.

Une initiative personnelle: Panot ne contrôle plus rien?

Les émeutiers de l’extrême gauche anti-républicaine

Selon un député LFI, la provocation de Rachel Kéké serait « un acte solitaire ». « Le groupe avait uniquement décidé de figurer un grand drapeau palestinien sur nos bancs et en silence de la façon la plus respectueuse possible [sic] du règlement de l’assemblée », a-t-il ajouté.

Des collaborateurs insoumis, qui portaient des keffiehs, affirment par ailleurs qu’ils ont été évacués du « périmètre sacré » – un espace à proximité de la salle des séances réservé aux élus et aux personnels de l’Assemblée nationale – par des huissiers à la demande de Yaël Braun-Pivet.

Les pitres de l’extrême gauche anti-républicaine

A l’ouverture des débats, des députés écologistes, communistes et insoumis s’étaient présentés habillés en noir, rouge, blanc et vert, les couleurs du drapeau palestinien, pour manifester leur soutien à un peuple qui a voté pour des islamistes, il y a 17 ans….

La semaine dernière, le député LFI Sébastien Delogu avait brandi un drapeau palestinien pendant les questions au gouvernement, ce qui a conduit à son exclusion pendant 15 jours, la sanction maximale.

Les députés de la France insoumise réclament la reconnaissance d’un Etat palestinien, laquelle ne doit pas se faire « sous le coup de l’émotion, » selon Macron.

Tous élus des Palestiniens ?

Défendent-ils la cause palestinienne ?

Pour la Palestine, un professeur accepte un projet d’élèves de se mettre nus

Une enquête est ouverte pour « tentative de corruption de mineurs »

Le professeur de 45 ans, qui avait envisagé que ses élèves puissent se mettre nus pour la Palestine, a été mis à mis à pied vendredi 17 mai et devra s’expliquer sur son accord pour que sa classe de première pose toute nue pour une photo.

L’enseignant, Martin Gardey de Soos, laissa la liberté à la classe de choisir son action pour la paix. Il accepta alors la proposition d’un des lycéens de faire une « photo tout nus »« Qui serait prêt à le faire ?, a-t-il demandé. « Et là un élève a levé la main, et moi aussi », raconte-t-il.

Ce dernier, conscient du caractère « incongru et déplacé » de sa proposition, tente tout de même de se justifier: « Je ne suis pas un pervers. Cette proposition était certes curieuse, mais bienveillante. Cette photo voulait démontrer la fragilité, la vulnérabilité de l’humain, et défendre la paix ».

Après un cursus international en lettres et sciences politiques, le professeur de français, né à Carcasonne, qui vit sur « domaine modèle en agro-écologie », qui joua un spectacle autour de la nouvelle de Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, en 2023, et qui effectuait un remplacement au lycée privé de Crest, Drôme, tenta en 2017 d’être candidat à la présidence de la République.

« Je suis un artisan de la paix et de la fraternité », se décrit d’entrée Martin Gardey de Soos, bénévole à la maison d’Abraham, à Jérusalem Est. Ce quadra diplômé de Sciences Po, fils de paysan écologiste, est aussi comédien professionnel et politiquement engagé.

Block Out 2024: le boycottage de personnalités non engagées se multiplie

La discrimination se répand à travers les réseaux sociaux

Mouvement de pression, « Blockout » prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Initié aux Etats-Unis pour sanctionner les personnalités qui soutiennent Israël ou n’ont simplement pas pris position en faveur des Palestiniens dans la guerre en cours à Gaza, il se répand désormais partout dans le monde dressant des listes noires de personnalités à cibler. Pour éviter le boycottage, les célébrités se doivent de publier régulièrement du contenu dénonçant la contre-attaque israélienne à Gaza, consécutive au massacre de civils par les terroristes islamistes du Hamas et avec pour objectif la libération des otages.

En France, l’influenceuse Zazem, qui compte 24.000 abonnés, a créé en début de semaine une page dédiée qui explique l’objectif du mouvement. « Il s’agit de boycotter les personnalités qui tirent une partie importante de leurs revenus grâce aux réseaux sociaux et qui n’ont pas pris position en faveur de la Palestine. En les bloquant, l’algorithme cesse de proposer leurs contenus dans le fil d’actualité des utilisateurs et leur audience est diminuée, entraînant une réduction de leurs revenus », explique-t-elle. La page créée contient une liste de personnalités à boycotter dont Cyril Hanouna, Camille Lellouche Joann Sfar, Nabilla ou Soprano. 

Pour ne pas être sujettes au boycott, est-il expliqué sur ce compte, les célébrités se doivent de publier régulièrement du contenu dénonçant les crimes israéliens à Gaza en utilisant certains termes : « génocide », au lieu de « guerre », « occupation », au lieu de « conflit », « apartheid », au lieu de « haine ». 

Le mouvement « Blockout » exige par ailleurs que les personnalités cessent de collaborer avec certaines marques listées par le BDS et considérées comme pro-Israël. C’est d’ailleurs bel et bien ce même mouvement BDS qui serait à l’origine de l’initiative « Blockout ». 

La « guillotine sèche »

Peu après l’événement culturel du Met Gala 2024, la plateforme TikTok a vu émerger de nombreuses vidéos aux statistiques fulgurantes où l’on pouvait voir s’entrechoquer des instants de la soirée fastueuse organisée par Anna Wintour et des vidéos de bombardements en Palestine. Appelé aussi « guillotine numérique », ce mouvement serait né d’une vidéo de l’influenceuse et mannequin Haley Baylee (Haley Kalil, de son vrai nom) qui s’est filmée en robe de soirée aux abords de la cérémonie du Met en prononçant en anglais la phrase attribuée à tort à Marie-Antoinette : « Qu’ils mangent de la brioche ! »

Présentée comme un mépris des souffrances des plus modestes, et plus particulièrement du peuple palestinien, la vidéo a rapidement été utilisée comme symbole d’une rébellion face à l’influence de célébrités qui seraient incapables en retour de dénoncer des injustices.

Dès lors, nombreuses sont les vidéos TikTok à établir des listes noires de célébrités ayant défendu Israël ou encore étant restées silencieuses depuis le 7 octobre sur le sort de la Palestine. Le hashtag #BlockOut2024 cumule sur l’application plus de 32.000 publications. Selon le medium numérique L’ADN, la superstar Kim Kardashian, accusée de soutenir Israël, aurait perdu plus de 800.000 abonnés ; même chose pour l’acteur Dwayne Johnson (aussi appelé The Rock) avec 398.000 followers perdus ou encore la chanteuse Beyoncé qui cumule une perte avoisinant les 700.000 abonnés.

En France, le compte Instagram @BlockOut2024_France référence plus de 60 personnalités à bloquer sur la liste de leurs abonnements. On y retrouve l’actrice Géraldine Nakache, les humoristes Camille Lellouche et Marie S’infiltre, la présentatrice Léa Salamé, l’acteur Pierre Niney, le footballeur Antoine Griezmann, le youtubeur Squeezie ou encore le dessinateur Joann Sfar. La liste va être étendue, a d’ores et déjà annoncé le compte.

« Bloquons les célébrités qui restent silencieuses face au génocide à Gaza », résume dans sa présentation le compte Instagram, qui inaugure ses attaques en s’en prenant publiquement à l’animateur Cyril Hanouna et à l’équipe de l’émission Touche pas à mon poste. Selon ce compte, qui cumule déjà plus de 20.000 abonnés, les personnes visées n’auraient eu « de cesse de relayer et d’amplifier la propagande israélienne » depuis le 7 octobre 2023.

Le mouvement BDS est-il derrière ce boycottage ?

L’auteur, né au Qatar et de nationalité Jordanienne, est cofondateur de la campagne BDS pour le boycottage des productions  juives, et l’éditeur est né
d’une mère juive roumaine née en Palestine et d’un père juif d’Egypte

Partenaire de la communication du compte @BlockOut2024_France, la militante Zazem prend dans sa video le mouvement BDS en exemple. « L’idée, c’est vraiment de suivre le fonctionnement de BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) en exerçant des actions ciblées », indique cette fille de féministe intersectionnelle et petite-fille de chef de tribu maraboutique, de son vrai nom Elsa Miské, montrant longuement le compte Instagram @CampagneBDSFrance, tout récemment à l’initiative d’un boycottage de l’Eurovision où concourait une candidate israélienne.

Déjà la cible de nombreuses critiques pour ses campagnes de boycott d’enseignes, le mouvement BDS a été épinglé en 2019 dans un rapport rédigé par Gilad Erdan, ministre israélien de la Sécurité intérieure, pour ses liens étroits avec le Hamas et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), tous deux inscrits sur la liste des organisations terroristes par de nombreux pays, dont la France.

François-Xavier Bellamy est allé porter la contradiction aux pro-palestiniens de Sciences-Po Paris

Echanges tendus entre l’eurodéputé LR et le député trublion Louis Boyard, devant Sciences Po

FX. Bellamy n’abandonne pas le terrain à l’extrême gauche

La tête de liste de la droite et professeur de philosophie a damé le pion à l’élu LFI, lequel n’avait jamais passé un temps aussi long – et humiliant – sur un campus.

Devant Sciences Po Paris, alors que quelque dizaines d' »étudiants » propalestiniens s’étaient de nouveau rassemblées, la tête de liste aux européennes Les Républicains François-Xavier Bellamy a été plutôt mal accueilli par les occupants de la voie publique, sous les cris de « UMP dégage ! » et « Siamo tutti antifascisti », ce mardi 7 mai.

A l’occasion de cette visite surprise, il a également été pris à partie par le député de La France insoumise Louis Boyard, ce dernier l’accusant de soutenir « un génocide ». « Parler de génocide quand on évoque Israël, c’est évidemment un moyen de faire monter l’antisémitisme qui frappe dans notre pays comme il n’a jamais frappé, qui frappe à Sciences Po et que vous n’avez pas dénoncé, » a taclé le professeur de philosophie.

S’accusant mutuellement d’« opportunisme politique », le ton est monté vite et haut entre les deux hommes. « Calmez-vous, descendez d’un ton, opposa très calmement FX. Bellamy. « Vous devenez tout rouge et je deviens gêné « , ricana Louis Boyard en coupant François-Xavier Bellamy.

« On parle de droit international. Les crimes de guerre, c’est extrêmement grave en droit international et ce que vous faites est horrible monsieur », lance Louis Boyard. « Donc les civils israéliens, les enfants, les femmes, c’étaient des belligérants ? C’étaient des soldats auxquels on pouvait s’en prendre ? C’est monstrueux ce que vous faites. L’Histoire retiendra ce que vous avez fait comme un acte de collaboration avec les pires criminels », lui répond alors François-Xavier Bellamy,

« Quand on est au Parlement européen, c’est important de connaître le droit international », dit alors Louis Boyard, qui justifie ainsi l’usage du terme « génocide ». « Vous n’avez pas de leçons à me faire sur le droit international », lui rétorque alors l’eurodéputé LR.

« Je n’en peux plus que nos universités soient prises en otages »

François-Xavier Bellamy a déploré les blocages des écoles et universités au nom du soutien à la Palestine. « Le débat politique est libre et ouvert à condition de ne pas bloquer et empêcher ceux qui travaillent. Je n’en peux plus que nos universités soient prises en otages », a-t-il déclaré.

Il explique qu’il a été justement invité à la manifestation par des jeunes non grévistes pour « porter la voix des étudiants qui ne veulent pas voir Sciences Po réduit à cette instrumentalisation permanente ». 

« Nous sommes venus dire que Sciences Po et nos universités françaises n’appartiennent pas à l’extrême gauche », a ajouté l’eurodéputé candidat à sa réélection, dénonçant « l’antisémitisme » qui revient à « nier le droit d’Israël à se défendre » et qualifiant Sciences Po d’« officine de La France insoumise ». 55% des étudiants de Sciences Po ont voté Mélenchon. Or, ils étaient cinquante occupants de la Rue Saint-Dominique pour 5.000 inscrits à Sciences Po.

Face aux étudiants, Bellamy a notamment considéré que la défense de la cause palestinienne doit passer par la lutte contre le groupe terroriste Hamas. « Si vous voulez défendre les Palestiniens, vous devez d’abord les défendre du Hamas », a déclaré François-Xavier Bellamy à une étudiante mobilisée.

La Sorbonne libérée : des dizaines d' »étudiants » pro-palestiniens squattaient la fac

La « capitulation » de la direction de Sciences-Po bloqué encourage les étudiants de La Sorbonne

Depuis midi lundi 29 avril, les cours sont suspendus à la Sorbonne et l’accès à l’université parisienne est bloqué en raison de la mobilisation d’une infime minorité d’étudiants pro-palestiniens, cornaquée par les Frères musulmans et entretenue dans l’idéologie islamo-gauchiste par un défilé de députés LFI, motivés par le chaos, Adrien Quatennens, Thomas Portes ou Aymeric Caron, lien PaSiDupes, a indiqué le service de communication de la Sorbonne.

Aymeric Caron refusera de protéger une journaliste agressée sous ses yeux
par des activistes

La police est intervenue vers 15 heures pour déloger les étudiants mobilisés dans l’université : des tentes avaient été dispersées dans la cour d’honneur pour annoncer un blocus durable.

Décomplexé, le journal Libération milite
pour le soutien aux Palestiniens,
puis pour le Hamas !

Depuis 11h30 lundi 29 avril, la Sorbonne était bloquée par une mobilisation étudiante en soutien au Hamas qui, depuis 17 ans, maintient la population palestinienne sous sa férule. Le service de communication de l’université parisienne a expliqué que Paris 1-Panthéon Sorbonne n’était plus accessible depuis midi.

Le rectorat a par ailleurs décidé de fermer l’université cet après-midi. « Les amphithéâtres ont été évacués vers midi et des examens ont été annulés« , précise le service de communication.

Selon la presse, une cinquantaine de tentes a été installée dans la cour d’Honneur et le hall de la Sorbonne. Plusieurs dizaines d’ « étudiants » s’ étaient rassemblés dans les bâtiments depuis la mi-journée pour « soutenir un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages ». La police est intervenue vers 15 heures pour déloger les étudiants mobilisés dans l’enceinte de l’université.

Plusieurs dizaines d’étudiants pro palestiniens sont rassemblés ce lundi 29 avril devant la célèbre université parisienne, pour demander un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Des manifestants devant la Sorbonne, jeudi 25 avril, lors du discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe.

L’appel lancé par les étudiants de Sciences Po soutenant le peuple palestinien a trouvé un écho. Ce lundi 29 avril à la mi-journée, des étudiants de l’université la Sorbonne ont commencé à investir la place devant le prestigieux établissement du centre de Paris, avec des tentes et des drapeaux palestiniens. Selon le mouvement Révolution permanente, ces manifestants organisent «un campement en solidarité avec la Palestine» dans le but de «dire stop au génocide».

Sur les vidéos partagées par le mouvement – à la frontière entre le média et le parti politique – on peut apercevoir une vingtaine d’étudiants, certains masqués pour garder leur anonymat, installant des tentes sur les pavés devant la rotonde de la Sorbonne. «Gaza, Gaza, Sorbonne est avec toi» scandent les étudiants.

Alors que cette cause est soutenue par le parti La France Insoumise – Rima Hassan s’était rendue devant Sciences Po Paris occupée par ses étudiants vendredi – le député LFI du Val-de-Marne, Louis Boyard a appelé sur son compte X (ex-Twitter) à rejoindre la manifestation en cours. «C’est la jeunesse qui ramène la France à la raison. Le mouvement est lancé et rien ne pourra l’arrêter», a-t-il écrit.

Après Columbia et Sciences Po Paris

Jeudi 25 avril, à l’occasion du discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne, des étudiants pro palestiniens s’étaient déjà rassemblés devant l’université parisienne pour soutenir la population vivant à Gaza. Ils avaient été accueillis par un dense cordon de CRS qui les a dispersés. A quelques centaines de mètre de la place de la Sorbonne, le campus historique de Sciences Po, au 27 rue Saint-Guillaume, était occupé par ses étudiants comme certains campus régionaux de l’Institut d’étude politique. Cette occupation avait duré jusqu’au vendredi 26 avril au soir.

En quittant leur université, du Comité Palestine de Sciences Po avaient appelé tous les étudiants de France à se mobiliser pour demander un cessez-le-feu permanent et la paix à Gaza. Ce lundi, le comité de Sciences Po a relayé sur ses réseaux la manifestation en cours à la Sorbonne.

Cette nouvelle mobilisation étudiante de soutien au peuple palestinien se tient alors que le phénomène sur les campus américains continue de croître, en dépit de l’intervention de force de l’ordre devant certaines universités ce week-end. Le mouvement outre-atlantique avait commencé à Columbia, université privée à New York  il y a un peu plus de dix jours. Il concerne désormais plus de 80 campus dans le pays, de New York à Boston, en passant par Chicago, Austin ou encore Los Angeles et s’est exporté en Angleterre, en Allemagne ou encore dans l’Hexagone.

Sur le réseau social X, le groupe des Jeunes Insoumis de la Sorbonne a posté à midi : « Les étudiants de la Sorbonne rejoignent les étudiants américains et de Sciences po pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza. Élargissons le mouvement dans toutes les facs du pays ». Sur le cliché posté, on peut voir des tentes dans la cour de la faculté.

Les députés LFI
Boyard, Portes, Guiraud exaltent les jeunes incultes

Louis Boyard et Thomas Portes, députés Insoumis, sont d’ailleurs présents à la Sorbonne. Devant les portes de l’université, un sit-in est également organisé en soutien à la Palestine et selon le journaliste de franceinfo, des personnes dont des députés Insoumis, empêchent les policiers de rentrer dans l’université.

Une mobilisation relayée sur les réseaux sociaux

Les étudiants mobilisés demandent « la fin des partenariats entre l’université de la Sorbonne et les universités israéliennes qui sont complices du génocide et de la colonisation en Palestine ». Sur le réseau social X, on peut voir de nombreuses photos de l’occupation en cours de la Sorbonne par les étudiants. Parmi les slogans scandés, rapporte franceinfo, il a été entendu : « Israël assassin Sorbonne complice » et « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! ». Vendredi 26 avril, Sciences-Po Paris avait organisé une nouvelle mobilisation propalestienne, rappelle Le Figaro. Jean-Luc Mélenchon avait adressé un message vidéo aux étudiants mobilisés : « Vous êtes à cet instant, pour nous, l’honneur de notre pays ».

Les esprits sont-ils libérés ?

Convocation pour « apologie du terrorisme » : Mathilde Panot appelle à manifester pour elle

Une « tentative de censure » policière en période électorale.

Mathilde Panot

La députée Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, était l’invitée du Grand Jury RTL, Le Figaro, M6, Paris Première ce dimanche 28 avril, alors qu’elle sera entendue mardi par la police dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme ». Il s’agit d’une audition libre : à ce stade, elle n’est poursuivie pour aucun délit. Ces dernières semaines, plusieurs personnalités ou militants de gauche ont reçu de telles convocations. 

Dans le cas de Mathilde Panot, cette convocation se fonderait sur le communiqué (lien X) que son groupe parlementaire a publié suite à l’attaque terroriste des islamistes du Hamas, le 7 octobre dernier, qui a fait scandale. Pour Mathilde Panot, cette convocation serait « une tentative de censure » : « Vous n’avez aucun problème avec le fait qu’une présidente de groupe parlementaire aille expliquer une opinion politique devant une brigade criminelle ? », interroge-t-elle ce dimanche.

Elle dénonce aussi l’annulation de conférences « six fois pour Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan, laquelle a choisi pour avocat Me Vincent Brengarth,  en pleine campagne électorale, donc une atteinte aux libertés de réunion et d’expression ». Pour elle, il s’agit également d’une « tentative de faire taire l’ensemble des voix qui s’élèvent contre le génocide en Palestine » et « l’extrême-droite de Netanyahu », le premier ministre israélien à la tête d’une coalition (Likoud et le Parti travailliste de 2009 à 2021). « Il y a une atteinte fondamentale à la démocratie », gronde-t-elle. 

Panot appelle à un rassemblement pour son soutien

Pour tenter une atteinte à la liberté de la justice, il aura lieu mardi matin à Porte de Clichy, avant sa convocation et celle de la candidate LFI aux européennes Rima Hassan. « Il n’y a jamais eu de notre part d’apologie du terrorisme, juge-t-elle (…). Dès le 7 octobre, dans notre communiqué, nous appelions au cessez-le-feu », assure-t-elle.

La conférence Mélenchon-Hassan sur la Palestine provoque l’indignation générale

« Ils nient l’existence de l’Etat d’Israël »

Le slogan antisémite
« From the river to the sea » efface Israël:
il appelle à sa suppression

Les nombreux messages d’élus français qui s’indignent ce lundi 15 avril de la tenue d’une conférence sur l’« actualité en Palestine » avec Mélenchon, le leader anti-républicain de La France Insoumise, et Rima Hassan, une juriste franco-palestinienne d’ascendance syrienne, 31 ans, naturalisée française en 2010, mais en septième position sur la liste LFI aux élections européennes. En position éligible.

Prévue jeudi 18 avril sur le campus de l’Université de Lille, cette conférence cristallise de nombreuses critiques venues essentiellement de la Macronie, estimant que cette réunion fait abstraction de la situation d’Israël pour se concentrer uniquement sur le sort de Gaza et plus largement de la Palestine. De quoi accuser l’animateur de La France Insoumise et l’un des visages en vogue du parti de faire de la « propagande » en milieu universitaire.

Renaissance s’indigne

Tout démarre avec une  affiche provocante, partagée sur les réseaux sociaux de LFI pour promouvoir cette rencontre en milieu étudiant. Mais très vite, des élus Renaissance ou Horizons pour ne citer qu’eux, montent au créneau pour dénoncer une instrumentalisation de la jeunesse. « Nos amphis ne sont pas des lieux où l’extrême gauche peut manipuler notre jeunesse », déplore le député Horizons Jérémie Patrier-Leitus.

Même chose pour Violette Spillebout, députée Renaissance pour qui le président de l’Université de Lille se doit d’annuler cette conférence de « propagande ». L’élue du Nord et ancienne directrice de cabinet de Martine Aubry se montre d’ailleurs intransigeante en avançant que « ce n’est pas avec ceux qui représentent l’antisémitisme le plus violent et la volonté de destruction d’Israël que les débats progresseront vers la paix ».

Violette Spillebout a d’ailleurs écrit une lettre au président de l’Université pour faire annuler la conférence. Comme ce fut déjà le cas en dernière minute à Rennes pour Mélenchon, le 10 avril, ou pour la militante pro-palestinienne à Sciences Po Bordeaux le 12 avril.

« Liberté d’expression »

Suffisant pour que La France Insoumise sorte du silence. Et le parti politique s’en prend directement au camp du président, estimant que les attaques évoquant de la « propagande » sont en totale opposition avec le format de cette conférence.

« La liberté d’expression, selon les macronistes. On comprend mieux les coups de matraques et les 49.3 », écrit notamment le parti sur son compte X en partageant des images d’amphithéâtres remplis de jeunes (et de moins jeunes) venus assister à des conférences similaires avec le leader ou des élus insoumis.

« Pour une conférence aussi pleine qu’à Nantes et pour défendre la liberté d’expression, RDV à l’Université de Lille le 18 avril », écrit encore le compte officiel du parti.

LR et RN entrent dans la danse

Rima Hassan

Magré cette réponse un brin ironique, d’autres membres de l’Assemblée nationale sont montés en créneau pour dénoncer la tenue de cette conférence organisée avec l’association Libre Palestine de l’Université de Lille, dont la mission principale est la sensibilisation et l’organisation de débats et conférences en soutien au peuple palestinien.

Parmi eux, des élus de la droite, à commencer par Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France. « Nous ne pouvons tolérer, dans une université française, une telle conférence de la France Insoumise, de Jean-Luc Mélenchon et de Rima Hassan qui, à travers le logo ‘Libre Palestine’, nient l’existence de l’État d’Israël », écrit Xavier Bertrand, qui fait ici référence au logo de l’association lilloise.

Mais le président de région va encore plus loin en demandant directement au préfet du Nord d’agir pour « l’annulation » de la conférence.

Le Rassemblement national, s’est lui aussi joint aux critiques des élus de la majorité et de la droite pour demander le retrait de la conférence.

C’est même Sébastien Chenu, lui-même député du Nord et vice-président de l’Assemblée nationale qui s’est fendu d’un tweet indiquant que « tous les parlementaires RN du Nord demandent (aussi) l’interdiction de la conférence », en citant un tweet faisant référence aux prises de paroles de Renaissance et LR.

Ce que Rima Hassan ignore :

LFI importe Gaza dans les européennes avec la candidature d’une Palestinienne

Renaissance dénonce une candidature qui « drague l’électorat antisémite ». 

Rima Hassan

La controversée militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate pour La France Insoumise aux européennes, incarne la volonté du mouvement d’extrême gauche d’imposer Gaza dans le paysage européen et d’enfoncer le clou antisémite de sa condamnation d’Israël.

La juriste de 31 ans, spécialiste de la question des réfugiés – qu’elle connaît intimement car née dans un camp de réfugiés en Syrie et arrivée en France à l’âge de 10 ans – est très connue dans les milieux d’ultra gauche, mais nettement moins du grand public.

Celle qui qualifie Israël d' »entité coloniale fasciste » ou qui dit que cet Etat « ment tous les jours », est accusée d’avoir estimé après le 7 octobre qu’il serait « vrai » que le mouvement islamiste palestinien Hamas mène une action légitime, dans un entretien avec le medium Le Crayon, chaîne YouTube de débats et d’actualités dans laquelle le milliardaire Xavier Niel (groupe Le Monde) a investi. Un extrait tronqué, répond-elle, regrettant « une censure » de ses « développements et réponses étayées » et précisant avoir qualifié le Hamas de « groupe terro ».

Rima Hassan, une activiste islamiste anti-Israël à Strasbourg ?

La liste des Insoumis aux élections de juin a été dévoilée ce mercredi en début d’après-midi. En septième position, elle accueille Rima Hassan, activiste pro-palestinienne au profil plutôt sulfureux.

Manuel Bompard nie la volonté de LFI d’élargir son audience dans l’électorat musulman. Le numéro deux de LFI refuse le terme de « clivant » qualifiant la Palestinienne, rejetant sur les journalistes cette manie de créer des histoires là où il n’y en aurait pas. Non, dit-il, l’universitaire de 32 ans « n’a jamais soutenu le Hamas », pas plus que les élus LFI ne l’ont fait – la députée Danièle Obono l’a pourtant qualifié de « mouvement de résistance ».

La jeune femme de 32 ans, juriste en droit international, milite pour une Palestine « de la mer au Jourdain » (« from the river to the sea »), un slogan génocidaire entonné par l’OLP dès 1960 et le Hamas qui implique le démantèlement de l’Etat d’Israël tel qu’il existe. Et qui suggère un continent musulman « de l’Atlantique à l’Oural »?

Une proche du député David Guiraud

Guiraud, le gringalet du second rang à droite,
et la Palestinienne pour représenter la France,
au premier rang au centre

Rima Hassan était présente aux côtés du député David Guiraud – dont elle est très proche – lorsque l’élu avait dit lors d’une conférence à Tunis en novembre 2023 : « Le bébé dans le four, ça a été fait, c’est vrai, par Israël, la maman éventrée, ça a été fait, c’est vrai, par Israël. » L’hebdomadaire Marianne rapporte aussi que, lors d’une autre conférence, toujours en novembre, à la question « Le Hamas mène une action légitime ? », Rima Hassan avait répondu : « Vrai ».

La jeune femme évoque son histoire d’enfant réfugiée pour expliquer son combat. Cette Palestinienne est née à Alep, en Syrie, dans ce qui fut un camp de réfugiés, et a grandi à Neirab, une ville intégrée à Alep. Elle n’est donc pas, à proprement parler, une réfugiée : seuls ses grands-parents le sont. Mais elle se bat pour la reconnaissance d’un droit transmissible de ce statut jusqu’aux arrière-petits-enfants de réfugiés, une hypothèse exclue par les accords d’Oslo de 1993. A 10 ans, elle arrive à Niort, PS, et devient française à sa majorité.

LFI agitée du cerveau et de remous

Jusqu’à l’attaque terroriste des islamistes du Hamas, le 7 octobre 2023, son combat en faveur des réfugiés et sa connaissance du sujet sont reconnus. Le magazine Forbes la classe, en août 2023, parmi les « quarante femmes d’exception qui ont marqué l’année et qui ont fait rayonner la France à l’international » (sic), et le groupe L’Oréal de Françoise Bettencourt Meyers l’avait choisie comme membre de son « conseil global pour la diversité et l’inclusion ».

Mais, au fur et à mesure que Rima Hassan se dévoile et prend avec virulence le parti de la Palestine et attaque Israël, le vent tourne. Le 8 novembre dernier, L’Oréal suspend le contrat qui les liait. Le magazine Forbes, de son côté, a préféré annuler la cérémonie 2024 des quarante femmes d’influence, qui devait se tenir le 3 février. La jeune activiste comptait y venir entourée de militants pour promouvoir sa lutte.

Les prises de position de l’universitaire semblent aussi avoir provoqué des remous à LFI. Selon nos informations, les Insoumis étaient partagés. Une candidature de Rima Hassan était soutenue par les députés Thomas Portes, Carlos Martens Bilongo et surtout David Guiraud. Mathilde Panot, en revanche, était beaucoup plus réservée — ce qu’elle dément, réfutant « une quelconque réserve ».

De bons connaisseurs du Proche-Orient auraient appelé Mélenchon à la prudence. Syriens, Jordaniens, Hamas, Fatah : il est difficile de savoir exactement quels sont les soutiens de Rima Hassan dans cette région où un faux pas diplomatique est très vite commis…

Si elle devait être élue, parmi les eurodéputés LFI, Rima Hassan devrait être à son aise. En octobre 2023, trois eurodéputés Insoumis, dont Manon Aubry, avaient refusé de voter une résolution condamnant les attaques du Hamas. Certes, ces trois parlementaires avaient bien entériné le paragraphe condamnant « les attaques terroristes et les meurtres abjects commis par le Hamas contre Israël », mais avaient refusé de voter l’entièreté de la résolution.

Le 17 janvier, c’est l’eurodéputé LFI d’origine réunionnaise Younous Omarjee, ancien assistant parlementaire du communiste Paul Vergès, qui déposait un amendement proposant de remplacer le terme « terroriste », pour évoquer le Hamas, par celui de « groupes armés palestiniens ». L’amendement a été rejeté. Mais Younous Omarjee, membre de l’intergroupe LGBT du Parlement européen depuis 2012, ne l’est pas par LFI : il figure à la très honorable deuxième place sur la liste aux européennes.

Le communiste Fabien Roussel juge que Rima Hassan n’est pas une voix « de paix ». Le chef des députés Renaissance trouve même que cette candidature « drague l’électorat antisémite ». Certes, la juriste spécialiste des migrations et activiste franco-palestinienne a des positions sur le conflit israélo-palestinien très éloignées de celles généralement défendues dans les démocraties occidentales, mais elle assure parler la langue du droit international (du moins celle de la Cour internationale de justice, CIJ,) et porter la voix des réfugiés oubliés. Pour en savoir plus: lien 20 minutes

A propos, où Mathilde Panot (LFI) situe-t-elle la Palestine :

Omar Sy ?

Les Houthis, en seconde main derrière l’Iran, harcèlent les navires occidentaux

Les Chiites, alliés objectifs du Hamas sunnite contre Israël

Des Yéménites manifestent à Sanaa à la suite des frappes américaines et britanniques, à Sanaa le 12 janvier 2024.

L’Express a fait le choix de son camp. « Entre jeudi et samedi, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé plusieurs sites houthistes au Yémen. L’ONU craint « une escalade » militaire dans la région, ce que les deux pays tempèrent, » écrit l’hebdomadaire. Et ça continue le lendemain…

L’armée américaine a confirmé de nouvelles frappes au Yémen contre un site des houthis, ces rebelles qui ciblent le transport maritime en mer Rouge en « solidarité » avec Gaza.

La tension est encore montée d’un cran en mer Rouge. Entre jeudi 11 et samedi 13 janvier, les forces armées américaines et britanniques ont bombardé une dizaine de sites militaires des rebelles houthistes situés au Yémen. Une intervention militaire occidentale inédite dans ce pays du Moyen-Orient en proie à une guerre civile depuis bientôt dix ans.

Au 99e jour de guerre à Gaza, le conflit s’étend un peu plus au Moyen-Orient, alors que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené de nouvelles frappes au Yémen, samedi 13 janvier, contre les rebelles houthis. En parallèle, les bombardements se poursuivent à Gaza, où les habitants sont désormais totalement privés de télécommunications, insiste L’Express, détenu depuis septembre 2023 à 100 % par l’homme d’affaires Alain Weill, ancien président-directeur général de SFR Group, renommé Altice France, du Libanais Patrick Drahi (SFR et BFM).

Vendredi, l’Otan a qualifié ces frappes de « défensives« , écrit L’Express suggérant qu’elles ne le seraient pas…. En cause, la multiplication des menaces houthistes ces dernières semaines dans la région. Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, le 7 octobre, les rebelles yéménites au pouvoir ont mené plus d’une vingtaine d’attaques de drones aériens et missiles contre des navires de pays alliés d’Israël et passant près de leurs côtes en mer Rouge.

Pourquoi la France n’a pas participé aux frappes

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé des sites militaires houthis au Yémen. Craignant une escalade, Paris s’en tient à une posture d’élimination des missiles ou des drones en cas d’attaque.

Il y a un mois, la marine française a toutefois été la deuxième à faire usage de ses armes contre la menace posée par les Houthis en mer Rouge, après la « Navy » des Etats-Unis. La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc a ainsi abattu

Qui sont les protégés de L’Express ?

Les houthis sont une organisation armée, politique et théologique zaïdite, active initialement dans le nord-ouest du Yémen, puis à partir de 2014, dans tout le pays. 

Le mouvement des Houthis fait partie de « l’axe de la résistance » établi par l’Iran, qui réunit dans la région des groupes hostiles à Israël, notamment le Hezbollah libanais et des groupes armés en Irak et en Syrie.

Les rebelles Houthis, qui se disent solidaires du Hamas palestinien, ont prévenu qu’ils viseront des navires en lien avec Israël et naviguant au large des côtes du Yémen. Depuis le 1er novembre 2023, ils ont mené 27 attaques près du détroit de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l’Afrique, qui donne accès à la mer Rouge depuis l’Asie, selon l’armée américaine.

Suite aux massacres d’Israéliens sur le sol d’Israël, le 7 octobre 2023, et à la mise sur pied d’une coalition occidentale alliée à Israël, depuis plus de deux mois, des rebelles Houthis attaquent des navires au large des côtes du Yémen perturbent fortement le commerce mondial. Vendredi et ce samedi, les Etats-Unis ont réagi par des frappes aériennes.

Les attaques des Houthis, menées avec des missiles et des drones, ont poussé de nombreux armateurs à délaisser le couloir de la mer Rouge entre Europe et Asie, où transite 12 % du commerce mondial. Pour éviter les risques d’attaque, qui se multiplient, les porte-conteneurs doivent emprunter un itinéraire alternatif autour du cap sud-africain de Bonne-Espérance, beaucoup plus long et coûteux. Le voyage entre l’Asie et l’Europe est rallongé de 10 à 20 jours.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Tesla a été le premier constructeur à annoncer que sa production sera suspendue pendant deux semaines dans son usine européenne, entre le 29 janvier et le 11 février. Implantée près de Berlin, l’usine de Grünheide produit le Model Y, le SUV roi des ventes d’électriques sur le continent.

« L’allongement considérable des temps de transport crée un vide dans les chaînes d’approvisionnement », a écrit Tesla dans un communiqué. « Les conflits armés en mer Rouge et le déplacement des routes de transport entre l’Europe et l’Asie via le Cap de Bonne-Espérance ont également des répercussions sur la production à Grünheide », a expliqué le constructeur américain.

L’usine de Volvo à Gand, en Belgique, va également être fermée pendant trois jours durant la semaine du 15 janvier faute de boîtes de vitesses, dont la livraison a pris du retard à cause de « réajustements dans les voies maritimes », a indiqué le constructeur sino-suédois. L’usine produit notamment le SUV XC40, ainsi que l’électrique C40.

Lorsque les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé, vendredi, les Houthis au Yémen, la déclaration commune de Washington, Londres et huit de leurs alliés – parmi lesquels l’Australie, le Canada et Bahreïn – a souligné que leur objectif est la « désescalade » en mer Rouge. En décembre, les Etats-Unis avaient déployé des navires de guerre et mis en place une coalition internationale pour protéger le trafic maritime. Cette semaine, le Conseil de sécurité de l’ONU a, lui, exigé l’arrêt « immédiat » des attaques.

La riposte américano-britannique est venue après le tir houthi, jeudi, d’un nouveau missile antinavire. « Ces frappes ciblées sont un message clair (indiquant) que les Etats-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes (et) ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation », a mis en garde Joe Biden.

Ce samedi, l’armée américaine a mené une nouvelle frappe contre des sites des rebelles Houthis au Yémen. Ces derniers ont menacé de riposter aux frappes américaines et britanniques en s’en prenant aux intérêts de ces deux pays, considérés désormais comme des « cibles légitimes ».

« Nous ne pouvons pas tolérer que des voyous harcèlent le transport international », a déclaré au Telegraph le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, appelant l’Iran à ce que ses « intermédiaires » dans la région « cessent leurs activités ».

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a, lui, souligné « l’importance de maintenir et de défendre les droits et libertés de navigation en mer Rouge » tout en évitant « une nouvelle escalade ».

Montée en puissance des Houthis en mer Rouge et dans le conflit entre Israël et le Hamas 

Les Houthis sont les membres de la communauté zaydite, qui est chiite et qui représente environ un tiers de la population du Yémen, majoritairement sunnite. Ils sont alliés de l’Iran, du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais.

«Les Houthis veulent se transformer en puissance régionale». Depuis le début du conflit à Gaza, des attaques se multiplient contre des navires naviguant en mer Rouge et des missiles sont lancés en direction d’Israël. Les Houthis en sont les auteurs. Ces rebelles, qui contrôlent l’ouest du Yémen en guerre, ont intégré « l’axe de la résistance » promu par l’Iran, aux côtés du Hamas et du Hezbollah.

Une image de la capture par les Houthis du Yémen du cargo Galaxy Leader en mer Rouge (image d'illustration).
Une image de la capture par les Houthis du Yémen du cargo Galaxy Leader en mer Rouge

L’Express n’explique pas comment les Houthis sont montés en puissance en mer Rouge et dans le conflit entre Israël et le Hamas. Les Houthis se sentent en confiance et sont de plus en plus ambitieux. Ils sont la puissance dominante de facto au Yémen, ils ont gagné la guerre civile sur le plan militaire et ils contrôlent la capitale Sanaa. Les Houthis veulent maintenant se transformer en puissance régionale. Cette volonté se traduit par leur relation avec les Emirats arabes unis, leurs frappes sur Israël avec des missiles et des drones. Désormais, les rebelles s’attaquent aussi à des navires marchands en mer Rouge. Ils portent une voix anti-saoudienne, anti-américaine et anti-israélienne.

L’objectif était d’abord local. Les Houthis sont certes dominants au Yémen – 60% de la population yéménites vit dans les territoires contrôlés par les rebelles – mais certaines formes de contestations se développent, à travers des factions et des groupes tribaux. L’administration est cependant extrêmement répressive, brutale, corrompue et obscurantiste. En frappant Israël et en ciblant les navires en mer Rouge, les Houthis mobilisent le sentiment propalestinien, très fort au Yémen.

L’objectif est ensuite régional. Ils envoient un message politique de soutien au Hamas. C’est une façon pour eux de se positionner comme un acteur important de « l’axe de la résistance », le réseau de groupes armés non-étatiques soutenu par l’Iran, qui inclut notamment le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban.

En l’absence de soutien iranien, les Houthis ne seraient pas capables de perturber le trafic maritime en mer Rouge et de frapper directement Israël à presque 2.000 kilomètres, avec des missiles et des drones. A ce niveau-là, l’aide de l’Iran est essentielle. En revanche, il ne faut pas faire de mauvaises interprétations : les Houthis sont un acteur autonome. Ce ne sont pas les marionnettes de l’Iran, même s’ils vont continuer à recevoir beaucoup d’aide.

Depuis que la guerre fait rage dans la bande de Gaza, les Houthis lancent des assauts contre des bateaux en mer Rouge, répétons-le. Ils visent des navires commerciaux ayant des liens avec Israël pour dénoncer l’offensive militaire israélienne contre le Hamas à Gaza.

Depuis fin novembre, ils ont attaqué près de vingt-sept navires en mer Rouge, rendant la circulation extrêmement périlleuse dans cette mer stratégique où transite 12% du commerce mondial. Ils ont également ciblé Israël à plusieurs reprises avec des tirs de missiles. Et c’est en réponse à cette menace que les Etats-Unis ont mis en place cette coalition internationale pour protéger le trafic maritime en mer Rouge contre toute attaque venue du Yémen ou d’ailleurs.

Castex ne se rend plus au Vatican pour la canonisation de Charles de Foucault

Macron cède-t-il au pressions de l’islamosphère?

Les Touaregs ont laissé une trace de Charles de Foucault: sa tombe porte son nom, en depit de la recommandation de Mahomet

Le célèbre ermite du désert Charles de Foucauld, mais aussi un journaliste néerlandais et un martyr indien : dix figures de l’Eglise catholique seront proclamées « saints » par le pape dimanche à Rome, dont les Français César de Bus et Marie Rivier.

Le procès en béatification de Charles de Foucauld, mort assassiné en 1916 à Tamanrasset, dans le Sud désertique algérien, avait commencé dans les années 1930. Il avait été déclaré « bienheureux » en 2005 par le pape Benoît XVI.

La canonisation – étape permettant de devenir « saint » dans l’Eglise catholique, succédant à la béatification – requiert trois conditions : être mort depuis cinq ans au moins, avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli au moins deux miracles. Après la guérison d’un cancer en 1984, un deuxième miracle a été attribué à Charles de Foucauld par le Vatican : l’histoire insolite d’un jeune charpentier de Saumur (Maine-et-Loire) qui survit en 2016 à une chute de 15 mètres sur un banc, malgré un abdomen transpercé.

Né en 1858 à Strasbourg, Charles-Eugène de Foucauld mena une vie d’officier dissolue, avant de se consacrer à une existence de foi et d’évangélisation, d’abord chez les moines trappistes en Syrie, en Palestine, puis en ermite parmi les Touaregs dans le Sahara algérien au début du XXe siècle. « Il veut être au milieu de ceux qui lui semblent les plus pauvres, délaissés et méprisés, et agir comme un défricheur : il ne prêche pas par la parole, mais par sa simple présence », explique Bernard Ardura, postulateur de la cause de canonisation.

« C’est la reconnaissance d’une trajectoire de vie et de foi »

Le « frère universel » deviendra une référence dans la connaissance de ces nomades, rédigeant notamment un Dictionnaire touareg-français, dialecte de l’Ahaggar qui fait encore autorité, parmi de nombreux écrits. « Pour l’Eglise d’Algérie, il est extrêmement important car c’est ici qu’il a porté sa vie à incandescence », rappelle l’archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco, qui se rendra à la cérémonie. « C’est la reconnaissance d’une trajectoire de vie et de foi », ajoute-t-il, soulignant l’importance de la fraternité dans sa « personnalité étonnante et complexe ».

Parmi les dix « bienheureux » figure également César de Bus (1544-1607), né à Cavaillon, Vaucluse. Ce prêtre provençal oeuvra au renouveau du christianisme dans le sud de la France en sillonnant les campagnes, à une époque troublée par les débuts de la Réforme protestante. Il est fondateur de la Société des Prêtres de la doctrine chrétienne et des Ursulines de France.

Deviendra « sainte » également sœur Marie Rivier (1768-1838), institutrice qui s’était particulièrement investie dans l’éducation religieuse des plus jeunes, dans un contexte de dissolution des couvents lors de la Révolution française, en fondant plus de 140 écoles. Fondatrice en 1796 de la congrégation religieuse de la Présentation de Marie, elle avait été béatifiée par Jean-Paul II en 1982.

Charles de Foucauld est élevé au rang de Saint au titre, notamment, d’un miracle survenu auprès d’un artisan de Saumur en 2016. 

Jean Castex ne conduira finalement pas la délégation française.

La veille de son déplacement, le samedi 14 mai, l’Elysée a fait savoir que Macron prend la direction d’Abou Dhabi, capitale de l’émirat et des Emirats arabes unis, “pour rendre hommage au Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan”, décédé vendredi 13 mai.

Prétexte immédiat pour annuler la visite du Premier ministre au Vatican, qui n’a pas de pétrole, à la différence des Emirats arabes unis… Macron se soumet à la volonté des USA de Biden: détourner les Européens du pétrole et du gaz russes. 

Pour le ministre de l’Energie des Emirats arabes unis, augmenter la production des pays exportateurs de pétrole membres de l’OPEP est pourtant « difficile ». L’organisation et ses alliés, dont fait partie la Russie, s’est d’ailleurs réuni en mars. Ils se sont pour le moment refusé à augmenter significativement leur production pour soulager le marché, se contentant de fournir 400.000 barils par jour supplémentaires au cours de ce mois de mars. Une ouverture modeste des vannes d’or noir, ignorant les appels à alléger la pression sur les prix, induite par la guerre en Ukraine.

Macron ambitionne-t-il d’obtenir plus? Et kimiter lzs importations françaises de gaz de schustz américain éviter de mettre d’entrée en difficulté sa prochaine première ministre, censée être une super écologiste

Macron ambitionne-t-il d’obtenir plus? Et de limiter les importations françaises de gaz de schiste américain, en même temps qu’il éviterait de mettre d’entrée en difficulté sa prochaine première ministre, censée être une super écologiste.

Or, depuis septembre 2021, des méthaniers commandés par Engie – dont l’Etat français est l’actionnaire principal – livrent une cargaison dont l’exploitation est interdite en France : le gaz de schiste, ce que dénonce à travers une enquête, l’association internationale Les Amis de la Terre, financée, en 2015, à 66 % par des fonds publics, ainsi que Reporterre qui précise que l’énergéticien français Engie – groupe énergétique français. 3e plus grand groupe mondial dans le secteur de l’énergie, hors pétrole, en 2015 – a décidé d’étendre son contrat d’importation avec l’Américain Cheniere Energy, spécialiste du gaz naturel liquéfié. Ce choix fait bondir les écologistes : le gaz de schiste est très polluant.

Une règle respectée pour l’occasion.

L’Elysée invoque l’impossibilité pour le chef du gouvernement de quitter le territoire si le président de la République se rend à l’étranger. “C’est Gérald Darmanin [ministre des cultes] qui ira à sa place”, précise Matignon, alors qu’il s’agissait du tout dernier déplacement de Castex en tant que premier ministre.

Un changement d’agenda qui s’explique par la priorité diplomatique, l’entente avec les pays du Golfe étant autrement plus importantes qu’une cérémonie religieuse au Vatican. Le chef de l’Etat sera de retour dimanche, pour l’annonce de la nomination du successeur de Jean Castex, attendue le lundi 17 mai. Celle du nouveau gouvernement interviendra dans un second temps. 

Macron aurait cédé aux pressions musulmanes. Pour les décoloniaux et les islamo-gauchistes, Charles de Foucault représente tout ce qui alimente leur haine. Vicomte et Saint-Cyrien, d’abord noceur, puis militaire et grand voyageur, le futur saint a laissé son empreinte dans de nombreuses villes, de la France à l’abbaye de la Trappe, située à Soligny-la-Trappe (Orne), ou N-D-des-Neiges en Ardèche, en passant par Akbès en Syrie, Nazareth en Terre Sainte, ou encore Tamarasset, en Algérie. C’est dans ce dernier pays, où il vécut quinze années, de 1901 à sa mort en martyr, en 1916, qu’il révéla toute la profondeur de sa vocation à la fraternité universelle. Dans le silence et l’austérité des paysages désertiques, il légua par sa présence amicale et priante un héritage vivant à des décennies de chrétiens et de musulmans d’Algérie.

Au désert, entre fraternité et contemplation

Père Ardura: Charles de Foucauld est le «patron des recommençants»

En 1901, à l’âge de 43 ans, le religieux tout juste ordonné partit pour Béni Abbès, au centre-ouest de l’Algérie. Désireux de vivre parmi ceux qui étaient le plus loin de la foi chrétienne, les plus délaissés et les plus abandonnés, Charles de Foucauld souhaitait y «crier l’Evangile par toute sa vie», dans un grand respect de la culture et de la foi des habitants au milieu desquels il vivait.  

Une figure prophétique pour l’Algérie

A l’approche de la canonisation, l’Eglise catholique algérienne prépare depuis un an des pèlerinages et rassemblements locaux dans chaque lieu où vécu le bienheureux religieux. A Alger, la capitale, une journée autour de la personnalité de Charles de Foucauld sera organisée pour tous, et reviendra sur les traits de personnalité particulièrement inspirants du saint pour l’Eglise locale et au-delà. Enfin, une petite délégation de chrétiens algériens menée par l’archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco, se rendra à Rome pour honorer la figure prophétique du saint au nom de l’Algérie d’aujourd’hui. 

Deux associations pro-palestiniennes suspendues, mais sauvées par le Conseil d’Etat

Le gouvernement le⁷s compte-t-il au nombre de ses réalisations?

Le 9 mars dernier, le gouvernement a prononcé les dissolutions de l’association ‘Comité Action Palestine’ et du groupement de fait ‘Collectif Palestine Vaincra’. Saisi en urgence, le juge des référés du Conseil d’Etat suspend ces deux dissolutions : ni l’instruction, ni l’audience n’ont permis d’établir que les prises de position de ces associations, bien que tranchées, voire virulentes, constituaient un appel à la discrimination, à la haine ou à la violence ou des agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme, assène-t-il. Les deux associations ont demandé au juge des référés du Conseil d’État de suspendre en urgence ces dissolutions. Nul ne sait sur quoi se fondent les magistrats administratifs pour contredire l’exécutif et donner satisfaction aux terroristes palestiniens.

« La dissolution du collectif ‘Palestine Vaincra’, et du ‘Comité Action Palestine’, » avait été ordonnée « à la demande du président de la République« , Emmanuel Macron, par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avait-on appris fin février sur Twitter.

Le ministère de l’Intérieur avait motivé la demande du chef de l’Etat en dénonçant l« appel à la haine, à la discrimination, à la violence » et de « provocation à des actes terroristes » de ces deux associations.

Selon l’Intérieur, ce groupe ‘Collectif Palestine Vaincra’, basée à Toulouse, « sous couvert de défense de la cause palestinienne« , « cultive le sentiment d’oppression des peuples musulmans (…) dans l’objectif de diffuser l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale. »  

Le ministère lui reproche également ses appels « à la discrimination et à la haine envers Israël et les Israéliens », notamment à travers des campagnes de boycottage.

Parmi les dernières actions du collectif, une campagne « #Palestine2022 » qui vise à « dénoncer la collaboration des gouvernements français avec l’apartheid israélien » et à « inviter le sujet de la cause palestinienne dans les débats de l’élection présidentielle« , peut-on lire sur le site internet de la plus haute juridiction administrative.  

Vendredi 29 avril, le Conseil d’Etat a suspendu l’exécution des décrets de dissolution du « Comité Action Palestine » et du « Collectif Palestine Vaincra » publiés en mars. Selon Mediapart, à eux deux, ils seraient pas plus de cinquante…

Le « Collectif Palestine Vaincra », accusé par le ministère d’appel à la haine, à la discrimination et à la violence », « sous couvert de défendre la cause palestinienne », « cultive le sentiment d’oppression des peuples musulmans (…) dans l’objectif de diffuser l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale. »  Le Collectif est membre de l’organisation of the Samidoun Network in France

Le Comité Action Palestine, basé à Bordeaux, se voit reprocher de « relayer les communiqués » et de « rendre compte de l’activité d’organisations terroristes palestiniennes, notamment le Hamas, le Mouvement du Jihad islamique en Palestine et le Hezbollah ».  Il affirme « dans sa charte son soutien à toutes les organisations en lutte contre Israël, y compris quand elles font usage de la violence ou de méthodes terroristes », pointe le ministère.  Le « Comité Action Palestine » se présente comme une association œuvrant « pour la réalisation des droits nationaux du peuple palestinien », notamment « le droit au retour des réfugiés, c’est-à-dire la libération de la terre arabe de Palestine ». Ce comité dit également dénoncer « le sionisme en tant que mouvement colonialiste et raciste« .

Tom Martin, 35 ans
(Collectif Palestine Vaincra)

Le 24 février dernier, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonçait sur Twitter : « A la demande du président de la République,je vais demander la dissolution du ‘Collectif Palestine Vaincra », et du « Comité Action Palestine », pour appel à la haine, à la violence et à la discrimination et provocation à des actes terroristes. » La procédure de dissolution avait été lancée quelques jours plus tard, selon le ministère. La décision avait alors été dénoncée « fermement » par le « Collectif Palestine Vaincra », considérée comme « une attaque contre le mouvement de solidarité avec la Palestine, » avait déclaré son porte-parole Tom Martin. L’organisation anti-raciste racisée se définit comme « anti-raciste et anti-colonialiste ».

A Toulouse, plus de 250 personnes se rassemblent contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra

A Toulouse,x250 personnes se rassemblent contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra

Jeudi 21 avril à la sortie du métro Jean Jaurès à Toulouse, plus de 250 personnes se sont rassemblées à l’appel du Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra afin de dénoncer la récente interdiction par le gouvernement français de cette organisation pro-palestinienne. Regroupant plus de trente organisations toulousaines, celui-ci organise du 15 au 25 avril 2022 une semaine de mobilisation à la veille de l’audience du recours au Conseil d’Etat qui devait a eu lieu le 26 avril prochain.

Scandant de nombreux slogans de soutien au peuple palestinien et contre la répression, les personnes solidaires se sont réunies en brandissant des banderoles et pancartes soulignant la nécessaire riposte unitaire contre l’offensive sécuritaire. De multiples organisations étaient représentées parmi lesquelles le Syndicat des Avocats de France – SAFMouvement de la PaixCGTUnion des Étudiants de ToulouseRévolution PermanenteNPAPOIPOIDAFA TolosaCollectif populaire contre l’extrême droiteComité Vérité et Justice 31CNTUCLSud/SolidairesPlanning FamilialSecours Rouge ToulouseBDS ToulouseBRICCDK, etc.

Avocate du collectif et membre du SAF, Maître Brandely est intervenue en affirmant : « Depuis plus de 6 mois, les dissolutions s’enchaînent. Nous avions manifesté il y a quelques mois contre la loi séparatisme et nous avions raison de le faire. Cette loi a ouvert un boulevard au gouvernement pour faire taire toutes les voix dissidentes, pour dissoudre les associations. […] Ce n’est pas au ministre de l’Intérieur de faire une chasse aux associations et d’ériger des délits d’opinion. »

D’autres organisations sont intervenues pour réaffirmer leur solidarité avec l’organisation pro-palestinienne récemment dissoute. À cette occasion, une représentante du Mouvement de la Paix 31 a souligné le long travail commun entre les deux structures et que jamais ils n’auraient travaillé avec une organisation antisémite et que ces attaques étaient infondées. De son côté, une représentante de Sud Éducation 31/65 a rappelé l’engagement de son organisation au côté du collectif et a souligné que la politique liberticide et autoritaire concerne tout le monde, au regard des menaces de dissolution contre Sud Éducation 93. Des militants de Révolution Permanente et du NPA ont par ailleurs souligné que la politique criminelle israélienne continue contre le peuple palestinien, d’Al Aqsa à Gaza, et qu’il fallait plus que jamais affirmer notre soutien au peuple palestinien, notamment en combattant la criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine.

Une atteinte grave à la « liberté d’expression »

S’agissant du « Comité Action Palestine », la mesure de dissolution « porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’association et à la liberté d’expression », écrit dans sa décision le Conseil d’Etat, saisi en référé par l’association. Celle-ci s’était notamment vu reprocher par les autorités de « relayer les communiqués » et de « rendre compte de l’activité d’ organisations terroristes palestiniennes, notamment le Hamas, le Mouvement du Jihad islamique en Palestine et le Hezbollah ».

« Les prises de positions énoncées par les publications de l’association (…) ne peuvent (…) être regardées – pourquoi ? – comme provoquant à la discrimination, à la haine ou à la violence envers un groupe de personnes », selon la plus haute juridiction administrative. Elles ne peuvent pas non plus être « qualifiées d’agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme », à ce stade de l’instruction, selon les magistrats. « Il s’agit d’une victoire précieuse pour l’Etat de droit, qui sanctionne l’instrumentalisation politique du conflit israélo-palestinien du ministère de l’Intérieur », a réagi Me Vincent Brengarth, l’avocat du « Comité Action Palestine ».

L’ « Etat » devra verser 3.000 euros à chacune des deux associations

Nouveau Parti Anticapitaliste (révolutionnaire trotskiste)

Concernant le « Collectif Palestine Vaincra », le ministère de l’Intérieur l’accusait de « cultiver le sentiment d’oppression des ‘peuples musulmans’ (…) dans l’objectif de diffuser l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale », « sous couvert de défendre la cause palestinienne ». Le ministère lui reprochait également d’appeler « à la discrimination et à la haine envers Israël et les Israéliens », notamment à travers des campagnes de boycott. L’appel au boycottage « traduit l’expression d’une opinion contestataire et ne saurait par lui-même (..) être regardé comme une provocation ou une contribution à la discrimination, à la haine ou à la violence envers un groupe de personne », jugent du Conseil d’Etat.

« C’est une première victoire (…) en attendant le jugement du recours en annulation » s’est réjoui sur son site le « Collectif Palestine Vaincra ». « Cette décision est un véritable camouflet contre le pouvoir et bat en brèche la propagande de l’extrême droite sioniste et ses amalgames entre antisionisme et antisémitisme », ajoute-t-il. 

Les contribuables, via l’Etat, devront verser 3.000 euros à chacune des deux associations. Le ministre Darmanin n’est pas sanctionné pour sa légèreté. Sollicité, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaiter faire de commentaires.

De 2000 à 2005, les membres de l’UJFP sont passés de 25 à environ 350.

Drapeau palestinien

L’UJFP, Union juive française pour la paix, est une organisation juive laïque, universaliste et antisioniste. Dans les manifestations pro-palestiniennes, un nouveau public a fait son apparition, même si l’extrême gauche – représentée par des organisations aussi diverses que la CGT, le Front de gauche (coalition de partis politiques mise en place par le Parti communiste français, le Parti de gauche et la Gauche unitaire), ATTAC, la fédération anarchiste, etc. – forme encore la partie la plus imposante des cortèges. Le changement le plus visible est l’arrivée en nombre de « jeunes d’origine maghrébine ». Ceux-ci défilent parfois avec des drapeaux de pays du Maghreb, ce qui peut susciter l’agacement des militants pro-palestiniens de longue date. Les signes de religiosité sont aussi de plus en plus visibles dans les défilés. Dans les manifestations les plus importantes, il n’est plus exceptionnel d’assister à des prières de rue, ce qui est d’ailleurs susceptible de créer des tensions avec les militants laïcs. Un autre facteur de tension est la présence de plus en plus marquée de symboles et slogans radicaux. Dans les manifestations qui ont eu lieu au moment de la guerre de 2008-2009 ou après l’arraisonnement sanglant de la « flottille pour la paix » en 2010 – dans laquelle l’organisme humanitaire turc de tendance islamiste IHH a joué un rôle clé – dans des dizaines de pancartes associant étoile de David et croix gammée étaient visibles. Certains arboraient aussi le slogan « sionisme = nazisme ». Les dirigeants des associations pro-israéliennes ne manquent pas d’utiliser les slogans de ce type pour démontrer que l’« antisionisme radical » est une forme d’antisémitisme. Ils cherchent ainsi à établir un lien entre le militantisme pro-palestinien et la hausse spectaculaire des actes antisémites observée sur le territoire français depuis le début de la deuxième Intifada. Ce lien n’est pourtant pas évident : les personnes arrêtées en France pour avoir dégradé des synagogues ou agressé des juifs n’étaient généralement pas membres d’associations pro-palestiniennes. Mais l’ultra-gauche, à l’instar des antifa (anti-fascistes fascisés), est pro-palestinienne.

La politique de la Turquie pendant la Shoah: qu’en savent les jeunes arabo-musulmans?

Le gouvernement turc a aidé les Juifs européens à
venir en Turquie pendant le génocide des Juifs: réalité ou mythe turc ?

Quand des musulmans flirtaient avec le nazisme (lien VA): la 13e division SS « Handschar » était composée presque
entièrement de musulmans de Bosnie, alors annexée par l’Etat indépendant de Croatie.
Le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, ainsi que le mufti de Mostar,
participèrent activement au recrutement de ses membres

Le pacte d’amitié turco-allemand est-il une désinformation ou une occultation des universitaires islamo-gauchistes ? C’est un traité de non-agression signé à Ankara entre l’Allemagne nazie et la Turquie le 18 juin 1941, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, par l’ambassadeur de Hitler en Turquie, Franz von Papen, et le ministre des Affaires étrangères de Turquie, Şükrü Saracoğlu. Entré en vigueur le même jour, il durera quatre ans.

Une analyse suggère par ailleurs que Hitler aurait voulu voir la Turquie rejoindre l’Axe (l’Empire ottoman – colonisateur de l’Algérie – avait fait partie intégrante des Empires centraux et combattu aux côtés des Allemands lors de la Première Guerre mondiale). Le pacte devait durer dix ans, mais il est dissous le 24 octobre 1945, après la chute du Troisième Reich, lorsque la Turquie rejoint… l’Organisation des Nations unies. Elle sera même candidate à l’adhésion à l’Union européenne.

Lors de la cérémonie de commémoration de la Shoah organisée le 27 janvier 2014, Mevlüt Çavusoglu (actuel ministre des Affaires étrangères, à l’époque ministre chargé des négociations d’adhésion à l’Union européenne), s’exprima en ces termes :
De la même manière que l’Empire ottoman a accueilli en 1492 les Juifs chassés d’Espagne, la Turquie a empêché, pendant la Seconde Guerre mondiale, que ses Juifs soient envoyés dans les camps de concentration ; pour les universitaires juifs et pour les Juifs de toutes les catégories sociales, elle est devenue un havre face à la persécution. […] Il n’existe pas de génocide dans notre histoire. […] Dans notre culture, il n’existe pas de discrimination à l’égard d’autrui.Quelle forme a prise la politique turque de ces années-là à l’égard des Juifs ? La politique d’Ankara a-t-elle réellement été « sans discrimination » ? Et dans quelle mesure la Turquie a-t-elle été un « havre » pour les Juifs persécutés ? Tout comme l’attitude d’autres États neutres envers les réfugiés juifs, la politique de la Turquie joua un rôle immense, dans la mesure où ce pays était un refuge possible pour les Juifs persécutés. En outre – et cela distingue la Turquie de la Suède, du Portugal ou de l’Espagne –, plusieurs dizaines de milliers d’émigrés judéo-turcs qui, pendant la Shoah, eurent besoin de la protection de leur pays natal, vivaient en Europe centrale et occidentale. Enfin, la communauté juive vivant à l’intérieur de la Turquie était nettement plus nombreuse que celle des autres États neutres. Plus de 75 000 Juifs vivaient en Turquie en 1935 et se demandaient avec inquiétude dans quelle mesure le pays s’engagerait dans une collaboration avec l’Allemagne nazie et reprendrait à son compte la politique antisémite.

« Ce pays appartient aux Turcs »

En 1933, au début du pouvoir national-socialiste en Allemagne, la Turquie se préparait à célébrer le dixième anniversaire de la fondation de la République. La République de Turquie était issue, en 1923, du long processus de désagrégation de l’empire ottoman. La période qui alla de 1911 à 1922 fut une phase de guerres presque ininterrompue, pendant laquelle l’empire perdit à peu près la moitié de son ancien territoire, tandis que des centaines de milliers de réfugiés musulmans provenant des Balkans et du Caucase arrivaient en Anatolie. Ces années sont également marquées par l’expulsion violente des Grecs anatoliens et par le génocide des Arméniens et des Assyriens [2]. Le traité de paix de Lausanne sanctionna cette politique après coup et prescrivit le déplacement hors d’Anatolie des Grecs qui y vivaient encore – et, par contrecoup, celle des Turcs hors de Grèce. La création d’« États nations » définis selon des critères ethniques fut après la Première Guerre mondiale le credo de la politique internationale. La politique turque de l’entre-deux-guerres ne fut donc pas sans analogie avec celle des autres États-nations apparus après la désagrégation des États multiethniques d’Europe orientale. Dans ces États aussi, régime autoritaire et nationalisme militant régnaient en maîtres.

Jusqu’en 1914, les non-musulmans représentaient encore plus de 20 % de la population de l’Anatolie ; dans la nouvelle république, ils étaient tout juste 2 %. L’objectif central de la politique turque au début de la République était de cimenter la turquisation de l’Anatolie, qui avait eu lieu par le biais de l’expulsion et de l’élimination des chrétiens : « Ce pays vous appartient, à vous les Turcs. Cette patrie a été turque dans l’histoire, elle est turque et restera turque à tout jamais. Elle est enfin revenue entre les mains de ses véritables propriétaires », déclara le chef de l’État, Mustafa Kemal, en 1923 à Adana [3].

Pour créer un Etat-nation homogène sur les ruines de l’Empire multiethnique ottoman, on eut recours à une « politique de turquisation » dont l’objectif était de turquiser l’économie, la culture, l’historiographie et la population, et d’imposer sans compromis la prédominance turque dans tous les domaines de la société [4]. Cette politique visait aussi à assimiler par la force le grand nombre des musulmans arrivés dans le pays en tant que réfugiés et les musulmans non turcs d’Anatolie. Les Kurdes, en particulier, furent à cette occasion régulièrement victimes d’une violence massive exercée par l’Etat.

« L’opération Gertrude est un plan allemand d’invasion de la Turquie lors de la Seconde Guerre mondiale. Bien que l’Allemagne nazie ait signé un pacte de non-agression avec la Turquie en 1941, juste avant l’opération Barbarossa, Adolf Hitler était résolu à conquérir l’Anatolie, dans le cadre de la planification d’une Grande-Arménie dans le Caucase. En fin de compte, Hitler, en sécurisant le flanc sud du Caucase, voulait se garantir l’accès au pétrole de l’Azerbaïdjan. »

Interdictions professionnelles

Un projet central de la politique kémaliste fut la mise en place d’une bourgeoisie turco-musulmane. Pour chasser les non-musulmans de l’économie, on força les chefs à licencier une majorité de leurs employés non musulmans et l’on promulgua des mesures d’interdictions professionnelles contre les non-musulmans. La loi sur les fonctionnaires de 1926 affirmait que seuls des « Turcs » pourraient travailler au service de l’État. Ces consignes concernaient aussi des professions comme les conducteurs de tramway ou les ouvriers du port. Dans des interviews que l’auteur de ce texte a menées avec des Juifs d’origine turque en France, en Italie et en Belgique, un grand nombre des personnes interrogées relatent que leurs parents ont été licenciés d’emplois simples de ce type et ont émigré pour cette raison.

Le traité de Lausanne, qui accordait certains droits aux minorités grecque, arménienne et juive, tels l’autonomie communale, l’entretien de leurs propres institutions éducatives, l’usage de leur propre langue, etc., fut vidé de son sens, et l’on fit pression sur les représentants de ces communautés afin qu’ils renoncent « volontairement » à ces droits. Les non-musulmans furent aussi soumis à de nombreuses restrictions légales, comme de sérieuses limitations de leur liberté de déplacement.

À la fin des années 1930, des organisations juives mondiales (par exemple des clubs de jeunesse, des associations culturelles ou sportives) furent interdites, la loi de juin 1938 sur les associations proscrivant les groupes qui reposaient sur « une base ethnique, religieuse ou de classe ». Alors que l’on créait partout des organisations nationalistes turques, et que celles-ci bénéficiaient de subventions de l’État, on refusait aux membres des minorités le droit de fonder leurs propres associations, mais aussi celui de collaborer à des organisations internationales.

Assimilation forcée

Les critères qui définissaient l’appartenance à la nation turque varièrent selon les aléas politiques. Pendant la « guerre de libération », l’islam avait servi à mobiliser des musulmans de différentes appartenances ethniques. Lorsque la politique kémaliste commença à refouler l’islam, à partir du milieu des années 1920, la langue turque devint la première caractéristique de la « turquité ». Sous le slogan « Vatandas Türkçe konus » (« Citoyen, parle turc »), on mena des campagnes visant à la turquisation linguistique de la population, et elles eurent fréquemment un caractère discriminatoire. Des panneaux installés sur les lieux publics invitaient les membres des minorités à parler le turc, les gens qui s’exprimaient dans une autre langue faisaient parfois l’objet d’agressions physiques. Les Juifs devinrent une cible privilégiée : la presse et les politiciens utilisaient en permanence l’emploi que faisaient les Juifs du judéo-espagnol ou du français pour les accuser de manquer de loyauté envers l’État.

La campagne Vatandas Türkçe konus ne fut qu’un élément d’une mobilisation nationaliste permanente. Le grand nombre de jours fériés et autres semaines d’action nationaliste produisit un climat de tension permanente. Tout cela inspira des peurs puissantes aux Juifs et aux autres minorités. En avril, le consul américain relata, depuis Izmir, que les Juifs, par peur des agressions quotidiennes, s’étaient enfermés dans leurs maisons pendant quelques jours [5].

Déception et émigration des Juifs

La situation des Juifs en Turquie était ambiguë. Depuis le xixe siècle, ils avaient fréquemment été exposés aux agressions des chrétiens, et s’étaient retrouvés tributaires de la protection des forces de sécurité turco-ottomanes. Compte tenu des exactions commises par les troupes grecques au cours des derniers mois de la guerre helléno-turque, beaucoup de Juifs de la région de l’Égée avaient considéré les Turcs comme des libérateurs. De nombreux intellectuels juifs partageaient l’enthousiasme des kémalistes envers le progrès et la sécularisation. Beaucoup de Juifs accueillirent donc dans un premier temps la nouvelle république avec espoir. À l’inverse, les hommes politiques kémalistes instrumentalisèrent à plusieurs reprises les Juifs en les présentant comme une « minorité exemplaire ». Certaines des restrictions touchant les non-musulmans ne furent pas appliquées aux Juifs avec la même dureté qu’aux Grecs et aux Arméniens. Les Juifs furent toutefois bientôt contraints de constater que le chauvinisme qui s’était d’abord tourné contre les groupes chrétiens de la population s’en prenait désormais à eux.

Dès le début de la République, il y eut dans quelques régions des campagnes de presse antijuives, on présenta les Juifs comme des sangsues et des profiteurs de guerre. Les représentants de la communauté juive tentèrent, en vain, de témoigner de leur fidélité à l’État turc en envoyant des textes d’allégeance ou des dons d’argent.

Tout cela incita de nombreux Juifs à émigrer hors de Turquie : entre un tiers et la moitié d’entre eux quitta le pays au cours des années 1920 et 1930 [6]. Avant le début de la Première Guerre mondiale, ce sont environ 130 000 Juifs qui vivaient sur le territoire de la future République de Turquie ; selon les estimations d’Avner Levi, ils étaient même 150 000 en 1918. Au premier recensement, en 1927, ils n’étaient plus que 81 872 ; en 1935, ce chiffre était descendu à 78 730 [7].

Les années 1930 en Turquie

Pendant les années 1930, le caractère autoritaire du régime se renforça. Le congrès du CHP (Cumhuriyet Halk Patisi, Parti républicain du peuple ou CHP) décréta ainsi en 1935 l’unité du parti et de l’État ; la Turquie reprenait ainsi le modèle des États fascistes italien et allemand, ou de l’Union soviétique. Les libertés publiques, déjà réduites, furent encore restreintes. Le nationalisme prit des traits parfois racistes. La « thèse d’histoire turque » (Türk Tarih Tezi), élaborée d’après les principes de Mustafa Kemal, présentait les Turcs comme le peuple civilisé le plus ancien de tout le Proche-Orient, et si l’on en croit la « théorie de la langue du Soleil » (Günes Dil Teorisi), le turc était la langue originelle de toutes les autres langues. Aussi absurdes que puissent paraître ces théories, elles étaient, au fond, une réaction à des théories racistes européennes qui furent copiées et adaptées aux besoins turcs.

À la fin des années 1930, de nombreuses associations turques turanistes et racistes étaient en activité et bénéficiaient parfois du soutien des cercles les plus élevés du parti et de l’armée. Dans leurs revues, elles célébraient le sang turc et la supériorité de la race turque.

Au cours de ces années, la « politique de turquisation » fut intensifiée. L’une des mesures les plus lourdes de conséquences fut l’Iskân Kanunu (loi sur l’installation), promulguée le 10 juin 1934. Elle était censée réguler l’implantation et l’assimilation des immigrés musulmans, les Muhacirs. Dans le même temps, la loi donnait au gouvernement le pouvoir de déplacer sous la contrainte des groupes de la population dont on considérait qu’ils « n’appartenaient pas à la culture turque ». À moyen terme, ces mesures furent avant tout dirigées contre les Kurdes : de 1937 à 1938, la région de Dersim, dont la population kurde alévite résistait au déplacement forcé, fut bombardée et détruite ; 10 % environ de la population (selon des chiffres turcs) périt à cette occasion.

En 1934, cette loi joua un rôle dans les événements antijuifs survenus en Thrace (voir infra). Les hommes politiques turcs utilisèrent aussi l’Iskân Kanunu pour justifier le rejet des réfugiés juifs pendant la Shoah.

Antisémitisme

Pendant les années 1930, on traduisit des textes centraux de l’antisémitisme moderne, et on les publia en Turquie. Ce fut le cas des textes de Theodor Fritsch, ou d’une traduction des Protocoles des Sages de Sion. Cette dernière parue sous forme de feuilleton dans la revue Millî Inkilâp, qui reprit aussi des caricatures publiées dans le Stürmer. Certaines de ces publications furent financées par l’Allemagne nazie. Le gouvernement turc en interdit certes plusieurs et se démarqua de plus en plus de l’antisémitisme, mais la grande presse utilisa elle aussi, de plus en plus souvent, des lieux communs antisémites. Dans les moments de raréfaction des ressources économiques, ou lorsqu’il était question des réfugiés juifs en provenance d’Europe de l’Est, on vit émerger dans la presse quotidienne des polémiques contre les « marchands juifs » et les « Juifs apatrides et errants ». En 1942, pour préparer la promulgation de l’impôt spécial discriminatoire Varlik Vergisi (voir infra), la presse turque contrôlée par l’État lança à l’unisson une agitation antisémite tellement massive que même des observateurs allemands s’en étonnèrent.

La situation n’était pourtant pas comparable à celle de l’Allemagne. L’antisémitisme raciste et meurtrier des nationaux-socialistes se heurtait à un rejet sans ambiguïté au sein de l’opinion publique turque. Pourtant, les traductions que nous avons mentionnées ouvrirent la porte à l’antisémitisme moderne en Turquie. Les textes traduits à cette époque sont encore réimprimés de nos jours.

L’influence de l’Allemagne nationale-socialiste

L’influence de l’Allemagne nationale-socialiste renforça encore ces tendances autoritaires et ultranationalistes. Pendant les années 1930, l’Allemagne était, de loin, le principal partenaire commercial de la Turquie. L’arrivée au pouvoir de Hitler, en 1933, et la politique nationale-socialiste menée jusqu’en 1939, ne provoquèrent pas de troubles en Turquie dans un premier temps. Les violations systématiques du traité de Versailles commises par l’allié de la Première Guerre mondiale furent accueillies avec beaucoup de compréhension : elles étaient le pendant à l’attitude turque à l’égard de l’accord de Sèvres.

De nombreux hommes politiques turcs sympathisèrent avec le système national-socialiste [8]. Recep Peker, secrétaire général de la CHP jusqu’en 1937 et ministre de l’Intérieur à partir de 1942, proposa que l’on reprenne des modèles d’organisation fascistes. Au sein de l’appareil de sécurité, en particulier, et parmi les dirigeants militaires, on trouvait de nombreux sympathisants nationaux-socialistes affichés. L’ambassadeur allemand à Ankara, Franz von Papen, joua un rôle clef pour l’influence de l’Allemagne nationale-socialiste sur la Turquie : Franz von Papen disposait de nombreux contacts en raison de la position qu’il avait occupée dans l’armée ottomane pendant la Première Guerre mondiale. Les moyens financiers dont il bénéficiait pour la propagande contribuèrent considérablement à son influence [9]. Pour agir sur l’opinion publique, les nationaux-socialistes publièrent eux-mêmes plusieurs journaux et exercèrent sur d’autres un large contrôle financier. Il ne faudrait cependant pas surestimer l’influence de la propagande nationale-socialiste. À partir de l’été 1939, c’est-à-dire après l’attaque allemande contre la Pologne et la conclusion du pacte d’assistance anglo-turc, les voix critiques à l’égard de l’Allemagne furent plus nombreuses à s’exprimer dans la presse turque, et la propagande ouvertement nationale-socialiste fut interdite à plusieurs reprises. Après la conclusion du traité d’amitié germano-turc, en juin 1941, la propagande allemande reprit de la vigueur – ce texte interdisait en outre la publication d’articles critiques sur l’Allemagne en Turquie.

L’affinité avec l’Allemagne nationale-socialiste ou les contacts avec les instances allemandes ne sont cependant pas le principal indicateur des tendances fascistes et racistes en Turquie. Quand on était persuadé de la supériorité de la race turque, on ne pouvait que rejeter l’idéologie nazie, du seul fait qu’elle n’accordait aux Turcs qu’une place bien inférieure à celle des Germains.

Même si la Turquie ne s’engagea que partiellement dans une coopération avec l’Allemagne nationale-socialiste, même si l’antisémitisme était loin de constituer, à l’époque, l’idéologie dominante, les années 1933-1945 furent pour les Juifs de Turquie les « années les plus sombres » de leur histoire. L’historiographie turque a expliqué la politique antijuive menée par la Turquie à cette époque par l’influence de l’Allemagne nationale-socialiste. Mais si l’on regarde les choses de près, cette assertion est infondée. L’attitude de rejet à l’égard des réfugiés juifs, aussi bien que les mesures prises contre les Juifs de Turquie, s’inscrivaient dans la politique nationaliste turque, elles étaient donc « maison ». Trois épisodes en témoignent en particulier.

La Turquie n’entre dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés qu’en février 1945, mesure tellement tardive qu’elle est insignifiante sur le plan militaire. Sur le plan diplomatique cependant, elle permet à la Turquie de participer aux conférences de paix de l’après-guerre dans le camp des vainqueurs. Lien

Trakya Olaylari (les événements de Thrace)

Au début de l’été 1934, les habitants de la Thrace et des Dardanelles furent victimes d’actions violentes et massives [10]. Celles-ci allèrent des lettres de menaces aux agressions physiques, en passant par des opérations de boycott, et se produisirent sous les yeux très tolérants des forces de la sécurité publique. En plusieurs endroits, des policiers forcèrent les Juifs à quitter leurs lieux d’habitation. À Kirklareli eut lieu un véritable pogrom : une populace antisémite attaqua les boutiques et les maisons, les pilla et s’en prit violemment aux habitants. Pris de panique, des milliers de Juifs quittèrent la région pour Istanbul, où la communauté juive locale les logea dans des institutions communautaires. D’autres franchirent la frontière toute proche pour rejoindre la Grèce ou la Bulgarie.

Il fallut que la presse internationale relate ces événements pour que le gouvernement turc réagisse. Il minimisa l’ampleur des exactions et souligna que les Turcs n’étaient jamais antisémites. Mais le déclenchement presque simultané des opérations dans toute la Thrace laisse penser qu’ils avaient bénéficié d’une organisation centrale. Les diplomates étrangers furent ainsi presque unanimes pour considérer que l’expulsion des Juifs était planifiée par l’État [11].

Une semaine seulement avant le début des événements avait été promulgué l’Iskân Kanunu mentionné plus haut. Il donnait au gouvernement le pouvoir de transférer les parties de la population considérées comme « n’appartenant pas à la culture turque » et de les éloigner des régions stratégiquement importantes. En 1934, la situation était caractérisée par des tensions entre la Turquie et la Bulgarie, ainsi que par la peur qu’inspiraient aux Turcs les velléités expansionnistes de l’Italie. En 1934, la Turquie avait secrètement entamé la consolidation militaire des Dardanelles, qui lui était encore interdite à l’époque par les traités internationaux [12]. On peut tout à fait imaginer que les Juifs de Thrace aient été considérés comme « peu fiables » et que c’est pour cette raison qu’on les poussa à quitter le secteur. Manifestement, les autorités turques avaient misé sur le fait que des opérations de boycott et des menaces « provenant de la population » pourraient les forcer à quitter « volontairement » le territoire [13].

Quelques semaines avant le pogrom, cette zone avait été placée sous l’autorité d’une administration spéciale (« Inspection générale »), et l’on avait placé Ibrahim Tali [Öngören] à la tête ce celle-ci. Tali effectua dans la région une tournée d’inspection qui dura plusieurs semaines et à propos de laquelle il rédigea un rapport bardé de stéréotypes antisémites, qui culminait avec l’exigence de « résoudre enfin, et de la manière la plus radicale, le problème [juif] [14] ».Le Juif de Thrace est d’une telle corruption morale et d’une telle absence de caractère qu’elles vous sautent aux yeux. Il est nuisible. […] Dans la conception juive du monde, honneur et dignité n’ont pas de place. […]
Les Juifs de Thrace s’appliquent à rendre la Thrace identique à la Palestine. Pour le développement de la Thrace, il est de la plus grande nécessité de ne pas tolérer que cet élément [les Juifs], […] continue à sucer le sang des Turcs. [Les Juifs] constituent ce danger secret et veulent peut-être, par le biais de leurs clubs de travailleurs, construire dans notre pays des noyaux du communisme ; c’est la raison pour laquelle c’est une nécessité absolue […] de résoudre enfin, et de la manière la plus radicale, le problème [juif].

Ce rapport ne réfute pas seulement l’affirmation du gouvernement turc, selon lequel il n’existait pas d’antisémitisme en Turquie : il constitue aussi l’indice d’une responsabilité de l’État dans l’expulsion des Juifs. Tali était le plus haut fonctionnaire de ce secteur, et il disposait de larges pouvoirs politiques et militaires.

Ces événements représentent la césure la plus sévère que les Juifs de Turquie aient subie, jusqu’alors, dans toute leur histoire. Le gouvernement invita les Juifs à revenir dans leurs lieux d’origine, mais ne leur en donna pas les moyens et ne leur versa pas d’indemnités. Une grande partie des Juifs réfugiés resta à Istanbul ou quitta la Turquie. Les menaces les avaient contraints à vendre leurs biens à des prix ridicules et ils avaient ainsi perdu la base de leur existence. Pour les communautés de plus petite taille, en Thrace, ces événements scellèrent la fin d’une présence séculaire.

Le travail obligatoire pour les hommes juifs

Autre mesure qui toucha les Juifs de Turquie : l’enrôlement forcé de vingt classes d’âge, parmi les non-musulmans, au service du travail obligatoire. En mai 1941, on décida sans aucun préavis d’enrôler les hommes non musulmans âgés de vingt-cinq à quarante-cinq ans. Ils furent convoyés en Anatolie centrale, où ils durent travailler dans des carrières ou construire des routes, sans armes, sous la surveillance de militaires turcs. Les personnes concernées le ressentirent comme une mesure discriminatoire et dangereuse [15]. Le motif de cette décision n’est pas acté. Elle rappelle les bataillons de travail (Amele Taburlari) destinés aux non-musulmans pendant la Première Guerre mondiale et la guerre gréco-turque. En juillet 1942, les premiers « soldats du travail » furent libérés – là encore, sans aucune annonce préalable. Des non-musulmans furent toutefois encore enrôlés en 1943 pour des travaux de voirie [16].

Varlik Vergisi (l’impôt sur le patrimoine)

La mesure la plus lourde qui ait frappé les minorités, et en particulier les Juifs de Turquie, fut l’impôt sur le patrimoine, en turc Varlik Vergisi[17]. Bien que la Turquie n’ait pas participé à la guerre, le poids des immenses dépenses militaires provoqua une dégradation de la situation alimentaire au sein de la population. La raréfaction des marchandises entraîna des augmentations de prix pouvant atteindre les 500 % et les produits de première nécessité furent rationnés. Dès l’été 1942, la presse mena une campagne de diffamation organisée qui présentait les non-musulmans comme des « usuriers » et des « parasites », et les rendait responsables de la crise économique. Cette campagne était dirigée contre les non-musulmans en général, mais les Juifs étaient la cible privilégiée des articles de presse et des caricatures, qui reprenaient des clichés typiquement antisémites.

Après ce prélude dans le domaine de la propagande, le parlement turc décida, le 11 novembre 1942, l’introduction d’un impôt spécial. Celui-ci prévoyait un prélèvement unique sur les indépendants et les commerçants, pour absorber les « profits exceptionnels » et endiguer le marché noir. Pour le calcul des impôts, les contribuables furent répartis en quatre catégories différentes : M pour les musulmans et G pour les non-musulmans (Gayri Müslim), E pour les étrangers (Ecnebi) et D pour les membres de la Dönme ou les convertis [18]. Selon la catégorie, on appliquait des clefs différentes pour le calcul des impôts. Ceux des non-musulmans furent multipliés plusieurs fois, si bien que beaucoup de Juifs et de chrétiens furent, dans les faits, dépouillés de tous leurs biens.

87 % des personnes imposées étaient des non-musulmans, alors que leur part dans la population de Turquie était inférieure à 2 %. Pour Istanbul, on fixa le montant des impôts à 349,5 millions de lira [livres turques], dont 90 % durent être apportés par des non-musulmans. Dans les groupes de revenus inférieurs des professions indépendantes, seuls les non-musulmans furent touchés par la Varlik Vergisi. On décréta aussi un taux d’imposition particulièrement élevé sur les étrangers – des négociations menées par les différentes ambassades permirent toutefois de réduire considérablement les sommes prélevées. Pour l’essentiel, la Varlik Vergisi ne frappa pas les étrangers, mais les citoyens non musulmans de Turquie.

Les personnes concernées obtinrent un délai de quatorze jours pour rassembler la somme fixée. Quand elles n’y parvinrent pas, leurs biens furent pris en gage et elles-mêmes furent contraintes de participer au service du travail obligatoire. Beaucoup de familles durent vendre leurs boutiques et leurs entreprises, leur logement et même leurs tapis, meubles et autres objets ménagers, pour réunir la somme exigée. À Istanbul, 543 biens immobiliers furent vendus par ce biais, dont dix appartenaient à des musulmans, tous les autres à des membres de minorités ou à des étrangers (27) [19]. L’article 14 de la loi sur la Varlik Vergisi donnait à l’État le pouvoir de confisquer aussi les biens de proches parents des contribuables concernés.

À partir du 27 janvier 1943, plus de 1 400 personnes – tous des Juifs, Arméniens et Grecs – escortées par des militaires furent convoyées en train à Erzurum, en Anatolie orientale, d’où elles durent se rendre à pied à Askale. Une large majorité des déportés (1 229) provenait d’Istanbul, d’Izmir, Bursa et d’autres villes, ce sont au total quelque 200 personnes supplémentaires qui furent internées dans les camps de travail [20]. Contrairement à ce que stipulait la loi, on emmena aussi les hommes de plus de soixante-quinze ans, et même des malades. Askale se situe dans les montagnes, les températures y descendent, l’hiver, jusqu’à -30 ou -40° C. Les déportés devaient effectuer des travaux dans des carrières ou pelleter de la neige, travail qui leur valait un « salaire » quotidien de 2,5 lira, dont la moitié était prélevée pour régler les « dettes fiscales ». Vingt et une personnes moururent des conditions inhumaines qui régnaient dans les camps.

En décembre 1943, les déportés furent finalement libérés, et la loi Varlik Vergisi fut suspendue en mars 1944. À ce jour, aucun dédommagement, aucune restitution des biens confisqués n’a cependant eu lieu.

Dans les faits, la Varlik Vergisi fut une confiscation par l’État des biens des non-musulmans. Elle provoqua la paupérisation fulgurante des classes moyennes de ces catégories. Le logement de beaucoup d’entre eux avait littéralement été vidé. Ishak Alaton raconte ainsi dans ses Mémoires que tous les objets servant à l’aménagement de l’appartement de ses parents, jusqu’aux ampoules électriques, ont été confisqués, si bien qu’ils se retrouvèrent assis par terre à la lueur des bougies [21].

L’ensemble de ces trois mesures, ainsi que le climat nationaliste qui régna au cours de ces années, poussèrent la majorité des Juifs restés dans le pays à quitter celui-ci après la fondation d’Israël.

La Turquie, pays d’exil ou de transit ?

Les premiers jours qui suivirent la remise du pouvoir à Hitler, le 30 janvier 1933, furent marqués par les violences commises par les organisations nationales-socialistes contre les Juifs et les opposants politiques. Les intellectuels furent les cibles privilégiées des agressions fascistes. Avec la « loi sur le rétablissement de la fonction publique » du 7 avril 1933, les Juifs et les opposants furent licenciés de leurs postes dans les institutions politiques d’Allemagne. Parmi les premiers émigrés en provenance de l’Allemagne nazie, on trouvait ainsi un nombre particulièrement élevé d’universitaires juifs (et d’opposition).

À peu près à la même époque, le gouvernement turc décida une réforme de l’enseignement supérieur. Celle-ci prévoyait la fermeture de l’université fondée au xixe siècle, la Dârülfünun, et la création d’une université moderne. Pour cette nouvelle institution, mais aussi plus généralement pour ses projets ambitieux de modernisation, la Turquie chercha un personnel enseignant jouissant d’une réputation internationale. Un comité de soutien fondé en Suisse et composé de scientifiques qui avaient fui l’Allemagne put ainsi trouver des postes en Turquie à de nombreux universitaires [22].

La convergence de ces deux facteurs – les projets ambitieux de la direction kémaliste et l’éviction soudaine de toute une élite scientifique hors de l’Allemagne hitlérienne – eut pour conséquence qu’à partir du semestre d’hiver 1933-1934, 82 professeurs allemands enseignaient en Turquie, faisant d’Istanbul « la plus grande et la meilleure université allemande », comme l’écrit Widmann. Ces professeurs firent venir entre 70 et 100 personnes supplémentaires (assistants, personnel médical et technique) dont la majorité provenait du cercle des personnes persécutées. Horst Widmann cite 144 émigrés de langue allemande actifs dans l’enseignement supérieur à Ankara et Istanbul, avec des titres de professeur titulaire, de maître de conférence et de collaborateur scientifique [23].

La Turquie, pays d’exil ?

Les Mémoires de quelques anciennes personnalités de premier plan exilées dans le pays, et de nombreuses publications consacrées à l’« exil en Turquie », peuvent facilement donner l’impression que la Turquie a été pour les persécutés juifs un important pays de refuge, image que la propagande turque reprend elle aussi volontiers à son compte. La réalité est à l’opposé. Une exploitation des documents conservés dans les archives allemandes et turques [24] permet d’évaluer à 550 ou 600 le nombre de personnes persécutées en tant que Juifs dans la grande Allemagne nationale-socialiste qui trouvèrent un exil légal en Turquie. Les membres des familles qui suivirent après coup sont décomptés dans ce nombre [25].

Hormis les scientifiques de premier plan, dont la Turquie accepta volontiers l’aide pour mettre en place des universités modernes, et qu’elle employa comme conseillers des administrations et des ministères, les fugitifs juifs ordinaires ne purent pratiquement pas trouver asile en Turquie. On ne connaît pas précisément le nombre des réfugiés juifs qui, en provenance de la Grande Allemagne et que l’on ne peut classer dans les personnalités, purent arriver en Turquie malgré les conditions d’immigration restrictives – on l’évalue entre 300 et 400 personnes [26]. Le nombre total des réfugiés et émigrés juifs allemands en Turquie se situe ainsi autour du millier, soit 2,5 ‰ des 400 000 personnes persécutées en tant que Juifs qui purent quitter la Grande Allemagne avant l’interdiction d’émigrer, promulguée en octobre 1941.

Différentes initiatives de personnalités juives visant à inciter la Turquie à accepter un plus grand nombre de réfugiés juifs échouèrent. En 1933, dans une démarche non concertée, le directeur du lycée juif d’Istanbul, le rabbin David Marcus, et Albert Einstein, président d’honneur de l’organisation de bienfaisance juive O.S.E. (Œuvre de secours aux enfants), proposèrent au président du Conseil turc, Ismet Inönü, de faire venir en Turquie un plus grand nombre de médecins juifs en provenance d’Allemagne, mais le gouvernement turc repoussa ces offres [27]. En 1938, une initiative analogue du président de l’Agence juive, Chaim Weizmann, fut elle aussi rejetée par le gouvernement turc [28].

Mesures turques pour empêcher une immigration juive

Bien que le nombre de réfugiés juifs en Turquie eût été infime, le gouvernement turc prit dès 1937 des mesures préventives visant à barrer l’entrée aux immigrés juifs. Des dossiers de l’ambassade d’Allemagne à Ankara, il ressort que le ministère turc des Affaires étrangères a ordonné au début 1937 que l’on empêche l’émigration des Juifs et que l’on expulse les immigrés juifs [29]. La politique turque s’appuyait sur la loi sur l’installation (Iskân Kanunu) de juin 1934, déjà mentionnée, aux termes de laquelle le droit à l’immigration était réservé aux membres de la « race et de la culture turques », tandis que les Juifs étaient considérés comme des « éléments indésirables ».

Au mois d’août 1937, trois Juifs allemands informèrent le consulat allemand à Istanbul qu’une semaine plus tôt, la police secrète turque était venue les prendre et leur avait ordonné de quitter la Turquie. Un secrétaire du ministère de l’Intérieur leur avait appris que l’on avait programmé l’expulsion de 300 à 400 personnes arrivées en Turquie après 1933 [30]. Des documents issus des archives turques le confirment. On lit ainsi, dans les motifs présentés par le ministère turc de l’Intérieur pour expulser « la Juive allemande » E. Norden, que les Juifs allemands arrivés en Turquie après l’instauration du pouvoir national-socialiste étaient expulsés « pour empêcher une concentration de Juifs [31] ».

Au cours de l’année 1938, le nombre des réfugiés juifs augmenta fortement sur le plan international. Le contexte en était d’une part l’Anschluss de l’Autriche en mars 1938, qui fut accompagné par un pogrom contre les Juifs locaux, et l’adoption dans le pays annexé des lois antijuives en vigueur en Allemagne. En Roumanie, une loi de l’antisémite Goga prévoyait de déchoir de leur nationalité quelque 250 000 Juifs [32] ; d’autres États du sud et de l’est de l’Europe introduisirent aussi des textes antisémites dans leur législation. Les consulats allemands commencèrent à recenser les Juifs parmi les émigrés et à retirer leur citoyenneté à certains d’entre eux [33]. Dans ce contexte, la Turquie promulgua en juin 1938 deux lois destinées à protéger le pays contre l’afflux des réfugiés juifs : la « loi sur le passeport » et la « loi sur le “séjour et le voyage des étrangers en Turquie” ». Ces textes interdisaient respectivement l’entrée ou le séjour en Turquie aux personnes qui n’étaient pas en possession d’un passeport en cours de validité ou d’un certificat de nationalité. Même si ces lois, si l’on s’en tient à leur lettre, étaient dirigées d’une manière générale contre les réfugiés indésirables, on voit, dans le contexte de l’époque, combien la Turquie souhaitait surtout « se défendre » contre les Juifs et les « Tsiganes » – car l’une des mesures de persécution prises par le régime national-socialiste et les États alliés à l’Allemagne consistait précisément à déchoir les Juifs de leur nationalité.

La Turquie demande un « signe secret » dans les passeports des Juifs

Une demande turque adressée au consulat général d’Allemagne à Istanbul quelques jours après la promulgation de ces lois le souligne : comme les passeports allemands ne mentionnaient pas la religion de leurs détenteurs, les instances turques ne pouvaient pas reconnaître qui était juif et qui ne l’était pas. La police turque demanda alors aux Allemands de marquer les passeports des Juifs avec un « signe qui ne serait connu que de la police [turque] et du consulat général [allemand] [34] ».

La Suisse et la Suède adressèrent elles aussi aux instances allemandes la même demande. En octobre 1938, les autorités nationales-socialistes proclamèrent l’invalidité de tous les passeports détenus par les Juifs allemands. Les détenteurs de passeports devaient les faire frapper du tristement fameux grand « J » rouge.

En juillet 1938 eut lieu dans la ville thermale française d’Évian-les-Bains, à l’initiative du président des États-Unis, Roosevelt, une conférence internationale rassemblant des délégués de trente-deux États venus traiter de la question des réfugiés juifs. Mais à l’exception de la République dominicaine, tous les représentants ne fournirent que des explications verbeuses au fait que leur État ne pouvait pas accueillir de persécutés. La Turquie n’était représentée ni à Évian, ni à la conférence de suite. Les journaux turcs publièrent des articles et caricatures antisémites pour mettre en garde contre un « afflux de réfugiés juifs ». Mais les autorités turques firent encore un pas de plus.

Le décret secret n° 2/9498

Le 29 août 1938, le gouvernement turc publia un décret explicitement tourné contre les Juifs : il interdisait l’entrée en Turquie « aux Juifs étrangers soumis à des restrictions dans leurs pays d’origine, indépendamment de la religion à laquelle ils appartiennent actuellement ». En reprenant cette formulation, le décret se référait à la législation antijuive de l’Allemagne nationale-socialiste et des États alliés à l’Allemagne, qui persécutaient aussi des Juifs convertis et des hommes d’origine juive [35]. En 1938, la Turquie commença ainsi à refouler des réfugiés juifs, y compris lorsque ceux-ci étaient (encore) en possession de passeports. Même des exilés qui vivaient déjà en Turquie durent prouver qu’ils n’étaient pas juifs. L’un d’entre eux, l’assyriologue Fritz Rudolf Kraus, décrit son état d’esprit dans une lettre d’octobre 1938 :Ce qui, en ces lieux, fait de l’expansion allemande plus qu’un spectacle historique, c’est que la Turquie applique désormais aux Allemands du Reich les lois raciales allemandes, de telle sorte qu’un Allemand du Reich ne peut recevoir d’autorisation de séjour ou de prolongation de celle-ci que s’il obtient du consul allemand la preuve d’aryanité. Des gens, c’est-à-dire des émigrants, qui étaient installés ici depuis 1933 ont ainsi été expulsés sans préavis et sans avoir commis la moindre faute, en l’espace de vingt-quatre heures ; seuls quelques-uns ont pu obtenir quinze jours de délai de grâce ! Les seuls à en avoir été exclus sont pour l’instant les gens qui ont été engagés par le gouvernement. […] Il m’arrive de ressentir une pression semblable à celle que j’éprouvais au cours des premières journées de Hitler en 1933 [36].

Seuls les spécialistes dont la Turquie avait intérêt à s’attacher la collaboration pouvaient obtenir un permis de séjour exceptionnel en Turquie. Mais il fallait pour cela une décision gouvernementale [37].

Les représentations diplomatiques de la Turquie à l’étranger reçurent pour instruction de ne pas délivrer de visa d’entrée aux Juifs provenant d’États dotés d’une législation antijuive (c’est-à-dire aux Juifs allemands, anciennement autrichiens, italiens, roumains, slovaques et hongrois) [38].

Sur le plan des statistiques, la Turquie ne joua en réalité aucun rôle en tant que pays de refuge pour les Juifs. La Turquie n’est pas mentionnée parmi les destinations de fuite des Juifs allemands sous le national-socialisme. La politique hostile aux minorités que mena la Turquie déboucha au contraire sur un prolongement de l’émigration des Juifs turcs hors de la Turquie.

Le rejet des réfugiés juifs par la Turquie ne se fit nullement (du moins jusqu’en 1941) sous la pression de l’Allemagne nazie, qui tenta au cours de cette phase de pousser les Juifs à quitter l’Allemagne et se prononça donc à plusieurs reprises contre une expulsion des Juifs allemands hors de Turquie. La politique restrictive de la Turquie est plutôt le résultat de sa politique démographique nationaliste. À la même époque, la Turquie tenta de recruter jusqu’à un million de musulmans des Balkans pour qu’ils immigrent en Turquie.

La Turquie, pays de transit vers la terre d’Israël

Sa situation géographique faisait aussi de la Turquie un pays de transit de premier ordre pour les réfugiés juifs en route vers la Palestine. Mais de nombreux obstacles s’opposaient à leur entrée en Palestine. Puissance mandataire, la Grande-Bretagne contrôlait et limitait l’immigration des Juifs vers ce territoire. Les autorisations d’immigration (« certificats ») en Palestine étaient attribuées au cours d’une procédure complexe par l’Agence juive et les autorités britanniques. En temps de paix déjà, il s’agissait d’une procédure qui demandait un temps considérable. L’immigration de plus de 170 000 Juifs dans les années 1933-1937 [39] déclencha des protestations massives et des insurrections armées de la population arabe de Palestine. Après ces réactions, la Grande-Bretagne limita, avec le Livre blanc de 1939, le nombre des immigrés juifs à 75 000 pour les cinq années suivantes.

Le début de la guerre provoqua la fermeture de la principale route maritime vers la Palestine, qui partait de ports français ou italiens et traversait la Méditerranée. Le trajet par la Turquie (depuis des ports bulgares ou roumains) devint ainsi la plus importante route de fuite. Mais conformément aux règles en vigueur depuis 1938 en Turquie, l’entrée dans le pays et, donc, le transit par celui-ci étaient généralement interdits. Toute autorisation exceptionnelle était soumise à une décision du gouvernement. Dans les archives du président du Conseil, à Ankara, on a pour l’année 1940 la trace de neuf décisions positives concernant des visas de transit pour des individus et des familles juifs, ainsi qu’une autorisation de passage pour un groupe de 450 enfants germano-juifs et leurs accompagnateurs, passage qui fut effectif au mois de décembre [40].

Immigration officielle via la Turquie

Haim Barlas, qui était accrédité à partir du mois d’août 1940 comme représentant officiel de l’Agence juive en Turquie, témoigne de la situation qui régnait à l’automne 1940 : « Des milliers de réfugiés juifs étaient bloqués à Kovno, Bucarest et dans d’autres villes européennes. Ils étaient en possession de passeports, de certificats pour la Palestine, et avaient l’accord pour le visa de transit en syrien. L’unique obstacle qui se fût encore dressé devant eux était l’interdiction de leur transit par la Turquie[41]. » Pendant quatre mois, Barlas négocia avec les autorités turques, qui ne cessèrent d’opposer de nouvelles objections et d’émettre de nouveaux refus. Dans un mémorandum, Barlas demanda que l’on accorde l’autorisation de transit au moins à ces Juifs qui détenaient des certificats pour la Palestine, passeports et visa pour la suite du voyage (par la Syrie) qui avaient été établis avant la guerre [42].

Pour finir, le 30 janvier 1941, par le décret 2/15132, les Turcs assouplirent les règles fixées par le décret en question. Ensuite, les consulats turcs purent établir des visas de transit aux réfugiés juifs, pour autant que ceux-ci remplissaient les conditions énumérées dans le mémorandum de Barlas. Bien que le décret commence par la phrase explicite : « L’entrée en Turquie […] est interdite aux Juifs soumis à des restrictions dans leur pays natal », et qu’il ait seulement défini des exceptions limitées, plusieurs publications portant sur les activités de sauvetage pendant la Shoah le mentionnent à tort comme le décret qui autorisa la traversée de la Turquie aux réfugiés juifs [43].

Les réfugiés devaient quitter la Turquie dans un délai de quinze jours après leur arrivée. Leur séjour à Istanbul ou dans d’autres villes était limité à vingt-quatre heures. Le non-respect de ces règles ou une entrée illégale en Turquie entraînerait l’expulsion ou des peines de prison. Cette nouvelle règle ne constitua pas une modification fondamentale de l’attitude turque, mais réduisit pour un temps l’ampleur du travail bureaucratique, les consulats – en Hongrie, Roumanie et Bulgarie – ne pouvant remettre de manière autonome que des visas de transit, dans le cadre des quotas qui avaient été fixés. Selon un rapport de Barlas, en juin 1941, ce sont 4 850 Juifs qui atteignirent la Palestine en passant par la Turquie, au cours des dix mois qui suivirent leur arrivée [44]. Les difficultés que Barlas espérait avoir dépassées allaient pourtant s’aggraver de nouveau au cours des années suivantes. L’attitude restrictive de la Turquie ne fut cependant que l’un des nombreux obstacles qui s’opposèrent à la fuite des Juifs, à côté des restrictions britanniques, de la pression de l’Allemagne nationale-socialiste sur ses alliés dans les Balkans ainsi que de la politique fluctuante de ces derniers.

L’immigration illégale par bateau

Pour contourner les restrictions légales et les obstacles bureaucratiques, différentes organisations sionistes structurèrent l’immigration illégale vers la Palestine, l’Aliya Bet. Son importance s’accrut après le début de la guerre. Entre septembre 1939 et le début 1942, quinze navires emportant plus de 12 000 Juifs quittèrent les ports en direction de la Palestine. La moitié environ – en provenance de Roumanie ou de Bulgarie, et en traversant la mer Noire – emprunta les détroits turcs [45].

La Turquie compliqua la tâche de ceux qui empruntaient cet itinéraire de fuite en ne laissant pas les navires faire escale dans ses ports. En août 1939, la Parita, avec à son bord 800 réfugiés juifs venus d’Allemagne, de Pologne et de Tchécoslovaquie, resta une semaine durant devant la côte d’Izmir, sans charbon, sans eau et sans alimentation. Ce sont les organisations d’assistance juive qui fournirent aux passagers les produits de première nécessité. L’escale dans le port fut interdite au navire, et le capitaine dut finalement reprendre sa route. D’autres bateaux connurent le même sort.

Les Anglais tentèrent, par tous les moyens imaginables, d’empêcher l’immigration des Juifs en Palestine. Des réfugiés qui voulaient entrer dans le pays sans certificat pour la Palestine furent refoulés par les Britanniques, ou bien internés à Chypre, sur l’île Maurice et, parfois, en Palestine.

La tragédie du Struma[46]

La catastrophe de la Struma, un paquebot roumain battant pavillon panaméen, qui atteignit Istanbul le 15 décembre 1941 avec 769 réfugiés juifs à son bord, fut une tragédie sans égale. La plupart des passagers provenaient de Boukhovine et de Bessarabie, où des unités militaires allemandes et roumaines, soutenues par les Einsatzgruppen, avaient assassiné environ 150 000 Juifs au cours du seul deuxième semestre 1941.

Struma - Vicdanlari Sorgulatan Hikaye: Aaron Nommaz: 9786053115595:  Amazon.com: Books
Amazon.fr - Struma: Istanbul Aciklarinda 72 Gün Boyunca 769 Yahudinin Drami  - Halit Kakınç - Livres

Le navire n’était pas seulement surchargé : il était aussi incapable de prendre la mer en raison d’une avarie de machine. Les passagers n’avaient pas de certificats pour la Palestine, la Grande-Bretagne refusait de leur en attribuer et fit pression sur la Turquie pour qu’elle empêche les réfugiés de poursuivre leur voyage. Pendant les mois d’hiver 1941-1942, le Struma resta soixante-dix jours bloqué sur le Bosphore. Bien que les organisations juives aient proposé d’assumer tous les frais de logement et d’approvisionnement des passagers, la Turquie refusa de les laisser débarquer. Seules neuf personnes obtinrent des autorisations exceptionnelles [47]. Le 15 janvier, lorsque la Grande-Bretagne autorisa finalement au moins les enfants et les adolescents embarqués sur le Struma à immigrer en Palestine, la Turquie ne les laissa pas débarquer pour autant.

Le soir du 23 février 1942, les garde-côtes turcs firent usage de la force et remorquèrent en haute mer le Struma incapable de manœuvrer. Quelques heures plus tard, le navire fut touché par une torpille soviétique. À l’exception de David Stoliar, sauvé après avoir passé 24 heures dans l’eau, tous les réfugiés trouvèrent la mort au large d’Istanbul [48].

Pendant la Shoah

Les pays alliés à l’Allemagne nationale-socialiste ou à ses États satellites, avaient les uns après les autres adopté une législation hostile aux Juifs. L’attaque contre l’Union soviétique, à l’été 1941, marqua le début du génocide systématique des Juifs européens. Lorsque, en janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, on en planifia les étapes, toute l’Europe de l’Est et du Sud se trouvait déjà sous occupation allemande où sous la botte de régimes alliés au national-socialisme.

Bien que la Turquie ait été informée de ces meurtres de masse – cela ressort de la correspondance diplomatique –, elle ne modifia pas sa politique restrictive : en septembre 1942 – sept mois après le naufrage du Struma –, l’ambassade de Turquie à Bucarest alerta le ministère des Affaires étrangères à Ankara : 4 000 à 5 000 Juifs s’apprêtaient à fuir la Roumanie. Le ministre des Affaires étrangères répondit que les navires de réfugiés ne pourraient traverser les détroits qu’à la condition de franchir les eaux turques sans escale. La moindre tentative des réfugiés pour débarquer sur le sol turc susciterait « les mesures de rétorsion les plus dures », et les réfugiés seraient renvoyés en Roumanie [49]. Interdiction était faite aux armateurs turcs de collaborer avec l’Agence juive et de transporter des réfugiés juifs [50].

En novembre 1942, la direction exécutive de l’Agence juive déclara lors d’une conférence de presse à Jérusalem qu’elle détenait des preuves de l’assassinat systématique des Juifs européens par les nationaux-socialistes. Le 18 décembre, les douze gouvernements alliés publièrent une déclaration commune sur l’extermination de la population juive d’Europe par le régime allemand. On peut considérer que non seulement ces déclarations, mais aussi la présence de journalistes juifs et de comités de soutien en Turquie (minutieusement surveillés par l’appareil de sécurité turc) permirent au gouvernement turc d’être informé de très bonne heure de l’ampleur du génocide des Juifs perpétré par les Allemands. Teddy Kollek, le futur maire de Jérusalem, note ainsi dans ses Mémoires :C’est à Istanbul que nous avons entendu parler pour la première fois de l’extermination massive des Juifs. Nous avons vu arriver quasiment […] au compte-goutte à Istanbul des Juifs qui étaient parvenus, d’une manière ou d’une autre, à échapper au camp de concentration. Je n’oublierai jamais leur aspect, ni les choses atroces qu’ils racontaient. […] Nous avons écrit des lettres à Dieu et au monde entier – des milliers de lettres qui sont parties vers tous les pays du monde –, dans l’espoir […] d’ouvrir les yeux du monde sur ce qui se passait en Allemagne. […] Nous avons été les premiers à apprendre ce qui s’était réellement passé.

Tentatives de sauvetage et comités de soutien

L’évolution dramatique des années 1941-1942 accrut considérablement le rôle de la Turquie comme voie d’évasion potentielle pour les Juifs d’Europe de l’Est et du Sud. Pour sauver les Juifs, les organisations juives envoyèrent leurs délégués en Turquie. Fin 1942 fut créé un comité de sauvetage au sein duquel les représentants des différents groupements juifs travaillaient de conserve. Si Haim Barlas et Joseph Goldin séjournèrent dans le pays avec l’autorisation des Turcs, les autres accomplirent leur travail camouflés en journalistes, en hommes d’affaire ou en touristes. Des organisations internationales juives et d’autres organisations de secours envoyèrent elles aussi des représentants en Turquie, tels Edmond Simond, comme délégué de la Croix-Rouge internationale, et Reuben Resnik comme représentant de l’American Jewish Joint Distribution Committee (Joint).

En dépit des restrictions apportées par la Turquie, que nous avons décrites plus haut, des réfugiés juifs venus de différents États parvinrent à entrer dans le pays en contournant les contrôles. Les membres de la communauté juive d’Istanbul formèrent un comité de soutien qui s’occupa de loger et d’approvisionner les réfugiés obligés de séjourner clandestinement à Istanbul.

1942-1944 : la Turquie, un chas d’aiguille

Signature du pacte d’amitié turco-allemand le 18 juin 1941 à Ankara

Lorsque les nazis commencèrent leur génocide systématique, la plupart des chemins de fuite étaient barrés aux Juifs : fin octobre 1941, les Allemands leur interdirent de quitter leur zone de pouvoir et exigèrent de leurs alliés bulgares et roumains qu’ils appliquent cette interdiction. La Méditerranée et la mer Noire étaient devenues des zones de guerre. Pendant longtemps, la Grande-Bretagne ne se montra pas disposée à modifier son attitude de rejet vis-à-vis de l’immigration juive en Palestine. Il fallut attendre le début de l’été 1943 pour que le gouvernement britannique décide que les réfugiés juifs qui parvenaient en Turquie obtiendraient des certificats ouverts pour la Palestine. Mais la politique des autorités turques gêna considérablement les activités de sauvetage. Les facilités accordées en décembre 1940 n’avaient valu un soulagement à court terme qu’aux Juifs qui détenaient des certificats pour la Palestine établis avant la guerre. Lorsque ce groupe de personnes eut traversé la Turquie, c’est-à-dire avant l’été 1941, il fallut de nouveau déposer des listes pour chaque groupe en transit auprès du ministère, à Ankara. La bureaucratie était exténuante – elle se révéla mortifère. Alors que des milliers de Juifs étaient déportés chaque jour vers les centres de mise à mort, les collaborateurs du comité de soutien couraient d’un consulat britannique à l’autre pour se procurer les certificats d’immigration britanniques et les visas de transit français (pour la Syrie) et turcs. À elle seule, la vérification tatillonne qu’effectuait la bureaucratie turque sur les visas de transit pour la Syrie prenait souvent plusieurs mois. Avant que tous les papiers ne soient rassemblés, les personnes au nom desquelles étaient établis les certificats et les visas étaient souvent passées dans la clandestinité ou avaient déjà été déportées [51].

Pour évacuer autant de Juifs que possible dans des conditions politiques en mutation, l’Agence juive et le comité de sauvetage à Istanbul ne cessèrent d’élaborer de nouveaux plans [52]. Après le tournant de Stalingrad, le gouvernement roumain commença à chercher prudemment le contact avec les Alliés et, dès le début 1943, se déclara prêt à autoriser l’émigration des Juifs. La Grande-Bretagne avait accepté d’accorder des certificats pour la Palestine à 5 000 orphelins juifs provenant de Bulgarie, de Hongrie et de Roumanie, mais ils devraient être décomptés des certificats encore ouverts parmi ceux prévus par le Livre blanc. Les autorités turques n’accordèrent toutefois que tous les dix jours des visas de transit pour soixante-quinze enfants à chaque fois avec leurs accompagnateurs, et sous des conditions extrêmement vétilleuses. La Turquie refusa aussi d’aménager à proximité de la frontière bulgare des camps depuis lesquels les enfants auraient pu faire la suite du voyage. Dès qu’un retard intervenait dans l’émigration de l’un des groupes prévus, ce qui arrivait souvent et était inéluctable compte tenu des représailles et de la situation de guerre qui régnait dans tous ces États, les visas de transit devenaient caducs. Les autorités allemandes exercèrent à plusieurs reprises une pression massive sur les gouvernements roumain et bulgare, dans les années 1943 et 1944, pour empêcher l’émigration des Juifs. Les diplomates nationaux-socialistes intervinrent constamment dans ce sens [53].

Seuls 1 352 Juifs au total atteignirent ainsi la Palestine via la Turquie pour toute l’année 1943 ; 327 d’entre eux avaient pris la fuite depuis la Grèce, en passant par Çesme et Izmir. Seuls un millier de Juifs d’Europe de l’Est environ avaient franchi la Turquie par la « route officielle », ce qui correspond à un quota de tout juste vingt personnes par semaine. En revanche, la même année (1943), un nombre bien supérieur, 2 138 Juifs turcs, avait émigré de Turquie vers la Palestine, ce qui tenait aux mesures antijuives de la Turquie, et tout spécialement à la Varlik Vergisi. Ce tableau ne changea pratiquement pas jusqu’à l’été 1944 [54].

En mars 1944, les Allemands occupaient la Hongrie ; en mai débuta la déportation des Juifs hongrois à Auschwitz. Les efforts internationaux se concentrèrent sur la nécessité de faire échapper le plus grand nombre possible de Juifs hongrois à l’extermination. Le War Refugee Board, fondé en janvier 1944, s’engagea tout particulièrement dans cette direction. Dans une note interne du WJC (World Jewish Congress), on lit à propos de l’attitude de la Turquie dans cette situation exacerbée : « Il n’est pas nécessaire d’insister sur le rôle croissant qui revient à la Turquie à la suite des développements récents, en tant que ligne de vie pour ceux qui se sont évadés de Hongrie, de Slovaquie et des Balkans […] il n’y a pas eu de changement fondamental dans la politique du gouvernement turc sur la question des visas de transit pour adultes. Que la Turquie puisse rester l’unique pays neutre en Europe où il est impossible, pour un réfugié, d’entrer sans visa, est une situation révoltante et insupportable [55]. »

Opération de sauvetages des Juifs grecs

Les tentatives de sauvetage des Juifs grecs sur la côte de l’Égée connurent plus de succès. À partir de 1943 y débuta une collaboration entre des activistes juifs, la Résistance grecque et des unités du MI11 britannique, qui permit le sauvetage de Juifs en provenance de Grèce. L’île grecque d’Euböa servit de cachette à beaucoup de Juifs qui avaient échappé à la déportation depuis Salonique et Athènes. La Résistance grecque y était bien organisée, et l’on trouvait parmi les partisans une proportion importante de Juifs. À bord de petits bateaux, les partisans grecs conduisirent les Juifs et d’autres réfugiés jusqu’à Çesme, sur la côte turque de la mer Égée, où opéraient des unités du MI11. En contrepartie, du matériel destiné à la Résistance fut envoyé en Grèce. Les réfugiés juifs furent approvisionnés par la communauté juive d’Izmir jusqu’à ce que ses agents de liaison leur aient fourni les papiers nécessaires, obtenus auprès des autorités britanniques à Istanbul. Ces activités débutèrent à l’automne 1943 ; plus de mille Juifs grecs furent sauvés par ce canal [56]. La tolérance tacite de ces activités de sauvetage est en contradiction avec la politique restrictive menée, pour le reste, par la Turquie.

Pas de percée avant le début de l’été 1944

Pour justifier les restrictions aux autorisations de transit pour les réfugiés juifs, les hommes politiques turcs soulignaient constamment les capacités de transport défaillantes de leur pays. Les représentants de l’Agence juive et du War Refugee Board [57] concentrèrent leurs efforts sur la nécessité d’affréter ou d’acheter des navires offrant des capacités de transport suffisantes. Après plusieurs tentatives inabouties, l’ambassadeur américain Laurence Steinhardt obtint, début 1944, des autorités turques, l’autorisation de louer le cargo Tari, qui était apte à transporter 1 500 personnes. Officiellement, le navire devait être affrété au nom de l’ICRC. Mais les Allemands refusèrent de donner une garantie de sauf-conduit, si bien qu’au bout du compte le Tari ne put être engagé dans l’opération [58].

Pendant ce temps-là, le comité de sauvetage, à Istanbul, avait acheté plusieurs navires d’assez petite taille (le Milka, le Maritza et le Bellacitta). Ils devaient avant tout acheminer des enfants juifs à Istanbul. Les premiers trajets du Milka et du Maritza, en février 1944, n’aboutirent pas [59]. Mais début avril, ils réussirent enfin la percée. Le 30 mars, le Milka atteignit Istanbul, chargé de quelque 250 Juifs de Roumanie ; ni les passagers, ni le navire n’avaient de papiers en règle. Dans un premier temps, le ministre turc des Affaires étrangères, Menemencioglu, refusa au bateau l’autorisation d’entrer au port. La pression conjointe des Américains et des Britanniques permit finalement d’obtenir une « autorisation exceptionnelle [60] ». Les réfugiés furent conduits, sous surveillance de la police turque, jusqu’à la gare de Haydarpasa, d’où ils partirent en train pour la Syrie. La digue était rompue. Suivirent d’autres traversées du Maritza et du Bellacitta, qui conduisirent à Istanbul un millier de Juifs – des enfants, pour l’essentiel – ; de là, ils prirent le train pour se rendre en Palestine. Selon une liste établie par Joseph Goldin, qui remplaça Haim Barlas comme représentant de l’Agence juive, ce sont près de 6 000 réfugiés qui passèrent des Balkans vers la Turquie au cours de l’année 1944 [61].

De 1940 à 1944, 13 240 Juifs au total purent bénéficier d’un visa ou du moins de la tolérance de la Turquie pour gagner Eretz Israël [62]. Parmi eux, 4 850 détenaient des certificats pour la Palestine établis avant la guerre ; leur transit eut lieu entre l’automne 1940 et l’été 1941 ; 6 800 Juifs traversèrent la Turquie en 1944, essentiellement dans la deuxième moitié de l’année, c’est-à-dire après que la Bulgarie et la Roumanie eurent changé de camp et que la majeure partie des Balkans eut été libérée. Au cours des années décisives que furent 1942 et 1943, la fuite par la Turquie fut en bonne partie bloquée. Les restrictions turques ne furent qu’un facteur parmi d’autres dans ce phénomène, avec les interventions massives de l’Allemagne nationale-socialiste pour fermer les routes permettant aux Juifs de s’enfuir et la politique de la Grande-Bretagne.

Les Juifs turcs pendant la Shoah

De 20 000 à 30 000 Juifs d’origine turque vivaient en Europe au début de la Seconde Guerre mondiale. Leur chiffre précis est difficile à déterminer. Dans ses recensements, la France ne relevait pas de données concernant la religion. Le processus de migration s’étendit en outre sur une période de plusieurs décennies et de plusieurs générations, et se déroula parallèlement à la désagrégation de l’empire ottoman.

La première destination de cette migration était la France [63]. Paris devint notamment dans l’entre-deux-guerres un nouveau centre de la vie des séfarades : des Juifs venus de Turquie et de l’empire ottoman y fondèrent plusieurs synagogues ainsi que de nombreuses associations sociales et culturelles. Au sein des organisations séfarades, comme la Confédération universelle des Juifs sépharadim, dont le siège se trouva à Paris à partir de 1931, et dans leur revue Le Judaïsme sépharadi, les Juifs de Turquie jouaient un rôle prépondérant. À Lyon, à Marseille et dans de nombreuses autres villes se créèrent aussi des communautés turco-juives, tout comme à Bruxelles, Anvers, Amsterdam, Milan et Berlin. Le nombre total des Juifs de Turquie vivant en Europe avant la Shoah était nettement plus élevé que celui des citoyens juifs de la Turquie actuelle.

Dès 1933 en Allemagne, puis après l’occupation allemande des États européens, ces Juifs turcs furent victimes de la persécution nazie dans leurs pays de séjour. En tant qu’étrangers, ils étaient soumis dès avant 1933 ou 1940 à des restrictions et obligations spécifiques qui, plus tard, facilitèrent le travail de la police lorsque celle-ci voulut s’emparer d’eux. Nombre des lois antisémites du régime de Vichy étaient spécifiquement dirigées contre les Juifs étrangers. Par ailleurs, le fait de jouir de la citoyenneté d’un pays étranger pouvait aussi représenter une protection.

Bien que l’idéologie nationale-socialiste n’ait fait aucune différence entre les Juifs de différentes nationalités, des impératifs de politique étrangère forcèrent régulièrement le régime national-socialiste à appliquer des règles d’exception. Après les protestations de diplomates d’autres pays, les Juifs étrangers vivant en Allemagne furent exemptés de quelques mesures anti-juives. Avec l’occupation des États d’Europe de l’Ouest, en 1940, la question revêtit une bien plus grande importance. En France, environ la moitié des 300 000 Juifs n’étaient pas des citoyens français ; en Belgique, la part des étrangers parmi les Juifs atteignait même 90 %. Des milliers d’entre eux étaient citoyens d’États alliés à l’Allemagne ou neutres.

Protestations de consulats étrangers

Dès l’automne 1940, après l’introduction des premières mesures antisémites en France, les représentations de plusieurs États intervinrent contre la violation des droits de leurs citoyens juifs. Le consulat général turc à Paris protesta ainsi, dans une lettre du 28 décembre 1940, contre la mise en œuvre du décret prévoyant l’enregistrement des entreprises dirigées par des Juifs et la mise en place d’administrateurs provisoires. Le consul invoqua la constitution turque, qui ne faisait selon lui aucune différence entre les citoyens des différentes religions [64]. Avant même cette date, les consulats des États-Unis, d’Espagne et d’autres États avaient déjà protesté dans des notes presque identiques ; ces démarches avaient manifestement fait l’objet d’un accord entre les représentations de ces pays [65]. Après d’assez longues négociations, les entreprises et les biens des Juifs citoyens d’États neutres ne furent pas confisqués par les Allemands ou le gouvernement de Vichy, mais placés sous l’autorité d’administrateurs non juifs des consulats en question. Ce fut le cas pour de nombreuses entreprises appartenant à des Juifs turcs, pour lesquels le consulat de Turquie nomma des administrateurs.

Plus de 4 000 Juifs furent arrêtés lors de la rafle menée contre les Juifs étrangers à Paris, en août 1941. Des diplomates de plusieurs pays protestèrent contre l’interpellation de leurs ressortissants [66]. Le consul de Turquie réclama lui aussi, dès le 21 août, la libération de seize Juifs turcs arrêtés [67]. Dans un premier temps, les autorités allemandes ne jugèrent pas nécessaire de s’arrêter sur ces protestations [68]. Il fallut les interventions réitérées des consulats concernés pour que les Juifs des États neutres soient relâchés.

Ces protestations déclenchèrent au sein de l’appareil national-socialiste de vives discussions sur le traitement réservé aux Juifs étrangers. L’Auswärtiges Amt plaida en particulier pour que l’on donne suite à ces plaintes. Le droit international garantissait la vie et la propriété aux citoyens des États neutres dans les territoires militairement occupés. À Berlin, on redoutait les effets en retour sur les intérêts du Reich en politique étrangère. Cela valait en particulier pour les États dans lesquels vivaient des citoyens allemands susceptibles d’être touchés par des mesures de rétorsion. Les intérêts commerciaux et stratégiques étaient tout aussi importants.

Par la suite, une division du travail institutionnalisée se mit en place entre le Reichssicherheitshauptamt (RSHA, office central de la sécurité du Reich) et l’Auswärtiges Amt [69]. Les Juifs qui étaient citoyens d’États neutres ou alliés à l’Allemagne nationale-socialiste furent exclus du champ d’action de diverses mesures antijuives et furent dans un premier temps considérés comme « non déportables ». Ces exceptions étaient toutefois temporaires et accordées sans aucune garantie. Les Allemands veillèrent attentivement à ne pas fixer par écrit ces « règles spéciales ». Dans la pratique, les organes allemands chargés de mettre en œuvre les persécutions ne cessèrent de fouler aux pieds ces exceptions. Même des Juifs de nationalité « protégée » furent arrêtés et déportés, par exemple pour remplir complètement un convoi imminent, ou bien parce qu’un commandant particulièrement ambitieux voulait très vite rendre « judenfrei » le territoire qu’il administrait. Les démarches des diplomates étrangers furent ignorées, ou bien traitées au ralenti.

En dépit de ces réserves, on peut constater que les Juifs turcs jouirent d’une relative protection. Le simple fait d’être exemptés du port de l’étoile jaune leur donna une plus grande marge de manœuvre et facilita leur passage dans la clandestinité. L’importance qu’accordait l’Allemagne à la Turquie dans sa politique étrangère [70] procura aux autorités turques d’immenses possibilités de protéger leurs Juifs vivant en Europe. Ses diplomates en poste en France, en Italie et en Grèce le firent à plusieurs reprises et avec succès. Pour les seules années 1942-1943, on a gardé la trace d’interventions de diplomates turcs en faveur d’environ cinquante Juifs turcs qui avaient été arrêtés. Dans la plupart des cas, les consuls turcs purent obtenir la libération de ces personnes et les sauvèrent ainsi de la déportation [71].

En Italie, le consul de Turquie Nebil Ertok intervint avec succès en faveur de plusieurs Juifs turcs qui avaient été arrêtés à Milan après l’invasion allemande, en septembre 1943. À Meina, sur les rives du lac Majeur, Ertok sauva d’une mort certaine Alberto Behar, originaire d’Istanbul, et sa famille : un bataillon SS y commit au mois de septembre une série de massacres et assassina de nombreux Juifs à Meina [72].

Quand la Turquie déchoit ses citoyens de leur nationalité

Les Juifs turcs vivant dans la zone de domination nationale-socialiste reçurent un coup fatal lorsqu’Ankara déchut des milliers d’entre eux de leur nationalité. Dès le mois d’août 1939, lors d’une conférence sur les réfugiés organisée par l’HICEM, les Juifs turcs vivant en Allemagne avaient annoncé que la Turquie avait retiré leur nationalité à des centaines d’entre eux, et que ceux-ci étaient désormais dépourvus de toute protection [73]. Beaucoup des Juifs turcs qui s’adressèrent à leurs consulats à partir de 1940 pour leur demander de l’aide y apprirent aussi qu’ils avaient entre-temps été déchus de leur nationalité.

Ces déchéances de nationalité n’eurent à l’origine aucun rapport avec la persécution des Juifs par les nazis. La fondation de la République de Turquie exigeait un réaménagement de son code de la nationalité, puisque de nouveaux États s’étaient constitués sur le territoire de l’empire ottoman. Dans le cadre de la « politique de turquisation », on encouragea certes l’immigration et la naturalisation des musulmans. En revanche, un faisceau de lois et de décrets donna au gouvernement le pouvoir de déchoir de leur nationalité les personnes indésirables, c’est-à-dire avant tout les non-musulmans, mais aussi les adversaires politiques [74]. Au début, ces mesures étaient sans doute destinées à empêcher le retour des Arméniens et des Grecs.

Lorsque la persécution des Juifs par les nazis eut débuté, les déchéances de nationalité frappèrent en premier lieu les Juifs. Pendant les années 1940-1945, le gouvernement turc retira leur nationalité à des milliers de ses citoyens juifs vivant dans la zone de pouvoir national-socialiste. Ce n’était probablement pas un hasard : une note manuscrite du secrétariat du président du Conseil, en avril 1939, recense sous l’intitulé Yahudi (Juif) trois des lois qui servirent, au cours des années suivantes, à retirer leur citoyenneté aux Juifs [75]. Une autre règle pesa particulièrement lourd : les personnes qui avaient perdu la nationalité turque étaient définitivement privées du droit de pénétrer sur le territoire turc, fût-ce provisoirement ou en tant que réfugiés.

La Turquie ne fut pas du tout le seul pays à déchoir de leur nationalité des Juifs ou autres citoyens appartenant à des « minorités indésirables ». La constitution d’« États-nations » avait produit, après la fin de la Première Guerre mondiale, dans les années 1920, une légion de millions de réfugiés et d’apatrides dont les Juifs représentaient une grande partie. Le retrait de la nationalité, ou l’annulation de la naturalisation, s’inscrivait dans la politique antisémite de nombreux pays.

Conséquences de la politique de déchéance de nationalité pendant la Shoah

Nous avons mentionné plus haut que le consulat turc à Paris avait obtenu la libération de seize des Juifs arrêtés pendant la rafle d’août 1941. Mais plusieurs centaines de Juifs turcs avaient été pris en même temps, pour lesquels le consulat n’intervint pas. À la mi-octobre 1941, on comptait, dans les trois camps de Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, 365 personnes que les Allemands considéraient comme des « Juifs turcs ». Lorsque le RSHA et l’Auswärtiges Amt se furent entendus, début 1942, sur les règles d’exception pour les Juifs ressortissants d’États neutres et alliés, les autorités allemandes envoyèrent aux consulats concernés des listes contenant les noms des citoyens juifs arrêtés, en leur demandant de confirmer leur nationalité. Ce fut aussi le cas pour les représentations turques [76]. Paul Zuckermann, qui fit office de secrétaire à Drancy, signale dans une lettre avoir établi, à la demande de divers consulats, des listes de citoyens juifs détenus [77].

Beaucoup des Juifs turcs emprisonnés à Drancy ou à Compiègne pourraient avoir seulement appris au cours de leur détention que la Turquie ne leur reconnaissait plus leur nationalité. C’est ce qui ressort de quelques lettres désespérées dans lesquelles ils demandent à leurs proches de leur envoyer enfin les papiers nécessaires et précisent que d’autres Juifs ressortissants d’États neutres ont déjà été libérés de Drancy [78].

Le 17 juin 1942, le directeur de la « police aux questions juives », Jacques Schweblin, posa la question suivante dans une lettre à Dannecker : « À Drancy se trouvent encore à peu près 250 internés, dont 150 aptes au travail attendent toujours la reconnaissance de leur nationalité turque par le consulat concerné. Quelle attitude doit-on avoir envers ces personnes pour le transport du 20 juin 1942 [79] ? » Cinq jours plus tard, le troisième train de déportation quittait Paris. Il partit avec 57 hommes nés en Turquie, avec la mention « nationalité non établie ».

L’ultimatum en vue du rapatriement

Au cours de l’été 1942, les autorités turques ne pouvaient pas savoir quelle conséquence mortelle auraient pour les Juifs turcs leur rejet et la non-reconnaissance de leur nationalité. La politique de déchéance de la nationalité fut mise en œuvre par le gouvernement d’Ankara ; une commission du ministère de l’Intérieur décidait en dernière instance de la reconnaissance ou du refus de reconnaissance de la nationalité. Le gouvernement turc poursuivit toutefois cette politique après que l’extermination systématique des Juifs par les nazis et, donc, le risque qu’entraînait la déportation eurent été connus, fin 1942 [80]. La Turquie ne priva pas seulement des milliers de Juifs turcs vivant dans la zone de pouvoir national-socialiste de la protection que leur apportait leur nationalité : elle leur refusa aussi le voyage de retour en Turquie, qui aurait pu les sauver.

On le vit avec une singulière clarté dans la réaction d’Ankara à l’ultimatum allemand demandant le rapatriement des Juifs turcs. Après les accords, mentionnés plus haut, entre le RSHA et l’Auswärtiges Amt, les Juifs des États neutres et alliés étaient en bonne partie exclus du champ des arrestations ; jusqu’en octobre 1943 – si le consulat confirmait leur nationalité –, ils furent considérés comme « non déportables ». Mais ce ne fut qu’un ajournement : en octobre 1942, les autorités allemandes adressèrent un ultimatum, d’abord à la Turquie, puis aux États alliés à l’Allemagne, leur demandant de rapatrier leurs ressortissants juifs présents dans la zone de domination allemande [81]. Dans le cas contraire, ils seraient « intégrés aux mesures générales sur les Juifs » – ce qui signifiait qu’ils seraient déportés et assassinés. Mais dans toute la mesure du possible, ce dernier point ne fut pas explicité aux représentations étrangères.

Les autorités nationales-socialistes remirent aux consulats des pays concernés des listes nominatives de leurs ressortissants juifs qui avaient été enregistrés dans les États occupés par l’Allemagne, en leur demandant de les « rapatrier ». Les Juifs turcs constituaient le plus grand groupe ; pour la seule zone nord de la France, les instances nazies partaient d’un nombre de 4 000 à 5 000 Juifs turcs.

Les consuls turcs dans les zones concernées avaient eux aussi proposé à plusieurs reprises, compte tenu de l’aggravation des représailles contre les Juifs, de lancer des plans de rapatriement organisé [82]. Mais le gouvernement d’Ankara indiqua explicitement à ses représentations diplomatiques qu’il n’effectuerait pas de rapatriements groupés [83]. Le ministre turc des Affaires étrangères avait déjà répondu à cet ultimatum que l’on prévoyait de retirer leur nationalité à une partie des Juifs qui se trouvaient à l’étranger [84]. Dans un premier temps, les autorités turques ne prirent pas d’initiative en vue d’un rapatriement – pas plus que les consulats de la plupart des autres États neutres. En février 1943, le consul turc à Paris informa les instances allemandes que sur plus de 3 000 Juifs figurant sur la liste, seuls 631 seraient reconnus comme citoyens turcs. Mais dans un premier temps (en mars 1943), seuls 114 Juifs turcs furent rapatriés en Turquie [85]. On ignore si, et dans quelle mesure, les consulats turcs informèrent les Juifs turcs de l’ultimatum. Nombre d’entre eux qui demandèrent aux instances diplomatiques leur rapatriement, ou du moins une aide pour leur voyage de retour, furent éconduits [86]. Début 1943, les Juifs turcs de Marseille demandèrent à la section locale de l’UGIF son soutien face aux autorités turques qui leur avaient refusé le retour [87].

Comme, dans un premier temps, plusieurs des États neutres et alliés ne réagirent pas, les autorités allemandes repoussèrent à plusieurs reprises le délai de rapatriement, jusqu’au mois de septembre 1943. Le 21 septembre 1943, quelques jours avant l’expiration de l’ultimatum, le secrétaire de l’ambassade de Turquie à Berlin, Koç, annonça à son interlocuteur à l’Auswärtiges Amt que les consulats turcs avaient désormais l’instruction d’Ankara de rapatrier les Juifs ayant sans discussion possible la nationalité turque, « après examen de chaque cas particulier ». Sous réserve, toutefois, d’« empêcher une immigration massive de Juifs en Turquie », et tout particulièrement de Juifs qui avaient certes des papiers turcs en règle, mais n’avaient plus de contact avec ce pays depuis des décennies [88].

Les Juifs qui voulaient revenir en Turquie durent déposer des demandes auprès des consulats ; leurs noms étaient dans un premier temps vérifiés par le consulat compétent, puis par une instance gouvernementale à Ankara, procédure qui pouvait durer des mois. Ankara rejeta les appels urgents des organisations de secours juives et même de l’ambassadeur américain en Turquie, motivés par la connaissance que l’on avait à cette époque de la politique d’extermination des nazis, à laisser aussi entrer dans le pays, fût-ce à titre provisoire, les Juifs dont l’ancienne nationalité turque n’était pas encore clairement établie, afin de leur sauver la vie. Finalement, entre février et la fin mai 1944, 414 Juifs furent encore une fois évacués en train à destination de la Turquie. Pour la seule période allant de janvier à la fin juillet 1944, c’est-à-dire à la libération de Paris, bien plus de 1 000 Juifs turcs furent déportés à Auschwitz et envoyés à la mort.

Le comportement de diplomates turcs

Pour autant qu’on puisse le voir dans les dossiers accessibles, la plupart des diplomates turcs s’en sont tenus à la direction indiquée par Ankara. En janvier 1944 encore – alors que les diplomates turcs savaient très bien quel risque couraient les Juifs –, le consulat général turc à Paris donna au consulat de Marseille, placé sous son autorité, l’instruction de continuer à ne rapatrier les Juifs de la zone sud que dans des cas exceptionnels. Comme les Allemands ne libéraient les Juifs turcs qui étaient capturés et internés en camp de concentration qu’à condition qu’ils retournent en Turquie, il fallait aussi accepter le rapatriement des Juifs interpellés. [89] En d’autres termes : on acceptait le risque que ces Juifs soient capturés ! Lien Le Point

Initiatives spécifiques de diplomates turcs

On trouva des diplomates pour faire usage de leur marge de manœuvre et agir de leur propre initiative ; ce fut, par exemple, le cas d’Inayetullah Cemal Özkaya, consul général de Turquie à Athènes pendant la guerre. Lorsque le gouvernement turc, en mai 1943, fit savoir par l’ambassadeur allemand Papen que, sur les 39 Juifs turcs de Salonique, il ne « prenait d’intérêt » qu’à neuf personnes, Özkaya télégraphia aussitôt que 22 Turcs juifs étaient enregistrés, ce qui signifiait qu’il les plaçait sous sa protection. En septembre 1943, lorsque les troupes allemandes occupèrent aussi les territoires grecs tenus jusque-là par l’Italie, Özkaya lança immédiatement le rapatriement d’une centaine de Juifs turcs, tandis que le gouvernement d’Ankara répondait, comme d’habitude, à la demande de rapatriement formulée par les Allemands, qu’il devait d’abord vérifier individuellement la nationalité des personnes concernées. Dans la nuit du 24 au 25 mars, la SS arrêta plus de 500 Juifs à Athènes, dont quarante Juifs turcs, et les conduisit au camp de concentration d’Haidari. Özkaya put obtenir la libération de 32 des personnes interpellées [90].

Selahattin Ülkümen, le « Juste parmi les Nations » turc

La plus fameuse opération de sauvetage menée par un diplomate turc pendant la Shoah est sans doute celle du consul Selahattin Ülkümen, à Rhodes. En septembre 1943, les troupes allemandes occupèrent l’île. En juillet 1944, le commandant militaire, Kleemann, organisa la déportation de 1 820 Juifs de Rhodes et de Kos vers Auschwitz. Seuls 179 d’entre eux survécurent. Plus de 40 Juifs de Rhodes furent sauvés par l’engagement de Selahattin Ülkümen. Arguant de la neutralité de la Turquie, il exigea la libération des Juifs turcs, désignant au passage quelques époux et enfants comme citoyens turcs, alors que ceux-ci ne détenaient pas ou plus la citoyenneté turque [91].

Sauvetage d’individus

On mesure de quelles possibilités disposaient les diplomates turcs au fait que, dans quelques cas individuels, on parvint même à sauver des personnes juives qui ne pouvaient pas se réclamer de la nationalité turque.

Les instances turques à Berlin délivrèrent ainsi des papiers à Max et Gertrud Naphtali, un couple juif-allemand. Tous deux avaient travaillé pour l’ambassade de Turquie. Le cabinet turc adopta une délibération spéciale aux termes de laquelle le couple Naphtali, à condition qu’il dispose de certificats pour la Palestine, obtenait un visa d’entrée pour la Turquie. Comme, à cette date (1942-1943), les règles fixées par les nazis interdisaient aux Juifs allemands de quitter le territoire du Reich, le consulat turc à Berlin établit pour les Naphtali des papiers turcs avec lesquels il leur fut possible de quitter l’Allemagne [92].

À Vienne, le consul général turc Behcet Özdoganci plaça un Juif du nom de Bertold Löwenstein sous sa protection personnelle. Löwenstein, qui s’était converti au protestantisme mais qui, aux yeux des nazis, entrait dans la catégorie des Juifs, avait abandonné la nationalité turque en 1938 et s’efforça, à partir de cette date, d’obtenir une renaturalisation. Les lois relatives à la citoyenneté turque ne le permettaient pas, mais le consulat lui délivra une attestation selon laquelle il devait être considéré comme un ressortissant turc jusqu’à ce que son dossier ait fait l’objet d’une vérification à Ankara. Löwenstein fut présenté aux Allemands comme un employé du consulat. Lorsque la Gestapo l’arrêta, en mai 1943, le consul général imposa qu’il soit écarté du convoi déjà préparé et le logea même dans les locaux du consulat. La protection que le consul général Özdoganci accorda à Löwenstein n’était sans doute pas désintéressée. Celui-ci était marchand d’art et conseillait Özdoganci dans ses achats d’objets d’art. Ces exemples montrent toutefois la marge de manœuvre dont disposaient les diplomates turcs.

Même début 1945, le gouvernement d’Ankara resta sur sa position, qui consistait à ne pas laisser entrer dans le pays les Juifs indésirables : le 11 mars 1945, 137 Juifs originaires de Turquie arrivèrent à Istanbul à bord du Drottningholm dans le cadre d’un échange germano-turc de prisonniers civils. Ils avaient été libérés des camps de concentration de Bergen-Belsen et Ravensbrück. Bien que l’arrivée du navire ait eu lieu quelques jours après la libération de Bergen-Belsen et que les récits bouleversants sur l’enfer de ce camp aient occupé aussi une large place dans la presse turque, les autorités turques refusèrent pendant des jours l’entrée en Turquie à 119 des 137 passagers. Seules de laborieuses négociations permirent à des organisations de secours juives d’obtenir que les rescapés puissent quitter le navire et soient internés dans trois pensions à Istanbul, aux frais de l’Agence juive.

Entre 2 200 et 2 500 Juifs d’origine turque furent déportés pendant la Shoah dans les camps d’extermination d’Auschwitz et de Sobibor, entre 300 et 400 supplémentaires dans les camps de concentration de Ravensbrück, Buchenwald, Mauthausen, Dachau, Bergen Belsen et autres, où beaucoup perdirent la vie. D’autres succombèrent aux conditions de détention à Drancy ou Westerbork, furent exécutés ou torturés à mort par la Gestapo. À ce jour, les instances officielles turques ne se sont même pas donné la peine d’inventorier le nom des victimes et d’établir quel a été leur destin. Des histoires inventées ou exagérées à propos de prétendues « opérations de sauvetage » turques alimentent en revanche la propagande politique. Ce n’est pas seulement une falsification de l’histoire, mais un manque de respect pour les victimes.

Notes

  • [2]L’expulsion des chrétiens d’Anatolie se prolongea aussi pendant la phase de guerre des années 1919-1922, désignée en Turquie par l’expression « lutte de libération ». En Anatolie occidentale, les grandes communautés juives furent totalement laminées par la guerre et les occupations successives dans les années 1911-1922.
  • [3]Hâkimiyeti Milliye, 21 mars 1923.
  • [4]Voir Ayhan Aktar, Varlik Vergisi ve « Türklestirme » Politikalari, Istanbul, Iletisim, 2000, p. 101.
  • [5]Lettre de P. Georges, 24 juillet 1934, annexe au rapport de Skinner daté du 2 août 1934 ; NARA 867.4016-Jews 13.
  • [6]Avner Levi, Türkiye Cumhuriyeti’nde Yahudiler, Istanbul, Iletisim, 1998, p. 18.
  • [7]Pour plus de détails, voir Corry Guttstadt, Turkey, the Jews and the Holocaust, New York, Cambridge University Press, 2013, p. 22-23.
  • [8]Ce fut le cas de Hüsrev Gerede (ambassadeur de Turquie à Berlin), de Numan Menemencioglu (ministre des Affaires étrangères à partir de 1942), de Muhlis Erkmen (ministre de l’Agriculture), de Selim Sarper (directeur du service de presse de l’État) et de plusieurs députés.
  • [9]Sur la propagande allemande en Turquie : Johannes Glasneck, Methoden der deutsch- faschistischen Propagandatätigkeit in der Türkei vor und während des Zweiten Weltkrieges, Halle, Martin-Luther-Universität Halle-Wittenberg, 1966 ; Berna Pekesen, Zwischen Sympathie und Eigennutz, Münster, Lit, 2014.
  • [10]Pour plus de détails, voir Rifat N. Bali, 1934 Trakya Olaylari, Istanbul, Kitabevi, 2008 ; Berna Pekesen, Nationalismus, Türkisierung und das Ende der jüdischen Gemeinden in Thrakien : 1918-1942, Munich, Oldenbourg, 2012.
  • [11]Rapport de l’ambassadeur grec Sakellaropoulos en date du 12 juillet 1934, in Photini Constantopoulou et Thanos Veremis (éd.), Documents on the History of the Greek Jews : Records from the Historical Archives of the Ministry of Foreign Affairs, Athènes, Kastaniotis, 1999, p. 243. Plusieurs lettres de l’envoyé diplomatique américain Robert P. Skinner dans le NARA. Propos similaires dans les rapports des consuls allemands, britanniques et français.
  • [12]Il fallut attendre 1936 pour que le traité de Montreux rende à la Turquie la souveraineté sur les détroits.
  • [13]Ce que supposait l’envoyé diplomatique britannique, Percy Loraine. Rapport du 22 juillet 1934 au ministère britannique des Affaires étrangères, cité d’après Aktar, Varlik Vergisi, p. 92.
  • [14]Rapport Ibrahim Talis, CBA, cote 490.01.643.30.1., ici p. 19.
  • [15]Les mémoires et récits des témoins de l’époque laissent ressentir la peur que l’on éprouvait à l’époque. Nombreux récits in Rifat N. Bali, II. Dünya Savasi’nda gayrimüslimlerin askerlik serüveni, Istanbul, Kitabevi, 2008.
  • [16]L’Arménien Sarkis Çekrezyan raconte dans ses Mémoires que son unité a dû accomplir des travaux forcés pendant quatre ans, et qu’on y trouvait même des Arméniens convertis à l’islam : Sarkis Çerkezyan, Bu Dünya Hepimize Yeter, Istanbul, Belge, 2003, p. 113.
  • [17]Sur Varlik Vergisi, Rifat N. Bali, The Varlik Vergisi Affair: A Study of its Legacy. Selected Documents, Istanbul, Isis, 2005 ; Ayhan Aktar, Varlik Vergisi ve « Turklestirme » politikalari, Istanbul, Iletisim Yayinlari, 2000, et Ali Sait Çetinoglu, Varlik Vergisi, 1942-1944 : Ekonomik ve Kültürel Jenosid, Istanbul, Belge, 2009.
  • [18]Dönme (mot turc pour « retourné ») désigne d’une manière générale les gens qui ont changé d’identité religieuse, nationale ou même sexuelle. Au sens strict, Dönme désigne toutefois les adeptes de Sabbataï Tsevi qui, au xviie siècle, se présenta comme le « Messie » et se convertit finalement à l’islam.
  • [19]Aktar, Varlik Vergisiop. cit., p. 229.
  • [20]Çetinoglu, Varlik Vergisiop. cit., p. 167-173.
  • [21]Mehmet Gündem, Lüzumlu adam Ishak Alaton, Istanbul, Alfa Basim, 2012, p. 37 ; Moshe Dana qui, après sa libération de Bergen-Belsen, arriva à Istanbul en avril 1945, raconte des faits identiques. Entretien avec M. Dana le 23 décembre 2005 à Milan.
  • [22]Pour plus de détails, voir Philipp Schwartz, Notgemeinschaft : Zur Emigration deutscher Wissenschaftler nach 1933 in die Türkei, Helge Peukert (éd.), Marbourg, Metropolis, 1995.
  • [23]Horst Widmann, Exil und Bildungshilfe : Die deutschsprachige akademische Emigration in die Türkei nach 1933, Berne et Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 1973, p. 131 et 167.
  • [24]Archives du Service du président du Conseil de Turquie à Ankara (BCA), Archives politiques de l’Auswärtiges Amts (PAAA) et Archives du Verein Aktives Museum (VAM) à Berlin.
  • [25]Quarante scientifiques – au total, avec les membres de leur famille, une centaine de personnes – restèrent moins de deux ans en Turquie.
  • [26]Jan Cremer et Horst Przytulla, Exil Türkei : deutschsprachige Emigranten in der Türkei 1933-1945, Munich, Lipp, 1991, p. 27.
  • [27]Lettre de refus du président du Conseil Inönü à Einstein, 14 octobre 1933 ; BCA, 030.10.116.810.3.
  • [28]PAAA, Ambassade Ankara, 539, lettres diverses.
  • [29]Échange de courriers in PAAA, Ambassade Ankara 539, ainsi que lettre du ministère turc des Affaires étrangères en date du 7 mai 1937, et note du 26 mai 1937 concernant un entretien avec le directeur adjoint au ministère turc des Affaires étrangères, Kemal Aziz Payman, Ambassade Ankara 681.
  • [30]Note du 5 août 1937 et lettre du consul Toepke du 6 août 1937, PAAA, Ambassade d’Ankara, 681.
  • [31]BCA, 030.10/99.641.7. On ignore ce qu’est ensuite devenue Edith Norden.
  • [32]Cette mesure fut atténuée après que Goga eut été démis de ses fonctions.
  • [33]En mai 1938, le consulat général allemand envoya un formulaire en ce sens aux émigrés allemands en Turquie (PAAA, ambassade d’Ankara, 732).
  • [34]Lettre de l’ambassadeur d’Allemagne August F.W. von Keller à l’Auswärtiges Amt à Berlin, le 2 juillet 1938. PAAA, R 49005.
  • [35]Le décret ne fut pas publié dans le bulletin officiel du gouvernement, la Resmi Gazete. Il s’agissait d’un décret secret. Le contenu et le texte partiel résultent de la version revue de janvier 1941 (voir infra).
  • [36]Lettre de F. R. Kraus à Leonie Zuntz du 15 octobre 1938, University Library de Leyde, « brieven », BPL 3273.
  • [37]Dans les archives du président du Conseil à Ankara sont conservées une série de décisions gouvernementales qui accordèrent à des Juifs des permis de séjour à durée limitée en Turquie, en précisant explicitement « par dérogation au décret n° 2/9498 ».
  • [38]Francis Ofner, originaire de Novi Sad et qui fut connu ultérieurement comme diplomate israélien, tenta en 1941 de quitter Budapest pour se rendre en Palestine ou à Istanbul. Pour obtenir un visa d’entrée du consulat turc, il dut présenter des certificats de baptême pour ses quatre grands-parents. Enregistrement vidéo d’Ofner à l’USHMM, Washington, 1995.A.1272.115.
  • [39]La raison n’en était pas seulement la persécution des Juifs dans l’Allemagne nazie, mais l’immigration des Juifs en provenance des pays d’Europe de l’Est. Leur nombre était bien supérieur à celui des immigrés en provenance d’Allemagne.
  • [40]BCA, délibération n° 2/14265 du 25 août 1940, 30..18.1.2/92.85..5.
  • [41]Haim Barlas, Hatzalah be-yemei ha-Sho’ah (Le Sauvetage durant la Shoah), Tel Aviv, Hakibbutz Hameuhad, 1975, p. 24-25.
  • [42]Rapport de Barlas en date du 15 juin 1941 in AJJDC, collection 33/44, dossier 1050/20 F2.
  • [43]Dalia Ofer, Escaping the Holocaust: Illegal Immigration to the Land of Israel 1939-1944, New York, Oxford University Press, 1990, p. 163-164 ; Tuvia Friling, « Between friendly and hostile neutrality : Turkey and the Jews during World War II », in Minna Rozen (éd.), The Last Ottoman Century and Beyond, vol. II : The Jews in Turkey and the Balkans 1808-1945, Tel Aviv University, 2002, p. 309-423, ici p. 332.
  • [44]Lettre du 15 juin 1941, AJJDC, Coll. 33/44, File 1050/20 F2. Les archives du président du Conseil inventorient deux décisions gouvernementales portant sur l’autorisation de transit pour les Juifs ; une décision remontant au 18 décembre 1940 pour 4 687 Juifs (BCA, 30..18.1.2/ 93.117..7) ainsi qu’une décision en date du 30 décembre 1940 pour un groupe de 166 Juifs (BCA, 30..18.1.2/93.120..20). Au total, cela correspond à peu près au chiffre indiqué par Barlas.
  • [45]Leni Yahil, Die Shoah, Überlebenskampf und Vernichtung der europäischen Juden, Munich, Luchterhand, 1998, p. 843. Le tableau le plus global sur les navires de réfugiés est celui de Jürgen Rohwer, « Jüdische Flüchtlingsschiffe im Schwarzen Meer (1934-1944) », in Ursula Büttner (éd.), Verfolgung, Exil, Belasteter Neubeginn, Hambourg, Christians, 1986, p. 197-248.
  • [46]Pour plus de détails sur la Struma : Douglas Frantz et Catherine Collins, Death on the Black Sea: The Untold Story of the Struma and World War II’s Holocaust at Sea, New York, Ecco, 2004 ; Ofer, Escaping…op. cit., p. 147-166 ; interview vidéo de David Stoliar aux archives de l’USHMM, RG 50030-0384.
  • [47]Il s’agissait de cinq personnes dont les autorités britanniques à Istanbul renouvelèrent les certificats périmés, d’une femme enceinte et de M. Segal, le représentant d’une entreprise pétrolière américaine, qui obtint par le truchement de son collègue V. Koç une autorisation spéciale des autorités turques pour lui-même, sa femme et son enfant.
  • [48]Il existe des divergences sur le nombre précis des passagers et des victimes. Une liste établie par Samuel Aroni sur la base des plusieurs listes existantes des victimes décédées cite 781 réfugiés juifs et dix membres d’équipage, dont quatre étaient également juifs. Samuel Aroni, « Who Persihed on the Struma and How Many ? », in Frantz et Collins, Death on the Black Seaop. cit., p. 295-335.
  • [49]Note du ministère des Affaires étrangères turc, 14 septembre 1942, BCA, 30.10.00/99.641.13.
  • [50]Friling, « Between friendly and hostile neutrality », art. cit., p. 338.
  • [51]Yahil, Die Shoahop. cit., p. 841.
  • [52]En détails chez Friling, « Between friendly and hostile neutrality », art. cit. Voir aussi Guttstadt, Turkey, the Jews and the Holocaustop. cit., p. 122-129.
  • [53]Hans-Jürgen Döscher, Das Auswärtige Amt im Dritten Reich : Diplomatie im Schatten der « Endlösung », Berlin, Siedler, 1987, p. 294 et 299.
  • [54]Rapport de Barlas sur « l’immigration par la Turquie » (Immigration via Turkey) du 28 décembre 1943 (voir supra). Selon un rapport de juillet 1944, entre janvier 1943 et juin 1944, ce sont au total 3 153 Juifs qui ont émigré de la Turquie vers la Palestine, tandis que dans le même temps, seuls 3 144 réfugiés juifs en provenance des Balkans arrivaient en Palestine (rapport de Harry Viteles du 23 juillet 1944, in AJJDC, coll. 33/44, dossier 1051/20 F2).
  • [55]Note « fh » du 7 avril 1944, AJA, H 332 -19.
  • [56]Friling, « Between friendly and hostile 0 », art. cit., p. 407 sq. et p. 416 ; Heinz Ziffer, « Rescuing Jews under German Occupation – With Help of the Jewish Community of Izmir (1943-1944) », Los Muestros, n° 50, Bruxelles, mars 2003.
  • [57]Depuis février 1944, Ira Hirschmann se trouvait en Turquie en tant que représentante du War Refugee Board (WRB).
  • [58]Correspondance in PAAA, 100856, ainsi que rapport de Simond en date du 24 avril 1944, ICRC G 95/5-165.03.
  • [59]Selon un rapport de Barlas en date du 24 avril 1944, le gouvernement turc avait renvoyé en février 500 réfugiés arrivés à bord de ces navires. Selon Rohwer, la marine de guerre allemande empêcha le passage des bateaux (Rohwer, « Jüdische Flüchtlingsschiffe… », art. cit., p. 235).
  • [60]Le 23 mars 1944, le président des États-Unis, Roosevelt, avait déclaré qu’aucune personne ayant participé à l’assassinat des Juifs ne resterait impunie, et avait appelé les États neutres à accueillir les réfugiés juifs. L’ambassadeur américain, Steinhardt, considéra que cette déclaration avait pesé sur la politique turque.
  • [61]Liste détaillée parue dans le journal La Boz de Türkiye du 1er mars 1945, p. 243.
  • [62]Ofer, Escaping…op. cit., p. 320. Le nombre total cité par Ofer, 16 474 migrants arrivés en Palestine via la Turquie, inclut 3 234 émigrés juifs turcs pour lesquels la Turquie ne fut pas un pays de transit, mais la patrie qu’ils quittèrent.
  • [63]Moch estime que la moitié des immigrés en provenance de Turquie étaient des Juifs (Maurice Moch, Les Étrangers de religion juive en France, thèse non publiée, Lyon, Documents du Centre d’Études rue Vauban, 1942, p. 10). Le recensement de 1931 décomptait plus de 41 000 Turcs (musulmans et juifs) ; selon Moch, la France accueillait donc à elle seule quelque 20 000 Juifs en provenance de Turquie. D’autres auteurs (Michel Roblin, Sam Levy) citent des chiffres plus élevés.
  • [64]Lettre du consulat général turc à Paris, 28 décembre 1940 (USHMM, Acc. 1995.A.1202).
  • [65]C’est ce que supposa aussi l’ambassade allemande à Paris, lettre du 10 février 1941. PAAA, R 100868.
  • [66]Des notes conservées à l’Auswärtiges Amt citent des protestations en provenance des États-Unis, du Mexique, du Chili, de l’Iran, de la Suisse, de l’Espagne et de la Turquie.
  • [67]Lettre du consulat général turc du 21 août 1942, puis des 5 et 25 septembre 1941. USHMM, Acc. 1995.A.1202.
  • [68]Sur les protestations de la représentation espagnole et des autres États : Bernd Rother, Spanien und der Holocaust, Tübingen, Max Niemeyer, 2001, p. 89-90.
  • [69]Pour plus de détails, voir Guttstadt, Turkey, the Jews and the Holocaustop. cit., p. 139-158.
  • [70]Plus de 2 000 « Allemands du Reich » vivaient en Turquie ; les livraisons de chrome turc revêtaient pour l’Allemagne une importance militaire stratégique.
  • [71]Stanford Shaw a remis à l’USHMM de Washington des copies de quelques dossiers des consulats turcs en France (cote 1995.A.1202) On trouve aussi quelques exemples dans les quelques dossiers conservés par l’ambassade allemande à Paris, au PAAA.
  • [72]Becky Behar, La Strage Dimenticata. Meina settembre 1943, il primo eccidio di ebrei in Italia, Novare, Interlinea, 2003.
  • [73]Mémorandum de Juifs turcs : OSOBI-Archiv Moscou, [phi] 116 k, Onuc 6 5 [sigma] 42.
  • [74]Le caractère partiellement arbitraire de ces décisions apparaît par exemple dans le fait que des milliers de Juifs furent déchus de leur nationalité pour « non participation à la lutte de libération » alors qu’ils n’étaient pas nés ou étaient nourrissons au moment de la guerre, ou qu’il s’agissait de femmes, qui n’avaient pas d’obligations militaires. Le gouvernement pouvait aussi priver de leur nationalité des personnes qu’il ne considérait pas comme turques d’un point de vue « culturel ». Voir Corry Guttstadt, « Depriving non-Muslims of citizenship as part of the Turkification policy in the early years of the Turkish Republic », in Hans-Lukas Kieser (éd.), Turkey Beyond Nationalism, Londres, Tauris, 2006, p. 50-56.
  • [75]BCA, Dossier 94C45, 30..10.0/110.736..5.
  • [76]CDJC : DLIX-12 et 14. Répondant à une demande de la Kommandantur du camp sur 29 personnes de religion juive nées en Turquie, le consulat turc répondit le 24 mars 1942 qu’il ne reconnaissait pas ces personnes comme des citoyens turcs. USHMM 1995.A.1202.
  • [77]Il mentionne explicitement le consulat de Hongrie. Lettre de Zuckermann en date du 6 janvier 1942 ; CDJC, Fond 986 (19)-4.
  • [78]Lettres de Lucien Sabah entre avril 1942 et sa déportation le 14 septembre 1942, in Lucien Sabah, Drancy, derniers mots, Paris, Le Lavoir Saint-Martin, 2014. Également : lettres de Rafaél Eskenazi envoyées de Drancy, visibles dans le dossier : Karine Eskenazi, Avoir treize ans sous l’occupation allemande (1941-1945). Lettres de mon père, transcrit du solitréo et traduit en français par Haim Vidal Sephiha, accessible au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme.
  • [79]Lettre de Jacques Schweblin CDJC, XXVb-37. Schweblin sous-entend qu’il vaudrait mieux déporter ces internés turcs aptes au travail plutôt que de faire venir des internés de Pithiviers ou de Beaune, mentionnés plus haut dans la lettre.
  • [80]Voir supra sur la déclaration interalliée du 18 décembre 1942 (voir p. 216) ; en mars 1943, la revue d’État Ayin Tarihi publia une information sur ce point (n° 112, p. 251).
  • [81]Pour plus de détails, voir Guttstadt, Turkey, the Jews and the Holocaustop. cit., p. 146-158, 209-215 et 224-234.
  • [82]Ce que firent le consul général Cevdet Dülger, de Paris, dès le mois de septembre 1941, et le consul général à Marseille, Arbel, aux ambassadeurs turcs, le 30 décembre 1942, cité d’après Stanford Shaw, Turkey and the Holocaust, Basingstoke et Londres, Macmillan, 1993, p. 140, note 158 et p. 141.
  • [83]Behiç Erkin, Hatirat 1876-1958, Ankara, Türk Tarih Kurumu, 2010, p. 542. Erkin retransmit cet ordre le 7 janvier 1943 aux consulats placés sous ses ordres (Shaw, Turkey and the Holocaustop. cit., p. 142 et 153-154).
  • [84]Télégramme du secrétaire de l’ambassade d’Allemagne à Ankara, H. Kroll, le 16 octobre 1942, à propos de son entretien au ministère turc des Affaires étrangères, PAAA, R 100889.
  • [85]Guttstadt, Turkey, the Jews and the Holocaustop. cit., p. 212-213.
  • [86]Plusieurs exemples in Shaw, Turkey and the Holocaustop. cit., et dans les copies des dossiers à l’USHMM, cote 1995.A.1202.
  • [87]Lettre d’un certain M. Habib, en date du 31 mars 1943, et mémorandum non daté « concernant le rapatriement des citoyens turcs de confession juive » dans les dossiers de l’UGIF Marseille. Je remercie Serge Klarsfeld pour la mise à disposition de ces documents.
  • [88]Note après entretien rédigée par von Thadden, 22 septembre 1943 ; PAAA, R 99446.
  • [89]Lettre du consulat général de Turquie, 26 janvier 1944, in USHMM, Sign. 1995.A.1202, box 1, folder 36.
  • [90]Il s’agissait toutefois de personnes dont il avait d’ores et déjà lancé le processus de rapatriement.
  • [91]Selahattin Ülkümen fut distingué en 1989 comme « Juste parmi les Nations ».
  • [92]Lettre de Thadden, 17 juin 1943, PAAA, R 99447 ; BCA, délibération du 27 novembre 1942, 30..18.1.2/100.98..20.

L’auteur – Historienne, Corry Guttstadt a a soutenu en 2009 sa thèse de doctorat intitulée La Turquie, les Juifs et la Shoah. Ses recherches se concentrent sur le nationalisme, la politique des minorités, l’antisémitisme et les droits de l’homme en Turquie. Elle a récemment publié une anthologie de récits littéraires autour des Arméniens, Wege ohne Heimkehr (« Chemins sans retour », Assoziation A, 2014).

Macron a subventionné une ONG palestinienne

Le contribuable a travaillé pour accorder 10 millions en dollars et boycotter Israël

Le Drian est-il un ministre néfaste ?

Ce socialiste ne peut ignorer que les fonds européens destinés à des ONG promouvant la paix au Moyen-Orient sont parfois détournés au profit d’organisations terroristes propalestiniennes. La révélation d’Yves Mamou est publique et date de janvier 2020 dans Le Figaro. C’est un ancien journaliste du quotidien Le Monde, qui a également collaboré au Canard Enchaîné, à Libération et à La Tribune. Collaborateur régulier du site américain The Gatestone Insitute, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Le Grand abandon. Les élites françaises et l’islamisme (ci-contre, septembre 2018).

 La multiplication du nombre de mosquées, de femmes voilées ou de commerces halal a modifié à grande allure les paysages urbains, observe l’auteur. L’immigration musulmane se poursuit, et augmente même, en dépit du terrorisme islamiste. Pourtant un climat pesant empêche tout débat sur l’immigration. La justice pourchasse comme raciste la moindre critique de l’islam ; les troubles sécuritaires sont présentés par les médias comme sans rapport avec la  » diversité  » ; les politiques ne parlent que de  » vivre ensemble  » ; et les experts proclament que l’immigration est un bienfait ; tous évitant soigneusement de remarquer que l’école publique peine à distribuer les fondamentaux à une jeunesse de plus en plus multiculturelle. 

Le Drian endormi,
en janvier 2017
Fabius endormie en réunion officielle en Algérie, juin 2014

Or, on sait

à l’Elysée – Philippe Etienne, 65 ans, ancien ambassadeur auprès de l’Union européenne, désormais conseiller diplomatique du président depuis Hollande (il est énarque issu de la promotion Voltaire, comme François Hollande) – et Aurélien Lechevallier, le Macron boy que Macron a apprécié sur les bancs de Sciences-po, à Paris, avant de se retrouver à l’ENA, au sein de la promotion Léopold Sédar Senghor, et ancien conseiller diplomatique d’Anne Hidalgo à la maire de Paris -, puis Emmanuel Bonne, ancien ambassadeur au Liban, passé par Ryad et Téhéran et ex-conseiller pour l’Afrique du nord et le Moyen-Orient à la cellule diplomatique de la Présidence de la République (2012-2015), et au Quai Branly, après les passages de Fabius, Ayrault et Le Drian, que, ensemble et chaque année, l’Union européenne et les différents Etats membres de l’Union européenne consacrent plus d’une centaine de millions d’euros à financer des actions menées en faveur de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens. Ces actions sont menées par un tissu important d’associations et d’ONG palestiniennes et israéliennes.

Au point qu’il a fallu, entre 2017 et 2019, que plusieurs directives européennes soient adoptées pour réduire la porosité financière entre un certain nombre d’ONG et diverses organisations terroristes. Dans chaque contrat passé avec une ONG, l’Union européenne a ajouté une clause dite de contre-terrorisme, qui engage l’ONG bénéficiaire de fonds européens à ne pas s’associer au mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanction) ni à d’autres organisations terroristes.

L’ONG palestinienne affirme promouvoir “les bonnes pratiques gouvernementales” en Cisjordanie.

Le Drian-Macron ont creusé notre dette publique de de 8 millions d’euros… 

« En même temps », dans ses voeux pour 2021, Macron a promis de « faire vivre l’espoir » en protégeant et accompagnant les jeunes, lesquels paieront la dette accumulée durant son quinquennat… Les principaux bénéficiaires sont l’Afrique subsaharienne (n’en déplaise aux antiracistes racialisés dont les Indigènes de la République), puis l’Outre-Mer (moitié moins !) et le Moyen Orient, au troisième rang.

Or, d’après les informations du journal The Jerusalem Post ce lundi 4 janvier, l’Agence française de développement (AFD, une institution financière publique dont les 16 membres sont nommés par décret) aurait accordé, l’année dernière, une subvention à hauteur de 10 millions de dollars à une ONG palestinienne nommée Development Center NDC. En finançant la Palestine Liberation Organization (PLO, OLP en français), celle-ci est l’une des principales associations à militer en faveur du boycottage d’Israël.

On n’ignore pas au sommet de l’Etat que l’OLP est composée de plusieurs organisations palestiniennes, dont le Fatah, organisation de lutte armée, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, organisation marxiste-léniniste palestinienne auteure de détournements d’avions et figurant sur la liste officielle des organisations terroristes d’Israël, des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie, du Japon et des pays de… l’Union européenne !) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP, mouvement politique et militaire palestinien maoïste qui a perpétré des attentats en Israël).. 

L’ « ONG » Development Center NDC affirme travailler pour « les bonnes pratiques gouvernementales » en Cisjordanie, relate le Jerusalem Post. L’ONG serait même derrière le ‘Code de conduite des ONG palestiniennes’ datant de 2008. Il y est demandé le rejet de « toute activité de normalisation avec l’occupant [Israël], que ce soit au niveau de la sécurité et de la politique, ou bien encore au niveau culturel ou du développement ».

La France va devoir « réviser sa subvention »

Un groupe israélien nommé NGO Monitor – et chargé de surveiller les activités des ONG dans le cadre du conflit israélo-palestinien – a donc dû demander à Macron et Le Drian de « réviser sa subvention conformément au rejet clair de la France contre le mouvement pro-palestinien BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) », soutenu aux Etats-Unis par les Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), l’extrême gauche américaine (marxisme, antispéciste, socialiste libertaire, etc…, partisane du Green New Deal, mais opposée plus globalement à certains fondamentaux de la puissance américaine, singulièrement l’interventionnisme au Moyen-Orient, plaidant pour une réduction du budget défense et combattant l’alliance avec Israël). Comme le rappelle le Jerusalem Post, des douzaines de promoteurs du boycottage anti-israélien, dont certains du mouvement BDS, ont déjà été condamnés en France pour incitation à la haine et discrimination.

Le 20 octobre 2015 en France, la Cour de cassation avait condamné des militants de la BDS pour deux actions près de Mulhouse auprès de clients de supermarchés, leur demandant de s’abstenir d’acheter des produits exportés par Israël dans le cadre de la campagne internationale « Boycott-Désinvestissement-Sanctions » (BDS). La LDH dénonça le jugement, arguant que ces militants, accusés et jugés pour « provocation publique à la discrimination », seraient des combattants de toute forme de discrimination et des militants pour le droit des peuples à l’autodétermination. Mais la justice européenne juge que les actions de la BDS relevaient de la liberté d’expression, violée ici par la France. La France fut condamnée par la CEDH, Cour européenne des droits de l’homme située à Strasbourg. La France accepta ce jugement qui porte atteinte à son droit, comme à sa souveraineté.

Magali Mevellec, responsable du pole influence et media et, en tant que telle, porte-parole de l’Agence française de développement (AFD), a pourtant soutenu que cette subvention, de plus de 8 millions d’euros, est « conforme à la loi française ». Comme le relate le Jerusalem Post, elle a aussi maintenu que « l’unique objectif de la France et de l’AFD est d’améliorer les conditions de ces populations »