Action d’écologistes contre TotalEnergies à Paris

L’AG de TotalEnergies a lieu en dépit des activistes verts

Plusieurs centaines de d’activistes ont manifesté ce vendredi 24 mai pour protester contre l’action climatique qu’ils jugent délétère du champion français des hydrocarbures, qui tenait son Assemblée générale annuelle. 173 individus ont été interpellés, indique la préfecture de police.

(mis à jour le 24 mai 2024 à 20h40)

Des activistes de l’extrême gauche anticapitaliste prétendûment écologistes – 350.org, Alternatiba, les Amis de la Terre, Attac, Greenpeace, XR ou encore Scientifiques en rébellion –  ont bousculé le rassemblement annuel des caciques de TotalEnergies, en signe de protestation contre l’action climatique de l’énergéticien. Les forces de l’ordre ont dû protéger de cette minorité les participants à l’AG qui s’est tenue dans le XVe arrondissement de la capitale dans les locaux d’Amundi, l’un des premiers actionnaires de TotalEnergies. Plusieurs centaines de personnes, dont plusieurs députés LFI, telle Manon Aubry, justement en campagne des Européennes, les écologistes radicaux se sont laissé encerclet à partir de 11 heures, au pied de la haute tour de verre qui héberge la société.

Ce vendredi matin, à La Défense. 

Les violences ont fait dix blessés parmi les agents de sécurité du bâtiment, dont 9 ont été transportés à l’hôpital. 173 rebelles ont été interpellés, précise la préfecture de police. Parmi les manifestants politiques arrêtés, Marion Beauvalet est candidate sur la liste LFI au scrutin européen. «C’est un signal fort. La bonne humeur des actionnaires de Total est protégée, le futur et la jeunesse sont réprimés. Telle est la macronie. On a raison de se révolter», a estimé Mélenchon l’ancien candidat battu à trois élections présidentielles, sur le réseau social X.

Dans la matinée, c’est Greenpeace qui avait ouvert les hostilités contre l’assemblée générale de TotalEnergies, dans le quartier d’affaires de la Défense. Ses activistes avaient personnalisé leur cible en déployant une banderole géante sur la façade d’un centre commercial, frappée d’un «Wanted» («recherché» en anglais) façon Far West s’étalant en lettres noires au-dessus du visage du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné. «La société civile [excessif !] recherche le dirigeant de l’entreprise française la plus polluante qui se fait des milliards [le succès irrite la minorité décliniste] au détriment de la planète et des populations», pouvait-on y lire. «Si vous avez des informations, surtout, ne contactez pas le gouvernement, c’est son principal complice», poursuivait Greenpeace, organisation politique avant que d’être écologiste.

«Aucune volonté de les contraindre»

Les hors-la-loi de Greenpeace se font passer pour des justiciers. Le montant de la prime fixé par Greenpeace pour la capture de Pouyanné s’élève à 20 milliards d’euros, à la hauteurs des résultats financiers records du groupe en 2023, soit 20,5 milliards d’euros de bénéfice net, qui mettent les déclinistes en fureur. «Nous dénonçons la stratégie climaticide de TotalEnergies, orientée vers le fossile pour amasser plus de profits, réagit Edina Ifticene, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France, mais une irresponsable qui n’a pas anticipé des substituts et prétend pouvoir se passer des produits du pétrole. Cette affiche désigne le PDG car il incarne et assume cette stratégie et nous pointons le gouvernement comme complice car il n’a aucune volonté de les contraindre.»

La major pétrolière française est la quatrième mondiale et plus grosse entreprise du CAC40 par le bénéfice, avant un possible départ pour la Bourse de New York. Les actionnaires de TotalEnergies devaient se prononcer sur la stratégie climat du groupe et reconduire le PDG. Une AG annuelle désormais automatiquement perturbée par les militants anticapitalistes.

S’éloignant de l’impressionnant dispositif policier déployé à la Défense pour sécuriser le quartier d’affaires et l’AG de Total, des collectifs écologistes, anticapitalistes, féministes (!) et de défense des droits « humains » ont mené des actions de perturbation de la population de Paris pendant toute la journée pour mettre la pression sur la multinationale.

C’est ainsi qu’une camionnette blanche s’est garée dans le courant de la matinée dans le XVe arrondissement, devant les locaux d’Amundi, l’un des premiers actionnaires de TotalEnergies. Des enceintes et du matériel sont rapidement sortis par les activistes bien rodés bloquent la route adjacente en quelques minutes, avec des cartons et installent des banderoles sur le parvis. Pour le bien-être des riverains…

De l’autre côté du bâtiment, l’ambiance est festive ! Les rébelles sont déguisés en scientifiques dans leur habituelle blouse blanche, certains activistes taguant le logo d’Exctinction Rebellion et des slogans comme «liquidation totale». Des hors-la-loi tentent de rentrer dans la tour, applaudis par le reste des participants à l’action… festive. Ils sont vite accueillis par les vigiles, lances à eau à la main. «Economisons l’eau», leur hurle une activiste. Pas particulièrement dérangés par les trombes d’eau, les contestataires continuent de forcer le passage sous les tambours. Bientôt, dans une atmosphère plus tendue, les « pacifistes » arrachent le tuyau des mains des agents de sécurité et l’enroulent autour de poteaux pour le rendre inutilisable. Certains brisent une porte vitrée et en arrachent une autre. Plusieurs dizaines de ces ultras s’engouffrent dans le bâtiment et taguent l’entrée du siège d’Amundi.

Tweet de la journaliste de Libération

« Le but c’était de se mobiliser contre Total [et non pour le climat !] « , mais le dispositif policier était beaucoup trop lourd à La Défense», raconte Irénée Frérot, physicien chercheur au CNRS et membre des Scientifiques en Rebellion. «Ici, on dénonce ceux qui financent Total, car le consensus scientifique est très clair : il y a assez de sites fossiles existants pour dépasser les objectifs de l’accord de Paris [dont le plus ambitieux vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C].» Il ne faut plus ouvrir aucun champ d’extraction d’énergie fossile plaide le chercheur, alors que TotalEnergies a annoncé augmenter sa production de gaz d’un tiers d’ici à 2030. «Ils nous disent que le gaz est une énergie de transition, mais c’est faux, c’est du greenwashing», plaide Irénée Frérot. La fête s’est terminée avec l’arrivée sur place des forces de l’ordre et le début de la nasse.

Les Amis de la Terre dénonce l’accaparement des terres agricoles

Dehors l’agro-industrie !, lancent les Verts rétrogrades

A l’occasion du Salon de l’Agriculture, Les Amis de la Terre France publie le rapport “La Terre aux paysans, l’agro-industrie hors champ” dénonçant l’accaparement des terres agricoles en France, et appelant à plafonner le nombre d’hectares contrôlables par les multinationales et les agri-managers.

Les Amis de lz Terre milite aussi pour la réduction de la consommation de viande (2014, opposition au projet de « la ferme des 1000 vaches » dans le Limousin; 2019, signature d’une tribune excessive de l’association L214 « contre l’élevage industriel, pour une végétalisation de l‘alimentation et pour l’élevage paysan »), mais ne dénonce pas la présence de fibre de bambou dans certains steaks…

LA TERRE AUX PAYSAN·NES, L’AGRO-INDUSTRIE HORS CHAMP !, slogan en …écriture inclusive

Selon l’association de protection de l’environnement (et des droits humains !), le gouvernement doit urgemment s’emparer de cette problématique sociale (d’abord, on notera…) et environnementale 1 (ensuite) dans son Projet de Loi d’Orientation et d’Avenir Agricoles (LOA) qui sera rédigé d’ici fin juin.

Depuis 1955 en France, 4 710 000 agriculteurs et 1 883 000 fermes ont disparu 2. L’agriculture française perd continuellement ses fermes et ses agriculteurs, avec la contribution active de l’UE nous éloignant toujours plus de la possibilité d’une transition agroécologique qui ne peut se faire sans paysans nombreux.

La PAC est le principal poste de dépenses de l’Union européenne (UE) avec environ un tiers du budget de l’UE. L’enveloppe globale allouée aux Etats de l’Union pour la PAC est de 264 milliards d’euros pour la période 2023-2027. La France obtiendra 45 milliards d’euros sur la période sur quatre ans (2023-2027). Or, si la France est de loin l’Etat-membre qui en bénéficie le plus (10,21 milliards d’euros d’aides agricoles en 2021), . L’Europe est la seule grande région du monde à réduire ses dépenses en faveur de l’agriculture. 

Ce phénomène est nourri par le développement massif de sociétés agricoles qui permettent à quelques multinationales ou “agri-managers” de contourner la réglementation pour créer des exploitations de plusieurs milliers d’hectares avec peu de travailleurs, le plus souvent précaires. En s’accaparant ainsi les terres agricoles, ils empêchent l’installation de nouveaux agriculteurs et font prospérer une agriculture toujours plus industrialisée. 

Outre l’UE, l’Etat français cède la place à l’agri-industrie. Le total des dépenses recensés dans la loi de finance 2014 est de 407,4 milliards d’euros pour l’ensemble des missions, plus 195,2 milliards d’euros pour les dépenses spéciales, soit 605,6 milliards d’euros. L’agriculture, l’alimentation, la pêche, la forêt et les affaires rurales représentent donc en réalité 3,8 % du budget de la France, bien loin des 9,5 % consacrés par l’Etat aux pensions de retraites, ou aux 10,7 % à l’éducation.

Il est grand temps de mettre en lumière et de réguler cette tendance dangereuse pour l’emploi, les territoires et l’environnement, insiste les Amis de la Terre, obsédé par les multinationales, mais fermant les yeux sur la démission des gouvernements successifs français. C’est pourquoi Les Amis de la Terre France publient aujourd’hui un rapport exposant au grand jour les nombreux contournements juridiques permettant l’accaparement des terres agricoles. Dans l’attente d’une politique de régulation effective, le gouvernement doit prendre une mesure d’urgence : le plafonnement à 300 hectares de la surface agricole qu’une même personne physique peut contrôler.

Le choix de plafonner cette surface à 300 hectares est une mesure de bon sens et de soutien aux agriculteurs. 300 hectares, c’est plus de 4 fois la taille moyenne des exploitations françaises, 2 fois plus que les grandes exploitations 3. Cela permet de cibler directement les multinationales et agri-managers qui possèdent plusieurs milliers d’hectares en agriculture industrielle, et ainsi permettre l’installation de petites structures paysannes créatrices d’emplois en agroécologie.

Sarah Champagne conclut : “Le partage des terres est une nécessité publique. Nous appelons le gouvernement à agir en conséquence, en incluant dans la LOA des mesures de lutte contre la concentration des terres, et notamment une mesure d’urgence, le plafonnement du nombre d’hectares contrôlables par une même personne.

En 2021, 53 % du financement de l’association et lobbyiste, sur un total de plus de 1 100 000 € provenaient de fonds privés, 10 % de fonds publics et 37 % de dons et partenaires.

NOTES

1

Les Amis de la Terre France, février 2023, “La Terre aux paysans, l’agro-industrie hors champ” Sous embargo jusqu’au 28 février 2023, 7h00 CET

2

Bourgeois L. et al. Les cinquante ans qui ont changé l’agriculture française, Économie Rurale, 2000, 255-56, pp14-20, et Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, Recensement agricole 2020.

3

Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, Recensement agricole 2020.

Résultats du recensement agricole décennal Lien Les Echos 2022

Macron a rétréci le bonus réparation

Le lobby des fabricants d’appareils électroniques l’a mis en veille

Près de trois ans après la promulgation de la loi antigaspillage en février 2020, le « bonus réparation » est entré en vigueur le 15 décembre dernier. Tous les Français peuvent désormais bénéficier d’une ristourne entre 10 et 45 euros au moment d’aller faire réparer leurs appareils électroniques et électriques. Une manière d’inciter les consommateurs à redonner une seconde vie à leurs objets du quotidien plutôt que d’acheter du neuf. Pour le moment, 31 équipements sont concernés (pour les appareils non couverts par une garantie) parmi lesquels l’ordinateur, le téléphone portable, l’aspirateur, le lave-linge, le grille-pain ou encore la perceuse.

Guerre sur le fonds

Cette mesure a été votée afin de limiter le gâchis de grande ampleur des ressources naturelles. Selon l’Ademe, en 2019, seuls 10 % des appareils ménagers électroniques sont réparés lorsqu’ils tombent panne.

« Normal, puisque les prix des équipements neufs sont dramatiquement bas en raison des conditions de fabrication désastreuses. A l’inverse, la réparation nécessite des emplois non délocalisables donc un coût plus élevé », souligne Alice Elfassi, responsable juridique chez Zero Waste France.

Ce « bonus réparation » est actuellement financé par l’éco-participation, c’est-à-dire la somme versée par les fabricants aux deux éco-organismes agréés par l’Etat, Ecosystem et Ecologic, lors de la vente de chaque appareil en France, en partie répercutée sur les consommateurs. Or, le montant de ce « fonds réparation » a été l’objet d’une âpre bataille entre producteurs et pouvoirs publics.

En novembre 2020, un premier décret d’application est publié qui stipule que le montant global des ressources financières allouées au fonds ne peut être inférieur à 20 % du coût estimé de la réparation de l’ensemble des produits électriques et électroniques en France. Comme personne ne connaît véritablement ce coût, un tel pourcentage n’engage pas grand monde.

Mais voilà : en juin 2021, l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, établissement public à caractère industriel et commercial qui participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable) publie une étude fracassante, estimant que l’enveloppe annuelle du fonds réparation devrait s’élever de 202 millions d’euros en 2022 à 259 millions en 2027. Beaucoup trop pour les industriels, qui n’avaient pas anticipé de tels frais. « Au cours des concertations sur le sujeton a eu droit à un véritable lobbying des producteurs qui estimaient que ce montant était bien trop élevé », raconte Alice Elfassi.

Ces derniers ont vraisemblablement fini par obtenir gain de cause auprès de l’exécutif. En décembre 2021, le décret d’application a ainsi été modifié : cette fois, le texte fait mention d’une enveloppe globale équivalente à seulement 10 % du coût estimé de la réparation des produits. Résultat, le budget « réparation » des éco-organismes s’élève désormais à 410 millions d’euros répartis sur six ans, soit des recettes divisées par deux à trois. Pour les associations environnementales, c’est la douche froide. Le 25 février 2022, Zero Waste France (zéro déchet, ou gaspillage, en français) et Les amis de la Terre ont donc décidé d’attaquer le décret devant le Conseil d’Etat pour non-respect du code de l’environnement, arguant que le gouvernement doit édicter des textes qui améliorent constamment la protection de l’environnement et ne doit pas revenir en arrière.

Créée en 1997, Zero Waste France (ex-Cniid) est une association d’action citoyenne qui promeut le mode de vie zéro déchet et zéro gaspillage. Achats en vrac, retour à la consigne ou encore compostage des déchets organiques… autant de pratiques qui permettent finalement de traiter le problème à la source. Zero Waste France a également inauguré en 2017 la Maison du Zéro Déchet, un lieu qui a vocation à faire découvrir ce mode de vie.

Les amis de la Terre dont le mouvement antinucléaire est le combat le plus ancien de l’association compte parmi ses membres et alliés Dominique Voynet (ex-ministre EELV de l’Aménagement du territoire et de l’environnement) ou la Confédération paysanne, laquelle dénonce l’écoblanchiment auquel se livreraient certaines multinationales, et dénoncent « la République des pollueurs ».

Tour de passe-passe

Dans leur communiqué de presse, les éco-organismes continuent cependant d’affirmer que « les montants du bonus représentent 20 % du coût moyen de la réparation ». Comment est-ce possible ? Par un simple tour de passe-passe : le nombre de produits concernés a été restreint. « A la suite des concertations avec les réparateurs, nous avons choisi de mettre les bonus uniquement sur les produits que les Français réparent le plus », explique-t-on chez Ecoystem. Mais pour Zero Waste France, il s’agit surtout d’une manière de tordre la réalité.

« Une confusion volontaire est faite au niveau des chiffres. Avoir 20 % de réduction sur sa facture de réparation ne signifie pas que le montant des ressources financières équivaut à 20 % du coût global de l’ensemble des réparations de produits », détaille Alice Elfassi.

Chez Ecosystem, association à but non lucratif agréé par les pouvoirs publics , on se refuse à commenter la réduction drastique des ressources financières du fonds. « Nous ne faisons que piloter cette enveloppe, ce n’est pas nous qui avons conçu la loi », se défend Claire Lemarchand, directrice de la communication. Cette dernière glisse cependant que l’analyse de l’Ademe de juin 2021 était quelque peu biaisée.

« Les montants étaient aussi élevés car ils avaient tablé sur le fait que l’on pouvait réparer des brosses à dents ou des multiprises, alors que c’est aujourd’hui impossible. »

Même imparfaite, la mesure devrait par ailleurs être très efficace pour certains produits.

« J’ai dû moi-même changer la batterie de mon téléphone il y a peu. La réparation coûtait 45 euros avec un bonus de 25 euros. Résultat, mon téléphone est comme neuf et je n’ai pas utilisé trop de ressources », détaille la cheffe de la communication.

Dans d’autres cas, cette remise de prix risque de ne pas être suffisamment encourageante pour les consommateurs. Selon l’Ademe, la réparation d’une hotte peut, par exemple, monter jusqu’à 190 euros quand un simple clic sur Amazon permet de s’en faire livrer une nouvelle à 80 euros en trois jours. Le montant du bonus réparation pour ce type de produit est, lui, de… 20 euros« Nous avons réalisé des études par catégorie de produits pour que le montant du bonus soit le plus incitatif possible », se défend toutefois l’éco-organisme.

Seulement 500 réparateurs labellisés

Mais le montant n’est pas le seul problème. Pour le moment, seules les réparations effectuées par un réparateur ayant reçu le label QualiRépar peuvent bénéficier du bonus. Or, sur les 20 000 professionnels du secteur, ils ne sont à l’heure actuelle que 500 répartis sur tout le territoire à l’avoir obtenu. Résultat, les consommateurs doivent parfois parcourir des dizaines de kilomètres pour obtenir leur réduction. Chez Ecosystem, on assure que de nombreux réparateurs agréés se déplacent également à domicile.

Le faible nombre de réparateurs peut s’expliquer par la lourdeur de la procédure de labellisation.

« Cela nécessite de réaliser des audits sur place, ce qui prend du tempsPar ailleurs, il faut remplir tout un dossier administratif, quand on est un petit artisan et qu’on a des journées déjà bien remplies, c’est contraignant », souligne Claire Lemarchand.

Et ça coûte de l’argent. « Il faut payer pour obtenir cette labellisation, quand on est une petite entreprise et que l’on n’est pas sûr que ça nous rapporte des clients, ce n’est pas très encourageant », signale Alice Elfassi. Pour autant, Claire Lemarchand en est convaincue : le réseau va s’étoffer au fil des mois, le temps que le label soit connu des réparateurs eux-mêmes. En 2023, l’éco-organisme s’est fixé pour objectif de compter au minimum 1 500 réparateurs labellisés.

Castex ne se rend plus au Vatican pour la canonisation de Charles de Foucault

Macron cède-t-il au pressions de l’islamosphère?

Les Touaregs ont laissé une trace de Charles de Foucault: sa tombe porte son nom, en depit de la recommandation de Mahomet

Le célèbre ermite du désert Charles de Foucauld, mais aussi un journaliste néerlandais et un martyr indien : dix figures de l’Eglise catholique seront proclamées « saints » par le pape dimanche à Rome, dont les Français César de Bus et Marie Rivier.

Le procès en béatification de Charles de Foucauld, mort assassiné en 1916 à Tamanrasset, dans le Sud désertique algérien, avait commencé dans les années 1930. Il avait été déclaré « bienheureux » en 2005 par le pape Benoît XVI.

La canonisation – étape permettant de devenir « saint » dans l’Eglise catholique, succédant à la béatification – requiert trois conditions : être mort depuis cinq ans au moins, avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli au moins deux miracles. Après la guérison d’un cancer en 1984, un deuxième miracle a été attribué à Charles de Foucauld par le Vatican : l’histoire insolite d’un jeune charpentier de Saumur (Maine-et-Loire) qui survit en 2016 à une chute de 15 mètres sur un banc, malgré un abdomen transpercé.

Né en 1858 à Strasbourg, Charles-Eugène de Foucauld mena une vie d’officier dissolue, avant de se consacrer à une existence de foi et d’évangélisation, d’abord chez les moines trappistes en Syrie, en Palestine, puis en ermite parmi les Touaregs dans le Sahara algérien au début du XXe siècle. « Il veut être au milieu de ceux qui lui semblent les plus pauvres, délaissés et méprisés, et agir comme un défricheur : il ne prêche pas par la parole, mais par sa simple présence », explique Bernard Ardura, postulateur de la cause de canonisation.

« C’est la reconnaissance d’une trajectoire de vie et de foi »

Le « frère universel » deviendra une référence dans la connaissance de ces nomades, rédigeant notamment un Dictionnaire touareg-français, dialecte de l’Ahaggar qui fait encore autorité, parmi de nombreux écrits. « Pour l’Eglise d’Algérie, il est extrêmement important car c’est ici qu’il a porté sa vie à incandescence », rappelle l’archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco, qui se rendra à la cérémonie. « C’est la reconnaissance d’une trajectoire de vie et de foi », ajoute-t-il, soulignant l’importance de la fraternité dans sa « personnalité étonnante et complexe ».

Parmi les dix « bienheureux » figure également César de Bus (1544-1607), né à Cavaillon, Vaucluse. Ce prêtre provençal oeuvra au renouveau du christianisme dans le sud de la France en sillonnant les campagnes, à une époque troublée par les débuts de la Réforme protestante. Il est fondateur de la Société des Prêtres de la doctrine chrétienne et des Ursulines de France.

Deviendra « sainte » également sœur Marie Rivier (1768-1838), institutrice qui s’était particulièrement investie dans l’éducation religieuse des plus jeunes, dans un contexte de dissolution des couvents lors de la Révolution française, en fondant plus de 140 écoles. Fondatrice en 1796 de la congrégation religieuse de la Présentation de Marie, elle avait été béatifiée par Jean-Paul II en 1982.

Charles de Foucauld est élevé au rang de Saint au titre, notamment, d’un miracle survenu auprès d’un artisan de Saumur en 2016. 

Jean Castex ne conduira finalement pas la délégation française.

La veille de son déplacement, le samedi 14 mai, l’Elysée a fait savoir que Macron prend la direction d’Abou Dhabi, capitale de l’émirat et des Emirats arabes unis, “pour rendre hommage au Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan”, décédé vendredi 13 mai.

Prétexte immédiat pour annuler la visite du Premier ministre au Vatican, qui n’a pas de pétrole, à la différence des Emirats arabes unis… Macron se soumet à la volonté des USA de Biden: détourner les Européens du pétrole et du gaz russes. 

Pour le ministre de l’Energie des Emirats arabes unis, augmenter la production des pays exportateurs de pétrole membres de l’OPEP est pourtant « difficile ». L’organisation et ses alliés, dont fait partie la Russie, s’est d’ailleurs réuni en mars. Ils se sont pour le moment refusé à augmenter significativement leur production pour soulager le marché, se contentant de fournir 400.000 barils par jour supplémentaires au cours de ce mois de mars. Une ouverture modeste des vannes d’or noir, ignorant les appels à alléger la pression sur les prix, induite par la guerre en Ukraine.

Macron ambitionne-t-il d’obtenir plus? Et kimiter lzs importations françaises de gaz de schustz américain éviter de mettre d’entrée en difficulté sa prochaine première ministre, censée être une super écologiste

Macron ambitionne-t-il d’obtenir plus? Et de limiter les importations françaises de gaz de schiste américain, en même temps qu’il éviterait de mettre d’entrée en difficulté sa prochaine première ministre, censée être une super écologiste.

Or, depuis septembre 2021, des méthaniers commandés par Engie – dont l’Etat français est l’actionnaire principal – livrent une cargaison dont l’exploitation est interdite en France : le gaz de schiste, ce que dénonce à travers une enquête, l’association internationale Les Amis de la Terre, financée, en 2015, à 66 % par des fonds publics, ainsi que Reporterre qui précise que l’énergéticien français Engie – groupe énergétique français. 3e plus grand groupe mondial dans le secteur de l’énergie, hors pétrole, en 2015 – a décidé d’étendre son contrat d’importation avec l’Américain Cheniere Energy, spécialiste du gaz naturel liquéfié. Ce choix fait bondir les écologistes : le gaz de schiste est très polluant.

Une règle respectée pour l’occasion.

L’Elysée invoque l’impossibilité pour le chef du gouvernement de quitter le territoire si le président de la République se rend à l’étranger. “C’est Gérald Darmanin [ministre des cultes] qui ira à sa place”, précise Matignon, alors qu’il s’agissait du tout dernier déplacement de Castex en tant que premier ministre.

Un changement d’agenda qui s’explique par la priorité diplomatique, l’entente avec les pays du Golfe étant autrement plus importantes qu’une cérémonie religieuse au Vatican. Le chef de l’Etat sera de retour dimanche, pour l’annonce de la nomination du successeur de Jean Castex, attendue le lundi 17 mai. Celle du nouveau gouvernement interviendra dans un second temps. 

Macron aurait cédé aux pressions musulmanes. Pour les décoloniaux et les islamo-gauchistes, Charles de Foucault représente tout ce qui alimente leur haine. Vicomte et Saint-Cyrien, d’abord noceur, puis militaire et grand voyageur, le futur saint a laissé son empreinte dans de nombreuses villes, de la France à l’abbaye de la Trappe, située à Soligny-la-Trappe (Orne), ou N-D-des-Neiges en Ardèche, en passant par Akbès en Syrie, Nazareth en Terre Sainte, ou encore Tamarasset, en Algérie. C’est dans ce dernier pays, où il vécut quinze années, de 1901 à sa mort en martyr, en 1916, qu’il révéla toute la profondeur de sa vocation à la fraternité universelle. Dans le silence et l’austérité des paysages désertiques, il légua par sa présence amicale et priante un héritage vivant à des décennies de chrétiens et de musulmans d’Algérie.

Au désert, entre fraternité et contemplation

Père Ardura: Charles de Foucauld est le «patron des recommençants»

En 1901, à l’âge de 43 ans, le religieux tout juste ordonné partit pour Béni Abbès, au centre-ouest de l’Algérie. Désireux de vivre parmi ceux qui étaient le plus loin de la foi chrétienne, les plus délaissés et les plus abandonnés, Charles de Foucauld souhaitait y «crier l’Evangile par toute sa vie», dans un grand respect de la culture et de la foi des habitants au milieu desquels il vivait.  

Une figure prophétique pour l’Algérie

A l’approche de la canonisation, l’Eglise catholique algérienne prépare depuis un an des pèlerinages et rassemblements locaux dans chaque lieu où vécu le bienheureux religieux. A Alger, la capitale, une journée autour de la personnalité de Charles de Foucauld sera organisée pour tous, et reviendra sur les traits de personnalité particulièrement inspirants du saint pour l’Eglise locale et au-delà. Enfin, une petite délégation de chrétiens algériens menée par l’archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco, se rendra à Rome pour honorer la figure prophétique du saint au nom de l’Algérie d’aujourd’hui. 

Biocarburant : l’huile de palme enflamme Total

Le gouvernement a donné son autorisation au pétrolier français de convertir une raffinerie de pétrole au biocarburant

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L’Etat Macron fait ainsi hurler aussi bien les écolos que la FNSEA,  mettant en lumière les défauts d’un carburant qui n’a de «bio» que le nom.

Résultat de recherche d'images pour "huile de palme biocarburant"Le feu vert accordé par l’Etat le 16 mai 2018 à la «bioraffinerie» de Total, à La Mède (Bouches-du-Rhône), qui carburera dès cet été à l’huile de palme pour produire 500. 000 tonnes par an de biodiesel, réussit l’exploit de ne satisfaire personne ou presque. Ni la FNSEA, qui a annoncé le blocage de raffineries et dépôts de carburant dans toute la France à partir de dimanche 10 juin et pour trois jours reconductibles, afin de protester contre la concurrence faite par cette huile à l’huile de colza française, dont le biodiesel est le premier débouché ; ni le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, dans le sillage du puissant syndicat ; ni les ONG environnementales, vent debout contre le site au nom de la protection de la biodiversité et du climat ; ni le ministre de la Transition écologique : particulièrement gêné aux entournures, Nicolas Hulot a dû admettre que «ce n’est pas de gaieté de cœur [qu’il a] autorisé la raffinerie à rouvrir». Pour lui, ce dossier «peau de banane» tombe on ne peut plus mal.
Le 18 mai, deux jours à peine après l’officialisation de l’autorisation accordée à Total, le ministre lançait en grande pompe la «mobilisation de la France en faveur de la préservation de la biodiversité» et justement à Marseille, non loin de la bioraffinerie. Une volte-face, qui a valu à Hulot une pluie de critiques et de procès en «incohérence», tandis que la tête de l’Etat regarde ailleurs et pointe du doigt Trump 
sur le climat et le commerce au G7 qui a eu lieu ce week-end au Canada avec les 6 autres pays, dont la France et …Macron présent (avec sa femme).

Car la culture intensive des palmiers à huile ravage les dernières forêts équatoriales primaires, en particulier en Asie du Sud-Est, avec pour effets, une faune décimée, dont les orangs-outangs, gibbons ou tigres de Sumatra, et un bilan carbone catastrophique : les agrocarburants (dits «biocarburants») à base d’huile de palme sont trois fois plus nocifs pour le climat que le diesel fossile (ceux à base de soja le sont deux fois plus, et de colza, 1,2 fois, selon l’ONG bruxelloise Transport & Environment).
Le malaise est d’autant plus profond que, dans son plan climat présenté en juillet 2017, Nicolas Hulot avait annoncé la publication, d’ici mars 2018, d’une stratégie nationale visant à mettre fin à l’importation de produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation (notamment l’huile de palme ou le soja OGM destiné à nourrir le bétail). Une erreur gravissime, puisque la déforestation est responsable de plus de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. «Cette décision est très importante, car nous allons fermer une fenêtre qui donnait la possibilité d’incorporer de l’huile de palme dans les biocarburants», avait alors insisté Hulot.
Or, cette possibilité est déjà allègrement utilisée : plus de 75 % des 900 000 tonnes d’huile de palme consommée en France servent aujourd’hui à faire rouler les véhicules, et seul le reste entre dans la composition de pâtes à tartiner, biscuits ou cosmétiques.

Gages

Depuis, le ministre de la Transition écologique étant censé présenter sa stratégie nationale contre la déforestation importée (SNDI) début juillet, Macron a pressé Hulot de mettre de l’huile dans son eau de source. D’un côté, la Malaisie et l’Indonésie, principaux producteurs d’huile de palme au monde, ont menacé de ne plus acheter d’avions militaires français. De l’autre, le géant pétrolier Total a fait savoir à l’exécutif qu’il n’a ps renoncé à concrétiser son projet de reconvertir son site de La Mède, qui a cessé de raffiner du pétrole brut fin 2016, en «première bioraffinerie de taille mondiale» carburant à l’huile végétale, la moins chère du marché grâce à des coûts de production très bas et des droits de douane bien inférieurs aux autres huiles.
A peine l’aval donné par le préfet de la région Paca, Nicolas Hulot a tenté de sauver la face dans un communiqué de presse, le 16 mai. Soulignant avec insistance que le projet avait été «décidé en 2015» et «soutenu par le gouvernement précédent» (en échange du maintien de 250 emplois sur le site, sur 430), il a assuré que l’utilisation d’huile de palme dans la bioraffinerie serait «encadrée».

Total aurait «accepté de réduire significativement les quantités d’huile de palme utilisées et de prendre des engagements très précis sur la certification de leur origine et de leur mode de production», selon le ministre de l’Ecologie. Ainsi, le gouvernement a demandé à l’industriel de «réduire autant que possible l’approvisionnement en huiles végétales brutes, et notamment en huile de palme, afin de consommer des quantités inférieures aux 450 000 tonnes [d’huile végétale brute : palme, soja, colza, tournesol, maïs…] que l’usine est autorisée à utiliser». Et Total devra «utiliser au moins 25 % de matières premières issues du recyclage des huiles (huiles alimentaires usagées, graisses animales, distillats d’acide gras)». Le même jour, le géant pétrolier faisait mine d’acquiescer, assurant prendre «l’engagement de limiter l’approvisionnement en huile de palme brute à un volume inférieur à 50 % des volumes de matières premières qui seront traitées sur le site [650 000 tonnes au total], soit au plus 300 000 tonnes par an».

Mais la confiance n’est pas revenue. Au contraire. Les Amis de la Terre doutent du respect par Total de ce plafond de 300 000 tonnes d’huile de palme brute. L’ONG estime même que la bioraffinerie de La Mède «pourrait importer jusqu’à deux fois plus d’huile de palme qu’annoncé par Total», et donc «fonctionner pratiquement à 100 %» avec cette huile, de quoi réquisitionner «une surface de forêt tropicale équivalente à plus de cinq fois [celle] de la ville de Marseille».

Comment l’ONG se justifie-t-elle ? D’abord, elle constate que l’«autolimitation» du pétrolier à 300.000 tonnes d’huile végétale est «absente de l’autorisation officielle, ce qui permet à Total d’importer jusqu’à 450 000 tonnes d’huiles végétales brutes sans autre précision». Pour les Amis de la Terre, qui viennent de déposer cette semaine devant le tribunal administratif de Marseille un recours contre l’autorisation d’exploitation délivrée à Total, l’arrêté préfectoral du 16 mai devait, en vertu de la loi, comporter un plan détaillé d’approvisionnement en matières premières de la raffinerie pour les trois premières années de fonctionnement. Or, cela n’y figure pas : l’arrêté se contente de mentionner que les 650.000 tonnes de matières utilisées annuellement à La Mède comprendront «au maximum 450.000 tonnes d’huiles végétales brutes de toutes natures».

Trafic

Les Amis de la Terre relèvent par ailleurs qu’outre l’huile brute, Total peut utiliser de l’huile de palme de qualité secondaire, dite «PFAD» (distillats d’acides gras de palme), que l’industriel «essaye de faire passer pour un produit résiduel à caractère de déchet, alors que le ministère de l’Ecologie a reconnu que son impact est le même que l’huile de palme brute» dans un mail envoyé à l’association en avril. Celle-ci estime que «Total prévoit initialement d’importer 100.000 tonnes de PFAD mais pourrait en importer bien davantage (jusqu’à 250.000 tonnes) si l’entreprise était contrainte d’importer moins d’huile de palme brute». Quant aux 100.000 tonnes d’huiles alimentaires usagées que le pétrolier prévoit d’utiliser, «il s’agit du gisement maximum disponible en France, déjà utilisé pour moitié par d’autres opérateurs», remarque l’ONG, qui en conclut que Total devra donc importer des huiles usagées «alors que les certificats censés encadrer ce type d’huile sont fortement suspectés par la Cour des comptes européenne de permettre d’importer frauduleusement des quantités massives d’huile de palme»«Il existe un énorme trafic : des cargos d’huile de palme arrivent en Chine, on y verse une bouteille d’huile de friture usagée, et hop, les papiers indiquent que ce sont des cargos d’huiles usagées», illustre Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de l’ONG. Enfin, l’argument selon lequel Total utilisera de l’huile de palme certifiée «durable» ne convainc pas. La certification RSPO (pour «Roundtable on Sustainable Palm Oil», «Table ronde pour une huile de palme durable») n’interdit pas la destruction des forêts sur sols tourbeux ou de celles dites «secondaires», pointe l’ONG.

«Effet domino»

16527696Le vrai problème est ailleurs. «Même certifiée, la quantité massive d’huile de palme qui sera transformée en agrocarburants aura un effet domino : il faudra toujours déforester de nouvelles surfaces pour continuer à satisfaire la demande mondiale en huile de palme alimentaire», explique Alain Karsenty, économiste au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Un phénomène reconnu par la Commission européenne sous l’appellation «changement d’affectation des sols indirect» (Casi), et dont le chercheur souhaite l’intégration dans le calcul du bilan carbone des agrocarburants. Si c’était le cas, «ceux à base d’huile de palme présenteraient le pire bilan carbone du marché», avec ceux à base de soja.

Discriminer ces agrocarburants à «fort impact Casi» permettrait d’éviter qu’une surface de forêts tropicales de 45.000 km2 selon lui, équivalente à celle des Pays-Bas, ne disparaisse d’ici 2030 rien qu’en Asie du Sud-Est. D’autant que d’autres secteurs, comme le transport aérien, pourraient s’intéresser aux carburants à base de palme ou de soja, ce qui serait catastrophique. Une position que la direction du Cirad ne soutient pas, voire contredit en minimisant en haut lieu les dégâts écologiques de l’huile de palme. Sans doute parce que cet établissement public possède des intérêts dans cette filière (vente de graines, etc), notamment via sa filiale PalmElit… créée en association avec le conglomérat Avril-Sofiprotéol. Proche de la FNSEA, ce dernier a bâti sa fortune (plus de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires) grâce aux agrocarburants à base de colza, certes moins climaticides que ceux à base de palme mais dopés aux pesticides, sans toutefois se priver d’importer de grosses quantités d’huile de palme.

Qui remportera le bras de fer et pèsera in fine le plus lourd auprès de l’exécutif ? L’alliance improbable de la FNSEA et Stéphane Travert avec les écologistes et Nicolas Hulot ? Ou Total, poids lourd du CAC 40 dont le patron, Patrick Pouyanné, répète que la bioraffinerie de La Mède est «soutenue par l’Etat au plus haut niveau», et qui s’est trouvé un allié de circonstance dans les industriels hexagonaux de l’armement soucieux de ne pas perdre de marchés en Asie du Sud-Est ?

A moins qu’une autre issue ne se dessine : un «en même temps» tout macronien. Nicolas Hulot a répété ces derniers jours dans les media que l’«avenir n’appartient pas à l’huile de palme» et que la France «soutient une position forte» au niveau européen pour sortir progressivement des agrocarburants les plus nocifs. Allusion aux discussions en cours à Bruxelles, après un vote du Parlement de l’UE en janvier en faveur de la suppression de l’huile de palme dans les moteurs d’ici 2021. Voilà qui permettrait au gouvernement de contraindre Total à abandonner cette matière première sans remettre en cause les engagements de l’exécutif précédent ni créer de distorsion de concurrence en Europe – le groupe redoute surtout une interdiction franco-française -, tout en permettant au pétrolier de s’assurer de confortables marges en attendant.

Plan de sortie

«Total fera probablement comme ses concurrents ENI [en Italie] et Neste Oil [en Finlande], qui ont fait tourner leurs raffineries avec le maximum d’huile de palme pendant deux ou trois ans, avant de diversifier leur approvisionnement avec des huiles plus chères, notamment parce que l’opinion publique n’est pas favorable à l’huile de palme», estime Fabien Cros, représentant CGT à La Mède. Le syndicaliste ne s’oppose pas à d’autres voies de reconversion de la raffinerie, ce que préconisent les Amis de la Terre. «Pourquoi ne pas développer ici des activités de recherche-développement autour des carburants et de l’hydrogène ? L’important, c’est que l’activité soit pérenne», dit-il. Total, qui affiche sa volonté d’être d’ici 2035 «LA major de l’énergie responsable intégrant le climat dans sa stratégie», n’a pas non plus intérêt à plomber son image avec l’huile de palme.

Déjà, plusieurs distributeurs de carburant se détournent de celle-ci. Leclerc l’a interdite, même si «en fait, c’est suite à des problèmes d’encrassement des moteurs quand le distributeur avait tenté d’en intégrer davantage à la fin des années 2000, avant la rupture technologique, l’hydrotraitement, qui permet le boom actuel», indique Sylvain Angerand, des Amis de la Terre. L’ONG a obtenu qu’Intermarché s’engage sur un plan de sortie d’ici trois ans. Et de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD, qui regroupe Casino, Auchan, Cora ou Carrefour) qu’elle demande au gouvernement de prendre en compte l’effet Casi pour distinguer les pires biocarburants.

De leur côté, 13 députés LREM ont adressé le 21 mai une lettre ouverte au PDG de Total –   dont Matthieu Orphelin et François-Michel Lambert – pour lui demander de renoncer à l’huile de palme. «Vous avez su faire un geste pour vos actionnaires en augmentant largement les dividendes […]. Vous seriez visionnaire en faisant à présent un geste fort pour la planète», polémiquent-ils en pointant les excellents résultats financiers du groupe. Les « premiers de cordée » ne sont pas toujours les bienvenus hors du champs des micros et caméras.