La discrimination se répand à travers les réseaux sociaux
Mouvement de pression, « Blockout » prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Initié aux Etats-Unis pour sanctionner les personnalités qui soutiennent Israël ou n’ont simplement pas pris position en faveur des Palestiniens dans la guerre en cours à Gaza, il se répand désormais partout dans le monde dressant des listes noires de personnalités à cibler. Pour éviter le boycottage, les célébrités se doivent de publier régulièrement du contenu dénonçant la contre-attaque israélienne à Gaza, consécutive au massacre de civils par les terroristes islamistes du Hamas et avec pour objectif la libération des otages.
En France, l’influenceuse Zazem, qui compte 24.000 abonnés, a créé en début de semaine une page dédiée qui explique l’objectif du mouvement. « Il s’agit de boycotter les personnalités qui tirent une partie importante de leurs revenus grâce aux réseaux sociaux et qui n’ont pas pris position en faveur de la Palestine. En les bloquant, l’algorithme cesse de proposer leurs contenus dans le fil d’actualité des utilisateurs et leur audience est diminuée, entraînant une réduction de leurs revenus », explique-t-elle. La page créée contient une liste de personnalités à boycotter dont Cyril Hanouna, Camille Lellouche Joann Sfar, Nabilla ou Soprano.
Pour ne pas être sujettes au boycott, est-il expliqué sur ce compte, les célébrités se doivent de publier régulièrement du contenu dénonçant les crimes israéliens à Gaza en utilisant certains termes : « génocide », au lieu de « guerre », « occupation », au lieu de « conflit », « apartheid », au lieu de « haine ».
Le mouvement « Blockout » exige par ailleurs que les personnalités cessent de collaborer avec certaines marques listées par le BDS et considérées comme pro-Israël. C’est d’ailleurs bel et bien ce même mouvement BDS qui serait à l’origine de l’initiative « Blockout ».
La « guillotine sèche »
Peu après l’événement culturel du Met Gala 2024, la plateforme TikTok a vu émerger de nombreuses vidéos aux statistiques fulgurantes où l’on pouvait voir s’entrechoquer des instants de la soirée fastueuse organisée par Anna Wintour et des vidéos de bombardements en Palestine. Appelé aussi « guillotine numérique », ce mouvement serait né d’une vidéo de l’influenceuse et mannequin Haley Baylee (Haley Kalil, de son vrai nom) qui s’est filmée en robe de soirée aux abords de la cérémonie du Met en prononçant en anglais la phrase attribuée à tort à Marie-Antoinette : « Qu’ils mangent de la brioche ! »
Présentée comme un mépris des souffrances des plus modestes, et plus particulièrement du peuple palestinien, la vidéo a rapidement été utilisée comme symbole d’une rébellion face à l’influence de célébrités qui seraient incapables en retour de dénoncer des injustices.
Dès lors, nombreuses sont les vidéos TikTok à établir des listes noires de célébrités ayant défendu Israël ou encore étant restées silencieuses depuis le 7 octobre sur le sort de la Palestine. Le hashtag #BlockOut2024 cumule sur l’application plus de 32.000 publications. Selon le medium numérique L’ADN, la superstar Kim Kardashian, accusée de soutenir Israël, aurait perdu plus de 800.000 abonnés ; même chose pour l’acteur Dwayne Johnson (aussi appelé The Rock) avec 398.000 followers perdus ou encore la chanteuse Beyoncé qui cumule une perte avoisinant les 700.000 abonnés.
En France, le compte Instagram @BlockOut2024_France référence plus de 60 personnalités à bloquer sur la liste de leurs abonnements. On y retrouve l’actrice Géraldine Nakache, les humoristes Camille Lellouche et Marie S’infiltre, la présentatrice Léa Salamé, l’acteur Pierre Niney, le footballeur Antoine Griezmann, le youtubeur Squeezie ou encore le dessinateur Joann Sfar. La liste va être étendue, a d’ores et déjà annoncé le compte.
« Bloquons les célébrités qui restent silencieuses face au génocide à Gaza », résume dans sa présentation le compte Instagram, qui inaugure ses attaques en s’en prenant publiquement à l’animateur Cyril Hanouna et à l’équipe de l’émission Touche pas à mon poste. Selon ce compte, qui cumule déjà plus de 20.000 abonnés, les personnes visées n’auraient eu « de cesse de relayer et d’amplifier la propagande israélienne » depuis le 7 octobre 2023.
Le mouvement BDS est-il derrière ce boycottage ?
Partenaire de la communication du compte @BlockOut2024_France, la militante Zazem prend dans sa video le mouvement BDS en exemple. « L’idée, c’est vraiment de suivre le fonctionnement de BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) en exerçant des actions ciblées », indique cette fille de féministe intersectionnelle et petite-fille de chef de tribu maraboutique, de son vrai nom Elsa Miské, montrant longuement le compte Instagram @CampagneBDSFrance, tout récemment à l’initiative d’un boycottage de l’Eurovision où concourait une candidate israélienne.
Déjà la cible de nombreuses critiques pour ses campagnes de boycott d’enseignes, le mouvement BDS a été épinglé en 2019 dans un rapport rédigé par Gilad Erdan, ministre israélien de la Sécurité intérieure, pour ses liens étroits avec le Hamas et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), tous deux inscrits sur la liste des organisations terroristes par de nombreux pays, dont la France.