L’Allemagne interdit un congrès sur la Palestine à Berlin

Et pourquoi pas à Téheran ?

Le Congrès sur la Palestine, qui devait se tenir à Berlin ce week-end du 12 avril avec plusieurs centaines de participants, à l’initiative de différentes organisations pro-palestiniennes, n’aura pas lieu. Le ministère de l’Intérieur a finalement interdit l’événement vendredi au bout de deux heures, en raison d’un risque de dérapages antisémites.

Des centaines de personnes, la plupart portant le keffieh, attendaient encore vendredi après-midi devant la porte d’un bâtiment trop petit pour une telle affluence. Le Congrès débute avec retard par la lecture des règles de conduite: interdiction de brûler des drapeaux, de faire l’apologie de la violence, d’appeler à la destruction d’Israël, de faire la publicité du FPLP, du Hamas ou des brigades Al-Qassam (branche armée du Hamas).

La journaliste radicale Hebh Jamal lance enfin les discussions, accusant son hôte, l’Allemagne, de « complicité de génocide à Gaza ».

Le second intervenant marque la fin du congrès. La police, qui entoure le bâtiment avec des forces impressionnantes, coupe le courant  lorsque apparaît sur écran le visage de Salma Abou Sitta, un chercheur palestinien de 86 ans interdit de séjour en Allemagne pour avoir salué, en janvier, « le courage des terroristes du Hamas ».

Vendredi, les organisateurs ont indiqué sur Telegram que Ghassan Abu Sitteh, un médecin palestinien spécialisé dans la chirurgie plastique et reconstructive s’était vu interdire l’entrée en Allemagne pour participer à la conférence.

La guerre à Gaza a suscité des controverses en Allemagne, où le fort soutien de Berlin à Israël a fait l’objet de critiques dans la population musulmane affirmant que les voix pro-palestiniennes ont été marginalisées. « La sécurité d’Israël est au cœur de la politique étrangère allemande » et l’Allemagne « rejette fermement » les accusations portées par le Nicaragua, a déclaré, le 9 avril dernier, l’avocate Tania von Uslar-Gleichen, parlant au nom de l’Allemagne devant la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, Aux mains depuis plus de 17 ans (2007) du dictateur Daniel Ortega, le Nicaragua a engagé une procédure contre l’Allemagne devant la CIJ, reprochant à Berlin de favoriser un génocide à Gaza du fait de son soutien à Israël. Des allégations que l’Allemagne rejette. 

Scandale Über files: l’Etat a « échoué à faire respecter la loi », confirme la Commisdion d’enquēte parlementaire 

Les députés établissent des liens entre Macron et ÜBER

Emmanuel Macron et le PDG d’Uber, Dara Khosrowshahi, à l’Elysée, le 23 mai 2018.
Macron et le PDG d’Über,
Dara Khosrowshahi, à l’Elysée,
le 23 mai 2018

Les députés dénoncent la complaisance de Macron et la faiblesse des autorités dans le dossier Über. Leur rapport publié mardi 18, confirme, un an après, les révélations de la presse.

Les Über Files sont plus de 124.000 documents confidentiels révélant comment l’entreprise américaine Über, lorsque la multinationale était dirigée par Travis Kalanick, a implanté son activité dans de nombreux pays et tenté de faire changer la législation à son avantage en menant une stratégie d’influence auprès et à l’aide de personnalités politiques de premier plan.

Comment une entreprise qui méprise autant les lois, avec le consentement de personnages au sommet de l’Etat, a-t-elle pu bénéficier d’autant de mansuétude des gouvernements. Telle est la question qui parcourt les 500 pages du rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Le document, fruit de six mois de travail, au cours desquels cent vingt personnes ont été auditionnées par les députés, soulève de nombreux dysfonctionnements dans la manière dont les services de l’Etat ont réagi au développement, en France, d’Über et d’autres plates-formes.

Les partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont le journal Le Monde, ont soulevé l’affaire avec une série d’articles publiée en juillet 2022 ciblant l’implantation de la plate-forme de transports en France et dans le monde. Une enquête fondée sur de nombreux documents internes transmis au quotidien britannique The Guardian par Mark MacGann, lobbyiste en chef d’Über en Europe de 2014 à 2016. Ils dévoilent comment l’entreprise a sciemment contourné les lois pour s’imposer face aux taxis ainsi que sa stratégie d’influence, notamment en France, où elle a noyé une relation étroite et orivilégiée avec Macron lorsqu’il était ministre de l’Economie de François Hollande et futur candidat à la présidentielle.

La députée La France insoumise de Paris Danielle Simonnet, rapporteure et principale instigatrice de la commission d’enquête, reprend et prolonge ces révélations dans son compte rendu. Ces travaux s’appuient en partie sur les mêmes documents, mais aussi sur les auditions des principaux acteurs du dossier – à l’exception des anciens membres du cabinet de Macron –, ainsi que de nouvelles pièces, plus récentes.

Ce que confirme la commisdion d’enquête de l’Assemblée nationale

Le 12 octobre 2018, des livreurs se rassemblaient à Paris pour protester contre la baisse de leur rémunération.

Le rapport d’enquête cite pêle-mêle : le service de livraison à domicile Deliveroo ; Getir, qui propose de livrer très rapidement des produits frais, mais aussi Stuart, une filiale de Geopost (le réseau international de livraison de colis de La Poste), ou encore StaffMe, qui fait se rencontrer des jeunes et des entreprises recherchant un renfort ponctuel. Même constat pour Mediflash, une plateforme qui met en relation des aides-soignants et des Ehpad, et qui a bénéficié d’importants financements de la Banque publique d’investissement (BPI) française.

Un soutien qui continue après 2017

La commission a aussi enquêté sur la période qui a suivi les Über Files. Car le soutien de Macron à Über ne se serait pas arrêté en 2017. Le rapport en donne d’abord une interprétation plutôt politique, estimant que toutes les lois et réglementations qui ont été adoptées après cette date ont certes, conféré des droits nouveaux aux chauffeurs Uber, mais ce faisant, elles auraient empêché tout débat sur une éventuelle transformation de ces chauffeurs indépendants en employés. Selon le rapport, Über « a opté pour une nouvelle stratégie collaborative et a décidé d’accompagner le renforcement des droits des travailleurs… pour éviter toute requalification de ces travailleurs en salariés« .

Cette question n’a donc été traitée qu’au cas par cas, et à chaque fois, par la justice. Le 20 janvier 2023, le conseil des prud’hommes de Lyon a requalifié 139 chauffeurs en salariés. Mais cette décision, qui est encore frappée d’appel, n’a aucun caractère jurisprudentiel. Autrement dit, elle ne peut pas être étendue aux autres chauffeurs.

Au service de l’Etat après avoir travaillé pour Über

Le rapport relate aussi des faits qui interrogent sur l’éventuelle influence qu’Über continuerait d’avoir en France. D’abord, la commission a établi que l’entreprise américaine avait encore eu 34 échanges avec les services du président de la République entre 2018 et 2022. Tandis que 83 échanges ont été identifiés durant la même période avec le ministère des transports.

Mais on apprend aussi qu’un cabinet de conseil américain, AT Kearney, a proposé à Uber de créer un comité d’orientation pour travailler sur une évolution du dialogue social entre la plateforme et ses chauffeurs. Il propose alors qu’il soit présidé par Bruno Mettling, un ancien DRH chez Orange, expert des conséquences de la transformation numérique sur l’organisation du travail, qui a lui-même créé un cabinet de conseil baptisé « Topics ». Jusqu’ici rien de surprenant.

Mais lorsqu’en décembre 2021, Elisabeth Borne, alors ministre du Travail, décide de mettre au point un groupe de travail pour plancher sur l’évolution du cadre réglementaire des plateformes en France, elle confie sa direction au même Bruno Mettling. Et lorsque sera créée en avril 2022 une Autorité des Relations sociales des Plateformes d’Emploi (ARPE), sa présidence sera une nouvelle fois confiée à… Bruno Mettling. L’intéressé, lui, n’y voit aucun conflit d’intérêt. Devant la commission d’enquête, il a justifié le fait qu’il ait travaillé pour Uber, par son expertise sur le sujet. Et il s’est défendu : « Je ne suis pas ici pour défendre la société Über compte tenu de la neutralité que m’impose ma fonction de président de l’ARPE. »