LFI importe Gaza dans les européennes avec la candidature d’une Palestinienne

Renaissance dénonce une candidature qui « drague l’électorat antisémite ». 

Rima Hassan

La controversée militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate pour La France Insoumise aux européennes, incarne la volonté du mouvement d’extrême gauche d’imposer Gaza dans le paysage européen et d’enfoncer le clou antisémite de sa condamnation d’Israël.

La juriste de 31 ans, spécialiste de la question des réfugiés – qu’elle connaît intimement car née dans un camp de réfugiés en Syrie et arrivée en France à l’âge de 10 ans – est très connue dans les milieux d’ultra gauche, mais nettement moins du grand public.

Celle qui qualifie Israël d' »entité coloniale fasciste » ou qui dit que cet Etat « ment tous les jours », est accusée d’avoir estimé après le 7 octobre qu’il serait « vrai » que le mouvement islamiste palestinien Hamas mène une action légitime, dans un entretien avec le medium Le Crayon, chaîne YouTube de débats et d’actualités dans laquelle le milliardaire Xavier Niel (groupe Le Monde) a investi. Un extrait tronqué, répond-elle, regrettant « une censure » de ses « développements et réponses étayées » et précisant avoir qualifié le Hamas de « groupe terro ».

Rima Hassan, une activiste islamiste anti-Israël à Strasbourg ?

La liste des Insoumis aux élections de juin a été dévoilée ce mercredi en début d’après-midi. En septième position, elle accueille Rima Hassan, activiste pro-palestinienne au profil plutôt sulfureux.

Manuel Bompard nie la volonté de LFI d’élargir son audience dans l’électorat musulman. Le numéro deux de LFI refuse le terme de « clivant » qualifiant la Palestinienne, rejetant sur les journalistes cette manie de créer des histoires là où il n’y en aurait pas. Non, dit-il, l’universitaire de 32 ans « n’a jamais soutenu le Hamas », pas plus que les élus LFI ne l’ont fait – la députée Danièle Obono l’a pourtant qualifié de « mouvement de résistance ».

La jeune femme de 32 ans, juriste en droit international, milite pour une Palestine « de la mer au Jourdain » (« from the river to the sea »), un slogan génocidaire entonné par l’OLP dès 1960 et le Hamas qui implique le démantèlement de l’Etat d’Israël tel qu’il existe. Et qui suggère un continent musulman « de l’Atlantique à l’Oural »?

Une proche du député David Guiraud

Guiraud, le gringalet du second rang à droite,
et la Palestinienne pour représenter la France,
au premier rang au centre

Rima Hassan était présente aux côtés du député David Guiraud – dont elle est très proche – lorsque l’élu avait dit lors d’une conférence à Tunis en novembre 2023 : « Le bébé dans le four, ça a été fait, c’est vrai, par Israël, la maman éventrée, ça a été fait, c’est vrai, par Israël. » L’hebdomadaire Marianne rapporte aussi que, lors d’une autre conférence, toujours en novembre, à la question « Le Hamas mène une action légitime ? », Rima Hassan avait répondu : « Vrai ».

La jeune femme évoque son histoire d’enfant réfugiée pour expliquer son combat. Cette Palestinienne est née à Alep, en Syrie, dans ce qui fut un camp de réfugiés, et a grandi à Neirab, une ville intégrée à Alep. Elle n’est donc pas, à proprement parler, une réfugiée : seuls ses grands-parents le sont. Mais elle se bat pour la reconnaissance d’un droit transmissible de ce statut jusqu’aux arrière-petits-enfants de réfugiés, une hypothèse exclue par les accords d’Oslo de 1993. A 10 ans, elle arrive à Niort, PS, et devient française à sa majorité.

LFI agitée du cerveau et de remous

Jusqu’à l’attaque terroriste des islamistes du Hamas, le 7 octobre 2023, son combat en faveur des réfugiés et sa connaissance du sujet sont reconnus. Le magazine Forbes la classe, en août 2023, parmi les « quarante femmes d’exception qui ont marqué l’année et qui ont fait rayonner la France à l’international » (sic), et le groupe L’Oréal de Françoise Bettencourt Meyers l’avait choisie comme membre de son « conseil global pour la diversité et l’inclusion ».

Mais, au fur et à mesure que Rima Hassan se dévoile et prend avec virulence le parti de la Palestine et attaque Israël, le vent tourne. Le 8 novembre dernier, L’Oréal suspend le contrat qui les liait. Le magazine Forbes, de son côté, a préféré annuler la cérémonie 2024 des quarante femmes d’influence, qui devait se tenir le 3 février. La jeune activiste comptait y venir entourée de militants pour promouvoir sa lutte.

Les prises de position de l’universitaire semblent aussi avoir provoqué des remous à LFI. Selon nos informations, les Insoumis étaient partagés. Une candidature de Rima Hassan était soutenue par les députés Thomas Portes, Carlos Martens Bilongo et surtout David Guiraud. Mathilde Panot, en revanche, était beaucoup plus réservée — ce qu’elle dément, réfutant « une quelconque réserve ».

De bons connaisseurs du Proche-Orient auraient appelé Mélenchon à la prudence. Syriens, Jordaniens, Hamas, Fatah : il est difficile de savoir exactement quels sont les soutiens de Rima Hassan dans cette région où un faux pas diplomatique est très vite commis…

Si elle devait être élue, parmi les eurodéputés LFI, Rima Hassan devrait être à son aise. En octobre 2023, trois eurodéputés Insoumis, dont Manon Aubry, avaient refusé de voter une résolution condamnant les attaques du Hamas. Certes, ces trois parlementaires avaient bien entériné le paragraphe condamnant « les attaques terroristes et les meurtres abjects commis par le Hamas contre Israël », mais avaient refusé de voter l’entièreté de la résolution.

Le 17 janvier, c’est l’eurodéputé LFI d’origine réunionnaise Younous Omarjee, ancien assistant parlementaire du communiste Paul Vergès, qui déposait un amendement proposant de remplacer le terme « terroriste », pour évoquer le Hamas, par celui de « groupes armés palestiniens ». L’amendement a été rejeté. Mais Younous Omarjee, membre de l’intergroupe LGBT du Parlement européen depuis 2012, ne l’est pas par LFI : il figure à la très honorable deuxième place sur la liste aux européennes.

Le communiste Fabien Roussel juge que Rima Hassan n’est pas une voix « de paix ». Le chef des députés Renaissance trouve même que cette candidature « drague l’électorat antisémite ». Certes, la juriste spécialiste des migrations et activiste franco-palestinienne a des positions sur le conflit israélo-palestinien très éloignées de celles généralement défendues dans les démocraties occidentales, mais elle assure parler la langue du droit international (du moins celle de la Cour internationale de justice, CIJ,) et porter la voix des réfugiés oubliés. Pour en savoir plus: lien 20 minutes

A propos, où Mathilde Panot (LFI) situe-t-elle la Palestine :

Omar Sy ?

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