Les automobilistes se protègent et combattent la mobilisation contre la réforme des retraites

La loi sur les jerrycans à la pompe sert-elle les grévistes ou les Français?

Pénurie de carburant ou grève : avons-nous le droit de remplir des bidons et nous prémunir contre l’adversité, voire la combattre ? Alors qu’en octobre 2022, un tiers des stations services françaises étaient concernées par des pénuries, les files s’étiraient pour accéder à la pompe. En cas de panne, est-il possible de remplir un jerrican de carburant ? 

Selon la loi, il est autorisé de transporter jusqu’à cinq litres d’essence maximum, mais seulement si notre véhicule est tombé en panne« Il n’est possible de mettre cinq litres dans un jerrican qu’à condition d’être en panne. Si c’est par précaution, c’est interdit », précisa Me Michel Benezra, avocat en droit routier. 

Une marge de tolérance

Mais, face aux difficultés croissantes d’approvisionnement en carburants du fait de la pénurie – suite à l’incurie des pouvoirs publics – ou d’un mouvement social, des automobilistes ont été conduits à contourner la règle en remplissant des jerricans de carburants pour faire des réserves, comme le montrent des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux.

Or, plusieurs préfectures, principalement dans les Hauts-de-France, en région parisienne et dans le sud du pays, n’ont rien trouvé de mieux que de leur compliquer davantage la vie en leur interdisant de remplir un bidon à la pompe. Les automobilistes prévoyants qui refusent de se mettre en difficultés risquent une amende pouvant aller jusqu’à 150 euros.

Pénurie de carburants ? A la mi-octobre dernier, le gouvernement n’a pas cherché à aider les Français dans l’adversité dont il a lui-même accumulé les causes. Il a en effet appelé les préfets à restreindre la vente et le remplissage des jerricans, quoi qu’il arrive. Notre protecteur, Macron, est partisan de la double peine…

Le gouvernement va demander aux préfets d’étendre l’interdiction de la vente et l’achat de carburant dans un jerrican ou un bidon.Une « mesure pour éviter les sur-stockages« , selon Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique. La grève dans les raffineries se poursuivit, accentuant le blocage dans les stations services et le recours aux bidons. Stockage de sécurité, sans exagération culpabilisante (« sur-stockage ») d’un pouvoir qui, entre deux élections, n’aime pas les Français.

Alors que la grève dans les raffineries était reconduite, le gouvernement appelait à sévir contre les usagers, plutôt que les bloqueurs. 

Les préfectures les plus zélées furent la Meuse (F), les Yvelines, l’Eure-et-Loir (F), la Seine-Saint-Denis, le Vaucluse (F), les Vosges (F), le Val-d’Oise, le Pas-de-Calais, le Nord et la Somme. 27 sur 107 sont des préfètes (F), mais elles sont plus connues que leurs homologues masculins. Les mesures qu’elles prennent sont souvent plus radicales et anticipent davantage les prises laborieuses de décisions du pouvoir central.

« Eviter les sur-stockages »: le stockage est donc légal

Où commence le sur-stockage ? « Nous allons prendre des mesures pour éviter les sur-stockages qui contribuent à amplifier les difficultés que nous vivons sur le terrain », a ainsi indiqué la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, un beau soir au micro de Franceinfo, comme si elle était privée de chauffeur. 

« Je le redis aux Français : ne faites pas de stocks de précaution, car cela aggrave la situation », a-t-elle exhorté, dénonçant, dans les stations-service, une « surconsommation » qui a étendu, selon elle, les difficultés sur la façade atlantique, jusqu’ici épargnée.

Selon les chiffres du gouvernement, 29,7% des stations-service françaises connaissaient alors des difficultés d’approvisionnement sur un produit au moins. Et c’était la faute des usagers… En vérité, le diesel, qui n’est pas produit en France, n’est pas autant vulnérable que l’essence aux mouvements sociaux intérieurs si son orix venait à flamber les semaines à vevur, ce serait pour financer la pénurie d’essence. Mais ceci est une autre affaire, impliquant aussi Macron qui a milité auprès de l’UE pour le couplage des prix de l’électricité et du gaz.

Reste qu’une marge de tolérance existe aujourd’hui, complexifiant d’ailleurs le maintien dans les clous : la préfecture des Hauts-de-France a par exemple décidé d’interdire le remplissage de jerricans, « sauf nécessité dûment justifiée par le client et vérifiée, en tant que de besoin, avec le concours des services de police et de gendarmerie locaux ». Autrement dit, cherchez le curseur : les dérogations sont possibles, si vous pouvez justifier que vous êtes bien en panne, le tout étant de ne pas abuser de cette possibilité. « Certains pourraient être tentés de remplir plein de jerricans, alors que d’autres en auraient besoin éventuellement », déplore un automobiliste dans le reportage du JT de 20 heures sur TF1.

De manière générale, pour éviter de devoir prononcer des sanctions (et des amendes), les préfectures en appellent « à la responsabilité et au civisme de chacun », ce qui ajoute à la confusion. Et libère du sentiment éventuel de culpabilité.

Dernière précaution : puisque les carburants sont des « matières dangereuses », comme le rappelle finement Me Michel Benezra, « il n’est donc pas possible de transporter l’essence dans n’importe quelle bouteille : il faut des jerricans homologués ». A cette condition, au final, nous faisons à votre guise.

D’autant que, cette fois, dans le contexte actuel, non de pénurie, mais de blocage, il s’agit de contrecarrer le mouvement social.

Les 30 centimes de Bercy tombent à 10 centimes à la pompe

Macron ne peut pourtant prendre le risque d’une colère populaire

TotalEnergies et Bercy
récupèrent leurs centimes
sur les taxes et les quantités

Le yoyo des prix à la pompe continue. Mais tous les automobilistes ne sont pas logés à la même enseigne. L’aide à l’achat de carburant de 30 centimes mise en place par le gouvernement depuis le 1er septembre sera ramenée à 10 centimes dès ce 16 novembre, après seulement six semaines. L’exécutif cherche le moyen de maintenir le bouclier fiscal au bénéfice unique des «gros rouleurs», les travailleurs et donc les entreprises.

Il n’y aura pas de nouveau délai supplémentaire accordé à tous. Si la ristourne de quelques centimes a été prolongée de quinze jours par rapport à la date initialement annoncée, les aides à l’achat de carburant – 30 centimes d’euro par litre pris en charge par l’Etat (la dette publique transmise à nos enfants), 20 centimes supplémentaires par litre par TotalEnergies dans ses stations – chutent dès mercredi 16 novembre, mais tous les automobilistes ne seront pas matraqués à la pompe: certains n’auront pas à payer plein pot pour rouler à 30 km/h dans les villes.

Fin du dispositif en janvier

La ristourne gouvernementale à la pompe de 30 centimes, en vigueur depuis le 1er septembre, sera ramenée à 10 centimes dès ce mercredi. En parallèle, la réduction de 20 centimes mise en place par le groupe TotalEnergies va également diminuer de 10 centimes. Les deux dispositifs prendront fin au 1er janvier 2023.

Le diesel à plus de 2 euros

Selon les derniers chiffres dévoilés par le ministère de la Transition écologique, le litre de sans-plomb 95 se moyennait à 1,68 euro. Celui du diesel à 1,80 euro et du sans-plomb 98 à 1,71 euro. Avec la baisse des aides, chaque litre coûtera entre 20 et 30 centimes plus cher selon les stations.Mécaniquement, le prix du gazole passera au-dessus de 2 euros. Idem pour le SP 98, la moyenne de 1,71 euro étant tiré vers le bas par la ristourne de TotalEnergies. Au 1er janvier, ce sera au tour du sans-plomb 95 de dépasser ce chiffre symbolique, synonyme d’angoisse pour des nombreux usagers des routes.

Un dispositif pour les gros rouleurs

La remise gouvernementale, qui a coûté 7,5 milliards d’euros à l’Etat, doit se transformer en une aide ciblée, destinée aux «gros rouleurs». Gabriel Attal, le ministre du Budget, annonçait ce lundi matin sur LCI qu’elle visera les «Français qui utilisent leur voiture pour aller travailler, qui, souvent, ont du mal à joindre les deux bouts». Si les contours du projet sont encore flous, celui-ci pourrait prendre la forme d’un remboursement sur les kilomètres parcourus

Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, déclarait dimanche sur une chaîne privée d’information que le nouveau dispositif «devrait concerner entre 11 et 12 millions» de personnes. Quant à la durée de celui-ci, le ministre s’est montré plus évasif : «tant que ce sera nécessaire» ajoutant que des précisions seront apportées tant sur la durée que sur le coût estimé.

Ruptures d’approvisionnement

Face à la diminution de ces ristournes, les automobilistes se sont rués sur les stations ce week-end. Selon les estimations de la branche distributeurs carburants du syndicat Mobilians, on compte une surconsommation comprise entre 10 et 30 %. Cet afflux a entraîné des ruptures d’approvisionnement. A l’échelle nationale, ce sont près de 21 % des sites qui étaient à sec pour au moins un type de carburant, essence ou gazole, sur un échantillon de 9.900 stations.

France 2 a vérifié huit affirmations de Macron dans l’émission « L’Evénement »

Les propos de Macron, sujets à caution ?

Le chef de l’Etat inspire-t-il si peu confiance que le service public de France 2 doive passer ses déclarations au détecteur de mensonges ? : la chaîne publique de télévision a vérifié huit assertions du chef de l’Etat dans l’émission « L’Evénement » du mercredi 26 octobre présentée par Caroline Roux qui s’est contentée de hocher la tête jusqu’à ce qu’elle remette Macron en place : « A un moment donné, il faut que je pose des questions« … Le président de la République a réussi à faire sortir la journaliste de ses gonds.

Une heure d’entretien sur les enjeux nationaux. Après une émission consacrée aux problématiques internationales, Macron était de nouveau invité de l’émission politique « L’Evénement », mercredi 26 octobre sur France 2, pour s’exprimer, six mois après sa réélection, sur des questions de politique intérieure, quinze jours après une première réquisition de la chaîne publique, le 12 octobre. Huit déclarations du chef de l’Etat ont fait sourciller France Info.

1- La France fait-elle mieux que ses voisins pour contenir l’inflation, comme il l’affirme ?

« Nous avons mieux maîtrisé l’inflation que nos voisins », s’est félicité Macron en début d’entretien. « Un peu plus de la moitié du choc a été pris par l’Etat », a affirmé le président de la République. Selon les derniers chiffres de l’Insee, les prix ont augmenté de 5,6% sur un an en septembre. Comme ces derniers mois, c’est néanmoins une hausse des prix moins importante que chez nos voisins européens. Par exemple, l’Italie est à 9,5%, l’Allemagne à 10,9% et l’Estonie à 24,2%, selon les données d’Eurostat.

Le chef de l’Etat a loué sur France 2 l’action du bouclier tarifaire mis en place il y a un peu plus d’un an (blocage des prix du gaz et hausse plafonnée à 4% pour ceux de l’électricité) et l’aide sur les carburants instaurée en avril. Selon une analyse de l’Insee, le bouclier tarifaire a effectivement réduit de moitié cette hausse des prix. Sans ces mesures, l’inflation aurait été 3,1 points plus élevée. L’institut national de la statistique affirme que les Français les plus modestes sont ceux qui subissent le plus fortement l’augmentation des prix de l’énergie.

2- Le gouvernement a-t-il évité une hausse de 100% sur les prix de l’énergie ?

Interrogé plus particulièrement sur les prix de l’énergie, Macron a chiffré le bénéfice apporté, selon lui, par le bouclier tarifaire, qui va être prolongé en début d’année prochaine, mais entraînera tout de même des augmentations de tarifs sur les factures des Français. « Là où il y aurait dû avoir 100% de hausse d’électricité et de gaz, ce sera 15% [début 2023]« , a-t-il asséné, reprenant ainsi des annonces faites par Elisabeth Borne mi-septembre.

Au mois de septembre, le président de la République déclarait même qu’une augmentation de 120% du prix de l’électricité serait évitée grâce au plafonnement des tarifs instauré par le gouvernement: une estimation probablement surestimée. Interrogé fin septembre par franceinfo, Jacques Percebois, économiste de l’énergie, estimait que, sans bouclier tarifaire, cette augmentation serait moitié moindre: elle ne serait que d’environ 63%. Macron joue sur des maxima gonflés…

Le problème, estime Jacques Percebois, c’est qu’on ne peut pas déterminer avec exactitude la hausse des prix de l’énergie en 2023. Et pour cause : c’est sur une moyenne lissée, calculée à partir des données de fin décembre, qu’on pourra précisément évaluer l’augmentation du prix de l’électricité.

3- Le 49.3 sur le budget a-t-il évité plusieurs milliards d’euros de dépenses inutiles ?

Pour le président de la République, l’usage du 49.3 pour le vote du budget 2023 – déjà deux fois avant la troisième au même instant à l’Assemblée – était, selon lui, nécessaire pour éviter un dérapage des finances publiques. « Le gouvernement a eu raison de faire voter ce budget, y compris face à toutes les oppositions, qui étaient parfois dans la démagogie », a estimé le chef de l’Etat qui a perdu sa majorité absolue.

« Il a évité plusieurs milliards de dépenses à perte peu utiles, mais nous avons déjà un déficit public qui sera de 5% l’année prochaine. » (Macron à franceinfo)

Macron fait référence aux nombreux amendements votés par les oppositions, dont le coût a été estimé à environ 8 milliards par Bercy, explique Le Point. Au total, en retenant une centaine d’amendements (essentiellement ceux de la majorité), le gouvernement a alourdi la note du budget 2023 de 700 millions d’euros. Mais il a refusé d’autres amendements qui proposaient pourtant de nouvelles recettes, comme celui pour une taxe sur l’exil fiscal des chefs d’entreprise ou celui pour une taxe sur les super-dividendes.

4- Manque-t-il plusieurs milliards d’euros pour le régime des retraites ?

Macron a évoqué un besoin de financement futur de 10 à 12 milliards pour justifier la nécessité d’une réforme des retraites. Selon le dernier rapport (en PDF) du Conseil d’orientation des retraites (COR), le système de retraites français va connaître un excédent de 3,2 milliards d’euros en 2022, mais le solde global des régimes de retraites va effectivement « se dégrader sensiblement » dès 2023. Le « trou » anticipé par le COR pourrait atteindre entre 7,5 et 10 milliards d’euros en 2027, puis entre 12,5 milliards et 20 milliards en 2032.

Certains économistes, comme Michael Zemmour, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, estiment cependant que le déficit annoncé par le gouvernement pourrait être en réalité moins important que prévu. « Les chiffres du COR ne sont pas utilisables pour regarder réellement le déficit entre 2027 et 2037, c’est-à-dire précisément la période où le déficit est le plus élevé. On ne peut pas se faire un avis sur des chiffres trop gonflés par un artefact », explique-t-il à La Dépêche du Midi.

5- Le taux de pauvreté est-il resté stable pendant la pandémie de Covid-19 ?

La perche est tendue à Macron dans la question. Il n’a pas craint d’affirmer que le « taux de pauvreté ne s’est pas aggravé » durant la pandémie de Covid-19. Une étude publiée par l’INSEE, filiale de Bercy, a effectivement vu une « quasi-stabilité du taux de pauvreté » par rapport à 2019, malgré la crise sanitaire. L’Insee nuance pourtant son constat en admettant que la mesure de la pauvreté a été compliquée durant cette période. Macron ne tient pas compte que l’INSEE met en garde contre les limites de son étude, car près de 1,4 million de personnes, précisément les plus précaires (comme les étudiants, les sans domicile fixe ou les pensionnaires de maison de retraite) n’ont pas pu être prises en compte dans son périmètre d’analyse. Ses chiffres n’ont d’autre intérèt que d’alimenter la propagande de l’éxécutif.

L’Insee écrit par ailleurs dans une note, publiée en 2021, avoir enregistré une hausse du recours à l’aide alimentaire de 11% ainsi qu’une hausse des inscriptions auprès des associations caritatives de 7%, signes d’une aggravation de la précarité.

6- L’objectif de 2 millions de voitures électriques produites chaque année est-il réaliste ?

Le président de la République a déclaré qu’un objectif de « deux millions de véhicules électriques » produits en France est fixé pour la fin du quinquennat. Est-il tenable ? L’objectif est ambitieux puisqu’il revient à multiplier par plus de six la production actuelle (300.000 voitures). Il n’est toutefois atteignable que si la filière se réorganise profondément, ce qui perdure sur plusieurs dizaines d’années déjà…

Pour y parvenir, les constructeurs tricolores devront produire leurs propres batteries. Ce qui n’edt toujours pas le cas, puisqu’ils en sont toujours à investir dans des giga-usines. Les deux principaux constructeurs français, Renault et Stellantis (ex-PSA), devront cependant procéder à « un changement de culture » pour travailler ensemble et développer de manière coordonnée une filière industrielle sur les batteries, afin de réduire leur dépendance envers les fabricants asiatiques. On voit que les propos de Macron sont déconnectés du quotidien. A-t-il seulement été interrogé sur sa casse du nucléaire français ?

7- Sur les OQTF, la situation française est-elle comparable à celle de ses voisins européens ?

La question est biaisée, si on considère qur le fond du problème est plutôt leur non-exécution.« C’est une situation qu’on a partout en Europe, assène celui qui se croit par ailleurs supérieur à ses homologues.«   Interrogé sur les difficultés pour faire aboutir les obligations de quitter le territoire français (OQTF) – seules 5,6% de ces mesures ont été appliquées au premier semestre 2021, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur cités dans un rapport du Sénat –, le chef de l’Etat avance que la situation française se vérifie « partout en Europe ».

Là encore, le président Macron profite que les comparaisons en la matière sont difficiles, compte tenu des différences de législations, selon les pays. D’ailleurs, cette affirmation est plutôt fausse, relève Le Figaro. En comparant avec plusieurs voisins (l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas), la France expulse en moyenne davantage en valeur absolue, mais « elle est le pays dans lequel les OQTF sont le moins suivies d’effets », selon le quotidien.

Dans le détail, le taux d’exécution des OQTF était de 15,02% en 2017, 14,63% en 2018 et 12,61% en 2019, selon Le Figaro. A noter que le quotidien s’appuie sur les données d’Eurostat plutôt que sur celles du ministère de l’Intérieur pour pouvoir comparer avec les autres pays européens. Aux Pays-Bas, par exemple, ce même taux était de 39,49% en 2017, 49,23% en 2018 et 43,46% en 2019.

8- Le gouvernement est-il parvenu à augmenter le nombre de départs forcés ?

« On est passé de 12.300 départs forcés sur la période 2007-2011 (…) à 19.000 avant le Covid. Donc on a nettement amélioré », a balancè Macron. Le président de la République s’appuie une fois encore sur les chiffres de son administration. Selon les données du ministère de l’Intérieur, le nombre d’éloignements forcés était de 15.677 en 2018 et 18.906 en 2019, avant de chuter à 9.111 en 2020, année de la pandémie. En remontant un peu le temps, on remarque que ce nombre était en moyenne de 14.000 pendant le quinquennat de François Hollande, selon des chiffres compilés par l’AFP.

Sur la période 2007-2011, le nombre de départs forcés tourne bien autour de 12.000. Mais, en vérité, le nombre total de sorties du territoire (forcées ou non) varie peu au fil des années. On retrouve des chiffres relativement similaires que ce soit en 2011 (32 912) sous Hollande et en 2019 (31.404), sous Macron, en dépit de l’augmentation exponentielle du nombre de cas relevant d’une OQTF.

Ce que Macron ne comprendra jamais et que Jérémy Ferrari tente de faire entrer dans le crâne de Gabriel Attal:

Macron cherche à exister: il s’est encore installé sur France 2 en prime time

Retour du service public à l’ORTF ?

Décor lugubre de la décroissance

Macron est dans l’émission politique «l’Evénement» tous les quinze jours. Cette émission semble être la sienne: elle n’a encore pas connu d’autre invité ! En Russie, Poutine n’en fait pas tant… Peut-être le nord-coréen Kim Jong-un l’envie-t-il d’avoir une presse à sa botte ?

Après le mercredi 12 octobre, le mercredi 26. En permance en arrêt au milieu du gué, le président a tenté, à l’aide de graphiques sortis du sac, de se faire passer pour l’homme d’action qu’il n’est pas. L’ex-James Bond hélitreuillé sous les caméras, le pseudo Tom Cruise en blouson de cuir de Top Gun, le champion de tennis au Touquet ou en vedette de « Plus belle la vie », relooké en lunettes de soleil et en sneakers inappropriées pour les obsèques de la reine Elisabeth, a tenté mercredi 26 d’apparaître en capitaine au milieu de la tempête, présent en temps de crise mais inflexible, notamment sur l’âge de départ à la retraite ou l’indexation des salaires sur l’inflation. La coiffure avait encore changé de coupe et de couleur, mais Le Redoutable, premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE), c’était lui. Problème: il a été désarmé en décembre 1991.

Les Macron, vedettes d’opérette,
sous protection à Londres,
la veille des obsèques de la reine Elisabeth II…

A peine six mois de mandat passés, ses seconds cent jours derrière lui, pas la moindre annonce dans sa besace, mais déjà le besoin de rappeler «le cap» de son quinquennat. Hollande, le capitaine de pédalo, ne quittait pas le port, mais le navire de ce capitaine-là ne l’atteint jamais. Macron voyage dans sa tête et, hier soir, il nous a présenté « Tempête sous un crâne, » car le président va mal: rien ne bouge et il aurait un coup de mou.

Il a vu de la lumière à France 2 et il s’est donc encore invité mercredi soir pour un second grand oral en deux semaines. Impuissant en tout, il compte sur le verbe pour faire à la France un enfant dans le dos: l’inflation a enflé et va exploser et l’approvisionnement en énergie va manquer cet hiver. «Nous sommes en train de traverser une crise. Des crises, même», lapalissade lâchée en préambule par notre « protecteur », développant dans les foyers un climat de peur propice à tous les abus. Il en est ainsi à son troisième recours à l’article 49.3, en une semaine, pour effacer le Parlement, les élus du peuple.

En baisse dans les enquêtes d’opinion, avec à peine 35 % (?) de Français satisfaits de son action dans le dernier baromètre du Journal du dimanche, le chef de l’Etat espère embobiner les Français à la télé. Il cherche donc à enrailler la spirale et de répondre à ce que la presse aux ordres appelle un sentiment, au pire, un procès, en déconnexion qui lui serait intenté par l’opposition au moment des pénuries d’essence, comme si sa politique n’était pas en cause, pour ne pas avoir anticipé les conséquences de la guerre en Ukraine et de son hostilité à Poutine, derrière un autre déconnecté, le va-t-en guerre américain d’un autre âge, Joe Biden, resté bloqué dans les glaces d’une Guerre froide terminée depuis trente années. «Ça touche nos vies. Ça touche la vie de beaucoup de compatriotes qui ont du mal», compatit l’histrion Macron en évoquant les conséquences de l’inflation, allant même jusqu’à citer le pourcentage («50 %») de hausse des prix du poulet ces dernières semaines. Seuls les flics n’y ont pas droit.

«La France du travail et du mérite» opposée à celle des fainéants

Sans surprise, ni nouvelle dépense, il tente d’endosser les guenilles du président protecteur et raisonnable. «Protecteur» – à très court terme – du pouvoir d’achat des Français, à qui il rappelle au passage que leur situation – avec 5,6 % d’inflation en rythme annuel – est moins délicate -provisoirement – que les 10 % en moyenne dans le reste de la zone euro: quznd nous seront à 10% en décembre, nos voisins seront peut-être à 5,6%… «Un peu plus de la moitié de ce choc a été pris en charge par l’Etat», ose-t-il avancer, en rappelant les divers boucliers tarifaires et ristournes sur les prix du carburant déjà mis en place. Car, pour cet ancien ministre de F. Hollande, « ça ne coûte rien, c’est l’Etat qui paye ». Or, depuis novembre 2014, les Français ont appris que ce sont leurs enfants qui paieront les primes, ristournes et boucliers tarifaires de Macron. Celui qui n’a pas touché à la « taxe intérieure de consommation des produits énergétiques » (TICPE) a effetcimmédiat: l’effet retard sera supporté par les générations à venir.

Raisonnable (?), en se disant soucieux des équilibres budgétaires. Non sans piquer à la droite la rengaine de la «France du travail et du mérite», il rappelle son opposition à l’indexation des salaires sur l’inflation : «Si je vous disais [cela] ce soir […] alors nous détruirions des centaines, des milliers d’emplois,» assène-t-il, glaçant la population, avant de revenir très rapidement sur ses «méthodes musclées» de négociation de Total. Il a ainsi rappelé qu’il prévoit, ce qu’il n’a pas anticipé, dans le cadre de son Conseil national de la refondation (CNR), de mettre en place «une grande conférence sur le partage de la valeur» qui pourrait aboutir à sa proposition de campagne de «dividende salarié». On a déjà eu le « grand débat national » (et sa tournée en terres amies), avec les résultats que l’on sait, mais il remet ça, car, s’il se dit innovant, ça ne se voit pas; il est sec comme une figue de trois ans. «Quand on crée de la valeur, la première chose c’est d’investir, dit-il en direction des grandes entreprises sans, pour autant, annoncer de mécanisme contraignant. En ménageant la chèvre et le chou, celui qui ne contrôle rien, reste au milieu du gué. « Ça ne marche pas si on donne trop aux actionnaires et que les travailleurs n’en voient pas la valeur.» Empathie populiste qui le mouille aux chevilles.

Après avoir accusé les Français de manquer de « calme » dans les files d’attente aux pompes à essence, Macron tente maintenant de se valoriser en assurant que son gouvernement «fait» payer les grandes entreprises qui ont réalisé des «superprofits» durant la crise. «Ces profits, on les reprend et on vous les distribue dans les aides», ajoute-t-il, précisant très (trop ?) rapidement que cette «contribution» se fait à l’échelle européenne. C’est pas moi, c’est elle, disent les gamins !…

Une nouvelle fois armé de petits graphiques choisis par l’Elysée pour appuyer son propos, Macron est surtout venu sur France 2 pour faire la retape de son projet de réforme des retraites. Loin de renoncer à son objectif de faire travailler les Français plus longtemps et d’une entrée en vigueur à l’été 2023, dans huit mois, à la faveur des congés payés, il esquisse toutefois un geste de remerciement en direction de la fidèle CFDT en évoquant la possibilité de reculer progressivement l’âge légal de départ à 64 ans – et non 65 ans, comme dans son projet initial – une concession sous condition que la mesure soit accompagnée d’un allongement de la durée de cotisation de quelques trimestres. Et quatre trimestres, ça fait toujours un an… «Moi, je suis ouvert [sic]. Le tout c’est que notre modèle retombe sur ses pieds», fantasme-t-il. Façon de donner du grain à moudre dans les concertations menées par le gouvernement cet automne.

Ouvert, mais pas trop: le pied dans la porte. «Il y a une concertation, mais pas pour ne rien faire», menace-t-il, comme s’il souhaitait « en même temps » convaincre l’électorat de droite qu’il ne cède pas à l’immobilisme.

Mélenchon et la Nupes, ennemi public n°1

La réforme peut-elle être votée à l’Assemblée nationale sans recourir à l’article 49.3 ? «Je souhaite que des accords soient trouvés», hasarde-t-il. Une main tendue vers Les Républicains, et quelques bourre-pifs pour Jean-Luc Mélenchon et la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), qu’il accuse de collusion avec l’extrême droite après le vote par le Rassemblement national de la motion de censure de la colition héteroclite des quatre groupes de gauche, lundi. «Vous pensez que nos compatriotes qui ont voté pour un député socialiste ou écologiste, ils lui ont demandé de porter une majorité avec des députés du Rassemblement national, lance-t-il dans une tentative de désolidariser l’électorat de gauche modérée de la Nupes.

Contrairement à ce qu’il avait laissé entendre à huis clos devant les dirigeants de la majorité, le 28 septembre, Macron refuse de confirmer qu’il pourrait dissoudre l’Assemblée nationale en cas de vote d’une motion de censure. «Pourquoi voudriez-vous ce soir que je me lie les mains ?» minaude le stratège de pacotille, faisant mine de s’interroger… « en même temps » qu’il laisse planer le doute: «II y a des instruments qui sont dans la main du président de la République», ajoute-t-il, laissant aussi entendre qu’il pourrait user du référendum : «Croyez moi, je connais la Constitution !,» assure-t-il, en réponse aux accusations d’amateurisme. Macron se place dans «le camp» de ceux qui «résist [ent] dans les crises, [veulent] bâtir un pays plus fort, plus juste […] plutôt que [dans] le camp de celles et ceux qui croient dans le désordre». Ca ne mange pas de pain! Il en fait son «cap»«un guide». Balivernes ! 

Blocage de raffineries: la colère des automobilistes monte

150 grévistes d’extrême gauche pourrissent la vie de leurs concitoyens

«Ça devient de pire en pire» face à la pénurie de carburant. Alors que des paysans menacés par la misère se suicident, des salariés nantis bloquent le pays. La grève dans les raffineries se poursuit chez TotalEnergies, rendant toujours très difficile l’accès aux stations-service pour les automobilistes, après trois semaines de bouleversement de la vie des Français. Chez certains conducteurs, la colère monte et la fatigue se fait ressentir. D’autres réclament de vraies réquisitions générales par le gouvernement, resté trop dans l’exhortation et les primes.

Alors que cinq raffineries sur sept sont encore bloquées malgré la signature vendredi d’un accord majoritaire, sans la CGT, syndicat révolutionnaire minoritaire, quelques extrémistes mènent une action de déstabilisation politique. la première ministre, Elisabeth Borne, menace d’avoir à nouveau recours à des réquisitions pour soulager les automobilistes pris en otages. En Ile-de-France, près d’une station sur deux est à sec, ce matin, tandis que la presse aux ordres noie le poisson en balançant des statistiques concernant la pénurie de « un ou plusieurs carburants », un amalgame dissimulant l’ampleur de la galère des automobilistes.

« C’est une situation qui n’est pas du tout acceptable »

Depuis 4 heures du matin, la file d’attente ne cesse de s’allonger, des dizaines de voitures débordent sur le périphérique parisien. Certains automobilistes doivent dormir dans la voiture une bonne partie de la nuit devant la pompe, en attendant désespérément du diesel, lequel est pourtant importé, puisque la France sous emprise écologiste est dépendante. Les automobilistes pointent la peur de Macron qui hésite à procéder aux réquisitions nécessaires : « Il aurait dû le faire assez rapidement parce que c’est une situation qui n’est pas du tout acceptable. On comprend bien la revendication autour de la hausse des salaires mais c’est nous qui payons les pots cassés, pas l’Etat. Il aurait dû le faire depuis très longtemps ».

A la pompe d’à côté, telle autre automobiliste, que le blocage de dépôts de carburants épuise, arbore des yeux cernés. « Je me dis que chacun doit faire un effort et ne pas vouloir lâcher parce qu’ils ont décidé qu’ils voulaient gagner du temps, je ne comprends pas. Tout le monde doit faire des efforts », insiste-t-elle. Les Français perdent ainsi de vue qu’en démocratie, les minorités n’imposent pas leur volonté à la majorité.

« Ça devient de pire en pire »

Reconduite au moins jusqu’à mercredi, la grève peut-elle encore durer deux et trois semaines ? Les automobilistes savent d’expérience que le redémarrage d’une raffinerie prend plusieurs semaines. « On verra ce que ça va donner d’ici une semaine ou deux. Apparemment, ça devrait s’améliorer, mais ça devient de pire en pire », déclare l’automobiliste.

Macron fait le contraire de ce que savent les étudiants de première année en économie. Avec ses primes et ristournes à la pompe – renouvelées par E. Borne dimanche 16 octobre – ajoutées à celle de TotalEnergies, pour ne pas affronter la CGT, l’ex-banquier alimente non seulement la pénurie, mais aussi l’inflation. Les automobilistes sont en effet incités à épuiser les réserves des dépôts pour maintenir leurs réservoirs pleins à moindre coût à la pompe, à quelques jours des vacances scolaires et des migrations de la Fête des morts. L’ex-conseiller et ministre de l’économie de François Hollande ne peut par ailleurs ignorer que ces primes et ristournes sont inflationnistes et que le prétexte politique de soutien des Français est illusoire et en définitive trompeur, voire mensonger, puisque leur pouvoir d’achat sera au final amputé par la hausse mécanique des prix, en période d’augmentation de la demande de produits de consommation.

L’humoriste Philippe Caverivière évoque la colère des Français qui réservent, selon lui, un sort très particulier à Philippe Martinez, patron de la CGT:

S’il faut positiver…