Débat Attal/Bardella : Bellamy dénonce l’arbitraire de France 2

Bellamy, pas si lisse, pousse un coup de gueule en direct

Caroline Roux, journaliste dévouée à Macron

La tête de liste des Républicains aux élections européennes, François-Xavier Bellamy, a mis les pendules à l’heure en direct dans l’émission L’Evénement ce jeudi 23 mai, après la confrontation entre Gabriel Attal et Jordan Bardella.

Le député européen a confié qu’il a « hésité à venir »« Je crois que ce qu’il s’est passé est en réalité le signe d’une crise démocratique assez profonde qui se révèle dans la mise en scène à laquelle nous avons assisté. Parce que c’est une mise en scène », tacle-t-il.

« Qu’est-ce qui permet d’organiser la confrontation entre ces deux personnes, l’un est le Premier ministre, même pas la candidate » tête de liste de la majorité Valérie Hayer, regrette François-Xavier Bellamy.

Fureur de Caroline Roux qui n’accepte pas d’être prise en défaut

Si la journaliste Caroline Roux rappelle que les deux hommes se sont expliqués sur les raisons de leurs présences au début du débat, François-Xavier Bellamy s’inquiète de l’inéquité du service public audiovisuel, puisqu’il a arbitrairement sélectionné, pas même le candidat du président de la République, mais… son premier ministre, lequel n’est même pas sur sa liste, pour contrer le candidat RN qui caracole en tête, Jordan Bardella. Effarant, sauf pour Mme Roux ! La tête de liste LR  dénonce aussi une autre atteinte à la démocratie. Pourquoi la liste PS n’est-elle pas conviée à débattre, puisqu’elle tutoie celle de Macron dans les sondages . « Qu’est-ce qui vous permet de les avoir invités eux ? Les intentions de vote ? Dans ce cas je ne plaide pas pour moi, si on regardait les sondages il aurait fallu au moins inviter Raphaël Glucksmann. » Ce dernier est placé troisième dans les sondages (13,6 %), juste derrière Valérie Hayer (16,1 %), que Gabriel Attal supplée sur France 2 pour pallier ses insuffisances. La tête de liste LR souligne donc qu’elle n’est pas responsable de l’arbitraire qui frappe Glucksmann. France 2 a-t-elle craint de donner un coup de pouce à celui qui, avec 14,5%, peut du jour du lendemain « doubler » Valérie Hayer (15%) dont Attal a l’arrogance de prétendre doper le score ? LR est pour sa part loin derrière et récolte 7 % des intentions de vote. La liste Rassemblement national de Jordan Bardella mène largement la danse (31,1 %, voire 33%, selon l’Ifop).

Bellamy sera présent au débat du 4 juin sur France 2

Piquée au vif, Caroline Roux revient à la charge, en rappelant que François-Xavier Bellamy a répondu oui à l’invitation du 4 juin toujours sur France 2. « Tous les candidats seront invités. Vous voyez quand même la différence. Tous les candidats seront là », souligne le vice-président des Républicains. Reste que tous ne le sont pas le 23…

Et, rancunière, la journaliste revient sur la mise au point qui l’indispose, provoquant un troisième reproche: « C’est extrêmement grave. On nous a fait le coup déjà tellement de fois. En 2017, Macron-Le Pen; en 2019, Macron-Le Pen; en 2022, Macron-Le Pen. En 2024 à nouveau on va nous expliquer que c’est ça le sujet, alors que pardon mais rien ne justifie que ce soir le service public mette en scène ce débat. Rien. Ni les sondages et surtout pas la réalité du débat européen. »

Caroline Roux laisse paraître son aigreur en qualifiant de  » happening  » les remarques préliminaires de la tête de liste LR, que l’on dit lisse, et demande alors si François-Xavier Bellamy accepte de commenter le débat, raison pour laquelle il est sur le plateau. Mais le philosophe relève cette fois l’outrecuidance de la journaliste qui lui prête le rôle de commentateur et il insiste : « Je veux essayer d’expliquer ce qui est en train de se jouer. (…) La vérité, c’est qu’il y a aujourd’hui plus de la moitié des Français qui ne se reconnaissent pas dans le débat auquel on vient (d’assister). Je suis venu par respect pour eux. » Et il n’a pas l’intention de jouer les commentateurs du débat…

Roux et France Télévisions désavoués de toutes parts

Cette mise au point a été applaudie par les Républicains et notamment par le patron du parti Eric Ciotti, qui a posté sur X : « Le scénario médiatique organisé du duel entre Macron [Attal] et Le Pen [Bardella] est insupportable dans une démocratie comme la nôtre. François-Xavier Bellamy le dénonce remarquablement ce soir. » 

Mais aussi par le communiste Ian Brossat, pour qui François-Xavier Bellamy a « mille fois raison ».

Mercredi, Eric Ciotti avait écrit au régulateur de l’audiovisuel Arcom pour lui demander « d’imposer » à France Télévisions « une égalité de traitement » entre les têtes de listes aux européennes.

Avant lui, le premier secrétaire du PS Olivier Faure s’était aussi adressé à l’Arcom pour s’insurger de l’organisation de ce débat, y voyant un « problème démocratique fondamental » à moins de trois semaines du vote.

On attend que l’Arcom se prononce sur le parti-pris gouvernemental de  l’émission L’événement, le rendez-vous (très) politique de France Télévisions, animé par l’épouse du patron de Facebook France. Le 14 juillet 2022, elle se vit confier l’entretien, avec Anne-Claire Coudray, du président Macron. En octobre 2022, elle s’entretint seule avec le chef de l’Etat dans L’Événement, alors nouvelle émission politique de France 2.

France 2 a vérifié huit affirmations de Macron dans l’émission « L’Evénement »

Les propos de Macron, sujets à caution ?

Le chef de l’Etat inspire-t-il si peu confiance que le service public de France 2 doive passer ses déclarations au détecteur de mensonges ? : la chaîne publique de télévision a vérifié huit assertions du chef de l’Etat dans l’émission « L’Evénement » du mercredi 26 octobre présentée par Caroline Roux qui s’est contentée de hocher la tête jusqu’à ce qu’elle remette Macron en place : « A un moment donné, il faut que je pose des questions« … Le président de la République a réussi à faire sortir la journaliste de ses gonds.

Une heure d’entretien sur les enjeux nationaux. Après une émission consacrée aux problématiques internationales, Macron était de nouveau invité de l’émission politique « L’Evénement », mercredi 26 octobre sur France 2, pour s’exprimer, six mois après sa réélection, sur des questions de politique intérieure, quinze jours après une première réquisition de la chaîne publique, le 12 octobre. Huit déclarations du chef de l’Etat ont fait sourciller France Info.

1- La France fait-elle mieux que ses voisins pour contenir l’inflation, comme il l’affirme ?

« Nous avons mieux maîtrisé l’inflation que nos voisins », s’est félicité Macron en début d’entretien. « Un peu plus de la moitié du choc a été pris par l’Etat », a affirmé le président de la République. Selon les derniers chiffres de l’Insee, les prix ont augmenté de 5,6% sur un an en septembre. Comme ces derniers mois, c’est néanmoins une hausse des prix moins importante que chez nos voisins européens. Par exemple, l’Italie est à 9,5%, l’Allemagne à 10,9% et l’Estonie à 24,2%, selon les données d’Eurostat.

Le chef de l’Etat a loué sur France 2 l’action du bouclier tarifaire mis en place il y a un peu plus d’un an (blocage des prix du gaz et hausse plafonnée à 4% pour ceux de l’électricité) et l’aide sur les carburants instaurée en avril. Selon une analyse de l’Insee, le bouclier tarifaire a effectivement réduit de moitié cette hausse des prix. Sans ces mesures, l’inflation aurait été 3,1 points plus élevée. L’institut national de la statistique affirme que les Français les plus modestes sont ceux qui subissent le plus fortement l’augmentation des prix de l’énergie.

2- Le gouvernement a-t-il évité une hausse de 100% sur les prix de l’énergie ?

Interrogé plus particulièrement sur les prix de l’énergie, Macron a chiffré le bénéfice apporté, selon lui, par le bouclier tarifaire, qui va être prolongé en début d’année prochaine, mais entraînera tout de même des augmentations de tarifs sur les factures des Français. « Là où il y aurait dû avoir 100% de hausse d’électricité et de gaz, ce sera 15% [début 2023]« , a-t-il asséné, reprenant ainsi des annonces faites par Elisabeth Borne mi-septembre.

Au mois de septembre, le président de la République déclarait même qu’une augmentation de 120% du prix de l’électricité serait évitée grâce au plafonnement des tarifs instauré par le gouvernement: une estimation probablement surestimée. Interrogé fin septembre par franceinfo, Jacques Percebois, économiste de l’énergie, estimait que, sans bouclier tarifaire, cette augmentation serait moitié moindre: elle ne serait que d’environ 63%. Macron joue sur des maxima gonflés…

Le problème, estime Jacques Percebois, c’est qu’on ne peut pas déterminer avec exactitude la hausse des prix de l’énergie en 2023. Et pour cause : c’est sur une moyenne lissée, calculée à partir des données de fin décembre, qu’on pourra précisément évaluer l’augmentation du prix de l’électricité.

3- Le 49.3 sur le budget a-t-il évité plusieurs milliards d’euros de dépenses inutiles ?

Pour le président de la République, l’usage du 49.3 pour le vote du budget 2023 – déjà deux fois avant la troisième au même instant à l’Assemblée – était, selon lui, nécessaire pour éviter un dérapage des finances publiques. « Le gouvernement a eu raison de faire voter ce budget, y compris face à toutes les oppositions, qui étaient parfois dans la démagogie », a estimé le chef de l’Etat qui a perdu sa majorité absolue.

« Il a évité plusieurs milliards de dépenses à perte peu utiles, mais nous avons déjà un déficit public qui sera de 5% l’année prochaine. » (Macron à franceinfo)

Macron fait référence aux nombreux amendements votés par les oppositions, dont le coût a été estimé à environ 8 milliards par Bercy, explique Le Point. Au total, en retenant une centaine d’amendements (essentiellement ceux de la majorité), le gouvernement a alourdi la note du budget 2023 de 700 millions d’euros. Mais il a refusé d’autres amendements qui proposaient pourtant de nouvelles recettes, comme celui pour une taxe sur l’exil fiscal des chefs d’entreprise ou celui pour une taxe sur les super-dividendes.

4- Manque-t-il plusieurs milliards d’euros pour le régime des retraites ?

Macron a évoqué un besoin de financement futur de 10 à 12 milliards pour justifier la nécessité d’une réforme des retraites. Selon le dernier rapport (en PDF) du Conseil d’orientation des retraites (COR), le système de retraites français va connaître un excédent de 3,2 milliards d’euros en 2022, mais le solde global des régimes de retraites va effectivement « se dégrader sensiblement » dès 2023. Le « trou » anticipé par le COR pourrait atteindre entre 7,5 et 10 milliards d’euros en 2027, puis entre 12,5 milliards et 20 milliards en 2032.

Certains économistes, comme Michael Zemmour, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, estiment cependant que le déficit annoncé par le gouvernement pourrait être en réalité moins important que prévu. « Les chiffres du COR ne sont pas utilisables pour regarder réellement le déficit entre 2027 et 2037, c’est-à-dire précisément la période où le déficit est le plus élevé. On ne peut pas se faire un avis sur des chiffres trop gonflés par un artefact », explique-t-il à La Dépêche du Midi.

5- Le taux de pauvreté est-il resté stable pendant la pandémie de Covid-19 ?

La perche est tendue à Macron dans la question. Il n’a pas craint d’affirmer que le « taux de pauvreté ne s’est pas aggravé » durant la pandémie de Covid-19. Une étude publiée par l’INSEE, filiale de Bercy, a effectivement vu une « quasi-stabilité du taux de pauvreté » par rapport à 2019, malgré la crise sanitaire. L’Insee nuance pourtant son constat en admettant que la mesure de la pauvreté a été compliquée durant cette période. Macron ne tient pas compte que l’INSEE met en garde contre les limites de son étude, car près de 1,4 million de personnes, précisément les plus précaires (comme les étudiants, les sans domicile fixe ou les pensionnaires de maison de retraite) n’ont pas pu être prises en compte dans son périmètre d’analyse. Ses chiffres n’ont d’autre intérèt que d’alimenter la propagande de l’éxécutif.

L’Insee écrit par ailleurs dans une note, publiée en 2021, avoir enregistré une hausse du recours à l’aide alimentaire de 11% ainsi qu’une hausse des inscriptions auprès des associations caritatives de 7%, signes d’une aggravation de la précarité.

6- L’objectif de 2 millions de voitures électriques produites chaque année est-il réaliste ?

Le président de la République a déclaré qu’un objectif de « deux millions de véhicules électriques » produits en France est fixé pour la fin du quinquennat. Est-il tenable ? L’objectif est ambitieux puisqu’il revient à multiplier par plus de six la production actuelle (300.000 voitures). Il n’est toutefois atteignable que si la filière se réorganise profondément, ce qui perdure sur plusieurs dizaines d’années déjà…

Pour y parvenir, les constructeurs tricolores devront produire leurs propres batteries. Ce qui n’edt toujours pas le cas, puisqu’ils en sont toujours à investir dans des giga-usines. Les deux principaux constructeurs français, Renault et Stellantis (ex-PSA), devront cependant procéder à « un changement de culture » pour travailler ensemble et développer de manière coordonnée une filière industrielle sur les batteries, afin de réduire leur dépendance envers les fabricants asiatiques. On voit que les propos de Macron sont déconnectés du quotidien. A-t-il seulement été interrogé sur sa casse du nucléaire français ?

7- Sur les OQTF, la situation française est-elle comparable à celle de ses voisins européens ?

La question est biaisée, si on considère qur le fond du problème est plutôt leur non-exécution.« C’est une situation qu’on a partout en Europe, assène celui qui se croit par ailleurs supérieur à ses homologues.«   Interrogé sur les difficultés pour faire aboutir les obligations de quitter le territoire français (OQTF) – seules 5,6% de ces mesures ont été appliquées au premier semestre 2021, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur cités dans un rapport du Sénat –, le chef de l’Etat avance que la situation française se vérifie « partout en Europe ».

Là encore, le président Macron profite que les comparaisons en la matière sont difficiles, compte tenu des différences de législations, selon les pays. D’ailleurs, cette affirmation est plutôt fausse, relève Le Figaro. En comparant avec plusieurs voisins (l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas), la France expulse en moyenne davantage en valeur absolue, mais « elle est le pays dans lequel les OQTF sont le moins suivies d’effets », selon le quotidien.

Dans le détail, le taux d’exécution des OQTF était de 15,02% en 2017, 14,63% en 2018 et 12,61% en 2019, selon Le Figaro. A noter que le quotidien s’appuie sur les données d’Eurostat plutôt que sur celles du ministère de l’Intérieur pour pouvoir comparer avec les autres pays européens. Aux Pays-Bas, par exemple, ce même taux était de 39,49% en 2017, 49,23% en 2018 et 43,46% en 2019.

8- Le gouvernement est-il parvenu à augmenter le nombre de départs forcés ?

« On est passé de 12.300 départs forcés sur la période 2007-2011 (…) à 19.000 avant le Covid. Donc on a nettement amélioré », a balancè Macron. Le président de la République s’appuie une fois encore sur les chiffres de son administration. Selon les données du ministère de l’Intérieur, le nombre d’éloignements forcés était de 15.677 en 2018 et 18.906 en 2019, avant de chuter à 9.111 en 2020, année de la pandémie. En remontant un peu le temps, on remarque que ce nombre était en moyenne de 14.000 pendant le quinquennat de François Hollande, selon des chiffres compilés par l’AFP.

Sur la période 2007-2011, le nombre de départs forcés tourne bien autour de 12.000. Mais, en vérité, le nombre total de sorties du territoire (forcées ou non) varie peu au fil des années. On retrouve des chiffres relativement similaires que ce soit en 2011 (32 912) sous Hollande et en 2019 (31.404), sous Macron, en dépit de l’augmentation exponentielle du nombre de cas relevant d’une OQTF.

Ce que Macron ne comprendra jamais et que Jérémy Ferrari tente de faire entrer dans le crâne de Gabriel Attal: