L’homme jugé pour avoir « conditionné » le tueur était… Franco-tchétchène
Le procès d’Abdoul-Hakim Anaiev, Français d’origine tchtéchène accusé d’avoir joué un rôle central dans le conditionnement du terroriste islamiste qui a poignardé à mort un jeune Parisien en mai 2018 dans la capitale, s’ouvre ce mercredi. D’origine tchétchène, comme l’auteur de l’attentat, il nie avoir influencé son meilleur ami.
Les djihadistes:
- Abdoul-Hakim Anaiev, accusé d’avoir « conditionné » son « meilleur ami », le djihadiste français d’origine tchétchène qui avait tué un passant à Paris près de l’Opéra en mai 2018, est jugé devant la cour d’Assises spéciale de Paris, à partir de ce mercredi.
- Armé d’un couteau de cuisine, Khamzat Azimov s’en était pris en tout à une dizaine de personnes jusqu’à ce que trois policiers appelés au secours arrivent sur les lieux. Les fonctionnaires avaient tenté de le maîtriser à l’aide d’un taser, puis l’avaient abattu.
- « Membre actif » de la propagande pro-Etat islamique sur Twitter, l’accusé est soupçonné d’avoir présenté Khamzat Azimov à d’autres sympathisants de Daesh et des personnes « radicalisées », dont certaines avec des « idées de départ en Syrie » et des « projets d’attentats ».
C’est avant tout le procès d’un périple sanglant, un peu oublié. Un rendez-vous judiciaire attendu par les nombreuses victimes qui ont croisé le chemin de Khamzat Azimov, un soir de mai 2018, dans le quartier de l’Opéra Garnier, à Paris. Armé d’un couteau de cuisine, ce Franco-Russe de 20 ans, né en Tchétchénie et radicalisé, blesse une dizaine de passants et tue un homme de 29 ans qui sortait du travail. Les tirs des policiers, intervenus rapidement, mettent fin à son périple meurtrier, long de six minutes.
Avec la mort de l’auteur de l’attaque, revendiqué par Daesh quelques heures après, l’action publique s’éteint. D’autant que l’enquête ne permettra pas d’identifier des complices. Pourtant, le box des accusés ne sera pas vide, ce mercredi, à la cour d’assises spécialement composée.
Le terroriste agresse un jeune couple, qui allait au restaurant, en hurlant « Allah Akbar ». Après ça, il tente de porter des coups de couteau à la gorge d’un jeune homme, sans y parvenir. A 20h44, rue du Gaillon, il s’attaque à une femme sans abri âgé de 54 ans et lui porte des coups de couteau au visage et dans le dos. Puis, il fonce sur un homme de 33 ans qui revenait d’un dîner entre amis au restaurant et tente de lui porter un coup avec son arme dans le ventre. A 20h48, Khamzat Azimov emprunte le passage Choiseul, où il croise la route d’une femme de 52 ans. Il se jette sur elle, la roue de coups et tente de la poignarder, elle aussi, en criant « Allah Akbar ».
A 20h48, il emprunte une nouvelle fois la rue Saint-Augustin où il se retrouve face à trois policiers à qui il hurle : « Je vais vous planter. Tire, tire ». Ils finissent par ouvrir le feu sur lui à deux reprises après avoir tenté de l’arrêter avec leur taser. Il meurt des suites de ses blessures.
Un assaillant « renfermé » et « taiseux »
Le lendemain, Daesh revendique l’attentat sur Telegram. Le groupe terroriste diffuse la vidéo testamentaire de l’assaillant. Cette diffusion prouve que l’assaillant « avait réussi à nouer, de son vivant, des liens avec des sympathisants ou des membres de l’organisation qui lui avaient fourni le mode opératoire pour lui permettre cette proclamation d’allégeance », estiment encore les juges d’instructions.
Le terroriste est identifié par les enquêteurs comme étant Khamzat Azimov, un jeune réfugié d’origine tchétchène, arrivé en France avec ses parents en 2010. Après avoir vécu un temps à Strasbourg, ce jeune homme « renfermé » et « taiseux » habitait avec sa famille dans un hôtel, dans le 18e arrondissement de Paris. Il avait déjà été entendu, en avril 2017, dans le cadre d’une procédure pour association de malfaiteurs terroriste concernant Inès H., l’épouse religieuse de son meilleur ami, Abdoul-Hakim Anaiev. A l’époque, la jeune femme avait tenté à deux reprises de se rendre en Syrie pour rejoindre Daesh.
L’avocat au barreau de Nice de Abdoul-Hakim Anaiev, Me Florian Lastelle, n’a pas souhaité faire de commentaire avant l’ouverture du procès. Après l’assassinat de Dominique Bernard, professeur dans un lycée d’Arras, le 13 octobre dernier, par un ancien élève de nationalité russe, selon la presse maquilleuse, pour ne pas dire tchétchène (elle dit parfois « ingouchie »), le pénaliste « espère qu’il n’y aura aucun amalgame de fait dans la presse » avec cet attentat. Le procès de Abdoul-Hakim Anaiev doit durer jusqu’au 31 octobre.
Deux femmes interpellées à Paris
En mai 2015, le procureur de Paris, François Molins, avait également annoncé l’interpellation à Paris de deux jeunes femmes «proches de Abdoul Hakim A. et de Khamzat Azimov», dans le cadre de l’information judiciaire ouverte notamment pour assassinat et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste.
L’une d’elles, Inès Hamza, est une jeune Francilienne radicalisée qui s’était mariée religieusement avec Abdoul Hakim A. avant de tenter de partir en Syrie, avait-on appris de sources concordantes. L’autre femme est une de ses amies, selon une source proche de l’enquête.
En janvier 2017, Inès Hamza avait été mise en examen pour association de malfaiteurs à visée terroriste et placée sous contrôle judiciaire dans une instruction à Paris où trois autres femmes sont impliquées, selon des sources proche de l’enquête.
Outre le sujet du droit d’asile génereusement accordé par l’Ofpra aux Caucasiens, notamment tchétchène, la question de la binationalité est à nouveau soulevée. Comme à l’Opéra, les terroristes djihadistes assassins de professeurs, Samuel Paty, puis Dominique Bernard, sont des « migrants, » à qui l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, l’Ofpra, dont le directeur général nommé par décret du président de la République, 2019, ne cesse de reconnaître la qualité de réfugiés.