Sondage : Bardella à 34% après son débat avec Attal

Hayer recule encore

Bardella, 44%, Hayer 15%: Macron humilié
ne se remet pas en question

Attal n’a pas réussi à bloquer la progression de Bardella : le premier ministre a-t-il boosté les intentions de vote pour le RN ? Avec 34 % d’intentions de vote, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes, engrange deux points en un mois et conforte sa position d’ultra-favoris, selon le dernier relevé du baromètre politique d’Odoxa, réalisé par Mascaret* pour Public Sénat et la presse quotidienne régionale, et publié ce mardi 28 mai. A rebours, la liste de Renaissance, du Modem, d’Horizons et de l’UDI, conduite par Valérie Hayer, continue de se tasser. Avec seulement 15 % d’intentions de vote, elle perd 0,5 point en un mois.

Ce sondage a été réalisé après le débat Attal-Bardella du 23 mai et Macron enrage: les 19 points qui séparent désormais le RN de la coalition présidentielle laissent entendre que ce duel n’a pas servi la cause des macroniens, quand bien même de nombreux commentateurs dévots ont salué la bonne performance du premier ministre face au président du RN. « Le débat Attal-Bardella n’a clairement pas profité à la liste Renew (Renaissance), ne permettant même pas à Valérie Hayer de maintenir une distance de sécurité avec le 3ème homme de cette élection, Raphaël Glucksmann », relève Gaël Sliman, président d’Odoxa.

La tête de liste Parti socialiste–Place publique, protégé de la presse et de ses entreprises de sondages dans cette campagne électorale, poursuit en effet sa invraissemblable progression, si invraissemblable soit-elle, tant Glucksmann est creux et mauvais orateur. Alors que 13,5 % des sondés se disent certains d’aller voter pour lui si l’élection devait se tenir dimanche prochain, il grappille 1,5 point en un mois, soit la plus forte (et incroyable) progression de ce baromètre après celle de Jordan Bardella. Avec une marge d’erreur comprise entre 1,8 et 2,5 points, le croisement des courbes espéré par les socialistes et redouté par Renaissance pourrait déjà être en cours.

Valérie Hayer, le placoplâtre du scrutin

Glucksmann, le pistonné des media, bénéficie d’un coefficient sympathie incompréhensible dans le classement des personnalités politiques, où il se maintient à la 12e place, avec une cote d’adhésion à 20 %, loin devant Valérie Hayer, à la 20e place avec seulement 11 % des Français interrogés qui disent éprouver de la sympathie à son égard.

« Avec toujours près d’un Français sur deux ne la connaissant pas (47 %), et surtout seulement 12 % de cote d’adhésion (en recul de 1 point depuis le mois dernier), contre 39 % de rejet (+4 points), la championne de Renaissance, toute eurodéputée sortante qu’elle soit, non seulement ne progresse pas, mais recule même dans l’opinion depuis un mois », relève Gaël Sliman. « Le fait qu’il ait fallu la remplacer par le ‘PM’dans un débat avec son rival du RN pour voler au secours de sa campagne n’a sans doute pas crédibilisé sa position dans l’opinion », note encore le sondeur, qui ne mentionne même pas les affiches où Macron, puis Attal sont apparus derrière le meilleur choix du président, là encore déconnecté.

Jordan Bardella, quant à lui, continue de caracoler dans les hauteurs du classement, à la seconde position, juste derrière Edouard Philippe, avec une cote d’adhésion à 36 %. « La domination de Jordan Bardella est écrasante. Avec 36 % de cote d’adhésion contre 40 % de « rejet », il est de loin la tête de liste la plus appréciée par les Français », souligne Gaël Sliman. Le traitement médiatique du cas Philippe est un mystère de plus: moins il en fait, plus il gagne la sympathie des Français ? Le pousser sur le devant de la scène paraît mal à propos, puisqu’il n’est pas candidat aux européennes. Le sondeur cherche-t-il à combler un vide dans le camp présidentiel ? Toutes choses étant égales par ailleurs, la gratification de l’inaction est de mauvais augure dans l’optique du scrutin des présidentielles.

Les candidats décrochés sont parmi les plus bruyants ou agressifs

A la quatrième position des intentions de vote pour le scrutin du 9 juin prochain : la liste LFI de Manon Aubry, qui stagne à 7 %, à égalité avec celle du LR François-Xavier Bellamy, qui perd un point par rapport au classement du mois d’avril, bien que les commentateurs saluent ses opérations de contestation, comme devant Sciences-Po Paris occupé par des propalestiniens, et qu’il ait démontré sa pugnacité. Etrangement,  François-Xavier Bellamy reste l’une des têtes de liste suscitant le plus de sympathie, derrière Jordan Bardella et Raphaël Glucksmann, avec 16 % d’adhésion, mais sans modifier l’appréciation des sondeurs.

En sixième position, Marie Toussaint, l’écologiste radicale propalestinienne qui  marginalise l’environnement, plafonne à 6 % des intentions de vote. Les éco-fanatiques pourraient voir leur belle performance de 2019 divisée par deux.

Quant aux communistes menés par le jeune Léon Deffontaines, qui veut « redonner un nouveau souffle à la Gauche », ils sont crédités de seulement 2%. 

Sondages européennes 2024 : la liste Renew de Macron poursuit sa descente aux enfers à un mois du scrutin

Macron mobilise ses ministres sans faire bouger les lignes

Plus il parle,
plus Hayer recule

Dans un mois, la campagne pour les élections européennes sera terminée et les électeurs auront voté. A exactement quatre semaines de la date butoir, les principales têtes de liste sont entrées dans le vif de sujet, après un débat réunissant (pour la première fois) l’ensemble des sept principaux candidats organisé le 2 mai, un déploiement de ministres sur le terrain et une série de petites déclarations du président à l’occasion de la moindre prise de parole.

A ce stade, le tableau des rapports de force confirme plusieurs tendances.

La première : le décrochage continu de la tête de liste du camp présidentiel Valérie Hayer. Si les soutiens de la présidente du groupe Renew au Parlement européen jurent que rien n’est joué pour la liste du président et que la bataille électorale n’a pas encore commencé, force est de constater que la liste ne cesse de se faire rattraper par son poursuivant, le candidat PS-Place Publique Raphaël Glucksmann, sans qu’on sache par quel miracle. V. Hayer n’a pas fait une bonne opération avec le débat en face à face avec Jordan Bardella (RN) et le PS veut croire en un croisement des courbes.

Si près de trois points séparent Valérie Hayer de Raphaël Glucksmann, et que l’outil utilisé n’est en rien prédictif mais permet de tracer des tendances, les trajectoires de chacun montrent qu’il pourrait s’agir du véritable match de cette élection européenne, sur fond de possible retour à gauche d’une part de l’électorat social démocrate un temps séduit par Macron, mais échaudé par les coups de barres à droite successifs du président obsédé par le succès des options de la droite nationale qui lui infligent le désaveu de ses choix fédéralistes qui font monter  et s’échapper le RN.

D’autant que les grands sujets européens mobilisés par le camp présidentiel sont également porteurs pour le fondateur de Place-Publique, également très identifié sur ces enjeux.

Très loin devant, à 31,1 %, Jordan Bardella apparaît par ailleurs hors de portée de la candidate macronienne. Et il paraîtrait hasardeux de miser sur le débat entre le président du RN et Gabriel Attal (annoncé pour le 23 mai) pour rattraper un retard de quinze points en un mois.

Rima Hassan crée un effet de curiosité pour LFI

Autre enseignement de cette enquête à un mois du vote, une inquiétude suscitée par le sursaut de la liste anti-républicaine imputé à l’intérêt que porte la presse à Rima Hassan. Depuis la fin du mois d’avril, Manon Aubry est effacée par la Palestinienne qui grappille quelques points. Pourtant reléguée par l’omniprésence de Mélenchon et de la candidate Rima Hassan, la tête de liste LFI semble bénéficier de la stratégie de l’appareil insoumis, qui focalise l’attention médiatique sur fond de mobilisation en faveur de Gaza et auprès des mobilisations pro-palestiniennes d’une minorité d’étudiants gavée de slogans et biberonnée à l’antisémitisme. Dans le dernier « rolling » Ifop par exemple (pris en compte dans l’enquête), Manon Aubry ferait un bond de 8 % chez les 18-24 ans, lesquels sont peu enclins à défendre la démocratie.

En fait, avec 7,4 % d’intentions de vote au total, la liste menée par Manon Aubry continue d’osciller entre 6 et 8 %, sans parvenir à passer à la tranche supérieure.

Les Ecologistes non plus n’en sont pas au point de regarder en haut. La tête de liste Marie Toussaint, sectaire et agressive, reste engluée sous la barre des 7 %, voyant la barre du seuil d’éligibilité (fixé à 5 %) se rapprocher dangereusement. A un mois du vote, Marie Toussaint affiche 6,8 %.

A droite, qu’elle soit républicaine ou nationale,  le match entre le candidat LR François-Xavier Bellamy et Marion Maréchal (dernière du classement) tourne pour le moment à la faveur de l’eurodéputé sortant qui est apparu moins lisse et plus pugnace que son portrait dans la presse paresseuse : lien PaSiDupes. Malgré un rapprochement des courbes fin janvier, l’eurodéputé LR continue de tenir à distance sa poursuivante Reconquête ! : 7,1 % d’intentions de vote pour le premier et 6,3 % pour la seconde.

Ce qui, à cet endroit du classement, a son importance, puisque les deux camps (qui se disputent un électorat conservateur) se battent non loin de la ligne de flottaison des 5 %, seuil nécessaire pour obtenir des élus au Parlement européen. Une lutte dans un mouchoir de poche, rendue d’autant plus périlleuse que les deux formations jouent leur survie le 9 juin prochain. De quoi promettre un dernier mois particulièrement stressant dans les deux camps.

A noter que le Parti communiste en sera pour ses frais : il stagne en queue de peloton à 3%…

Européennes 2024 : le Grand Débat entre sept des têtes de liste

LCP s’associe au Grand Jury de RTL, avec Le Figaro, M6 et Paris Première 

A cinq semaines des élections européennes du 9 juin, les sept têtes de liste so t :

  • Manon Aubry (La France insoumise),
  • Jordan Bardella (Rassemblement national),
  • François-Xavier Bellamy (Les Républicains),
  • Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique),
  • Valérie Hayer (Renaissance-MoDem-Horizons),
  • Marion Maréchal (Reconquête)
  • Marie Toussaint (Europe Ecologie-Les Verts).

Ce débat du dimanche 5 mai 2024 est à retrouver en vidéo ci-dessous : 

Première partie :

Deuxième partie :

Troisième partie :

Quatrième partie:

Européennes 2024, une galère pour la liste EELV de Marie Toussaint

Le passage de l’écologie punitive au totalitarisme écologique bloque dans les urnes

Le score de Les Ecologistes s’annonce maigre. Leur tête de liste Marie Toussaint se démultiplie sur le terrain  mais son totalitarisme dérange : des happenings, deux débats en quatre jours, sans oublier les interventions médiatiques régulières de la secrétaire nationale du parti Marine Tondelier. Mais rien ne semble y faire : non seulement elle n’a pas la manière, mais son idéologie inquiète. A moins de 60 jours des élections européennes, les Ecologistes sont en difficulté.

Le terme est employé par la n° 1 du parti elle-même, dans un e-mail envoyé jeudi 11 avril en fin de journée aux membres du Conseil Fédéral. On se demande bien ce qu’elle y connaît, mais Marine Tondelier y appelle à « la bienveillance » et à la « responsabilité » face à « la difficulté de la séquence » qu’elle dit « mesurer », rapporte Politico. L’entourage de Marie Toussaint ne dément ni le message ni son contenu, mais malgré tout maintient que « le moral est bon ».

Les sondages, eux, ne sont pas bons. Un compilateur confirme que la liste des Ecologistes est sur une pente descendante. Dans l’enquête d’opinion YouGov parue ce 12 avril, Marie Toussaint est à 6 %, un recul d’un point par rapport au mois de mars, de trois par rapport à janvier.

« Vent de dos » et « vent de face »

« On ne va pas dire qu’on ne regarde pas les sondages et c’est sûr qu’on préférerait qu’ils soient plus élevés », reconnaît-on en interne, même si « on reste combatifs et déterminés ». Marine Tondelier fait valoir sur Public Sénat le 11 avril que « cette élection se détermine très tard ». Sous entendu, rien n’est joué et, en 2019, personne n’avait vu venir la surprise Jadot.

A l’unisson, la paire Toussaint-Tondelier pointe le « backlash [sic (ressac): ça change de l’écriture inclusive] écologiste » du moment. « On préfère désigner les écologistes comme coupable de tout : il n’y a pas assez d’eau, c’est de la faute des écolos, l’agriculture c’est de la faute des écolos » caricature la cheffe du parti le 11 avril. Trois jours plutôt sur le plateau de L’Evènement sur France 2, Marie Toussaint assénait qu’était coupable l’influence des « lobbies » en réponse à une question sur sa faible popularité, laquelle contraste, selon la légende verte, avec la percée de l’écologie dans les préoccupations des Français.

« En 2019, on avait le vent dans le dos, aujourd’hui, on a le vent de face », observait dès janvier la cheffe de file. Un élément de langage répété désormais par l’ensemble de son équipe mais qui vient presque court-circuiter l’espoir d’une bonne surprise façon 2019. Surtout, il pose la question de la stratégie choisie.

Bayou, Ghebali… les Ecologistes rattrapés par leur marchaïsme et des scandales

Marie Toussaint a placé sa campagne sous le signe de la …« douceur politique » et se refuse à taper à bras raccourcis sur ses adversaires – de gauche a minima. Ne pas tendre le bâton pour se faire battre ?

Marine Tondelier et elle ont aussi assumé des happenings (dont le lamentable booty shake [encore un américanisme pour une danse du popotin] du lancement de campagne) qui ont fait sourciller en interne.

Et il n’y a pas que la forme qui interroge.

La composition de la liste doit être votée en Conseil fédéral samedi 13 avril avant une présentation officielle dans la semaine. Plusieurs noms sont déjà sortis : Charles Braine pêcheur et activiste breton, Priscilla Ludosky, ex-figure des gilets jaunes, Flora Ghebali, chroniqueuse radio… L’équipe de Marie Toussaint dit vouloir « faire entendre toutes les voix de l’écologie ».

Le message heurte en interne. Avant même son officialisation, le nom de Ghebali a suscité l’ire d’une proche de Sandrine Rousseau, Bénédicte Monville, qui y a vu « un camouflet » à la ligne, plus radicale, qu’elle défend. Pressentie pour être sur la liste, l’ex-conseillère régionale d’Ile-de-France n’en sera finalement pas et son exclusion du parti est aussi à l’ordre du jour samedi pour infractions répétées aux règles.

« L’affaire Bayou impacte forcément la campagne »

Les rivalités internes ne s’arrêtent pas là. Le 7 mars, l’affaire Bayou se ré-invite dans la campagne après la plainte de son ex-compagne, et la menace de grève de certaines troupes si le parti ne prend pas de sanctions officielles. L’ex-député écolo se met d’abord en retrait, puis démissionne de son groupe et du parti, dénonçant « un « acharnement déloyal et scandaleux », après le lancement d’une enquête externe. En vrai, cette affaire conjugale n’impacte pas l’électeur, mais seulement le parti où les féministes mènent la chasse aux hommes.

Depuis, impossible pour Marine Tondelier et Marie Toussaint de faire un entretien sans une question sur ce sujet. « L’affaire Bayou impacte forcément la campagne », exagère un membre de son entourage qui espère cependant que la séquence touche à sa fin. « Julien Bayou a démissionné, c’est plutôt une page qui se clôt plutôt qu’une page qui s’ouvre » veut aussi croire Marie Toussaint sur France 2.

Manon Aubry traite Frontex de « criminelle »

Une diffamation visant son ancien patron, Fabrice Leggeri

Des migrants attendent le débarquement à Salerno, Italie, le 29 juin 2017

Pour son premier débat des européennes, Fabrice Leggeri a accepté une confrontation avec une anti-républicaine agressive. L’ancien patron de Frontex, entre 2015 et 2022, passé au Rassemblement national, a été violemment pris à partie, mercredi sur France 24-RFI, par deux candidates de l’ex-NUPES. Marie Toussaint, la tête de liste écologiste, a porté la première charge en évoquant les naufragés en mer. « Ce que vous faites est criminel, attaque-t-elle. Et ce que vous voulez, c’est juste qu’il y ait encore plus de personnes qui trouvent la mort dans la Méditerranée,  accuse-t-elle de surcroît. C’est tout ce qui est sous votre politique et ce que vous défendez avec le Rassemblement national. »

Manon Aubry se voit alors attribuer la parole et annonce la couleur : « Je vais même aller plus loin. » « Monsieur Leggeri, j’ai du mal à savoir comment vous arrivez à dormir la nuit, amorce-t-elle. Est-ce que vous savez combien de morts exactement, combien de personnes sont mortes en mer Méditerranée pendant que vous présidiez Frontex ? »

Fabrice Leggeri va porter plainte contre Manon Aubry pour diffamation

300.000 personnes ont été sauvées de la noyade sous sa direction à Frontex, fait valoir Fabrice Leggeri. Manon Aubry l’interrompt : « 25.000 personnes sont mortes sous votre direction quand vous étiez à la tête de Frontex. Monsieur Frontex, vous avez du sang sur les mains ! » Fabrice Leggeri met en garde Manon Aubry contre le risque d’une diffamation.

Mais la tête de liste LFI insiste: « Je le dis et je le redis : monsieur Leggeri, vous avez dû démissionner de Frontex parce qu’il y a eu une enquête pour plusieurs raisons. A la fois pour mauvaise gestion, pour refoulements illégaux, pour renvoyer des migrants mourir en Mer Méditerranée vers des pays comme la Lybie qui ne sont absolument pas des pays sûrs. Et puis, vous avez menti à plusieurs reprises devant ce Parlement européen. Donc, monsieur Leggeri, vous êtes non seulement un menteur, mais vous êtes aussi aujourd’hui un criminel. Et je pense que vous devez faire face à votre responsabilité. »

Plusieurs enquêtes de l’office européen de l’antifraude

Après Fabrice Leggeri,
l’OLAF poursuit Aija Kalnaja

Dans ce sens, le mot « criminel » est très grave, car il suppose une intention. Contactée, Manon Aubry a refusé d’indiquer si elle maintient son accusation. Fabrice Leggeri confirme en revanche son intention de porter plainte pour diffamation. « Nous ne laissons pas passer ce genre de diffamation publique, affirme-t-il. L’extrême gauche doit comprendre qu’en République et dans un Etat de droit il y a des règles et des lois. » Les propos de Marie Toussaint, plus vagues, demandent un examen juridique plus approfondi.

Fabrice Leggeri a démissionné de Frontex le 28 avril 2022. L’Olaf (Office européen de l’antifraude) a déclenché plusieurs enquêtes le concernant. Le Conseil d’administration de Frontex (Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes), n’a pas suivi les conclusions des deux premiers rapports. Aucune poursuite disciplinaire n’a été entamée à l’issue du deuxième rapport, n’en déplaise aux deux accusatrices. Le troisième et ultime rapport doit encore être examiné ultérieurement par le Conseil d’administration de l’agence : la présomption d’innocence s’impose donc…

Ciotti réclame la suppression du droit du sol partout en France

Pas d’exception constitutionnelle pour Mayotte

La très controversée loi immigration votée en décembre prévoyait de durcir cette règle du droit du sol – qui s’appliquerait à la majorité – est déjà problématique et obsolète en obligeant les jeunes nés de parents étrangers à manifester leur volonté d’obtenir la nationalité française entre 16 et 18 ans. La situation à Mayotte et la volonté de Macron la remettent en question.

Depuis vingt-et-un jours, Mayotte vit au rythme des blocages et des protestations pour dénoncer l’insécurité et la crise migratoire. Dimanche matin, Gérald Darmanin s’est rendu sur l’archipel, accompagné de Marie Guévenoux, ministre des Outre-mer. Le ministre de l’Intérieur a annoncé que l’exécutif mettra fin au droit du sol dans le département le plus pauvre de France. « Il ne sera plus possible de devenir français si on n’est pas soi-même enfant de parent français », a-t-il déclaré.

Les politiques n’ont pas tardé à réagir, à l’instar d’Eric Ciotti. Sur X, le président du parti Les Républicains a déploré la mesure annoncée : « Ce qui se passe à Mayotte risque de toucher demain la France métropolitaine ». Pour le député des Alpes-Maritimes, « partout sur le territoire national, nous devons supprimer le droit du sol ! » Dans une autre publication, il pointe du doigt les décisions prises par le gouvernement depuis 2017 et l’arrivée de Macron au Palais de l’Elysée.

Député et porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu a salué l’annonce, sur Europe 1 : « C’est beaucoup de temps perdu pour en arriver à cette conclusion que supprimer le droit du sol, non seulement à Mayotte mais partout en France, est non seulement nécessaire mais possible ».

Une annonce « extrêmement dangereuse »

A gauche, le Parti socialiste s’opposera à la suppression du droit du sol à Mayotte. « Est-ce que la révision constitutionnelle du droit du sol va changer quoi que ce soit à la situation à Mayotte ? Je ne le crois pas », a déclaré Boris Vallaud, sur France 3.

Tête de liste des Ecologistes pour les européennes, Marie Toussaint considère que « mettre fin au droit du sol à Mayotte ne résoudra pas les difficultés du territoire, mais cela vient abîmer notre République. La démolition de nos valeurs par un président de la République qui devance l’extrême droite est un recul terrible ».

Président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), Patrick Baudouin alerte sur cette annonce gouvernementale, selon les informations de franceinfo : « C’est vraiment un élément fondamental de distinction par rapport au droit du sang. Ensuite, cette mesure annoncée par monsieur Darmanin créée une inégalité très forte entre des territoires ou départements  en l’espèce Mayotte  qui est un département français ». Le dirigeant de la LDH estime que la « France a délaissé Mayotte pendant des années ». « Les aides ont été insuffisantes. Aujourd’hui, prendre une mesure purement discriminatoire et répressive ne résoudra pas totalement le problème. (…) Parmi les autres solutions, ne pas être toujours sur le registre répressif mais aussi sur le registre social », a-t-il précisé.

Après 21 jours de crise, les Mahorais sont satisfaits. Les collectifs citoyens ont appelé à la levée des barrages mercredi, à la suite des engagements écrits du gouvernement, rapporte Mayotte la 1ère.

Pesticides : Macron instaure, puis suspend le plan « Ecophyto »

Les écologistes dénoncent un  » cadeau empoisonné « 

2017

Auréolé de son titre de «champion de la Terre», décerné en 2018 par le Programme des Nations unies pour l’environnement, Macron a multiplié les discours enflammés et les «One Planet Summit». Il a enchaîné les symboles : nomination de Nicolas Hulot à la tête d’un grand ministère de la Transition écologique – lequel a fini par démissionner avec fracas –, fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim – mais réouverture de plusieurs unités -, abandon de projets comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, sous la pression… Il a promis en 2017 que le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé au monde, serait interdit en France au plus tard fin 2020. Il a voulu la création du Haut Conseil pour le climat et l’organisation de la convention citoyenne. Plusieurs lois ont été votées (sur l’économie circulaire, les mobilités, le climat, l’agriculture et l’alimentation, les lois Egalim). Bilan en 2024: les agriculteurs bloquent le pays.

En novembre 2017, le tout récent président de la République tweete avec le hashtag « Make Our Planet Great Again », son slogan écologiste. « J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans », écrit-il. L’objectif, ambitieux, est alors d’arriver à une interdiction du glyphosate en 2021.

En février 2023, la visite du président de la République au Salon de l’agriculture avait été l’occasion de préciser sa vision de la gestion de la ressource en eau, des pesticides et des mesures à prendre pour aider l’élevage. Sur les prix, un appel aux distributeurs « à prendre leur part » pour contenir les prix alimentaires avait été lancé., alors que la « ferme France » perdait déjà en compétitivité. Les agriculteurs manquaient de visibilité et la reconquête de la souveraineté agricole peinait.

Le nouveau volet de la stratégie nationale de réduction des pesticides était particulièrement ciblé par une partie du monde agricole, qui appelait à sa suspension.

20 janv. 2023 

Il s’agissait d’une revendication importante d’une partie du monde agricole, à laquelle l’exécutif a dû répondre ce jeudi 1er février. Le gouvernement a annoncé qu’il va « mettre en pause » le plan Ecophyto, qui doit fixer des objectifs de baisse d’usage des pesticides et qui cristallise la colère des producteurs de grandes cultures.

Qu’est-ce que le plan « Ecophyto » suspendu par le gouvernement ?

Le ministre français de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, prononce un discours lors d'une conférence de presse à l'hôtel Matignon, à Paris, le 1er février 2024, pour répondre aux agriculteurs qui protestent contre les salaires, les taxes et les réglementations.

Le ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, prononce un discours lors d’une conférence de presse à quatre voix en l’hôtel de Matignon, à Paris, le 1er février 2024, pour répondre aux agriculteurs qui protestent sur les routes contre les salaires, les taxes et les réglementations, alors que le nouveau volet de la stratégie nationale de réduction des pesticides était particulièrement ciblé par une partie du monde agricole, qui appelait à sa suspension.

Il s’agissait d’une revendication ancienne et importante d’une large  partie du monde agricole, à laquelle l’exécutif a répondu ce jeudi 1er février. Le gouvernement a annoncé qu’il va « mettre en pause » le plan Ecophyto, qu’il avait lui-même mis en place et qui devait fixer des objectifs de baisse d’usage des pesticides ce qui cristallise la colère des producteurs de grandes cultures. Un rétropédalage rappelant la politique nucléaire irrespinsable de Macron.

« Nous allons donc remettre sur l’ouvrage le plan Ecophyto, le mettre donc en pause, le temps d’en retravailler un certain nombre d’aspects, de le simplifier », a déclaré le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau lors des nouvelles annonces du gouvernement pour apaiser la grogne du monde agricole. Le premier ministre Gabriel Attal avait dit un peu plus tôt qu’Ecophyto serait « mis à l’arrêt le temps de mettre en place un nouvel indicateur« . L’indicateur central du plan, le Dahu  le Nodu, qui mesure l’usage des molécules par les exploitants, est en effet contesté par une partie des organisations agricoles. Macron a conservé la corde à tourner le vent…

Un « scandale » pour la Confédération paysanne

Une nouvelle stratégie gouvernementale, appelée « Ecophyto 2030 » (ou « Ecophyto III) était en ce moment en consultation. Le troisième volet de ce plan visait à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030 (par rapport à 2015-2017) et à accélérer la recherche de solutions alternatives. Ce plan avait été rejeté d’emblée par les producteurs de grandes cultures (céréales, graines à huile, sucre, betteraves).

Le premier Ecophyto, lancé en 2008, ambitionnait déjà de baisser de moitié en 10 ans l’utilisation des pesticides (herbicides, insecticides, fongicides), sans que les objectifs fixés ne progressent vraiment au fil des années. Pour relancer le projet, le gouvernement lança donc Ecophyto II en octobre 2015 : selon le site du ministère de l’Agriculture, il s’agissait d’apporter « une nouvelle impulsion pour atteindre l’objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici 2025 et de sortir du glyphosate d’ici fin 2020 pour les principaux usages et au plus tard d’ici 2022 pour l’ensemble des usages ». Avec le flou que l’on a ensuite connu, notamment sur le glyphosate. Avant donc Ecophyto III, qui devait aboutir « fin janvier, début février » assurait encore le ministre de l’Agriculture à TF1 il y a deux semaines, qui visait à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2030 par rapport à 2015-2017. Et qui est donc mis en pause jusqu’à nouvel ordre. On devait déjà à Macron les lois Egalim I, II et III et on doit maintenant à notre Pénélope les Ecophyto I, II et III aussi… Les députés de l’alliance présidentielle se disent constamment au travail, mais sont-ils productifs ?

La FNSEA et les Jeunes agriculteurs, qui forment le syndicat agricole majoritaire, et qui ont appelé cette après-midi à suspendre les blocages, étaient parmi les plus virulents contre ce plan, exigeant un « moratoire sur les interdictions » de pesticides et un « rejet d’Ecophyto ». Mais une partie du monde agricole s’opposait également de son côté à ce retour en arrière sur les restrictions aux produits phytosanitaires. C’est notamment le cas de la Confédération paysanne, troisième syndicat du secteur et plutôt classé à gauche, qui a dénoncé un « scandale » sur le réseau social X (ex-Twitter). « On va poursuivre dans la dégradation de la santé des paysans, de nos sols et de notre environnement. Et on va continuer à engraisser les multinationales des fabricants de pesticides », a fustigé le syndicat, qualifiant cette mesure de « détournement de ce qui est demandé sur le terrain »

Cette mesure a également été dénoncée par le mouvement écologiste. Pour la tête de liste écologiste pour les Européennes Marie Toussaint, la mise sur pause de ce plan « est un recul inacceptable. Le gouvernement vient de faire un cadeau empoisonné au monde agricole ». Le porte-parole de l’association Générations Futures a quant à lui dénoncé des « mesures totalement rétrogrades nous ramenant plus de 15 années en arrière ». « Tout ça n’a pas de sens », déplore Sandrine Bélier, directrice de l’association Humanité et Biodiversité, dédiée à ka préservation de la biodiversité. « Certes il vaut mieux suspendre que d’avoir une stratégie au rabais, mais Ecophyto est le principal plan qui accompagne les agriculteurs dans leur transition économique », via le financement de la recherche et des expérimentations.

La question des « zones de non-traitement »

Toujours sur ce sujet sensible de la régulation des produits phytosanitaires, Marc Fesneau a aussi annoncé que le gouvernement fera appel dans des procédures concernant les « zones de non-traitement » (ou ZNT) par des pesticides, soit les distances de sécurité à respecter à proximité d’habitations ou de cours d’eau. Le tribunal administratif d’Orléans a annulé début janvier des arrêtés préfectoraux de cinq départements approuvant des chartes départementales fixant les conditions de mise en œuvre de ces ZNT.

Gabriel Attal a par ailleurs visé sans la nommer l’agence sanitaire indépendante ANSES en affirmant sa volonté de « sortir d’une situation où notre agence sanitaire » interdit une molécule de produit phytosanitaire en France avant qu’elle ne soit interdite dans l’UE, comme cela a été le cas pour l’herbicide S-métolachlore.

La pause décidée par Macron soulève l’indignation des associations, ONG et élus écologistes

Pour calmer la colère des agriculteurs, le gouvernement a annoncé, jeudi, qu’il met en pause le plan écophyto, qui devait fixer des objectifs de baisse d’usage des pesticides. Une décision qui soulève l’indignation des associations et élus écologistes.

« Sacrifier l’environnement pour avoir la paix avec la FNSEA. » Les associations et ONG environnementales sont formelles, le gouvernement a fait « un bond de 15 ans en arrière », selon François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, opposée à l’agriculture intensive.

Pour rétablir la paix sociale, l’Etat a annoncé, jeudi, qu’il met en pause le plan ecophyto 2030. Lancé après le Grenelle de l’environnement en 2008, il avait pour but, on le sait, de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici 2030.

Les organisations écologistes sont donc vent debout après cette annonce. « On est complètement horrifiés par cette réaction du gouvernement qui est faible. Celle-ci est particulièrement rétrograde parce qu’on parle d’un plan de réduction de l’usage de pesticipes qui n’a produit aucun résultat. Plutôt que de renforcer le plan, ce qu’il aurait fallu faire, on met en pause« , déplore François Veillerette, militant et lobbyiste, président de Greenpeace France (septembre 2002-juin 2005), puis vice-président, et ancien élu EELV de Picardie qui n’a jamais travaillé la terre.

« Moi je pensais que l’urgence était d’arrêter la pollution, par exemple de l’eau, on trouve des métabolismes de pesticide dans les robinets d’une dizaine de millions de Français », alerte-il. Et aussi dans des eaux minérales naturelles.

Cette décision est « un cadeau empoisoinné faits aux agriculteurs », selon Marie Toussaint, députée européenne et tête de liste EELV pour les Européennes. Les agriculteurs « sont les premiers à être empoisonnés justement par ces pesticides. On compte, dans le milieu agricole, plus de 50% de probabilité de tomber malade d’un lymphome ou d’un cancer de la lèvre. Ce sont des cancers qui sont liés aux pesticides, donc il faut changer de modèle, d’abord et avant tout, pour celles et ceux qui nous nourrissent », a-t-elle argumenté.

« On a un gouvernement qui cède aux revendications de la FNSEA, pas de l’ensemble des personnes qui sont mobilisées sur le territoire aujourd’hui dans le monde agricole », se désole l’élue écologiste.

Un indicateur de plus pour mesurer l’usage des pesticides

Le gouvernement assure, de son côté, qu’il veut « simplifier » ce plan, avec comme échéance le salon de l’agriculture, qui se tient à la fin du mois de février à Paris. Le gouvernement veut retravailler sur un nouvel indicateur pour mesurer l’usage des molécules par les agriculteurs, qui étaient mécontents du Nodu, celui mis en place jusqu’à maintenant.

Le danger, a priori, pour les associations, c’est que cet indicateur devienne trop souple. « Détruire cet indicateur, ce serait casser le thermomètre et passer à un nouveau système de mesure avec beaucoup d’imperfections par rapport aux propositions qu’avance notamment la FNSEA. C’est en ça que c’est un peu inquiétant », s’alarme Thibaud Leroux responsable du pôle nature de France Nature Environnement, fédération des associations de protection de la nature et de l’environnement, affiliée au BEE, comme Agir pour l’environnement ou La fresque du climat).

Les représentants associatifs présupposent que les prochains chiffres de baisse des pesticides pourraient être faussés, et ce, alors que l’Etat doit rendre des comptes devant la justice sur ses engagements environnementaux au moins de juin.

« Sacrifier l’environnement pour avoir la paix avec la FNSEA. » Les associations et ONG environnementales sont formelles, le gouvernement a fait « un bond de 15 ans en arrière », selon François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

Pour calmer la colère des agriculteurs, l’Etat a annoncé, jeudi, qu’il met en pause le plan ecophyto 2030. Lancé après le Grenelle de l’environnement en 2008, il avait pour but de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici 2030.

INCOMPRÉHENSION CHEZ LES ÉCOLOGISTES

Les organisations écologistes sont donc vent debout après cette annonce. « On est complètement horrifiés par cette réaction du gouvernement qui est faible. Celle-ci est particulièrement rétrograde parce qu’on parle d’un plan de réduction de l’usage de pesticipes qui n’a produit aucun résultat. Plutôt que de renforcer le plan, ce qu’il aurait fallu faire, on met en pause », déplore François Veillerette.

« Moi je pensais que l’urgence était d’arrêter la pollution, par exemple de l’eau, on trouve des métabolismes de pesticide dans les robinets d’une dizaine de millions de Français », alerte-il.

Cette décision est « un cadeau empoisoinné faits aux agriculteurs », selon Marie Toussaint, députée européenne et tête de liste EELV pour les Européennes. Les agriculteurs « sont les premiers à être empoisonnés justement par ces pesticides. On compte, dans le milieu agricole, plus de 50% de probabilité de tomber malade d’un lymphome ou d’un cancer de la lèvre. Ce sont des cancers qui sont liés aux pesticides, donc il faut changer de modèle, d’abord et avant tout, pour celles et ceux qui nous nourrissent », a-t-elle argumenté.

« On a un gouvernement qui cède aux revendications de la FNSEA, pas de l’ensemble des personnes qui sont mobilisées sur le territoire aujourd’hui dans le monde agricole », se désole l’élue écologiste.

UN NOUVEL INDICATEUR POUR MESURER L’USAGE DES PESTICIDES

Le gouvernement assure, de son côté, qu’il veut « simplifier » ce plan, avec comme échéance le salon de l’agriculture, qui se tient à la fin du mois de février. Le gouvernement veut retravailler sur un nouvel indicateur pour mesurer l’usage des molécules par les agriculteurs, qui étaient mécontents du Nodu, celui mis en place jusqu’à maintenant.

Le danger pour les associations, c’est que cet indicateur devienne trop souple. « Détruire cet indicateur, ce serait casser le thermomètre et passer à un nouveau système de mesure avec beaucoup d’imperfections par rapport aux propositions qu’avance notamment la FNSEA. C’est en ça que c’est un peu inquiétant », s’alarme Thibaud Leroux responsable du pôle nature de France Nature Environnement.

Les représentants associatifs s’inquiètent que les prochains chiffres de baisse des pesticides soit faussés, et ce alors que l’État doit rendre des comptes devant la justice sur ses engagements environnementaux au moins de juin.

L’exécutif explique qu’il n’est pas question de revenir sur le principe, celui de protéger l’environnement et la santé des Français, mais plutôt sur la méthode. Le gouvernement se targue, d’ailleurs, de tenir bon sur les zones de non-traitement, la distance de sécurité au-delà de laquelle il est interdit de répandre des pesticides. Gabriel Attal veut, enfin, interdire l’importation de produits traités au thiaclopride, un pesticide interdit en Europe, mais utilisé dans d’autres pays.

Agriculteurs en colère : des manifestants s’introduisent brièvement dans le marché de Rungis

« Rungis c’est non », martèle la préfète du Centre-Val de Loire

Les agriculteurs installés sur l’A5 à Réau sont venus sur la Francilienne jusqu’à Tigery, dans l’Essonne.

Les annonces intégrées au discours de politique générale de Gabriel Attal n’ont pas convaincu les agriculteurs. Quelque 91 manifestants ont été interpellés au marché de Rungis en raison d’une intrusion et de « dégradations » dans une « zone de stockage », a indiqué Laurent Nunez.

A la mi-journée, un cortège de 115 tracteurs, venu du barrage de Réau sur l’A5 en Seine-et-Marne, a emprunté la Francilienne et est arrivé vers 12 h 30 au niveau de Tigery, dans l’Essonne. Ils annoncent vouloir bloquer la circulation dans les deux sens jusque vers 14 heures, avant de repartir sur le barrage. 

En fin de matinée, une partie du convoi parti d’Agen et souhaitant rejoindre Rungis était bloquée dans le Loiret. Sur place, la préfète de la région Centre-Val de Loire et du Loiret Sophie Brocas a voulu « attendre la conclusion » d’une réunion qui se tenait depuis 11h30 à Matignon avec des responsables de la Coordination rurale. « On va avancer pas à pas, je ne souhaite pas d’affrontement. Rungis est la plateforme qui alimente un bassin de vie de 12 millions de personnes, Rungis c’est non. Les préfets du Lot-et-Garonne et de Dordogne les ont prévenus et je leur ai redit », a-t-elle ajouté.

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a réagi sur X (ex-Twitter) à l’annonce de la proposition européenne d’une dérogation sur les jachères, une revendication des agriculteurs. « Des mois de travail de la France, une coalition construite patiemment avec l’ensemble des collègues européens que je remercie, une solution simple et pragmatique qui conjugue transition et production », a-t-il écrit. Mais une décision de Bruxelles.

Bruxelles a également proposé mercredi d’intervenir pour limiter toute hausse incontrôlable des importations agricoles ukrainiennes. Depuis l’exemption de droits de douane accordée au printemps 2022 par l’UE, l’afflux de produits agricoles ukrainiens – céréales, œufs, poulets, sucre… – provoque la colère des agriculteurs. 

Une concession de l’UE sur les jachères trop « limitée » pour les syndicats agricoles

La dérogation partielle sur l’obligation de jachères, proposée mercredi par Bruxelles pour 2024, intervient « tardivement » dans le calendrier agricole et reste « limitée », a regretté le Copa-Cogeca, organisation des syndicats agricoles majoritaires dans l’UE.

Outre les jachères, la puissante organisation avait réclamé des dérogations sur d’autres obligations de la nouvelle Politique agricole commune (PAC), comme la rotation des cultures. « Nous espérons que les Etats membres renforceront encore cette proposition », indique le Copa-Cogeca (regroupement de certaines organisations syndicales et professionnelles agricoles et coopératives).

Si des blindés des forces de l’ordre et des tracteurs se font face à plusieurs endroits, les agriculteurs ne comptent pas, a priori, avancer vers la capitale. « Il n’y a aucun mot d’ordre pour se rapprocher, indique Clément Torpier, président des JA Ile-de-France. Parfois, quelques-uns parcourent quelques kilomètres, mais tout le monde revient à la base. »

Quant aux négociations, ce mardi soir, entre les représentants de la FNSEA et des JA et le premier ministre Gabriel Attal, rien ne filtre. « Si ce n’est que ce n’est toujours pas satisfaisant et que les négociations bloquent, tranche Clément Torpier. Il serait temps que le gouvernement prenne la mesure du problème. »

« Les agriculteurs se battent pour l’ensemble des Français », lance le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand. Invité dans l’Oise sur un barrage de l’autoroute A16, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand estime que « si les Français les soutiennent autant, c’est parce qu’ils savent pertinemment que ce qui se joue, c’est l’alimentation, c’est la qualité de l’alimentation », a insisté l’élu selon France Bleu Picardie.

Les écologistes réclament à Macron de former une coalition d’Etats contre l’accord avec le Mercosur

La tête de liste écologiste aux européennes Marie Toussaint demande mercredi à Macron de « passer des paroles aux actes » et de s’atteler dès jeudi, lors du sommet européen à Bruxelles, à « former une coalition d’Etats-membres contre l’accord UE-Mercosur ».

« Ce jeudi, la France doit porter haut et fort » une des revendications du mouvement agricole français : « l’arrêt de l’accord commercial UE-Mercosur » ((Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), écrit Marie Toussaint dans une lettre au chef de l’Etat, signée aussi par les chefs des groupes parlementaires écologistes à l’Assemblée et au Sénat, et les eurodéputés écologistes.

Au total, en France, il y avait à la mi-journée plus de 80 blocages, 4 500 engins et 6 000 manifestants, selon une source policière. « Ce n’est pas la faute de ce gouvernement », raconte sa porte-parole, Prisca Thévenot. Lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Prisca Thévénot a répondu aux critiques d’un député LR. « Nous devons nous attacher à trouver des solutions. Non, ce n’est pas la faute de l’Europe ; non, ce n’est pas la faute de ce gouvernement, ni même des anciens gouvernements », assure-t-elle: c’est la faute à personne….

Le Salon de l’agriculture risque de ne pas être une « visite de santé », sans réponse du gouvernement

« L’attente est énorme » parmi les agriculteurs qui manifestent en France, a souligné le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, devant les sénateurs. « Elle peut être même au-delà de ce qu’on imagine, avec évidemment (…) des sujets qui ne se règlent pas en trois jours. Donc j’essaie d’appeler au calme et à la raison ».

Mais si le gouvernement n’apporte pas de réponses « en profondeur », le Salon de l’agriculture fin février ne sera pas « une visite de santé » pour les responsables politiques, a prévenu Arnaud Rousseau.

« Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », se défend Marine Tondelier

« Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale Les Ecologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ».

« Je ne suis pas du tout mal aimée des agriculteurs », a nié cette écologiste dont le moyvement est à l’origine des normes et tracasserries environnementales dont se plaignent les paysans du Pas-de-Calais et de partout ailleurs après avoir caressé des vaches bazadaises, une espèce menacée élevée dans une exploitation bio de Villebichot (Côte-d’Or), près de Dijon.

« J’ai même rencontré Interbev !», l’association du bétail, « alors que je suis végane depuis 15 ans », a asséné Marine Tondelier. « Les fermes, c’est le type de déplacement que je fais le plus ! », a-t-elle insisté.

Le député de Cergy, Aurélien Taché (EELV), s’est rendu mercredi à la rencontre des agriculteurs qui bloquent l’autoroute A 15, à Argenteuil, au niveau de la butte des châtaigniers. Il est venu afficher son soutien, accompagné de la conseillère régionale et élue de L’Isle-Adam, Carine Pelegrin (Génération écologie) et le sénateur Pierre Barros (apparenté PCF).

Un barrage levé en Essonne

Sur la Francilienne, le barrage des agriculteurs créé un peu au sud de Tigery (Essonne) depuis la fin de matinée en direction de Paris, puis dans les deux sens à partir de 13 heures, a été levé vers 15 h 30. Les tracteurs ont regagné leur base de blocage initial en Seine-et-Marne sur l’autoroute A 5 à Réau, près de l’aire de repos du Plessis-Picard. A 17 heures, 123 tracteurs s’y trouvaient tandis que 121 autres étaient regroupés sur l’A4 à hauteur de Jossigny. Vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture, et maire de Nemours, Valérie Lacroute (LR) s’y est rendue pour évoquer notamment le vote au Conseil régional d’une mesure facilitant la transmission des exploitations agricoles le matin même.

Vote sur l’aide à la transmission des exploitations en Ile-de-France

L’aide à la transmission des exploitations agricoles a été votée par le conseil régional d’Ile-de-France, ce mercredi matin. Valérie Lacroute (LR), vice-présidente de la région en charge de l’agriculture, est venue en discuter avec les agriculteurs sur le barrage de l’A4 à Jossigny cet après-midi. « Il s’agit d’une aide financière de 30.000 euros pour que l’exploitant puisse partir à la retraite. En contrepartie, il s’engage durant deux à cinq ans à aider un jeune qui veut s’installer », explique la maire de Nemours. Depuis le 1er janvier 2023, la mise en œuvre du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) pour la programmation 2023-2027 est partagée entre l’Etat et les régions.

Incursions à Rungis

Des agriculteurs se sont introduits dans le marché de Rungis et dans des entrepôts de Bolloré, d’après une source policière. Il s’agit de paysans de l’Essonne, suite aux interpellations de ce matin. Ils sont repoussés et bloqués à l’extérieur. 79 personnes ont été interpellées. Des hélicoptères de la gendarmerie nationale ont été déployés, alors que tous les axes autour de Rungis sont bloqués.

Des personnes « à pied sont entrées brièvement sur une zone de stockage » et y ont « commis des dégradations ». Elles ont été « sorties des lieux par les forces de l’ordre », ajoute une source policière, précisant que plus personne ne se trouvait désormais à l’intérieur du site.

La Confédération paysanne en action

Hier, la Confédération paysanne (CP) avait appelé ses adhérents à bloquer les « centrales d’achats », les « marchés de gros » et les « industries agroalimentaires », « lieux où s’exercent cette pression sur nos prix ». 2e syndicat agricole (20,04 % des suffrages au niveau national) et le plus radical (membre fondateur de la coordination paysanne européenne, de Via Campesina et d’Attac), elle a mené plusieurs actions sur le territoire, comme dans des supermarchés à Amiens ou dans les Deux-Sèvres ou en une « opération péage gratuit » dans le Lot-et-Garonne.

Sept blocages autour de la capitale sont encore actifs en Ile-de-France, d’après Laurent Nunez.

Les manifestants tentaient de s’introduire dans un entrepôt de Primever

Selon une source policière, les 79 personnes ont été interpellées au MIN de Rungis pour participation en vue de commettre des dégradations, des dégradations en réunions. « Certains portaient des cagoules », ajoute cette source. Ils ont tenté d’entrer dans l’un des entrepôts appartenant à la société Primever (groupe Satar, à Agen), qui distribue des fruits et légumes pour les grandes et moyennes surfaces. Il est également l’un des chargeurs du train des primeurs Perpignan-Rungis. Le directeur du marché de Rungis devrait déposer plainte.

Au marché de Rungis, « pas de pénurie » mais « un peu de désorganisation »

Les grossistes du marché d’intérêt national de Rungis (MIN) soutiennent les revendications des agriculteurs, même si le blocage des routes franciliennes perturbe l’arrivée de leurs marchandises. Certains produits commencent à manquer, mais « rien de catastrophique » à ce stade.

Les céréaliers français veulent voir réinstaurer des droits de douane pour l’Ukraine

Les céréaliers français veulent voir réinstaurer des droits de douanes au-delà d’un quota d’importations d’Ukraine, se disant mercredi « extrêmement déçus » de voir les céréales exclues des produits « sensibles » pour lesquels Bruxelles prévoit de limiter la hausse des importations.

« Le problème est crucial pour les céréales. Entre 2021 et 2023, les importations de blé ukrainien dans l’Union européenne ont été multipliées par vingt. On est passé de 215 000 tonnes de blé en 2021 à 5 millions de tonnes en 2023 », a déclaré Eric Thirouin, le président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB).

Pour tenter de répondre à la colère des agriculteurs, Bruxelles a annoncé pour les produits « sensibles » – volaille, œufs et sucre -, un « frein d’urgence » pour limiter le volume des importations aux niveaux moyens observés en 2022 et 2023, niveaux au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés.

La France veut lancer le chantier de « simplification » de la PAC

Le ministre français de l’Agriculture Marc Fesneau a appelé mercredi à Bruxelles à « simplifier » rapidement les procédures de la Politique agricole commune (PAC), dont le secteur critique la complexité, promettant des propositions avec d’autres Etats membres.

« On ne peut avoir une PAC qui soit à ce point complexe et incompréhensible, parfois tant pour nos administrations que nos agriculteurs. On a besoin de s’engager résolument dans la voie de la simplification », a-t-il lancé devant la presse.

Alors que les manifestations agricoles s’intensifient en France à l’unisson d’autres pays, il a rencontré à Bruxelles son homologue belge, des eurodéputés, et les commissaires européens au Marché intérieur et à l’Agriculture.

Pas « de prétexte à revenir en arrière sur la transition écologique », répète Béchu

Le ministre de la Transition écologique a réaffirmé mercredi qu’il ne pouvait pas y avoir « prétexte à revenir en arrière sur la transition écologique », à l’occasion de de ses vœux aux acteurs de l’écologie et des territoires.

« Il faut être très fermes sur nos ambitions et nos convictions, mais être très souples et très pragmatiques sur la façon de les atteindre. C’est une ligne de crête que je tiens depuis mon arrivée et que je tiendrai toujours », a expliqué Christophe Béchu, dans une allusion aux concessions environnementales faites au monde agricole, en crise.

« Les agriculteurs ne sont pas les ennemis de l’écologie, ils en sont des artisans », a-t-il estimé tout en reconnaissant qu’ils « se trouvent parfois confrontés à un mur de complexité ».

Pendant que Macron était l’hôte officiel au dîner de gala en queue de pie au palais royal de Suède, la Commission européenne a « répondu aux demandes de la France » concernant l’assouplissement des obligations de jachères et la limitation des importations agricoles ukrainiennes, deux points de crispation des agriculteurs français, a rappelé mercredi l’Elysée.

Bruxelles a proposé mercredi d’accorder une dérogation partielle aux obligations de jachères dans l’UE et de limiter toute hausse incontrôlable des importations agricoles ukrainiennes, offrant des gages aux agriculteurs qui manifestent à travers l’Europe.

« Les deux sujets importants sur lesquels l’Europe est le bon niveau pour agir ont été réglés rapidement en réponse à nos demandes », a souligné l’Elysée, à la veille d’une rencontre entre la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, et Emmanuel Macron.

Des députés LFI au commissariat pour soutenir les agriculteurs

Clémence Guetté, Louis Boyard, Antoine Léaument et Jérôme Legavre se rendent au commissariat de Créteil afin de soutenir les agriculteurs interpellés, selon BFMTV.

Selon José Pérez, coprésident de la Coordination rurale 47, Karine Duc figure parmi les personnes interpellées à Rungis. « Ma coprésidente a été placée en garde à vue, le président de la Chambre d’agriculture (du Lot-et-Garonne) et des collègues agriculteurs qui défendent leur cause », a-t-il avancé.

Sept blocages sont encore actifs en Ile-de-France, d’après Laurent Nunez.

Trois actions pour un total de 345 tracteurs en Seine-et-Marne. A Réau, sur l’A5 à hauteur de l’aire du Plessis-Picard-Ourdy, la circulation est coupée. A Jossigny, sur l’A4, au péage de Jossigny, ce sont en tout 173 tracteurs, 120 voitures, 4 poids-lourds et près de 300 personnes au plus fort qui ont pris part au blocage. A Guignes, un point de blocage a été initié par une quinzaine d’agriculteurs de la Coordination Rurale de la Haute-Saône et de l’Aube. Il est localisé à l’intersection D319 / N36 « pour plus de visibilité ».

Au cours de la nuit, des tensions ont grimpé entre des paysans de l’Aisne, qui souhaitaient des actions plus radicales et la FDSEA 77, qui n’a pas souhaité qu’ils se maintiennent sur site. Ils ont donc décidé de repartir dans l’Aisne ce matin.

En Essonne (91), deux points de blocage actuellement et 320 tracteurs agglomérés. A Janvry, l’A10 est bloqué à hauteur de l’aire de repos de Limours-Janvry. Ce barrage était précédemment installé à Longvilliers (78). À 10 heures, le Président de la chambre d’agriculture 47, Serge Bousquet Cassagne et des membres de la Coordination rurale ont tenté de rallier à leur mouvement les manifestants de ce point de blocage, en vain. A 11h00, il concentrait 100 agriculteurs, 120 tracteurs et 30 véhicules légers. Sur l’A6, le camps de base d’une centaine de tracteurs, initialement installé à Villabé, s’est déplacé à hauteur de la sortie 5 à Chilly-Mazarin.

Dans le Val-d’Oise, deux blocages rassemblent au total 250 agriculteurs et 182 tracteurs. Installés sur les voies de circulation à Argenteuil, les agriculteurs bloquent la circulation nuit et jour sur l’A15, uniquement dans le sens province-Paris au niveau de la sortie 2. A Chennevières-lès-Louvre, le blocus de l’A1 concerne les deux sens de circulation.

Dans les Yvelines, un point de blocage réunit 90 tracteurs. Le péage de Buchelay, sur l’A13, est débloqué depuis mardi. Le convoi s’est rapproché de Paris. Il a été arrêté par les forces de l’ordre à hauteur de la sortie n°9 Les Mureaux, où la circulation vers Paris est bloquée. A 11 heures 30, le barrage rassemblait 100 personnes, 90 tracteurs, 8 remorques et un engin de levage.

Selon une source policière, 20 compagnies de CRS seront déployées demain jeudi à Paris, soit le double du dispositif actuel.

Européennes 2024 : l’amère Royal tente un coup politique avec LFI

Les Insoumis sont-ils consentants ?

S. Royal et M. Bompard,
coordinateur de LFI,
lors des universités d’été 2023, vendredi 25 août.

Ségolène Royal s’est déclarée candidate à la tête d’une liste d’union avec les anti-républicains de LFI aux européennes… L’invitation de l’ancienne candidate socialiste battue à la la présidentielle de 2007 aux Journées d’été de La France insoumise (LFI), les Amfis d’été – au même titre,que le rappeur islamiste Médine – était la promesse d’un coup tordu. Et en effet, la baronne noire a déclaré sa candidature à une liste unitaire avec LFI aux européennes de juin prochain. « Il s’agit de lancer une dynamique d’union », a-t-elle déclaré à des journalistes qui se demandaient visiblement si c’était du lard ou du cochon. Royal ne fut-elle pas ambassadrice des Pôles ? L’ancienne ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires règle-t-elle des comptes avec Europe Ecologie-Les Verts?

Pas de dynamique d’union sans elle à sa tête ? Un coup foiré, puisque EELV a désigné sa tête de liste en la personne de Marie Toussaint, ainsi que le PCF, avec Léon Desfontaines, tandis que le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, entend voler de ses proprs ailes aux européennes. L’affaire de l’union des gauches n’est-elle pas déjà pliée?

Les Insoumis sont-ils consentants ?

Les Insoumis sont-ils victimes d’un abus politique de la septuagénaire (en 2024) ou tente-t-elle le coup de l’union ?Savoir si nous assistons à un retour de flamme pour LFI de celle qui estima en févruer 2008 que « le choc de confiance promis [par Sarkozy] a[vait] laissé place à un choc de défiance, qui dégénère aujourd’hui en vent de révolte« ?

Après la sérénade manquée sous le balcon de François Bayrou, coup d’éclat ou flop du weekend ?

Depuis quelque temps, la rumeur – déjà extravagante – d’une Ségolène Royal en tête de liste des insoumis en cas de division de la Nupes, une sorte de plan B de luxe, courrait. Son soutien à Mélenchon lors de la présidentielle de 2022, pour appeler au vote utile à gauche, a été particulièrement apprécié des Insoumis, qui y voient un des tournants de la campagne. Il y a quelques semaines, en privé, un chef à plume insoumis lui tressait des louanges émues, rares pour une ministre de François Hollande. D’ici à ce que ce soit la nouvelle stratégie des Insoumis pour tenter d’imposer l’union de la gauche, on ne l’avait pas vu venir.

Peut-être que les insoumis eux-mêmes non plus. Après les déclarations de l’ancienne ministre de l’Ecologie, le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a temporisé, se félicitant simplement qu’elle soutienne « comme Benoît Hamon ou Jérôme Guedj » une liste d’union aux européennes. « Pour ce qui est de la tête de liste, nous avons déjà dit que nous étions prêts à ce qu’elle ne soit pas issue de nos rangs. Bien sûr, il faut pour cela qu’elle soit en capacité de réunir les forces de la Nupes et de porter son programme. » Ségolène Royal a fait cette annonce toute seule ? « Oui, c’est ça », dit très directement Manon Aubry, la tête de liste LFI de 2019.

« Les Unitaires »

A mots couverts, un cadre du mouvement reconnaît être pris de vitesse, mais pas à revers : « Elle a été plus loin qu’on pensait, mais ça nous va très bien qu’elle soit disponible. » L’après-midi au scénario déjà haut en couleur a finalement versé dans le « Baron noir » quand, après une énième défense passionnée d’une liste Nupes aux européennes, Mélenchon lance : « Nous voulons une victoire, c’est à ça qu’on travaille ! Alors ou bien il y aura une liste d’union ou bien il y aura une liste des  »Unitaires ». Méditez ! » Hein ? « La liste d’union, c’est celle qu’on veut faire avec toutes les composantes de la Nupes. La liste des  »Unitaires », on la ferait avec tous ceux qui sont disponibles pour la faire avec nous », précise peu après Manuel Bompard.

Une liste des « Unitaires » avec Ségolène Royal, donc ? « Elle ou un•e autre éléphant social-démocrate, c’est un coup tactique susceptible de nous porter un petit commando au Parlement européen. Tant qu’on a Marina Mesure et Manon Aubry, et qu’on leur rajoute deux collègues aussi malins, on y mettra le souk. » Le voilà, le plan B de luxe. Avec une telle prise de guerre LFI pense pouvoir dire que l’union est chez eux, pas ailleurs : « Avec elle et nous, on couvre toute la Nupes ! », ose le même cadre. Voilà le récit.

L’ « initiative politique d’ampleur de la rentrée, » c’était donc ça ?

Franchement, on ne sait pas trop ce qu’il restera de ce « coup » du 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère le 9 juin prochain, au soir des élections européennes. « Rien du tout » reste le résultat le plus probable. On a du mal à imaginer des Insoumis, dont on se demande s’ils ne feignent pas de maîtriser des événements qui leur échappent en partie, aller en campagne avec une Ségolène Royal incontrôlable à leur tête. Et puis ça peut-il sauver la Nupes de l’implosion ?

Ségolène Royal avait apporté son soutien à Mélenchon lors de la présidentielle de 2022.

Mais il y a des joueurs qui osent le coup de poker en créant l’événement et changent la donne. La politique, c’est aussi l’art de prendre le risque d’initiatives pour casser ou impulser des dynamiques, de saisir des opportunités que personne d’autre n’a aperçues. Royal et Mélenchon, avec tous leurs défauts, sont de ces gens-là. Avant de savoir si ça rate ou ça marche, vu de près, ça égaie la rentrée…

« En même temps », Ségolène Royal va être « éditorialiste politique » de « Touche pas à mon poste » sur C8… Une fois par semaine, « je vais décrypter les sujets complexes », « donner un éclairage sur des concepts qui importent dans la vie politique et économique », a détaillé l’ancienne présidente qui ruina sa région de Poitou-Charente.

« Le problème, ce n’est pas Médine, c’est nous: on a fait une erreur. » Une de plus !

Après les maires EELV de Strasbourg et Bordeaux, l’eurodéputée EELV Marie Toussaint se désolidarise

« On a cherché le buzz, on l’a eu de la pire des manières possibles », déplore mercredi sur franceinfo la tête de liste EELV aux élections européennes. Pour ses propos, écrits et gestes antisémitistes, homophobes et communautaristes anti-laïcs, le rappeur divise les écologistes, dont plusieurs figures regrettent son invitation aux journées d’été d’EELV jeudi et annulent leur participation.

« On ne badine pas avec l’antisémitisme », insiste Marie Toussaint. 

L’islamiste Médine a plaidé des erreurs et des maladresses dans certaines de ses prises de positions. « L’antisémitisme est un poison, je le combats depuis longtemps », déclare-t-il mercredi dans un entretien auvec Le Parisien. Il ajoute qu’un tweet jugé antisémite publié récemment à l’encontre de l’essayiste Rachel Khan était une « erreur » tout comme le geste de la quenelle effectué il y a plusieurs années avec le polémiste Dieudonné.

Marie Toussaint ne plaide pas pour l’annulation du concert du Médine à la réunion de rentrée d’EELV, contrairement au député écologiste Julien Bayou qui affirme, dans les 4 Vérités sur France 2 mercredi, que « ça aurait été plus simple de ne pas l’inviter ». Pour l’élu, c’est « un invité parmi d’autres mais qui a fait un tweet immonde, antisémite. Depuis, il s’en est excusé, ça n’est pas suffisant ».

« Un sujet trop sérieux pour qu’on fasse des coups politiques »

Le ton est différent chez les Insoumis. Pour Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, invitée de France Inter mercredi, « il n’y a pas de sujet Médine« . La députée du Val-de-Marne se déclare « honorée que Médine accepte de venir à nos universités d’été » et apporte son soutien à l’artiste « victime depuis plusieurs jours d’une cabale ignoble menée par l’extrême droite main dans la main avec les macronistes ». « Je trouve insupportable qu’on salisse quelqu’un en disant qu’il est antisémite », ajoute-t-elle en dénonçant « un procès dégueulasse » fait au rappeur.

« On a d’un côté les amis de Monsieur Macron qui disent que nous sommes des anti-républicains et Monsieur Mélenchon qui dit que nous sommes des soumis », analyse Marie Toussaint pour qui « c’est un sujet qui est trop important, trop sérieux pour qu’on fasse des coups politiques ». « On n’est pas les agents de Médine. » « Les quenelles hier et les jeux de mots pourris aujourd’hui ce n’est pas ce dont a besoin le pays », assure-t-elle.

Mélenchon classe  Macron à l’extrême droite

Le président de la République a fait la « jonction dans les faits » avec Marine Le Pen

 » Rien n’arrêtera la dérive macroniste et la jonction/compétition [concept hardi] avec l’extrême droite, à part la victoire de la Nupes », écrit Mélenchon dans un billet publié sur son blog. S’adresse-t-il à la macronie ou aux membres de son mouvement accablés par ses excès et sa fuite en avant ? Saisis par un vent de liberté, EELV s’est choisie une tête de liste, Marie Toussaint, les écologistes fermant ainsi définitivement la porte à l’idée d’une liste unique de la Nupes en 2024. Et le PCF va présenter sa tête de list, sans accord avec la Nupes. Ses alliés seraient-ils en train d’opérer leur transition à droite ? Reste le PS d’Olivier Faure qui se cherche dans le pantalon.

Le meneur des Insoumis LFI, Mélenchon a dénoncé samedi soir la « jonction dans les faits » entre le camp macroniste et l’extrême droite.

Animateur de ces émeutes, avec ses seconds couteaux, Mélenchon estime aussi sur son blog que « rien n’arrêtera la dérive macroniste et la jonction/compétition avec l’extrême droite, à part la victoire de la Nupes », écrit sur son blog Jean-Luc Mélenchon.

Il nie sa contribution permanente à « la victoire prochaine » du RN

 »  Incapables de formuler à haute voix cette jonction, car elle émietterait peut-être le bloc du soi-disant « centre », ils [les macronistes et LR] construisent une jonction dans les faits. Son aliment est le discours dominant aligné sur l’extrême droite, ses mots, ses valeurs, ses registres », assure le révolutionnaire trotskiste, fustigeant aussi bien le mot « décivilisation » employé par Macron, que les mots « régression ethnique », employés par le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

Selon Mélenchon, cette alliance de fait s’exprime dans « la dédiabolisation du RN » et dans « l’annonce permanente de sa victoire prochaine ».

« La mise à l’écart de LFI » « comme dénominateur commun »

« Mais le plus fort est la mise à l’écart de LFI qui fonctionne comme un dénominateur commun. C’est leur liant, leur motif de vote mutuel au deuxième tour », accuse-t-il, se victimisant: l’inversion des valeurs reste sa boussole.

Mélenchon revient également sur les récentes émeutes, consécutives à la mort du jeune Nahel à Nanterre, tué par un policier au cours de son délit de fuite. « Rien, absolument rien, ni aucune des causes à l’origine de la révolte n’aura été traité, aucune parole n’aura été adressée à la souffrance populaire sauf la répression dure et implacable », déplore celui que les sondages désignent comme un nuisible. Le plongeon de sa popularité est de 12 points, ce qui ramène sa cote à 21 %… Et en mai dernier, 32 % seulement de l’électorat proche d’EELV et du PS le voyaient faire « mieux » que Macron si il était au pouvoir.

« La peur de Mélenchon est plus grande que la peur de Le Pen », observe Christophe Barbier . Sur France Info, par exemple (« Les Informés », 12/04) :

Stéphane Vernay (directeur de la rédaction parisienne de Ouest-France : Pour tout ce qui concerne la bordélisation du pays […], [les gens] la mettent sur le dos de La France insoumise et ils la raccrochent à la stratégie de la gauche par rapport à ce qui se passe sur le terrain. […] Ils veulent plus voter pour Macron parce qu’ils lui en veulent à mort, ils en veulent aussi à La France insoumise : hop, ils se tournent plutôt vers le troisième bloc, qui reste debout dans ce paysage politique qui est complètement ratatiné.

« Il n’y a pas de gauche. Il n’y a pas de gauche démocratique. […] Mélenchon, ça le fait plus ! », proclame de son côté Franz-Olivier Giesbert, en écho aux propos de la directrice de Marianne, Natacha Polony : « « Le bruit et la fureur » théorisé par Jean-Luc Mélenchon, [les gens] n’en veulent pas. Ils ne veulent pas d’un pays à feu et à sang, ça les inquiète ! […] Ils vont aller vers ceux qui leur paraîtront à la fois les plus opposés au système et les plus raisonnables. » « Autrefois, le RN […] faisait peur, confirmera le sondeur Stéphane Zumsteeg. C’était un parti très clairement d’extrême droite dont on avait peur et dont on ne voulait pas qu’il accède au pouvoir. Aujourd’hui, il fait moins peur. » (BFM-TV, 22/04) 

Un tombereau de déclarations racistes ?

L’ennemi du système ajoute au délire l’insulte. Dans une note, il dénonce longuement le concept « d’arc républicain », souvent invoqué par la majorité macronienne et qui exclurait les Insoumis, c’est à-dire anti-républicains, puisqu’ils refusent de se soumettre aux lois de la République. Pour lui, l' »arc républicain » désignerait « ce ramassis rance de tous les réactionnaires, sur les positions du RN « » », évoquant même « un festival de déclarations racistes ».

Et l’ancien député, qui y voit un mouvement à l’œuvre dans toute l’Europe, de prévenir : « quand les coalitions « d’arc républicain » et de « réconciliation nationale » auront tout écrasé autour d’elles, les divers nationalismes des divers pays feront leur retour ». Comme si ne suffisait pas l’annonce par les écologistes d’un cataclysme planétaire…

Divergences internes

Mélenchon décoche aussi quelques flèches sur ses alliés de la Nupes, qu’il accuse d’appuyer sur leurs divergences internes, notamment en vue des prochaines élections européennes que la gauche aborde en ordre dispersé.

Bref, Mélenchon est isolé et brame comme un vieux cerf à l’agonie.