Censure gouvernementale : les Français n’ont plus droit à la liberté d’expression de Charlie
« #JeSuisCharlie », c’était tout le monde; ce ne sera plus personne, décrète Hollande !
Vous avez dit « islamisme radical », vous serez punis !
La langue de bois assure-t-elle le bien vivre ensemble ?
Après avoir soumis la langue et les esprits aux tabous du politiquement correct, admettons que les ‘clochards’ ont gagné en dignité (et en calories?) en passant au statut de SDF, mais quand, en langage décodé, il faut entendre qu’un ‘malentendant’ est un ‘sourd’ et croire qu’une personne obèse perd des kilos sous l’étiquette ‘personne en surcharge pondérale’, les influenceurs ont perdu leur temps. Si leur mutation en ‘techniciens’ de surface’ avait rapporté des augmentations de salaires aux ‘balayeurs’, Lolo Fabius ne serait pas soupçonné de trouver du plaisir à enc*ler les mouches en ouvrant la polémique actuelle sur l' »islamisme radical. » Ce n’est pas le pléonasme, bien que révélateur d’une faiblesse de l’analyse, qui chiffonne la pochette blanche du ministre socialiste. Fabius ne voit aucun vice dans la tautologie familière du politique comme du journaliste, ni dans sa volonté de dissimulation de la réalité. C’est ici que le politicard émerge en croyant jouer son rôle politique. Pour ne pas froisser la communauté musulmane, le ministre socialiste réclame du plus grand nombre qu’il adapte son langage aux désirs de la minorité. La liberté d’expression qu’il vante chez les provocateurs de Charlie hebdo serait, selon lui, inadmissible des autres. La démocratie ne donne plus la priorité à la majorité. En régime totalitaire, l’Etat autoritaire confisque au peuple ses libertés. Fabius décide arbitrairement que l’islamiste doit être dissocié de l’islam et, pour ce faire, que toute référence haïssable à l’islamisme sera assimilée à un amalgame réducteur, au même titre que musulman, intégriste musulman et islamiste radical seraient un truisme anti-républicain.
Après trois jours d’attentats terroristes et dix-sept morts, le ministre socialiste se livre à une nouvelle guerre des mots.
Comment qualifier Chérif et Saïd Kouachi – responsables de l’élimination des blasphémateurs de Charlie Hebdo – ainsi qu’Amedy Coulibaly, auteur de la fusillade de Montrouge et de la prise d’otages de l’Hyper-Casher de la porte de Vincennes ? Une fois acquis, dans la douleur, que ces tueurs ne sont pas simplement des « déséquilibrés », mais d’authentiques fanatiques religieux, on s’attendait à ce que le pouvoir socialiste nous sorte des experts pour affirmer que ces musulmans-là ne sont pas de bons croyants motivés par le Coran, puisque « l’islam est une religion de paix, de tolérance et d’amour », quoi qu’en disent Michel Onfray et les récents événements.
Faut-il parler de « djihadistes » ou de « terroristes » ? D' »islamistes radicaux » ou de « fondamentalistes islamiques » ? Les responsables politiques sont partagés. Pour qualifier les assassins, le chef de l’État PS, François Hollande, parle de « terroristes », d' »illuminés », de « fanatiques ». Le patron de l’UMP, Nicolas Sarkozy, est dans le même registre quand il condamne des « terroristes », des « assassins » et des « barbares ». En revanche, plus libres de leur parole, le Premier ministre Manuel Valls, le député UMP de Paris François Fillon, ancien premier ministre, et le député UMP de Haute-Loire Laurent Wauquiez affirment que la France est en guerre contre « l’islamisme radical ». Quant à la patronne du FN Marine Le Pen, elle qualifie les frères Kouachi d' »islamistes radicaux » ou de « fondamentalistes islamiques » tout en établissant un lien clair entre immigration et islam radical. Bref, après le temps de l’union nationale et du recueillement, la presse qui fait son miel des divisions et clivages politiques, n’envisage pas un instant que les criminels sont tout à la fois: ne peuvent-ils entrer que dans une seule case?
Toutes les compromissions sont bonnes pour éviter les dérapages et maintenir la paix sociale
Comment faut-il nommer ces assassins ? Et surtout faut-il nier l’islamisme ? Voici ce qu’en pense Olivier Roy, chercheur spécialiste du monde musulman, directeur d’études à… l’EHESS: « Parler de barbares, cela ne veut rien dire : barbare, c’est une insulte, mais ce n’est pas une analyse politique. On peut les qualifier d’islamistes radicaux, car il faut bien leur donner un nom. [« islamistes » ne suffisant pas, il faudrait donc les distinguer des « gentils » islamistes…] Moi, je dirais que ce sont des terroristes qui se réclament de l’islam. » L’islam, nous y voilà. C’est parce que les responsables politiques veulent à tout prix apaiser la communauté musulmane, rassembler, éviter les dérapages et les amalgames entre « terroristes » et « musulmans » qu’ils refusent d’employer toute expression faisant référence à l’islam. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius l’a clairement expliqué au micro d’Europe 1 : « Je pense que l’expression islamiste n’est probablement pas celle qu’il faut utiliser. J’appelle ça des terroristes. Parce que, dès lors que vous utilisez le mot islam, vous favorisez une espèce de vision de continuité entre le musulman, qui pratique sa religion qui est une religion de paix [postulat], et puis quelque chose qui serait une certaine interprétation de la religion musulmane. »
« Khmers rouges »
Alors que la pratique de l’islam en France, ses manifestations visibles et son envahissement de l’actualité irritent une part grandissante des électeurs tentés par des solutions radicales, les dirigeants multiplient les déclarations sur la nécessité d’éviter les « amalgames ». Le mot « stigmatisation » a en effet été déjà précipité au fond des douves. François Hollande vendredi soir -« ceux qui ont commis ces actes, ces terroristes, ces illuminés, n’ont rien a voir avec la religion musulmane » – se retrouve sur la même ligne que Marine Le Pen qui appelle à « ne pas faire de confusion entre nos compatriotes musulmans attachés à nos valeurs et ceux qui pensent pouvoir tuer au nom de l’islam« . Pour le chercheur Olivier Roy, « le problème, ce n’est pas ce que dit l’islam. [le Coran est intouchable et ça tranche avec son traitement, approuvé de la classe politque, par Charlie hebdo]
Le chercheur se réserve le droit d’interpréter: « Pour les terroristes, l’islam est un imaginaire politique et une cause abstraite qui a l’avantage d’être virtuelle et globale. Ils n’ont aucune formation religieuse. L’erreur est d’insister sur l’islam, car c’est avant tout un phénomène terroriste de violence radicale. » Et de poursuivre dans la déstructuration et le cloisonnement : « Ces jeunes ne sont pas intéressés par la religion mais par le djihad : le djihad avec un grand D a remplacé ce qui était la révolution avec un grand R il y a trente ans. Les terroristes mènent un combat politique. Ils agissent comme des révolutionnaires. Ce sont des Khmers rouges qui ont fait table rase pour l’émergence de ce qu’ils voient comme la vérité. » Seraient-ce aussi les enfants de Mai 68 ?
Immigration et islam au coeur des débats
Malgré les appels à l’unanimisme et au refus de tout amalgame, d’aucuns ont bien l’intention de débattre librement de l’immigration, l’intégration ou la pratique de l’islam en France. « Je dois mesurer mes propos pour éviter que nous basculions de l’unité nationale à l’affrontement national, c’est un risque. Je n’ai pas l’intention de jeter de l’huile sur le feu, ce qui serait irresponsable« , affirme Nicolas Sarkozy. Avant d’ajouter : « Les questions de l’immigration et de l’islam sont clairement posées. La question clairement posée aujourd’hui, c’est celle de l’islam de France, pas de l’islam en France. »
De son côté, Marine Le Pen s’inquiète que « le mot de fondamentalisme islamiste » ne soit pas utilisé. « Le simple mot de terrorisme me paraît tout à fait insuffisant. Le terrorisme est un moyen, mais, derrière ce terrorisme, il y a une idéologie, et cette idéologie, c’est le fondamentaliste islamiste. Le fondamentalisme islamiste est le cancer de l’islam« , observe-t-elle.
Jean-Marie Le Pen, « Charlie Martel »
Quant au président d’honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, il dit tout haut ce que pensent tout bas de nombreux militants frontistes et autres : « Je ne suis pas Charlie, je suis Charlie Martel. » Une façon de proclamer que, selon lui, il faut bouter l’islam hors de France en faisant allusion au prince franc qui –à la suite de la victoire remportée aux environs de Poitiers en octobre 732- arrêta l’invasion musulmane dirigée par Abd al-Rahman. Autant de débats et de rappels sur l’islam hégémonique que certains veulent éviter. « Dire depuis dix ans que l’islam pose problème en France pousse certains musulmans à se placer dans une logique de rejet de la société, argue Amel Boubekeur, sociologue spécialiste de l’islam. (…) L’exclusion des musulmans est assurément le moteur de la radicalisation, » soutient-il dans une logique de victimisation. Et Olivier Roy de conseiller : « Il faut montrer la diversité de la population musulmane en France : il y a beaucoup plus de musulmans qui sont dans l’armée, la police et la gendarmerie françaises que dans al-Qaida. » Faut-il aussi démontrer que nombre de conflits actuels dans le monde sont dus à la rivalité entre Sunnites et Chiites ?
Pour Fabius, l’intégration de l’islam se décrète
Vous avez dit « apartheid », vous serez punis ! « Un apartheid territorial, social, ethnique, s’est imposé à notre pays. » Cette phrase de Manuel Valls lors de ses voeux à la presse mardi suscite en effet de nombreuses réactions négatives. Pour beaucoup, toutes tendances politiques confondues, le Premier ministre est « allé trop loin » en utilisant un mot lourd de sens et « inadapté » à la situation française. Si « ghetto » ou « ségrégation » reviennent désormais régulièrement dans la bouche des politiques, la référence à un « apartheid » a perturbé ce pays qui proscrit les références ethniques.
La police du langage est de retour
Nathalie Kosciuzko-Morizet, vice-présidente déléguée de l’UMP, s’est insurgée contre l’emploi de ce mot « insultant pour la République ». « La République a besoin de clarté, pas de confusion des mots et des idées« , a-t-elle affirmé.
L’usage du mot apartheid, du nom de la ségrégation raciale mise en place par le régime sud-africain jusqu’en 1994, est « irresponsable » et « insultant », a pour sa part jugé Florian Philippot, vice-président du FN (Front national), accusant le Premier ministre de « jeter de l’huile sur le feu« .
Le coprésident du groupe EELV à l’Assemblée nationale, François de Rugy, a jugé que le terme de « ghetto » aurait été « beaucoup plus juste ». « Mais le Premier ministre visait à nommer les choses et à regretter que, par exemple, après les émeutes de 2005 (…) on ait refermé un peu trop vite ce qui est apparu comme une parenthèse alors que c’était une révolte qui révélait des fractures inacceptables« . Une défense aussi peu convaincante qu’alambiquée rappelant que le petit homme vert est toujours demandeur d’un maroquin.
Rugy se refuse pourtant à remonter le temps et à évoquer ce qui dérange dans le contexte des derniers attentats sanglants de Paris. En 1983, dans les années Mitterrand, a en effet eu lieu la Marche pour l’égalité et contre le racisme, surnommée « Marche des beurs », contre le racisme, et pour une carte de séjour de dix ans et le droit de vote des étrangers. Une première désillusion historique et profonde des musulmans face au pouvoir socialiste et qui a été le point de départ de la fracture communautaire et de… l’apartheid en question. La gauche a bien tenté, mais en vain, une récupération des Indigènes de la République au moment de l’hystérie collective du 12 juillet 1998, orchestrée par Lionel Jospin et sa ministre de la Jeunesse et des Sports, Marie-George Buffet (PCF). La presse dans son ensemble et un grand nombre d’intellectuels salua sans mesure la victoire de l’équipe black-blanc-beur de football, preuve supposée de l’intégration réussie et de la nation réconciliée, cette équipe « black-blanc-beur » des Thuram, Barthez et Zidane, auteur amnistié -puis sanctifié- d’un violent « coup de boule » sur un Européen d’Italie.
Moins nuancé et plus offensif, le Parti communiste accuse le Premier ministre de « non assistance à territoire en danger » et lui a demandé « d’agir » « avec un changement de politique ». Un porte-parole du PCF pointe d’ailleurs le lien avec les « conséquences de l’austérité dans les quartiers« .
Même au sein du parti gouvernemental, Manuel Valls fait grincer des dents aiguisées.
« L’apartheid, vous l’avez connu, c’était le fait que juridiquement tous ceux qui étaient noirs n’avaient pas les mêmes droits que les blancs. Le problème en France n’est pas juridique, c’est un problème de réalité », a réagi sur RTL le grand prêtre des bonnes moeurs politiques et du langage politicien, Laurent Fabius , ministre intermittent des Affaires étrangères et épisodique au Tourisme.
Même Jean-Jacques Urvoas, président PS de la commission des Lois et proche de Manuel Valls, juge le mot « maladroit » parce qu’il est « connoté géographiquement et historiquement ».
Déjà en 2005, Manuel Valls utilisait le mot « apartheid »
Peu cultivé, Manuel Valls a des lacunes: ses études universitaires ont été brèves et non qualifiantes… Le patron des godillots socialistes de l’Assemblée nationale a ressorti la brosse à reluire. « C’est un mot qui est certes fort, mais c’est un mot qu’il avait déjà utilisé », tente de raisonner Bruno Le Roux, sans parvenir à établir de lien entre « mot fort » et « déjà utilisé ». Mais il persévère et nous raconte que « parce qu’il est fort, il montre l’exigence républicaine à laquelle nous sommes confrontés. » Et nous en sommes au même point: nulle part. Le président du groupe socialiste à l’Assemblée est hors sujet, mais poursuit en langue de bois, dans un réflexe de député de Seine-Saint-Denis, soulignant les « fractures, énormes, béantes sur notre territoire qu’il convient de résoudre« . CQFD.
Au fond, le pruneau cuit est le seul, avec Valls, à admettre l’existence d’un apartheid à la Hollande.
Les chroniqueurs s’enflamment comme de l’amadou
Mais « si l’ancien maire de banlieue pouvait formuler ce type de constat [en 2005] dans une logique de dénonciation, des mots similaires dans la bouche d’un Premier ministre prennent un sens différent », insiste Le Monde qui voit là une « rupture ». D’autant plus que ce mot tabou sous-entendrait que « les logiques de ségrégation ne sont pas uniquement subies mais qu’elles sont, au moins en partie, construites par les politiques publiques, notamment dans les domaines du logement, de l’éducation et de l’emploi.«
« Une erreur profonde » ou un « signal » assumé? Ce « mauvais mot », selon Le Point, fait réagir l’ensemble de la presse ce mercredi matin.
« En France, il y a encore des mots qui font sens. L’apartheid en fait partie. Il est clivant. Inadapté. Et surtout improductif », a dénoncé Yann Marec du Midi Libre qui y voit « une erreur profonde de la part du leader du gouvernement« .
Ces mots sont « d’une rare violence », renchérit Bernard Stéphan, dans La Montagne.
Manuel Valls « chasse le déni partout où il se cache quitte à se mélanger les crayons dans le choix du calibre », commente aussi Jean-Louis Hervois, pour La Charente Libre.
« Le Premier ministre est allé trop loin, il y a une limite à ne pas franchir », assène Hervé Favre dans la Voix du Nord.
Pour Didier Rose, des Dernières Nouvelles d’Alsace, « la formule de Manuel Valls surprend » car fait-il remarquer « depuis les attentats, François Hollande n’a eu de cesse d’invoquer l’union nationale. »
« Manuel Valls a voulu surjouer un élan de sincérité », observe de son côté Jean-Emmanuel Ducoin, dans L’Humanité.
« Le mot est lourd. Il est fort. Il est choquant », martèle Philippe Waucampt, dans Le Républicain lorrain. « Les termes employés ont quelque chose de déplacé (…) Une interprétation aux antipodes du modèle républicain français », juge-t-il. Mais ils doivent aussi « se lire comme un signal adressé à ceux qui se sentent en marge d’un pays se complaisant à les ignorer », conclut l’éditorialiste.
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