Législatives 2024 : 24 ministres sont candidats, dont Gabriel Attal et Gérald Darmanin

Parmi les 4000 candidats aux législatives 2024, 24 ministres dont Gabriel Attal et Gérald Darmanin

Plus de la moitié du gouvernement dont Gabriel Attal et Gérald Darmanin sont candidats aux législatives des 30 juin et 7 juillet.
Plus de la moitié du gouvernement, dont Gabriel Attal et Gérald Darmanin, est candidate aux législatives des 30 juin et 7 juillet.

Sur les 35 membres du gouvernement, ils sont 24 à briguer un siège de député.

Gabriel Attal, désigné par la Constitution comme de parti, du camp macronien en l’occurrence, se représente dans sa circonscription, la dixième des Hauts-de-Seine, à Vanves, dont il est le représentant depuis 2017. Le Premier ministre avait été élu avec 60 % des voix en 2022, contre la socialiste Cécile Soubelet (40 %). Il exhorte aujourd’hui les électeurs à lui redonner leur confiance pour poursuivre sa mission à Matignon.

Toujours dans les Hauts-de-Seine, le ministre des Affaires étrangères, son ex-compagnon, Stéphane Séjourné tente pour la première fois de se faire élire député en se présentant dans la 9e circonscription comprenant Boulogne-Billancourt. La porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot remet en jeu son mandat dans la circonscription voisine.

Ailleurs en Ile-de-France, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, et la ministre déléguée chargée des Entreprises, Olivia Grégoire, briguent un mandat à Paris. Ils sont trois députés sortants des Yvelines à se représenter : Aurore Bergé (Egalité), Marie Lebec (Relations avec le Parlement) et Jean-Noël Barrot (Europe). 

Franck Riester, le ministre délégué au Commerce extérieur, veut garder son mandat en Seine-et-Marne dont il est l’élu depuis 2007. Dans le même département, Frédéric Valletoux (Santé) repart aussi en campagne sous l’étiquette d’Horizons, tandis que Marie Guévenoux, ministre chargée des Outre-Mer et également soutien d’Edouard Philippe, est candidate à sa réélection en Essonne.

Darmanin joue son poste de ministre à Tourcoing

Dans le Nord, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur qui figure parmi les poids lourds du gouvernement, mène à nouveau campagne à Tourcoing. Il a déjà fait savoir qu’en cas d’échec, il démissionnera du gouvernement, y compris avant les Jeux olympiques qui débutent le 26 juillet.

Sa collègue chargée de l’Agriculture Agnès Pannier-Runacher, jamais candidate à des élections législatives, se présente aussi dans la région des Hauts-de-France, dans le Pas-de-Calais.

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et Guillaume Kasbarian, ministre du Logement, se représentent tous deux en Centre-Val de Loire, respectivement dans le Loir-et-Cher et en Eure-et-Loir. Fadila Khattabi, ministre déléguée aux Personnes âgées et handicapées, et sortante de la Côte-d’Or, est à nouveau candidate. Marina Ferrari, (Numérique), est candidate à sa succession en Savoie. Sarah El Haïry (ministre déléguée à la Jeunesse) et Hervé Berville (secrétaire d’Etat à la Mer) représentent le camp présidentiel dans l’ouest du pays, en Loire-Atlantique et dans les Côtes-d’Armor.

Dans la partie sud du pays, ils sont quatre à se présenter devant les électeurs. Dominique Faure (Collectivités territoriales) en Haute-Garonne, Thomas Cazenave (Budget) en Gironde, Patricia Mirallès (Anciens combattants) dans l’Hérault et Sabrina Agresti-Roubache (Citoyenneté) dans les Bouches-du-Rhône. Le ministre de l’Industrie Roland Lescure brigue pour sa part encore le mandat des Français du Canada et des Etats-Unis.

Les prix plancher agricoles adoptés à l’Assemblée, contre l’avis du gouvernement

Les Ecologistes infligent une défaite symbolique au gouvernement 

Le président pérore,
son ministre baisse les yeux

Le retour d’une mesure voulue par Macron, mais rejetée par la macronie.

Macron avait annoncé la mise en place de « prix plancher », au Salon de l’agriculture, à la surprise générale, pour garantir les rémunérations agricoles.

Leur mise en œuvre semblait à risques. Mais, surprise, ils viennent d’être votés à l’Assemblée à la faveur d’une niche parlementaire écolo.

A la faveur de leur niche parlementaire du jeudi 4 avril, les députés écologistes ont présenté une proposition de loi visant à instaurer leur version des prix plancher agricole. La majorité a voté contre, espérant faire valoir sa propre interprétation du sujet dans de prochaines propositions législatives. Mais, faute d’opposition de la droite, la mesure a été adoptée quand même…

C’était une des images du Salon de l’Agriculture 2024 (ci-dessus). Le visage du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau se décomposant à l’annonce, par le président de la République, de l’instauration d’un prix plancher agricole pour sauver les revenus des fermes. Rien n’avait été préparé. Pire, la majorité, qui s’était gaussée d’une proposition similaire faite, en novembre à l’Assemblée, par La France Insoumise, s’était retrouvée en porte-à-faux.

L’Assemblée a approuvé jeudi 4 avril dans la soirée en première lecture une proposition de loi écologiste en faveur de prix planchers pour les agriculteurs, en dépit de l’opposition de la majorité et du gouvernement.

Dans un hémicycle clairsemé, où de nombreux élus macronistes étaient absents, le texte de la députée écologiste de la Drôme Marie Pochon a été approuvé par 89 voix contre 66, la gauche votant pour et la majorité contre. Le RN s’est abstenu, affirmant par la voix de Grégoire de Fournas avoir «toujours été pour des prix planchers», mais regrettant l’absence dans le texte de «dispositifs pour encadrer les marges» au risque de nourrir «l’inflation alimentaire».

LR a été quasi absent du débat, mais le député Pierre Cordier a marqué son désaccord avec le texte.

Pour «garantir un revenu digne aux agriculteurs», le texte écologiste prévoit un prix minimal d’achat fixé par «une conférence publique» dans les filières qui le souhaitent, ou sur décision du gouvernement  en cas de désaccord. Le texte prévoit que les prix ainsi déterminés permettent de rémunérer les agriculteurs à hauteur de deux fois le Smic, le prix minimum pouvant être revu tous les quatre mois.

La proposition de loi, qui reprend une mesure proposée dans un texte de la France insoumise rejeté de peu dans l’hémicycle en novembre, fait aussi écho aux propos du président Macron, qui avait fixé un objectif de «prix planchers» lors de sa visite houleuse du Salon de l’agriculture en février, sur fond de colère paysanne.

«Inopérant»

Au banc du gouvernement, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, a toutefois rejeté avec vigueur le dispositif proposé par l’écologiste Marie Pochon, le jugeant «inopérant», même si le gouvernement «partage pleinement [sa] préoccupation» par le1 revenu des agriculteurs. «La piste conduisant à des prix administrés doit être écartée» car ce n’est pas le gouvernement qui «peut déterminer le prix pour un secteur économique», a estimé Agnès Pannier-Runacher.

De plus, «l’instauration d’un prix minimal qui par définition ne s’appliquerait qu’à la production nationale, pourrait favoriser les produits importés au détriment de nos agriculteurs», a-t-elle souligné.

Au cours de débats qui se sont étirés, la majorité a parfois donné l’impression de jouer la montre pour éviter d’aller jusqu’au vote de la loi. «Ils sont gênés sur un dispositif annoncé par le président de la République», a analysé Marie Pochon.

Le député MoDem Bruno Millienne a particulièrement échauffé les esprits, en accusant les écologistes de «vouloir [se] racheter une conscience, après avoir fait chier les agriculteurs pendant des décennies, mais ça ne marche pas»«Oui nous sommes écologistes, nous sommes fiers et nous sommes au côté des agriculteurs. La réalité c’est que vous n’assumez pas votre vote» – contre les prix planchers -, a réagi la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain.

Un mois avant, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, Marc Fesneau était d’un avis diamétralement opposé. «La proposition de LFI pour un prix plancher sur le lait c’est un modèle soviétique».

Le texte doit désormais être présenté au Sénat, à majorité à droite.

Macron empêché au Salon de l’agriculture : des paysans imposent leurs volontés au président

Inauguration retardée, mini débat, déambulation restreinte, affrontements, huées, appels à la démission,…

« Grand » débat réduit à… 50

Les agriculteurs ont exécuté l’ultimatum qu’ils avaient lancé au président Macron lorsqu’ils bloquaient les autoroutes au mois de janvier. Sur les barricades de tracteurs et de bottes de foin, ils avaient mis en garde le chef de l’Etat contre sa visite les mains vides au salon de l’agriculture qui s’est ouvert dans la confusion ce samedi 24 février avec 1h30 de retard à 10h30 alors que les esprits s’étaient échauffés.

Macron, c’est déjà
sept ans de malheur

Les plus téméraires ont tenté d’escalader les grilles avant d’être rattrapés par les policiers de la Brav-M. Un membre de la Coordination rurale, Patrick Legras, s’énerve : « C’est le Salon de l’agriculture ! Pas celui du président et on est interdit d’y entrer ! C’est honteux ».

Un niveau de langue du président Macron révélateur de sa tension

Pendant cette longue heure et demie, Macron s’est entretenu avec quelques responsables choisis de syndicats agricoles, en étage, sous une caméra fixe: FNSEA, la Confédération paysanne, les Jeunes Agriculteurs, la Coordination rurale et le Modef (mouvement de défense des exploitants familiaux). Une réunion pour sauver la face, à l’issue de laquelle le président de la République s’est exprimé dans un couloir du hall 1 du parc des expositions, à distance des agriculteurs en colère, derrière six rangs de policiers. Plusieurs centaines d’agriculteurs se sont introduits dans le hall d’accueil et ont échangé des coups dans les allées avec les CRS abondamment déployés à l’intérieur, provoquant ainsi un regain de fureur.

Tensions inédites

Dans le salon, une voix annonce sobrement que cette 60e édition s’est ouverte avec du retard et que le Hall 1 n’ouvrira « qu’ultérieurement » au public. « Pour un salon, c’est un démarrage particulier d’avoir le Hall 1 vide. C’est historique », observe Edith Macke, éleveuse dans le Nord. Il faudra attendre 14 heures passées avant que les visiteurs puissent accéder à la plus grande salle d’exposition où se mêlent vaches, chèvres, brebis, toutes installées sur un matelas de paille. Juste avant l’ouverture au public de cet espace, des agriculteurs bonnets jaunes vissés sur la tête ont tenté de pousser les CRS et les policiers en civil déployés en nombre et paraissant par moments dépassés.

Malgré les sifflets, les huées et les « Macron démission » scandés par les agriculteurs présents depuis l’aube dans le hall 1, Emmanuel Macron, dont c’est le sixième salon en tant que président de la République, a progressé de en bulle dans les allées sécurisées. L’un des éleveurs de la vache égérie, prénommée Oreillette, ne cache pas sa déception.

Mêlée paysans-policiers en civil

L’ambiance est inédite, à en croire les habitués du salon. Tom Dumesnil est âgé de 19 ans dont 15 à venir avec ses parents éleveurs à la porte de Versailles. Aujourd’hui il garde un œil inquiet sur ses cinq vaches blanches avec des tâches marron. Elles sont à une dizaine de mètres des manifestants et du barrage précaire de CRS qui disposent de sulfateuses à gaz lacrymo, pour le bien-être animal… « C’est pas au salon qu’il faut faire ce cirque-là. On ne montre pas une bonne image des agriculteurs », estime le jeune homme, non syndiqué. Ses bêtes sont nerveuses à cause des policiers et des agents de sécurité qui se pressent autour d’elles. « Il y en a qui ont dû enlever leurs vaches. On ne sait jamais comment ça peut dégénérer », explique celui qui veut reprendre l’exploitation de ses parents.

Policiers à cheval

A l’extérieur, on peut croiser des chevaux qui ne sont pas exposés, mais montés par les policiers.

Les CRS bloquent les accès à l’étage ou courent toujours dans les allées. « D’habitude, on les voit dehors, pas dedans », gronde Patrick Solignac, éleveur de bovins.

Lui a pu échanger avec Macron : « Je lui ai dit de penser aux éleveurs parce qu’on est un peu les oubliés », rapporte-t-il. Assis sur une botte de foin, un autre éleveur d’Occitanie, observe la déambulation du chef de l’Etat. « Certes, il déambule avec un dispositif de sécurité, mais il le fait », lui reconnaît Nicolas Lassalle.

Le responsable FNSEA de l’Aude est en colère contre les retards de paiement de la politique agricole commune (PAC). « La PAC me doit 180 000 euros depuis octobre », peste-t-il. L’agriculteur vient depuis 25 ans au salon et comprend la colère de ses collègues. Lui-même aimerait que l’on « arrête la mondialisation » et il dénonce « les industriels qui font des plus-values » sur ses produits. Lors de ses échanges avec les éleveurs, le président a pourtant rappelé que « Sans Europe, il n’y a pas d’agriculture ».

Avant d’entamer une déambulation houleuse, sous haute protection policière, Macron s’est entretenu avec des agriculteurs dans le hall 1 fermé au public. Il s’est satisfait d’un mini-débat improvisé suite à l’annulation de la veille après l’invitation provocante de l’organisation écologiste radicale Les Soulèvements de la Terre. Face à lui, des bonnets jaunes siglés Coordination rurale, des casquettes rouges, marque des Jeunes agriculteurs et des vertes floquées de la FNSEA.

La Confédération paysanne était absente. « Tout ce sketch détourne l’attention sur le sujet principal qui est celui du revenu des agriculteurs », a dénoncé Laurence Marandola, sa porte-parole, solidaire des Soulèvements de la terre. « La Confédération paysanne a refusé de fournir 30 noms d’agriculteurs pour remplir les tribunes » du grand débat au Salon de l’agriculture, a annoncé vendredi 23 février Laurence Marandola. Ni grand, ni micro débat: « C’est une mascarade pour mettre en valeur le président de la République et la FNSEA ».

Le chef de l’Etat lâche à nouveau du lest en annonçant que l’agriculture sera reconnue comme « un intérêt général majeur », une mesure demandée par Arnaud Rousseau, président de la FNSEA sur Public Sénat, une réflexion sur des « prix planchers pour préserver le revenu agricole », contre l’avis de son ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, ainsi qu’une trésorerie d’urgence. Une rencontre sera organisée avec les syndicats agricoles dans trois semaines, promet aussi Macron.

Malgré ces annonces, la situation ne s’est pas détendue, c’est sous les huées et les appels à la démission que le président a coupé le ruban inaugural du salon… à 13 h 30.

Inauguration retardée d’une demi-journée : inédit !

« Nos revendications sont toujours les mêmes, des prix pas des primes », lance Joël Fortin, éleveur retraité depuis trois ans. L’agriculteur, membre de la Coordination rurale et originaire de Vendée, explique les mouvements de foule et les tensions par « l’accumulation de ce mois d’actions ». « Les prix planchers, c’est bien, ça peut aider, mais les annonces ne sont pas encore complètes. On veut une feuille de route précise », demande Edith Mack, éleveuse de bovins dans le Nord.

Inquiétudes persistantes

La colère est profonde. Quentin Arnaldi, un sifflet rouge autour du cou et un tee-shirt marqué « Jeunes agriculteurs » s’inquiète : « Si ça continue, ce ne sera plus le salon de l’agriculture mais un musée parce qu’on sera tous morts ».

Après s’être accordé une pause déjeuner avec les responsables des filières agricoles, Macron a repris sa déambulation dans les allées du hall 4, fermé par les CRS. Contrairement à sa visite du hall 1, celle-ci était donc beaucoup plus calme: un salon Potemkine… Le président de la République a échangé avec des agriculteurs et des visiteurs, récupéré des lettres de doléances et une bouteille de vin de la part d’un viticulteur de Haute-Garonne. « Qui aurait dit ce matin que douze heures plus tard on serait ici en train de travailler ? On fait, on avance et c’est ce que méritent les agriculteurs français », s’est félicité Macron lors d’une conférence de presse en fin de journée, sans un mot pour ses protecteurs policiers. Malgré le calme apparent de la deuxième partie de journée, une visite d’un chef de l’Etat au salon de l’agriculture n’aura jamais été aussi perturbée.

Interpellation de Régis Desrumaux, leader de la FDSEA de l’Oise

Peu après l’ouverture du Salon de l’agriculture à Paris, ce samedi 24 février, le leader de la FDSEA de l’Oise a été interpellé par les forces de l’ordre. Les agriculteurs du département ont alors lancé un appel à la mobilisation, menaçant de bloquer la préfecture à Beauvais et les grands axes routiers. 

La visite de Macron tourne au chaos

Emmanuel Macron a profité de sa venue au Salon samedi pour faire des annonces au monde agricole.
Macron sous tension, avec ses deux ministres-santons,
Fesneau et Pannier-Runacher

Des grilles forcées, des policiers visés par des projectiles… Jamais de mémoire de policiers et d’agriculteurs, le Salon de l’Agriculture n’avait vu, pour la venue d’un chef de l’Etat, CRS et gendarmes mobiles s’affronter avec des manifestants dans son enceinte même, donnant l’image d’un immense chaos. Six manifestants ont d’ailleurs été interpellés et huit membres des forces de l’ordre ont été blessés ce samedi, dont deux « un peu plus sérieusement touchés ».

Le préfet a évalué entre « 300 et 400 » le nombre des manifestants vindicatifs, le matin. Concernant l’après-midi, il a revendiqué d’avoir interdit à « 300 militants de la Coordination rurale » l’entrée du hall 4 du Parc des Expositions où était alors le chef de l’Etat, pour les empêcher de venir « à nouveau au contact du président de la République, pour s’en prendre à une autorité publique ». Il a précisé que trois des personnes interpellées l’avaient été pour « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Le Parquet de Paris avait relevé un peu plus tôt que ces personnes seraient convoquées ultérieurement par la justice.

« Ce manque d’anticipation est incompréhensible »

Le contexte de grande colère des agriculteurs , qui avaient suspendu il y a un mois leur mouvement sur des annonces présidentielles non tenues, laissait présager une visite compliquée samedi pour le diseur qui a misé sur le déploiement des forces de l’ordre casquées et boucliers au poing pour contenir les agriculteurs en colère. Du jamais vu.

« Jamais, je n’ai vu cela », a affirmé le secrétaire national Alliance des CRS et ancien responsable de groupes de sécurité du président et du premier ministre, Johann Cavallero. « Quand on en arrive là, c’est que la situation est hors de contrôle », estime cet ancien policier. Et pourtant, a noté un connaisseur des visites de personnalités de haut rang au Salon, « ce n’était pas une surprise cette colère, exacerbée par l’invitation des Soulèvements de la terre au débat présidentiel ». « Ce manque d’anticipation est incompréhensible ».

D’habitude, les forces mobiles sont déployées autour de l’enceinte du Salon. « C’est le protocole pour le chef de l’Etat », c’est aussi le cas pour d’autres personnalités politiques comme le Premier ministre, a confirmé Johann Cavallero, confirmant la fébrilité de l’Elysée.

Des CRS en renfort

Tout a dérapé peu après 8h00, alors que Macron était confiné dans une salle au premier étage du parc des expositions de la porte de Versailles avec des représentants syndicaux agricoles. A ce moment-là, des agriculteurs de la FNSEA et de la Coordination rurale ont forcé les grilles d’entrée du salon. Grilles gardées par la sécurité privée du Salon, comme l’ont assuré Johann Cavallero et deux sources policières. « Depuis plusieurs années, la responsabilité de la garde des grilles est confiée aux personnels de sécurité privée », a affirmé le responsable Alliance des CRS.

Quatre compagnies de CRS étaient mobilisées depuis 06h00 du matin aux abords du Parc des Expositions, soit quatre fois 160 fonctionnaires actifs, 640 CRS. Et deux autres sont venues en renfort dans la matinée. Il y avait aussi des compagnies de gendarmes mobiles. Deux forces qui ont l’habitude de travailler ensemble dans les opérations de maintien de l’ordre.

« Il y a eu un loupé avec le franchissement des barrières d’entrée. Après, un peu tout le monde a fait du maintien de l’ordre à l’intérieur. Et là s’est posé un problème de coordination entre les forces », analyse Johann Cavallero.

Des animaux en panique

Samedi, il y avait des policiers en civil de la préfecture de police de Paris, des policiers de la CRS 8 (l’unité spécialisée dans les opérations de lutte contre les violences urbaines et autres), des CRS, des gendarmes mobiles, des forces de l’ordre à cheval

« En panique » ?

« Les CRS avaient interdiction d’utiliser des gaz lacrymogènes à cause des animaux », ont affirmé plusieurs membres des forces de l’ordre. Néanmoins, des agriculteurs ont fait état sur des chaînes d’information de l’utilisation très brève de lacrymogène. Pour le préfet de police, les forces de l’ordre n’ont pas utilisé de gaz lacrymogène, « à une exception près, celle d’un gendarme mobile, projeté au sol, pris à partie, qui, pour se dégager, a fait usage très brièvement d’une gazeuse à main ».

Pendant plusieurs heures, de façon intermittente, il y a eu des agriculteurs poussant les forces de l’ordre qui elles-mêmes les repoussaient vivement. « C’est de la poussette. On ne peut pas faire autre chose dans un milieu clos tel que le Salon », a expliqué le syndicaliste policier, ajoutant que si les policiers avaient mis leurs casques, c’était en protection d’éventuels projectiles que des agriculteurs auraient pu lancer(mottes de terre, œufs, etc..).

Jamais une inauguration du Salon par un chef de l’Etat n’était intervenue plus de quatre heures après l’horaire prévu, avec le Hall principal, celui des animaux, fermé au public à l’ouverture. « Samedi, la tension était à un niveau paroxystique », a résumé un habitué du Salon.

Macron aurait menti en niant farouchement les invitations de l’exécutif aux Soulèvements de la terre à son « grand » débat avec les agriculteurs

Macron au Salon de l’Agriculture : fallait pas l’inviter !

Le président de la République a politisé sa visite du 60e Salon international de l’Agriculture – du 24 février au 3 mars 2024 à Paris Expo Porte de Versailles – en attaquant le Rassemblement national, parti qui rassembla 13 millions d’électeurs contre lui en avril 2022, mais ignorant le collectif radical Les Soulèvements de la terre qui blesse des policiers et qu’il a tenté de dissoudre. En vain, comme la plupart de ses actions. BFMTV a interrompu un entretien pour diffuser en direct l’agression verbale présidentielle du premier parti de France.

Le santon Pannier-Runacher baisse les yeux…

A la Joe Biden, 81 ans, insultant Poutine, traité de « fils de p*te » («son of a bitch»), pendant une rencontre à San Francisco (Californie) avec des donateurs du Parti démocrate, Macron en campagne des Européennes – faute de se trouver une tête de liste pour son mouvement – a estimé que la profession agricole « mérite mieux » que le « projet de décroissance et de bêtise » du RN

Macron a pété un cable ce samedi 24 février au cours de réponses aux questions de la presse depuis le Salon de l’agriculture. Il est entré dans une colère noire pour assurer qu’il n’a jamais invité les Soulèvements de la Terre à débattre. Il a martelé qu’il n’a « jamais » au grand jamais « songé initier » une invitation au collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre à un grand débat.

« Je démens totalement cette information. Totalement ! Je n’ai jamais songé initier une telle invitation », à un grand débat au premier jour du Salon de l’agriculture, a-t-il asséné en évoquant le collectif écologiste d’extrême gauche. Une nouvelle qui avait provoqué la colère des agriculteurs et déclenché un boycottage par la FNSEA, syndicat majoritaire et respectueux.

« Vous parlez au président de la République qui a assumé de faire passer en Conseil des ministres la dissolution des Soulèvement de la Terre. Toute cette histoire m’a mis en colère à un point que vous ne pouvez pas imaginer (…) Donc là, ça, c’est n’importe quoi », a-t-il ajouté haussant le ton, visiblement hors de lui. Sauf qu’il est un comédien reconnu, également capable de prononcer des discours d’hommage sur un ton compassé frisant le ridicule et de prononcer au Salon des grossièretés (« bordel », « emmerder » et autres), le banquier pensant faire peuple et se rallier ainsi les benêts.

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, détourne le regard…

Macron évoque une « erreur » de ses conseillers

Pressé par les journalistes puisque le collectif avait été cité parmi d’autres dans un appel de l’Élysée à débattre avec la presse, il a insisté : « Il n’y a pas eu d’invitation. »

« Il y a eu une erreur qui a été faite quand ce groupement a été cité, mais c’est faux. Il y a eu la volonté d’organiser un débat avec toutes les parties prenantes, avec les distributeurs, avec la grande distribution, avec les industries agroalimentaires et avec les organisations qui sont dans les conseils, c’est-à-dire les organisations qui ont pignon sur rue, qui sont pacifiques et qu’on retrouve dans les conseils Ecophyto, etc. », a-t-il dit, citant les douteux WWF et Greenpeace.

VOIR la colère surjouée de Macron :

« Les organisations qui pratiquent la menace, qui détruisent : jamais », a conclu le président, dont on ne savait toujours pas à 10h s’il comptait se rendre au contact des agriculteurs échaudés pour couper le cordon officiel signant l’ouverture du Salon. Macron n’aurait donc pas tenté d’amadouer les méchants en invitant LSD, sachant que la FNSEA et les JA , quant à eux, sont accessibles à la raison et entrent dans l' »arc républicain. »

Les Soulèvements de la terre démentent les propos du président

« Contrairement à ce que voudrait faire croire Emmanuel Macron et la FNSEA, les Soulèvements de la terre sont nés avec l’objectif de lutter pour la préservation d’une agriculture paysanne, contre l’artificialisation et l’accaparement des terres. Nous ne sommes pas contre les agriculteurs, nous oeuvrons au contraire aux côtés d’une grande partie d’entre eux depuis nos débuts, pour que les ressources, les sols, l’eau soient protégés : c’est la condition sine qua non pour qu’une agriculture soit possible encore demain, et que de nombreuses personnes puissent vivre de la paysannerie, assure LST sur son site. L’Élysée a bien cherché à nous contacter via différents biais pour nous inviter à ce « grand débat » [1]. Voici quelques clarifications sur notre positionnement et sur les dernières 48h.

Marine Tondelier (EELV) confirme : lien

En deux jours, la venue d’Emmanuel Macron au salon de l’agriculture a pris des airs de farce et s’est accompagnée d’une somme de mensonges de l’exécutif. A l’heure d’une fronde agricole inédite, Macron a cherché à désamorcer le conflit en resservant la soupe du « grand débat ». Mais de l’arnaque de la convention citoyenne pour le climat au simulacre de négociations pour les retraites, plus personne n’accepte de faire de la figuration pour légitimer les monologues présidentiels. L’invitation des Soulèvements de la terre a rendu fous de rage la FNSEA, la droite et l’extrême droite. De notre côté nous avons d’abord cru à une blague lorsque nous avons appris que l’Elysée cherchait à nous contacter pour participer au débat. De toute évidence, nous ne nous serions jamais livré à une telle mascarade qui n’a d’autre objectif que d’éteindre la rébellion agricole en cours. Notre place est dans les luttes avec les paysan-nes, dans les blocages des  plate-formes de la grande distribution ou les occupations des sièges de l’agro-industrie. Les débats nous les avons au quotidien, sur le terrain, avec les habitant-es et paysan-nes des territoires.                                    

La direction  de la FNSEA et le gouvernement agissent de concert pour mettre un point final au mouvement agricole et œuvrent à mettre en place une agriculture sans agriculteurs, accuse encore LST. Ils cherchent à détourner la colère avec un train de mesures qui ne profiteront qu’aux patrons de l’agro-business sans résoudre trois questions centrales : (1) celle du revenu paysan, de la capacité à vivre dignement du travail de la terre ; (2) celle d’un changement de modèle agricole pour préserver la terre et l’eau face au ravage écologique ; (3) et enfin celle de la garantie pour tous-tes d’accéder à une alimentation saine et locale. La loi d’orientation agricole en facilitant l’usage des pesticides, en généralisant les méga-bassines au profit d’une minorité d’agriculteurs exportateurs ne répond à aucun de ces enjeux. 

Le désarroi agricole, les suicides et la colère sont les conséquences d’une politique délibérée de destruction de la classe paysanne (sic) : par la mise en concurrence mondiale et les accords libre échange et par l’organisation d’une dépendance au complexe agro-industriel qui dépossède les agriculteurs de la maîtrise de leur métier, les surendette et inféode leur activité aux profits de la grande distribution et des industriels de l’agro-alimentaire. 

Nous contribuons avec les Soulèvements de la Terre à différents combats pour la défense des paysan.nes. Contrairement à ce que cherche à faire croire la propagande du gouvernement, nous n’avons jamais « attaqué de fermes », nous avons ciblé des infrastructures du complexe agro-industriel : bassines en Deux-Sèvres, une usine Monsanto à Lyon, des expérimentations toxiques de l’industrie nantaise du maraîchage. Nous avons repris des terres aux spéculateurs et vendangé les vignes de Bernard Arnault pour appuyer des installations paysannes. Plusieurs générations de paysan-nes se retrouvent dans nos manifestations et prennent pleinement part aux Soulèvements de la Terre. 

Contrairement à ce que cherche à faire croire la FNSEA, il n’y a pas un monde agricole unifié  dont elle représenterait les intérêts. Il y a une grande bourgeoisie agro-industrielle, dont Arnaud Rousseau est le représentant, qui accapare et concentre les terres et les aides publiques. Et en face, il y a des masses d’ouvriers agricoles précaires et d’agriculteur-ices moyens en voie de paupérisation. Le gouvernement et la direction de la FNSEA cherchent une nouvelle fois à opposer écologistes et paysan-nes. Pour nous, il n’est plus question que les paysan.nes continuent à être pris en tenaille entre suicide économique et suicide aux pesticides. Nous avons la conviction que la lutte sociale des travailleurs de la terre et la lutte écologique contre le ravage en cours [sic] sont indissociables. Nous le démontrerons une fois de plus lors de la saison d’action des Soulèvements de la Terre qui commence ce printemps. 

L’agitation qui règne au salon de l’agriculture démontre que le mouvement qui a surgi en janvier 2021 n’est pas près de s’éteindre. Nous continuerons [avec le soutien du Conseil d’Etat], comme nous l’avons fait ces dernières semaines, à appuyer les blocages et les actions contre les multinationales, comme Avril [marques comme Lesieur, Puget, Matines ou Diester ] et Lactalis [produits laitiers Président, Galbani, Lactel, Bridel, Société, Le Roitelet, Lepetit, Salakis, Graindorge…], qui font leur beurre sur le dos des paysans. 

[1] L’Elysée, par l’intermédiaire des cabinets de Pascal Canfin [ministre délégué au Développement dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault] et Gabriel Attal, ont bien cherché à contacter des membres des Soulèvements de la terre afin de nous inviter à ce débat. En effet, le jeudi 22 février, à partir de 18h, un député européen EELV confirme avoir transmis le numéro de téléphone d’une de nos portes paroles au cabinet de Pascal Canfin (RE), qui était en charge de faire le lien avec l’Élysée pour nous inviter à ce « grand débat ». Des membres du cabinet du cabinet Gabriel Attal ont contacté une responsable politique nationale d’EELV, afin de récupérer un contact chez les Soulèvements de la terre. Cela rejoint les annonces de l’Elysée concernant notre invitation, lors de la conférence de presse du jeudi 22 février.

[2] Notre premier communiqué sur le mouvement agricole en cours, daté du 31 janvier :

L’écriture inclusive n’est pas de notre fait…

3 milliards à l’Ukraine qui ne vont pas à nos agriculteurs et Macron reçoit encore Zelensky, pour les trahir?

Les importations de céréales ukrainiennes doivent «aller ailleurs» et non chez nous, selon Marc Fesneau

Vécues comme concurrence déloyale, les importations de produits ukrainiens sur le marché français sont au cœur des revendications des agriculteurs français qui peinent à vivre de leur travail et préparent la relance de leur mouvement lassés de promesses non suivies d’effets.

Invité de La Grande interview Europe 1-CNews vendredi, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a jugé que les « marchés ont été désorganisés ».

Nos filières du poulet, du sucre, des œufs ou des céréales souffrent des importations agricoles ukrainiennes sur le marché français: un choix politique au détriment des différentes filières françaises qui veulent voir réinstaurer des droits de douanes sur les exportations ukrainiennes, impactant nos agriculteurs notamment depuis février 2022, avec le début de la menace ukrainienne sur la frontière russe. 

Dès mai 2022, les droits de douane ont été suspendus dans les pays de l’Union européenne, pour aider l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, sans considération aucune pour nos paysans. « Tant que l’Ukraine n’aura pas rejoint l’OTAN, » a précisé Macron qui conçoit parfaitement de menacer la Russie à sa frontière et de recréer les conditions de la reprise de la guerre froide, nostalgie de Joe Biden et volonté hégémonique des Etats-Unis. Lesquels ne sont pas dépendants des importations d’Ukraine…

En conférence de presse à l’issue d’un sommet à Bruxelles, le président Macron a affirmé que les importations de céréales ukrainiennes seront concernées par un « mécanisme de sauvegarde renforcé » au niveau européen, limitant ainsi l’impact des importations de produits agricoles ukrainiens et permettant une « intervention » en cas de déstabilisation des cours.  « En même temps, » le 1er février également, à une réunion extraordinaire du Conseil européen, le président de la République s’est dit favorable au soutien «à l’Ukraine dans un contexte de guerre».

Quinze jours plus tard, lors de la cinquième visite Zelenky, vendredi soir 16 février, Macron s’est engagé à fournir en 2024 jusqu’à « trois milliards d’euros » d’aide militaire supplémentaire à Kiev, après un soutien que l’Elysée chiffre à 1,7 milliard en 2022 et 2,1 milliards en 2023, en situation de surendettement de la France. Un nouvel accord pour une « durée de dix ans », alors que l’aide américaine est gelée…

On aimerait que ce soit un ‘fake’
dont Macron n’aurait pas besoin
pour sauver son couple…

Quelque sept milliards d’euros à l’Ukraine, quand les agriculteurs français se voient proposer 400 millions… Une enveloppe jugée raisonnable par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, au regard du nombre d’exploitations en France. Cela représente environ 1.000 euros chacune ! 

La PAC, politique agricole commune, ne fait pas tout, souligne le député RN Julien Odoul, surtout quand Macron vit au-dessus de ses moyens avec sa danseuse ukrainienne:

Pesticides : Macron instaure, puis suspend le plan « Ecophyto »

Les écologistes dénoncent un  » cadeau empoisonné « 

2017

Auréolé de son titre de «champion de la Terre», décerné en 2018 par le Programme des Nations unies pour l’environnement, Macron a multiplié les discours enflammés et les «One Planet Summit». Il a enchaîné les symboles : nomination de Nicolas Hulot à la tête d’un grand ministère de la Transition écologique – lequel a fini par démissionner avec fracas –, fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim – mais réouverture de plusieurs unités -, abandon de projets comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, sous la pression… Il a promis en 2017 que le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé au monde, serait interdit en France au plus tard fin 2020. Il a voulu la création du Haut Conseil pour le climat et l’organisation de la convention citoyenne. Plusieurs lois ont été votées (sur l’économie circulaire, les mobilités, le climat, l’agriculture et l’alimentation, les lois Egalim). Bilan en 2024: les agriculteurs bloquent le pays.

En novembre 2017, le tout récent président de la République tweete avec le hashtag « Make Our Planet Great Again », son slogan écologiste. « J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans », écrit-il. L’objectif, ambitieux, est alors d’arriver à une interdiction du glyphosate en 2021.

En février 2023, la visite du président de la République au Salon de l’agriculture avait été l’occasion de préciser sa vision de la gestion de la ressource en eau, des pesticides et des mesures à prendre pour aider l’élevage. Sur les prix, un appel aux distributeurs « à prendre leur part » pour contenir les prix alimentaires avait été lancé., alors que la « ferme France » perdait déjà en compétitivité. Les agriculteurs manquaient de visibilité et la reconquête de la souveraineté agricole peinait.

Le nouveau volet de la stratégie nationale de réduction des pesticides était particulièrement ciblé par une partie du monde agricole, qui appelait à sa suspension.

20 janv. 2023 

Il s’agissait d’une revendication importante d’une partie du monde agricole, à laquelle l’exécutif a dû répondre ce jeudi 1er février. Le gouvernement a annoncé qu’il va « mettre en pause » le plan Ecophyto, qui doit fixer des objectifs de baisse d’usage des pesticides et qui cristallise la colère des producteurs de grandes cultures.

Qu’est-ce que le plan « Ecophyto » suspendu par le gouvernement ?

Le ministre français de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, prononce un discours lors d'une conférence de presse à l'hôtel Matignon, à Paris, le 1er février 2024, pour répondre aux agriculteurs qui protestent contre les salaires, les taxes et les réglementations.

Le ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, prononce un discours lors d’une conférence de presse à quatre voix en l’hôtel de Matignon, à Paris, le 1er février 2024, pour répondre aux agriculteurs qui protestent sur les routes contre les salaires, les taxes et les réglementations, alors que le nouveau volet de la stratégie nationale de réduction des pesticides était particulièrement ciblé par une partie du monde agricole, qui appelait à sa suspension.

Il s’agissait d’une revendication ancienne et importante d’une large  partie du monde agricole, à laquelle l’exécutif a répondu ce jeudi 1er février. Le gouvernement a annoncé qu’il va « mettre en pause » le plan Ecophyto, qu’il avait lui-même mis en place et qui devait fixer des objectifs de baisse d’usage des pesticides ce qui cristallise la colère des producteurs de grandes cultures. Un rétropédalage rappelant la politique nucléaire irrespinsable de Macron.

« Nous allons donc remettre sur l’ouvrage le plan Ecophyto, le mettre donc en pause, le temps d’en retravailler un certain nombre d’aspects, de le simplifier », a déclaré le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau lors des nouvelles annonces du gouvernement pour apaiser la grogne du monde agricole. Le premier ministre Gabriel Attal avait dit un peu plus tôt qu’Ecophyto serait « mis à l’arrêt le temps de mettre en place un nouvel indicateur« . L’indicateur central du plan, le Dahu  le Nodu, qui mesure l’usage des molécules par les exploitants, est en effet contesté par une partie des organisations agricoles. Macron a conservé la corde à tourner le vent…

Un « scandale » pour la Confédération paysanne

Une nouvelle stratégie gouvernementale, appelée « Ecophyto 2030 » (ou « Ecophyto III) était en ce moment en consultation. Le troisième volet de ce plan visait à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030 (par rapport à 2015-2017) et à accélérer la recherche de solutions alternatives. Ce plan avait été rejeté d’emblée par les producteurs de grandes cultures (céréales, graines à huile, sucre, betteraves).

Le premier Ecophyto, lancé en 2008, ambitionnait déjà de baisser de moitié en 10 ans l’utilisation des pesticides (herbicides, insecticides, fongicides), sans que les objectifs fixés ne progressent vraiment au fil des années. Pour relancer le projet, le gouvernement lança donc Ecophyto II en octobre 2015 : selon le site du ministère de l’Agriculture, il s’agissait d’apporter « une nouvelle impulsion pour atteindre l’objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici 2025 et de sortir du glyphosate d’ici fin 2020 pour les principaux usages et au plus tard d’ici 2022 pour l’ensemble des usages ». Avec le flou que l’on a ensuite connu, notamment sur le glyphosate. Avant donc Ecophyto III, qui devait aboutir « fin janvier, début février » assurait encore le ministre de l’Agriculture à TF1 il y a deux semaines, qui visait à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2030 par rapport à 2015-2017. Et qui est donc mis en pause jusqu’à nouvel ordre. On devait déjà à Macron les lois Egalim I, II et III et on doit maintenant à notre Pénélope les Ecophyto I, II et III aussi… Les députés de l’alliance présidentielle se disent constamment au travail, mais sont-ils productifs ?

La FNSEA et les Jeunes agriculteurs, qui forment le syndicat agricole majoritaire, et qui ont appelé cette après-midi à suspendre les blocages, étaient parmi les plus virulents contre ce plan, exigeant un « moratoire sur les interdictions » de pesticides et un « rejet d’Ecophyto ». Mais une partie du monde agricole s’opposait également de son côté à ce retour en arrière sur les restrictions aux produits phytosanitaires. C’est notamment le cas de la Confédération paysanne, troisième syndicat du secteur et plutôt classé à gauche, qui a dénoncé un « scandale » sur le réseau social X (ex-Twitter). « On va poursuivre dans la dégradation de la santé des paysans, de nos sols et de notre environnement. Et on va continuer à engraisser les multinationales des fabricants de pesticides », a fustigé le syndicat, qualifiant cette mesure de « détournement de ce qui est demandé sur le terrain »

Cette mesure a également été dénoncée par le mouvement écologiste. Pour la tête de liste écologiste pour les Européennes Marie Toussaint, la mise sur pause de ce plan « est un recul inacceptable. Le gouvernement vient de faire un cadeau empoisonné au monde agricole ». Le porte-parole de l’association Générations Futures a quant à lui dénoncé des « mesures totalement rétrogrades nous ramenant plus de 15 années en arrière ». « Tout ça n’a pas de sens », déplore Sandrine Bélier, directrice de l’association Humanité et Biodiversité, dédiée à ka préservation de la biodiversité. « Certes il vaut mieux suspendre que d’avoir une stratégie au rabais, mais Ecophyto est le principal plan qui accompagne les agriculteurs dans leur transition économique », via le financement de la recherche et des expérimentations.

La question des « zones de non-traitement »

Toujours sur ce sujet sensible de la régulation des produits phytosanitaires, Marc Fesneau a aussi annoncé que le gouvernement fera appel dans des procédures concernant les « zones de non-traitement » (ou ZNT) par des pesticides, soit les distances de sécurité à respecter à proximité d’habitations ou de cours d’eau. Le tribunal administratif d’Orléans a annulé début janvier des arrêtés préfectoraux de cinq départements approuvant des chartes départementales fixant les conditions de mise en œuvre de ces ZNT.

Gabriel Attal a par ailleurs visé sans la nommer l’agence sanitaire indépendante ANSES en affirmant sa volonté de « sortir d’une situation où notre agence sanitaire » interdit une molécule de produit phytosanitaire en France avant qu’elle ne soit interdite dans l’UE, comme cela a été le cas pour l’herbicide S-métolachlore.

La pause décidée par Macron soulève l’indignation des associations, ONG et élus écologistes

Pour calmer la colère des agriculteurs, le gouvernement a annoncé, jeudi, qu’il met en pause le plan écophyto, qui devait fixer des objectifs de baisse d’usage des pesticides. Une décision qui soulève l’indignation des associations et élus écologistes.

« Sacrifier l’environnement pour avoir la paix avec la FNSEA. » Les associations et ONG environnementales sont formelles, le gouvernement a fait « un bond de 15 ans en arrière », selon François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, opposée à l’agriculture intensive.

Pour rétablir la paix sociale, l’Etat a annoncé, jeudi, qu’il met en pause le plan ecophyto 2030. Lancé après le Grenelle de l’environnement en 2008, il avait pour but, on le sait, de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici 2030.

Les organisations écologistes sont donc vent debout après cette annonce. « On est complètement horrifiés par cette réaction du gouvernement qui est faible. Celle-ci est particulièrement rétrograde parce qu’on parle d’un plan de réduction de l’usage de pesticipes qui n’a produit aucun résultat. Plutôt que de renforcer le plan, ce qu’il aurait fallu faire, on met en pause« , déplore François Veillerette, militant et lobbyiste, président de Greenpeace France (septembre 2002-juin 2005), puis vice-président, et ancien élu EELV de Picardie qui n’a jamais travaillé la terre.

« Moi je pensais que l’urgence était d’arrêter la pollution, par exemple de l’eau, on trouve des métabolismes de pesticide dans les robinets d’une dizaine de millions de Français », alerte-il. Et aussi dans des eaux minérales naturelles.

Cette décision est « un cadeau empoisoinné faits aux agriculteurs », selon Marie Toussaint, députée européenne et tête de liste EELV pour les Européennes. Les agriculteurs « sont les premiers à être empoisonnés justement par ces pesticides. On compte, dans le milieu agricole, plus de 50% de probabilité de tomber malade d’un lymphome ou d’un cancer de la lèvre. Ce sont des cancers qui sont liés aux pesticides, donc il faut changer de modèle, d’abord et avant tout, pour celles et ceux qui nous nourrissent », a-t-elle argumenté.

« On a un gouvernement qui cède aux revendications de la FNSEA, pas de l’ensemble des personnes qui sont mobilisées sur le territoire aujourd’hui dans le monde agricole », se désole l’élue écologiste.

Un indicateur de plus pour mesurer l’usage des pesticides

Le gouvernement assure, de son côté, qu’il veut « simplifier » ce plan, avec comme échéance le salon de l’agriculture, qui se tient à la fin du mois de février à Paris. Le gouvernement veut retravailler sur un nouvel indicateur pour mesurer l’usage des molécules par les agriculteurs, qui étaient mécontents du Nodu, celui mis en place jusqu’à maintenant.

Le danger, a priori, pour les associations, c’est que cet indicateur devienne trop souple. « Détruire cet indicateur, ce serait casser le thermomètre et passer à un nouveau système de mesure avec beaucoup d’imperfections par rapport aux propositions qu’avance notamment la FNSEA. C’est en ça que c’est un peu inquiétant », s’alarme Thibaud Leroux responsable du pôle nature de France Nature Environnement, fédération des associations de protection de la nature et de l’environnement, affiliée au BEE, comme Agir pour l’environnement ou La fresque du climat).

Les représentants associatifs présupposent que les prochains chiffres de baisse des pesticides pourraient être faussés, et ce, alors que l’Etat doit rendre des comptes devant la justice sur ses engagements environnementaux au moins de juin.

« Sacrifier l’environnement pour avoir la paix avec la FNSEA. » Les associations et ONG environnementales sont formelles, le gouvernement a fait « un bond de 15 ans en arrière », selon François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

Pour calmer la colère des agriculteurs, l’Etat a annoncé, jeudi, qu’il met en pause le plan ecophyto 2030. Lancé après le Grenelle de l’environnement en 2008, il avait pour but de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici 2030.

INCOMPRÉHENSION CHEZ LES ÉCOLOGISTES

Les organisations écologistes sont donc vent debout après cette annonce. « On est complètement horrifiés par cette réaction du gouvernement qui est faible. Celle-ci est particulièrement rétrograde parce qu’on parle d’un plan de réduction de l’usage de pesticipes qui n’a produit aucun résultat. Plutôt que de renforcer le plan, ce qu’il aurait fallu faire, on met en pause », déplore François Veillerette.

« Moi je pensais que l’urgence était d’arrêter la pollution, par exemple de l’eau, on trouve des métabolismes de pesticide dans les robinets d’une dizaine de millions de Français », alerte-il.

Cette décision est « un cadeau empoisoinné faits aux agriculteurs », selon Marie Toussaint, députée européenne et tête de liste EELV pour les Européennes. Les agriculteurs « sont les premiers à être empoisonnés justement par ces pesticides. On compte, dans le milieu agricole, plus de 50% de probabilité de tomber malade d’un lymphome ou d’un cancer de la lèvre. Ce sont des cancers qui sont liés aux pesticides, donc il faut changer de modèle, d’abord et avant tout, pour celles et ceux qui nous nourrissent », a-t-elle argumenté.

« On a un gouvernement qui cède aux revendications de la FNSEA, pas de l’ensemble des personnes qui sont mobilisées sur le territoire aujourd’hui dans le monde agricole », se désole l’élue écologiste.

UN NOUVEL INDICATEUR POUR MESURER L’USAGE DES PESTICIDES

Le gouvernement assure, de son côté, qu’il veut « simplifier » ce plan, avec comme échéance le salon de l’agriculture, qui se tient à la fin du mois de février. Le gouvernement veut retravailler sur un nouvel indicateur pour mesurer l’usage des molécules par les agriculteurs, qui étaient mécontents du Nodu, celui mis en place jusqu’à maintenant.

Le danger pour les associations, c’est que cet indicateur devienne trop souple. « Détruire cet indicateur, ce serait casser le thermomètre et passer à un nouveau système de mesure avec beaucoup d’imperfections par rapport aux propositions qu’avance notamment la FNSEA. C’est en ça que c’est un peu inquiétant », s’alarme Thibaud Leroux responsable du pôle nature de France Nature Environnement.

Les représentants associatifs s’inquiètent que les prochains chiffres de baisse des pesticides soit faussés, et ce alors que l’État doit rendre des comptes devant la justice sur ses engagements environnementaux au moins de juin.

L’exécutif explique qu’il n’est pas question de revenir sur le principe, celui de protéger l’environnement et la santé des Français, mais plutôt sur la méthode. Le gouvernement se targue, d’ailleurs, de tenir bon sur les zones de non-traitement, la distance de sécurité au-delà de laquelle il est interdit de répandre des pesticides. Gabriel Attal veut, enfin, interdire l’importation de produits traités au thiaclopride, un pesticide interdit en Europe, mais utilisé dans d’autres pays.

Colère des agriculteurs : Attal reconnaît avoir labouré léger

Attal promet des mesures supplémentaires contre la concurrence déloyale

Gabriel Attal lors du blocage de l'A64,  le 26 janvier 2024. 
Gabriel Attal lors du blocage de l’A64,  le 26 janvier 2024 

Les premières mesures annoncées n’ont pas totalement convaincu pour calmer la colère des agriculteurs. En déplacement ce dimanche matin dans une exploitation agricole d’Indre-et-Loire, Gabriel Attal a été interpellé sur plusieurs sujets, le premier ministre a avoué qu’il est en recherche de mesures « supplémentaires » contre la distorsion de concurrence au niveau national et au niveau européen, pour protéger les agriculteurs contre la concurrence déloyale des pays qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes réglementaires imposées par la législation française comme de l’UE.

« Ce n’est pas normal que vous soyez empêchés d’utiliser certains produits », alors que « des pays voisins, Italie ou autres » peuvent y avoir recours, a admis le chef du gouvernement.

« J’ai conscience des injonctions contradictoires »

La question de la concurrence déloyale est une des thématiques phares du mouvement de contestation des agriculteurs, qui a pris de l’ampleur cette semaine. Dans la Drôme, sur l’A7, des producteurs avaient, par exemple, arrêté des « camions étrangers » près de Montélimar, avant de brûler ou de donner leurs marchandises pour protester contre l’importation de produits cultivables en France, rapporte la presse.

Un baromètre sur le monde agricole, dévoilé par le site Le MOCI, Moniteur du Commerce international, place les distorsions de concurrence en haut de la liste des inquiétudes des agriculteurs, devant les normes européennes et la nouvelle Politique agricole commune (PAC). De quoi alimenter l’hostilité aux accords de libre-échange.

« J’ai conscience des injonctions contradictoires », a convenu Gabriel Attal lors de son échange avec les agriculteurs. « D’un côté, on dit « il faut faire de la qualité », de l’autre, « il faut comprimer les prix toujours à la baisse » », a-t-il reconnu. « L’enjeu, c’est de sortir de ces injonctions contradictoires parce qu’on a besoin de nos agriculteurs », a affirmé le chef du gouvernement.

Attal est-il conscient des tracasseries administratives franco-françaises pointilleuses, voire malveillantes, d’inspiration écologiste ?

Dans le même temps, la mobilisation continue. Des agriculteurs de plusieurs départements seront mobilisés dès ce lundi, 14 heures, pour occuper « tous les axes lourds menant à la capitale », à l’appel de la FNSEA et du syndicat Jeunes Agriculteurs .

« C’est un acte qui, à la fin, vient pénaliser principalement les Parisiens. Bloquer l’ensemble de l’Ile-de-France, je ne suis pas sûr que ça va rendre service aux intérêts des agriculteurs », a affirmé le ministre de… l’Agriculture, Marc Fesneau.

La Confédération paysanne appelle à poursuivre la mobilisation avec la FNSEA

BFMTV fustige les bloqueurs de la FNSEA et des JA, mais fait abstraction de la Conf’

La Confédération paysanne et la FNSEA s’accordent pour dire ce vendredi soir que les annonces de Gabriel Attal sont « insuffisantes » pour calmer les attentes des agriculteurs et jugent nécessaire la poursuite du mouvement. Le barrage sur l’A64, initié au début du mouvement, a pourtant été levé samedi midi, après l’hommage rendu à l’agricultrice et sa fille tuées sur un barrage, percutées par un automobiliste arménien sans assurance et sous OQTF.

Les mesures d’aides et de simplification annoncées par le premier ministre, Gabriel Attal, ce vendredi soir, n’ont pas convaincu. La FNSEA, premier syndicat des agriculteurs, a appelé à poursuivre la mobilisation dans la soirée. Ces annonces sont « très largement insuffisantes », a affirmé de son côté la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola, sur RTL. Elle appelle aussi à « rester mobilisé ».

    « Ce qui a été dit ce soir ne calme pas la colère, il faut aller plus loin », a expliqué Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, sur T1. « Les annonces du Premier ministre ne répondent pas à la totalité des questions que nous nous posons », selon lui. « La déclaration du Premier ministre, sur certains aspects, peut aller dans le bon sens, mais elle trop juste. Beaucoup de choses n’ont pas été abordées dans le discours du Premier ministre ».

    De nouvelles actions

    Il annonce des « roulements » dès ce vendredi soir sur les blocages, « appelons encore une fois à ne pas utiliser la violence, à ne pas déraper ». La FNSEA propose au premier ministre « de venir à sa rencontre dès demain matin », samedi, ajoute le syndicaliste.

    « On continuera à rester mobilisé », avait plus tôt annoncé la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola. « Ce n’est pas nécessairement des barrages, il y aura différentes formes de mobilisations, sur la route, sur des ronds-points, devant des grandes surfaces, des façons inventives de dire au gouvernement que c’est très largement insuffisant », a-t-elle annoncé.

    « C’était déjà dans les tuyaux »

    Si le premier ministre a multiplié les mesures pour tenter d’endiguer la crise engagée depuis une semaine, « on n’a pas entendu d’annonce permettant d’assurer qu’à très court terme aucun paysan ne devra vendre ses produits en dessous du coût de revient de ses produits (…) c’est pour ça que ce n’est pas suffisant », a justifié la porte-parole du 3e syndicat représentatif, classé à l’extrême gauche.

    Gabriel Attal a annoncé plusieurs mesures de simplification administrative, la suppression de la hausse de la taxe sur le gazole non routier agricole, des sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas la loi Egalim visant à protéger le revenu des agriculteurs – avec des contraintes pesantes – ou encore plusieurs aides d’urgence pour la filière bio ou les éleveurs dont le troupeau est touché par la maladie hémorragique épizootique (MHE). « C’est important », mais « c’était déjà dans les tuyaux« , a estimé Laurence Marandola.

    « On a entendu un récit mais qui, pour nous, n’augure pas de la transformation profonde dont a besoin l’agriculture, qui ne répond pas aux raisons profondes des difficultés des paysans et qui ne nous offre pas un avenir durable pour l’agriculture française », selon elle.

    Le barrage sur l’A64 levé

    Après l’échange entre Gabriel Attal et les agriculteurs sur l’autoroute A64 ce vendredi soir, où s’est rendu le Premier ministre, l’agriculteur Jérôme Bayle, figure du mouvement, a pour sa part annoncé la levée du barrage d’ici samedi midi.

    Après avoir pris la parole dans une exploitation de Montastruc-du-Salies, le Premier ministre a de nouveau pris la parole au niveau du barrage de l’A64 à Carbonne pour s’adresser aux agriculteurs qui bloquent cette route. Gabriel Attal a rappelé son soutien aux agriculteurs avant de redonner le micro à Jérôme Bayle qui s’est adressé au préfet de Haute-Garonne pour annoncer la levée du barrage.

    « Si on s’est battus, c’est pour arrêter tout ça (…) ce soir je vous annonce que demain midi l’autoroute pourra circuler », a-t-il lancé sous les applaudissements des agriculteurs. « On va continuer à discuter et à travailler », a assuré de son côté le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

    Jérôme Bayle, voix de la colère paysanne et rugbyman, s’est fait retourner comme une crêpe

    L’éleveur grande gueule a pactisé avec Attal, avant sa venue

    Jérôme Bayle,
    sur le barrage de Carbonne, Haute-Garonne, le 23 janvier. 

    Jérôme Bayle, éleveur de bovins de Haute-Garonne, est à l’initiative du blocage de l’A64 près de Toulouse mi-janvier. « J’ai pas besoin d’un mec qui est né à Paris dans le 15e arrondissement sans un centimètre carré d’herbe pour me dire ce que je dois faire sur mon exploitation. » Ce franc-parler de Jérôme Bayle a conquis les agriculteurs français depuis le lancement du mouvement de contestation agricole d’ampleur il y a 10 jours. L’éleveur pyrénéen de bovins dit tout haut ce que tous disent tout bas, sans caisse de résonance, depuis des années. Depuis, le mouvement de contestation chez les agriculteurs a essaimé partout en France. Mais c’est à partir de Bayle, l’une des chevilles ouvrières du barrage de Carbonne, Haute-Garonne, que la contestation a donné un premier signe de renoncement. Et c’est celui qui disait qu’il « ne se sent pas écouté par l’Etat » qui a répondu au coup de fil de Gabriel Attal et s’est entendu avec lui pour faire de son déplacement médiatisé une réussite.

    Ce délégué cantonal de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) avait appelé à poursuivre le mouvement, à bloquer des autoroutes, à monter des barrages. Et ça avait fonctionné : le lendemain, près de 200 tracteurs se joignirent à lui pour bloquer une sortie de l’autoroute A64 près de Toulouse. Une semaine plus tard, le blocage continua et s’étendit à toute la France, inquiétant de plus en plus le nouveau gouvernement de Gabriel Attal. L’éleveur barbu de Montesquieu-Volvestre (3.000 habitants à 50 mn de Toulouse), 42 ans, relaie dans les media la colère de ses collègues et veut honorer la mémoire de son père suicidé. Et c’est ce Bayle-là qui vira sa cuti sur un simple appel téléphonique de Matignon, après avoir relayé dans les media la colère de ses collègues en voulant honorer la mémoire de son père suicidé. Double peine, mais consécration de la gloire ? Quelle compromission aurait-il accepté si Macron soi-même l’avait appelé ?

    S’emparant du micro le 16 janvier sur la place du Capitole, à Toulouse, où un millier d’agriculteurs venus de toute la région ont défilé avec leurs tracteurs, le semeur de révolte appelle «ceux qui ont des cou*lles» à bloquer l’autoroute A64, s’opposant ainsi aux leaders régionaux de la FNSEA – le syndicat majoritaire dont il est pourtant adhérent –, qui demandent alors aux troupes de rentrer sagement à la maison. Le 26, renversement des discours et perte d’intégrité intime. Gaby a-t-il trouvé un successeur à Steph Séjourné ?

    Quels sont les charmes d’Attal qui ont chaviré l’éleveur ?

    Un échange discret,
    donc suspect,
    entre Bayle et Bechu

    L’équipe de Bayle lève le blocage de l’A64 demain, mais la FNSEA et les JA entendent « poursuivre la mobilisation ».

    Gabriei Attal était attendu vers 16h30 ce vendredi à Montastruc-du-Salies, en Haute-Garonne, pour faire des annonces. Il était accompagné de Marc Fesneau et Christophe Béchu. Bruno Le Maire accuse la grande distribution qui était pourtant à son côté depuis la pandémie de Covid dans la lutte contre l’inflation. Il veut renforcer les contrôles et menace de sanctions, dénonçant des « infractions » à la loi Egalim de la part d’industriels et de distributeurs, alors que la FDSEA d’Ile-de-France annonçait cinq barrages à venir autour de Paris. Dans le Sud, l’A9 et l’A7 sont fermées entre la frontière espagnole et le sud de Lyon, soit près de 500 kilomètres.

    « Le point positif est tout ce qui est simplification administrative, a lancé José Pérez. Le préfet va avoir la main sur pas mal de choses comme l’OFB (Office français de la biodiversité). Il va gérer la police de l’environnement. ll y aura des simplifications sur la création de lac. Les curages de fossé seront plus simples également. En revanche, il y a un gros souci : nous avons demandé du cash. Et du cash, nous n’en avons pas. Aujourd’hui la seule chose proposée est 5 centimes au litre de trésorerie pour le GNR. C’est très peu »

    La FNSEA et les JA poursuivent donc le mouvement. 

    Report du projet de loi sur l’Agriculture, annonce Fesneau

    Inadapté, il doit être complété par un volet « simplification »

    Marc Fesneau

    Au lendemain de sa rencontre avec des agriculteurs dans le Cher, Marc Fesneau annonce que le projet de loi sur l’Agriculture est reporté de « quelques semaines. »

    Le projet de loi sur l’installation de nouveaux agriculteurs, qui devait être présenté mercredi en Conseil des ministres, va être reporté de « quelques semaines » pour être complété d’un volet « simplification », sur fond de manifestations, a déclaré ce dimanche 21 janvier le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

    « Le projet de loi devait être présenté la semaine prochaine. Pour adjoindre quelques mesures réglementaires, il y a quand même des sujets juridiques qu’il faut qu’on pose, donnons nous quelques semaines », a-t-il déclaré lors de l’émission « Le Grand Jury » RTL/Paris Première/M6/Le Figaro, précisant que l’objectif était de voir le texte débattu au Parlement « au premier semestre 2024 ».

    La création d’un nouveau diplôme

    Déjà plusieurs fois reportée, la loi « en faveur du renouvellement des générations en agriculture » est attendue par les agriculteurs, à l’heure où la population des près de 500.000 chefs d’exploitation vieillit.

    Le ministère estime qu' »un tiers des agriculteurs, soit 166.000 exploitants ou co-exploitants agricoles », seront partis à la retraite dans la décennie qui vient.

    Le projet de loi doit notamment créer un nouveau diplôme de niveau bac+3, un « bachelor agro », et instaurer un réseau « France services agriculture », un guichet ou point d’entrée unique pour les prétendants à l’installation sous l’égide des chambres d’agriculture.

    Vers une « simplification » du mille-feuille de normes

    Les reports successifs du texte, finalement moins ambitieux que la « loi d’orientation agricole » annoncée l’année dernière, avaient agacé les syndicats, suscitant en particulier l’ire de la puissante FNSEA qui avait menacé, sans avancée rapide, de chahuter la visite du chef de l’Etat, Macron, au Salon de l’agriculture, qui se tiendra à partir du 24 février à Paris.

    Reconnaissant la nécessité d’une « simplification » du mille-feuille de normes et de réglementations imposées aux agriculteurs, Marc Fesneau a estimé qu’il fallait se saisir de l’occasion de cette loi pour « accélérer » sur ce sujet et « crédibiliser la parole publique ».

    « Au lieu de prendre quelques mois, on va essayer de le faire en quelques semaines », a-t-il dit, listant « trois sujets de simplifications« : le besoin de « raccourcir les délais » administratifs, la « simplification » des règles et l’arrêt de la « surtransposition » des normes européennes quand elle menace la compétitivité française.

    Blocage de l’A64: les agriculteurs mobilisés demandent la venue du premier ministre Gabriel Attal

    Les manifestations d’agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines, en France, comme ailleurs en Europe, contre des charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes.

    La mobilisation des agriculteurs occitans se poursuit ce dimanche 21 janvier, l’autoroute A64 étant toujours coupée près de Toulouse pour une quatrième journée consécutive, tandis qu’un barrage filtrant doit être installé sur une route nationale de l’Ariège.

    Marc Fesneau vilipendé pour avoir jugé « assez normales » les températures estivales

    Celui qui dit la vérité doit être exécuté

    Marc Fesneau,
    ministre du bon sens terrien?

    Les écolos totalitaires ne supportent pas la contradiction des faits. Appelé sur France Inter à réagir sur la sécheresse et le faible niveau des nappes phréatiques, le ministre de l’Agriculture a répondu qu’on fait face à « une situation qui s’est stabilisée », contredisant ainsi cette doxa verte qui veut que la situation soit apocalyptique.

    Tout sourire malgré l’apocalypse,
    Valérie Masson-Delmotte affiche
    la couleur du pouvoir totalitaire
    qu’elle entend exercer.

    Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a été sévèrement critiqué samedi, notamment par la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe nᵒ 1 (qui étudie les principes physiques et écologiques du changement climatique) du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) depuis huit ans (2015). Le ministre a jeté un pavé dans le marigot des experts, observant que les températures sont « assez normales pour un été ».

    « Dans notre malheur, il a plu au printemps, il y a même eu plus 10 % de précipitation sur l’ensemble du territoire hexagonal », a-t-il indiqué, se réjouissant qu’il n’a pas été nécessaire de prélever « dans les nappes pour les besoins agricoles ». « Et puis naturellement, on a tous ça sous les yeux, on n’a pas eu des températures extrêmes. On a des températures qui sont assez normales pour un été, au fond », a-t-il souligné.

    « Quand est-ce que nos politiques vont-ils comprendre ? »

    Les variations de températures existent, mais faut-il dramatiser les pics ? « Le mois de juin [à la différence des mois de mai et de juillet] a été 2,6°C au-dessus des normales [en Grèce, Italie, Japon, Maroc], le deuxième mois de juin le plus chaud après 2003 » (il y a vingt ans), a rétorqué sur Twitter la médiatique climatologue de l’âge de la pierre taillée, Valérie Masson-Delmotte, déplorant l’emploi du terme normal pour qualifier les températures. On peut lui reprocher d’ignorer dans ses globalisations la réalité des cycles et des variations locales et régionales.

    Quelques heures plus tard, le ministre a répondu : « Je suis absolument d’accord avec ce que vous indiquez et j’ai parfaitement conscience du réchauffement et du danger mortel pour le devenir de l’humanité », a tweeté Fesneau, soudainement aligné sur la foxa verte.

    Il a aussi makntenu que « cette année, globalement et à date, c’est un début d’été un peu moins sec que 2022 et des épisodes caniculaires moins forts que l’an passé avec en revanche une température moyenne plus élevée. »

    D’autres personnalités dominantes ont réagi, comme l’agroclimatologue Serge Zaka. « Quand est-ce que nos politiques vont-ils comprendre et assumer les enjeux du changement climatique ? », s’est impatienté ce lanceur d’alerte, sur Twitter, dans un français approximatif. Le mois de juin a été le deuxième plus chaud jamais enregistré dans le pays et Météo-France a placé plusieurs départements en vigilance orange canicule depuis mardi dernier.

    Une vigilance orange canicule n’a guère de sens, si elle est inspirée par le principe de précaution. Elle est en revanche préoccupante quand elle vise à exercer un pouvoir sur ses congénères. La politique de la peur collective exercée par les climatologues atterrés et les activistes du GIEC pousse à faire adopter des mesures écologiques réduisant les libertés individuelles et installant la décroissance.

    La crise de covid a-t-elle suscité des vocations d’éco-terroristes ?

    Un plan d’aide aux producteurs de fruits et légumes annoncé par le ministre Fesneau

    200 millions déboursés par les Français pour relancer une filière en berne

    Cheveux queue de vache

    Après Macron, puis Borne, c’est au tour de Marc Fesneau de se montrer au Salon de l’Agriculture. Et face aux difficultés rencontrées à la fois par les producteurs et les consommateurs, le ministre a annoncé le lancement d’un plan de souveraineté pour la filière fruits et légumes avec près de 200 millions d’euros investis en 2023. Et les consommateurs paieront pour leurs propres difficultés, puisque la galère des producteurs est la leur : la double peine pour les ménages.

    Objectif de ce énième plan d’aide : inverser la tendance des courbes de production de fruits et légumes à horizon 2030. Soit sept années pour relancer la compétitivité d’une filière en berne, qui roule actuellement à contresens de la souveraineté alimentaire revendiquée par le gouvernement.

    Fesneau culpabilise les Français, mais tait l’incurie du gouvernement. Mangez-vous assez de fruits et de légumes français ?, ose demander celui qui, après Jacques Mézard (avocat, 34 jours), Stéphane Travert (15 mois), Didier Guillaume (20 mois) et Julien Denormandie (22 mois), n’a pas mieux soutenu la filière que ses quatre prédécesseurs en cinq ans. La mise en cause de ses concitoyens par ce MoDem au Salon de l’Agriculture est typiquement macronnienne. Le ministre titulaire d’un Deug (bac +2) et diplôme de Sciences Po à 32 ans (alors qu’il est salarié de   la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher) s’est fixé pour objectif de faire consommer aux Français davantage de fruits et de légumes cultivés dans le pays. Aujourd’hui, cette proportion est seulement de 50%. Alors le gouvernement a annoncé le lancement d’un plan de souveraineté pour la filière : 200 millions d’euros seront investis en 2023. Pour faire baisser les charges des producteurs et les prix à la consommation ? Le Maire à Bercy maintiendra-t-il ses taxes et rentrées d’argent pour demander plus aux consommateurs ?

    La mesure répond à une promesse du « plan résilience » annoncé par le gouvernement en mars 2022, quand Macron menait le pays par la peur et jouait les Churchill sous le Blitz de Londres, qui visait à soutenir le secteur agricole face aux conséquences de la guerre en Ukraine, notamment en réduisant sa dépendance aux importations. A l’évidence, Poutine menacait en effet la filière des fruits et légumes français…

    « Une perte de souveraineté »

    Le gouvernement a mis plus d’un an, selon Fesneau, pour réfléchir à une aide aux producteurs de fruits et légumes. « Sur les fruits et légumes, on avait une perte de souveraineté très évidente, toutes filières quasiment confondues dans ce domaine et qui pose un problème quand même dans un pays qui, il n’y a pas si longtemps que ça, était capable d’exporter un certain nombre de ces produits et qui est maintenant un sujet assez marginal », détaille le ministre.

    Cet investissement représente la première étape d’un plan qui sera pluriannuel et qui semble convaincre les producteurs, tant que la taxe Interfel reste facturée aux clients de type restauration collective ou détaillants. comme en témoigne Laurent Grandin, président de l’Interprofession des fruits et légumes frais. 

    Ce même Grandin était vice-président de Terre d’Azur qui vantait les légumes primeurs d’Italie…

    Historiquement, la France est une grande puissance agricole mondiale. Elle est de loin le premier producteur de l’Union européenne, représentant à elle seule 17 % de la production européenne. Mais son hégémonie est menacée : en vingt ans, elle est passée du deuxième au cinquième rang d’exportateur mondial. Depuis la fin des années 1990, sa production a continué de stagner tandis que la part des importations a explosé : elles ont doublé depuis 2000, passant de 28 à 56 milliards d’euros.

    On estime que la France importe désormais en moyenne 20 % de son alimentation. Un chiffre qui peut être bien plus important dans certaines catégories de produits : 50 % des fruits et légumes et des poulets consommés en France viennent ainsi de l’étranger. L’essentiel des denrées alimentaires importées provient des pays de l’Union européenne.

    « On est arrivé à la croisée des chemins. On a 50% de production nationale dans la consommation. Si on laisse glisser les choses, on va se retrouver comme dans l’industrie. On sait que dans l’industrie, tout ce que vous achetez, il n’y a plus que 30% de la valeur ajoutée sur le territoire. Donc si on ne fait rien, on y va », s’inquiète-t-il.

    Investir dans la recherche et le développement

    Ces 200 millions vont être investis dans différents domaines, notamment pour une meilleure production des cultures. Cela passe par une modernisation des serres, par exemple, à l’heure où « la France possède dix fois moins de serres ouvertes que l’Espagne », par la lutte contre les prédateurs, en achetant des filets de protection contre les insectes dans les vergers. mais aussi en réduisant l’usage des produits phytosanitaires et en développant « la robotisation pour éviter le désherbage chimique ». L’idée est finalement d’investir dans la recherche et développement.

    Et puis, le gouvernement et la filière misent aussi sur une plus grande consommation de fruits et légumes, puisque actuellement, moins de la moitié des Français en mangent cinq au quotidien. L’objectif est d’atteindre les deux tiers d’ici 2030.

    « Il y a là une responsabilité politique, un enjeu de santé publique », a déclaré Laurent Grandin. Pour ce faire, le ministère souhaite renforcer l’accès de ces produits aux plus précaires. Cela se fera notamment via le Fonds pour une aide alimentaire durable annoncé par la première ministre en novembre 2022, 60 millions d’euros visant à améliorer la qualité de l’aide alimentaire et soutenir des projets locaux en circuit court.

    En janvier, Grandin, le lobbyiste de la filière, estimait que ces chiffres pourraient descendre à 35-40 % d’ici à dix ans si rien n’était fait pour soutenir les producteurs français face à leurs concurrents étrangers. Avec ce nouveau plan, il espère au contraire porter l’approvisionnement national à 60 % dans la prochaine décennie.

    Au ministère de l’Agriculture, on évoque aussi l’idée de mettre en place des …projets éducatifs (évidemment innovants !) autour de la consommation de fruits et légumes à l’école, et de repenser des réglementations au niveau de la restauration collective, mais sans apporter plus de détails : le gouvernement en est toujours, après un an, a « regarder » le « dossier sur la table ».

    Mais le plan ne prévoit rien pour faire baisser les prix

    Au-delà des producteurs, le plan envisage aussi un volet sur le dernier chaînon : les consommateurs. Le ministère souhaite « redynamiser la consommation » de fruits et légumes en France,  Le nouveau projet gouvernemental envisage de porter cette part à deux tiers d’ici à 2030.

    Le prix moyen des fruits et légumes a flambé de 11 % entre 2021 et 2022, pointe Familles rurales qui a procédé à 108 relevés de prix dans 37 départements du 8 au 22 juin 2022. L’association de défense des consommateurs a calculé que désormais, manger cinq fruits et légumes par jour représente entre 5 % et 16 % d’un SMIC pour une famille de quatre personnes.

    Comment rendre sa compétitivité à une filière qui ne produit plus que la moitié de ce qui est consommé par les Français, si les acteurs politiques et professionnels n’agissent pas sur les prix ? Or, le plan du ministre de tutelle soutient la filière française des fruits et légumes sans rendre les prix à la consommation attractifs.

    Naufrage de l’agriculture annoncé par Jean-Baptiste Moreau : lien PaSiDupes

    « Un irresponsable n’est plus un citoyen »: vers la déchéance de citoyeneté des non-vaccinés?

    Macron veut mettre la misère à certains citoyens

    Le chef de l’Etat parle populo pour rendre le banquier populaire: il a « envie d’emmerder les non-vaccinés » (lien PaSiDupes), mais va « boire un canon » avec les antivax? Pour entrer avec fracas en campagne, Macron fait du Zemmour ou du Rousseau. Demain, fera-t-il du Garrido et nous traitera-t-il de « c*nnards »: Une pensée empathique pour son électorat?

    Son interprétation de la notion de citoyenneté est non républicaine. En entrant dans la morale stigmatisante, il désigne des boucs émissaires et crée une tension clivante. Outre qu’il fracture la population, là où un président est censé rassembler, il insulte cette minorité, comme les autres, ceux et celles qui ne sont pas dans son camp et qui ne voteront pas pour lui. Certes, sa déclaration vise à dégager sa responsabilité politique en matière sanitaire, mais, plus grave, le président sortant se place en marge de l’Etat de droit.

    Carton rouge à Macron

    Si l’agression la plus choquante du candidat sortant dans son entretien avec Le Parisien est celle incriminant vertement les non-vaccinés qu’il poursuit de son «envie» d’«emmerder jusqu’au bout», une autre manifestation de sa radicalité menace les libertés non seulement individuelles mais aussi collectives et donc la démocratie : « Un irresponsable n’est plus un citoyen ».

    Mardi 4, la pulsion la plus «trash» de Macron dans Le Parisien n’a pas été exprimée après avoir « bu un canon« , assure le banquier, pour faire populo, comme au siècle passé: «Je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout 

    Les oppositions ont toutes réagi à cette stratégie brutale de division révélatrice de sa malveillance que l’Elysée minimise en la présentant comme une simple «petite phrase» dont notre « protecteur » face au virus promettait de se garder dans son entretien lissé sur TF1 mi-décembre. Chassez le naturel, il revient au galop…

    Or, un autre passage de cet entretien constitue une menace sur la démocratie«Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen.» Après sa répétition, sur TF1 en décembre, puis lors des vœux du 31 décembre 2021 sur les «devoirs [qui] valent avant les droits »…

    Macron est toujours borderline et le schizophrène est incontrôlable. La menace est donc permanente. Les Français veulent-ils vivre cinq années de trop? C’est l’objectif des sondeurs.

    Le Parlement rappelle le président à ses devoirs de démocrate

    Les propos de Macron font obstacle à l’exercice républicain de la démocratie.

    Les discussions au Palais Bourbon ont en effet piétiné mardi soir et 450 amendements restent en suspens. L’Assemblée devrait en théorie achever leur examen mercredi soir, si toutefois la majorité présidentielle lève son boycottage, puis le Sénat examiner jeudi le texte amendé en commission. Mais rien n’est moins sûr, les oppositions dénonçant, à l’instar de Sébastien Jumel (PCF), un « Benalla sanitaire ».

    « Dérapage contrôlé »

    Pour le ministre Marc Fesneau, l’incompétent aux rapports avec le Parlement, les propos de Macron vont au contraire « produire un électrochoc » qui sera « salvateur » pour les non-vaccinés.

    Et de rappeler le nouveau record de contaminations à la Covid, à 271.686 cas mardi et plus de… 332.252, mercredi. Les hospitalisations continuent aussi de croître, mais les chiffres n’en sont pas instrumentalisé. Les seuls qui vaillent sont les chuffres de l’hospitalisation, des patients en réanimation et des morts:

    Chiffres partiels, tous à la hausse

    Dans cette situation, en tant que médecin, l’infectiologue Eric Caumes « comprend » le « dérapage probablement contrôlé » de Macron, soulignant l’« exaspération » des soignants face aux non-vaccinés. « En tant que citoyen, je suis un peu plus surpris, mais c’est la campagne électorale qui a débuté », a-t-il estimé sur BFMTV et RMC.

    Les candidats à la présidentielle et les oppositions fustigent, eux, les « propos insultants » du chef de l’Etat qui devrait « rassembler » plutôt que « cliver ».

    LR « ne peut pas cautionner » le texte

    A droite, la candidate Valérie Pécresse se dit « indignée » et appelle à « mettre fin au quinquennat du mépris ».

    A trois mois de l’élection présidentielle, Macron « tombe dans le camp des populistes avec Mme Le Pen et M. Zemmour. C’est un jeu dangereux mené par le pouvoir en place qui ne traite pas la crise sanitaire, mais vise sa réélection permanente », a accusé mercredi matin sur Sud Radio le patron des députés LR Damien Abad.

    Des Républicains ciblés par le gouvernement qui les accuse de jouer un double jeu, entre soutien public au pass vaccinal et critiques et vote contre une fois dans l’hémicycle.

    Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait ainsi sommé mardi Valérie Pécresse de « clarifier sa position ». « En responsabilité (…), nous ne nous opposerons pas à ce texte », avait répondu la candidate, qui a bondi dans les sondages à la suite de sa désignation à la candidature, mais qui stagne depuis, selon un baromètre Harris Interactive pour Challenges du 5 janvier, et qui est désormais donnée au second tour de la présidentielle face à Macron. Lien PaSiDupes

    Les propos de Macron s’adresse à sa base électorale, la dressant contre l’autre portiln de la popukatiln. Le « bad boy » qui promettait dans ses voeux de respecter les uns et les autres, veut a nouveau quelques jours seulement plus tard qu’on vienne le chercher. Voeu que les Gilets jaunes ont accompli.

    Loi sécurité globale: les députés LREM grondent contre l’exécutif

    Un vent de révolte se lève dans le parti du président

    Les députés de La République En marche sont vent debout contre la commission mise en place par Jean Castex pour réécrire l'article 24 de la loi sécurité globale.

    La proposition de Jean Castex de créer une commission pour réécrire l’article 24 de la loi sécurité globale suscite une forte colère parmi les députés LREM, qui se sentent humiliés et victimes des erreurs du gouvernement. Le président de l’Assemblée, Richard Ferrand, a dit au premier ministre sa « vive émotion » et son « opposition ».

    C’est l’un des vice-présidents de l’Assemblée nationale, Hugues Renson, qui le dit sur Twitter. « Si la loi votée suscite résistance et incompréhension, c’est au Parlement d’y revenir. Et parfois, renoncer est plus sage que s’obstiner. Les comités Théodule pour sauver des dispositifs, ça ne fonctionne pas. »… Et ils sont très nombreux à penser comme lui. La proposition du premier ministre Jean Castex d’instaurer une commission indépendante pour réécrire l’article 24 de la loi sécurité globale suscite la colère de députés La République En marche (LREM). Elle soulève un vent de révolte.

    Richard Ferrand, proche parmi les proches de Macron, s’est lui-même entretenu ce vendredi matin au téléphone avec Jean Castex pour lui transmettre  le malaise des troupes. L’entourage du président LREM de l’Assemblée nationale explique qu’il « a indiqué [au premier ministre] que s’il est loisible au gouvernement de s’entourer des éclairages qu’il souhaite recueillir, il n’appartient pas au gouvernement de substituer aux prérogatives parlementaires les travaux d’une commission extérieure ».

    « Etonnement », « paillasson », « humiliation »

    Depuis jeudi soir, les députés de la majorité manifestent leur mécontentement, parfois publiquement, tandis que Christophe Castaner, le patron du groupe, a fait part de son « étonnement ». « Paillasson », « humiliation »… Dans les échanges entre les députés, les mots sont forts, à la hauteur du malaise. « On a été élu pour répondre à la crise démocratique, à la crise de confiance. Elle ne se résout pas en faisant passer le Parlement pour quantité négligeable, en passant au-dessus ou à côté de lui », dénonce Aurore Bergé, députée des Yvelines et présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée nationale. La fronde touche l’ensemble du groupe et pas seulement ceux qui ont l’habitude de faire entendre leur voix.

    Majorité humiliée pour incompétence. « Le groupe LREM prend acte de l’annonce faite par le ministre de l’Intérieur concernant la création d’une commission indépendante chargée de faire des propositions à la représentation nationale. Les députés du groupe LREM rappellent leur attachement au travail parlementaire, garant de l’équilibre de nos institutions », a rappelé le groupe sur son compte Twitter, dans une réaction aussi sobre qu’inédite.

    L’esprit de victimisation passe des anti-racistes, anti-flics aux élus du président. Les indignés ont juste été incapables de redresser le texte du projet au moyen d’amendements. Et ils l’ont néanmoins voté !

    Allié à LREM, le groupe MoDem a lui aussi fait part de son embarras par la voix de son président, Patrick Mignola. « A quoi sert l’Assemblée Nationale ? Avant, face à un problème, on créait une commission, maintenant on convoque une convention (citoyenne). Avant, pour faire une loi, on travaillait au Parlement, maintenant on invente un Comité de « Bavardement » (d’experts). Ces Comités Théodule ne nous concernent pas : le processus législatif est en cours, nous modifierons la loi Sécurité Globale sur la base du texte qui reviendra du Sénat », a-t-il indiqué sur Twitter.

    La pilule est d’autant amère pour les députés que le texte sécurité globale est une proposition de loi signée par la quasi-totalité du groupe, mais reprise en mains par le gouvernement, notamment sur l’article 24 qui a mis le feu aux poudres. Ils ont donc l’impression de payer les erreurs de l’exécutif (sic), qui cherche un moyen de calmer le jeu autour de cet article, dans un contexte où deux épisodes de violences policières ont suscité une grande émotion [que d’émotion pendant ce quinquennat !] cette semaine.

    Nouvelle coïcidence, après la résistance à l’état de droit de migrants illégaux Place de la République. Réagissant pour la première fois à la vidéo montrant – hors contexte – un producteur de rap, Michel Zecler, tabassé par des policiers, Macron s’est déclaré « très choqué », bien que peu accessible à de l’empathie, a indiqué ce vendredi son entourage.

    Macron fait reprendre le texte par le gouvetnement

    Affront aux deux rapporteurs LREM,Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot. Si la loi a été votée mardi dernier à une large majorité, son article 24 – qui crée un délit punissant la diffusion d’images de forces de l’ordre dans le but de leur nuire, sans interdire des photos informatives de l’événement lui-même – suscite toujours une opposition de plus en plus forte (de l’opposition de gauche principalement), et – sur le fond – prend la majorité en défaut. Certains ont voté par conviction, d’autres par esprit moutonnier. L’épisode de la commission est d’autant plus mal vécu, alors que les relations de la majorité avec Jean Castex se sont dégradées, en moins de cinq mois. « Il est vu comme un technicien qui n’a pas d’historique avec le groupe de députés », note un conseiller de l’exécutif.

    Goutte d’eau

    Créée à l’initiative de Gérald Darmanin, cette commission pour réécrire l’article 24 aura à sa tête le président de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH, fondée en 1947), l’avocat Jean-Marc Burguburu, nommé début février dernier. En avril 2019, Jean-Marie Delarue en avait claqué la porte à la fin d’octobre à cause de tensions liées à sa volonté de réformer les méthodes de travail… Elle doit rendre ses travaux d’ici à la fin de l’année, alors que la loi sécurité globale doit arriver en février au Sénat et revenir en mars à l’Assemblée nationale.

    Agé de 74 ans, J.-M. Burguburu est une personnalité reconnue du monde judiciaire : ancien bâtonnier du barreau de Paris, ancien président du Conseil national des barreaux, il a également dirigé l’Union internationale des avocats. Mais c’est un organe dont les avis restent consultatifs et rarement suivis par le gouvernement. « A ce jour, la commission n’est pas consultée assez souvent. Elle se saisit des questions au lieu de répondre aux questions qui lui seraient posées », a déclaré J.M. Burguburu. « Je souhaite que cela change, que les différents ministères puissent nous poser des questions et que nous puissions répondre dans des avis un peu moins longs et plus faciles à mettre en œuvre. »

    La CNCDH a récemment rendu des avis critiques sur des mesures gouvernementales, notamment sur l’accueil des migrants en hébergement d’urgence, et s’est prononcée pour le rapatriement « sans conditions » des enfants de djihadistes français retenus en Syrie.

    Après la mise en place de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), qui avait déjà contrarié certains députés qui se sentirent dépossédés, après l’état d’urgence sanitaire qui minimise le rôle du Parlement, après des conditions de travail très dégradées au Palais-Bourbon, cet épisode ressemble à une goutte d’eau qui fait ressortir toute l’amertume des parlementaires. « Ceux qui font la loi, qui votent la loi, ce sont les parlementaires et personne d’autre », a déclaré, vendredi matin sur LCI, Marc Fesneau, le ministre des Relations avec le Parlement, qui rame pour justifier son maroquin. « Un autre Article 24 (Constitution de 1958 celui-là) : « Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques ». Voilà. Simple, clair, net. Confiance pleine et entière à la démocratie représentative », a ajouté le MoDem Marc Fesneau sur Twitter un peu plus tard dans la matinée, preuve qu’il a atteint le niveau de 1ère année de licence en droit. Il en faudra sans doute plus de niveau pour restaurer la confiance.