L’ex-NUPES s’accorde sur la répartition des circonscriptions

Mélenchon ne renonce pas à Matignon…

Logo du néo Front populaire,
sans drapeau tricolore,
mais les couleurs de ses composantes, évoquant le LGBTQI+

Alors que les partis de gauche continuaient mercredi de bâtir dans l’urgence le nouveau « Front populaire, » via un accord pour se partager la quasi-totalité des 577 circonscriptions, Mélenchon n’a pas fermé la porte à l’idée de prendre la tête de cette coalition à Matignon, en cas de victoire aux législatives anticipées.

« Je ne m’élimine pas mais je ne m’impose pas », a déclaré le fondateur de LFI sur France 2, précisant s’en sentir « capable ».

« On va en rester à la formule qu’a proposée Olivier Faure, c’est le groupe parlementaire le plus important qui propose un Premier ministre », a-t-il ajouté. Un sondage le crédite de 28% des intentions de vote aux législatives, trois points seulement derrière le RN. Ce qui ne donne pas à réfléchir à la droite « la plus bête du monde,  » selon Guy Mollet.

Le triple candidat à la présidentielle était la tête de gondole de la Nupes aux législatives de 2022, fort de ses 22% à la présidentielle.

Pour ces élections législatives du 30 juin et du 7 juillet, ce sont, comme lors de la dernière fois, les Insoumis qui présenteront le plus de candidats, mais le nombre de circonscriptions réservées aux socialistes augmente fortement par rapport à ce que l’accord électoral de la Nupes avait prévu pour eux lors des dernières élections législatives.

La France insoumise aura 229 candidatures, le Parti socialiste et Place publique 175, les Ecologistes 92 et le Parti communiste français 50, ont indiqué les responsables socialistes Pierre Jouvet et Sébastien Vincini dans un courrier envoyé aux adhérents mercredi matin.

La Secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, à Paris, le 10 juin 2024

Un peu plus tôt dans la journée, le député insoumis Paul Vannier, chargé de cette branche des négociations pour la formation insoumise, avait indiqué des chiffres similaires: 230 circonscriptions pour LFI, 170 pour le PS, environ 90 pour Les Ecologistes et 50 pour le PCF.

2022 ou 2024 ?

Un vrai débat sur le mode de calcul a opposé les socialistes, qui ont fini premiers des listes de gauche aux européennes dimanche, et les Insoumis, qui voulaient toujours surfer sur les 22% Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022.

Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique aux européennes, le 9 juin 2024 à Paris
Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique aux européennes, le 9 juin 2024 à Paris

« Cet accord acte la progression des socialistes mais n’oublie pas la présidentielle », a expliqué Paul Vannier alors que Raphaël Glucksmann a obtenu aux européennes 13,8% des voix, quatre points devant Manon Aubry et les Insoumis.

« Nous voulions nous baser sur une moyenne des législatives, des présidentielles et des européennes alors que les socialistes voulaient seulement prendre en compte le résultat des européennes », a précisé le député du Val-d’Oise, qui assure que le mouvement de gauche radicale a « fait des efforts ».

Au moment de la Nupes, les Insoumis avaient présenté 328 candidats, soit 100 de plus que cette fois-ci, contre 100 pour EELV, 70 pour le PS et 50 pour le PCF.

Cette fois-ci, « le PC, le PS et EELV pèsent désormais plus que LFI dans la répartition globale des circonscriptions », notent Pierre Jouvet et Sébastien Vincini.

Les sortants « sanctuarisés »

« Toutes les circonscriptions des députés sortants sont sanctuarisées », a indiqué Paul Vannier, alors que le cas du LFI Adrien Quatennens par exemple, condamné en décembre 2022 pour violences conjugales, fait débat chez les socialistes et les Ecologistes.

Le président du groupe PS à l'Assemblée, Boris Vallaud, arrive au siège du PCF le 12 juin 2024 pour une réunion des partis de gauche sur la campagne des législatives
Président du PS à l’Assemblée,
le radical Boris Vallaud,
époux Vallaud-Belkacem, arrive au siège du PCF le 12 juin 2024 pour une réunion des partis de gauche sur la campagne des législatives

Les négociateurs vont essayer maintenant de déterminer précisément quelle circonscription revient à quelle formation. Ce qui devrait générer quelques tensions supplémentaires.

Malgré tout, « les feux sont en train de passer au vert un par un », estime la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier.

Alors qu’elle était réunie mercredi avec les autres chefs de parti au siège du Parti communiste français à Paris, notamment pour évoquer le « déploiement de la campagne », des négociations programmatiques sont également en cours depuis mardi entre les différents partis de gauche.

Et celles-là semblent moins avancées.

« Il y a des points monstrueux qui sont bloquants, sur la base de la base, les fondamentaux », s’est alarmé mercredi matin un proche de Raphaël Glucksmann.

« On veut que la campagne du Front populaire soit extrêmement claire sur la lutte contre l’antisémitisme », a indiqué pour sa part en début d’après-midi la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, qui participe à ces négociations aux côtés du patron des députés socialistes, Boris Vallaud.

La cheffe des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, a confirmé que les engagements sur la lutte contre l’antisémitisme étaient « un point essentiel » des discussions, alors que des déclarations de  Mélenchon ont fait polémique pendant la campagne européenne.

« Une V1 [une première version du programme] est sortie », a-t-elle expliqué. « Le gros du travail est fait. »

Mathilde Panot convoquée par la police de la pensée de Macron

La patronne des députés LFI doit répondre d’« apologie du terrorisme »

L’élue de Seine-Saint-Denis a annoncé elle-même cette convocation dans un communiqué de presse publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), dénonçant le « régime macroniste » et estimant que ce rebondissement s’inscrit dans une « longue liste d’autres tentatives de faire taire les voix en faveur de la paix : annulation de deux conférences de Mélenchon et de Rima Hassan, convocation pour apologie du terrorisme de Rima Hassan et de plusieurs personnalités engagées, jusqu’aux étudiants de l’EHESS, condamnation à un an de prison avec sursis du secrétaire départemental de la CGT du Nord pour un tract pour la paix ou encore la tentative d’interdire jusqu’à la dernière minute la manifestation du dimanche 21 avril contre le racisme et l’islamophobie et contre la protection de tous les enfants ».

Après la militante pro-palestinienne Rima Hassan, en septième position sur la liste LFI, au tour de la chef des députés insoumis Mathilde Panot de recevoir une convocation de la Direction de la police judiciaire de Paris, mardi 23 avril, pour « apologie du terrorisme ».

Les faits reprochés porteraient, selon la présidente de groupe, sur une conférence de presse tenue à la suite du massacre perpétré par les terroristes islamistes du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol d’Israël, carnage à l’origine du bombardement de Gaza. Le mouvement fondé par Mélenchon se voyait à cette époque reprocher de ne pas qualifier de « terroriste » le Hamas, l’un des mouvements islamistes derrière les massacres des kibboutz de Kfar Atza et Nir Oz, ainsi que celui du festival de musique Nova de Reïm. La France insoumise avait publié un communiqué qualifiant l’attaque « d’une offensive armée de forces palestiniennes » et évoquant « l’intensification de la politique d’occupation israélienne » dans les territoires palestiniens.

« Nous ne nous tairons pas. » C’est par ces mots qu’a réagi la députée LFI Mathilde Panot à sa convocation par la police judiciaire de Paris dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme. » J’ai reçu ce jour une convocation pour être entendue dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme ».

Version 1 modifiée

Le mouvement fondé par Mélenchon se voyait à cette époque reprocher de ne pas qualifier de « terroriste » le Hamas, l’un des mouvements islamistes derrière les massacres des kibboutz de Kfar Atza et Nir Oz, ainsi que celui du festival de musique Nova de Reïm.

Levée de boucliers à gauche 

Mélenchon a aussitôt dénoncé « un événement sans précédent dans l’histoire de notre démocratie ».

Beaucoup de ces signalements ont été adressés par l’Organisation juive européenne, une association qui de lutte contre l’antisémitisme. Elle est « au service du gouvernement » israélien, dénonce le coordinateur LFI, Manuel Bompard. 

Certains membres de la Nupes, les écologistes Sandrine Rousseau, Cyrielle Chatelain et Benjamin Lucas, par exemple. Mais aussi le socialiste Philippe Brun. Sur X, il rappelle qu’elle est en désaccord politique sur les termes employés le 7 octobre par les Insoumis, mais juge « fou » de les qualifier d’apologie du terrorisme. La cheffe de file des députés insoumis « pourrait refuser de se présenter à cette audition libre, mais ce n’est pas le choix qu’elle a fait. Elle se présentera devant la justice ».

Son avocate dénonce « une atteinte grave à la liberté d’expression »

Pour l’avocate de Mathilde Panot, Jade Dousselin, « cette convocation par un procureur de la République d’une présidente de groupe d’opposition pour des faits aussi graves et infamants est non seulement inédite mais constitue d’abord et avant tout une atteinte grave à la liberté d’expression dans notre pays », déclare-t-elle.

« Aujourd’hui, les juristes mais aussi les citoyens que nous sommes doivent prendre la mesure de ce qui se joue : la question n’est plus celle d’être en désaccord ou non avec les opinions de tels ou tels responsables politiques mais de la place que nous donnons au débat public et ce que nous sommes collectivement en capacité d’accepter pour le faire taire », poursuit-elle, sachant que LFI dénie à ses adversaires cette règle que Panot revendique pour elle-même.

La question n’est plus celle d’être en désaccord ou non avec les opinions de tels ou tels responsables politiques mais de la place que nous donnons au débat public. (Jade Dousselin)

Pour l’heure, Mathilde Panot attend la date de sa convocation après avoir demandé un report. « Ma cliente répondra à cette convocation et il ne peut y avoir de doute quant à l’issue judiciaire qui y sera donné tant aucun de ses propos ne peuvent être qualifiés de la sorte », conclut le conseil.

Les prix plancher agricoles adoptés à l’Assemblée, contre l’avis du gouvernement

Les Ecologistes infligent une défaite symbolique au gouvernement 

Le président pérore,
son ministre baisse les yeux

Le retour d’une mesure voulue par Macron, mais rejetée par la macronie.

Macron avait annoncé la mise en place de « prix plancher », au Salon de l’agriculture, à la surprise générale, pour garantir les rémunérations agricoles.

Leur mise en œuvre semblait à risques. Mais, surprise, ils viennent d’être votés à l’Assemblée à la faveur d’une niche parlementaire écolo.

A la faveur de leur niche parlementaire du jeudi 4 avril, les députés écologistes ont présenté une proposition de loi visant à instaurer leur version des prix plancher agricole. La majorité a voté contre, espérant faire valoir sa propre interprétation du sujet dans de prochaines propositions législatives. Mais, faute d’opposition de la droite, la mesure a été adoptée quand même…

C’était une des images du Salon de l’Agriculture 2024 (ci-dessus). Le visage du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau se décomposant à l’annonce, par le président de la République, de l’instauration d’un prix plancher agricole pour sauver les revenus des fermes. Rien n’avait été préparé. Pire, la majorité, qui s’était gaussée d’une proposition similaire faite, en novembre à l’Assemblée, par La France Insoumise, s’était retrouvée en porte-à-faux.

L’Assemblée a approuvé jeudi 4 avril dans la soirée en première lecture une proposition de loi écologiste en faveur de prix planchers pour les agriculteurs, en dépit de l’opposition de la majorité et du gouvernement.

Dans un hémicycle clairsemé, où de nombreux élus macronistes étaient absents, le texte de la députée écologiste de la Drôme Marie Pochon a été approuvé par 89 voix contre 66, la gauche votant pour et la majorité contre. Le RN s’est abstenu, affirmant par la voix de Grégoire de Fournas avoir «toujours été pour des prix planchers», mais regrettant l’absence dans le texte de «dispositifs pour encadrer les marges» au risque de nourrir «l’inflation alimentaire».

LR a été quasi absent du débat, mais le député Pierre Cordier a marqué son désaccord avec le texte.

Pour «garantir un revenu digne aux agriculteurs», le texte écologiste prévoit un prix minimal d’achat fixé par «une conférence publique» dans les filières qui le souhaitent, ou sur décision du gouvernement  en cas de désaccord. Le texte prévoit que les prix ainsi déterminés permettent de rémunérer les agriculteurs à hauteur de deux fois le Smic, le prix minimum pouvant être revu tous les quatre mois.

La proposition de loi, qui reprend une mesure proposée dans un texte de la France insoumise rejeté de peu dans l’hémicycle en novembre, fait aussi écho aux propos du président Macron, qui avait fixé un objectif de «prix planchers» lors de sa visite houleuse du Salon de l’agriculture en février, sur fond de colère paysanne.

«Inopérant»

Au banc du gouvernement, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, a toutefois rejeté avec vigueur le dispositif proposé par l’écologiste Marie Pochon, le jugeant «inopérant», même si le gouvernement «partage pleinement [sa] préoccupation» par le1 revenu des agriculteurs. «La piste conduisant à des prix administrés doit être écartée» car ce n’est pas le gouvernement qui «peut déterminer le prix pour un secteur économique», a estimé Agnès Pannier-Runacher.

De plus, «l’instauration d’un prix minimal qui par définition ne s’appliquerait qu’à la production nationale, pourrait favoriser les produits importés au détriment de nos agriculteurs», a-t-elle souligné.

Au cours de débats qui se sont étirés, la majorité a parfois donné l’impression de jouer la montre pour éviter d’aller jusqu’au vote de la loi. «Ils sont gênés sur un dispositif annoncé par le président de la République», a analysé Marie Pochon.

Le député MoDem Bruno Millienne a particulièrement échauffé les esprits, en accusant les écologistes de «vouloir [se] racheter une conscience, après avoir fait chier les agriculteurs pendant des décennies, mais ça ne marche pas»«Oui nous sommes écologistes, nous sommes fiers et nous sommes au côté des agriculteurs. La réalité c’est que vous n’assumez pas votre vote» – contre les prix planchers -, a réagi la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain.

Un mois avant, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, Marc Fesneau était d’un avis diamétralement opposé. «La proposition de LFI pour un prix plancher sur le lait c’est un modèle soviétique».

Le texte doit désormais être présenté au Sénat, à majorité à droite.

Accusé de violence psychologique, Julien Bayou démissionne d’EELV et du groupe écolo à l’Assemblée

Les néo-féministes poursuivent la purge du parti vert

Raphaëlle Rémy-Leleu

Le député de Paris, visé par une plainte de son ex-compagne, Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère municipale de Paris, est poussé vers la sortie par son groupe et sa famille politique où les néo-féministes prennent peu à peu l’ascendant sur les écologistes.

Il était jusque-là « en retrait », il coupe désormais les ponts avec son groupe parlementaire et sa propre famille politique. Le député écolo de Paris Julien Bayou a annoncé ce mardi 2 avril sa démission du groupe EELV à l’Assemblée et son départ des Verts, en confirmation d’une information révélée par franceinfo.

Visé par une plainte déposée par son ex-compagne et porte-parole, de l’association Osez le féminisme !, qui l’accuse de « violences psychologiques », l’ex-secrétaire national du parti avait reçu en fin de semaine dernière le soutien de son groupe parlementaire, qui avait refusé de l’exclure. Ce qui avait provoqué une bronca en interne, puisque des dizaines de militants et élus écologistes avaient lancé en réaction un appel à la «grève militante » jusqu’à ce que Julien Bayou soit suspendu du groupe présidé par Cyrielle Chatelain, qui présida le groupe écologiste à l’Assemblée nationale en tandem avec Julien Bayou. Lien PaSiDupes

Nouvelle enquête

Chatelain et Bayou

La décision de Julien Bayou intervient après une nouvelle décision prise « en urgence » par Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, actant le principe d’une « enquête externe » confiée à « un cabinet spécialiste des violences sexistes et sexuelles, doté de compétences juridiques » visant à statuer sur le cas du député. Une nouvelle étape que la secrétaire nationale du mouvement justifie dans un mail interne par la réception de « plusieurs nouveaux témoignages de comportements inadaptés » de la part de Julien Bayou.

Elue d’opposition au conseil municipal d’Hénin-Beaumont, par le Front national (devenu RN en 2018) élu 2014 et réélu en 2020, la patronne des écolos déplore la décision prise par son prédécesseur au moment où le parti entend se pencher sur son cas. « Le timing et le ton de son mail de démission interrogent, et c’est un euphémisme », a-t-elle réagi. Julien Bayou n’a pas donné suite. Selon son entourage, cette enquête évoquée par Marine Tondelier est « la goutte d’eau » de trop, alors qu’il « s’est déjà soumis à une enquête interne » et qu’il va être entendu par la justice.

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« Tu seras tondue à la Libération » : un député macronien à la patronne des écolos à l’Assemblée

Le palais Bourbon a une fois de plus été le théâtre d’invectives et de menaces entre députés.

Cyrielle Chatelain, au centre

Cyrielle Chatelain a écrit une lettre à la présidente de l’Assemblée nationale pour dénoncer les propos tenus par le macronard Jean-René Cazeneuve dans les murs de l’hémicycle mardi 12 décembre. Elle demande des sanctions.

Léaument, député LFI,
garant de la République (selon Panot)
à la première ministre de Macron

Cyrielle Chatelain n’est pas revenue d’avoir été traitée comme la NUPES traite les autres. Pendant la séance des questions au gouvernement, deux élus se sont vivement interpellés dans les travées de l’hémicycle, mardi 12 décembre. Le Figaro révèle ainsi que le député Renaissance Jean-René Cazeneuve aurait lancé à Cyrielle Chatelain : « Tu seras tondue à la Libération pour avoir voté avec le RN ». 

Inspiré par l’essai de Mélenchon Qu’ils s’en aillent tous ! (2010),
Léaument, responsable de la communication numérique de Mélenchon et de LFI,
se disant lui-même ancien « bayrouiste »…

Soutien d’Eric Piolle, Cyrielle Chatelain, 36 ans, venait de s’en prendre sans filtres à Gérald Darmanin en dénonçant ses appels « du pied aux députés du Rassemblement national » , en l’accusant d’avoir des « méthodes crapuleuses »  en « marchandant les votes des parlementaires contre des gendarmeries ». Fébrile parmi les arrogants membres fébriles de l’alliance présidentielle, Jean-René Cazeneuve, 65 ans, aurait exprimé son dépit d’avoir été mis en minorité aggravée par l’adoption de la motion de rejet du projet de loi d’immigration de Borne et Darmanin, comme en témoignent plusieurs députés dans Le Figaro

« Des paroles profondément sexistes et choquantes, menaçantes même, qui n’étaient pas prononcées sur le ton de la plaisanterie. La conversation prenait une très mauvaise tournure », a remarqué le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. « Ce n’est pas très malin de la part de Jean-René Cazeneuve », renchérit un député de la majorité.

Une lettre pour demander des sanctions

« Je n’ai jamais dit ça, je suis un homme de dialogue. De ma place [son fauteuil se trouve au numéro 421, juste à côté des élus écologistes. Il est symbole de satisfaction et de joie…], j’entends des âneries matin, midi et soir et je ne réagis jamais. J’ai juste expliqué à Cyrielle Chatelain que je n’étais pas d’accord avec son propos », s’est défendu l’élu du Gers et père de Pierre Cazeneuve, conseiller technique auprès du chef de cabinet du président de la République entre 2020 et 2022.

La députée Les Ecologistes, ex-EELV, ex-membre de la défunte EELV, exige des sanctions à l’égard de son collègue. Elle a donc rédigé une lettre à l’attention de Yaël Braun-Pivet. « Les propos de Monsieur Cazeneuve sont graves. La tonde des femmes à la Libération constituait une attaque à leur intégrité physique et une destruction de ce qui représentait leur féminité […] Le message est clair. En tant que femme, je dois rester à ma place et tenir ma langue », a-t-elle notamment écrit, avant de demander l’épuration du Palais Bourbon avec une « peine disciplinaire » contre son tondeur. Le peloton d’exécution ?

La chienlit à l’Assemblée, vue par Philippe Caverivière…

Des « faits de corruption »: LFI saisit la justice contre Gérald Darmanin

Mathilde Panot frappe un homme à terre

Mathilde Panot

La France insoumise a saisi la procureure de la République, pour accuser Darmanin d’avoir essayé de convaincre les députés LR de voter pour sa loi immigration en leur proposant l’établissement de gendarmeries dans leur territoire.

Déjà défait dans l’hémicycle et très affaibli politiquement, Darmanin va-t-il devoir affronter la justice? C’est en tout cas la volonté des députés La France Insoumise, qui ont saisi la procureure de la République de Paris pour des « faits pouvant s’apparenter à de la corruption d’élus« . Une démarche dénoncée comme « calomnieuse » par l’entourage du ministre.

Un article de Libération a particulièrement agacé la gauche. Le quotidien révèle que le cabinet de Gérald Darmanin a tenté de joindre le député LR Fabrice Brun pour lui promettre l’installation d’une brigade de gendarmerie dans son département en échange de son vote pour la loi immigration.

Un article de Paris Match indiquait également fin novembre que « le ministre tente d’attirer dans ses filets les parlementaires LR » « avec des effectifs de police ou de gendarmerie supplémentaires« .

« Des méthodes crapuleuses »

La présidente des députés Les Ecologistes Cyrielle Chatelain a de son côté dénoncé dans l’hémicycle ce mardi après-midi les « méthodes crapuleuses » du ministre de l’Intérieur.

Elle a également accusé Gérald Darmanin de vouloir « ficher les députés du groupe Les Républicains qui demandent des régularisations » pour faire « du chantage ».

Le locataire de la place Beauvau a évoqué à plusieurs reprises « l’hypocrisie » des élus de droite qui s’opposaient à la création d’un titre de séjour pour les métiers en tension accessibles aux travailleurs sans-papiers tout en demandant des régularisations en préfecture dans leur circonscription.

La méthode avait passablement agacé la droite. En novembre, en conférence de presse, le patron des députés LR Olivier Marleix avait menacé de saisir de la commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), jugeant « illégale » qu’un ministre de l’Intérieur demande aux préfets « de lui faire remonter des informations sur les députés en collectant leurs informations ».

« Pas d’éléments probants »

De quoi pousser le député de son groupe Benjamin Lucas, ancien coordinateur du mouvement Génération.s et conseiller régional des Hauts-de-France, à demander sur Sud Radio une commission d’enquête à l’encontre du locataire de la place Beauvau, ce mardi matin 12 décembre.

Gérald Darmanin joue pour l’instant la carte de la sérénité. « Il n’y a pas d’éléments probants », assure l’un de ses proches, anonyme.

Interrogé sur l’appel au député de l’Eure Philippe Brun pour lui proposer l’installation d’une brigade de gendarmerie, son entourage rappelle que les effectifs en question avaient déjà été annoncés en octobre dernier par Macron.

« On ne va pas arrêter d’informer les élus de ce qui se passe dans le territoire au prétexte qu’il y a une loi immigration », tance encore l’un de ses proches.

Le lancement d’une commission d’enquête écologiste en la matière semble en tout cas peu probable. Ils disposent de la possibilité lancer une par an et ont déjà annoncé en octobre dernier leur intention d’en lancer une sur le projet d’autoroute A69 contesté entre Castres et Toulouse.

Antoine Léaument

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La boulette de Darmanin… qui confond l’élu ardéchois Fabrice Brun avec un député de l’Eure

Il est un membre assidu de l’Assemblée Nationale. Mais sur les 535 députés présents ce lundi 11 décembre, le siège de Fabrice Brun était étonnamment vide.

Député de la troisième circonscription de l’Ardèche (Aubenas), ce Brun-lâ était l’un des 42 élus absents lors du vote de la motion de rejet préalable au projet de loi immigration porté par le ministre de l’Intérieur devant l’hémicycle.

Retraites : dix députés NUPES et LIOT vont être auditionnés par le Conseil constitutionnel

Ils soutiendront les thèses de l’opposition de gauche à la réforme Macron des retraites  

Ils vont être les porte-voix de millions de Français hostiles à la réforme Macron des retraites devant le Conseil constitutionnel. Avant la décision très attendue des « Sages » sur la conformité de la réforme avec la Constitution, les neuf membres de l’institution vont recevoir huit députés de la Nupes et deux du groupe Liot ce mardi 4 avril de 14h30 à 15h30 avant de rendre leur décision le 14 avril prochain. 

Ces derniers auront la lourde tâche de choisir les meilleurs arguments pour tenter de convaincre du bien-fondé de leur saisine, effectuée dès le 21 mars soit le lendemain du rejet de la motion de censure contre le gouvernement d’Elisabeth Borne, validant ainsi l’adoption de la loi par l’article 49.3 de la Constitution. Ils vont également défendre le référendum d’initiative partagée, largement plébiscité par les Français, sur lequel l’institution doit également se prononcer dans dix jours. Qui sont les députés choisis pour se rendre rue Montpensier ? 

Groupe socialiste 

  • Jérôme Guedj
Le député socialiste de l\'Essonne, Jérôme Guedj, le 8 février 2023 à l\'Assemblée nationale. Crédit : Julien de Rosa / AFP
Le député socialiste de l’Essonne, Jérôme Guedj, le 8 février 2023 à l’Assemblée nationale.

Avant même de siéger au sein de l’Assemblée nationale, son élection avait déjà porté un coup dur au gouvernement. La victoire de Jérôme Guedj, élu dans la 6e circonscription de l’Essonne avait été fatale à Amélie de Montchalin, sa principale concurrente et éphémère ministre de la Transition écologique contrainte à la démission après sa défaite. Les coups portés par l’ancien inspecteur général des affaires sociales à l’équipe gouvernementale ne se sont pas arrêtés là. 

En février dernier pendant les débats sur la réforme, il pousse Olivier Dussopt à la faute en lui demandant précisément le nombre de nouveaux retraités par an qui allaient toucher 1.200 euros de pension minimum. Après la réponse du ministre du Travail, il utilise ses prérogatives de président de la mission d’évaluation des comptes de la sécurité sociale (MECSS) pour mener une visite inopinée à la direction de la Sécurité sociale afin de vérifier par lui-même la réponse du ministre. Les éléments trouvés font voler en éclats la communication du gouvernement sur la pension minimale à 1.200 euros. Il fait partie des députés de la Nupes les plus au fait des questions techniques de la réforme. 

  • Boris Vallaud 
Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l\'Assemblée nationale, le 17 février 2023. Crédit : LUDOVIC MARIN / AFP
Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, le 17 février 2023.

Ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée entre 2014 et 2016, succédant ainsi à un certain Emmanuel Macron, Boris Vallaud est le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.

Député des Landes depuis 2017, la terre d’élection d’Henri Emmanuelli, il est un farouche opposant à la réforme des retraites. Sur le plateau des « 4 vérités » sur France 2 le 30 mars dernier, il affirmait qu’Emmanuel Macron doit « suspendre ou retirer cette réforme ». 

Groupe écologiste

  • Sandrine Rousseau 
La députée écologiste Sandrine Rousseau lors d\'une manifestation pour le droit à l\'avortement le 28 septembre 2022 à Paris Crédit : AFP/Archives - Christophe ARCHAMBAULT
La députée écologiste Sandrine Rousseau lors d’une manifestation pour le droit à l’avortement le 28 septembre 2022 à Paris

Figure de prou de l’écoféminisme à l’Assemblée nationale, Sandrine Rousseau, va également faire partie de la délégation de la Nupes devant les « Sages » du Conseil constitutionnel. Membre de la commission des finances, la députée de Paris s’est notamment faite remarquée pendant les débats à l’hémicycle en revendiquant un « droit à la paresse », reprenant à son compte l’essai de Paul Lafargue, le gendre français de Karl Marx, publié en 1880. 

Tout en défendant une retraite à 60 ans, elle a également insisté sur l’absence de mesures forte pour les femmes avec cette réforme. « Ça n’améliore pas le sort des femmes, ça le dégrade, a-t-elle regretté. Aujourd’hui, malgré les huit trimestres liés à la maternité, les femmes devront rester jusqu’à 64 ans. » 

  • Cyrielle Chatelain 
Cyrielle Chatelain quitte l\'hôtel Matignon à Paris le 21 septembre 2022 Crédit : AFP/Archives - Thomas SAMSON
Cyrielle Chatelain quitte l’hôtel Matignon à Paris le 21 septembre 2022

Co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale en compagnie de Julien Bayou, Cyrielle Chatelain a estimé dans une interview accordée à Libération que l’utilisation du 49.3 pour faire passer la réforme a plongé le pays dans une « crise de la représentation politique et de la légitimité. » Lors de son audition, elle va certainement insister sur la « sincérité et la clarté des débats » qui n’ont, selon elle, pas été respectées au sein de l’hémicycle. 

Auprès du quotidien, elle dénonce notamment la question de la « revalorisation des petites pensions à hauteur de 1.200 euros » car « le gouvernement a non seulement refusé de [nous] transmettre des informations, mais de fausses informations ont été mises sur la table ». Pour la cadre de la fonction publique, une censure du Conseil constitutionnel serait « positif d’un point de vue institutionnel, mais ce ne sera pas une sortie de crise pour Emmanuel Macron. »

Groupe insoumis

  • Eric Coquerel 
Le député LFI Eric Coquerel à Paris le 21 juin 2022 Crédit : AFP - JULIEN DE ROSA
Le député LFI Eric Coquerel à Paris le 21 juin 2022

Président de la commission des finances, le député LFI de la Seine-Saint-Denis apporte une approche budgétaire à l’opposition de la Nupes. « Le président du Conseil d’orientation des retraites explique que les retraites ne coûteront pas plus cher à notre pays mais moins cher, proportionnellement à la richesse de notre pays », déclarait-il sur le plateau de Sud Radio en février dernier. 

Pour lui, « la question n’est plus de savoir s’ils vont retirer la loi mais quand. » Farouche opposant à la réforme dans l’hémicycle comme dans la rue, le député de Seine-Saint-Denis est visé par une plainte d’un policier qui l’accuse de l’avoir frappé le 20 mars dernier sur le site Veolia de Saint-Denis alors que le député apportait son soutien à la grève des éboueurs. Le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a ouvert une enquête pour violence volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique qui a été confiée à la sûreté territoriale. Il dément fermement les faits qu’il lui sont reprochés. 

  • Hadrien Clouet 
Le député LFI de la 1ère circonscription de Haute-Garonne, Hadrien Clouet le 6 février 2023 à la tribune de l\'Assemblée nationale. Crédit : LUDOVIC MARIN / AFP
Le député LFI de la 1ère circonscription de Haute-Garonne, Hadrien Clouet le 6 février 2023 à la tribune de l’Assemblée nationale.

A lui tout seul, Hadrien Clouet a déposé mille amendements contre la réforme des retraites. En parfait accord avec la stratégie d’obstruction parlementaire de son groupe qui en a déposé près de 13.000, le député de 31 ans a tout fait pour gêner le gouvernement au cours des vingt jours de débats à l’hémicycle.

Suppléant et donc spectateur de la commission mixte paritaire (CMP) qui a abouti à un texte unique entre les sénateurs et députés, ce spécialiste des questions d’emploi a fait partie des députés qui en ont dévoilé les coulisses en direct sur les réseaux sociaux. A l’issue de cette commission il déplorait des « magouilles » entre la majorité présidentielle et la droite sénatoriale. Dans la presse, il disait vouloir faire en sorte de recourir « à toutes les armes possibles, sans exception, contre le gouvernement ». La saisine du Conseil constitutionnel en est une importante.

Groupe communiste

  • Sébastien Jumel 
Le député communiste Sébastien Jumel à l\'Assemblée nationale, le 5 novembre 2019 à Paris Crédit : AFP/Archives - Thomas SAMSON
Le député communiste Sébastien Jumel à l’Assemblée nationale, le 5 novembre 2019 à Paris

Le député communiste de Seine-Maritime devrait de son côté insister sur le référendum d’initiative partagée signé par 252 parlementaires de gauche. Il le réclame depuis le mois d’octobre dernier. C’est pour lui un « outil simple » qui permet de « soumettre à l’Assemblée le recours à la souveraineté populaire par référendum ».

Le Conseil constitutionnel doit également se prononcer sur cette mesure le 14 avril prochain. 

  • Pierre Dharréville 
Le député communiste des Bouches du Rhône, Pierre Dharréville, le 7 février 2023 à l\'Assemblée nationale. Crédit : LUDOVIC MARIN / AFP
Le député communiste des Bouches-du-Rhône, Pierre Dharréville, le 7 février 2023 à l’Assemblée nationale.

Pour le député des Bouches-du-Rhône, cette réforme est « scélérate » et c’est en « tremblant de colère » qu’il est monté à la tribune le 20 mars dernier pour appeler à voter en faveur de la motion de censure contre le gouvernement d’Élisabeth Borne. Dans une tribune publiée sur le site de Marianne, l’élu dénonce cette réforme « avec laquelle on partirait nettement plus tard, en se faisant voler ses meilleures années de retraite. »

Pour le groupe LIOT

  • Charles de Courson
Le député Liot, Charles de Courson, lors d\'une conférence de presse dans la salle des quatre colonnes de l\'Assemblée nationale, le 20 mars 2023.
Le député Liot, Charles de Courson, lors d’une conférence de presse dans la salle des quatre colonnes de l’Assemblée nationale, le 20 mars 2023.

Il était au centre de toutes les attentions le 20 mars dernier. Et pour cause, ce lointain descendant de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau qui vota pour l’exécution de Louis XVI, était au cœur de la motion de censure transpartisane qui manqua de peu de faire tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne et par la même, la réforme des retraites. A 70 ans, ce député de centre-droit qui a soutenu Valérie Pécresse lors de la dernière présidentielle, a fait de la lutte contre la réforme des retraites l’un de ses testaments politiques. 

A la tribune de l’hémicycle, pour défendre sa motion de censure contre le gouvernement, il affirmait « nous aurons en toute dernière arme le recours au Conseil constitutionnel. Il tranchera en droit », avant de se faire couper le son du micro pour avoir dépassé son temps de parole. Ce conseiller honoraire à la Cour des comptes et député au mandat le plus long (il est élu sans discontinuer depuis 1993) va mener la bataille contre les « cavaliers budgétaires » de la réforme et notamment l’index senior qu’il n’imagine pas rester dans le texte. 

  • Estelle Youssouffa
Estelle Youssouffa, la députée de Mayotte, le 16 février 2023 à l\'Assemblée nationale. Crédit : LUDOVIC MARIN / AFP
Estelle Youssouffa, la députée de Mayotte, le 16 février 2023 à l’Assemblée nationale.

Députée de la 1ère circonscription de Mayotte et membre de la commission des affaires étrangères, Estelle Youssouffa fait partie de ces députés ultra-marins qui ont rejoint le groupe Liot en juin dernier. Plus discrète que les autres membres de la délégation auditionnée ce mardi, elle n’est pas pour autant moins hostile au texte.

Pour elle, cette réforme des retraites n’est « ni acceptable ni acceptée » et la situation n’est « plus tenable », a-t-elle confié sur le plateau de franceinfo le 17 mars dernier. 

Accusation LFI de racisme RN à l’Assemblée: condamnations instantanées, justice expéditive

La NUPES et le parti du président ont l’indignation partisane

Photo censurée:
le 12 juillet dernier, le député Renaissance (ex-LREM) Rémy Rebeyrotte avait effectué un salut nazi en pleine séance à l’Assemblée nationale à destination d’un député RN.
Sans « heurter » Macron…

« Qu’ils retournent en Afrique » ou « qu’il retourne en Afrique », voilà l’alternative – sortie de son contexte – qu’exploite l’extrême gauche et qui divise les observateurs. L’interpellation qui a suscité une vive émotion à l’Assemblée nationale, jeudi 3 novembre, prête à confusion lors de la séance de questions au gouvernement. Une aubaine  pour les antifas de la Nupes. Le propos du député du RN Grégoire de Fournas, sorti de son contexte, a interrompu la prise de parole du député LFI Martens Bilongo qui évoquait « le drame de l’immigration clandestine » mis en scène par SOS Méditerranée, association qui soutient la mafia des passeurs de clandestins au large de la Tunisie et de la Libye. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a été conduite à mettre fin à la séance.

Le groupe RN affirme que le député de Gironde parlait d’un « bateau » de migrants mentionné dans la question, et « en aucun cas » de M. Martens Bilongo, un élu du Val-d’Oise. « Nous sommes en face d’une manipulation de La France insoumise qui cherche à dénaturer mes propos pour me faire tenir des propos dégueulasses vis-à-vis d’un collègue député français de la Nation qui a la même légitimité que moi sur ces bancs », s’est défendu Grégoire de Fournas devant la presse. Marine Le Pen, de son côté, a dénoncé une polémique « grossière » des « adversaires » du RN.

Réactions de députés isérois sur Twitter ou au micro de France Bleu Isère.

Septembre 2020: le médecin à Sainte-Foy-lès-Lyon a été interdit d’exercice parce qu’il refuse de mettre un masque et non pas pour ce salut nazi.

Les députés isérois réagissent à l’incident crée mar la NUPES au cours de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale ce jeudi après-midi.

Le bureau de l’Assemblée nationale se réunira ce vendredi pour décider du niveau de sanction qui lui est d’ores et déjà promise. La France Insoumise a pour sa part réclamé l’exclusion de ce député. Et surtout, les gauches et les revanchards du parti présidentiel, privé de majorité absolue, comptent bien exploiter le doute dans les media qui font l’opinion.

Des sanctions demandées par Véran, le porte-parole du gouvernement

L’Isérois Olivier Véran, ex-socialiste, estime que « le Front national a montré son vrai visage » et réclame « des sanctions à la hauteur de ces propos infâmes ». Que demande-t-il contre l’islamo-gauchiste Eric Piolle, maire écolo subversif de Grenoble ?

En écho à Véran, la députée qui le remplace dans la première circonscription, Servane Hugues, produit une pensée de haute volée: « le racisme n’a pas sa place à l’Assemblée nationale, ni nulle part en France ». Personne ne dit le contraire.

Autre députée de la majorité à réagir sur Twitter, Caroline Abadie, qui succède à …Erwann Binet et qui, comme Véran, est née à Saint-Martin-d’Hères : « Voilà ce qu’on entend dans l’hémicycle quand on a des députés RN à l’Assemblée nationale », « des propos qui nous agressent tous ». Une essentialisation réflexe à l’extrême gauche.

Les réactions de la NUPES en Isère 

La députée insoumise – et donc anti-républicaine – Elisa Martin a immédiatement réagi sur Twitter. Elle demande, comme son groupe, l’exclusion du député RN, « parce que c’est inacceptable et que le racisme est un délit », dit-elle au micro de France Bleu Isère. La cause est entendue ! Sans procès, sinon politico-médiatique. La présomption d’innocence et le doute n’ont pas place dans un esprit stalinien.

Même indignation chez Europe Ecologie les Verts. Pour la présidente du groupe à l’Assemblée, Cyrielle Chatelain, « les cravates ne cacheront pas ce qu’est le RN ». 

Alexis Jolly, seul député RN de l’Isère, réagit au jugement politique sans procès

Cette phrase « parle de ces bateaux de migrants ou des migrants qui sont à l’intérieur et non pas du député de la Nupes », assure Alexis Jolly, député RN de l’Isère. Une sanction serait donc « regrettable » selon lui mais surtout signe que « dans cet hémicycle, on ne peut plus rien dire ». 

Pourquoi le président Macron se mêle-t-il des incidents parlementaires ?

A 16 h 55, après quelques minutes de confusion, Yaël Braun-Pivet a mis fin à la séance alors que restaient plusieurs interventions programmées, « compte tenu de la gravité des faits « et de « l’émotion légitime » de l’Assemblée, en fait récupération politicienne de la NUPES dont les députés ont fait le siège du perchoir de Yaël Braun-Pivet. De telles interruptions de séance se multiplient.

Dans l’heure qui a suivi, le chef de l’Etat s’est dit « heurté » par cet incident, selon son entourage. Cette réactivité de Jupiter est d’ailleurs exceptionnelle. Il faut donc que l’incident soit politiquement exploitable contre un parti dont le candidat pourrait lui succéder à l’Elysée en 2027.

Macron est « heurté » par les propos « intolérables » prêtés jeudi à Grégoire de Fournas et exprime son soutien au député de La France insoumise Martens Bilongo « insulté », selon lui, a indiqué jeudi soir l’entourage du chef de l’Etat, sans attendre que le contexte soit analysé et l’intention avérée, malgré ou à la faveur de la confusion sémantique. « Le Président est heurté par ces mots qui dans l’hémicycle, comme hors de l’hémicycle, sont intolérables. Soutien au parlementaire insulté », a fait savoir la même source élyséenne anonyme. Méthode peu directe et peu franche, mais qui révèle une urgence, voire une précipitation, à envenimer le débat, s’agissant d’un parti rival arrivé second à la dernière présidentielle.

Les éléments de langage qui circulent en macronie accablent d’ailleurs le RN, qualifié de « raciste décomplexé » qui révèlerait sa « face cachée » après un sans faute de plusieurs mois, mais ils taisent le deux poids deux mesures de la présidence de l’Assemblée qui, tantôt prononce un rappel à l’ordre pour un député Renaissance/LREM qui fait le salut nazi dans l’hémicycle, tantôt l’exclusion d’un député RN pour des propos sujets à interprétation et récupération politiques.

Les staliniens sortent du bois

Au tribunal suprême de LFI, Jean-Luc Mélenchon, son  lieutenant-général, a réclamé sur Twitter la « déchéance et l’exclusion de l’injurieur ».

De source parlementaire, le député concerné est passible d’une « censure simple », soit la privation pendant un mois de la moitié de l’indemnité parlementaire ou d’une « censure avec exclusion temporaire », c’est-à-dire la privation pendant deux mois de la moitié de l’indemnité allouée au député avec interdiction de prendre part aux travaux de l’Assemblée et de reparaître au Palais-Bourbon pendant quinze jours.

Dans le camp présidentiel, le groupe Renaissance « ne siégera pas » avant une sanction lourde contre le député RN, a indiqué son vice-président Sylvain Maillard. « Ils ont beau mettre des cravates […], c’est un mouvement profondément raciste, conclut. Leur dignité, ç’aurait été de le faire sortir. »

Depuis l’élection inédite de 89 députés RN à l’Assemblée, le groupe de Marine Le Pen s’était astreint à jouer la carte de la notabilisation. Il n’a toutefois pas évité les polémiques, comme lorsque le doyen d’âge José Gonzales avait d’entrée fait l’éloge de l’Algérie française de son enfance le 28 juin, ou lors d’une récente séance houleuse où deux députés RN avaient traité le ministre de l’Économie Bruno Le Maire de « lâche » et le ministre de l’Education Pap Ndiaye de « communautariste ».

Ces invectives avaient donné lieu à des sanctions de la présidente de l’Assemblée nationale, sanctions qui doivent elles aussi faire l’objet d’un débat en bureau de l’institution.

« Aujourd’hui l’extrême droite a montré son vrai visage », a estimé de son côté la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée Mathilde Panot. « Nous allons demander la sanction la plus forte, l’expulsion pour plusieurs mois » de ce député.

Carlos Martens Bilongo s’est dit lui « tellement triste » : « C’est honteux d’être renvoyé à sa couleur de peau aujourd’hui. » « Le racisme n’a pas sa place dans notre démocratie », a réagi la Première ministre Élisabeth Borne, en indiquant que « naturellement », le bureau de l’Assemblée nationale « devra prendre des sanctions ». La plus haute instance collégiale de l’Assemblée se réunira dès vendredi à 14 h 30.

« Une manipulation de La France insoumise », dénonce Grégoire de Fournas

Viticulteur dans le Nord Médoc, Grégoire de Fournas exerce son premier mandat, à 37 ans. Il ne s’était pas signalé jusqu’ici au Palais-Bourbon, où il siège à la commission des Affaires économiques.

Rémy Rebeyrotte, convaincu de salut nazi dans l’hémicycle a reçu de la présidente Yaël Braun-Pivet un rappel à l’ordre, premier niveau de sanction prévu par le règlement de l’institution.