L’inflation enrichit l’Etat

Macron s’est-il constitué une caisse noire grâce à l’inflation?

Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, et la députée RN Marine Le Pen s’accordent pour dénoncer le gouvernement-profiteur de la hausse des prix pour renflouer les caisses de l’Etat. Un fait que réfute le ministère de l’Economie pris le doigt dans le pot de confiture.

«Sur les 30 milliards de surplus de TVA, il faut que l’Etat restitue une partie, c’est-à-dire 8,5 milliards», insiste-t-elle, lundi sur TF1. «Plus il y a d’inflation, plus l’Etat engrange de l’argent. Cette situation est inadmissible : l’Etat ne peut pas s’enrichir en appauvrissant les contribuables. C’est la raison pour laquelle je considère que sur les 30 milliards de surplus de TVA qui ont été encaissés par l’Etat cette année et l’année dernière, il faut que l’Etat en restitue une partie, c’est-à-dire 8,5 milliards, c’est-à-dire ce qu’il reste quand il a rempli ses obligations budgétaires.»

Xavier Bertrand faisait le même constat sur CNews, quelques jours plus tôt,  : «Deux euros le litre [d’essence], c’est insupportable pour les Français. Je dis à Bruno Le Maire : monsieur le ministre, vous récoltez un pactole en ce moment, parce que quand le pétrole augmente, l’Etat voit ses recettes fiscales gonfler. Et en plus, la TVA en France, elle s’applique sur le pétrole, mais elle s’applique ensuite sur la TICPE, la taxe [60% du prix du litre de carburant]. Tout ça constitue un pactole. […] Je demande clairement [au ministre] quelles sont les recettes fiscales en plus, car quand vous avez un pactole, vous devez le rendre aux Français, ou alors ça s’appelle une augmentation des impôts.»

L’Etat s’est-il enrichi, avec la TVA, grâce à l’inflation, que ce soit sur l’ensemble de la consommation ou sur les carburants ?

Recettes générées par l’inflation : 10,7 milliards d’euros

Selon l’Insee, les recettes de TVA, après remboursements et dégrèvements par l’Etat, se sont montées, en 2022, à 200 milliards d’euros, contre 185 milliards en 2021. Le montant des recettes induites par la TVA est donc plus élevé avant remboursements… Soit +8 % en un an, alors que la croissance s’affichait à +2,6 % et l’inflation à +5,2 %. En 2023, les recettes étaient attendues, dans le projet de loi de finances, à 215 milliards. Soit environ 30 milliards d’euros sur deux ans (la prévision de comptabilité budgétaire est un peu différente de la comptabilité nationale de l’Insee). Le raisonnement de l’INSEE, succursale de Bercy, est specieux car les recettes réelles de la TVA doivent être chiffrées avant et non pas après retrait des remboursements !…

En 2022, le surplus de TVA lié à cette inflation particulièrement forte correspond à une hausse de la consommation des ménages qui a augmenté, en volume (c’est-à-dire hors inflation), de 2 %, tandis que l’inflation était un peu supérieure à 5 %. On peut donc considérer qu’en 2022, la part de recettes supplémentaires de TVA liée à la croissance de la consommation en volume a été de 4,3 milliards, tandis que celle imputable à l’inflation s’est montée à 10,7 milliards (1). Quelle qu’en soit la cause, croissance ou inflation, elle s’élève à 15 milliards. Le rebond de consommation est dû à la fin de l’épidémie de covid et Bercy profite non seulement de l’inflation, mais aussi de la maladie. Pour Le Maire et Macron, la levée des restrictions sanitaires et la guerre en Ukraine ont du bon.

L’INSEE tente d’embrouiller les Français

L’institut se lance dans des hypothèses, du style « si ma tante en avait », ce qui est adapté, de nos jours, à l’idéologie LGBTQI++, mais en fait destinées à nous enfler le « renflement brun » fantasmé par Bruno-l’érotomane. « Si l’inflation n’avait été que de 1 % (moyenne des dix années précédentes), alors la hausse de TVA liée à la hausse des prix aurait été de 2,1 milliards, et non 10,7 milliards. Soit, schématiquement [sic], un surplus de TVA lié à la forte inflation de 8,6 milliards d’euros. Grosso modo [re-sic] ce que souhaite rendre aux consommateurs Marine Le Pen (qui, selon le député RN Jean-Philippe Tanguy, parlait de l’année 2022 comparée à 2021 et non pas de 2022 et 2023). » Mais l’inflation n’a pas été de 1% et, au final, le RN n’est pas exigeant.

3e pays de l’UE le plus endetté, la France utilise son pactole à rembourser ses emprunts. «Dire que l’Etat s’est enrichi n’a pas vraiment de sens,» pas davantage que de souligner que la TVA en France ne revient pas uniquement à l’Etat. Rien n’appartient en effet à l’Etat, lequel ne dispense jamais ses bontés qu’à nos frais : il ne fait que répartir ses recettes et ses dépenses de manière inéquitable sur l’ensemble de la population.

La moitié, environ, est redirigée vers les organismes de Sécurité sociale et les collectivités locales, qui sont financés par les contribuables, travailleurs et entreprises. Sur ces 8,6 milliards de «surplus» de TVA en 2022, seuls 4,3 milliards iraient donc à l’Etat, pour ses frais de gestion, 4,3 misérables milliards que ne refuseraient pas les SDF négligés par DAL qui n’a d’yeux que pour les clandestins. «Nous n’endossons pas, politiquement, ce partage de TVA entre les différents destinataires», répond sur ce point Jean-Philippe Tanguy qui préconise d’autres impôts, «sur les superprofits ou les rachats d’action».

Concernant 2023, année en cours, le spécialiste en Finances publiques, François Ecalle (ancien rapporteur général du rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques à la Cour des comptes et membre de l’Institut Montaigne, libéral) «sur les sept premiers mois de cette année, on est plutôt sur 1 % à 1,5 % de hausse de recettes de TVA, donc très loin de l’augmentation prévue. Au total, on ne sera sûrement pas sur 30 milliards de hausse sur 2022 et 2023».

En vérité, puisque les recettes de TVA ont bondi à 272.812 milliards d’euros en 2022, soit 30 milliards de plus qu’en 2021, ne doit-on pas s’attendre à ce que les recettes de TVA qui, selon BFMTV, ont représenté 170,9 milliards d’euros (+19,2 milliards), en décembre 2022, soient largement dépassées en décembre 2023, puisque l’inflation actuelle est galopante ?… L’Etat peut-il compter sur des recettes de TVA de plus de 200 milliards à Noël 2023 ? Des milliards consacrés au remboursement de la dette… Et la charge de la dette publique tricolore dépassait les 40 milliards d’euros, en juin 2023. A la même période, la Cour des comptes indiquait qu’en 2022 la dette avait atteint 111,8 points de PIB, supérieure de 575 Md€ à son niveau de 2019. Et la dette publique française cumulée a atteint 3. 013,4 milliards d’euros le 31 mars 2023, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques… 

Le dénommé Ecalle conteste par ailleurs la notion de de «cagnotte» : «Oui, l’Etat gagne plus de TVA, comme il engrange plus d’impôts sur les sociétés ou d’impôt sur le revenu grâce à l’inflation. Mais en contrepartie, il a lui aussi des dépenses en hausse, notamment liées à l’inflation, comme des dépenses sociales [son misérable chèque de 100 euros de carburant ? Un plein?], les achats de biens, et dans une moindre mesure les rémunérations des fonctionnaires, hasarde-t-il. Surtout, dire que l’Etat s’est enrichi n’a pas vraiment de sens quand il présente un déficit de 4,7 % du PIB la même année…» Si ce pactole est consacré à la réduction de l’endettement de l’Etat, c’est un pactole dont les Français ne profiteront pas, mais qui tombe à pic pour le maintien de la notation financière (abaissée à AA- par Fitch, fin avril) mais attendue, depuis juin dernier, de Standard and Poor’s et en sursis jusque . 17 pays sont mieux notés que la France. L’emblématique « triple A », meilleure note possible, consacre l’excellente gestion des finances d’un petit cercle de pays, selon les trois agences, à l’instar de l’Allemagne, des Pays-Bas et de l’Australie.

«Il n’y a aucun pactole»

Quant à la seule TVA sur les carburants, Bercy a reconnu, jeudi 14 septembre dans un communiqué, que «la hausse des prix des carburants s’est traduite par une hausse des recettes de TVA sur les carburants utilisés par les ménages d’environ 2 milliards d’euros en 2022 et 2 milliards en 2023». Soit 4 milliards sur ces deux années. Avant de rappeler, lui aussi, que seuls 50 % de ces sommes vont à l’Etat, soit 2 milliards d’euros.

Selon Bercy, cependant, l’Etat a mis en place des dispositifs d’aides aux consommateurs, pour asdurer la paix sociale : la remise sur les prix des carburants jusqu’à la fin 2022, pour 7,5 milliards d’euros, et depuis le début de l’année, l‘indemnité carburant pour les travailleurs (10 millions de personnes les plus modestes), pour 500 millions d’euros. Soit 8 milliards en tout. Et donc un coût final pour l’Etat et surtout les contribuables, selon Bercy, de 6 milliards d’euros, entre les aides aux consommateurs et la hausse de TVA générée par la hausse des prix des carburants, que Macron n’a pas eu les moyens de juguler au moyen de réductions de TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques). «Sur 2022-2023, l’Etat a dépensé quatre fois plus pour amortir l’impact sur les ménages des prix du carburant qu’il n’a “bénéficié” des prix hauts : il n’y a aucun pactole», se défend ainsi le ministère de l’Economie. Reste que si le surcoût est effectivement important en 2022, il disparaît néanmoins en 2023, le surplus de TVA rapportant cette fois-ci davantage que l’indemnité carburant pour les travailleurs.

Un abaissement d’une note par une agence de notation peut provoquer une perte de confiance des investisseurs envers un Etat, entraînant une hausse des taux d’intérêt d’emprunt. Or, ils ont déjà commencé à remonter, alors que Macron a pourtant décidé la fin des aides énergétiques lorsqu’est survenue la baisse des prix des hydrocarbures, lesquels ont repris leur hausse… Empêché de rogner sur ses 60% de taxes carburants, du fait du poids de la dette publique, Macron a dû supplier les producteurs et distributeurs de vendre à perte, un fiasco, puis à prix coûtant, un autre fiasco: si l’entreprise d’Etat TotalEnergies s’est exécutée, seuls Leclerc et Casino ont consenti.

(1) Ce calcul donne un ordre de grandeur seulement, la consommation des ménages ne représentant que 2/3 (!) de l’assiette de TVA.

Notation de la France : le coup passa si près que le chapeau trembla

Macron et Le Maire en sursis pour trois mois

Les trois principales agences de notation – toutes américaines – ont fait trembler nos deux géants aux pieds d’argile. Comme de mauvais élèves, Borne et Le Maire ont négocié leur note dans le même temps où il refusaient le dialogue avec le peuple et leurs représentants sur la réforme des retraites…

Ils se sont employés à convaincre des hommes sans nom, ni visage de leur détermination sincère à redresser la barre des finances publiques, notamment avec la fin du « quoi qu’il en coûte », promettant de faire des coupes sombres dans nos dépenses publiques et des efforts pour rembourser au prix fort la dette de la France contractée auprès de l’Union européenne. Macron accepte de rendre l’argent en empruntant à nouveau et au taux élevé actuel. Et Bruxelles va s’engraisser aux dépens des Français.

Tout ça pour simplement obtenir un alignement des notations dégradées uniformément à AA

Si, contrairement à l’agence Fitch, Standard and Poor’s a décidé de maintenir inchangée la note de crédit de la France, elle met toutefois en exergue les incertitudes qui pèsent sur l’engagement de Bercy de rétablir les comptes publics dans les quatre ans qui viennent.

Le pire n’est jamais certain. En décidant, vendredi 2 juin, de maintenir provisoirement inchangée la note de crédit de la France au niveau AA, l’agence de notation américaine Standard and Poor’s (S&P) n’a pas fait de surenchère sur Fitch, qui avait, il y a cinq semaines, dégradé d’un cran l’évaluation du pays. Le Maire se félicite de la pause dans la course à l’échalote des agences. La conséquence la plus notable est que le Trésor va pouvoir continuer d’emprunter sans subir – à court terme – de renchérissement du coût du crédit, la note AA signifiant une forte capacité à pouvoir rembourser ses dettes.

Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, peut se targuer d’avoir mené une efficace campagne de persuasion ces dernières semaines. Contrairement à Fitch, qui s’inquiétait entre autres de la dégradation du climat social liée à la réforme des retraites, S&P voit dans l’allongement de l’âge de départ adopté fin avril et dans la fin programmée des aides énergétiques des éléments susceptibles de rendre moins incertaine la trajectoire budgétaire française. La finance est avant tout une guerre psychologique.

Le gouvernement n’en est pas quitte pour autant.

Les divergences d’appréciation entre Fitch et S&P ne manqueront pas d’alimenter les critiques de ceux qui accusent les agences de notation financière de vouloir piloter les politiques budgétaires à la place des gouvernements. Des groupes de pression supranationaux américains et sans légitimité, à la manière des ONG. Les faits sont cependant têtus : avec une dette de 3.000 milliards d’euros, soit 111,6 % du PIB en 2022, la France a dépensé davantage que les autres pays pour absorber les récents chocs sanitaire, énergétique et géopolitique. Surtout, elle ne reviendra pas avant 2027 dans l’épure du pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne en termes de déficit, bien après tous les autres pays.

En maintenant sa perspective « négative », l’agence S&P met en exergue ses incertitudes, y compris politiques, qui pèsent sur l’engagement de Bercy de rétablir les comptes publics dans les quatre ans qui viennent. Elle souligne notamment « l’absence de majorité absolue au Parlement français », ainsi que « la fragmentation politique » du pays, qui est donc clairement sous surveillance.

Cette singularité la fragilise d’autant plus qu’elle n’est pas nouvelle. Déjà, fin 2005, le rapport Pébereau avait alerté sur la dérive de nos finances. Dix-huit exercices déficitaires plus tard, la prise de conscience reste très brumeuse, pour ne pas dire inexistante.

La fin de l’argent magique

La question du sérieux budgétaire a été soigneusement évitée durant la campagne présidentielle, laquelle s’est transformée en concours Lépine de la dépense publique. La récente séquence sur la réforme des retraites n’a pas davantage remis la dette au centre des débats : quelles que soient les critiques légitimes qui ont pu être formulées par les oppositions et les syndicats, la question du financement du système des retraites a été immédiatement évacuée, comme si elle était secondaire ou constituait un non-sujet.

Nombreuses étaient les voix ces dernières années pour dire que l’endettement n’était pas un problème puisque l’argent était gratuit. Le surgissement de l’inflation a mis fin à cette illusion. S’endetter va coûter de plus en plus cher et amputer de plus en plus les marges de manœuvre budgétaires. D’ici à 2027, la charge annuelle de la dette devrait atteindre 70 milliards d’euros et représenter le premier poste de dépenses de l’Etat.

S’il veut pouvoir investir dans la transition écologique, l’éducation ou la santé, le gouvernement va devoir freiner les dépenses de fonctionnement de l’Etat et des collectivités locales, tout comme les dogmes actuels sur la fiscalité devront être réinterrogés. L’avertissement sans frais des agences de notation signe un changement d’époque.

Autre sujet tabou: la guerre injustifiée de l’Ukraine pour sortir de l’orbite russe et entrer dans l’orbite occidentale, au prix de morts humaines, de pénuries et d’inflations de part et d’autre.

Les agences de notation ne prennent mas en compte la qualité de la vie et Macron / Le Maire n’en sont pas mécontents…

Inflation? Pas de quoi effarer Standard and Poor’s. Analyse de Philippe Caverivière :

Philippe Caverivière encore, pour les plus lubriques du PAF

Face à Standard and Poors, les arrogants Macron et son gouvernement dans leurs petits souliers

Les mensonges de Macron, Borne et Le Maire bientôt au grand jour ?

La France est dans l’attente du verdict de l’agence de notation Standard and Poors, sachant que de nombreux pays se classent mieux, des Etats-Unis – à deux doigts de la banqueroute en mai (lien PaSiDupes) – à la Suède, en passant par Singapour ou les Pays-Bas. Dans le monde, l’agence S&P note la France plus défavorablement que plus d’une quinzaine de pays. Après l’abaissement de sa note par l’agence Fitch le mois dernier (lien PaSiDupes), la France passe à nouveau au tableau des agences de notation ce vendredi 2 juin avec S&P Global, dont la France redoute tellement l’abaissement que Elisabeth Borne a dû lâcher les baskets du RN le temps d’essayer de convaincre l’agence de notation de ne pas sanctionner à son tour le gouvernement pour sa gestion des finances et de sa gestion désastreuse de la réforme des retraites.

17 pays mieux classés que la France du banquier Macron

Elle pourrait aussi jouer sur sa « perspective », un signal qui donne à croire en une possible évolution à moyen terme. Celle-ci est actuellement « négative », ce qui signifie qu’un abaissement est possible. Or, cette analyse est surveillée de très près par les macroniens français soucieux d’afficher depuis leur arrivée à l’Elysée une image de bons gestionnaires et de réformateurs. Une rétrogradation serait donc ressentie par lui comme un coup sur le bec. Pour les Français, un mauvais coût sur le crédit.

D’autant que nombre de pays conservent, eux, une note très favorable. Ainsi, l’Australie, le Canada, le Danemark, l’Allemagne, le Liechtenstein, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, Singapour, la Suède et la Suisse sont effectivement encore classés AAA par S&P.

De même, l’Autriche, la Finlande, Hong Kong, la Nouvelle-Zélande, Taïwan et les Etats-Unis sont pour l’heure en AA+, soit mieux également que la France. Soit 17 pays au total.

En attendant le verdict, le ministère de l’Economie et des Finances s’est refusé à tout commentaire. Mercredi, Bruno Le Maire a confirmé qu’il a rencontré l’agence américaine pour présenter les « arguments » français, qu’il estime « convaincants ». « Nous serons intraitables sur le rétablissement de nos finances publiques, sur la réduction des déficits et sur l’accélération de la réduction de la dette publique », s’est engagé le ministre sur France Inter, qualifiant les résultats économiques français de « solides ».

« Quelle que soit la décision de S&P, cela ne change rien à notre détermination à tenir nos objectifs de finances publiques » a pour sa part défié jeudi la première ministre Elisabeth Borne, au cours d’un déplacement à Laval.

Dette publique: Borne évoque un deal avec Standard and Poor’s

La première ministre négocie la note de la France avec l’agence financière

Le gouvernement a fait valoir ses réformes et eu des « discussions très étroites » avec l’agence financière Standard and Poor’s, avant sa notation de la dette française attendue début juin, a indiqué Elisabeth Borne dans un entretien diffusé dimanche par Radio J.

Ces échanges ont eu lieu avec le ministre des Finances Bruno Le Maire, a précisé la Première ministre, qui était interrogée sur le risque d’une dégradation de la note de crédit du pays, après celle infligée fin avril par l’agence Fitch.

« Il y a eu des explications détaillées de Bruno Le Maire auprès de Standard and Poor’s sur tout ce qu’on fait pour maîtriser nos finances publiques », a dit Mme Borne, évoquant des « discussions très étroites ».

« Je pense qu’on mène des réformes, on a présenté récemment une trajectoire de nos finances jusqu’en 2027 dans laquelle on veut, comme le président de la République s’y était engagé, réduire notre déficit à 2,7% (du PIB) en 2027 », a-t-elle fait valoir.

« On a aussi l’engagement dans cette trajectoire de baisser notre dette, et c’est ce que le ministre de l’Economie a eu l’occasion d’expliquer à Standard and Poor’s », a poursuivi la cheffe du gouvernement.

Les grandes agences de notation évaluent régulièrement la capacité des Etats à rembourser leur dette. Fin avril, l’agence Fitch avait abaissé la note de la France, invoquant les fortes tensions sociales à l’oeuvre autour de la réforme des retraites.

Interrogée sur un éventuel risque de récession en France, la Première ministre a estimé que le gouvernement « agit pour que ce ne soit pas le cas ». « On n’est pas simplement spectacteurs en train de se demander ce que va être la conjoncture », a-t-elle dit.

« On agit pour soutenir nos entreprises, la croissance économique, pour soutenir l’activité, et pouvoir avoir de la croissance y compris au service de la transition écologique et de la croissance au service de notre modèle social », a poursuivi Mme Borne.

L’agence de notation Scope a abaissé la perspective de la France

Ce constat pourrait conduire à une autre dégradation, après celle de Fitch en avril.

Vendredi 26 mai, l’agence de notation Scope a abaissé la perspective de la France, ce qui pourrait conduire Standard and Poors à confirmer la perte de confiance dans la capacité de Macron et Le Maire à nous éviter la banqueroute. Sa note pourrait donc être dégradée à l’avenir, comme cela a été le cas fin avril par l’agence Fitch. 

Scope explique sa décision par le risque de « l’affaiblissement des finances publiques » notamment en raison de difficultés dans « la mise en œuvre des réformes ». Cette action signifie qu’elle pourrait dégrader la note de la France, actuellement à « AA » – très faible risque de défaut de paiement- soit le troisième plus haut niveau de sa grille, « dans les 12 à 18 mois ». Un simple « A » correspond à une possibilité de risque de crédit faible, plus vulnérable à des conditions commerciales ou économiques défavorables que dans le cas de notations plus élevées.

« Dynamique économique » au ralenti

Parmi les risques pesant sur les finances françaises, l’agence relève que, en France, « la dynamique économique s’est nettement ralentie au second semestre 2022 ».  

Elle se montre aussi peu convaincue de la trajectoire de réduction du déficit et de la dette publics, en raison d’un « mauvais bilan en matière d’assainissement budgétaire, d’une charge d’intérêt de la dette croissante et de risques liés à la mise en œuvre du programme de réformes« . 

Ces risques sont liés à « l’absence de majorité au Parlement » et à des « contestations socio-politiques », citant notamment les contestations persistance contre la réforme des retraites. 

Créée en 2011, Scope Ratings a son siège en Allemagne et des succursales au Royaume-Uni, en Italie, France et Norvège.

Note abaissée par Fitch en avril

Fin avril, l’agence de notation Fitch, une des trois plus grandes du monde, a dégradé la note de la France, en raison du risque posé par « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) » sur les réformes voulues par Macron.

Une semaine plus tôt, l’agence Moody’s n’avait pas fait de notation. L’agence S&P Global, qui accorde actuellement la note de « AA » à la France avec une perspective négative, doit publier ses conclusions le 2 juin.

La notation de ces agences a des répercussions sur le taux d’intérêt auquel les investisseurs prêtent de l’argent à la France. Sur l’emprunt à 10 ans, l’échéance qui fait référence, le taux était de 3,11% vendredi, proche de ses plus hauts niveaux de l’année. 

L’agence Fitch dégrade la note de la France d’un niveau

L’agence de notation financière américaine maintient en revanche sa cote de crédit à l’Ile-de-France

L’agence de notation financière internationale a abaissé la note de credit de la France à « AA-« , s’attendant « à ce que la dette publique/PIB reste sur une tendance à la hausse modeste ». Elle a aussi invoqué les « mouvements sociaux » récents.

« L’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) constituent un risque pour le programme de réformes de Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes », écrit l’agence de notation dans un communiqué.

Fitch Ratings (illustration)

L’agence de notation Fitch invoque les tensions sociales récentes qui pèseront sur la capacité à réduire le déficit et la dette, ainsi que des perspectives de croissance moins élevées qu’anticipé.

Le gouvernement a eu recours à l’article 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites, se passant d’un vote au Parlement, ce qui a entraîné un net durcissement de la contestation sociale.

« Cette décision a donné lieu à des manifestations et à des grèves dans tout le pays et renforcera probablement les forces radicales et anti-establishment », écrit également l’agence de notation qui notait jusqu’à présent la France « AA » avec perspective négative, soit le risque d’un abaissement.

Une « appréciation pessimiste, » selon Bruno Le Maire

Fitch est la première des trois principales agences de notation à rétrograder la note française depuis l’adoption de la réforme des retraites.

Le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a regretté vendredi dans un communiqué l' »appréciation pessimiste » de Fitch estimant que l’agence de notation « sous évalue les conséquences des réformes » notamment celles des retraites.

Dans ses conclusions, Fitch évoque « des déficits budgétaires importants et des progrès modestes«  concernant leur réduction.

Après avoir atteint 4,7% en 2022, le déficit public français devrait légèrement remonter cette année à 4,9% avant de refluer progressivement à partir de 2024, anticipe le gouvernement dans son programme de stabilité publié ces derniers jours, qui table sur un retour dans les clous budgétaires européens en 2027. Fitch anticipe pour sa part 5% de déficit cette année.

Le désendettement devrait quant à lui connaître un coup d’accélérateur, mais c’est d’après le gouvernement, avec une dette qui représenterait 108,3% du PIB en 2027, à en croire Le Maire, toujours très loin de l’objectif européen de 60%. Elle était à 111,6% du PIB fin 2022…

Une dégradation d’un cran supplémentaire serait l’indication d’un risque d’insolvabilité faible, mais d’une pissible influence par des conditions économiques défavorables.

Mais Stanislas Guerini positive et Charles Consigny fait du stand-up: