Appel à prendre les armes en cas de victoire de Marine Le Pen

La journaliste Mahaut Drama et Mediapart sortent-ils de l' »arc républicain » ?

« Evocation » ou appel à la lutte armée d’une « humoriste » ou d’une journaliste militante, démocrate ou révolutionnaire?

Le Mediapart Festival accueillait Mahaut Drama, présentée comme humoriste, ce que le festival n’est pas. Elle commença sa vie professionnelle comme journaliste à LCI en 2019 et devint ensuite pigiste à Voici. En 2020, on la trouve à Radio Nova  puis en 2023, sur France Inter, dans l’émission de Charline Vanhoenacker, où elle tient la « Chronique de Mahaut ». Elle lance « Mahaut 2022 » au moment de la course à l’élection présidentielle 2022, afin de décrypter les programmes des différents candidats.

En mars 2024, lors d’un débat, format qui laisse peu de place à l’humour,  intitulé « Comment lutter contre l’extrême droite ? » organisé le 16 mars dernier au Cent Quatre, dans le riant Paris 19e, par Mediapart, site révolutionnaire trotskiste qui incite peu à rire, Mahaut Drama a participé au rassemblement de combat. La chroniqueuse de France Inter  » semble avoir appelé à prendre les armes  » en cas de victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2027. Ses propos ont été diffusés en ligne par Mediapart

« Concrètement qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que nous aussi on a des factions armées ? On se prépare à leur répondre ? Est-ce qu’on doit être radicaux jusqu’à ce point-là ? Est-ce qu’on doit faire la révolution ? Je ne pose que des questions mais je pense que ça se pose vraiment. »

Ces propos ne choquent-ils donc pas la gauche : seulement les cadres du RN?…

L’humoriste de 30 ans a alors poursuivi : « Dans trois ans s’il y a l’accession de Marine Le Pen au pouvoir, c’est sûr qu’on ne pourra pas juste continuer à mettre des affiches. Il faudra qu’on leur réponde autrement. » Si elle a nuancé en indiquant qu’elle ne sait pas se battre et n’est pas « courageuse », Mahaut Drama a déclaré « s’il y a des gens qui sont prêts à être courageux à ce point-là, je ne peux que les encourager ».

L’humoriste Mahaut Drama, de son vrai nom Mahaut di Sciullo, a assisté à un débat organisé lors du Mediapart Festival le 16 mars dernier au Centquatre, à Paris. Participant à un échange sur le thème « Comment lutter contre l’extrême droite ? », celle qui est également chroniqueuse chez France Inter semble avoir appelé à prendre les armes en cas de victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de  2027. Ses propos ont été diffusés en ligne par Mediapart« Concrètement qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que nous aussi on a des factions armées ? On se prépare à leur répondre ? Est-ce qu’on doit être radicaux jusqu’à ce point-là ? Est-ce qu’on doit faire la révolution ? Je ne pose que des questions mais je pense que ça se pose vraiment. » 

« Je ne peux que les encourager »

Mahaut Drama,
journaliste à France inter

L’humoriste de 30 ans a alors poursuivi : « Dans trois ans, s’il y a l’accession de Marine Le Pen au pouvoir, c’est sûr qu’on ne pourra pas juste continuer à mettre des affiches. Il faudra qu’on leur réponde autrement. » Si elle a nuancé en indiquant ne pas savoir se battre et ne pas être « courageuse », Mahaut Drama a déclaré « s’il y a des gens qui sont prêts à être courageux à ce point-là, je ne peux que les encourager ». 

Le RN réagit

La sortie de la jeune femme a fait vivement réagir le Rassemblement national (RN). La porte-parole du parti à l’Assemblée nationale, Laure Lavalette, a annoncé saisir « le procureur de la République sur le fondement de l’article 40 du Code de procédure pénale » face à « ces propos d’une extrême gravité et diffusés par Mediapart ». 

Devant ces propos d’une extrême gravité et diffusés par Mediapart, je saisis le procureur de la République sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale. https://t.co/9cIFSCroJy — Laure Lavalette (@LaureLavalette) March 30, 2024

Le sénateur Les Républicains (LR) Stéphane Le Rudulier a jugé sur le réseau social X que le « service public doit immédiatement suspendre cette fausse humoriste et vrai nervie extrémiste, menace pour la démocratie ». Il a également jugé qu’il fallait « nettoyer les écuries d’Augias de France Inter » : « Nos impôts ne doivent plus financer l’extrême gauche anti-républicaine antisémite et anti-démocratique. »

Le service public doit immédiatement suspendre cette fausse humoriste et vraie nervie extrémiste menace pour la démocratie

Il faut nettoyer les écuries d’Augias de France Inter ! Après l’antisémitisme l’anti démocratie chez leurs pseudo humoristes

Nos impôts ne doivent plus… https://t.co/UuZWsqJoPN — Stéphane Le Rudulier (@slerudulier) March 30, 2024

Loi immigration : c’est le texte sorti du Sénat ou rien, prévient le LR Ciotti

Le texte sera-t-il rejeté dès le début de son examen à l’Assemblée? 

Marchand de tapis, Gérald Darmanin tente de convaincre tour à tour à droite et à gauche sur son projet de loi immigration, avec des promesses, des contradictions et donc des entourloupes, mais Eric Ciotti ne tombe pas dans le panneau et ne transige pas : « seul le texte sorti du Sénat » convient aux LR. Avec ces déclarations, le président des Républicains laisse entendre qu‘il pourrait appeler à voter lundi pour une motion de rejet déposée par Les Ecologistes. 

« Nous déciderons lundi de notre position« , a affirmé Eric Ciotti dans un entretien avec Le Parisien, au sujet de cette motion, qui fera l’objet d’un vote lundi au Palais Bourbon, où doit commencer l’examen en séance publique du texte.

Les députés LR sont partagés, le RN entretient le mystère

Les députés débattront à partir de la version du projet de loi adoptée par la commission des Lois de l’Assemblée, qui a retiré une partie des « renforcements » que le Sénat y avait introduits. « L’adoption d’une motion de rejet aboutirait à débattre à nouveau sur le texte du Sénat », explique Eric Ciotti dans l’entretien mis en ligne samedi soir. Il y rappelle que LR avait également déposé une motion de rejet, mais que c’est celle des députés écologistes qui a été tirée au sort.

« Seul le texte sorti du Sénat, et uniquement celui-ci nous convient », martèle-t-il, suggérant qu’il serait logique de voter pour la motion, même déposée par Les Ecologistes, dont les griefs contre le projet de loi sont aux antipodes de ceux de la droite. Si toutes les oppositions se coalisaient lundi en faveur de la motion, l’examen du projet de loi sera interrompu d’emblée à l’Assemblée. Ce qui redonnerait la main au Sénat, à moins que le gouvernement ne convoque une commission mixte paritaire d’élus des deux chambres.

Mais les députés LR sont partagés et le RN entretient le mystère sur sa position. Ce dernier ne divulguera pas sa stratégie avant lundi, a affirmé vendredi la députée RN Laure Lavalette. Alors que son collègue Jean-Philippe Tanguy avait affirmé jeudi que le RN ne la voterait pas, souhaitant « débattre ». Selon Eric Ciotti, le projet de loi dans sa version sénatoriale « a été totalement dénaturé » en commission à l’Assemblée, illustrant « un total changement de cap décidé par l’aile gauche de la majorité et cautionné par Gérald Darmanin« , le ministre de l’Intérieur.

« La seule condition pour voter ce texte serait que le gouvernement reprenne intégralement tous les points du Sénat et qu’il s’engage à travailler sur une réforme constitutionnelle approuvée par référendum« , dit-il. Une référence à la réforme de la Constitution prônée par LR, qui demande notamment que la France puisse se dégager des règles européennes et que le Parlement fixe chaque année des « plafonds migratoires ».

Le double jeu de Darmanin

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait quant à lui estimé vendredi que le vote d’une motion de rejet « serait absolument contre-nature ». « Arithmétiquement oui, les oppositions peuvent se coaliser et voter contre le texte. (Mais) ce serait la coalition entre la carpe et le lapin. Vous voyez des parlementaires LR voter une motion sur l’immigration avec les Verts et LFI ? Vous voyez le PS et (Olivier) Marleix [le président du groupe LR] dans le même paquet de votes ? Ils pensent radicalement des choses opposées », expliquait le ministre sur Franceinfo.

Darmanin essentialise les agressions gratuites contre le Rassemblement National

Nupérisé, le ministre de l’Intérieur s’est encore défoulé sur les députés RN

Darmanin rivalise dans la haine avec LFI

L’hémicycle n’a pas vu venir Gérald Darmanin et s’est demandé quelle mouche l’a encore piqué. Le ministre de l’Intérieur a en effet mis violemment en cause les propos du Rassemblement National, parce que la critique est devenue aussi intolérable au gouvernement que le débat et la mise au vote de propositions. Les hurlements et les insultes venues de la Nupes ont gagné les bancs du gouvernement. Les ministres ont d’abord pris l’habitude de contester la compétence des élus RN, puis se sont livrés à des agressions verbales, avant de se permettre, tel Eric Dupond-Moretti, des gestes obscènes. Darmanin est coutumier des mots inappropriés, qu’ils soient blessants ou injurieux. On comprend maintenant que sa stratégie de conquête de Matignon, voire de l’Elysée, est contrariée par la notabilisation du parti: à mesure que le RN convainc davantage de sa capacité à gouverner, le pouvoir s’évertue, avec le concours de sa presse, à essentialiser de prétendues brutalités de toutes les oppositions amalgamées, mêlant les vociférations et blocages de la Nupes, à la discipline et au sérieux des élus RN. Yaël Braun-Pivet a pourtant complimenté Sébastien Chenu pour la qualité de sa présidence de l’Assemblée, suite à quoi la gauche a dénoncé  » un tapis rouge au RN « … Le député RN « n’était pas un bon, mais un très bon vice-président » au Palais-Bourbon, a-t-elle certifié. Le député LFI Thomas Portes a alors accusé la macronie de « marcher main dans la main avec l’extrême droite ». L’alliance présidentielle semble au bout du rouleau, à l’instar de Darmanin.

Le ministre de l’Intérieur insulte le parti arrivé second à la présidentielle

Darmanin s’inspire-t-il de
« Black lives matter » ?

« C’est le dégout qui nous inspire quand vous parlez de ce sujet, » a lâché le nauséabond Darmanin. Ainsi, dans son entreprise d’essentialisation de violences présumées de la droite nationale, Darmanin instrumentalise l’attaque d’Annecy. Ce mardi 13 juin à l’Assemblée nationale, suite à l’intervention du député RN Yoann Gillet (victime d’agression homophobe à Nîmes en 2019), qui, sans mentionner ouvertement l’attaque d’Annecy, a dénoncé l’inaction du ministre sur les questions migratoires, le ministre s’est déchaîné, soulevant des interrogations sur son éventuel surmenage, sa haine aveugle ou son plan de carrière.

Les Français « en ont assez de voir des demandeurs d’asile ou même des étrangers sous OQTF remplir les pages des journaux, non pas pour des choses positives mais pour des meurtres et des agressions quotidiennes », a lancé le député en début de séance des questions au gouvernement, faisant ouvertement allusion au réfugié syrien qui a fait six blessés à coups de couteau dont quatre jeunes enfants jeudi dernier.

« Qu’attendez-vous pour agir ?, continue-t-il à l’adresse du ministre. Nous avons, nous, un projet déjà prêt, clé en main, celui de Marine Le Pen. Monsieur le ministre, nous vous donnons notre accord pour le copier-coller. »

« Ne mélangeons pas tout » (Borne)

Le ministre persévère dans sa stratégie de diabolisation. « Les victimes de l’attaque à Annecy ne vous intéressent pas », lui a répondu Gérald Darmanin, reprochant au groupe Rassemblement national « l’énorme, l’innommable, l’insupportable » de leurs réactions le jour du drame. « Vous n’avez pas un mot pour les enfants, vous n’avez pas un mot pour les parents », a-t-il martelé provoquant l’indignation des députés RN.

Certains comme Laure Lavalette lui ont d’ailleurs répliqué sur Twitter. « La haine et la morgue du plus mauvais ministre de l’intérieur de l’histoire n’ont aucune limite. Son bilan catastrophique l’empêchera de se présenter à l’élection présidentielle et c’est bien dommage : il aurait reçu la leçon qu’il mérite », a notamment posté Laure Lavallette, 47 ans, députée du Var.

La première ministre Elisabeth Borne a rappelé que « l’heure est à l’émotion (…) Ne mélangeons pas tout, ne récupérons pas des drames épouvantables comme ceux que nous avons vécus. »

L’assaillant, un réfugié syrien récemment parti de son pays d’accueil, la Suède, après des années de vie familiale, a été mis en examen pour « tentatives d’assassinat » sur six personnes, dont quatre enfants en poussette, et placé en détention provisoire samedi, sans que l’enquête n’ait encore permis de comprendre son mode de défense qui suggère une manipulation de la justice.