Chloé Morin, « adorée de ‘Libé’ au JDD de Bolloré », ainsi pointée pour félonie

Chloé Morin, désignée à la vindicte par Arrêt sur images

L’analyste politique, ancienne conseillère du premier ministre Edouard Philippe (2012-2016), dénonce les errements d’une gauche contaminée par le wokisme, dans « Quand il aura vingt ans » publié chez Fayard.


Article resté bloqué par Google pendant une demi- une journée,

finalement 43 heures…


Experte à la Fondation Jean-Jaurès, spécialiste de l’analyse de l’opinion et de la communication publique, Chloé Morin a le verbe tranchant, sans affèterie, s’exprimant plutôt avec un zeste de vivacité. Comme d’habitude, elle ne mâche pas ses mots. Parmi ses sédiments, la gauche et le progrès. Deux convictions, chevillées au cœur et à l’esprit, qui, ces dernières années, voisinent avec difficultés. Passée par Sciences Po, la jeune femme de 35 ans est aujourd’hui une « experte de l’opinion » qui a le vent en poupe. Sa matière, dont elle parlerait des heures durant, si on n’osait l’interrompre, c’est l’intoxication idéologique de la gauche. Sur ce créneau, elle excelle grâce à une maîtrise qui rabroue facilement ses contradicteurs, noyés sous le flot de faits documentés qu’elle leur expose comme autant de manifestations du mal réel et profond qui touche la social-démocratie.

C’est aussi l’une des seules qui ose porter une parole libre sur son propre camp, celui… du Bien. De surcroît, celle qui adore phosphorer sur l’évolution du pays a toujours dans sa gibecière son lot de bons mots qui font de la reprise. Sans doute est-ce ce qui explique en partie son impact médiatique. Ce qui n’est pas sans piquer au vif certains de ses confrères, surtout quand les politiques se bousculent désormais pour lire ses prophéties et discourir avec elle. Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, reconnaît volontiers son talent : « C’est l’une des rares qui arrive à interpréter très finement les résultats d’une enquête. Elle comprend clairement l’opinion publique. »

Dans son dernier essai, la politologue livre une analyse percutante et fouillée du phénomène woke, une mine indispensable pour mieux comprendre la crise existentielle que traverse la gauche qui, ces dernières années, est allée jusqu’à renier ses grands principes – la laïcité, l’universalisme, la liberté d’expression – alors qu’ils ont historiquement contribué à sa réussite. Entrée en dissidence, notre spécialiste de la chose publique dénonce la vision manichéenne qui s’empare peu à peu du parti du progrès, où le monde se compose uniquement de dominants et de dominés, chacun étant enfermé sur soi-même sans autres perspectives que le conflit. Elle regrette également que les wokes puissent pratiquer une nouvelle censure : « L’histoire montre que les pires horreurs ont été commises au nom des bons sentiments. »

Une question demeure : qu’est-ce qui a pu mener cette ancienne conseillère de Matignon à se donner une telle mission ? Pourquoi n’a-t-elle pas sombré dans le panurgisme bêtifiant du wokisme ? Sans doute faut-il aller chercher en profondeur, dans son nouveau rôle de maman qui la condamne à l’anxiété mais l’oblige à l’espérance. Son espoir ? Que la gauche, la sienne, revienne au pouvoir quand son fils aura 20 ans. « J’écris pour qu’on se saisisse des idées que je mets sur la table, pour les faire avancer », explique-t-elle.

Comme toujours, certains maîtres censeurs, tel Libération, détenu par le milliardaire Patrick Drahi, principal actionnaire de BFM TV, ont vite plissé le nez en la qualifiant de « réac », les flics de la nomenclature idéologique ont persiflé : « Elle dénonce le wokisme pour faire sa promotion. » Certes, on peut trouver insouciant voire candide son optimisme, mais à la foire aux fausses valeurs, notre essayiste n’a pas sa place. Écrivant « pour alerter », elle ne déboulonne pas les statues parce que c’est dans l’air du temps. Au contraire, elle se méfie des nouveaux dogmes et du prêt-à-penser. Chloé Morin fait face. Avec son incessant rappel à la raison, prête au combat, elle veille à ce que les doctrinaires ne l’emportent jamais. Qu’ils se le tiennent pour dit !

Corruption : pour près de 9 Français sur 10, les acteurs publics sont « corrompus pour une grande partie d’entre eux »

Le Maire, qui recherche des ressources et prépare un texte anti-corruption, parle de « ver qui pourrit la démocratie »

87 % des Français estiment que les personnes exerçant des responsabilités sont « corrompues«  ou « corrompues pour une grande partie d’entre elles », en légère baisse par rapport à mars 2019 (91 %), selon une étude Harris Interactive réalisée pour Transparency International France et la Fondation Jean Jaurès (socialiste) à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la corruption.

70 % des Français estiment qu’un ministre mis en examen dans une affaire de corruption devrait démissionner, révèle une étude Harris Interactive.

Selon cette étude publiée le 9 décembre, les trois quarts des Français considèrent qu’il faut renforcer les moyens de la justice pour enquêter et poursuivre des faits de corruption.

Parmi les responsables publics, seuls les maires (41 %), les juges (45 %) et les fonctionnaires (50 % pour les fonctionnaires d’Etat et 46 % pour les fonctionnaires territoriaux) bénéficient d’un jugement majoritairement positif. SI tant est que 45% ou 41% soit « positif »…

Par ailleurs, 46 % des Français pensent qu’il y a plus de corruption qu’avant et 46 % pensent qu’il y en a autant et seulement 7 % jugent qu’elle baisse.

25 % des Français révèlent que la corruption est même une expérience à laquelle ils ont été confrontés personnellement et 39 % en ont entendu parler autour d’eux.

En revanche, loin de se résigner, les Français se déclarent prêts à signaler des actes de corruption à 68 %, en s’adressant prioritairement à la police (59 %), à la justice (44 %) mais aussi aux associations (36 %). Une minorité de Français est plus résignée : 32 % de répondants qui n’envisagent pas de signaler se justifient en indiquant qu’ils n’aiment pas dénoncer (30 %), que ça ne sert à rien (29 %) ou qu’ils craignent les représailles (20 %).

En matière de lutte contre la corruption, les Français jugent que les lanceurs d’alerte jouent le rôle le plus important (44 %), devant la justice (43 %), l’État en général (33 %), les associations (27 %) ou la presse (23%).

Cette étude Harris Interactive pour le Transparency International France et la Fondation Jean Jaurès a été réalisée en ligne du 25 octobre 2023 au 30 octobre 2023 auprès d’un échantillon de 1 500 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus.

Lien PaSiDupes (11 décembre 2023)

Olivier Faure veut offrir jusqu’à 60.000 euros en capital aux jeunes recalés au bac

La solidarité nationale détournée aussi au profit de décrocheurs

« Le président Macron a substitué à la devise républicaine son propre triptyque : “L’ordre, l’ordre, l’ordre.” Entendez l’ordre établi, celui des bien nés, des bien arrivés. Mais pour les autres, ceux que la vie n’a ni gâtés ni gavés, quelle est la perspective ? »

En guise de réponse, Olivier Faure fait le choix de s’adresser d’abord aux jeunes, en proposant de créer « une dotation universelle, en capital, accordée à la naissance à tous les enfants ». Une proposition qui se rapprocherait davantage de l’idée de « patrimoine universel », développée par François Hollande à l’aube de la campagne présidentielle de 2017, plutôt que celle de « revenu universel » de Benoît Hamon au même moment, qui privilégiait une forme de rente.

« Rétablissement d’une injustice forte »

Dans les faits, cette « dotation universelle » ne serait toutefois pas versée à tout le monde. Son montant serait inversement proportionnel au nombre d’années d’études réalisées, explique le patron des socialistes :

« Le capital républicain prendrait la forme d’un soutien monétaire de l’ordre de 60.000 euros pour toute personne qui sortirait du système scolaire sans diplôme. Ce montant correspond au coût des études dont la personne sortie sans diplôme à 16 ans aurait pu bénéficier si elle avait continué sa scolarité jusqu’à bac +2. Il serait ensuite dégressif, de l’ordre de 30.000 euros pour une sortie au niveau bac par exemple, jusqu’à atteindre 0 euro à niveau bac +2. A ce niveau de diplôme, on peut considérer que tout individu dispose de clés suffisantes pour son insertion professionnelle et sociale. » 

Pourquoi une telle initiative ? « La philosophie générale de cette proposition de capital républicain est de s’assurer que chaque individu bénéficie d’un soutien public à l’éducation et à la formation de niveau équivalent, soit par l’accomplissement d’un parcours académique étendu, soit par une aide financière équivalente à ce que reçoivent celles et ceux qui suivent un parcours académique complet », poursuit-il, faisant ainsi de ce capital « une forme de rétablissement d’une injustice forte qui veut que, majoritairement, les études longues (financées par la puissance publique) bénéficient à celles et ceux qui ont déjà les moyens de réaliser un parcours académique ».

« 8 milliards d’euros sur le budget de l’Etat »

Bien entendu, Olivier Faure ne fait pas l’impasse sur le principal écueil qui vient immédiatement à l’esprit :

« L’idée selon laquelle les jeunes ou leur famille pourraient être amenés à privilégier la dotation par rapport à la poursuite d’études, je n’y crois guère. Les diplômes demeurent le meilleur des passeports pour une carrière professionnelle choisie. Et s’il se trouve des enfants qui n’ont pas acquis la maturité suffisante au moment de leur formation initiale, l’offre d’une seconde chance ultérieure peut être salvatrice. »

D’autant que le versement de ce capital républicain ne serait pas sans contrepartie, mais « lié à la présentation d’un projet détaillé de la part du récipiendaire » qui « permettrait de favoriser l’insertion sociale et professionnelle ». Citant, en exemples, une formation, un permis de conduire ou un projet de …création d’entreprise. Et ce, à l’appréciation « de la Caisse des Dépôts et Consignations, où serait placée cette aide financière ».

Olivier Faure réinvestit le champ de la démagogie avec « le Capital républicain », court ouvrage publié le 20 octobre par …la Fondation Jean-Jaurès aux éditions associées de l’Aube. La réflexion du premier secrétaire du PS part d’un constat en forme d’attaque, exposé dès les premières lignes du livre :

Enfin, l’auteur n’élude pas non plus la question du financement. « On peut estimer que le capital républicain mobiliserait en ordre de grandeur environ 8 milliards d’euros sur le budget de l’Etat, calcule-t-il. C’est à la fois beaucoup et très peu. Le décrochage social, le gaspillage humain ont un coût social et financier bien supérieur. » Et d’estimer « pertinent de le financer par un prélèvement sur les transmissions de capital, que ce soit par voie de donation ou de succession ». Manière supplémentaire de combattre « l’accroissement des inégalités en France ».

Ukraine: quand Biden arrête les frais, Macron réitère « la détermination sans faille de la France »

Macron a-t-il les moyens de ses promesses, s’il demande aux producteurs et distributeurs de rogner sur leurs marges ?

Pour la première fois, début août 2023, une majorité d’Américains était opposée aux livraisons d’armes à l’Ukraine. Un sondage réalisé pour la chaîne CNN durant le mois de juillet confirme le mouvement de fond dans l’opinion américaine. 55% des personnes interrogées pensent que le Congrès ne devrait pas autoriser de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine, contre 45% qui sont d’un avis contraire. Une  majorité des sondés (51%) juge que les Etats-Unis ont livré assez d’armements à Kiev, contre seulement 48% qui poussent Washington à continuer à armer l’Ukraine. Selon cette enquête, les Américains préfèrent que leur gouvernement fournisse des renseignements et entraînent les militaires ukrainiens plutôt que de continuer à les armer. Depuis le début de l’invasion, les Etats-Unis ont fourni 75 milliards de dollars d’assistance militaire à leur marionnette ukrainienne. Mieux, ces derniers mois, les pays européens ont fourni davantage d’armements à l’Ukraine que Washington.

Biden laisse pointer sa préoccupation sur l’aide à l’Ukraine

La crise politique à Washington pourrait ajouter à cette menace d’impopularité de l’aide américaine à l’Ukraine. Pour la première fois, Joe Biden a laissé paraître un malaise, en promettant mercredi un « discours majeur » sur « l’extrême » importance du soutien militaire et financier à Kiev.

Le Congrès américain, composé du Sénat contrôlé par le parti démocrate et de la Chambre des représentants à majorité Républicaine, qui ne poussent pas au retour de la guerre froide avec la Russie, dispose d’environ un mois et demi pour adopter un budget annuel, lequel doit comporter pour la Maison Blanche une nouvelle enveloppe pour financer le soutien à Kiev.

La présidence évalue à 24 milliards de dollars la rallonge nécessaire pour continuer de soutenir l’effort de guerre ukrainien. Mais il y a un hic. Le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été écarté de son poste mardi en raison d’une fronde d’élus de l’aile droite de son propre parti opposés au déblocage de ces fonds pour l’Ukraine.

Interrogé sur l’impact de la destitution de Kevin McCarthy sur l’aide à Kiev, le président Biden a répondu mercredi aux journalistes: « Cela m’inquiète ».

Malgré la dette publique, Macron continue en revanche d’entretenir un danseuse nommée Zelensky

Lors d’une nouvelle rencontre après celle du mois de juillet, Macron et Zelensky ont échangé ce jeudi 5 octobre après-midi dans le cadre d’un sommet européen organisé à Grenade.

« Le chef de l’Etat a réitéré la détermination sans faille de la France à se tenir aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra », a rapporté à BFMTV l’Elysée à la sortie du rendez-vous du président avec son homologue ukrainien.

Selon l’Elysée, « les deux présidents ont à cet égard salué la visite utile à Kiev du ministre français des Armées la semaine dernière ». Vendredi dernier, Sébastien Lecornu s’est en effet rendu à Kiev pour ancrer l’aide de la France à l’Ukraine dans la durée et passer d’une logique de cession d’équipements militaires à la mise en place de partenariats industriels entre les deux pays.

A l’écoute d’une l’Ukraine qui fait la manche, à défaut de connection avec l’opinion fes Français

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Les deux histrions avaient déjà longuement échangé sur le soutien de l’Union européenne au conflit qui oppose Kiev et Moscou en juillet dernier. Lors de l’entretien de jeudi, Macron a interrogé Zelensky « sur les besoins de l’Ukraine à l’approche de l’hiver, notamment en matière de résilience civile », alors que l’est du pays a été touché ce jeudi par une nouvelle frappe russe, à l’issue de laquelle au moins 51 personnes ont trouvé la mort.

Sur le volet diplomatique, le chef de l’Etat s’est également mis à disposition du président ukrainien « dans ses initiatives diplomatiques auprès des puissances des autres continents ». Fin juin, une réunion pour la paix avait par exemple été organisée au Danemark. Plus récemment, à la fin du mois de septembre, Zelensky avait invité les dirigeants mondiaux à un « sommet de la paix » lors de son intervention devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Aucune date n’a pour l’instant été révélée…

Enfin, les deux présidents ont évoqué l’épineuse question des céréales ukrainiennes. « Le chef de l’Etat a enfin salué les efforts ukrainiens pour rétablir plus durablement un corridor en mer Noire pour l’exportation des céréales ukrainiennes indispensables à la sécurité alimentaire mondiale », a commenté l’Elysée. Kiev a en effet annoncé jeudi avoir mis en « pause » les poursuites qu’elle a engagées auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre plusieurs pays frontaliers de l’UE, dont la Pologne, qui avaient pris des restrictions sur l’exportation de ses céréales.

A la différence de Biden, Macron peut mépriser l’opinion. En février dernier, 56% des Français sont favorables au maintien du soutien à l’Ukraine jusqu’au départ des forces russes. Et seulement 52% des Français étaient encore favorables à l’envoi d’armes à l’Ukraine.

En juillet, un sondage réalisé par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès (socialiste) indiquait que les livraisons d’armes à l’Ukraine et son adhésion à l’UE étaient toujours soutenues par une faible majorité de Français, d’Allemands et d’Italiens.

Macron ignore donc qu’avec la victoire en Slovaquie du parti de Robert Fico (qui a fédéré l’ensemble des partis de gauche slovaques) et l’adoption aux Etats-Unis d’un budget provisoire pour éviter le «shutdown» (arrêt, blocage des activités gouvernementales dont le paiement des fonctionnaires), l’aide à Kiev est remise en question.

Macron, c’est Ubu roi:

Macron et l’école : il voudrait remettre les valeurs républicaines au cœur de l’école 

Avec Gabriel Attal, en est-il plus capable que la sécurité dans le pays, avec Darmanin?

Dans le long entretien qu’il accorde à l’hebdomadaire Le Point, Macron martèle sa volonté de réintroduire les valeurs républicaines au cœur de l’école, face à « une génération qui a perdu ses repères ». Pour cela, il souhaite notamment « refondre » les programmes d’histoire et d’instruction civique et morale, afin de leur donner plus de sens et plus de place. « Chaque semaine, un grand texte fondamental sur nos valeurs sera lu dans chaque classe puis débattu », dit-il. Des idées auxquelles Iannis Roder, 52 ans, professeur d’histoire-géographie en collège de Seine-Saint-Denis, où enseignent des agrégés (bien que territoire soi-disant abandonné de la République) se montre plutôt favorable. Participant au conseil des sages de la laïcité et responsable des formations au Mémorial de la Shoah, ce directeur de l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès collabore régulièrement au supplément Education du journal Le Monde.

Il alerte depuis des années sur la défiance des jeunes envers les institutions et le modèle républicain. Dans son livre La Jeunesse française, l’école et la République (L’Observatoire, 2022), il déplore notamment la montée du sentiment religieux islamique à l’école et l’autocensure de certains enseignants face à des élèves « qui n’acceptent plus d’entendre certaines vérités ». Dans ce contexte, la volonté du président de remettre les valeurs républicaines au cœur de l’école est, selon lui, « plutôt une bonne chose ». Mais cela ne pourra pas se faire, explique-t-il, sans formation spécifique des enseignants sur ce sujet, « quelle que soit leur discipline », ni sans l’allègement des programmes.

Le Point : Pensez-vous, à l’instar d’Emmanuel Macron, que l’école est passée à côté de sa mission de transmission des valeurs républicaines ?

Iannis Roder : Je le crois, malheureusement. On l’a vu au moment de l’assassinat de Samuel Paty. Quand vous avez des professeurs qui vous expliquent, au moment de lui rendre hommage, que ce n’est pas leur boulot de parler de cet attentat aux élèves, eh bien ils se trompent. Il faut relire le Code de l’éducation. Selon l’article 111-1, la mission de l’école est double : transmettre des connaissances, mais aussi faire partager aux élèves les valeurs de la République. Et je crois qu’un certain nombre de professeurs – parce qu’ils sont obsédés par la nécessité de terminer les programmes, en proie à des classes difficiles, pressurisés par les parents, et sans doute pas suffisamment formés sur ce sujet – l’ont oublié. C’est dramatique, car ce qui en découle, c’est l’absence de construction de commun, c’est la voie ouverte à l’archipélisation de la société décrite par Jérôme Fourquet. Pour moi, il est urgent de reconstruire ce destin commun, de « refonder la nation », comme le dit le président de la République. L’école a un rôle essentiel à jouer dans cela, et le président l’a bien compris en citant Ferdinand Buisson qui appelait à « faire des Républicains ».

Les enseignants sont-ils suffisamment formés pour cela ?

Non et c’est la raison pour laquelle ils se sont trouvés tellement démunis pour expliquer ce qui s’était passé à leurs élèves, au moment des attentats de 2015 puis de l’assassinat de Samuel Paty. Les professeurs doivent être formés sur ces sujets. C’est le sens du grand plan de formation sur la laïcité et les valeurs de la République lancé en 2021 par Jean-Michel Blanquer pour tous les agents de l’Éducation nationale. Ce n’est sans doute pas suffisant, mais c’est important.

La mission de l’école est double : transmettre des connaissances, mais aussi faire partager aux élèves les valeurs de la République

Au-delà de la formation des enseignants, existe-t-il encore aujourd’hui à l’école un espace permettant d’expliquer aux enfants ce qu’est la République, ses fondements et ses valeurs ?

Oui, bien sûr ! Les cours d’histoire, de lettres, d’enseignement moral et civique ou de philosophie, par exemple, offrent une multitude d’occasions de parler de ces sujets. Et de le faire de manière bien plus efficace qu’en faisant apprendre aux élèves le nombre de députés au Parlement, le nombre de sénateurs, etc., qui peinent à intéresser.

Faut-il enseigner l’histoire de manière chronologique, comme le souhaite le président de la République ?

A vrai dire, l’histoire est déjà beaucoup enseignée de manière linéaire. Si l’idée est d’apporter plus de lisibilité, pourquoi pas. Mais ce qu’il faudrait surtout, c’est permettre aux enseignants de donner du sens à l’histoire, de mettre en perspective les événements, de les problématiser, de les rapprocher de ce que les élèves vivent aujourd’hui. Cela permet non seulement de les intéresser davantage et facilite l’apprentissage, mais c’est aussi une manière de leur faire comprendre comment s’est construit leur pays, ce qui est à ses fondements, quels sont ses principes et ses valeurs, et pourquoi il est important de les maintenir vivantes. Le problème est que tout cela demande du temps. Or, les programmes sont trop lourds. Pour les terminer, il faut faire cours à toute vitesse, ce qui est incompatible avec la mise en perspective des faits, nécessaire à la construction d’une pensée logique et à la transmission des valeurs républicaines.

Il faut redéfinir les programmes pour donner aux élèves le temps d’apprendre à penser

Il faudrait donc réduire les programmes d’histoire ?

Il faut savoir ce que l’on veut : des enfants qui ingurgitent des connaissances et sont capables d’en restituer seulement le quart six mois plus tard, ou des enfants dotés de connaissances, capables de les mettre en perspective, et de tenir un raisonnement… Si on penche pour la deuxième option, il faut redéfinir les programmes pour donner aux élèves le temps d’apprendre à penser.

Il semble difficile dans ces conditions de faire de l’enseignement moral et civique « une matière essentielle », comme le souhaite Macron…

Effectivement, la demi-heure hebdomadaire d’enseignement moral et civique au collège sert souvent de variable d’ajustement aux professeurs d’histoire-géographie pour combler le retard dans les programmes. À moins de trouver des heures supplémentaires – ce qui nécessiterait de sacrifier des heures dans d’autres matières –, je ne vois pas comment donner plus de place à cette discipline. Mais il existe en réalité mille occasions d’aborder ce sujet, en histoire comme dans les autres matières. Lorsqu’on parle de la Révolution française, on parle de République, de démocratie, de citoyenneté. On fait de l’enseignement moral et civique. Idem lorsqu’en cours de lettres ou de philosophie, les élèves abordent les textes des Lumières. Mais cela peut aussi se faire en expliquant le caractère universel et acceptable par tous de la science en cours de SVT. Ce qu’il faut, c’est que les enseignants soient conscients et convaincus de leur rôle à jouer dans la transmission des valeurs de la République. Et bien sûr les former, pour qu’ils aient le réflexe de mettre ce qu’ils enseignent en perspective, pour que leur discours fasse sens auprès des élèves, et ce, quelle que soit leur discipline.

Présidentielle : Macron arrive à 30 % d’intentions de vote, à la faveur de la guerre

Le président sortant est le principal bénéficiaire du conflit.

La guerre en Ukraine interfère gravement dans la présidentielle 2022, suscitant des inquiétudes dans toutes les sensibilités politiques, selon la sixième vague de l’enquête électorale française 2022, réalisée pour le Cevipof (Sciences Po), la Fondation Jean Jaurès et le quotidien Le Monde, tous profondément marqués à gauche.

L’enquête participe à la dramatisation de la guerre à des fins électoralistes. Elle vise en effet à démontrer que la présidentielle est percutée par la « guerre totale » à moins de 2.000 kilomètres de la France, selon les propres termes du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, sur France Info.

La sixième vague de l’enquête électorale française 2022, réalisée avec Ipsos Sopra Steria, pour le Cevipof (Sciences Po), la Fondation Jean Jaurès et le quotidien Le Monde, montre que le conflit dans l’Est de l’Europe préoccupe nettement l’opinion publique. 90 % des personnes interrogées se disent inquiètes (43 % se disent très inquiètes, 47 % plutôt inquiètes) par la guerre en Ukraine, dans cette enquête réalisée du 2 au 3 mars.

90 % se disent inquiets des conséquences économiques, et 84 % redoutent une possible extension du conflit au-delà des frontières ukrainiennes. Et 76 % des personnes interrogées sont préoccupées par la possibilité d’un conflit nucléaire.

La part des personnes qui se disent inquiètes varient suivant leur intention de vote au premier tour. Ce sont chez les électeurs d’Emmanuel Macron (97 %), de Yannick Jadot (94 %) et de Valérie Pécresse (93 %) qu’elles sont les plus représentées. La part des inquiets est moins élevée chez les électeurs de Marine Le Pen (85 %), Jean-Luc Mélenchon (85 %) ou Eric Zemmour (84 %).

En l’espace de quelques jours, la guerre en Ukraine s’est hissée parmi les principaux sujets de préoccupation des Français. Lorsque le panel de cette étude a été appelé à citer ses trois plus grandes préoccupations, 52 % ont évoqué le pouvoir d’achat, immédiatement suivi par la guerre en Ukraine (50 %). Suivent l’environnement (25 %), l’immigration (23 %), puis le système de santé (21 %). « Elle écrase un peu les enjeux sur l’environnement et l’immigration. Elle s’est installée en moins d’une semaine, c’est énorme », commente Martial Foucault, directeur du Cevipof. « Dans les années 2010, le chômage était la priorité numéro 1 : on était à 30 ou 35 % et c’était déjà considérable. »

Valérie Pécresse poursuit son recul

Dans ce contexte inédit, Emmanuel Macron bondit dans les intentions de vote (*). 30,5 % des personnes interrogées (et qui se disent certaines d’aller voter) se prononcent en faveur du president sortant, soit quatre points de plus depuis la précédente enquête, menée du 24 au 28 février, et six points et demi de plus en un mois. À ce niveau, la marge d’erreur est de plus ou moins 1,9 point. Marine Le Pen arrive en deuxième position avec 14,5 % d’intention de vote (-1 point en moins d’une semaine, suivie d’Eric Zemmour (13 %, -2 points), Jean-Luc Mélenchon (12 %, -0,5 point) et Valérie Pécresse (11,5 %, -1 point). « Une augmentation de six points en quatre semaines, c’est quand même inédit. Le phénomène de rally ’round the flag (ralliement autour du drapeau) est en train de se produire pour Emmanuel Macron », observe le politologue Martial Foucault. Selon lui, la guerre a « démonétisé les opposants qui ont pris des positions contestées vis-à-vis de la Russie », comme Marine Le Pen et encore plus Eric Zemmour.

Ipsos CEVIPOF FJJ LE MONDE : Enquête électorale 2022 Vague 6 24 27 février 2022 et 2 3 mars 2022

Sous la barre des 10 %, les autres candidats se maintiennent à leurs niveaux : Yannick Jadot recueille 7,5 % d’intentions de vote (+ 0,5 point sur un mois), Fabien Roussel 4 %, Anne Hidalgo 2,5 %, Nicolas Dupont-Aignan 1,5 %, Jean Lassalle 1,5 %, Philippe Poutou 1 % et Nathalie Arthaud 0,5 %.

Au second tour, Emmanuel Macron continue de creuser l’écart avec ses adversaires potentiels : il serait victorieux face à Marine Le Pen (par 59 %, +1 point sur une semaine), Éric Zemmour (par 65 %, + 2 points), Jean-Luc Mélenchon (par 67 %). Ou encore face à Valérie Pécresse, par 64 %. Face à la candidate LR, l’écart s’est creusé de 5 points en seulement une semaine.

Avec une chute de quatre points au premier tour en un mois, Valérie Pécresse ne parvient pas à mettre fin à un trou d’air dans les enquêtes. A 11,5 %, elle est désormais derrière Jean-Luc Mélenchon (12 %), mais la marge d’erreur à ce niveau est de 1,3 point. L’électorat de droite de 2017 est parti sur d’autres contrées. Seulement 38 % des électeurs de François Fillon ont l’intention de voter pour Valérie Pécresse, c’est 9 points de moins en quatre semaines, et 14 de moins par rapport à décembre 2021. 32 % des électeurs de François Fillon se dirigeaient vers Emmanuel Macron, 21 % vers Eric Zemmour et 5 % vers Marine Le Pen. « Quand bien même on aurait pu penser qu’elle appartient à une famille politique qui a eu l’occasion d’exercer le pouvoir, qui aurait le sens des responsabilités, les Français ne lui attribuent pas cette capacité à faire aussi bien qu’Emmanuel Macron. L’idée qu’elle puisse gérer l’avenir de la France dans ce contexte chahuté n’a pas de prise sur les électeurs », observe Martial Foucault.

Ipsos CEVIPOF FJJ LE MONDE : Enquête électorale 2022 Vague 6 24 27 février 2022 et 2 3 mars 2022

57 % des Français affirment que leur choix de vote est définitif

Une donnée est peut-être encore plus inquiétante pour la présidente de la région Ile-de-France. Seulement 48 % des personnes qui envisagent de voter pour elle sont sûres de leur choix, 52 % pourraient encore changer d’avis (**). A titre de comparaison, 72 % des personnes souhaitant voter Emmanuel Macron estiment que leur choix est définitif, 70 % chez Marine Le Pen, 67 % chez Eric Zemmour, 54 % chez Jean-Luc Mélenchon. En moyenne, dans le panel étudié, 57 % des personnes sûres d’aller voter estiment que leur choix de candidat est « définitif ». Autant dire que la cote d’alerte est proche pour la candidate LR. « On commence à s’approcher d’un seuil un peu fatidique des 10 %. Pour elle, l’enjeu c’est de ne pas renouveler l’accident Bellamy aux élections européennes de 2019 (sa liste avait recueilli 8,48 %, ndlr) », estime Martial Foucault. En moyenne 57 % des Français affirment que leur choix de vote est définitif.

Depuis l’enquête menée du 24 au 28 février (**), l’intérêt pour l’élection présidentielle a remonté sensiblement. En moyenne, 80 % des personnes interrogées se disent intéressées par la campagne, c’est huit de plus en une semaine.

La part des personnes qui se disent certaines d’aller voter s’établit à 66 %, en progression par rapport à début février (+ 1 point), mais en recul par rapport à la même période il y a cinq ans (- 2 points). En 2017, ce taux avait augmenté dans les derniers jours de campagne, pour atteindre 78 %. Le taux de participation au premier tour avait finalement atteint 77,7 %.

Toujours dans cette enquête menée avant la déclaration de candidature du chef de l’Etat, les personnes interrogées étaient cependant très mitigées sur le bilan du chef de l’Etat : 28 % ont attribué une note de 7 à 10 (sur 10) pour qualifier l’action du président de la République. 33 % ont préféré choisir une note allant de 4 à 6. Enfin, 39 % ont attribué une note pouvant aller de 0 à 3. En moyenne, le panel lui décerne une note de 4,3.

(*) Méthodologie : L’enquête a été menée du 2 au 3 mars 2022, sur Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos, auprès d’un échantillon 3 599 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française, inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus. L’enquête a appliqué la méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, région. Les interviews ont débuté après l’intervention télévisée du président de la République diffusée le 2 mars à 20h. Elles ont été réalisées avant la publication de la « Lettre aux Français » du Chef de l’Etat dans la soirée du 3 mars.

(**) Une précédente enquête a été menée du 24 au 27 février 2022, sur Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos, auprès d’un échantillon 13 651 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française, inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus. L’enquête a appliqué la méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, région.

L’effet loupe de la pandémie: comment les Français se sentent-ils?

LA FRANCE QUI S’EN FOUT

Ecriture inclusive, manifestation de l’égarement des gauches

I – « Bonjour tristesse » II – La défaite est inéluctable III – Pas d’années folles IV – L’avenir est à la maison

Article de Jérémie Peltier (directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès et directeur de la collection « Suspension » aux Editions de l’Aube), daté du 04/03/2021 (6’)

Est-ce que la pandémie n’aura été finalement qu’un miroir grossissant de tout ce qui était déjà latent dans la société, ne jouant en fait qu’un rôle d’accélérateur dans ce qui était pourtant bien là sous nos yeux : l’obsolescence des relations sociales, l’apathie démocratique et le repli sur soi ? Pour nous aider à y voir clair, deux baromètres regorgent d’enseignements fort utiles : le « Baromètre de la confiance politique », d’une part, et le « Baromètre des émotions », d’autre part, que la Fondation Jean-Jaurès vient tout juste de publier, en partenariat avec Le Point et l’institut Viavoice.

Découvrez les résultats du Baromètre des émotions: PDF, 1.51M

Demain, ça sera la grande fête, la grande aventure, le grand soir, les années folles. 

Autant de phrases lancées en l’air en permanence pour imaginer le monde d’après, dont l’ambiance serait comparable à celle qui régnait aux lendemains des conflits guerriers. Le problème, c’est que rien de ce que nous avons vécu n’est comparable à la guerre. D’abord parce que ce que nous vivons n’aura, vraisemblablement, pas de « fin » notable et aussi simple, aussi claire, aussi nette, qu’une fin de conflit guerrier avec la signature d’un armistice. D’ailleurs, les premiers chiffres sur les taux de natalité montrent bien qu’il n’y aura pas de boom des « bébés Covid » comme après-guerre : l’étude annuelle de l’Insee indique que les naissances ont légèrement baissé en 2020 par rapport à 2019 (-1,8 %)[1].

Il est pourtant légitime et intéressant de s’interroger sur la façon dont nos concitoyens vont appréhender, un jour, le retour à la vie sociale « allégée » des contraintes. Il est légitime de s’y intéresser car nos attitudes auront des conséquences sur la reprise économique, sur la vitalité démocratique et sur la cohésion sociale et nationale d’une façon générale. En outre, cette question est intéressante car elle permet de prédire ce qui demeurera de la crise dans les comportements que nous adopterons demain. 

Ainsi, est-ce que les différents confinements, les mesures sanitaires à respecter ainsi que les nouveaux modes de consommation et de socialisation nous ont donné des réflexes, des représentations et des attitudes dont nous aurons du mal à nous défaire une fois la vie revenue ? En somme, est-ce que la pandémie n’aura été finalement qu’un miroir grossissant de tout ce qui était déjà latent dans la société, ne jouant en fait qu’un rôle d’accélérateur dans ce qui était pourtant bien là sous nos yeux : l’obsolescence des relations sociales, l’apathie démocratique et le repli sur soi ? 

Pour nous aider à y voir clair, deux baromètres regorgent d’enseignements fort utiles : le « Baromètre de la confiance politique », d’une part, et le « Baromètre des émotions », d’autre part, que nous citerons tour à tour dans cette analyse.  

I – « BONJOUR TRISTESSE »

« Sur ce sentiment inconnu, dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. » La phrase de Françoise Sagan dans Bonjour tristesse semble bien refléter ce que bon nombre d’individus peuvent ressentir en ce moment, comme en témoigne le « Baromètre des émotions ». Quand on interroge les Français sur les émotions qu’ils ressentent actuellement, 46 % citent massivement la « tristesse », devant la « colère » (38 %), la « peur » (36 %), l’« enthousiasme » (25 %), la « joie » (23 %) ou encore le « dégoût » (20 %). 

En outre, quand on demande aux Français ce qui caractérise le mieux leur état d’esprit quand ils pensent à l’année qui vient de s’écouler et à l’actualité liée à la pandémie, 36 % citent également la « tristesse » (première émotion citée), devant le « désespoir », la « colère », l’« ennui » ou la « peur ». 

Il en est de même lorsqu’on les interroge sur les contraintes (masque, distanciation, gel hydoalcoolique) : 21 % des Français citent la « tristesse » comme terme qui caractérise le mieux leur état d’esprit quand ils pensent aux contraintes sanitaires à respecter, devant la « confiance », l’« ennui », l’« espoir », la « colère » ou encore le « dégoût ». 

Le fond de l’air est donc triste. Et il n’y a donc, à ce stade, ni esprit de révolte ni enthousiasme démesuré pour l’après. Cette tristesse généralisée aura inévitablement des conséquences sur nos capacités collectives de rebond en cas d’allègement des contraintes. On ne sort pas de la tristesse et d’une mélancolie généralisées comme on sort d’une saine colère ou d’une grande joie. 

II – LA DÉFAITE EST INÉLUCTABLE

En sus de la tristesse, le « Baromètre de la confiance politique » nous montre l’état de démotivation dans lequel sont baignés les Français. Quand on les interroge sur les qualificatifs qui caractérisent le mieux leur état d’esprit actuel, 41 % répondent la « lassitude » (+13 points par rapport à février 2020), 34 % la « morosité » (+12 points) et seulement 6 % l’« enthousiasme » (-4 points). 

Les Français sont donc découragés, comme une équipe qui, menée 3-0 à la mi-temps d’un match, revient sur le terrain sans envie ni volonté de retourner la situation, sachant d’ores et déjà qu’elle n’y arrivera pas. À noter qu’au cours des dix dernières années, le taux de Français le plus haut qui disaient être touchés par la « lassitude » avait été atteint en octobre 2011, avec 35 %.  

Aujourd’hui, ce sont plusieurs défaites qui semblent actées. 

Défaite sanitaire et politique d’abord : dans le « Baromètre des émotions », quand on demande aux Français ce qu’ils ressentent à propos de la manière dont l’exécutif a fait face à la pandémie, 34 % citent la « colère », 25 % du « désespoir », 24 % de la « honte », 19 % du « dégoût », 17 % de la « tristesse », 17 % de la « peur ». Le premier terme positif – l’« espoir » – n’arrive qu’en sixième position. 

Défaite sociale ensuite : dans le « Baromètre des émotions », quand on interroge les Français sur leur vie sociale pendant le confinement, 38 % citent l’« ennui », 32 % la « tristesse », 20 % le « désespoir ». Le premier item positif – l’« espoir » – n’arrive qu’en quatrième position (12 % de citations).

Vie politique, vie sociale : la pandémie aura donc fait deux victimes.

Ce qui est très intéressant, c’est que ce « découragement général » semble plus spécifiquement toucher la France que le reste de l’Europe : dans le « Baromètre de la confiance politique », quand 41 % des Français disent vivre une forme de lassitude, c’est le cas « seulement » de 15 % des Allemands et 31 % des Britanniques. Seuls les Italiens font jeu égal avec la France : 40 %. Il en est de même pour la « morosité », qui, rappelons-le, peut s’entendre comme un manque de dynamisme : 34 % des Français disent souffrir de cela (taux le plus haut enregistré au cours des dix dernières années, à l’exception de décembre 2013 – 34 % également), contre 14 % des Allemands, 16 % des Britanniques et 24 % des Italiens. 

Par ailleurs, dans le « Baromètre des émotions », quand on interroge les Français sur ce qui définit le mieux leur état d’esprit actuel, 30 % citent l’ « ennui », devant la « confiance », le « pragmatisme », la « motivation » ou la « sérénité ».

Pour le dire autrement, les chiffres du « Baromètre de la confiance politique » et du « Baromètre des émotions » peuvent laisser supposer que les Français n’ont aucune envie ni de se rebeller ni de préparer la sortie de crise, car ils ne le sentent tout simplement pas (dans le « Baromètre des émotions », 64 % des Français se disent « inquiets » en pensant aux mois qui viennent, contre 32 % « confiants »). Ils sont à plat. Tout rouvrira, mais la spontanéité et le goût pour autrui sont morts avec la pandémie. Ils sont totalement dégonflés, comme incapables de remonter à cheval. 

D’ailleurs, ils croient de moins en moins à la force de leur volonté : quand 93 % des Français (dans le « Baromètre de la confiance politique ») étaient d’accord il y a un an avec le fait que « les gens peuvent changer la société par leurs choix et leurs actions », ils ne sont plus que 74 % aujourd’hui (19 points de moins), soit le taux le plus bas enregistré sur cet item depuis 2009. 

Cette incapacité à changer le cours des choses car tout est « couru d’avance » apparaît d’ailleurs également ici comme une spécificité française : 74 % des Français pensent que « les gens peuvent changer la société par leurs choix et leurs actions », contre 78 % des Allemands, 83 % des Britanniques et 86 % des Italiens. Dans le même ordre d’idée, 55 % des Français sont d’accord avec la phrase « J’ai une liberté de contrôle total sur mon propre avenir » (-3 points par rapport à 2020), contre 57 % des Italiens, 69 % des Britanniques et 69 % des Allemands. 

Ainsi, le sentiment que tout est joué d’avance semble un mal spécifiquement français, qui s’expliquerait notamment par le fait que les jeux seraient « pipés » dès le départ : seulement 25 % des Français sont d’accord avec la phrase « Dans la société, les règles du jeu sont les mêmes pour tous », contre 26 % des Italiens, 41 % des Britanniques et 42 % des Allemands. 

À la tristesse s’ajoutent donc la lassitude, la morosité et le défaitisme, autant d’états d’âme qui rendent, somme toute, difficile de penser l’après comme un samedi soir géant.

III – PAS D’ANNÉES FOLLES

Même si la peur « a changé de camp » (quand 27 % des Français disaient avoir « peur » en avril 2020, ils sont aujourd’hui seulement 14 % dans le « Baromètre de la confiance politique »), cela n’empêche qu’ils sont seulement 15 % à avoir « confiance » (« Baromètre de la confiance politique »), et le « Baromètre des émotions » ne laisse aucunement présager des « années folles » à venir : quand ils pensent aux mois qui viennent, près d’un Français sur deux cite au total, en premier, la « peur » (14 %), la « tristesse » (10 %), le « désespoir » (10 %), l’« ennui » (7 %) ou la « colère » (6 %). Comme si les Français avaient pris conscience que cette crise allait dans tous les cas briser – ou avait brisé – quelque chose pour la suite de nos existences, et ce qu’elle qu’en soit l’issue : la fin de la spontanéité, d’une certaine forme d’insouciance et de liberté ; un principe de précaution permanent et une anxiété généralisée vis-à-vis d’autrui. 

Pour le dire autrement, les Français ont légitimement compris que l’avenir serait moins drôle, moins agréable après la pandémie. Que la crise avait modifié pour longtemps les standards de nos comportements sociaux, et que ce genre d’événements serait désormais la norme, sans que personne ne puisse avoir son mot à dire. 

IV – L’AVENIR EST À LA MAISON

Apathie sociale

Sans sursaut et discours fort sur la « puissance de vie » et l’importance de retrouver des moments gratuits, des moments inutiles et des moments non essentiels, on peut faire le pari que l’on s’oriente petit à petit vers une société apathique et mélancolique. Sans sursaut social ni sursaut festif. 

Une partie de la population va devenir touriste de sa propre vie et de son propre pays, restant enfermée dans sa sphère privée, à l’échelle de son domicile, à peine à l’échelle de son immeuble : dans le « Baromètre de la confiance politique », 94 % des Français font confiance à leur « famille », 71 % à leurs « voisins ». À titre de comparaison, 55 % des Français seulement font confiance « aux gens d’une autre nationalité » (-4 points par rapport à février 2020) et 41 % font confiance « aux gens qu’ils rencontrent pour la première fois » (-2 points par rapport à février 2020). Ce qu’il faut noter, c’est que le confinement et la pandémie n’ont fait que conforter des dynamiques déjà à l’œuvre : en décembre 2009, 95 % des Français indiquaient déjà faire confiance à leur « famille » et 44 % seulement faisaient confiance aux « gens rencontrés pour la première fois ». 

À l’inverse, la période que nous vivons a continué de dégrader le rapport à l’autre perçu comme « étranger » : quand 72 % des Français indiquaient en 2009 faire confiance aux « gens d’une autre nationalité », ils ne sont plus que 55 % aujourd’hui.

On observe les mêmes tendances positives vis-à-vis de « l’ultra-proximité » dans le « Baromètre des émotions ». Quand on demande aux Français ce qui caractérise le mieux leur état d’esprit à propos de leur vie familiale pendant le confinement, il s’agit de la seule question (avec la vie amoureuse) où les trois premiers items cités sont des items positifs : pour 26 % des Français, cela évoque de la « sérénité », pour 23 % de la « confiance », pour 20 % de la « joie ». Il en est de même s’agissant de la vie amoureuse pendant le confinement : pour 24 % des Français, cela évoque de la « sérénité », pour 22 % de la « joie » et pour 21 % de la « confiance ».

Par conséquent, Deliveroo, Netflix et Amazon ont de beaux jours devant eux avec une France qui va prendre l’habitude de rester chez elle, en famille, les gens n’ayant pas une envie farouche de se voir davantage : dans le « Baromètre de la confiance politique », 62 % des Français indiquent qu’on n’est « jamais assez prudent quand on a affaire aux autres » (53 % au Royaume-Uni, 56 % en Allemagne) et 32 % sont d’accord avec le fait que « la plupart des gens cherchent à tirer profit d’eux ». 

Le confinement n’a fait qu’accélérer un processus d’obsolescence des relations sociales. À force d’avoir voulu du sur-mesure et du chez-soi partout, l’autre est devenue l’exception. 

Apathie démocratique

D’ailleurs, l’apathie sociale se conjugue avec une apathie démocratique perceptible dans les deux baromètres cités ci-dessus. Dans le « Baromètre de la confiance politique », 49 % des Français disent « ne pas s’intéresser à la politique » (+2 points par rapport à février 2020), dont 16 % « pas du tout », soit le taux le plus haut jamais enregistré depuis décembre 2009. C’est beaucoup plus qu’au Royaume-Uni (41 %), en Italie (31 %) et en Allemagne (20 %). Dans le « Baromètre des émotions », lorsqu’on demande aux Français ce qu’ils ressentent quand on leur parle aujourd’hui de l’élection présidentielle, 43 % citent l’« indifférence », bien avant le « dégoût » (13 %), l’« espoir » (12 %), ou l’« ennui » (12 %). 

La politique n’intéresse plus les gens, qui ne veulent plus sortir de chez eux.

Apathie sociale, apathie démocratique. La crise et la pandémie n’ont fait que renforcer le recentrage sur soi, sur son intérêt particulier. Et on a du mal à voir comment cela pourra se retourner. Centrer le débat uniquement à travers le soutien à la démocratie ou la crainte du populisme ne changera rien. Ce n’est même plus, peut-être, le problème. 

D’ailleurs, 42 % des Français considèrent que « la démocratie fonctionne bien » (en hausse de 7 points par rapport à février 2020), 84 % considèrent qu’« avoir un système politique démocratique est une bonne façon de gouverner le pays » (+9 points par rapport à février 2020), contre 34 % qui considèrent qu’« avoir à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections serait une bonne façon de gouverner le pays », soit l’un des taux les plus bas enregistrés par le « Baromètre de la confiance politique » (48 % des Français adhéraient à cette opinion en décembre 2014), 80 % considèrent que c’est « utile de voter car c’est par les élections que l’on peut faire évoluer les choses » et 72 % considèrent que « le régime démocratique est irremplaçable » et que « c’est le meilleur système possible ».

Le voile islamique d’une dirigeante de l’UNEF interpelle

Interrogée par M6 dans le cadre d’un reportage sur les universités bloquées,

la présidente du syndicat UNEF à l’université Paris IV relance la polémique sur le voile islamique à l’université

blog -Maryam Pougetoux-UNEF voilee.pngSamedi 12 mai, l‘apparition d’une femme voilée, non pas d’un simple foulard, mais d’un hijabau journal de la chaîne M6, de la dirigeante étudiante Maryam Pougetoux, présidente à l’université Paris IV de l’UNEF, syndicat laïc et féministe UNEF, à propos de l’état de la situation dans les universités bloquées, et la difficulté qu’ont ces établissements à y assurer sereinement la bonne tenue des examens. La militante musulmane a déclenché une polémique, non pas en réaction à son discours engagé contre la réforme de l’accueil à l’université, mais bien à cause du voile islamique qui lui couvre les cheveux, les oreille et le cou.

Un citoyen vigilant a relevé cette incongruité de la gauche laïque

Un politologue à l’université de Versailles Saint-Quentin-En-Yvelines et cofondateur du Printemps Républicain, Laurent Bouvet, a eu un sursaut. Attentif aux réseaux sociaux et farouche défenseur de la laïcité, le professeur de sciences politiques a dénoncé l’affichage de son appartenance religieuse par  Maryam Pougetoux, une prosélyte, comme nombre de converties.
Dans un message posté sur Facebook, Laurent Bouvet publie une photo de la jeune femme avant de railler « la convergence des luttes […] bien entamée » à l’UNEF.

https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Flbouvet%2Fposts%2F10216104096257433&width=500

Une « odieuse campagne de harcèlement raciste » ?

L’essayiste et militante Céline Pina s’indigna également de l’affichage médiatique de la militante de l’UNEF. Dans un long message, elle dénonce cette fois l’infiltration des mouvements de jeunesse par les Frères musulmans et le « développement des filières indigénistes et islamistes ». « Ce sont les étudiants musulmans de France (EMF, ex- Union islamique des étudiants de France), filiale des frères musulmans, qui en sont chargés. Visiblement dans certains endroits, la manipulation a réussi » écrit-elle.

51ftgm5y1nl-_sx320_bo1204203200_Elle s’est fait connaître en 2015, lorsqu’elle dénonça publiquement la tenue du Salon de la femme musulmane, à Pontoise, qui accueille des prédicateurs salafistes promettant « aux femmes coquettes et parfumées » un « châtiment atroce » et leur enjoignent de « se voiler pour éviter le viol ici-bas, et l’enfer dans l’au-delà« . LIEN PaSiDupes Salon de la femme musulmane: les fondamentalistes « à la maison« , à Pontoise, Ile-de-FranceC’est ensuite avec une lettre ouverte de novembre 2017 au ministre de l’Intérieur au sujet des prières de rue organisées chaque semaine à Clichy, et le rappel de la responsabilité de l’État de rétablir l’ordre public. En mars 2018, elle signe L’appel des 100 intellectuels contre le « séparatisme islamiste », au coté de Bernard Kouchner, Alain Finkielkraut,  Elisabeth Lévy Luc Ferry  ou encore Françoise Laborde. 

Julien Dray, membre du parti socialiste et ancien membre de l’UNEF, s’insurgea à son tour

« La direction du syndicat qui accepte cette jeune dame comme dirigeante souille tout notre combat mené dans les universités… Bien des membres de l’UNEF doivent être effarés… ».

Voir l'image sur TwitterFace au déferlement de commentaires à l’encontre du prosélytisme de la militante Maryam Pougetoux, ses soutiens se sont rapidement manifestés, avec pour outil de ralliement le mot-clé #SoutienAMaryam.

Parmi les réactions symptomatiques et révélatrices de l’intention subversive de la présidente de l’UNEF Paris IV-Sorbonne (qui a passé un accord de coopération avec les Emirats arabes unis), celle de la sulfureuse militante polémiste Rokhaya Diallo qui s’indigna de la « chasse aux musulman.e.s (présumé.e.s) qui ont l’outrecuidance de se rendre visibles ». Une « chasse » « orchestrée »,  selon elle « par le Printemps républicain ».

blog -Rokhaya Diallo-tweet attaque PrintempsRepublicain en soutien voile par prsdte UNEF-13mai2018

La militante identitaire, comme les Indivisibles (dont elle a été exclue !) ou le PIR, et twitto à temps plein (soutenue par une garde de survoltées) dresse ici la liste des précédentes polémiques, notamment celle ayant visé Mennel, candidate voilée du télé-crochet The Voice. Elle est rapidement rejointe par d’autres militants comme l’islamo-gauchiste Sihame Assbague, 31 ans, qui dénonce « une odieuse campagne de harcèlement raciste ».

Tweet (13 mai 2018) de la maso : « journaliste par obligation • en mode contre-pouvoir • « j’ai toujours le mauvais rôle » :

blog -Sihame Assbague-tweet soutien a Maryam Pougetoux-denoncant ceux qui revent musulmans invisibles-13mai2018

Ancienne porte-parole franco-marocaine du collectif ‘Stop le contrôle au faciès’Assbague, une instable, fut d’abord chargée de mission (ou « conseillère politique », ce n’est pas clair) pour la mairie du 14e arrondissement de Paris, dont le maire était Pascal Cherki (PS, mais désormais à Génération·s de Benoît Hamon), mais démissionna rapidement et accepta une mission de la maire UDI suivante… Dans le cadre de l’affaire visant l’islamiste Tariq Ramadan, elle signa une tribune ( sur le site Mediapart aux côtés d’une cinquantaine de militants  « pour une justice impartiale et égalitaire«  pour Tariq Ramadan, mis en examen pour viols et placé en détention provisoire, et dans laquelle il est demandé de libérer immédiatement ce dernier en raison de son état de santé. Le 1er septembre 2015, lors du lancement de Contre-attaque(s) — plateforme internet de lutte contre l’islamophobie publiée sous la direction de Alain Gresh, Sihame Assbague est membre de son comité de rédaction.

Accusée de communautarisme et de racisme antiblanc, elle forme un binôme de « contre-journalistes du net«  avec la journaliste Widad Ketfi, blogueuse sur Bondy Blog et cheffe d’édition pour une émission sur Canal+. Les « journactivistes » utilisent des applications comme Périscope pour mener des contre-enquêtes sur des articles ou propos jugés diffamatoires.

Le 11 décembre 2017, le gouvernement a mis officiellement en place le Conseil national du numérique (CNNum) avec Rokhaya Diallo parmi ses membres. Trois jours plus tard, le secrétaire d’État au Numérique, Mounir Mahjoubi, homosexuel LREM a demandé son départ.

Le syndicat UNEF a réagi par la voie d’un communiqué de presse.

Le syndicat étudiant y condamne « le déferlement de haine raciste, sexiste et islamophobe dont Maryam est victime » et s’attaque directement à Laurent Bouvet, qu’il accuse de dissimuler « une islamophobie décomplexée » derrière « son débat sur la laïcité excluante« .

Voir l'image sur Twitter

Ancien militant (ou proche) du Parti socialiste pendant des années, le politologue Laurent Bouvet – un ex-directeur de l’Observatoire de la social-démocratie à la Fondation Jean-Jaurès – est devenu l’un des représentants de La Gauche populaire, dont les principaux animateurs sont Laurent Baumel, Philippe Doucet ou François Kalfon.