Macron a refusé des interviewers de TF1 et l’opposition appelle au boycottage
La majorité présidentielle défend l’intervention du chef de l’Etat sur la première chaîne nationale, qui sera diffusée mercredi, bien qu’enregistrée trois jours plus tôt, dimanche, au détriment de l’actualité récente, notamment le record du nombre d’hospitalisations pour covid depuis l’irruption du virus. L’opposition dénonce un braquage par l’Elysée et des moeurs présidentielles à l’ancienne, dans la lignée de Chirac et même de Mitterrand, voilà quelque trente-cinq ans.
Le sortant fait l’unanimité contre lui. Il fait monter la tension entre la majorité présidentielle et l’opposition, de droite comme de gauche. L’annonce, lundi 13 décembre, d’un grand entretien – tout ce qui touche le p’tit est « grand » – imposé par l’Elysée aux chaînes TF1 et LCI, crée un scandale politique.
Tant et si bien que, pendant que la candidate des Républicains à l’Elysée, Valérie Pécresse, indique sa saisine du CSA, les macroniens et le gouvernement, eux, se sont mis en ordre de bataille. Ce qui consiste à caricaturer et dénoncer « l’hypocrisie » de cette opposition, notamment de …la candidate LR. Celle-ci s’est même vue accusée d’avoir tenu des propos différents lorsque Nicolas Sarkozy était au pouvoir.
Pressé par les oppositions de mettre fin au suspense sur sa candidature, Macron imposera donc mercredi sa présence pendant quelque deux heures sur TF1, chaîne genéraliste, à partir de 21 h. « Le président de la République, il s’exprime, évidemment que sa parole est attendue sur l’action qui est menée aujourd’hui, sur la crise aussi, sur le bilan du quinquennat, ce qui a été conduit dans ce quinquennat, et c’est légitime », a plaidé sur France Info le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
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L’exécutif dénonce la « fébrilité » et « l’hypocrisie » de Valérie Pécresse
Le secrétaire d’Etat a pris l’exemple de l’intervention de Nicolas Sarkozy qui avait, en janvier 2012, participé à une émission sur huit chaînes à quelques mois de la présidentielle. « A l’époque, (Valérie Pécresse) défendait le fait (…) que le président de la République puisse s’exprimer dans un contexte de crise », a-t-il souligné en citant les propos de celle qui était alors ministre. « Elle a la fébrilité comme moteur et l’hypocrisie comme carburant parce que la réalité, c’est qu’elle dit aujourd’hui l’inverse de ce qu’elle disait à l’époque », a-t-il critiqué.
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« Emmanuel Macron est président de la République, élu pour cinq ans, pas pour quatre ans et demi. Aujourd’hui, les Français ont besoin d’un président de la République [mais il a accepté de prendre en janvier son tour de présidence de l’UE !] , ils n’ont pas besoin d’un énième candidat », a plaidé, pour sa part, sur France 2 le patron des députés LREM, Christophe Castaner. Veut-il dire que Macron n’est pas candidat.
« Que le président de la République s’interroge (sur sa candidature), c’est normal, qu’il y réfléchisse, c’est normal, mais, en attendant, il veut être président de la République », a-t-il argué.
Un entretien « ahurissant », selon Eric Ciotti
Avant d’attaquer à son tour Valérie Pécresse, selon lui « marquée d’amnésie ». « Elle veut effacer son propre passé, mais, en politique, il est bon d’avoir un tout petit peu de mémoire et pas de pousser de grands cris d’orfraie et d’instrumentaliser la démocratie comme les LR sont en train de le faire », a-t-il déploré. « Tout ça pour un président qui gouverne », a relativisé sur France Info TV le « grand » Nicodème patron de LREM, Stanislas Guerini.
Eric Ciotti, ancien premier choix des adhérents au premier tour du congrès LR, a également livré son commentaire. « Ce qui se passe est totalement ahurissant. Emmanuel Macron utilise les institutions pour mener une campagne qui n’en porte par le nom », a-t-il affirmé sur LCI, mardi. Selon lui, « son temps de parole doit être celui du candidat et pas celui du président de la République ». « Nous attendons une clarification là-dessus », a-t-il ajouté. A la journaliste qui lui faisait remarquer que les temps de parole ne sont pas encore décomptés au titre de candidats par le CSA, Eric Ciotti a estimé qu’« il doit y avoir une parité » avec Valérie Pécresse, qui doit avoir « la même émission ».
Une campagne « aux frais de l’Etat », pour La France insoumise (LFI)
A l’extrême gauche, La France insoumise est elle aussi montée au créneau après l’annonce par TF1 de l’entretien présidentiel. Auprès de France Info, lundi, Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, s’est interrogé sur les intentions de Macron : « La question est de savoir [s’il] va faire un discours de campagne électorale sans avoir annoncé officiellement sa candidature à l’élection. ». Selon lui, le chef de l’Etat ferait mieux de se déclarer officiellement candidat à sa propre succession « plutôt que de faire campagne aux frais de l’Etat ». Et l’Etat, ce n’est pas lui, mais les Français.
Manuel Bompard rappelle d’ailleurs que le CSA avait été saisi, en novembre dernier, à la suite de l’intervention de Macron le 9 du même mois. Sur Twitter, il a publié, mardi, la réponse de Conseil, envoyée le 8 décembre dernier. « Le CSA nous donne raison et décompte 75 % de son intervention au titre du débat politique. Plus personne n’accepte les manœuvres et les petits arrangements du candidat président », a commenté l’Insoumis.
Dans le texte du CSA son président – nommé par Macron – estime que seul un quart du discours prononcé par le chef de l’Etat avait alors relevé de « l’exercice de sa charge » présidentielle. Et il souligne qu’à l’avenir, au regard de l’élection présidentielle d’avril, les prises de parole de Macron qui ne relèveront pas de sa fonction « seront prises en compte » dès janvier prochain, « dans l’hypothèse où le président de la République serait candidat déclaré ou présumé ».
Le mauvais traitement de Zemmour sur TFI inspire à Mélenchon de la méfiance
Mélenchon a fait savoir qu’il rejette une invitation de TF1 à venir commenter en plateau l’entretien du président, après sa diffusion. Sur Twitter, le leader des Insoumis et candidat au scrutin de 2022 a estimé qu’Emmanuel « Macron aime parler tout seul. Il est servi. Désolé pour TF1 qui voulait rééquilibrer » les débats.
Macron torpille l’émission de BFMTV consacrée à … Pécresse
La chaîne d’information en continu annule en urgence l’échange avec Valérie Pécresse. Un organe de presse n’hésite pas à écrire: « Emmanuel Macron a accepté de se livrer à un grand entretien qui sera diffusé ce mercredi 15 décembre dès 21h05 sur TF1 et LCI. » Une émission d’une heure et demie, intitulée « Où va la France? », et enregistrée en sirte de créer l’illusion du direct. Il sera bichonné par deux journalistes maison, l’insipide Audrey Crespo-Mara de TF1 et Darius Rochebin, un Suisse recueilli par LCI, suite à une enquête d’octobre 2020 par le quotidien suisse Le Temps, contenant plusieurs témoignages de personnes déclarant avoir été harcelées sexuellement ou avoir été l’objet d’un rapport non consenti, par le journaliste à l’époque de son emploi à la RTS. Le journal fait également état de conversations avec des mineurs tournant autour de la sexualité sous couvert de faux profils sur les réseaux sociaux. Mais Macron n’en a rien à faire: le misogyne, c’est l’autre…
Appel au boycottage de l’émission de TF1
Le groupe Bouygues maltraite les uns, mais fait reluire les autres. Après avoir boudé la presse pendant son quinquennat, le président de la République s’entretiendra pour la deuxième fois en deux semaines avec des journalistes.
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