Nicole Belloubet, ministre de l’Education nationale, ex- ministre de la justice maltraitée

L’ancienne adjointe de Pierre Cohen (PS) à Toulouse est-elle compatible avec Attal?

Nicole Belloubet semble inapte à respecter la feuille de route fixée par Gabriel Attal

Un lourd passif de laxiste à la Justice, dans le second gouvernement Philippe, ne présage rien de bon pour sortir l’Education nationale du chaos. Les syndicats cogestionnaires du ministère accordent d’ailleurs un préjugé favorable à son retour dans le circuit politique. Après plusieurs jours de rumeurs et d’atermoiements, favorisés par les prétentions de François Bayrou, Nicole Belloubet a été nommée ministre de l’Education nationale, ce jeudi 8 février. Amélie Oudéa-Castéra, empêtrée dans des polémiques à répétition, garde uniquement son portefeuille des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.

C’est un retour aux affaires pour Nicole Belloubet, 69 ans. Ancienne membre du Conseil constitutionnel, elle était garde des Sceaux dans le gouvernement d’Edouard Philippe (entre juin 2017 et juillet 2020). Après avoir succédé à François Bayrou, ministre inactif et soumis, elle avait porté les lois sur la moralisation de la vie publique ou la création du parquet national antiterroriste (PNA).

Elle « connaît très bien le ministère (de l’éducation), c’est une professeur de droit. Elle a par ailleurs été élue local à la mairie de Toulouse (…) elle saura porter notre feuille de route au ministère de l’éducation nationale », a assuré le premier ministre Gabriel Attal sur France 2, dans la foulée de cette nomination encore inattendue il y a quelques jours.

Rectrice des académies de Limoges et Toulouse

N. Belloubet et P. Cohen

Le profil idéal: vraiment ? Avant ce passage au ministère de la Justice – et un bilan controversé selon les magistrats et avocats – la juriste a occupé plusieurs fonctions dans l’enseignement, dont l’expérience lui sera fort utile rue de Grenelle où elle sera la cinquième ministre depuis 2017, la quatrième en sept mois. Elle a pour mission politique de retisser un lien endommagé avec les enseignants, ce qui est a priori acquis, mais tout en menant à bien le projet déjà esquissé par Macron et Attal, ce qui contredit les séquelles laissées par son passage à la Justice, tant Pap Ndiaye s’inscrit dans le courant qu’elle avait relancé Place Vendôme.

En l’occurrence, Nicole Belloubet – ancienne membre du Parti socialiste et élue de Toulouse (2008-2010) et régionale (2010-2013) – fut rectrice des académies de Limoges et… Toulouse pendant 8 ans, entre 1997 et 2005, année lors de laquelle elle démissionne avec fracas pour dénoncer le manque de moyens octroyés par le gouvernement de… Jean-Pierre Raffarin.

Dans une lettre aux chefs d’établissement, Nicole Belloubet expliquait ne plus trouver la « force de conviction suffisante ». Elle déplorait, de la part de l’exécutif, une absence de cohérence « entre des ambitions affichées et des actes posés concrètement ». Un geste apprécié à l’époque par les syndicats enseignants, lesquels se plaignent souvent du manque de soutien de leur hiérarchie.

Vice-présidente de région, chargée de l’éducation

En parallèle de ses fonctions dans l’enseignement, cette Parisienne très attachée à ses racines aveyronnaises, a mené une carrière politique à Toulouse. Elle a notamment été première adjointe au très sectaire maire socialiste Pierre Cohen, entre 2008 et 2010. Puis, première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées chargée de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Depuis le début de son engagement public, Nicole Belloubet a également porté une attention particulière aux sujets concernant les femmes dans l’Education nationale. De 2000 à 2005, elle préside un comité interministériel de pilotage « pour la promotion de l’égalité des sexes dans le système éducatif ». Elle a aussi rédigé un rapport sur la « lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les établissements scolaires ». Peu de mesures pédagogiques et plutôt sociétales, dans l’esprit initié par Vincent Peillon et développé par Najat Vallaud-Belkacem et Benoît Hamon, tous socialistes comme elle, caution de gauche dans l’exécutif.

La droite majoritaire dans l’opinion est en alerte

Un CV bien rempli donc, mais qui pourrait aussi se transformer en incohérence stratégique, alors que le gouvernement Attal semblait déterminé à mener une politique de droite face à la montée du RN. Ses différentes fonctions, au ministère de la Justice ou sur le front de l’éducation, l’ont effectivement amené à prendre des positions qui ne manqueront pas de rejaillir dans le débat public.

Certaines sont en contradiction avec le projet porté aujourd’hui par Macron et Attal pour l’école. Elle avait par exemple parlé de « fariboles » en 2016 pour moquer l’uniforme et le retour de l’autorité dans les classes, pourtant désormais érigés en priorité par le couple exécutif. De quoi provoquer les premières colères de l’opinion tant ses aspirations au retour à l’ordre sont fortes.

Alors que Bruno Retailleau déplore l’arrivée d’une « des ministres de la justice les plus laxistes de la Ve République » rue de Grenelle, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national regrette un « signal désastreux » pour l’Education nationale en attribuant à la ministre une « culture de l’excuse. »

« On peut avoir pris des positions par le passé et évoluer », a déjà répondu le Premier ministre, à distance, sur France 2, prenant soin de préciser que Nicole Belloubet allait « porter la ligne du président de la République et du gouvernement ». La ligne, rien que la ligne.

L’élitisme social est maquillé en élitisme républicain

Quand l’élitisme était la source de tous nos maux

logo Onservatoire

L’élitisme du système scolaire français favorise les enfants de diplômés [ce qui contredit les considérations sur l’acquis et l’environnement et consacre les insuffisances de notre système éducatif]. Leurs parents, de droite comme de gauche, défendent une école qui fonctionne à leur profit [bim !]. Le point de vue de Jean-Paul Delahaye, inspecteur général de l’Education nationale honoraire, qui ne s’en tient en rien responsable à son niveau hiérarchique.

Analyse publiée le 11 mars 2019, par l’Observatoire des inégalités qui s’appuie sur un comité… scientifique composé d’économistes, tel Eric Maurin (EHESS) ou Denis Clerc, fondateur de la revue Alternatives économiques (altermondialiste), sociologues, telles la socialiste Dominique Méda (conseillère de la candidate Ségolène Royal en 2007) ou Marie Duru-Bellat, expert en inégalités sociales et sexuées à l’école, en stratification sociale et en rapport entre générations (auteur de rapport sur les collèges pour la ministre déléguée à l’Enseignement scolaire de l’époque, Ségolène Royal), philosophes, tel Patrick Savidan, membre du conseil scientifique de l’Education nationale, juristes, pédagogues, telle la communiste Monique Pinçon-Charlot, sous influence de Karl Marx et Pierre Bourdieu et soutien public de Mélenchon, candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle de 2012 !]. Un repaire de gauchos.

De quel milieu social êtes-vous issu monsieur l’IG ?

« Notre école fonctionne plutôt bien pour 70 à 75 % des élèves, selon l’auteur. La moitié des élèves âgés de 15 ans comptent même parmi les meilleurs élèves du monde, selon les évaluations internationales Pisa [1] de l’OCDE [une autosatisfaction qui date de plus quatre ans et souligne une dégringolade à vitesse V… Lien PaSidupes]. Il faut s’en réjouir, clame JP Delahaye, mais un peu vite. Mais il faut dans le même temps observer le grand écart qui existe entre les résultats de ceux qui réussissent, le plus souvent issus des classes moyennes et favorisées [qui s’investissent dans l’école, comme de plus défavorisés qu’occulte l’auteur dans son approche imprégnée de lutte des classes], et les difficultés lourdes rencontrées aux mêmes évaluations par le quart des jeunes de la même génération, issus pour la plupart des milieux populaires [son sujet n’est pas de saluer ceux d’entre eux qui tirent leur épingle du jeu, souvent lorsqu’ils n’appartiennent pas à une famille polygame]. On le sait, la France est l’un des pays [en Occident] où l’origine sociale pèse le plus sur les destins scolaires [malgré les bourses, l’allocation de rentrée scolaire, la cantine scolaire et les filières adaptées ?]. Notre élitisme est tout sauf républicain [notre République n’est pas élitiste et ne tire pas les plus inadaptés vers le haut: elle nivelle et vers le bas], il est essentiellement un élitisme social qui ne veut pas dire son nom [Hollande a opéré une « modulation » des allocations familiales au détriment de qui, monsieur Delahaye?]. Cette injustice sociale qui est à l’œuvre au sein de l’éducation nationale ne date pas d’aujourd’hui [les aides des collectivités territoriales sont-elles une de ces injustices-là ?]. Notre système éducatif n’a jamais vraiment été programmé pour faire réussir tous les élèves [implicitement pour les faire échouer ?]. L’échec scolaire massif des enfants des milieux populaires n’est pas un accident, il est inhérent au système éducatif français qui a été conçu pour trier et pour sélectionner les meilleurs, ce qu’il fait très bien [Etes-vous sérieux ? Une essentialisation par un homme du sérail. Responsable, mais pas coupable].

Image / illustration
L’Observatoire des inégalités met en valeur les éléments issus de l’immigration:
discrimination positive pour tous ?

Certes, aujourd’hui, 44 % des sortants du système éducatif ont un diplôme de l’enseignement supérieur [dévalorisé], soit deux fois plus que la génération qui vient de prendre sa retraite. Notre pays a été transformé par le processus de développement de son système éducatif. Sans l’école, les inégalités sociales seraient bien pires [postulat: car la doxa du plus grand nombre des enseignants développe la détestation de notre histoire, du pays et de ses héritiers]. Ou, pour le dire autrement, ce n’est pas l’école qui creuse les inégalités : elle ne parvient pas à les réduire, ce qui n’est pas la même chose [et, par ses enseignements elle surajoute la haine]. Le problème, c’est que la démocratisation, bien réelle, a été différenciée et que les inégalités scolaires se sont déplacées [la faute à la pédagogie différenciée ?! Pensée magique de Louis Legrand, glorifiée par Jospin en 1991…]. Parmi les « décrocheurs », beaucoup moins nombreux aujourd’hui qu’il y a dix ans, 5 % sont des enfants de cadres, 45 % sont des enfants d’ouvriers. Certes encore, 80 % des jeunes [d’une même classe d’âge] obtiennent le baccalauréat aujourd’hui [les 20% sont enfants d’ouvriers ??]. Mais si 90 % des enfants d’enseignants et de cadres supérieurs qui entrent en 6e obtiennent un baccalauréat sept ans après, ce n’est le cas que pour 40 % des enfants d’ouvriers. Et ce n’est pas le même baccalauréat pour tous les jeunes : les enfants d’ouvriers obtiennent, pour 70 % d’entre eux, un baccalauréat professionnel ou technologique [que notre IG semble tenir en bien piètre estime et, pourtant, on parie qu’il ne prône pas la défense du latin-grec…], tandis que 75 % des enfants de cadres et d’enseignants décrochent ce diplôme dans la filière générale.

Une école qui procède par élimination [avant l’introduction du couteau à l’école]

En France, qui prétend être le pays du « vivre ensemble » [nous y voilà, mais ceux qui contribuent à l’effort de solidarité voudraient être appréciés pour leur participation, m’sieur JP Delahaye], on ne scolarise pas ensemble [Encore une de ces généralisations nauséabondes de la gauche vertueuse en aveu d’impuissance]. La partie de la population dont les enfants réussissent si bien dans une école qui procède par élimination [l’Ecole Alsacienne des enfants du ministre Pap Ndiaye élimine par le manque d’argent], et qui sont surreprésentés dans les classes préparatoires aux grandes écoles, – s’est réservé de fait la voie générale [les enfants de JP.D ont dû faire un CAP !…]. Elle valorise, dans les discours, l’apprentissage et l’enseignement professionnel, mais n’en fait pas une voie de réussite pour ses propres enfants [ils ne savent pas qu’un plombier gagne mieux qu’un professeur] : elle y oriente les enfants des milieux populaires, ce qui a l’avantage de protéger ses enfants du contact des enfants des autres [ODIEUX]. Ces inégalités dans les scolarisations ont évidemment un impact sur la suite. Une étude de l’OCDE [2] montre que 73 % des enfants de diplômés de l’enseignement supérieur en France ont à leur tour un diplôme de l’enseignement supérieur, contre seulement 17 % des enfants de non-diplômés du secondaire (la moyenne dans l’OCDE est de 21 %). En France, on échappe moins qu’ailleurs au déterminisme social [JPD a enseigné l’histoire en collège et sa mentalité lui a ouvert les portes de la haute fonction publique].

Pourquoi est-ce si difficile en France [insupportable dénigrement d’un professeur devenu IG dont l’enseignement a dû être politiquement irréprochable] de bâtir un système éducatif qui soit organisé pour que tous les enfants réussissent [bisounours de préau] et qui ne soit pas essentiellement concentré sur la sélection des meilleurs ? Pourquoi est-il si difficile dans notre pays de concevoir des modes d’évaluation qui encouragent, plutôt que de pénaliser, et qui font progresser dans les apprentissages ? Pourquoi sommes-nous le seul pays au monde à laisser les adultes concentrer le temps scolaire des enfants de l’école primaire sur seulement quatre journées de classe ? Pourquoi les décisions d’orientation sont-elles si dépendantes des origines sociales ? [3] Ces questions sont autant de problèmes à résoudre et de défis à relever pour notre pays. Y apporter des solutions nécessite davantage de partage et de fraternité et oblige à dépasser certains intérêts particuliers pour privilégier l’intérêt général, ce qui est loin d’être la tendance actuelle. Ceux dont les enfants réussissent bien aujourd’hui dans l’école telle qu’elle est n’ont pas besoin et donc pas intérêt à ce que l’école se réforme pour la réussite des autres, ce qui prive le système éducatif de mesures qui lui permettraient de mieux lutter contre les inégalités et d’œuvrer pour l’intérêt général. Prenons quelques exemples.

[Excusez, un instant, je vais ouvrir la fenêtre: ce texte est irrespirable..]

Indispensable mixité sociale [comment faisait-on avant ?]

Scolariser ensemble n’est tout simplement plus possible dans un pays qui a laissé se ghettoïser des parties entières de son territoire [choix des associations dites humanitaires qui se veulent punitives (désormais dans les beaux quartiers ou au fin fond de la ruralité) et aussi des intéressés qui se sentent plus forts ensemble] et où les catégories favorisées font tout ce qu’elles peuvent pour s’éloigner géographiquement des plus pauvres [si on est sous empruse marxiste, mais plutôt des plus différents, si on reconnaît que les différences culturelles font diverger les chemins]. Le système éducatif peut-il faire mieux quand une partie de la population semble faire sécession [on parle aujourd’hui de séparatisme et de refus de s’intéger: ne parlons plus de d’assimilation, envisageable seulement autrefois avec nos voisins chrétiens, quels qu’aient pu être nos affrontements passés] ? Car sans scolarité commune au moins pendant le temps de la scolarité obligatoire, il n’y aura pas de réduction significative du déterminisme social [vestige marxiste : qui nierait encore que l’ascenseur social fonctionne pour quiconque n’est pas gagné par une dépendance à l’Etat dispensateur de bienfaits contrariant l’esprit d’entreprise]. Or l’intérêt de la mixité sociale et scolaire pour tous les élèves n’est plus à démontrer [tandis que certains contestent désormais celui de la mixité des sexes, à l’ecole iu dzns les hôpitaux…]. Un rapport de l’OCDE a montré que « les systèmes qui répartissent plus équitablement dans les établissements d’enseignement à la fois les ressources scolaires et les élèves sont avantageux pour les élèves peu performants, sans pour autant porter préjudice aux élèves ayant un meilleur niveau » [4] [Il ne serait donc pas préjudiciable à certains de recevoir moins : c’est juste discriminant au mépris surajouté de l’équité. Le gosse de pauvre n’a pas mérité ça, mais le gosse de riches, si… et l’état providence, ce n’est pas pour lui. La gratuité scolaire, la prévention des risques maladie, vieillesse et accident du travail, uniquement pour les « défavorisés, » au détiment de ceux qui contribuent le plus à la richesse nationale]. Or le quotidien du système éducatif français est trop souvent un quotidien de ségrégation.

Ségrégation entre établissements d’abord, quand 12 % des élèves fréquentent un établissement qui accueille deux tiers d’élèves issus de milieux socialement très défavorisés (ouvriers, chômeurs ou inactifs) : ces jeunes vivent dans des établissements presque exclusivement défavorisés [5]. Ségrégation sociale et scolaire entre les classes d’un même établissement ensuite, quand il est observé qu’en 3e de collège, grâce aux options ou aux divers parcours de tri, « 45 % des collèges pratiquent une ségrégation scolaire active », au moyen par exemple de la mise en place de classes de niveau, « et 25 % des formes de séparatisme social » [6]. Ségrégation enfin, favorisée par l’État qui organisme lui-même le séparatisme social quand il finance la concurrence privée de son école publique : « [Dans le second degré, Ndlr] Les établissements privés scolarisent davantage d’élèves appartenant aux catégories sociales favorisées : surreprésentation des élèves d’origine sociale favorisée (36,7 %, contre 20,6 % dans le public), sous-représentation des élèves issus des catégories sociales défavorisées (19,4 % contre 39,4 % dans les établissements publics) » note le ministère lui-même [7]. En 2017-2018, les établissements publics comptaient 29,1 % d’élèves boursiers contre seulement 12,1 % dans les établissements privés. À ce niveau de séparatisme social, le vivre-ensemble n’est qu’un leurre, avec des jeunesses qui ne se fréquentent pas, ne se parlent pas. Comment, ensuite, l’élite qui gouverne peut-elle comprendre un peuple qu’elle n’a jamais vu de près, pas même pendant sa jeunesse ? Sortir de ce problème demandera du temps.

Il est de ce point de vue d’autant plus regrettable que les expérimentations destinées à améliorer la mixité sociale et scolaire dans les collèges, lancées en 2016, soient actuellement si peu soutenues par le ministère de l’Éducation nationale, alors même que des premières évaluations, notamment celle conduite à Paris par les sociologues Julien Genet et Youssef Souidi, ont montré que ces expérimentations peuvent permettre une progression de la mixité sociale et une baisse de l’évitement vers le privé [8].

Solidarité en direction des plus démunis

Les choix budgétaires sont historiquement peu favorables aux élèves en difficulté. Commençons par observer que si la dépense de notre pays pour l’éducation [9] augmente, sa part dans le PIB diminue. En vingt ans, de 1995 à 2015, notre pays a consacré un point de PIB en moins à son école, ce qui représente 20 milliards d’euros en moins par an, soit l’équivalent des cadeaux fiscaux offerts aux entreprises par le CICE. Certes, le budget de l’Éducation nationale est devenu le premier budget de l’État, mais il ne permet toujours pas de payer correctement les enseignants. Une enquête récente de l’OCDE montre que les enseignants du primaire, après quinze ans de carrière, sont payés 14 % de moins que leurs collègues des autres pays de l’OCDE et ceux du second degré, 20 % en moins [10]. Or, une corrélation a été clairement établie entre le niveau de rémunération des personnels et les performances des élèves [11]. En outre, les dépenses d’éducation sont mal réparties entre les cycles, avec un cycle primaire sous-doté et un secondaire qui l’est bien mieux.

Certes, il existe des politiques de discrimination positive qui permettent de donner un peu plus à ceux qui ont le plus de besoins. La Cour des Comptes a remis un rapport sur l’éducation prioritaire qui montre qu’en effet « l’éducation prioritaire mobilise des outils spécifiques qui génèrent un coût global et un surcoût par élève, significativement augmentés par la refondation de la politique engagée en 2014 » [12]. Mais ce « surcoût » est en pratique compensé parce qu’on y trouve des enseignants plus jeunes et souvent non titulaires, donc moins payés qu’ailleurs. À effectifs d’élèves identiques, un collège en éducation prioritaire, malgré les quelques postes supplémentaires dont il bénéficie, peut avoir une masse salariale inférieure à celle d’un collège de centre-ville. La dépense pour l’accompagnement éducatif (aide aux devoirs notamment) en éducation prioritaire a été chiffrée par la Cour des comptes à 32 millions d’euros pour 1,7 million d’élèves pour 2016. Cela représente une dépense moyenne de 18,80 euros par élève ! Une évaluation réalisée en 2012 indiquait que l’on dépensait 70 millions pour l’accompagnement les élèves de classes préparatoires, sous la forme d’heures d’interrogation (dites heures de colle) pour préparer les concours. Soit 45 fois plus par élève. Qui sont les assistés dans notre pays ?

Une pédagogie centrée sur la réussite de tous

Les moyens financiers sont nécessaires pour passer de la massification réussie à la démocratisation de la réussite, mais c’est la question pédagogique qui est déterminante. C’est sans doute pour cela que la pédagogie est autant combattue et caricaturée par ceux qui ne veulent rien changer. La haine de la pédagogie manifestée par certains est en réalité une façon de s’opposer farouchement à un élargissement de la base sociale de la réussite. Bien sûr, il n’existe pas qu’une seule approche pédagogique pour faire réussir tous les élèves, il existe même des approches pédagogiques néfastes qui en rabattent sur les exigences et qui enferment les élèves dans leur position d’origine. Mais l’on sait que la solidarité et la coopération [13] font plus progresser les élèves que le « chacun pour soi » et la compétition.

Le temps de la scolarité obligatoire est le temps du commun. Un commun exigeant mais bienveillant. Un exemple tiré de la réforme du collège initiée en 2016 permet de comprendre que ce « commun » entre tous les élèves n’est pas accepté par tout le monde, car assimilé à un « nivellement par le bas » et à de « l’égalitarisme ». Quand il s’est agi d’offrir à tous les élèves de collège l’enseignement d’une deuxième langue vivante dès la classe de 5e (et non plus seulement à quelques-uns – 20 % –, essentiellement des enfants de cadres), la réforme a été violemment combattue. Combattue par ceux, quel que soit leur positionnement politique ou syndical d’ailleurs, qui voulaient soit continuer à enseigner dans des classes de niveau, soit scolariser leur enfant dans un parcours qui le protègerait de la fréquentation des enfants de milieu populaire. Le rétablissement en 2017 des classes bi-langues en 6e a rassuré et les uns et les autres. Mais les familles populaires, qui ne sont pas organisées, elles, en groupes de pression, n’ont pas été consultées.

La question des rythmes scolaires constitue un autre exemple de l’absence de prise en compte des besoins et des volontés des milieux populaires dans l’organisation de notre école. Une étude récente du ministère de l’Éducation nationale a montré que les parents les plus favorables à la semaine de quatre jours sont les parents des classes moyennes et favorisées et que, pour la semaine de quatre jours et demi, « les opinions positives l’emportent quand la personne de référence du ménage est ouvrier non qualifié (57 %) ou inactif (65 %) » [14]. Ces familles savent parfaitement que l’intérêt de leurs enfants est d’être à l’école le mercredi matin ou le samedi matin, elles qui n’ont pas les moyens d’accéder au poney-club ou au conservatoire… Mais les milieux populaires ne disposent pas des relais politiques et médiatiques pour peser sur les politiques publiques et ne jouissent donc pas de moyens pour les orienter.

Au fond, une des difficultés rencontrées pour réformer l’école vient du fait que les intérêts particuliers, portés à la conservation d’un système éducatif inégalitaire, se retrouvent sur les deux côtés de l’échiquier politique et s’expriment beaucoup dans les médias, savent se faire entendre, défendent les positions acquises – y compris s’agissant des choix budgétaires – et ont un pouvoir de retardement des réformes, voire de blocage. Peut-on se contenter de souhaiter que la partie de la population française qui a organisé l’école essentiellement pour ses propres enfants comprenne qu’il est dans son intérêt de mieux organiser l’école pour la réussite de tous ? Dans le cas contraire, nous allons au-devant de grandes difficultés. Tant de privilèges, d’un côté, et de scolarités difficiles, d’échecs humiliants, de l’autre, mettent en danger notre pacte républicain. Ceux qui, à tort ou à raison estiment qu’ils n’ont pas accès aux mêmes droits que les autres, auront des difficultés à accepter longtemps d’avoir les mêmes devoirs que les autres.

Jean-Paul Delahaye
Inspecteur général de l’éducation nationale honoraire, ancien directeur général de l’enseignement scolaire, qui élabore la politique éducative et pédagogique et assure la mise en œuvre des programmes d’enseignement des écoles, des collèges, des lycées et des lycées professionnels.

Il était auparavant chargé de mission au cabinet du ministre de l’Education nationale Jack Lang, puis conseiller spécial de Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale (mai 2012).


[1] L’enquête Pisa de l’OCDE évalue tous les trois ans le niveau des élèves âgés de 15 ans, principalement dans le domaine de la lecture, des mathématiques et des sciences.

[2Regards sur l’éducation, OCDE, 2018.

[3] Nous reprenons ici quelques questions que nous posions dans notre rapport Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix de la solidarité pour la réussite de tous, Inspection générale de l’éducation nationale, mai 2015.

[4Les élèves en difficulté : Pourquoi décrochent-ils et comment les aider à réussir ?, OCDE, 10 février 2016.

[5Mixités sociale, scolaire et ethnoculturelle à l’école : quelles politiques pour la réussite de tous les élèves ?, CNESCO, juin 2015.

[6Ibid.

[7Repères et références statistiques, MENESR-DEPP, 2014, p. 98.

[8] « Secteurs multi-collèges à Paris, un outil efficace pour lutter contre la ségrégation sociale ? », Julien Genet, Youssef Souidi, Notes de l’IPP n° 35, Institut des politiques publiques, septembre 2018.

[9] Ensemble des dépenses consacrées à l’éducation, essentiellement par l’État et les collectivités locales. Voir « Dépenses d’éducation : la France un élève médiocre », Louis Maurin, Observatoire des inégalités, 23 novembre 2018.

[10] « Salaires des enseignants », OCDE, 2018

[11Regards sur l’éducation, OCDE, 2014, p. 478 et suivantes.

[12L’éducation prioritaire. Rapport d’évaluation d’une politique publique, Cour des Comptes, 2018.

[13] Voir notamment La construction des inégalités scolaires. Au cœur des politiques et des dispositifs d’enseignement, Jean-Yves Rochex, Jacques Crinon, PUR, 2011.

[14] « Les Organisations du temps scolaire à l’école issues de la réforme de 2013 : quels effets observés ? », Les Dossiers de la Direction de l’évaluation, de la performance et de la prospective (DEPP) n° 207, ministère de l’Éducation nationale, juin 2017, p. 44.

Soupçons d’emplois fictifs autour de Laurent Wauquiez : des perquisitions menées ce lundi

La gauche politicienne encombre-t-elle les tribunaux ?

Des perquisitions ont eu lieu, lundi 27 novembre, dans les bureaux de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à Paris, mais aussi dans ceux de l’association Régions de France, dans le cadre de l’enquête du Parquet national financier (PNF) sur des soupçons d’emplois fictifs de quatre proches du président de région Laurent Wauquiez. Les perquisitions ont été menées dans ces deux endroits « afin de recueillir les éléments relatifs aux prestations de travail de ces quatre agents ». La justice semble braquée sur la droite : le Parquet de Paris, qui dépend du ministère de l’Intérieur,  demande en effet un procès pour 27 personnes, dont Marine Le Pen.

La Région Auvergne-Rhône-Alpes a dit qu’elle se tient « bien évidemment à l’entière disposition de la justice » après avoir « accueilli comme il se doit les enquêteurs afin qu’ils procèdent à tous les actes utiles qui permettront d’établir l’activité des agents de la région injustement mis en cause ». Selon l’institution, « la diligence de la justice permettra rapidement de mettre au jour la réalité des faits. » L’enquête, ouverte à l’automne …2020, après un rapport de la Cour régionale des comptes sur les collaborateurs de Laurent Wauquiez à la région, avait déjà abouti à une perquisition en septembre 2022 au siège de la région.

Bernard Lejeune, 58 ans, conseiller maître à la Cour des comptes, a été nommé par décret du Président de la République en date du 1er mai 2021, président de la CRC AuRA, seconde chambre régionale après celle de l’Ile-de-France. Il a été directeur de cabinet de Vincent Peillon, Benoit Hamon et Najat Vallaud-Belkacem, ministres de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de Hollande: c’est dire que le choix de Macron est bienveillant.

Un signalement de l’opposition

Trois de ces personnes auraient été employées dans les locaux parisiens de la région, tandis que la quatrième l’aurait été au siège de l’association Régions de France. Lors de la divulgation des informations en octobre, Laurent Wauquiez avait évoqué « des informations mensongères, erronées et malhonnêtes ».

Pourtant, selon la cellule investigation de Radio France, au conseil régional, « certains », dans l’opposition, se seraient étonnés d’un poste qui « ne figurait dans aucun organigramme ».

La Région Auvergne-Rhône-Alpes a dit se tenir « bien évidemment à l’entière disposition de la justice » après avoir « accueilli comme il se doit les enquêteurs afin qu’ils procèdent à tous les actes utiles qui permettront d’établir l’activité des agents de la région injustement mis en cause ». Selon l’institution, « la diligence de la justice permettra rapidement de mettre au jour la réalité des faits. » L’enquête, ouverte à l’automne 2020, après un rapport de la Cour régionale des comptes sur les collaborateurs de Laurent Wauquiez à la région, avait déjà abouti à une perquisition en septembre 2022 au siège de la région.

Un signalement de l’opposition

Trois de ces personnes auraient été employées dans les locaux parisiens de la région, tandis que la quatrième l’aurait été au siège de l’association Régions de France. Lors de la divulgation des informations en octobre, Laurent Wauquiez avait évoqué « des informations mensongères, erronées et malhonnêtes ». Pourtant, selon la cellule investigation de Radio France, au sein même du conseil régional, certains se seraient étonnés d’un poste qui « ne figurait dans aucun organigramme ».

La suite après cette publicité

L’opposition régionale avait de son côté critiqué l’usage, jugé irrégulier, des moyens de la région par Laurent Wauquiez, et avait signalé les faits au parquet de Lyon qui a transmis le signalement au PNF.

«Ma lettre aux parents français», par Eric Zemmour

«D’innombrables parents d’élèves me confient leurs angoisses face à l’enseignement destructeur imposé à leurs enfants » (Eric Zemmour)

Pap Nidiaye, visiblement satisfait et sournois

Dans une lettre ouverte adressée aux parents d’élèves, le candidat aux élections législatives, dans la 4e circonscription du Var, et chef du parti Reconquête!, Eric Zemmour s’inquiète de la nomination du nouveau ministre de l’Education nationale et, plus largement, de «l’enseignement destructeur imposé» aux enfants.

En fin d’après-midi, votre enfant rentre de l’école. Vous lui demandez ce qu’il a appris pendant la journée. Et voici ce qu’il vous répond…

«J’ai appris que la France est un pays raciste, colonialiste et islamophobe. C’est un pays qui était autrefois dirigé par des rois catholiques qui étaient des dictateurs. Heureusement, la Révolution leur a coupé la tête. Mais, depuis, les réactionnaires et les extrêmes tentent d’empêcher le progrès. J’ai appris que la chasse, la consommation de viande et toutes les traditions paysannes doivent être interdites pour être remplacées par des éoliennes. J’ai appris que la prospérité est une mauvaise chose, et qu’il faut abolir le commerce pour sauver la planète. J’ai appris que les riches sont coupables de tout. La France est un pays où les patrons réduisent leurs salariés en esclavage. J’ai appris que l’islam est autant une religion française que le christianisme, et que ce sont les parents des immigrés qui se sont battus pour la France en 1914 et l’ont reconstruite après 1945. J’ai appris que les femmes sont les victimes des hommes, qui sont tous des violeurs. J’ai aussi appris que je peux changer de sexe si je veux, parce qu’on ne naît ni fille, ni garçon.»

Vous savez que j’exagère à peine, hélas ! L’enfant que je vous décris, c’est parfois votre enfant. Il croit à toutes ces folies depuis que les idéologues de gauche ont pris le pouvoir dans l’Education nationale il y a trente ans. Il y croira encore davantage avec la nomination de Pap Ndiaye au poste de ministre de l’Education nationale.

Disons les choses clairement: l’enfant, le vrai, est apolitique. Dieu merci, il s’occupe de sujets enfantins, et il laisse les grands débats aux grandes personnes. Mais cet enfant-là, le vôtre, la gauche n’en veut pas. Elle veut des enfants politisés, robotisés, fanatisés, de petits révolutionnaires comme il y en eut sous tous les régimes totalitaires, aux cerveaux lavés par l’idéologie, des enfants pessimistes, revanchards, prêts à dénoncer leurs parents s’ils ne se soumettent pas à la pensée obligatoire. La gauche veut que vos enfants soient des militants de gauche, voire même d’extrême gauche, des militants antiracistes, immigrationnistes, des écologistes radicaux, «gender fluid» et furieusement anti-Français. Si vos enfants deviennent tout cela, ils ne seront plus vos enfants, et ils ne seront plus des enfants.

D’innombrables parents d’élèves me confient leurs angoisses face à l’enseignement destructeur imposé à leurs enfants. Cette éducation destructrice ne s’opère pas seulement à votre insu: elle se déploie également en opposition à votre famille tout entière, car la gauche hait les liens traditionnels, et elle hait par-dessus tout le plus profond, le plus beau, le plus indispensable de tous: le lien parental et filial. C’est donc à la fois contre votre enfant, contre vous, et contre les relations qui vous unissent, qu’elle mène une lutte sans pitié. La classe politique laisse faire. Pire: dans son immense majorité, elle applaudit et elle encourage cet endoctrinement de ce que vous avez de plus cher, la prunelle de vos yeux, la chair de votre chair, votre raison de vivre, de travailler et d’espérer: vos enfants. En s’attaquant à leurs âmes, elle s’attaque aux vôtres.

Les deux architectes de cette vaste démolition [après Vincent Peillon (La Révolution française n’est pas terminée et la théorie du genre, dans la lignée de Durkheim et de Simone de Beauvoir pour qui « on ne naît pas femme : on le devient », citation extraite de ‘Le Deuxième sexe’, essai philosophique publié en 1949) ou Najat Vallaud-Belkacem (L’ABCD de l’égalité] sont aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Le premier est pressé, il veut tout détruire. Le second est un peu plus patient, il déconstruit. Mais les deux utilisent la même technique: lobotomiser l’enfance française. La nomination de Pap Ndiaye au poste de ministre de l’Education nationale en est une preuve terrible. Cet idéologue ne fera aucune concession à vos idées, votre histoire personnelle et nationale. Il va injecter à vos enfants une dose massive de délires gauchistes. Et ne croyez pas que vous réussirez aisément à faire barrage à ce scandale: pendant leur scolarité, les enfants passent bien plus de temps avec leurs professeurs qu’avec leurs parents. Les dégâts psychologiques, culturels et anthropologiques peuvent être irréparables. Vous ne pouvez pas laisser faire. Vous ne devez pas laisser faire. Refusez en bloc, sans la moindre, négociation, sans jamais reculer d’un pas, que votre descendance descende dans ces enfers.

Comme faire ? Comment résister ? Comment se lever et tenir bon, face à ce tsunami de mensonges déguisés en savoir ? Si je suis élu, ma première proposition de loi visera à interdire l’accès de nos écoles à ces idéologues [via certaines associations, notamment]. Alors, votez pour la vérité. Votez pour vous et pour vos enfants. Les 550 candidats de Reconquête sont les seuls à livrer cette bataille en votre nom, dans cette campagne électorale, et bientôt à l’Assemblée. Vous pouvez compter sur notre indépendance d’esprit, notre insolence, notre colère et notre espérance, pour porter haut et fort votre exigence de respect. Nous incarnerons votre combativité. Nous serons les avocats de vos enfants. Nous monterons en première ligne, pendant les cinq années de notre mandat, pour libérer vos fils et vos filles des griffes de la gauche.

Présidentielle 2022 : les programmes des candidats font une place à l’islam

Tous ne sont pas séparatistes, mais…

La charte de la laïcité a été publiée le 9 septembre 2013 par le ministre de l’Education nationale, le socialiste Vincent Peillon.

Sur la place de l’islam, les candidats à la présidentielle s’opposent sur des principes. Mais aussi sur la sémantique: musulman, islamiste, islamiste radical, islamiste séparatiste, terroriste, etc. Sur la lutte contre l’islamisme, c’est une question de degré.

A grands coups de phrases-chocs sur le « grand remplacement », les prénoms arabes ou les musulmans, invités à choisir entre la France et leur religion, Eric Zemmour a fait de l’islam un sujet phare de la campagne présidentielle, dès l’automne 2021. Pour l’essayiste, cette religion est incompatible avec la République car elle est à la fois « une foi et un projet juridico-politique » qui l’oblige à se constituer en « contre-société » soumise au Coran, contre les lois de la République et à la charia. Condamné en 2019 pour « provocation à la haine religieuse », le candidat de Reconquête ! décline donc un programme radical : interdictions du port du voile et de mosquées radicalisées ou mise en place d’un « strict contrôle des imams ». Autant de pratiques qui sont contraires à la loi de 1905 sur la laïcité et qui irritent et agressent la population européenne majoritairement hostile à la radicalité des prosélytes, séparatistes et conquérants.

Quelles que soient les critiques fustigeant la détermination du journaliste, la place de l’islam est devenue depuis des années un marqueur politique qui se vérifie avec cette campagne présidentielle. Une succession de lois, celle de 2004 sur les signes religieux à l’école, celle de 2010 sur la dissimulation du visage et celle de 2021 contre le séparatisme, n’a pas mis un terme à deux problématiques qui se chevauchent sans se confondre : celle de l’intégration de cette religion dominatrice dans le cadre républicain et le paysage culturel, et celle de la lutte contre le radicalisme islamiste. Sur le premier sujet, le clivage droite-gauche est net, reposant sur de profonds désaccords. Sur le second, il s’agit surtout d’une différence de degré dans la réponse à apporter.

Valérie Pécresse veut interdire le « voile forcé » comme le burkini et le revoi des délinquants

Présidentielle 2022 : place de l’islam, les programmes des candidats à la loupe

Concernant la place de l’islam, le Rassemblement national et une partie de la droite s’en tiennent au modèle classique d’assimilation pour opposer un refus catégorique aux provocations des activistes musulmans fanatiques et politisés. En particulier le port du voile, qui est interprété d’abord comme un instrument politique de réseaux fondamentalistes pour tester la République. « J’interdirai le port du voile forcé, le port du voile pour les accompagnatrices scolaires, assure Valérie Pécresse, et le port du burkini dans tous les espaces de baignade. » Le voile est pour elle, comme pour tous les républicains et laïcs, une pratique contraire à l’égalité des sexes en même temps qu’un symbole de différence. C’est « la pire chose que l’on puisse faire en 2022 à une femme en termes de liberté », affirmait la candidate RN en février sur LCI.

Marine Le Pen n‘est pas comme la candidate LR une convertie de fraîche date à la fermeté et propose de l’interdire sur la voie publique. Elle renvoie à la proposition de loi qu’elle a déposée en janvier 2021. Le texte vise notamment à proscrire « les signes ou tenues constituant par eux-mêmes une affirmation sans équivoque et ostentatoire » des idéologies islamistes.

Une stigmatisation de l’islam

A l’autre bout de l’échiquier politique, la gauche révolutionnaire, anticapitaliste et islamo-gauchiste, dénonce depuis des années toute intransigeance face à cette religion étrangère à notre Histoire. Les programmes des candidats communiste, Fabien Roussel, et La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ne mentionnent pas les mots « islam » ou « islamisme ». Fabien Roussel amalgame, au pluriel, « les intégrismes » qui entendent faire prévaloir leurs préceptes sur la loi commune. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il estime que la laïcité « ne doit jamais servir à montrer du doigt les croyants d’une religion, comme, dans la période récente, cela a été fait contre les musulmans », ce qui en fait ke candidat du vote musulman. Lors des débats sur le projet de loi séparatisme, les députés LFI – ils ont voté contre le texte – se sont fermement opposés à l’opposition de droite, qui a tenté de durcir le projet de la majorité avec maints amendements contre le port du voile.

Cette loi ambitionne d’etablir un équilibre que Macron avait ébauché lors de son discours des Mureaux, en octobre 2020. Le président avait clairement annoncé son intention d’« isoler le problème, celui de l’islamisme radical », comme si la ligne de démarquation entre l’islam radical et l’islam modéré n’était pas floue. Celui qui déclarait, en 2019, que « le port du voile, ce n’est pas mon affaire », rejette l’amalgame entre islamisme et islam. Jeudi 17 mars, lors de la présentation de son programme présidentiel, Macron a balayé d’une petite phrase le sujet, en renvoyant au discours des Mureaux. Signe que selon lui, l’enjeu d’un second quinquennat, s’il est réélu, ne sera pas de légiférer une nouvelle fois, mais de mettre en application la loi séparatisme et de faire aboutir la construction de l’islam de France. Chantier institutionnel sur lequel il n’a, pour l’instant, pas plus réussi que ses prédécesseurs. Et pas davantage que sur le dossier des retraites.

Le « combat de civilisation » de Marine Le Pen

Le deuxième sujet concerne le terrorisme islamiste, qui aura encore marqué le quinquennat, notamment avec l’assassinat du professeur Samuel Paty. Sur le fond, tous les candidats sont d’accord sur le fait de lutter contre cette menace. A gauche, Mélenchon promet cependant « une politique antiterroriste rationnelle » qui reviendrait sur « toutes les dispositions liberticides qui ont instauré un état d’urgence permanent », tandis que l’écologiste Yannick Jadot s’engage, sans préciser comment, à lutter « efficacement contre la radicalisation et le terrorisme ». Les mentions de la rationalité et de l’efficacité signifient que, pour ces deux candidats de gauche radicale, le quinquennat Macron serait allé trop loin avec de simples mesures purement symboliques ou d’affichages dans les diverses lois de sécurité ou sur le séparatisme.

Les droites fs’accordent sur une analyse inverse. Pour lutter contre le terrorisme, l’actuelle majorité n’est pas allée assez loin dans la maîtrise de l’islam.

Valérie Pécresse fermera « toute mosquée où un prédicateur tient un discours hostile à la France et aux valeurs de la République ». Formulation claire pour les juristes. Elle s’engage aussi à mettre en place « des mesures de rétention pour maintenir enfermés les terroristes radicalisés à l’issue de leurs peines de prison ». Elle veillerait aussi au retour au pays des délinquants en situation irrégulière.

Marine Le Pen observe que « l’islamisme (…) et le terrorisme djihadiste poursuivent les mêmes buts » et veut, comme Zemmour, mener « un combat de civilisation ». Elle prévoit notamment « l’interdiction de la publication des écrits » diffusant l’idéologie islamiste ou de « retirer la nationalité française aux individus qui l’avaient acquise s’ils manifestent ou diffusent l’idéologie islamiste ».

Les propositions de l’une comme de l’autre supposent une mise en adéquation des textes et conventions obsolètes inappropriés à notre époque de flux migratoires massifs et incontrolés. Le Conseil constitutionnel qui vérifie la constitutionnalité des lois a dû censurer en 2020 un projet de loi instaurant des peines de sûreté. Valérie Pécresse se dit donc prête sur ce point à « changer la Constitution ».

Pédophilie: BFM entre dans le dur de l’affaire Louvin

Un couple homosexuel peut adopter…

Le directeur général de BFMTV, 
Marc-Olivier Fogiel, est marié à François Roelants et ils sont les papas de deux enfants par GPA

La chaîne privée ne se retient pas: elle diffuse le témoignage de deux victimes présumées

Alors que Gérard Louvin et son mari Daniel Moyne sont accusés de « violences sexuelles« , deux des victimes présumées du couple, parmi lesquelles Olivier, le neveu du producteur, en tant que fils de sa soeur, ont accordé un long entretien à BFMTV. Ils y livrent des témoignages sans langue de bois.

La théorie du genre et l’ABCD de l’égalité dans les écoles maternelles et primaires, grâce aux socialistes Peillon et Vallaud-Belkacem

En janvier dernier, Le Monde révélait que Gérard Louvin et son mari Daniel Moyne font l’objet d’une plainte pour « viols sur mineur de moins de 15 ans par ascendant » (inceste), « complicité de viols sur mineur de moins de 15 ans par ascendant » et « corruption de mineur » par le neveu du producteur. Pédophilie et inceste: le second enfant a été adopté, mais le service d’Aide sociale à l’enfance (ASE), qui a délivré l’agrément, n’est pas tracassé. 

A cette plainte s’en sont ajoutées quatre nouvelles, également pour « violences sexuelles sur mineur« . Des accusations vivement contestées par le couple homosexuel. BFM TV a donné la parole à deux des victimes présumées, parmi lesquelles Olivier A., le neveu du couple (fils d’une sœur de Louvin) à l’origine de la première plainte.

Un portrait effroyable du couple

Dans un long entretien accordé à Cécile Ollivier, du service police/justice de la chaîne d’info en continu de Patrick Drahi, Olivier A., aujourd’hui âgé de 48 ans, a détaillé les actes dont il accuse Daniel Moyne et dont Gérard Louvin aurait été complice.

« Gérard m’a donné en pâture à son mari dès l’âge de 11 ans« , a-t-il déclaré. Il affirme également avoir « été rabatteur à l’âge de 12 ans« , en invitant « des copains du village où [il] vivait« . Parmi les trois camarades qu’il a amenés chez son oncle, l’un serait « devenu ‘l’objet’ de Gérard« , selon lui. « J’agis avec le sourire à cet âge-là. Mais en moi, il y a un truc qui ne va pas« , a-t-il ponctué dans l’extrait diffusé sur la chaîne ce jeudi 11 mars.

« Gérard m’a donné en pâture à son mari dès l’âge de 11 ans« , a-t-il déclaré. Il affirme également avoir « été rabatteur à l’âge de 12 ans« , en invitant « des copains du village où [il] vivait« . Parmi les trois camarades qu’il a amenés chez son oncle, l’un serait « devenu ‘l’objet’ de Gérard« , selon lui. « J’agis avec le sourire à cet âge-là. Mais en moi, il y a un truc qui ne va pas« , a-t-il ponctué dans l’extrait diffusé sur la chaîne ce jeudi 11 mars.

Un récit terrible, que la journaliste Cécile Ollivier a complété par d’autres propos tenus par Olivier A.

Le quadragénaire accuse Daniel Moyne de l’avoir fait « participer à des orgies avec cinq-six hommes lorsqu’il avait 14 ans« .

« Vous vous sentez sale, vous vous sentez humilié« 

S’y ajoutent un autre témoignage, d’un certain Olivier, 55 ans aujourd’hui, qui accuse Daniel Moyne d’avoir abusé de lui lorsqu’il avait 18 ans. « Vous vous sentez sale, vous vous sentez humilié, vous vous sentez… rien« , a-t-il déclaré, très ému, après son récit.

Olivier révèle une phrase qu’aurait prononcée Daniel Moyne à l’époque. « Il a eu cette espèce de fierté de me dire qu’il sortait avec un garçon de 14 ans, mais d’un air de dire : ‘Toi, ça y est, tu n’es plus à consommer' », a avancé Olivier.

Des récits « lourds« , pour citer les journalistes en plateau, qui sont restés muets de longues secondes après les avoir entendus.

Des faits prescrits ?

Gérard Louvin et Daniel Moyne, contactés par BFM TV, disent contester « complètements » ces accusations. Daniel Moyne affirme n’avoir « jamais rencontré » Olivier, le plaignant témoignant dans le second entretien. Le couple précise avoir déposé plainte pour « chantage » contre le neveu de Gérard Louvin.

Enfin, Gérard Louvin et Daniel Moyne disent qu’une enquête sur les faits énoncés par leur neveu aurait déjà eu lieu en 2015 et qu’elle aurait été classée sans suite. Une information vérifiée par BFM TV auprès du Parquet de Paris, qui précise tout de même que l’enquête a été classée sans suite car les faits sont prescrits.

Le livret à 5,9% vient d'arriver en France