La procureure réclamait deux ans de prison…
Ce chauffard de 23 ans – sous bracelet électronique depuis un jugement dans une affaire de go-fast – est poursuivi pour avoir renversé un policier dans un refus d’obtempérer, le 15 novembre dernier à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines). A quelques mètres de lui, le fonctionnaire de police suit les débats, la jambe gauche dans une attelle, deux béquilles posées sur une chaise. Son collègue, en tenue, est présent à l’audience, mais n’a pas été blessé.
L’affaire intervient dans un contexte national tendu : la presse la contextualise, mentionnant Nahel mort à Nanterre en juin dernier pour avoir refusé d’obtempérer à un contrôle policier pour lequel le fonctionnaire de police a été détenu quatre mois pour satisfaire les quartiers, en attendant son jugement.
Ce vendredi soir, le juge rappelle les faits. Ce mercredi, ce « jeune employé de supermarché » prend sa voiture pour « rendre visite à sa mère« , à Magny-les-Hameaux: un bon petit de 23 ans sans permis qui a tenté de prendre la fuite. En chemin, il est contrôlé par les policiers, pour un motif non mentionné. Le contrôle se termine mal. « A un moment, il y a eu une incompréhension avec le policier. J’ai lâché la pédale de frein et sous l’effet de la panique, la voiture est partie », dit le prévenu. La voiture a paniqué…
L’un des deux fonctionnaires est traîné sur une dizaine de mètres. Son collègue tire dans les pneus pour stopper la Clio folle. « De le voir attaché au véhicule et traîné, c’était insoutenable », confie ce jeune agent à l’origine des coups de feu.
Le fuyard plaide un « emballement » de Clio
La presse s’étonne des questions des magistrats sur le modèle de voiture, la nature du frein à main… mais comprend finalement : les débats portent sur l’intentionnalité de la fuite. Le fuyard plaide un « emballement de la voiture » à la suite d’une mauvaise manœuvre. Ce n’est pas qu’une discussion technique : dans de nombreuses affaires de refus d’obtempérer, cette stratégie de défense est souvent adoptée.
Mais pour qu’il y ait mauvaise manœuvre, il faut que le moteur soit resté allumé durant toute la durée du contrôle. « Vous n’avez pas arrêté le véhicule, demande le président. Pendant tout le contrôle, vous gardez le pied sur le frein ? », demande le président. « Oui », répond-il faiblement.En l’entendant, les policiers secouent la tête, dépités, puis sourient devant les explications du prévenu qui se perd en propos confus.
Frédéric Landon, l’ancien bâtonnier de Versailles, une pointure du barreau, défend l’accusé bénévolement, pour la pub. Il rappelle qu’une vidéo des faits existe « mais elle n’a pas été exploitée par les enquêteurs ». L’avocat dénonce aussi le « populisme » autour des affaires de ce type. Son client – un jeune condamné pour trafic de drogue – s’en sort avec huit mois de prison avec sursis. La procureure réclamait deux ans de prison.