Le protocole sanitaire à l’école dégomme Blanquer

« Bricolage », « honte », « humiliation »…: l’opposition déboulonne le ministre de Macron

Blanquer combat le variant,
de l’intérieur

Le ministre de l’Education nationale est déstabilisé par sa gestion de l’épidémie de Covid-19 dans les établissements scolaires, au point de déclencher un appel à la grève lancé pour ce jeudi 13 par des syndicats d’enseignants.

Elle sera massive, mais les entreprises commerciales de sondages persistent à placer Macron en tête des intentions de vote à cent jours de la présidentielle.

Les mots sont sans langue de bois, mardi 11 janvier, à la sortie de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, « organise le chaos à l’école », affirme par exemple Fabien Roussel, mardi 11 janvier, à la sortie de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Pour le candidat communiste à l’élection présidentielle, la rentrée scolaire de janvier se caractérise par « de l’impréparation » et « du bricolage. C’est la honte ».

L’immense majorité du personnel scolaire est remontée comme un coucou : 75% de grévistes sont annoncés dans l’Education nationale et la moitié des écoles devrait être fermées jeudi. Des syndicats enseignants appellent en effet à la grève, pour protester contre la gestion de l’épidémie de Covid-19 à l’école. La députée socialiste Valérie Rabault estime même qu’il faut s’attendre à une mobilisation jamais vue depuis Mai-68.  

Des critiques pleuvent de gauche comme de droite 

Dans les rangs de la majorité, les godillots restent fermés à la saturation du monde scolaire, comme le député de l’Eure Bruno Questel LREM« Le droit de grève est un droit constitutionnel. Il faut le respecter, quel que soit le calendrier. Je ne porterai pas de jugement d’opportunité, même si j’ai ma petite idée. » La grève de ce jeudi 13 janvier risque en tout cas de fragiliser davantage le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Et son message aux grévistes, mardi (« On ne fait pas une grève contre un virus »),  n’est pas forcément la meilleure façon de s’épargner les critiques. 

A droite, la vice-présidente Les Républicains de l’Assemblée nationale, Annie Genevard, souligne que « force est de constater que l’organisation de la rentrée s’est révélée catastrophique ».

Pour le chef de file des députés LR, Damien Abad« c’est une humiliation pour monsieur Blanquer que d’avoir été désavoué en direct par le Premier ministre sur le protocole sanitaire, qui avait été mis en place 24 heures avant la rentrée. »  Et par le biais de la presse, dans un article… payant !

Face au casse-tête créé par son ministre (le choix de Brigitte Macron, une ex-prof très cool) et ancien recteur d’académie, alors que la grogne montait, Jean Castex a dû en effet annoncer un allègement des règles sanitaires à l’école, sous la pression populaire, quatre jours plus tard, lundi au journal télévisé de 20 heures de France 2.

Certains élus d’opposition à réclament la démission de Jean-Michel Blanquer. « Si vous voulez regagner un peu de crédibilité, ce serait le moment de s’en aller, je pense », dit par exemple le député La France insoumise Ugo Bernalicis. « Enfin, ils sont quand même capables d’en trouver un autre qui soit pire », ironise-t-il. 

Covid-19 : Véran se décide à mettre la campagne de vaccination en marche

L’arrogant Véran fait volte-face après trois semaines d’entêtement criminel

Qui fera le compte des victimes de la stratégie de la lenteur du précautionneux Macron?

L’exécutif ouvre le vaccin à des oubliés, des pompiers et aides à domicile, et va enfin créer des listes d’inscription et des centres de vaccination, sur le modèle des pays voisins… Le ministre de la Santé a dévoilé une batterie de mesures.

Sous le feu de la critique générale, la campagne de vaccination anti-Covid-19 pourrait s’accélérer radicalement dans les prochaines semaines. La vaccination des personnes âgées de 75 ans et plus qui ne sont pas hébergées en Ehpad sera autorisée avant la fin du mois de janvier, a annoncé Olivier Véran-tanplan, interrogé ce mardi par RTL. « Ça fait 5 millions de personnes », a précisé le ministre de la Santé, sans préciser combien de temps il faudra, en l’état de la logistique actuelle, pour protéger nos aînés. Il a également annoncé l’élargissement aux pompiers et aides à domicile de plus de 50 ans de la campagne de vaccination, pour le moment réservée aux résidents des Ehpad et aux soignants d’au moins 50 ans.

« Avant la fin du mois de janvier [d’ici trois semaines supplémentaires], nous autoriserons la vaccination des personnes âgées de 75 ans et plus qui ne sont pas en établissement, qui sont en ville, à la maison », a promis Vérantanplan, disant vouloir « amplifier, accélérer, simplifier » la vaccination

Par ailleurs, le gouvernement va permettre « dans les prochains jours » – flou et incertitude – aux Français qui souhaitent être vaccinés de s’inscrire pour prendre rendez-vous, a également indiqué Olivier Véran. Cette inscription se fera « sur Internet, par téléphone sans doute, et pourquoi pas par l’application TousAntiCovid », a-t-il précisé.

Macron et Véran vont « amplifier les commandes » incessamment sous peu

Aveu de défaut d’anticipation, Vérantanplan a avoué:« Je vais également amplifier les commandes au niveau européen de vaccins (quel sera le délai d’acheminement, ajouté au délai de livraison ?) pour pouvoir augmenter le rythme et l’intensité de livraison des dotations pour la France et pour l’Europe », ce qu’il n’est toujours pas en mesure d’assurer actuellement, a-t-il laissé entendre. « Le rythme de croisière de la vaccination » en France va « rejoindre celui de nos voisins dans les prochains jours », a-t-il promis. Sauf que le rythme de nos voisins n’est pas celui d’une « promenade en famille », métaphore jupitérienne, mais d’un pas de charge. « On a dépassé les 2.000 vaccinations hier, d’ici jeudi, on va augmenter encore de façon très importante – flou artistique et absence d’objectif – , on va être sur une courbe exponentielle – en mathématiques, l’exposant est variable ou inconnu  », a-t-il dit. Selon lui, ce chiffre aurait été multiplié « par 50 » – ce qui veut suggère qu’on part de très bas – par rapport à la semaine dernière, il reste très en dessous d’autres grands pays voisins comparables , comme l’Allemagne – où ils en sont à 500.000 vaccinés, quand nous en sommes à 500) ou le Royaume-Uni – où ils avaient vacciné près de 950.000 personnes il y a quatre jours). Ce qui justifie des critiques nourries et des manifestations pressantes d’inquiétude et de colère depuis une semaine, qui pousse l’exécutif à annoncer une accélération.

La presse colporte l’élément de langage élyséen selon lequel Macron serait irrité par les lenteurs qu’il assumait au départ, revendiquant une « stratégie de la progressivité« , méthode des petits pas qui suscita de la méfiance, suite à la pénurie de masques ou de respirateurs de réanimation du premier semestre 2020. S’il croyait « en même temps » se créer l’image d’un président responsable et prudent, soucieux de la santé des Français, il a produit l’effet inverse: s’il faut être prudent, c’est que nul ne sait si le vaccin est sûr.

D’ici mercredi après-midi, « nous aurons cumulé au total un million de doses » disponibles, a affirmé Olivier Véran, 40 ans : quelle mouche l’a donc piqué soudain, mais non inoculé, puisqu’il se refuse à donner l’exemple en recevant sa première injection sous les caméras . En revanche, le Pr Philippe Juvin croit au pouvoir d’exemplarité et, à 56 ans, fait ce qu’il faut pour entraîner l’adhésion des indécis :

« Aujourd’hui, nous avons un rythme de livraison de 500.000 doses par semaine de Pfizer, » raconte Vérantanplan. Mais quand elles existent et qu’elles sont livrées (les 19.500 premières doses du vaccin Pfizer-BioNTech sont arrivées en France le samedi 26 décembre), les centres de vaccinations sont trop tares – et les 19.500 doses ont-elles pu être acheminées dans les quelques centres hospitaliers équipés des réfrigérateur homologués: quatre viennent tout juste d’ouvrir pour toute la Bretagne.

« Nous aurons bientôt, s’il est validé mercredi par l’EMA (Agence européenne du médicament), 500.000 doses de Moderna par mois. » Selon le ministre, 100 centres de vaccination destinés à la ville « en plus des hôpitaux » seront développés cette semaine, 300 la semaine prochaine et 500 à 600 d’ici fin janvier.

Jeudi 31 décembre, Véran promettait que des centres de vaccination contre le Covid-19 dans les villes allaient ouvrir avant le début du mois de.. février. « Avant le début février, de premiers centres de vaccination ouvriront en ville, pour commencer à vacciner les personnes âgées de 75 ans et plus, puis les 65 ans et plus, etc.« , avait-il déclaré sur Twitter, confirmant un défaut gouvernemental de préparation de la campagne de vaccination, quinze jours après son lancement en Allemagne.

Le protocole vaccinal actuel, avec consentement et rétractation, un parcours du combattant

Le saucissonnage de la population en plusieurs tranches (résidants d’Ehpad, puis personnes âgées de plus de 75 ans, puis personnel soignant et ensuite le reste de la population) date, lui, d’un avis, publié fin novembre. Tirant les leçons de l’échec de la vaccination contre le H1N1 en 2009, Elisabet Bouvet, la présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS, suggère que les médecins généralistes soient les «promoteurs» de la campagne de vaccination contre la Covid-19, «ce qui n’empêche pas que d’autres intervenants de terrain», comme les infirmiers et les pharmaciens, «puissent vacciner» aussi.

Evoquant un «climat d’incertitude inédit» créé par la pandémie (ou les errements du pouvoir), le Comité national consultatif d’éthique (CCNE) en remet une couche juste avant les vacances de fin d’année : son avis comporte 21 fois le mot «consentement» et souligne l’ampleur de la tâche dans les Ehpad, notamment auprès des personnes âgées souffrant de troubles psychiques. Le CCNE invite à «prendre en compte la diversité des points de vue sur la vaccination» et à «réexaminer constamment» les décisions prises «au vu des nouvelles connaissances»Il est alors question d’un rendez-vous chez son généraliste pour établir le consentement, ainsi qu’un délai de cinq jours avant d’effectuer la première inoculation. Ce que les oppositions, de droite comme de gauche, ont rebaptisé le délai de rétractation et qu’ils veulent supprimer.

Ce sont ces recommandations que l’Académie nationale de médecine a attaquées frontalement dans un avis publié jeudi craignant que ces «précautions excessives», initialement «adoptées pour rassurer une opinion publique gagnée par l’hésitation», ne suscitent «a contrario une incompréhension croissante vis-à-vis d’une campagne dont le coup d’envoi semble manquer de détermination».

L’opposition a joué son rôle de stimulus d’un pouvoir inerte

Elle a pressé le gouvernement d’abandonner sa stratégie de vaccination trop prudente et trop lente. Dans des propos rapportés par le JDD, le président Macron a fini par rétropédaler, refusant d’assumer son pouvoir jupitérien et critiquant sa propre doctrine des petits pas, qualifiant sa campagne – à peine embrayée le 27 décembre – de « rythme de promenade en famille »

Le premier adjoint socialiste de la maire Hidalgo a appelé Macron à se bouger.

LIEN PaSiDupes

Un « scandale d’Etat », a estimé lundi le président de la région Grand Est, Jean Rottner (LR)

LIEN PaSiDupes

De son côté, ne se satisfaisant pas d’un « allègement du protocole de vaccination », le patron des députés LR, Damien Abad, a demandé un nouveau débat au Parlement, cette fois « avec un vote ». Au centre des critiques, notamment, la consultation destinée à recueillir le consentement plusieurs jours avant la vaccination, accusée de ralentir le processus. « Nous allons simplifier cette consultation », a assuré Olivier Véran, selon qui « il n’a jamais été écrit nulle part qu’il faut une consultation cinq jours avant ».

Le ministre de la Santé précisera le détail des nouvelles dispositions jeudi 7 janvier, lors de la conférence de presse prévue par le gouvernement. On en sera à quatre semaines après l’Allemagne. Dispositions actuelles de la HAS

La « stratégie » de vaccination de Macron, un « scandale d’Etat » dénoncé par Jean Rottner

Les vaccins administrés en une semaine se comptent par centaines seulement, sur les doigts d’une seule main.

Le président de la région Grand Est s’indigne de la lenteur de la campagne de vaccination et dénonce « un scandale d’Etat ». « Je considère qu’aujourd’hui on est face à un scandale d’Etat », a déclaré Jean Rottner, membre du parti Les Républicains, interrogé ce matin sur France 2, à propos de la stratégie du gouvernement en matière de vaccination.


« On poursuit une politique qui a fait la preuve de son échec par le passé: les masques, les tests, aujourd’hui la vaccination« , a-t-il ajouté, montrant du doigt « une forme d’impréparation, d’irresponsabilité« .

Face aux doutes de certains Français sur la vaccination, « ils ont un gouvernement qui fait l’éloge de la lenteur à certains moments et depuis hier, hyper-accélère », a déclaré le président de la région Grand Est, médecin de formation et qui s’est fait particulièrement entendre depuis le début de la pandémie.


« Se faire vacciner devient plus compliqué que d’acheter une voiture »

L’objectif du président de Région est d’avoir « des morts en moins et des gens qui souffrent en moins ». Or, « on se moque de nous. Aujourd’hui se faire vacciner, cela devient plus compliqué que d’acheter une voiture », a-t-il dénoncé. 

« Il faut que les choses s’accélèrent, être extrêmement transparents vis-à-vis des Français », a réclamé Jean Rottner, demandant « officiellement » que les collectivités locales puissent, « une fois les stocks européens écoulés, être à l’origine de commandes de vaccins » et que soit permis « à tous les professionnels de santé de vacciner »

« Les Français ont besoin de clarté, de messages sûrs, d’un gouvernement qui sait où il va et il ne donne pas cette impression là », a encore déclaré le président de la région Grand Est.

Pour faire face à des chiffres épidémiologiques inquiétants dans l’Est du pays notamment, le couvre-feu a été renforcé depuis samedi dans 15 départements. Environ six millions de Français ne peuvent plus sortir de chez eux après 18 heures dans la partie Est du pays, sauf dérogations. 

Une stratégie molle de vaccination lente 

L’exécutif français est unanimement critiqué pour une trop grande lenteur dans la campagne de vaccination, notamment par rapport à l’Allemagne voisine, mais aussi le Royaume-Uni, voire même la Pologne. Au 1er janvier, seules 516 personnes avaient été vaccinées dans le pays, se félicité le ministre de la Santé, bien que le coronavirus ait déjà fait plus de 65 000 morts.  

« On ne peut pas envisager de rester sur ce rythme. Les calculs laissent envisager qu’il faudrait 3.000 ans pour être vaccinés », avait regretté professeur Bruno Megarbane, chef du service de réanimation médicale et toxicologique de l’hôpital Lariboisière à Paris, sur BFMTV.

Lors de ses traditionnels vœux de fin d’année aux Français, Macron avait promis qu’il ne laisserait pas une « lenteur injustifiée s’installer ».