Commando Extinction Rebellion contre Arkema

Désobéissance civile ou saccage vertueux ?

 Désobéissance civile non violente ?

300 à 400 militants d’Extinction Rebellion et de Youth for Climate ont envahi le site du groupe de chimie Arkema à Pierre-Bénite dans le Rhône au sud de Lyon, samedi 2 mars. Une journée « portes entr’ouvertes » pour dénoncer la pollution aux polluants éternels du groupe chimique. Huit casseurs ont été interpellés.

Ces activistes anti-capitalistes manifestaient contre la pollution aux perfluorés (PFAS), ces polluants quasi indestructibles qu’on qualifie d’« éternels ».

Plusieurs centaines de militants se sont introduits ce samedi sur le site du groupe de chimie Arkema à Pierre-Bénite, dans le Rhône. Membres d’Extinction Rebellion et de Youth for Climate, ils ont dénoncé la pollution aux perfluorés (PFAS, per- and polyfluoroalkyl substances), ces polluants quasi indestructibles qu’on qualifie d’« éternels ».

Ils ont sectionné les grillages autour du site, puis ont déployé des banderoles affichant une tête de mort et le mot « poison ». Ils ont tagué les murs de messages tels que : « Arkema nous empoisonne. » Selon le porte-parole des organisateurs, ils étaient plus de 300 personnes, tandis que la préfecture du Rhône a comptabilisé 150 personnes.

Huit personnes interpellées

Des CRS et policiers sont intervenus, rapporte la préfecture du Rhône à TF1, ajoutant que « huit individus ont d’ores et déjà été interpellés ». Les autres avaient quitté les lieux avant l’arrivée des forces de l’ordre, a-t-on constaté.

« Nous condamnons un tel acte, qui non seulement perturbe fortement l’outil de travail de plus de 500 salariés, mais peut également faire courir des dangers aux salariés et aux manifestants, en raison de l’activité industrielle du site, qui est classé Seveso », a déclaré dans un communiqué le directeur du site Pierre Clousier. Il affirme qu’Arkema sera en mesure de fabriquer ses produits sans additifs fluorés d’ici la fin de l’année.

Plusieurs sites industriels dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon, où se trouve l’usine d’Arkema, ont été ciblés par des plaintes collectives pour des « concentrations alarmantes » de PFAS. Des contrôles avaient été lancés par les autorités régionales après les révélations d' »Envoyé spécial » en 2022. L’action des militants intervient alors que le chimiste Daikin a récemment reçu l’autorisation de construire une nouvelle unité de production à Pierre-Bénite.

Couverture de Reporterre

Une marée blanche déferle depuis la gare de Pierre-Bénite. Vêtus de combinaisons blanches, 300 à 400 militants d’Extinction Rebellion et de Youth for Climate s’élancent vers le site industriel d’Arkema, au sud de Lyon. De l’autre côté des rails, l’usine dresse sa carcasse de tôles et de tuyaux. Des pinces coupantes fendent en quelques secondes les grilles d’enceinte. La vague blanche pénètre la zone industrielle. Des tags marquent son passage : « Arkema nous empoisonne », « Assassin », « Arkementeur ».

La majorité des 300 à 400 militants des collectifs Extinction Rebellion et Youth For Climate sont arrivés par le train, la gare étant située juste en face de l’entrée principale de l’usine Arkema de Pierre-Bénite. 

Installée aux portes de la vallée de la chimie, l’usine d’Arkema fabrique notamment un polymère utilisé dans la fabrication de microprocesseurs ou de batteries au lithium. Elle rejette des quantités considérables de composés perfluorés (PFAS), des composés chimiques surnommés « polluants éternels », dans le Rhône. Le fleuve les transporte en direction de deux champs captants qui alimentent une centaine de communes en eau courante. Jusqu’à 3,5 tonnes de PFAS étaient déversés chaque année selon un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable publié en avril 2023. Plus de 220 000 personnes pourraient être touchées. Or, une exposition prolongée aux PFAS peut provoquer de nombreux problèmes de santé : lésions hépatiques, maladies thyroïdiennes, problème de fertilité, diabète, cancer du sein, des testicules, des reins…

Cette contamination n’a rien d’un secret sur ce site exploité depuis 1957. Le taux de perfluorés est surveillé dans le sang des salariés depuis les années 2000. Leurs résultats d’analyses révélés par France 3 démontrent des doses supérieures à la moyenne. La première alerte officielle sur leur dangerosité a été adressée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à Arkema en 2011. Mais il a fallu attendre 2022 pour que l’émission « Vert de rage » de France 5 dévoile la présence massive de PFAS dans le sol et l’eau de la commune.

« Arkema a des pratiques obscures qui affectent la santé des habitants et la biodiversité environnante »

Choquées par ces révélations tardives, quarante-sept riverains, dix associations et un syndicat ont déposé en mai dernier un recours en référé pénal environnemental contre le groupe chimique. Parmi eux, des mères dont le lait maternel a été contaminé et le père d’un enfant qui a dû subir une ablation totale d’un testicule après un diagnostic de tumeur. Ils et elles réclamaient une étude des risques sanitaires liés aux PFAS utilisés et des sanctions contre l’industriel. Sans succès : le référé a été rejeté. A l’automne, trente-quatre communes voisines ont déposé une autre plainte collective contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Car Arkema n’a pas systématiquement communiqué les résultats des analyses des prélèvements réalisés en aval de ses rejets sur les sédiments, la flore et la faune alors qu’il en avait l’obligation depuis 2015.

Une centaine de personnes se sont introduites sur le site de l’usine, vêtues de combinaisons blanches, portant parapluies noirs et outils de « démantèlement ». 

« Arkema a des pratiques obscures qui affectent la santé des habitants et la biodiversité environnante. On veut savoir ce qui se passe à l’intérieur, alors on va aller chercher ce qu’ils font », explique Camille* (prénom modifié), l’un des organisateurs de la journée « portes entrouvertes » à Pierre-Bénite. Mais une effraction n’offre pas le temps d’une investigation. Cette infiltration sonne davantage comme une mise en garde l’égard d’Arkema, qui « a des comptes à rendre pour avoir caché les conséquences de son activité sur le vivant ».

Les militants ont déployé une banderole de 8 mètres sur 8 sur le toit de l’usine Arkema.

La colère face au silence de l’industriel s’est exprimée à coups de marteau sur les vitres et de pieds-de-biche pour dégonder des portes. Des activistes ont déployé des banderoles sur ses bâtiments pour dénoncer ses infractions au droit de l’environnement. La vague militante n’a investi l’usine qu’une poignée de minutes avant de refluer mais ses dégradations marquent les lieux.

Un salarié d’Arkema observe avec circonspection les dégâts causés. « Ils jouent avec le gagne-pain des gens, de toute façon des polluants éternels, il y en a partout », dit-il à Reporterre. Un de ses collègues s’amuse en voyant arriver une compagnie de CRS : « C’est la meilleure partie. » Les activistes sont nassés au bord de la voie de chemin de fer sans barrière. Lacrymogènes et charges se succèdent pour les éloigner de l’usine. La plupart parviendront à rejoindre la gare pour retourner à Lyon. Huit personnes ont été interpellées, a annoncé la préfète du Rhône. Dans un communiqué, Pierre Clousier, le directeur du site de Pierre-Bénite, promet de porter plainte contre les militants écologistes et condamne une action qui fait « courir des dangers aux salariés et aux manifestants, en raison de l’activité industrielle du site, qui est classé Seveso ».

Environ 200 personnes ont été nassées et forcées de reculer entre les grillages de l’usine, les policiers et les voies de chemin de fer.

La vague de militants estompée, des cris joyeux se font entendre. Séparés des lacrymogènes par la voie ferrée et un mur d’enceinte, des enfants ont joué toute l’après-midi au football sur le stade municipal qui fait face à l’usine. Chacun de leurs coups de crampons s’abattant sur une terre polluée.

Avant l’arrivée des CRS, les militants ont eu le temps de cadenasser l’entrée de l’usine, la taguer et y suspendre des banderoles. 

La justice blanchit la verte Greta Thunberg

L’écologiste radicale inculpée pour trouble à l’ordre public à Londres

L’activiste écologiste faisait partie d’un groupe de 26 militants poursuivis et inculpés pour trouble à l’ordre public lors d’une manifestation à Londres, a annoncé la police londonienne, mercredi 18 octobre 2023. La Suédoise de 20 ans, qui avait été arrêtée sous les caméras, a été libérée sous contrôle judiciaire et avait comparu devant un tribunal londonien le 15 novembre. Elle était à la tête d’un groupe d’agitateurs lors d’une conférence qui réunissait les dirigeants des grandes compagnies productrices d’hydrocarbures.

Greta Thunberg est une professionnelle des interpellations et inculpations. Rien que le mois précédent, l’écologiste avait écopé d’une amende de 1.500 couronnes (130 euros) et 1.000 couronnes d’indemnités (environ 85 euros), après avoir bloqué le port de la ville de Malmö, en Suède, pour protester contre l’usage de combustibles fossiles. Une sanction symbolique au regard de la perte d’activité du port.

Beaucoup de bruit pour rien

Un juge britannique a décidé, vendredi 2 février 2024, d’abandonner les poursuites contre la militante pour trouble à l’ordre public à Londres.

Au deuxième jour du procès, le juge de la Westminster Magistrates Court a estimé que les policiers chargés de sécuriser la manifestation avaient imposé des conditions «illégales» et n’avaient pas été suffisamment précis en adressant leurs consignes à la Suédoise de 21 ans, qui était jugée avec quatre autres manifestants.

« Nous devons nous souvenir de qui est le vrai ennemi »

Slogan plus anti-libéral qu’écologiste

Lors d’une précédente audience en novembre, Greta Thunberg avait plaidé non coupable, comme les quatre autres militants qui comparaissaient avec elle et qui ont aussi vu les poursuites à leur encontre abandonnées vendredi. Elle risquait une amende maximale de 2.500 livres (près de 3.000 euros). Libérée sous contrôle judiciaire après son arrestation, elle avait dès le lendemain pris part à une nouvelle manifestation devant l’hôtel cinq étoiles, avec des centaines d’autres personnes.

«Même si c’est nous qui nous tenons ici, (…) des militants de l’environnement et des droits humains partout dans le monde sont poursuivis (…) pour avoir agi en conformité avec la science. Nous devons nous souvenir de qui est le vrai ennemi», avait déclaré Greta Thunberg à la presse jeudi en quittant la Westminster Magistrates Court après la première journée d’audience.

Peu après, accompagnée de militants du groupe Extinction Rebellion (XR), elle s’était invitée à une conférence sur les prévisions scientifiques organisée par le Science Museum de Londres et avait interpellé des responsables du musée sur l’un de ses sponsors, le conglomérat indien Adani, notamment producteur d’électricité à partir de charbon, selon un communiqué de XR.

Poursuites «ridicules»

L’écologiste arbore
ce qui ressemble fort à
un keffieh palestinien

Au total, 26 militants avaient été interpellés le 17 octobre dernier pour avoir perturbé l’accès à l’Energy Intelligence Forum, une conférence qui réunissait les principales compagnies pétrolières et gazières dans un hôtel de luxe de la capitale britannique. Greta Thunberg était poursuivie pour ne pas s’être pliée à l’injonction de la police londonienne de ne pas bloquer l’accès à l’hôtel où se déroulait ce rassemblement. Mais le juge John Law a estimé que les conditions d’exercice de la manifestation ont été «imposées de manière déraisonnable» par la police aux militants présents sur les lieux et que d’autres mesures «étaient disponibles et auraient pu être mises en place». Par conséquent, «quiconque n’ayant pas respecté ces règles n’a pas commis d’infraction», a-t-il estimé.

«Le verdict d’aujourd’hui (vendredi) est une victoire pour la liberté de manifester. Il est ridicule que de plus en plus de militants du climat se retrouvent devant la justice pour avoir exercé pacifiquement leur droit de manifester, alors que les géants des énergies fossiles, comme Shell, sont autorisés à faire des milliards de bénéfices en vendant des énergies fossiles destructrices pour le climat», a réagi l’ONG Greenpeace dans un communiqué.

Au Royaume-Uni, le gouvernement du premier ministre Rishi Sunak s’est attiré la colère des militants écologistes, d’une partie de la classe politique et même de son propre camp pour ses revirements sur des mesures phares de sa politique climatique. Il est notamment critiqué pour avoir décidé d’accorder de nouveaux permis d’exploitation de gisements d’hydrocarbures en mer du Nord. Des groupes écologistes comme Just Stop Oil ou Extinction Rebellion ont multiplié les actions pour dénoncer cette politique. Très hostile à ces mouvements, le gouvernement a durci la législation pour les punir plus sévèrement et les dissuader de passer à l’action.

Action de désobéissance civile de XR le 16 avril 2022 sur les Grands boulevards de Paris
Paris, 16 avril 2022

Greta Thunberg, qui a acquis une notoriété mondiale avec ses «grèves de l’école pour le climat» entamées à l’âge de 15 ans en Suède, prend régulièrement part à de telles manifestations. En octobre, elle avait reçu une amende pour le blocage du port de Malmö en Suède. Le week-end dernier, elle a participé à une marche dans le sud de l’Angleterre contre l’agrandissement de l’aéroport de Farnborough, principalement utilisé par des jets privés.

Extinction Rebellion s’attaque aux limitations de vitesse des autoroutes limousines

Retour vers le futur avec les écolos fachos

Aux Amish, tout produit excitant est interdit (thé, café, alcool, cigarettes, drogues…): suggestion aux écologistes rouges

Pour dénoncer l’impact de la vitesse sur la pollution de l’air, des membres du collectif Extinction Rebellion ont remplacé les panneaux de signalisation de l’autoroute A20, appelée « L’Occitane » entre Vierzon et Limoges, dans le cadre d’une opération éco-terroriste.

Les autoroutes françaises sont la nouvelle cible des activistes écologistes. Après leur mobilisation contre le projet controversé de l’A69, dont le tracé condamne de nombreux platanes pourtant meurtriers, la portion de l’A20 reliant Limoges à Pierre-Buffière est la dernière cible en date du collectif XR qui instrumentalise l’envirionnement à des fins politiques. Lors d’une opération nocturne organisée en fin de semaine dernière, Extinction Rebellion a collé des autocollants sur les panneaux de limitations de vitesse, appelant les usagers à réduire leur vitesse de 130 à 110 km/h, non pas pour sauver des vues humaines mais la planète.

Une action politique

Dans un communiqué adressé à France 3 Limousin, les activistes expliquent qu’ils veulent faire appliquer les accords de Paris en s’inscrivant « sur une trajectoire de réchauffement global maximum à 1.5°C. » Malgré la dangerosité d’une telle action nocturne, alors que la circulation sur cette voie rapide n’avait pas été coupée, les militants écologistes ont admis qu’ils ont conscience du risque [pour les automobilistes] tout en soulignant l’importance de leur mobilisation. La vie humaine a pour eux moins de prix que la protection de la planète.

Ils rappellent également que réduire la vitesse sur l’autoroute, idée évoquée lors de la convention citoyenne pour le climat, permettrait de réduire la consommation de carburant de « 16% par kilomètre parcouru ». Et le retour à la diligence?

Les perturbateurs perturbés du collectif «Dernière Rénovation» ont aspergé la pyramide du Louvre de peinture orange

Subventionnés par Climate Emergency Fund pour dégrader

Dégradations perpétrées ce vendredi 27 octobre

Ce vendredi 27 octobre, plusieurs militants du collectif Dernière Rénovation sont parvenus à monter sur la pyramide du Louvre. Une fois sur la structure, ces derniers ont jeté de la peinture orange fluo.

06/09/2023

Par ce geste, ces activistes ont pour «objectif» de défendre la cause de «rénovation thermique des bâtiments». «Tandis qu’à l’Assemblée nationale, le gouvernement continue sa politique destructrice pour notre humanité en refusant de voter des amendements favorables à la rénovation thermique et à des vies sauvées , Dernière Rénovation alerte : «La rénovation, c’est maintenant !»», a indiqué le collectif sur X.

Qui est Roger Hallam, l’inspirateur sulfureux de Dernière rénovation ?

   Le collectif Dernière rénovation est inspiré par un activiste britannique, Roger Hallam, aussi cofondateur d’Extinction Rebellion. Ce stratège du mouvement climat est animé par une idéologie controversée.


Ils ont interrompu la demi-finale de Roland-Garros, certaines étapes du Tour de France et bloquent régulièrement des autoroutes ou des périphériques, mais se veulent pacifiques. Ils revendiquent du gouvernement un plan majeur pour la rénovation thermique des bâtiments, mais ne font rien d’autre que de la com’. En France, le collectif climatique Dernière rénovation attire les media, énerve nombre d’automobilistes et questionne les autres acteurs de la lutte climatique. La « résistance civile non violente » est sa ligne, comme on peut le lire sur leur site internet, mais résister, en dérangeant ses concitoyens, c’est en réalité agresser. Concrètement, cela signifie que ses membres multiplient les actions hautement perturbatrices et répétitives — et prennent ainsi le risque théorique d’aller en prison. Pour comprendre d’où vient cette stratégie bien rodée, il faut traverser la Manche à la rencontre de celui qui en est le principal instigateur : Roger Hallam, 57 ans, qui estime que « même ceux qui pensent un peu de manière sexiste ou raciste peuvent nous rejoindre »…

Cet activiste britannique est un personnage central du mouvement climat. Cofondateur d’Extinction Rebellion, XR, le mouvement au sablier inséré dans un cercle, il a aussi inspiré la création de nombreux collectifs partout en Europe, comme Dernière rénovation donc, mais aussi Just Stop Oil — les jets de soupe sur les Van Gogh, c’est eux — au Royaume-Uni. La recette miracle de Roger Hallam ? Un discours catastrophiste, qui le fait comparer la crise climatique à… la Shoah (en la banalisant), des actions coups de poing qui séduisent une certaine jeunesse, et la constitution d’un réseau international. Hallam a été incarcéré et devait être jugé le 17 février 2020.

Entraver la libre circulation de ses concitoyens,
une action pacifique de désobéissance civile?

Comment est née cette stratégie ? Dès le début des années 2000, Roger Hallam, 56 ans aujourd’hui, a saisi la gravité du changement climatique. Le maraîcher bio dans le sud du Pays du Galles, près de Carmarthen, qui employait vingt-cinq personnes, était alors confronté à une météo imprévisible. Chaque année, les récoltes de sa ferme coopérative Organics to go — à laquelle il participe toujours — étaient durement abîmées par de longs mois de pluie.

Le signe, selon lui, d’un désastre global : si rien n’était fait, l’agriculteur en était persuadé, de grandes famines adviendraient et des guerres civiles, des grèves de la faim, éclateraient. Il décida alors d’abandonner sa ferme de quatre hectares pour reprendre des études au King’s College de Londres. Pendant quatre ans, il s’est plongé dans les plus célèbres contestations radicales, comme le mouvement indépendantiste lancé par Gandhi en Inde ou la lutte des suffragettes pour les droits des femmes au Royaume-Uni. Lui-même s’était déjà frotté au militantisme en participant, ado, aux marches contre l’armement nucléaire dans les années 1980. Derrière ce studieux épluchage théorique, il s’interroge sur le moyen de mobiliser les gens et les engager dans une contestation de masse ?

« Voilà le prototype pour sauver le monde »

Autoroute M25, Londres,
bloquée par Insulate (isolez) Britain,
septembre 2021

De cette étude, Roger Hallam conclut en 2020 que « le moyen le plus efficace de provoquer un changement politique rapide [est] la désobéissance civile massive et non violente ». Le fauteur de troubles a une recette qu’il jugeait imparable pour faire plier les gouvernements : « Perturbations, sacrifices et respect [de l’adversaire] jusqu’à l’emporter. Ensuite, répète inlassablement et étends le mouvement. Voilà le prototype pour sauver le monde ». Pour que cela fonctionne, l’incarcération des militants est, selon lui, un ingrédient indispensable. Pour dramatiser les situations. Plus il y aura d’arrestations, plus le soutien de la population – et donc la pression sur l’Etat ou l’entreprise visée – serait important.

Fort de ces principes, Roger Hallam a cofondé Extinction Rebellion en octobre 2018. Le mouvement au logo de sablier a connu un vif succès, et est aujourd’hui présent dans quatre-vingt-six pays. C’est quasiment avec ces mêmes méthodes qu’il a fondé Insulate Britain, trois ans plus tard. En octobre 2021 un sondage révéla que 72% des sondés désappouvaient les manifestants et sa stratégie a quelque peu évolué.

Théâtralité de la manifestation d’Extinction Rebellion,
en 2020, à Londres, contre le pétrolier Shell. © Nina Guérineau de Lamérie/Reporterre
Théâtralité de la manifestation d’Extinction Rebellion,
en 2020, à Londres, contre le pétrolier Shell. © Nina Guérineau de Lamérie/Reporterre

Contrairement à XR, le collectif se dote d’une revendication ciblée : l’isolation des logements. Son organisation est aussi plus verticale pour améliorer l’efficacité dans les prises de décision. Enfin, il mise sur des petits groupes d’activistes pour mener des actions très perturbatrices, comme le blocage du trafic routier. Ce ‘soft power’ écolo est en vérité un terrorisme psychologique.

Provoquer un maximum de perturbation avec un minimum d’effort. Cette stratégie a rapidement essaimé outre-Manche et attiré une partie de la jeunesse éco-anxieuse et avide de changements. Extrêmement actif sur les réseaux sociaux, où des dizaines de milliers le suivent, Roger Hallam interpelle cette nouvelle génération dans une vidéo intitulée How to stop climate crisis in six months (chiche !), l’incitant à entrer en résistance malveillante. En France, Thibaut Cantet, un jeune homme de 28 ans, ancien militant dans la branche française d’Extinction Rebellion, l’a découverte par hasard.

Gourou écolo, sorte de prophète Philippulus,
ancien collaborateur illuminé du professeur Calys,
dans les Aventures de Tintin, L’Etoile mystérieuse  

Rodé aux codes de la désobéissance civile, le Parisien suivait déjà de près les actions d’Insulate Britain au Royaum6e-Uni. La vidéo de Hallam, postée en novembre 2021, a été un déclic. En quelques semaines, il a monté une équipe de quelques personnes – des anciens camarades d’XR France — et lancé Dernière rénovation (DR).

Le “réseau A22” : une organisation internationale

Habituellement discret, le cofondateur de DR a exceptionnellement accepté de s’exprimer. Quand on l’interroge sur ses liens avec Roger Hallam, il reste prudent et ne s’épanche pas : « J’ai regardé pas mal de ses vidéos, je me retrouvais dans sa pensée. » Le jeune homme admet toutefois avoir été en contact avec le stratège britannique et reconnaît qu’il les a aidés à intégrer le “réseau A22”, référence à avril 2022, date des premières actions. Cette organisation internationale regroupe tous les mouvements inspirés par les théories de Hallam, une nébuleuse.

Parmi eux, on retrouve notamment Just Stop Oil, le petit frère d’Insulate Britain, fondé et piloté par Roger Hallam lui-même, mais aussi Ultima Generazione en Italie, Letzte Generation en Allemagne, Renovate Switzerland en Suisse… Tous suivent la même ligne stratégique, résumée dans un manifeste au ton solennel, publié sur le site du réseau A22 : « Nous sommes ici pour forcer les gouvernements démocratiquement élus (ce que les agitateurs verts ne sont pas !) à réduire les émissions de carbone, rien de moins. […] Nous sommes ouverts et non violents. » Il existe une véritable synergie entre ces campagnes : « On a une identité commune et une stratégie commune », explique Pierre, un membre de Dernière rénovation qui connaît bien le fonctionnement du réseau A22.

Tous les jours, les différentes organisations sont en contact par Zoom. Elles partagent leurs expériences et leurs ressources dans différents domaines. Elles essayent aussi de se coordonner, d’où le nom A22, qui vient d’avril 2022 : la date de la première vague d’actions. Cependant, chaque mouvement conserve une certaine marge de manœuvre par rapport à A22 : « Personne ne nous dicte ce qu’on doit faire. Il n’y a pas de processus de validation du réseau », nuance Pierre, de DR. D’ailleurs, leurs revendications ne sont pas les mêmes en fonction des pays : rénovation des bâtiments en France, la fin de l’extraction des hydrocarbures au Royaume-Uni, la restauration des zones humides en Suède…

La dépendance est plus forte au niveau des ressources financières. Le réseau A22 leur permet d’accéder aux subventions du Climate Emergency Fund (le fonds d’urgence climatique) alimenté par de riches philanthropes américains, notamment la fondation Aileen Getty, petite fille de l’entrepreneur dans la filière du pétrole J. Paul Getty. En 2022, le CEF a déboursé plus de 4 millions de dollars (3,7 millions d’euros) pour soutenir quarante-trois groupes d’activistes climatiques non violents a leur mznière. « Au début, on a reçu 50 000 euros pour financer les six premiers mois de la campagne », confie Thibaut Cantet. Mais impossible de connaître le montant total des aides du CEF versées à Dernière Rénovation. On sait seulement qu’elles représentent quasiment les deux tiers de leur caisse, le solde provenant de dons de particuliers.

Le système de financement A22 reste opaque, comme le trajet de l’argent jusqu’à Dernière rénovation: la question est sensible. Le collectif juge confidentielles ces informations, comme si elles étaient inavouables. « Il y a un enjeu de sécurité assez fort », se justifie Pierre, qui reconnaît qu’il y a bien une coordination internationale des financements.

La Shoah n’est « qu’une connerie de plus dans l’histoire humaine »

Ainsi organisé, le réseau A22, impulsé par Roger Hallam, se veut le nouveau fer de lance de la lutte pour le climat. Et la recette fonctionne, puisque partout dans le monde, onze collectifs ont rejoint le réseau. Ce parcours rappelle celui du mouvement Extinction Rebellion (XR), qui s’est également internationalisé rapidement. Sauf que XR a ensuite pris ses distances de son charismatique leader. Pire, désormais, le nom du stratège est presque tabou chez XR au Royaume-Uni. Personne ne souhaite s’exprimer à son sujet, car « Roger ne fait plus partie d’XR depuis longtemps », se justifie l’une de ses porte-parole. Cela fait trois ans que l’organisation s’est définitivement désolidarisée de ce cofondateur devenu trop encombrant. En cause, des propos dans les media et sur les réseaux sociaux qui ont, à plusieurs reprises, choqué l’opinion et terni l’image du mouvement au sablier.

Le mouvement Extinction Rebellion s’est désolidarisé
de son cofondateur, à la suite de ses multiples propos choquants. © NnoMan Cadoret/Reporterre

La véritable rupture est survenue en 2019. Dans une interview à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, Hallam a affirmé que la Shoah n’avait été « qu’une connerie de plus dans l’histoire humaine ». Deux jours plus tard, il récidivait dans les pages de Der Spiegel en affirmant : « Le changement climatique n’est que le tuyau par lequel le gaz pénètre dans la chambre à gaz. C’est juste le mécanisme par lequel une génération en tue une autre. »

Ces propos ont indigné la branche allemande de XR et de la classe politique du pays, qui lui ont reproché de minimiser l’Holocauste et l’ont accusé d’antisémitisme. De nombreux militants ont alors claqué la porte d’Extinction Rebellion, et certains donateurs ont arrêté leurs financements. Acculé, Hallam s’est excusé du bout des lèvres : « Je suis désolé pour les mots utilisés. Mais je ne ressens pas le besoin de m’excuser d’avoir attiré l’attention sur le génocide [climatique] qui se déroule actuellement. » 

Des discours choquants censés tirer « les gens » de l’apathie

En réalité, ces sorties de route font partie d’une stratégie de communication savamment calculée visant à choquer, comme l’ont révélé le journal Les Jours (site web d’information lancé en 2016 par une équipe d’anciens journalistes de Libération) et l’hebdo d’outre-Rhin Der Freitag. L’activiste britannique ne s’impose d’ailleurs aucune limite. Pour rallier à la cause, réelle, de l’urgence climatique, il use abondamment de discours apocalyptiques. Famines, guerres, abus sexuels, etc… seraient l’unique avenir des sociétés occidentales, vouées à l’effondrement dans les prochaines années.

Roger Hallam va ainsi jusqu’à comparer le Royaume-Uni à un goulag anglais ou raconter un viol collectif dans ses moindres détails dans une vidéo destinée à la jeunesse : « Une bande de mecs défoncera ta porte et te demandera à manger. Ils verront ta mère, ta sœur, ta petite amie, et ils la violeront à tour de rôle sur la table de la cuisine. Ils te forceront à regarder, et se moqueront de toi. C’est ça, la réalité du changement climatique. » Le gars est dérangé, aurait-on dit jusqu’au 7 octobre dernier, sans le Hamas…

Ces terribles présages, crus et violents, ont un objectif bien précis : faire sortir les gens de l’apathie collective en les forçant à prendre conscience des terribles conséquences du changement climatique.

En 2020, des activistes ‘gore’ de XR 
dénonçaient, devant le ministère de l’Economie,
les « milliards d’euros investis dans des industries
qui tuent les écosystèmes planétaires et les vies humaines
 ».
 © NnoMan Cadoret / Reporterre

Dans une moindre mesure, cette technique est reprise par Dernière rénovation, lors des réunions publiques qui permettent de recruter de nouveaux activistes. Dans ces présentations de deux heures, les organisateurs invitent à sortir du « déni climatique léger » et à « regarder la vérité en face ». Pour ce faire, ils misent sur un savant cocktail d’émotions et d’informations scientifiques anxiogènes. « Avec les informations qu’on a eues, il y a des sentiments qui étaient latents et qui prennent le dessus, comme la tristesse et la colère, et vers la fin, la détermination de participer aux actions de blocage », témoignait l’une des participantes.

Cela peut aller très loin : il n’est pas rare de voir des membres de Dernière rénovation ou de Just Stop Oil se filmer en pleurs lors d’une action, intimant au gouvernement l’ordre d’agir. Dans une vidéo publiée sur Twitter, par exemple, Charlotte, 20 ans, membre de DR, déclare dans de gros sanglots : « J’ai envie de vivre et j’ai envie que mon petit frère puisse avoir une vie aussi. »

« Aucun espace pour le débat, sous prétexte qu’on vit la fin du monde »

Message de Hergé:
Ne pas trop écouter les prophètes de malheur

Un ton que critiquaient déjà certains activistes d’XR France, rodés à ces méthodes de communication. Hélène Assekour, qui a aujourd’hui pris ses distances avec XR pour ces raisons, raconte son malaise face au rabâchage des discours catastrophistes lors des réunions internes. « Voir des gens privilégiés à l’échelle de la planète se mettre dans des états incroyables pour des choses qu’ils n’ont pas vécues, c’était très gênant. La situation est déjà assez grave, pas besoin d’en rajouter », s’exaspérait-elle début janvier. Sur Twitter, elle dit retrouver ce côté « quasi millénariste »  chez Dernière rénovation. Clément, ex-membre d’XR France, met, lui aussi, en garde contre la stratégie de la peur : « Le risque, à valoriser un discours de fin du monde, c’est que ça va créer une génération de militants qui adhèrent à ces idées sans forcément les remettre en question, ni les critiquer. »

Durant leurs années à XR, les deux militants ont d’ailleurs relevé une sorte « d’orthodoxie vis-à-vis de Roger Hallam », rapporte Hélène Assekour. « C’était dur de remettre en question un mouvement qui apporte une “recette miracle”. Il n’y avait pas d’espace pour le débat, sous prétexte qu’on vit la fin du monde. » Les deux anciens de XR perçoivent les similitudes entre les deux organisations, et craignent que l’histoire ne se répète à Dernière rénovation.

« Même si on s’inspire de sa pensée, on a quand même le sentiment d’être autonome par rapport à Roger Hallam, assure pourtant Lucio, un membre de DR. Personne ne tire les ficelles, on est indépendants et l’engagement des militants est sincère. » Et Thibaut Cantet (cofondateur du mouvement DR) de renchérir : « Roger Hallam le dit lui-même : on a le droit de ne pas être d’accord avec lui et de proposer autre chose. » Pour Pierre, lui aussi à Dernière rénovation, le lien avec Hallam est très indirect : « La dernière fois qu’on a été en contact avec lui, c’était il y a six ou sept mois. » Selon lui, le mouvement s’inspire aussi d’autres personnalités, dont il ne souhaite pas dévoiler le nom.

Cependant, il reconnaît les apports du stratège britannique, qui a « réactualisé le principe de la résistance civile ». Un souffle qui bouleverse le monde du militantisme climatique, selon l’universitaire britannique Oscar Berglund, spécialiste des mouvements de désobéissance civile et de l’activisme, pour qui  « ces mouvements n’ont pas besoin d’être populaires » : « Roger Hallam a modifié la façon dont les mouvements climats traditionnels se positionnent vis-à-vis de ce genre d’activisme. » Reste à savoir si cette stratégie n’est qu’une mode, vouée à sa ringardisation, ou si elle se pérennisera dans le mouvement climat français.

Savoir enfin si ce réseau d’agitateurs stériles va un jour devoir réparer les dégâts qu’il occasionne, plutôt que de les laisser à la charge des populations qui pourtant les condamnent.

Mobilisation des anti-A69 : un dispositif policier présent à Saïx, assure la sécurité

Les forces de police étaient présentes à Saïx à deux jours de la manifestation

Manifestation A69 Toulouse Castres
© Extinction Rébellion Toulouse

Le contexte est inflammable avec des agressions de gendarmes et des interpellations de militants. La préfecture a dénoncé que « des gendarmes, mobilisés pour déloger des militants installés dans des arbres sur le tracé de la future autoroute, ont été menacés à l’arme blanche« . Des agressions que réfutent les militants.

Depuis lundi 16 octobre, plusieurs militants ont été interpellés et placés en garde à vue indique la préfecture, sans préciser le nombre de personnes.

Un nouveau week-end de mobilisation contre l’autoroute Toulouse-Castres était organisé les 21 et 22 octobre dans le Tarn. Les anti-A69 ont annoncé dès la fin août la tenue d’une nouvelle grande manifestation, à l’image de celle du 22 avril dernier où entre 4.500 et 8.000 personnes avaient défilé le long de la N126 à l’ouest de Castres. Une manifestation était prévue ce samedi 21 octobre à Saïx (Tarn), la déclaration en préfecture a été déposée.

Or, dès ce jeudi matin, les forces de l’ordre ont investi le camp où les opposants à l’A69 se sont installés à Saïx, dans le champ d’un particulier. Dans la soirée, la préfecture du Tarn a annoncé que les organisateurs avaient changé le parcours de la manifestation « plus à l’est, dans une zone plus risquée à proximité de Castres », et que l’installation du camp n’avait fait l’objet d’aucune déclaration pour jeudi et vendredi. La totalité du parcours n’etait pas encore validée au lancement du rassemblement.

Parallèlement, la préfecture de Haute-Garonne a interdit jeudi soir toute manifestation sur le tracé de l’A69 la concernant, de vendredi midi à lundi matin.

Intense occupation des réseaux sociaux de part et d’autre

Selon les collectifs, l’accès au camp de Saïx aurait été bloqué dès le jeudi matin par un important dispositif de police. Surprise des anti qui évoquent jusque-là des échanges qui ont « permis de poser des garanties de sécurisation du tracé et de la manifestation dans un dialogue constante« .

L’A69, c’est aussi une bataille de communication par réseaux sociaux interposés. De son côté, la préfecture du Tarn sur sa page Facebook et son compte X (ex-Twitter), brandit ce jeudi la photo de deux « armes », un fusil et un pistolet à plomb qui semblent être des armes de loisirs. « Une arme a été saisie lors de contrôles de gendarmerie nationale aux abords d’un lieu de rassemblement à Saïx. Des individus cagoulés sont également observés sur place« , écrit la préfecture qui ne souhaite pas pour l’heure donner à la presse davantage d’informations. Le post est complété une heure plus tard d’une précision, évoquant une carabine à air comprimé à plombs.

Le nouveau préfet du Tarn Michel Vilbois a pris ses fonctions au début du mois d’octobre. Les services de l’Etat avaient aussi accusé les « écureuils », le nom que se donnent les militants installés dans les arbres du tracé, d’avoir menacé des gendarmes avec des armes blanches lundi dernier, lors de l’opération des forces de l’ordre pour les déloger. Thomas Brail, le fondateur du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) avait rétorqué qu’un grimpeur avait tout simplement voulu couper sa corde pour monter dans l’arbre.

Des écologistes grimpent aux arbres contre leur abattage sur l’autoroute A69

La manifestation du 22 avril 2023 à Saïx s’était déroulée sans incident malgré les craintes des autorités dans un contexte lié aux violences de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Le préfet de l’époque, François-Xavier Lauch avait subtilement demandé aux forces de l’ordre de ne pas oppresser les manifestants en s’en tenant relativement éloignées.

Le chantier de l’A69 a démarré au début de l’année 2023, 40% des crédits ont déjà été engagés. L’autoroute de 63 km doit être mise en service en 2025. Officiellement, le calendrier n’a pas pris de retard.

Blessés, ZAD, gaz lacrymogène… La manifestation contre l’A69 entre Toulouse et Castres a mal tourné

Par crainte de débordements de membres du Black bloc, 1.600 gendarmes et policiers étaient déployés ce samedi 21 octobre contre 800 gendarmes au printemps. Des armes, barres de fer ont déjà été saisies lors de différents contrôles. Plus de 300 activistes radicaux – contre une cinquantaine au printemps – pourraient infiltrer les cortèges pacifiques ce samedi. Les renseignements territoriaux craignaient la venue de fauteurs de troubles venus notamment de Suisse et de Belgique. 

Manifestant lors de la première mobilisation à Saïx (Tarn),
le 22 avril 2023.

Ce samedi 21 et dimanche 22 octobre, la préfecture du département a déploré plusieurs débordements qu’elle a sanctionné avec l’intervention des forces de l’ordre. Le Journal Toulousain revient sur ce week-end de mobilisation.

Ils étaient plus de 10.000 selon les organisateurs, et autour de 5 000 selon les forces de l’ordre. Ce samedi 21 et dimanche 22 octobre, les opposants à l’autoroute A69 ont établi un camp sur la commune de Saïx, au niveau du lieu-dit « La Crémade » dans le cadre de la manifestation « Ramdam sur le macadam » contre le projet en cours entre Toulouse et Castres. Qui sont-ils ? La manifestation regroupait les collectifs éco-terroristes La Voie est Libre, Les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion ou la Confédération paysannne.

Six cortèges distincts illustraient plusieurs thématiques : compensations environnementales, décarbonation et… économie locale pour lequel « les baskets sont conseillés ». « Il va y avoir des actions de désobéissance civile […] qui vont montrer notre détermination à stopper ce chantier d’autoroute, » déclarait Léna Lazare, des Soulèvements de la Terre, collectif qui ne doit sa survie qu’au Conseil d’Etat qui a suspendu en référé sa dissolution demandée par le ministère de l’Intérieur.  

Si la manifestation contre l’A69 avait bien commencé, elle s’est finalement mal terminée.

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Incendies d’une cimenterie et création d’une ZAD contre l’A69 le samedi

Des dégradations occasionnées par des manifestants samedi
L’image précédente se voulait-elle trompeuse ?

Le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres fait l’objet de multiples manifestations depuis ces derniers mois. En avril, les collectifs avaient déjà organisé un week-end de mobilisation similaire. Seulement, cette fois-ci, l’événement n’a pas eu le même dénouement. Alors que les cortèges se sont élancés sur les parcours définis avec la préfecture, un groupe s’est détaché. Plusieurs centaines de personnes se sont alors rendues à la cimenterie Carayon non loin de là. Selon la préfecture du Tarn, « 2.500 individus radicaux, qui étaient presque tous cagoulés, vêtus de noir, casqués, portant des boucliers, des bâches noires et des parapluies, se sont détachés du cortège déclaré pour commettre des exactions.

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Les sapeurs-pompiers et forces de l’ordre ont été dépêchés sur place pour un incendie de camions toupies au niveau de la centrale à béton. « Les dégâts matériels comprennent un algéco, trois véhicules toupies et un engin de travaux publics », ajoutent les services de l’État.

Du côté manifestants, la militante Camille Etienne, 25 ans, a alors expliqué sur les réseaux sociaux que l’action avait pour objectif « de mettre des barricades pour retarder les travaux, mettre hors d’état de nuire quelques heures au moins ces entreprises de destruction de nos terres et de nos arbres. » Cette activiste trouvée sur la ZAD démantelée, avait porté plainte, le 16 juin 2021, aux côtés du réalisateur militant Cyril Dion et de l’eurodéputé Pierre Larrouturou, contre Jean Castex et quatre autres ministres (Bruno Le Maire, Barbara Pompili, Emmanuelle Wargon et Jean-Baptiste Djebbari) pour leur inaction face au dérèglement climatique…

Une autre entreprise de travaux publics a également fait l’objet de la visite des manifestants avant d’être repoussés par les forces de l’ordre. Les opposants ont alors investi les murs de la bâtisse voisine, au lieu-dit de la Crémade, la transformant ainsi en ZAD (Zone à défendre).

La manifestation contre l’A69 tourne court le dimanche

Les opposants ont ensuite rejoint le campement pour une soirée festive en musique. Et, au petit matin, la suite de la mobilisation a repris avec différentes assemblées et conférences prévues au programme. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévues. Vers 12h, les militants ont été surpris, selon le Camille Etienne : « On mangeait tranquillement à la ZAD avec des personnes âgées et des enfants, pendant qu des scientifiques du GIEC donnaient une conférence au camp de base sur les dangers de l’artificialisation des sols quand des lacrymogènes ont commencé à pleuvoir. »

Les différents militants du GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) et de La Voie Est Libre ont alors commencé à diffuser en direct les images de l’intervention des forces de l’ordre. Thomas Brail en première ligne a alors été blessé au poignet et au genou à coups de matraque dans une charge des policiers. Il a ensuite été transporté à l’hôpital de Castres en fin de journée. L’herbe a également pris feu en raison des grenades lacrymogènes selon les collectifs opposés à l’A69.

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Selon les différents collectifs, cette intervention serait déplorable. Suite aux événements, le GNSA a déclaré : « Rien ne justifiait l’attaque virulente des forces de l’ordre, survenue lors de la conférence des scientifiques du GIEC et de l’Atécopol. Un dispositif policier démesuré (gaz lacrymogène, grenades de désencerclement, blindés, hélicoptères etc.) a encerclé le site privé de la manifestation. » Pour l’heure, les services de l’Etat et les collectifs n’ont pas dévoilé le nombre de blessés. Selon les informations de la préfecture du Tarn, 1.600 policiers ont été déployés pour évacuer la ZAD. Il n’était pas question de laisser se renouveler l’expérience désastreuse de la ZAD de N-D-des-Landes.

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L’autoroute A69 Castres-Toulouse, symbole de l’archaïsme des écologistes

La dictature d’associations et collectifs environnementaux

« Il y a au moins une cinquantaine de projets du même type en cours. Mais c’est du nôtre qu’on parle le plus ». C’est par ces mots que Laurent Prost, l’un des membres du collectif La voie est libre, résume le poids qu’a pris la lutte contre le projet d’autoroute entre Castres et Toulouse.

Les travaux de construction, dans les tuyaux, depuis plus de 20 ans, ont été lancés au printemps, malgré plusieurs recours d’associations environnementales. Ce week-end, plusieurs associations appellent à se réunir pour faire « le ramdam contre le macadam ».

Le gouvernement veut tenir bon

Alors que près d’une dizaine de milliers de personnes sont attendues sur place, Clément Beaune, le ministre des Transports, a annoncé sa volonté de mener la construction de l’autoroute « jusqu’à son terme » prévu en 2025.

Une gageure dans un contexte de fortes tensions entre les mouvements écologistes et les forces de l’ordre, quelques mois à peine après les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre lors d’une manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline.

Dans un territoire marqué par la mort de Rémi Fraisse contre un projet de barrage à Sivens en 2014, ce sont d’abord les associations locales qui ont commencé à lutter contre ce projet d’autoroute qui devrait faire gagner une quinzaine de minutes de voiture entre Toulouse et Castres. Un enjeu crucial en matière d’accouchements à risque, notamment.

« Les émissions de gaz à effet de serre ne s’arrêtent pas aux frontières du Tarn »

Puis, des collectifs plus identifiés au niveau national se sont greffés à cette lutte contre la construction de ces 53 kilomètres autoroutiers, à commencer par Les Soulèvements de la Terre.

Ce collectif est dans le viseur de Gérald Darmanin depuis les affrontements à Sainte-Soline. Le ministre avait annoncé sa dissolution à l’été avant de se voir contredit par le Conseil d’Etat qui a suspendu sa décision.

Ce mouvement qui défend des actions radicales face à l’accélération du réchauffement climatique a donné une visibilité nationale à la lutte contre l’A69, en mettant à l’honneur l’un des collectifs locaux.

« Quand on entend parler de ce projet, on peut se dire que ça ne nous concerne pas. Mais les émissions de gaz à effet de serre ne s’arrêtent pas aux frontières du Tarn« , avance Geneviève Azar, porte-parole des Soulèvements de la Terre.

« On a presque envie de dire merci Monsieur Darmanin »

Le diagnostic est partagé par le conseil national de la protection de la nature. Il a jugé dans un avis consultatif en septembre 2022 que ce projet autoroutier « s’inscrivait en contradiction avec les engagements nationaux de lutte contre le changement climatique ».

« Les opposants au projet plaquent sur lui des prérequis nationaux et calquent leur vision de la décroissance sur notre territoire qui parle à une partie des Français« , analyse de son côté le sénateur centriste du Tarn Philippe Bonnecarrère, soutien au projet.

La cause a également eu une chance: celle d’être critiquée par le ministre de l’Intérieur. Quelques jours après les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Sainte-Soline, le ministre de l’Intérieur est auditionné à l’Assemblée nationale. Il évoque alors « la volonté d’installer une ZAD » sur le chantier de l’autoroute Castres-Toulouse par le collectif « dissout » Les Soulèvements de la Terre.

« On a presque envie de dire merci Monsieur Darmanin qui nous a fait une publicité incroyable », raille l’un des porte-parole d’Extinction rebellion, financé notamment par le milliardaire américain Trevor Neilson ou Climate Emergency Fund (CEF), réseau créé en 2019 pour soutenir les activistes.

« Un concentré des maux de notre époque »

Suffisant pour faire venir le 22 avril au moins 4.500 militants, selon la préfecture du Tarn, et plus de 8.000 à Saïx, un petit village entre Albi et Toulouse ?

« Cette autoroute a tout d’une lutte emblématique qui est un concentré de tous les maux de notre époque et qui pousse à faire venir parfois de loin », décrypte le député LFI de Haute-Garonne Christophe Bex.

« Un projet sorti des cartons il y a 30 ans quand on ne parlait pas de réchauffement climatique et quand on était dans le tout-voiture, des ministres qui montrent les muscles parce qu’ils savent mieux que tous les autres, la création de futurs supermarchés près des sorties d’autoroute. C’est assez fou quand même que les travaux continuent », regrette ce proche de François Ruffin.

« Besoin de joie dans des luttes qui se durcissent »

Autre atout dans la manche des opposants: une lutte qui cherche à s’inscrire dans la joie. Trajet collectif en vélo pour les militants qui souhaitent venir, concerts, méditation, garderie…

Le tout sur fond de communication décalée avec par exemple une parodie de Forrest Gump quand les militants ont traversé à pied les 53 kilomètres du tracé autoroutier qui comptent notamment des terres agricoles et des terres naturelles.

« On a besoin de joie dans la militance dans des luttes qui se durcissent » avec l’accélération du réchauffement climatique, explique ainsi Geneviève Azar des Soulèvements de la Terre.

« Des actions spectaculaires »

« On a également eu la chance d’avoir un symbole très fort: Thomas Brail », reconnaît encore Laurent Prost de La voix est libre. Ce militant écologiste qui proteste contre la construction de cette autoroute, synonyme d’abattage d’arbres et de disparition de zones humides, a été en grève de la faim ces dernières semaines au sommet d’un platane à Paris.

Victime d’un malaise, celui qui a fondé le groupe national de la surveillance des arbres finit par être évacué. De quoi pousser la préfecture d’Occitanie à suspendre l’abattage d’arbres en cours, finalement repris.

« On a de la joie et des actions spectaculaires qui marquent les esprits, qui montrent qu’en se battant, on peut gagner« , sourit un militant écologiste qui sera présent samedi.

« Convoi de l’eau » : le Conseil d’Etat a-t-il conforté la désobéissance civile?

Le Conseil d’Etat est-il infiltré ?

Un cortège de militants à vélo ou en tracteurs s’élance, ce vendredi 18 août de Lezay (Deux-Sèvres), pour dénoncer les projets de méga-bassines. C’est la première manifestation d’ampleur depuis les évènements du 25 mars, qui ont poussé Gérald Darmanin à demander la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre. Un acte qui, paradoxalement, a fait tourner le vent en faveur des partisans de la désobéissance civile.

Pendant huit jours, entre 300 et des milliers de personnes sont attendues sur les différentes étapes du parcours du convoi de l’eau jusqu’à l’arrivée le 25 août à Orléans. Ensuite, direction Paris pour « un final surprise » entre le 26 et le 27 août. L’objectif est d’obtenir un « moratoire sur les méga-bassines dans l’ensemble du pays » et la mise en place de projets « qui assurent le partage de l’eau et une agriculture qui protège les sols, les nappes et les cours d’eau ».

Ils sont nombreux derrière cette initiative : les comités locaux du collectif Bassine Non Merci, la Confédération Paysanne, mais aussi… Les Soulèvements de la Terre, partie prenante au départ, avant une mise en retrait forcée.

« Face à la tentative de dissolution, le maintien de la manifestation a d’autant plus de sens »

L’idée d’un « convoi de l’eau » a émergé immédiatement après la manifestation – interdite – de Sainte-Soline qui s’est achevé par de violents affrontements. « Dès le lendemain, il y a eu des échanges sur la nécessité de réinventer notre façon d’agir », explique Benoît Biteau, eurodéputé EELV et militant historique contre ces projets de retenues d’eau.

Mais les stigmates de Sainte-Soline perdurent : deux manifestants sont grièvement blessés et des polémiques éclatent sur la doctrine du maintien de l’ordre et l’intervention des secours. Le 28 mars, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dit sa volonté de dissoudre Les Soulèvements de la Terre qu’il estime être « à l’origine » des violences.

L’annonce de Beauvau ne dissuade pas les militants d’organiser le convoi de l’eau : début juin, la campagne de communication est lancée, en même temps que l’ouverture des inscriptions.

La dissolution effective des Soulèvements de la Terre est finalement prononcée trois mois plus tard, le 21 juin. Le 16 juillet, les Soulèvements de la Terre annoncent leur mise en retrait des organisateurs, « le temps de recours à la procédure de dissolution » qu’ils ont engagée devant le Conseil d’Etat. Mais la mobilisation ne s’essouffle pas, bien au contraire. Le 21 juillet, dans le canal Telegram dédié, les organisateurs martèlent que « face à la tentative de dissolution, le maintien de la manifestation a d’autant plus de sens. »

« Ça nous donne de l’espoir »

Début août, les inscriptions au convoi affichent complet et les organisateurs crient « victoire ». Une plus grande les attend le 11 août : le Conseil d’Etat suspend la procédure de dissolution, estimant que « les actions promues par les Soulèvements de la Terre ayant conduit à des atteintes à des biens, qui se sont inscrites dans les prises de position de ce collectif en faveur d’initiatives de désobéissance civile, dont il revendique le caractère symbolique, ont été… en nombre limité » et donc insuffisantes pour caractériser le trouble à l’ordre public évoqué par Gérald Darmanin.

La dissolution effective des Soulèvements de la Terre est finalement prononcée trois mois plus tard, le 21 juin. Le 16 juillet, les Soulèvements de la Terre annoncent leur mise en retrait des organisateurs, « le temps de recours à la procédure de dissolution » qu’ils ont engagée devant le Conseil d’Etat. Mais la mobilisation ne s’essouffle pas, bien au contraire. Le 21 juillet, dans le canal Telegram dédié, les organisateurs assènent que, « face à la tentative de dissolution, le maintien de la manifestation a d’autant plus de sens. »

Les mouvements de défense de l’environnement exultent. « La décision du Conseil d’Etat est une vraie grande victoire pour la désobéissance civile non violente, parce qu’il la reconnaît plus ou moins comme une forme d’action politique légitime. C’est quelque chose d’assez nouveau », salue Nicolas Turcev, représentant de Dernière Rénovation. Même si une deuxième décision est attendue à l’automne, il assure qu’« évidemment », les militants feront valoir ce premier avis devant la justice. « Ça nous donne de l’espoir pour obtenir d’autres victoires plus grandes », assure-t-il.

Au-delà des militants, les élus de gauche, vent debout contre la dissolution, font la même lecture. Une source écologiste assure que le parti « soutient » le convoi de l’eau, rappelant – dans un lien direct entre la décision du Conseil d’Etat et le mode d’action des activistes — qu’« en plus, les Soulèvements de la Terre sont légaux ».

« Si le ministre de l’Intérieur continue de vouloir insister sur cette voie-là, ils vont vraiment perdre en crédibilité » (Benoît Biteau, eurodéputé EELV)

Les soutiens du convoi de l’eau sont d’autant plus tranquilles que, contrairement à Sainte-Soline, le mouvement a été déclaré et autorisé presque partout, à l’exception de Sainte-Soline et Rom, localité voisine jugée trop proches de la zone des réserves d’eau. Les préfectures des Deux-Sèvres et de la Vienne vont recourir à des drones et des aéronefs pour la « sécurisation » du convoi. Mais selon une source sécuritaire, l’événement s’apparente à « un rendez-vous familial (…) plutôt qu’une véritable démonstration de force même si les organisateurs annoncent eux-mêmes quelques surprises ».

Diffuseur de messages contre le port du masque pendant la pandémie de Covid-19 et dénonçant la nature vaccinale des injections contre le virus, Benoît Biteau, conseiller du candidat Yannick Jzdot à la présidentielle, sera au départ du convoi, tout comme les élus locaux et départementaux. Interrogé sur le dispositif policier, il dit « espérer » qu’il ne sera pas démesuré. « Monsieur Darmanin a intérêt à faire profil bas maintenant. Tout ce qu’il a raconté sur les Soulèvement de la Terre se révèle parfaitement faux » . Et l’eurodéputé d’ajouter : « s’il continue de vouloir insister sur cette voie-là, ils vont vraiment perdre en crédibilité. Après, ça nous permettra de gagner encore plus confortablement le recours sur le fond. » 

Un livre de soutien aux Soulèvements de la Terre ne recueille que quelques signatures connues

José Bové et sa Confédération paysanne ou Virginie Despentes et Alain Damasio servent-ils la cause du climat ?

Suite aux violences autour des bassines de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, qui ont fait de nombreux blessés, le 25 mars 2023, le ministre de l’Intérieur a annonçé la dissolution du collectif d’éco-terroristes. Près de deux cents blessés (dont quarante graves) côté participants, et plus de quarante, côté gendarmes, sont à déplorer lors de la mobilisation à l’appel de la Confédération paysanne et de ‘Bassines non merci’. Le mardi 28 mars, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a décidé d’ajouter un autre mouvement, Les Soulèvements de la Terre, également responsable des affrontements contre ce projet de réservoir d’eau.

Fondé en 2021 dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Les Soulèvements de la terre est un collectif d’écologie politique et insurrectionnel s’appuyant sur des luttes locales, principalement autour des enjeux agricoles et fonciers, pour engager un mouvement de résistance d’ampleur nationale. Gérald Darmanin est déterminé à ne pas laisser se redéployer le mouvement zadiste à travers le pays. Alors qu’à ses débuts, Les Soulèvements de la Terre sont principalement composés de militants issus de « l’ultragauche », les services du Renseignement indiquent qu’ils sont rejoints par des activistes d’organisations écologistes comme Extinction Rebellion (XR), « désabusés par les manifestations et actions de désobéissance civile jugées stériles [et] enclins à basculer dans la radicalité », passant de la désobéissance civile à la « résistance civile ». Plusieurs associations, tel Youth for Climate, syndicats et collectifs écologistes, outre la Confédération paysanne, notamment l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC), Alternatiba, ou encore l’Union syndicale Solidaires, s’y agrègent. Le ministre a d’ailleurs commencé par faire interpeller une quinzaine de ses membres à leur domicile le lundi 5 juin.

Entre janvier 2021 et mars 2023, une vingtaine d’actions sont organisées par le mouvement. En mars 2021, des manifestations sont organisées pour lutter contre la destruction de bocages par une carrière de sable à Saint-Colomban (Loire-Atlantique) et de jardins populaires à Besançon, contre la construction d’une route à Le Pertuis ou le projet de technopole du plateau de Saclay.

Durant l’automne 2021 et l’hiver 2022, des protestations contre la bétonisation des terres agricoles d’IIe-de-France, des occupations dans les centrales à béton du port de Gennevilliers et la société Monsanto à Lyon ont lieu.

Des actions sont ensuite menées contre une retenue d’eau à La Clusaz et l’artificialisation de terres agricoles à Pertuis dans le Vaucluse.

Le 11 décembre 2022, une centaine d’activistes masqués et vêtus de combinaisons blanches pénètrent dans l’usine du cimentier Lafarge à Bouc-Bel-Air dans les Bouches-du-Rhône. L’action dure moins d’une heure, pour des dégâts estimés à 4 millions d’euros.

A l’automne 2022, une première lutte contre la « méga-bassine » de Sainte-Soline, rassemble plusieurs milliers de personnes. A Sainte-Soline le 25 mars 2023, ils sont plusieurs dizaines de milliers de participants,

Des mobilisations contre le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres ou encore le projet de contournement routier de Rouen sont prévues en 2023.

En juin 2023, lors d’une marche itinérante en Loire-Atlantique à l’initiative de collectifs militants, tels que Les Soulèvements de la Terre, pour dénoncer l’utilisation intensive de sable dans les cultures ainsi que le maraîchage industriel, 3 600 mètres carrés de parcelles de terres expérimentales appartenant à la Fédération des maraîchers nantais sont vandalisées. Il s’agit de terrains où, depuis trois ans, des ingénieurs engagés sur les thématiques environnementales mènent des essais. Le préjudice est estimé à « plusieurs dizaines de milliers d’euros ». L’action suscite de nombreuses réactions politiques, la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, dénonçant des manifestations qui « ne sont pas acceptables quelles que soient les causes défendues », la sénatrice LR de Loire-Atlantique Laurence Garnier condamnant des « extrémistes » qui « ne savent rien faire d’autre que saccager le travail de ceux qui nous nourrissent ». Le collectif rétorque qu’il s’agit de « muguet qui ne se mange pas et de la mâche exportée » et dénonce les « mensonges » de la fédération des maraîchers nantais. Les Soulèvements de la Terre dénoncent à travers cette action l’accaparement des terres par le maraîchage industriel ainsi que des ressources en eau, au détriment des petites installations paysannes. Plusieurs paysans bio participent à cette action.

Une mobilisation internationale contre la ligne ferroviaire Lyon-Turin est organisée dans la vallée de la Maurienne le 17 juin 2023. Environ 4.000 personnes décroissantes manifestent pour l’arrêt des travaux de cette ligne au budget de 26 milliards qui, selon elles, risque de porter de graves atteintes à l’environnement alpin. Pour ces décérébrés, le transport ferroviaire serait plus polluant que la circulation de milliers de semi-remorques…

Ainsi, 40 idéologues verts s’élèvent pour soutenir le climat et Les Soulèvements de la Terre dans un ouvrage collectif publié au Seuil.

Depuis l’épisode de Sainte-Soline en mars dernier, les Soulèvements de la Terre provoquent une levée de boucliers des démocrates.

Face aux accusations d’« éco-terrorisme » et à « l’escalade répressive du gouvernement », le mouvement riposte et tente de rallier l’opinion publique. Après une tribune signée par 40 « personnalités », dont 35 illustres inconnus, et organisations écrivent leur soutien aux Soulèvements de la Terre dans un ouvrage collectif. Parmi elles, on retrouve les écrivain·es [sic] Virginie Despentes, auteure du roman Baise-moi, et l’auteur de science-fiction Alain Damasio, l’anthropologue de l’Amazonie équatorienne, Philippe Descola, 74 ans, la militante Léna Lazare, 25 ans, cofondatrice à Paris du mouvement Désobéissance écolo, membre de Youth for Climate et de
Les Soulèvements de la Terre (LST), le philosophe Baptiste Morizot, connu a Aix-en-Provence, le syndicaliste José Bové, démonteur de MacDo et faucheur de champs ONG, ou encore le mouvement des Scientifiques en rébellion, dans la désobéissance civile non-violente mais cautionnant des violents. Bref, un cercle d’archaïques ambigus.

Sous la forme d’un abécédaire, ce livre « composé dans l’urgence » mêle appels à l’action, constats scientifiques, textes poétiques et réflexions d’intellectuel·les. Il donne à voir la vision portée par les Soulèvements de la Terre, et élargit les regards sur les manières d’agir et de résister face à l’urgence climatique et sociale. L’ensemble des droits d’auteurs de l’ouvrage reviendra au collectif qui a annoncé maintenir les rassemblements des prochaines semaines, pour protester contre les carrières de Lafarge à St-Colomban (44) et contre la LGV Lyon-Turin en Maurienne (73).

« On a épuisé toutes les façons douces de faire les choses,  » estime Alain Damasio

La dissolution du mouvement écologiste, voulue par Macron et que Darmanin devrait entériner ce mercredi, n’est pour lui « pas seulement une mauvaise idée, c’est une aberration totale, absolue »« Les Soulèvements de la Terre amènent sur le devant de la scène un enjeu majeur pour demain, qui est l’eau. L’eau, c’est le nouvel or, et ça doit rester un bien commun. Pour moi, les Soulèvements défendent cette idée de façon très simple, et on ne peut que soutenir ça. »

L’ultra-gauche écologiste revendique une certaine radicalité. Cette radicalité, « non seulement je la comprends, mais je la défends et je la promeus », assume Alain Damasio. « On est à un moment où l’accélération du réchauffement climatique est massive, et il y a une vraie urgence à changer, à faire bifurquer ce monde. Donc il faut, si le gouvernement n’est plus capable (et il ne l’a jamais été en l’occurrence) d’entendre ces arguments écologiques, il faut passer à un niveau supérieur d’action. » « Gérald Darmanin est porteur de la violence, » accuse Damasio. Pour lui, il est incorrect de parler de « violence » de la part de l’association. « La violence, c’est Action Directe, les années 80 où on mettait des balles dans la tête des PDG des grands groupes… Là, on parle de gens qui découpent au cutter des bâches en plastique, de sciages de tuyaux : on est sur du démantèlement, pour redonner cette eau à tout le monde. »

Gérald Darmanin, lui, parle d’un groupe violent. « Mais Gérald Darmanin, il faudrait déjà qu’il apprenne que la police n’est pas là pour envoyer 5.000 grenades de désencerclement en deux heures sur des manifestants constitués d’écolos, avec des familles et des poussettes. La violence, il peut bien en parler, puisqu’il est porteur de cette violence et qu’il l’active contre des militants qui sont pacifiques. »

« Quand vous allez à Sainte-Soline, que vous voyez que pendant deux heures, il y a un nuage absolu de lacrymo, des grenades, des blessés, qu’on a frôlé un mort… On est sur une stratégie d’escalade de la violence de la part de la police qui fait qu’en face, chez des jeunes qui essaient déjà de faire entendre leur voix, ça crée une réaction de colère, qui est compréhensible », estime Alain Damasio, défenseur de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, co-signataire de l’ouvrage collectif Eloge des mauvaises herbes – Ce que nous devons à la ZAD et pro-palestinien co-auteur d’une pétition pour boycotter la saison culturelle croisée France-Israël, qui, selon l’objet de la pétition, sert de « vitrine » à l’Etat d’Israël.

TotalEnergies : échauffourées entre activistes et policiers à l’ouverture de son assemblée générale

Des menaces de l’ultra-gauche sur les investisseurs dans la fourniture des carburants de nos voitures

Des manifestants écologistes bloquent l’entrée de la salle Pleyel à l’heure de l’assemblée générale du groupe TotalEnergies, le 25 mai 2022 à Paris.

Au prétexte d’écologie, des manifestants anti-capitalistes accusent le groupe pétrolier et gazier d’exploiter et développer des énergies fossiles malgré l’urgence climatique et le jugent « totalement irresponsable ».

Des tensions sont apparues dès 6h00 du matin entre les militants pour le climat et les forces de l’ordre, ce vendredi 26 mai. Les manifestants se sont réunis devant la salle Pleyel à Paris, où doit se tenir l’assemblée générale de TotalEnergies.

« L’AG doit se tenir », répétait-on vendredi matin du côté de TotalEnergies, tandis que les premiers actionnaires arrivaient au compte-gouttes. « On ne les lâchera pas », assurait de son côté Marie Cohuet, porte-parole de l’association Alternatiba, mouvement citoyen écologique et d’extrème gauche de mobilisation sur le dérèglement climatique, pour qui l’entreprise « incarne le pire de ce qui se fait en termes d’exploitation des populations et de la planète ». Dès l’aube, des dizaines de manifestants pour le climat ont tenté de pénétrer dans le tronçon de rue passant devant la salle Pleyel, dans les beaux quartiers parisiens.

Après BP et Shell, vient le tour de TotalEnergies: l’ultra-gauche prend ses ordres à l’étranger. Le géant français des hydrocarbures se prépare à vivre une assemblée générale électrique vendredi 26 mai au matin, ciblée dès avant son ouverture par des échauffourées entre manifestants qui instrumentalisent le climat à des fins anti-capitalistes et la police, tandis que certains actionnaires – des investisseurs pour l’avenir – sont également en désaccord avec sa politique climatique mais perçoivent néanmoins leurs dividendes. Dès l’aube, des dizaines de manifestants « pour le climat » ont même tenté de pénétrer dans le tronçon de rue passant devant la salle Pleyel, Rue du Faubourg Saint-Honoré,  » dans les beaux quartiers parisiens », comme indiqué par une certaine presse qui ne précise pas que le siège de TotalEnergies Marketing France est situé en Seine-Saint-Denis, à Stains dont le maire DVG est Azzédine Taïbi.

Une dizaine d’entre eux, qui s’étaient assis devant l’entrée, ont été délogés par les forces de l’ordre et des échauffourées ont eu lieu. La police a fait usage de bombes lacrymogènes pour déloger les manifestants.

Une coalition d' »ONG » a appelé à bloquer la réunion et des dizaines de militants sont désormais assis aux entrées de la rue du Faubourg Saint-Honoré, chantant notamment « ce qu’on veut c’est renverser Total » et « un, deux et trois degrés, c’est Total qu’il faut remercier ».

La réunion arrive à la fin d’une saison d’AG houleuses, où des militants ont multiplié les actions contre les grands groupes, comme chez les concurrents Shell et BP ou la banque Barclays, accusée de financer l’expansion de projets d’hydrocarbures. Le tout sur fond de profits faramineux : ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose. Signe des tensions attendues, TotalEnergies interdira aux actionnaires et aux journalistes d’utiliser leurs téléphones portables, et les obligera à laisser certains effets personnels à l’entrée.

Le groupe veut surtout éviter le scénario chaotique de l’année dernière quand des militants d’ONG avaient empêché des actionnaires de pénétrer dans l’AG.

« L’AG de Total n’aura pas lieu », ont d’emblée prévenu fin avril dans une tribune les signataires 350.org, Alternatiba, Amis de la Terre, ANV-COP21 (Action non-violente), Attac, Greenpeace, Scientifiques en rébellion et XR (mouvement international de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique). « Cette assemblée générale prévoit de perpétuer la stratégie du pétrolier : toujours plus de projets fossiles et une répartition injuste des superprofits qui alimente l’injustice climatique et sociale », dénoncent-ils.

L’ONG Bloom publie, elle, une enquête mettant en question les investissements de la multinationale française dans les énergies renouvelables pour masquer ses investissements fossiles et « verdir » ses plateformes pétrolières et gazières.

Pendant son assemblée générale, Patrick Pouyanné compte aborder le projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique, dans lequel TotalEnergies détient 26 % des parts et prépare notre indépendance énergétique à venir, notamment à Mayotte ou à La Réunion. Un projet qui a été interrompu en 2021, après les attaques dans la région de groupes djihadistes affiliés à Daesh. Mais la situation sécuritaire s’est améliorée et l’entreprise prépare son retour dans la région. Pour cela, l’entreprise a demandé à Jean-Christophe Rufin, écrivain « prix Goncourt », ex ambassadeur, ex patron d’Action contre la faim, un des pionniers de Médecins sans frontières, de se charger d’évaluer la situation socio-économique et humanitaire sur place dans un rapport.

Ils sont non-violents, pacifistes et respectueux :

Mélenchon n’est pas le maître à penser de LFI, c’est un Suédois

Andreas Malm, l’ultra-écolo suédois incite les militants d’extrême gauche au sabotage

Les Français n’ont pas encore tout vu ni subi. Les sabotages ne sont pas avérés, mais les pannes à la SNCF et les coupures d’électricité contre la réforme Macron des retraites, à l’initiative de la CGT ou de SUD, sont autant de signes avant-coureurs, évidemment sous-estimés jusqu’ici et jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour agir.

Greta Thunberg est-elle formatée? Figure de proue de l’écologisme radical, le militant suédois a théorisé dans plusieurs ouvrages la nécessité du recours au sabotage dans la lutte pour le climat.

Malm, maître de conférence, militant d’extrême gauche
et activiste pro palestinien et contre le changement climatique

Maître de conférences en géographie humaine, écologue, auteur ou théoricien, le militant suédois Andreas Malm multiplie les casquettes. Agé de 47 ans, cet homme au regard dépressif et à l’air inquiet est surtout le maître à penser de l’écologie radicale.

«On se sentait presque plus en Cisjordanie que dans un pays d’Europe de l’Ouest»

Venu de Lund en soutien aux activistes opposés aux «bassines» de Sainte-Soline lors de la manifestation interdite du 25 mars, ce personnage controversé s’est imposé dans le paysage médiatique européen sur les questions environnementales en théorisant l’utilité d’un certain usage de la violence dans le combat climatique, et notamment du sabotage.

Il ne parle pas français, mais il connaît une phrase : «Tout le monde déteste la police». Il aime la répéter à la presse, et aussi dans le rassemblement des militants d’extrême gauche présents à Sainte-Soline. Un «événement historique», selon lui, car il s’agit du premier «conflit social majeur» qui se déploie autour d’un dispositif d’adaptation au changement climatique.

« Pour mettre fin à la catastrophe, il faut s’en prendre aux classes dominantes » (Andreas Malm)

Ces apôtres altermondialistes de Reporterre ont recueilli les paroles sacrées de leur gourou. Le fondateur de ce site estime que « la question écologique est la question historique et politique principale de ce début de XXIe siècle. C’est une grille de lecture visible, assumée, et à partir de laquelle nous faisons notre travail de journaliste. Nous sommes aussi engagés, et j’allais même dire moins, que des journaux comme The EconomistLes EchosLe Figaro ou Le Monde, qui défendent explicitement, à des degrés divers, une ligne néolibérale et affirment la primauté de l’économie comme mode principal de l’activité sociale. […] A partir de ça, nous menons une bagarre contre la vision du monde dirigée par l’économie, pour faire simple. Comme elle est dominante en ce moment, elle prétend refléter la réalité, alors que ce n’est que la vision du pouvoir. Nous affirmons autre chose, mais évidemment, comme nous sommes beaucoup plus petits, les dominants voudraient nous faire passer pour engagé ou militant ». S’ils sont anti-capitalistes, ils sont aussi sectaires, staliniens et, comme Macron, arrogants. En décembre 2022, dans un article mis en ligne le 24, Reporterre déclare que les plus à même de nous sortir de la crise écologique sont les politiques ancrés à gauche. » Mélenchon et son écologie politique ?

Reporterre — Comment interprétez-vous la réaction face à la pandémie de Covid-19 ?

Andreas Malm — C’est comme si on faisait face à une nouvelle normalité, comme si le problème devenait chronique. Cette crise pourrait se prolonger longtemps et nous pourrions voir apparaître de nouvelles souches de ce virus ou de nouveaux virus. Quand je circule dans une ville comme Berlin et que je vois tous ces habitants masqués, j’ai l’impression qu’ils sont reliés par des millions de fils invisibles à la crise profonde qui frappe la nature : la destruction continue de la nature sauvage cause l’apparition de nouvelles maladies infectieuses. Mais les gens n’en semblent pas conscients.

Il est remarquable de voir à quel point la dimension écologique de cette crise est absente du débat. Maintenant, on parle des élevages de visons, mais il n’y a pas eu jusqu’ici de discussion sur les causes des catastrophes comme celle que nous vivons. Le débat porte uniquement sur les restrictions qui doivent être mises en place, sur la nécessité d’un confinement ou non, sur l’utilité des masques, sur quand on disposera des vaccins. Les populations humaines ont souffert en Europe, c’est une conséquence de la crise écologique, mais la crise n’a quasiment pas été abordée sous cet angle.



Quelles sont les raisons de notre aveuglement sur la dimension écologique de la pandémie ?

Nous voulons pouvoir continuer comme par le passé. Ce qui rend cet aveuglement extraordinaire, c’est que nous avons vécu une année anormale et que l’approche du business as usual a été rendue impossible. On n’avait jamais vu des gouvernements décréter la fermeture de pans entiers de l’économie. On aurait donc pu s’attendre à ce que les citoyens soient plus disposés à s’interroger. Mais non. Pourquoi la réaction en 2020 est-elle si différente de ce qu’on a pu observer lors de l’été 2018, marqué par des canicules, par la sécheresse ainsi que par des feux de forêt ? A l’époque, en Europe, la population a rapidement fait le lien avec le réchauffement climatique. Il a été discuté par ceux pour qui la crise climatique est un fait aussi bien que par les climatosceptiques, dont une grande partie de l’extrême droite européenne. Mais le caractère exceptionnel de l’été 2018 a également donné naissance au phénomène Greta Thunberg, à la grève des vendredis pour le climat, et au mouvement Extinction Rebellion. L’année 2019 a vu une montée en puissance de la mobilisation pour le climat. 

Comment expliquer ce contraste entre 2018 et 2020 ? En partie par le fait que la climatologie existe depuis longtemps, qu’elle s’est institutionnalisée et a vulgarisé les résultats de ses recherches auprès du grand public. Le réchauffement climatique fait en quelque sorte partie de la culture générale. Par ailleurs, le militantisme pour le climat est très actif depuis de nombreuses années. Les militants et les scientifiques avaient annoncé que de tels phénomènes se produiraient. La population était donc mentalement préparée à ce qu’un événement climatique extrême se produise, même en Europe. En revanche, les travaux scientifiques consacrés aux zoonoses et aux maladies infectieuses émergentes sont restés plus confidentiels, ils n’ont pas réussi à pénétrer autant le débat public et n’ont pas été accompagnés d’un mouvement militant. C’est pourquoi cette pandémie peut continuer à être perçue comme un éclair dans un ciel d’été, comme un accident imprévisible, comme un impact d’astéroïde.



Comment expliquez-vous le choix qu’ont fait les gouvernements de mettre l’économie à l’arrêt ?

C’est un fait remarquable. A un certain niveau, cela s’explique très simplement : si un gouvernement ou les élus des partis qui le composent ne s’avèrent pas compétents dans la gestion de la crise sanitaire et s’ils ne réussissent pas à réduire le taux d’infection et de mortalité, ils peuvent craindre une sanction lors de prochaines élections. C’est ce qui s’est passé lors des élections étasuniennes : la défaite de Donald Trump s’explique en partie par son incapacité à gérer la pandémie.

Une autre motivation est que la pandémie a touché dans un premier temps une population relativement riche dans l’hémisphère Nord, alors que la crise climatique affecte principalement les populations pauvres dans l’hémisphère Sud. Ceci étant dit, c’est bien dans le sud que l’on trouve le plus grand nombre de morts dus au Covid en 2020 : parmi les pays les plus touchés, après les Etats-Unis, on compte l’Inde, le Mexique et le Brésil.



Dans votre dernier ouvrage, « La Chauve-Souris et le Capital », vous établissez un lien très fort entre Covid et changement climatique. Pourriez-vous l’expliquer ?

En Chine, les populations de chauve-souris se déplacent et le réchauffement climatique est une des raisons qui expliquent ces migrations. Plus les températures augmentent, plus les chauves-souris migrent vers le nord pour retrouver les températures auxquelles elles sont habituées et qui leur conviennent. Dans leur migration, il arrive qu’elles s’installent près de villes comme Wuhan, où elles apportent des pathogènes. Mais on ignore si cette hypothèse peut s’appliquer aux chauves-souris hébergeant le nouveau coronavirus. En revanche, il existe un lien direct entre l’accroissement des températures et le risque d’épidémies dues à des zoonoses. En effet, plus il fera chaud et plus la faune sauvage migrera, entrant ainsi en contact avec les populations humaines et partageant des pathogènes, pour lesquels ces rencontres de populations sont une occasion d’évoluer, de muter et de favoriser l’émergence de zoonoses. Le réchauffement climatique va semer le chaos parmi les populations animales et nous risquons de voir apparaître plus fréquemment de nouvelles pathologies.



Quel serait le lien entre le Covid et le capitalisme ?

Revenons au cas des visons. Pourquoi existe-t-il des élevages de visons ? Des entreprises génèrent des revenus en enfermant ces animaux dans de petites cages et en les nourrissant jusqu’à ce qu’ils soient abattus pour leur fourrure, vendue comme produit de luxe pour de riches consommateurs. Le problème du trafic des espèces sauvages ou de l’exploitation d’animaux d’élevage n’est pas propre à la Chine. Il s’enracine dans une logique essentielle au capitalisme, à savoir que si l’on peut tirer des bénéfices de la vente de quelque chose sur un marché, cette chose doit être transformée en marchandise. Or l’accumulation de capital est possible sur un marché de niche comme celui de la fourrure de vison. Enfermer des animaux dans un espace très étroit est idéal pour permettre à des virus de se propager d’un individu à l’autre, puis d’évoluer et de muter. Le virus a tout à voir avec la tendance systémique du capitalisme à soumettre les animaux et d’autres parties de la nature à la propriété privée et à les transformer en marchandises.

Toute accumulation de capital résultant de l’exploitation commerciale d’animaux sauvages élevés en captivité doit être abolie si l’on veut éviter l’apparition de nouveaux virus et le risque de nouvelles pandémies. À un niveau plus abstrait, on peut affirmer que le capitalisme a tendance à faire surgir ces nouvelles maladies parce qu’il est incapable de renoncer à exploiter les écosystèmes naturels. Le capitalisme est obligé d’envahir ces écosystèmes et de les transformer en sources de profit. Il est intrinsèquement incapable de se rendre compte qu’il y a des limites à l’expansion et qu’il faut respecter ces limites, par exemple en s’interdisant d’envahir certaines forêts tropicales dont la destruction entraînera le chaos environnemental. Respecter des limites est une impossibilité pour le capitalisme, qui doit donc se les voir imposer de l’extérieur.

Imposer des limites au capitalisme, n’est-ce pas y mettre fin, puisqu’il a besoin d’être en constante expansion ?

Certes, mais je ne pense pas que toute limitation puisse immédiatement mettre fin au capitalisme. Certains pays européens avaient par exemple mis en place un État-providence fondé sur la démarchandisation de certains secteurs. Il s’agissait de limites imposées à l’expansion capitaliste, notamment dans les domaines de l’éducation ou de la santé. Cela n’a pas mis fin au capitalisme. Même aux plus beaux jours de l’État-providence suédois, quand des secteurs économiques entiers avaient été soustraits à l’économie de marché, il a coexisté avec le système capitaliste qui a grandement bénéficié aux riches. Mais dans les années 1970 et 1980, le capitalisme a réussi à faire de premières incursions dans les domaines qui lui avaient été soustraits et a commencé à les soumettre à son besoin d’expansion pour l’accumulation de capital. Cela s’est terminé par sa victoire. Résultat, le système éducatif suédois est désormais privatisé plus que partout ailleurs dans le monde occidental.

Imposer des limitations environnementales sérieuses au capitalisme, comme l’a fait par exemple Lula au Brésil contre la déforestation, ne signifie pas mettre un terme au système capitaliste. Le capitalisme a pu y faire son retour et imposer la suppression de toute limite d’abord à l’occasion du coup d’État contre Dilma Rousseff, puis sous Bolsonaro. La leçon à en tirer est que si l’on veut assurer la pérennité des limites, le capitalisme reviendra tôt ou tard en force et luttera pour faire abolir ces limites. Si l’on veut maintenir ces limites, on est donc amené à remettre en question l’existence même d’un système qui ne tolère aucune limite.

À l’image des entrepôts Amazon toujours plus nombreux et démesurés, Andreas Malm soutient que le capitalisme est incapable de limiter de lui-même sa destruction de l’environnement.



Dans « La Chauve-Souris et le Capital », vous prônez un « léninisme écologique ». Pourriez-vous nous expliciter cette idée ?

Mon raisonnement part du fait que nous sommes en situation de catastrophe écologique. Or Lénine et ses camarades bolcheviks — Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht — faisaient face à une catastrophe, celle de la Première Guerre mondiale, qui présente certaines ressemblances avec la catastrophe écologique. Leur position était que lorsque la guerre mondiale éclaterait, il faudrait essayer de retourner la crise contre elle-même en s’attaquant aux moteurs de la crise, à ce qui alimentait la guerre, sous peine de voir se répéter sans cesse les conflits mondiaux. Il s’agissait donc de transformer la Première Guerre mondiale en crise révolutionnaire visant à renverser les élites qui étaient responsables de la catastrophe et voulaient poursuivre la guerre en envoyant de plus en plus d’hommes se faire massacrer par millions.

On peut reprocher beaucoup de choses à Lénine et aux bolcheviks, mais il faut leur reconnaître que c’est ce qu’ils ont réussi à faire en renversant le gouvernement provisoire responsable de la poursuite de la guerre côté russe. Ils ont ainsi mis fin à la Première Guerre mondiale pour les Russes en se retirant du conflit.

Le parallèle avec notre époque est que nous sommes en situation de catastrophe, un état qui devient permanent et voit se succéder une catastrophe après l’autre, événements météorologiques extrêmes ou pandémies. Notre mission stratégique doit être de transformer ces moments de crise des symptômes en crise pour les moteurs. Quand nous subissons une catastrophe naturelle, météorologique ou climatique, nous devrions agir exactement comme l’a fait le mouvement pour le climat en 2018 et 2019 mais à une échelle plus grande et de manière plus intense, en ciblant les causes du désastre. Tant que nous ne nous attaquerons pas aux moteurs de crise, nous en subirons sans fin les symptômes. En ce sens, ce que j’ai proposé d’appeler « léninisme écologique » repose simplement sur une comparaison avec la stratégie de Lénine pendant la Première Guerre mondiale : pour mettre fin à la catastrophe — qu’il s’agisse du conflit mondial ou du massacre écologique —, il faut s’en prendre aux classes dominantes, qui ont intérêt à ce que la catastrophe se poursuive.
 


Pourquoi préférez-vous la notion de Capitalocène à celle d’Anthropocène ?

Il est simplement inexact de prétendre que l’ensemble de l’espèce humaine se comporte de la même manière. Un récent rapport d’Oxfam et de l’Institut environnemental de Stockholm indique que les émissions de gaz à effet de serre (GES) des 1 % les plus riches depuis les années 1990 représentent plus du double des émissions de la moitié la plus pauvre de l’humanité. Ce qui est en jeu ici n’est pas seulement les émissions des plus riches mais leur idéal de vie, qui alimente une spirale consommatrice de plus en plus destructrice.

Remplacer la notion d’Anthropocène par celle de Capitalocène, c’est vouloir être plus précis en disant que c’est le capital — comme processus et comme structure particulière d’interaction humaine fondée sur l’inégalité et le pouvoir — qui s’est transformé en facteur de changement géologique destructeur, et non pas l’espèce humaine. Ce qui se passe ne relève pas de nos caractéristiques biologiques en tant qu’espèce Homo sapiens, mais d’une évolution historique et sociale particulière.



Le capitalisme numérique est devenu aussi puissant que les « majors » pétrolières. Comment analysez-vous cette évolution au sein du capitalisme et quel rôle joue le capitalisme numérique ?

On imagine à tort que les technologies numériques possèderaient une immatérialité résultant de leur découplage d’avec le monde matériel, les plaçant dans la post-destruction. Cette vision ne correspond aucunement à la réalité. Des rapports ont établi à quel point Internet contribue à la consommation mondiale d’énergie, y compris fossile. On peut bien entendu rétorquer que ces machines fonctionnent aussi bien à l’énergie renouvelable. Mais le capitalisme numérique a clairement augmenté la cadence à laquelle nos sociétés produisent et consomment en général. N’oublions pas les nombreux autres effets du capitalisme numérique, notamment son incidence idéologique qui provoque chez l’être humain un détachement croissant du monde naturel, un glissement intellectuel, mental et culturel. Les gens passent un temps infini devant leurs écrans plutôt que d’interagir avec le monde extérieur. Cela ne me semble pas positif et je crois que notre conscience de l’environnement ne bénéficie pas de notre propension à disparaître dans le monde numérique.



Dans « Comment saboter un pipeline », vous critiquez la non-violence. Pourquoi ?

Je ne suis pas contre les méthodes d’action non violentes en politique, j’ai d’ailleurs participé à bon nombre d’entre elles. Ce à quoi je m’oppose, c’est l’idée que ces méthodes sans aucun dégât matériel, ni rien qui puisse être considéré comme de la violence, soient les seuls moyens d’action que nous puissions employer au sein du mouvement climat. Prenons par exemple Extinction Rebellion. Pour eux, un mouvement social est condamné à perdre le soutien de la population dès qu’il recourt à des méthodes qui pourraient sembler ne serait-ce qu’un peu violentes. Je ne pense pas que cette analyse s’appuie sur une compréhension historiquement exacte des mouvements sociaux et je ne crois pas qu’il soit sage pour le mouvement climatique de prononcer des vœux perpétuels de non-violence absolue.

Le mouvement Black Lives Matter inflige par exemple un démenti complet à la théorie du pacifisme stratégique. Il a vraiment décollé quand des habitants de Minneapolis ont pris d’assaut et incendié le commissariat de police de cette ville. Si le pacifisme stratégique disait vrai, cet événement aurait dû entraîner la diabolisation de Black Lives Matter. Or, c’est exactement le contraire qui s’est produit. Cet incendie a permis de prendre de conscience que la police n’est pas au-dessus des lois aux États-Unis. Black Lives Matter a rassemblé ensuite un grand nombre de courants ; certains choisissant la destruction de biens, renversant des statues érigées à la gloire de propriétaires d’esclaves, d’autres affrontant la police lors d’émeutes urbaines. Et la plupart manifestant dans le plus grand calme.

Cela nous apprend que la diversité des tactiques est indispensable à tout mouvement. Le rôle qui incombe à la frange radicale militante est d’insuffler à ceux qui ne veulent pas s’engager sur la voie du militantisme actif le courage de descendre manifester dans la rue pour faire entendre leur voix. Appliquer la leçon de Black Lives Matter au mouvement pour le climat, c’est chercher des modes d’action qui soient équivalents à la destruction du commissariat à Minneapolis ou aux statues renversées. Je n’incite pas à la violence contre les personnes, mais je pense que la destruction de biens a joué un rôle dans pratiquement tous les mouvements sociaux qui ont atteint leur but. En France, cela est encore plus vrai que dans n’importe quel autre pays. Vous êtes des champions dans ce domaine parce que vous êtes le pays en Europe où les conflits sociaux sont encore assez réguliers. Les Gilets jaunes n’auraient pas autant marqué le paysage politique français s’ils avaient été un mouvement entièrement non violent.

Le collectif La Ronce a appelé à subtiliser des bouchons de paquets de sucre pour protester contre la réautorisation des pesticides néonicotinoïdes.



Quelle stratégie le mouvement le climat devrait-il suivre aujourd’hui ?

Avec la pandémie, on a assisté à un suicide du mouvement pour le climat : il s’est effacé tout seul. La grève pour le climat (Fridays for Future) a par exemple décidé de cesser son action en raison de la crise sanitaire. C’était une erreur. Toute la dynamique patiemment construite en 2019 a été perdue. Le mouvement pour le climat aurait dû faire comme Black Lives Matter : continuer à descendre dans la rue et à occuper l’espace public tout en portant des masques et en respectant la distanciation physique. Le mouvement ne peut exister si nous nous contentons de manifester derrière nos écrans. Il faut poursuivre les grèves ou des actions de désobéissance civile. Mais, au vu de l’extrême urgence à laquelle nous faisons face, nous devons monter en puissance et enrichir notre répertoire d’action en y incluant des tactiques de militantisme actif.

La démarche est risquée, car elle peut évidemment échouer. Mais je pense que nous ne pouvons plus nous offrir le luxe de n’utiliser que des tactiques ne comportant aucun risque. Prenons un exemple : j’ai lu que les activistes d’Extinction Rebellion à Bordeaux ont dégonflé les pneus de SUV dans les quartiers les plus aisés de la ville. C’était une excellente initiative. Si de nombreux activistes font cela, ils peuvent attirer l’attention sur les émissions du luxe et saper la légitimité de ce type de consommation tout simplement injustifiable. Si les États sont incapables d’y remédier, c’est aux citoyens d’agir.



Comment pratiquer le sabotage dans un contexte très répressif ?

Je ne dis pas que tout le monde doit pratiquer le sabotage, ni que celui-ci est la panacée. Mais je pense qu’il y a des activistes frustrés par l’inadéquation complète de la réponse à la crise climatique et qui souhaitent passer au niveau supérieur. Et je crois que le mouvement pour le climat ne devrait pas leur déconseiller de le faire, mais plutôt les encourager. Et puis, certaines formes de sabotage ne sont pas très risquées. En 2007, quand nous avons dégonflé des pneus de SUV en Suède, une de nos camarades a été arrêtée. Elle n’a pas été condamnée. Évidemment, si ce geste était pratiqué à grande échelle, les sanctions encourues pourraient devenir sérieuses. Mais il reste possible de mener certaines actions de sabotage sans courir le risque d’une répression forte. Et comme le dit très justement le collectif La Ronce dans son manifeste, c’est parce que les technologies à base d’énergies fossiles sont quasi omniprésentes qu’on peut facilement les cibler. Il faut réfléchir soigneusement aux types d’action menées, tâcher d’éviter la répression autant que possible et ne pas se précipiter dans les bras de la police, comme XR aime à le faire.



La Ronce appelle aux sabotages individuels. Pensez-vous que ces actions puissent être efficaces ?

Quand un groupe lance un appel à l’action, on dépasse le phénomène individuel. Il s’agit bien de quelque chose de collectif et de politique. J’en veux pour preuve l’idée de boycott telle qu’elle a été appliquée pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud. On pourrait dire que refuser d’acheter des produits sud-africains relevait d’une décision individuelle. Et pourtant, c’était un phénomène collectif et politique. Il me semble que cela s’applique ici aussi. Le risque des actions de La Ronce, même si je manque de connaissances précises sur les intentions de ce collectif, c’est de finir par tout cibler sans distinction en s’en prenant à l’ensemble de la civilisation industrielle. C’est ce qu’on a vu avec les mouvements de « sabotage écologique » dans les années 1980 et aussi 1990.

Quand les défenseurs de l’environnement optent pour le sabotage, ils pensent qu’il n’y a rien dans la civilisation industrielle qui ne soit pas destructeur et qu’il faut donc l’attaquer dans tous ses aspects. Mais tout cibler, c’est ne rien cibler. Ce qui rend le sabotage intéressant, c’est d’être précis et sélectif. En choisissant telle ou telle cible, on souligne son caractère destructeur et on suscite le débat public en espérant la priver de légitimité pour entraîner sa disparition.

Les SUV se prêtent bien au sabotage, car il est possible de créer un effet de dissuasion à l’achat. À force de voir se dégonfler leurs pneus — c’est ce que nous avons vu en Suède — les acheteurs de voitures finissent par se dire que s’ils choisissent un SUV, ils risquent de se retrouver à plat le lendemain matin. Il est nettement préférable de concentrer ses forces sur une ou deux cibles et si on atteint le premier objectif, on peut en poursuivre un autre. De plus, il faut vraiment veiller à cibler la consommation des riches. Les SUV représentent un symbole de statut social, relevant de la consommation ostentatoire. On pourrait aussi s’en prendre aux yachts de luxe ou à d’autres cibles représentant des émissions de luxe absolument injustifiables. Enfin, quand on pratique le sabotage, il faut expliquer aux gens pourquoi on le fait. Il faut être capable de publier des communiqués et des manifestes ou des tracts qui exposent très clairement les raisons qui motivent une action. Il ne suffit pas d’ouvrir des canettes de coca au petit bonheur la chance dans des supermarchés et de s’enfuir en courant.

  • Propos recueillis par Laury-Anne Cholez et Hervé Kempf

Gardes à vue : vingt avocats déposent une centaine de plaintes contre les « détentions arbitraires »

Des juristes militants participent au grand jour à l’insurrection anti-réforme des retraites

100 plaintes par 20 avocats: technique de la submersion
par la NUPES subversive

Depuis plusieurs semaines, des organisations telles que la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), le Syndicat des avocats de France (SAF, classé à gauche), mais aussi les partis politiques de gauche, critiquent une « répression policière ».

Les violentes manifestations contre la réforme des retraites et l’utilisation du 49.3 ont été l’occasion d’exactions et de nombreux activistes ou des militants se faisant parfois passer pour de simples passants ont été placés en garde à vue avant d’être, dans leur écrasante majorité, relâchés sans poursuite comme la plupart. Des centaines de privations de liberté dénoncées – mais moins de cent plaintes – par ceux qui les ont subis, comme le collectif Stop GAV, soutenu par LFI, mais également par des membres de la communauté juridique, à l’exemple du Syndicat de la magistrature (SM) classé très à gauche et connu pour son infâme « Mur des cons ».

Ce vendredi 31 mars, un collectif de 20 avocats annonce le dépôt d’une centaine de plaintes pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique, de non-intervention pour l’arrêt d’une privation de liberté illégale et d’entrave à la liberté de manifester.

292 arrestations à Concorde

«C’est un dépôt collectif de plaintes individuelles, explique Coline Bouillon, une des avocates à l’initiative du projet et pour qui l’instinct de vengeance donne une “ sensation primaire mais jouissive”. Tout le monde a la même plainte, tout le monde a les mêmes avocats. On veut un traitement individuel pour chaque personne.» Tous les plaignants ont été arrêtés depuis le 16 mars, jour où le 49.3 a été utilisé par le gouvernement. L’avocate poursuit : «Le point de rupture qui justifie cette envie de déposer plainte, c’est ce rassemblement à Concorde.» Un rassemblement où 292 personnes sont arrêtées, dont Mélyna, que CheckNews avait interrogée et qui manifestait pour la première fois de sa vie, ou encore deux mineurs autrichiens alors en voyage scolaire et qui n’a pu les empêcher de participer. Sur ces interpellations, 283 donnent lieu à un classement sans suite, seules neuf personnes sont poursuivies.

Cette centaine de plaintes, déposées ce vendredi 31 mars, d’après le communiqué du collectif, ne vise pas «d’auteur précis, considérant que seule une enquête propre à chaque plaignant permettra d’établir la responsabilité de chacun des agents de l’Etat ayant concouru à ces privations de libertés». Ce n’est pas la première fois que des manifestants qui jugent avoir été arbitrairement placés en garde à vue portent plainte, d’autres personnes ayant déjà porté plainte en 2021 au moment des manifestations contre la loi sécurité globale.

Le collectif, qui se concentre sur les plaintes en Ile-de-France, fait savoir qu’il continue de traiter celles que les gens peuvent leur envoyer.

« Ce sont des gardes à vue ‘sanctions’, pour dissuader les personnes de revenir manifester », a appuyé la consœur de Me Kempf, Me Coline Bouillon.

Qui sont les signataires ?

La liste n’est pas d’accès facile. Quelques noms le sont.

Coline Bouillon, avocate généaliste à Vincennes depuis novembre 2018 organisait une conférence de presse au sujet de la détention de Florian D ., appelé Libre Flot, militant internationaliste d’ultra-gauche – Syrie, SDF, fiché S – maintenu en détention provisoire et à l’isolement, en grève de la faim depuis le 27 février: il a été inculpé le 8 décembre 2020 avec six autres personnes pour association de malfaiteurs à caractère terroriste.

Raphaël Kempf, avocat pénaliste de 39 ans qui a crée son cabinet en 2016 à Paris 9e, après avoir travaillé chez des avocats, en France mais aussi en Egypte et en Algérie, milite au côté de Florian D., soutenu par Révolution Permanente. Il est l’auteur de « Ennemis d’Etat, Les lois scélérates, des anarchistes aux terroristes « . De lui Libération écrit: « avocat pénaliste engagé, le défenseur d’activistes et de militants ferraille depuis trois mois au procès du 13 Novembre ». Il est le fils de l’ex-journaliste à Courrier international et au Monde, Hervé Kempf, rédacteur en chef fondateur du site Reporterre, le quotidien altermondialiste, et auteur de Que crève le capitalisme… 

Aïnoha Pascual, avocate en droit public depuis 2015 et ex-chargée d’enseignement en droit administratif à Université Paris Nanterre, a son cabinet Rue de Vaugirard à Paris 15e) et exerce en droit pénal et droit des étrangers. Proche du groupe de défense collective Defcol, soutien juridique aux manifestants victimes de violence policière et/ou mis en garde à vue, elle est amenée à défendre des personnes interpellées lors des manifestations contre le projet de loi travail et de Nuit debout. Elle participe à la legal team de la Coordination contre la répression et les violences policières.

Alexis Baudelin, avocat au Barreau de Paris depuis 2015, a fondé son cabinet Rue Réaumur 75002 Paris en 2021. Il est l’un des avocats d’Amil, activiste écologiste, poursuivi pour une action de Youth for Climate dans les locaux de BlackRock, à Paris. Et aussi pour complicité de dégradation et refus de prélèvement d’empreintes génétiques. Et arrêté le 30 mai 2020 pour avoir participé au blocage non déclaré des Champs-Elysées par des militants d’Extinction Rebellion.

Des gardes du corps de Macron malmènent un militant écologiste au Salon de l’agriculture 2023

Le président se désolidarise de sa garde rapprochée

Violences par un membre du Groupe de sécurité de la présidence de la République

Un manifestant écologiste a été plaqué au sol par le service de sécurité du président de la République alors qu’il visitait ce samedi le Salon de l’Agriculture.

« Le plan de rénovation thermique, M. le président ! », a crié un jeune militant vers 15 heures, alors que le chef de l’Etat parlait avec une éleveuse d’ovins. Il a été évacué sans ménagement par les gardes du corps du chef de l’Etat, notamment en lui tirant les cheveux, et en le plaquant au sol, une scène qui a fait l’objet d’une vidéo massivement partagée sur les réseaux sociaux. @Chamakd1

Le militant dépose plainte. Ce lundi, le militant a annoncé à LCI qu’il a porté plainte contre X dès samedi soir. Se disant « choqué par cette violence », Jérémy a assuré n’avoir « proféré aucune insulte », ni « exercé aucune menace ». « J’ai crié : ‘A quoi tu sers?‘ qui est notre slogan de Dernière rénovation sur nos t-shirts puis ‘plan de rénovation thermique et 2.200 morts par an à cause de la précarité énergétique’ », a-t-il ajouté. 

Lien TikTok

Avant de raconter la scène tel qu’il s’en souvient. Le jeune homme a indiqué qu’un « membre en particulier de la sécurité (l)’a attrapé par le cou en (l)’étranglant ». Une fois plaqué au sol, Jérémy a assuré avoir reçu des coups. « J’ai crié pour qu’il arrête ses actions, j’ai des traces et marques de violences sur le cou et le haut de la poitrine, des contusions à l’œil gauche ainsi que deux bosses sur le crâne. J’ai tout de suite été porté dans une salle à l’écart pour un contrôle d’identité par les forces de police », a-t-il encore décrit. Le militant de Dernière Rénovation a néanmoins été relâché sans aucune charge à son encontre.

« Je n’ai pas vu ce jeune homme », a ensuite prétendu Macron, en disant « réprouver tous les gestes de violence quels qu’ils soient, quand il s’agit d’interpeller quelqu’un, qu’elle soit d’ailleurs physique ou verbale ».

Après les huées et les sifflets et des accrochages verbaux sur son passage au premier jour de l’événement, il a d’ailleurs condamné « tous les gestes de violence », après son passage mouvementé au premier jour de l’événement.

« A quoi tu sers ? »

Un peu plus tôt, un membre du collectif « Dernière rénovation » avait interpellé le chef de l’Etat en l’appelant à « écouter les rapports scientifiques » sur le changement climatique. Se présentant comme « Pierre », il arborait un tee-shirt barré de la mention « A quoi tu sers ? ». Lien PaSiDupes

Plusieurs citoyens soutenant ce mouvement « ont rappelé l’inutilité criminelle du gouvernement actuel, déclaré hors la loi par ses propres tribunaux, dans la lutte contre le dérèglement climatique », a souligné le collectif dans un communiqué.

Ces militants demandent un plan de rénovation énergétique plus ambitieux des bâtiments en France. « J’ai été plusieurs fois interpellé par ces jeunes militants de ces ONG, que ce soit Extinction Rebellion, ou Dernière Rénovation », a indiqué plus tard le président de la République. « Moi, je crois au dialogue. A chaque fois, j’ai eu des gens, ils ne voulaient pas dialoguer (…) J’invite ces jeunes (…) à venir dialoguer à l’Elysée ».

« On peut pas vivre dans une société où d’un côté vous avez des jeunes, hagards d’ailleurs dans la manière de vous aborder, qui disent  »on va tous mourir, on est foutu, j’ai 26 ans », et qui ne veulent pas du tout dialoguer », a poursuivi Macron. « Et vous faites dix mètres, et vous avez de jeunes agriculteurs ou des plus anciens qui vous disent  »moi je vais mourir, on change les règles tout le temps, je ne peux plus vivre » ».

Adepte de la stratégie du coup d’éclat, le collectif Dernière rénovation, fondé début 2022, a déjà perturbé le Tour de France, Roland-Garros ou un match PSG-OM. Vendredi soir, l’une de ses militantes s’est brièvement introduite sur scène lors de la cérémonie des César. « On refuse de faire partie du plan de communication. S’il veut un débat, il a nos numéros », a lancé Pierre en fin d’après-midi sur BFMTV.

Station des Gets: deux enneigeurs dégradés et tagués

Des tags suggèrent une action de Rebelion Extension

Injonction écologiste: « Pas de ski sans neige ». C’est le message retrouvé – tagué à la bombe rouge – sur un canon à neige de la station de ski des Gets, en Haute-Savoie. Deux enneigeurs, qui se trouvent en bas des pistes, ont été dégradés, la nuit de Noël, et sont provisoirement inutilisables.

Les malfrats [des activistes radicaux] ont sectionné tous les câbles d’alimentation d’un enneigeur de type perche et d’un autre de type ventilateur” explique la station de ski sur son site internet.

Une plainte déposée

Le tag a été inscrit à la bombe rouge avec un symbole semblable à un sablier dans un cercle, suggérant un acte de vandalisme de Extinction Rebellion (souvent abrégé en XR), un mouvement social écologiste international à qui il suffit de dire qu’il est vertueux pour mener impunément des actions qui revendique l’usage de la désobéissance civile « non violente » – sans intimidation ni agression physique, mais seulement psychologique et médiatique – pour faire pression sur les gouvernements démocratiques et les pousser à agir dans le but d’éviter les points de basculement dans le système climatique, la perte de la biodiversité et le risque d’effondrement social et écologique. Ce mouvement continue de frapper régulièrement parce qu’il est d’extrême gauche.

“Le montant du préjudice est estimé à plusieurs milliers d’euros,” selon les Gets.

La station de ski a déposé une plainte à la gendarmerie. Pour le moment, les activistes n’ont pas revendiqué ces actes de vandalisme politique, une délinquance aggravée.

Pourquoi la station des Gets ? Depuis cet hiver, la station chablaisienne interdit le tabac sur l’ensemble de son domaine, que ce soit sur les pistes ou sur les remontées. Seules cinq zones fumeurs ont été aménagées ghettoïsées sur différents points de la station pour permettre à ceux qui en éprouvent le besoin de s’octroyer une pause tabac. Les représentants de la station revendiquent une « première en Europe ».

Un terrain favorable ? Au second tour des législatives de 2022 aux Gets, c’est le parti Ensemble ! (Majorité présidentielle), emmené par Xavier Roseren, qui a capté le plus grand nombre de voix avec 73.03% des suffrages, devant le candidat du RN. Au premier tour, Ahmed Lounis, candidat de la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale) avait glané 9,92% des suffrages et Roseren, 44,55%.

Extinction Rebellion a bloqué l’entrée du ministère de l’Ecologie

Gaspillage bon enfant d’activistes écolos et pollueurs

Blocage de la circulation

Des forces de l’ordre ont dû se rendre sur place pour déloger les activistes d’Extinction Rebellion France.

Des agités d’Extinction Rebellion France ont mené une action médiatique, déguisés en faux pères Noël, devant le ministère de la Transition écologique, ce mardi matin.

Né au Royaume-Uni en octobre 2018, ce mouvement écologiste radical revendique déjà 6.000 militants inadaptés en France.

Des militants d'Extinction Rebellion France ont recouvert des peluches de pétrole, de sang et de pesticides devant le ministère de l'Écologie à Paris.
Des militants d’Extinction Rebellion France ont recouvert des peluches de pétrole, de sang et de pesticides devant le ministère de l’Ecologie à Paris.
(photo de propagande Extinction Rebellion France)

Une petite trentaine de sauveurs de la planète s’est regroupée boulevard Saint-Germain, vers 9 heures ce mardi, à la veille de la COP15 – sommet mondial sur la biodiversité qui s’ouvre mercredi 7 décembre à Montréal, jusqu’au 19.

Des militants d’Extinctionrebellion
ont aspergé de faux pétrole la Banque de France pour dénoncer les investissements dans les combustibles fossiles, à Paris le 1er avril 2021. 

Peluches éventrées arrosées de pétrole et de pesticides

Prétendûment écolos, ces activistes sont plus rouges que verts. Ils ont protesté déguisés en père Noël, sur fond de musique de Mariah Carey, en éventrant, « sans les étourdir », des peluches arrosées de pétrole, de sang et de pesticides, devant l’entrée du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu.

Une manière selon eux de rendre « au gouvernement les cadeaux destructeurs et mortifères que sa politique fait à notre planète ». Ces justiciers animent un mouvement social international qui, sous couvert d’écologie, vise à déstabiliser les gouvernements démocratiquement élus. Ils ont recours aux stratégies de désobéissance civile non violente et de manipulation médiatique pour faire pression sur les gouvernements faibles.

Ils ont aussi déroulé une banderole, comportant l’intitulé « stop écocide », sur la voie publique située devant le ministère, bloquant la circulation aux automobilistes.

« Non violents », mais
accusateurs et haineux

Les activistes expliquent également à travers leur compte Twitter, vouloir remettre une lettre au gouvernement. Celle-ci contient une liste de demandes d’actions immédiates. « Nous ne voulons pas d’un monde mort et pourtant c’est ce que nous sommes en train de créer… Un monde sans vie, sans espèces sauvages, sans oiseaux, sans insectes et de fait à terme sans humanité… », écrivent-ils en dénoncent un « écocide ».

Les forces de l’ordre ont délogé ces activistes, spécialistes de la déstabilisation politique, à peine une heure suivant leur blocage de la libre circulation.

Le 9 octobre 2019, la maire de Paris, Anne Hidalgo, apporte son soutien au mouvement malgré le blocage de la circulation automobile au centre de Paris. L’élue PS-PCF-EELV-G·s
déclare sur BFM TV : « je soutiens toutes les actions pacifiques. Sur la place du Châtelet, l’action est totalement pacifique [si on admet que la privation de la liberté de circuler n’est pas une violence]. Par ailleurs, le théâtre du Châtelet poursuit son activité sans aucun problème », en ajoutant : « Je soutiens ces actions dès lors qu’elles sont non-violentes […]. »

Le mouvement fonctionne selon une organisation holacratique, permettant de disséminer les processus de prise de décision au travers d’une organisation avec une autorité distribuée et des équipes auto-organisées, se distinguant des modèles pyramidaux du haut vers le bas plus classiques. Il est aussi décentralisé, les groupes régionaux et locaux sont libres d’agir de manière autonome. Une organisation proche du mode de fonctionnement d’un black bloc, à côté duquel Génération identitaire, pourtant dissout, fait figure d’enfant de choeur. Il y est fait appel à la désobéissance civile pour frapper les esprits. Le mouvement n’a pas non plus de porte-parole fixe, il n’a que des porte-parole ponctuels pour communiquer sur certaines actions.

L’homme d’affaires américain (WasteFuel, bio-méthanol, etc) Trevor Neilson est un des financeurs d’Extinction Rebellion par l’intermédiaire du Climate Emergency Fund 

Marseille: action coup-de-poing contre les bateaux de croisière au Grand port maritime

Les éco-terroristes s’opposent à la gentrification de Marseille

Un éco-tertoriste peut en cacher un autre.

« Il y a un drôle de climat ici dans la ville rose [Toulouse, France], puisqu‘un collectif écolo dégonfleur de pneus de 4×4 sévit depuis des semaines. « Ah, les salauds ! » ou, comme les appelleraient Gérald Darmanin « les écoterroristes ». ils sont dangereux les écolos-terroristes. Franchement, faites gaffe. 

C’est simple, on peut le reconnaître facilement, un éco-terroriste. Ils portent une ceinture de maïs et quand ça explose, ça fait du pop corn. Eux aussi, les éco-terroristes, ils sont barbus, mais eux c’est pas religieux, c’est juste qu’ils sont crados. Quand tu les vois, c’est pas « Allah Akbar » mais « à la douche ». En fait, c’est un éco-terroriste, c’est généralement un jeune blanc qui se transforme en méchant énervé tout vert. Ils ont tout pompé sur Hulk. » (Willy Rovelli et sa tribu dans « On n’est pas à l’abri d’faire une bonne émission », sur France Bleu.)

Les collectifs Stop Croisières, Extinction Rebellion et ANV Cop 21 (Action non-violente COP21, actions de « fauchage de chaises » dans les banques et de décrochages de portrait présidentiel dans les mairies) ont mené une opération coup-de-poing, ce vendredi matin 25 novembre, à l’entrée du Grand port maritime de Marseille, géré par l’Etat. La tutelle de l’Etat est exercée par la Direction générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer du ministère de… la transition écologique et solidaire.

« Pas à la hauteur »

A l’aide d’échelles, neuf militants ont grimpé sur le toit de l’entrée du bâtiment. Une partie du groupe a affiché une banderole « Pas à la hauteur » avec l’objectif d’être vu par les membres du conseil de surveillance du Grand Port Maritime. Pendant ce temps, d’autres militants ont distribué des tracts aux abords de l’entrée.

Ils souhaitent l’arrêt des croisières et attendent plus de transparence et de démocratie du conseil de surveillance. « Aujourd’hui, le grand port maritime c’est une boîte noire », explique Marin (nom choisi par le militant), militant Stop Croisières.

Les militants demandent aussi l’électrisation de la Forme 10 à l’Estaque, car c’est à cet endroit que les paquebots consomment le plus, ce qui fait souffrir les riverains, selon Stop Croisières.

« Il ne connaît pas grand chose au monde maritime »

La date de cette action n’est pas un hasard. Ce vendredi, le conseil de surveillance du Grand port Maritime de Marseille doit nommer son nouveau président. L’ancien ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner est l’un des candidats au poste au grand damne des militants. « Il n’a jamais été connu pour ses positions écologiques et il ne connaît pas grand chose au monde maritime », explique Marin (!), militant Stop Croisières.

‘Extinction Rebellion’ bloque plusieurs centres d’Amazon en Europe pour Black Friday

Les écologistes conservateurs tentent d’imposer leur modèle décliniste et décroissant

Action du mouvement Extinction Rebellion devant un centre d’Amazon, le 26 novembre 2021 à Coventry, au Royaume-Uni.
Action d’Extinction Rebellion (XR), devant un centre d’Amazon,
le 26 novembre 2021,
à Coventry, Royaume-Uni.

Des militants du mouvement écologiste antilibéral Extinction Rebellion (XR) ont organisé vendredi 26 novembre des blocages de centres de distribution du géant Amazon, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas, pour protester contre l’« obsession de la surconsommation », symbolisée, selon eux, par l’opération commerciale « Black Friday ». Les treize sites britanniques visés dès le petit matin par l’organisation représentent, selon elle, plus de la moitié des livraisons du groupe américain dans le pays.

Au centre écossais de Dunfermline, une vingtaine de militants empêchait les véhicules d’entrer et certains de sortir, a rapporté l’agence de presse Press Association. « Cette action vise à exposer les crimes d’Amazon, tout en faisant un exemple d’un système économique plus large conçu pour nous pousser à acheter des choses dont nous n’avons pas besoin à un prix que nous ne pouvons nous permettre », a expliqué Extinction Rebellion (XR), qui considère que les consommateurs sont des mineurs inconscients et exploités.

Pour les activistes de XR, connus pour leurs actions spectaculaires de blocages ces dernières années, le « Black Friday » symbolise « une obsession pour la surconsommation, qui n’est pas compatible avec une planète vivable ».

Amazon annonce veiller à utiliser son réseau de manière à minimiser les conséquences des actions radicales de l’ultra-gauche sur ses clients. « Nous prenons nos responsabilités au sérieux, cela inclut notre engagement pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040 », a insisté un porte-parole du groupe souvent critiqué par ces anti-capitalistes pour ses pratiques sociales et fiscales. Il a assuré fournir « un environnement de travail sûr et moderne » et soutenir « des dizaines de milliers de petites entreprises qui vendent » sur sa plateforme.

Extinction Rebellion investit un pont sur la Seine

Extinction Rebellion appelle à la rébellion, mais n’est toujours pas dissout

Espace public privatisé:
squat d’une ONG illégitime

« La Rébellion de Printemps est lancée ! Canopée les 19 et 20 juin sur la Passerelle Debilly et Grand Péril Express à partir du 29 juin. Mais pas seulement. »

Le mouvement international de désobéissance civile, d’origine britannique, a pris possession, le temps d’un week-end, d’une passerelle surplombant la Seine pour sensibiliser la population aux «enjeux de l’urgence climatique».

« Je soutiens ces actions dès lors qu’elles sont non-violentes » (Hidalgo, 2019): l’occupation de la voie publique est une violence publique 

Aux douze coups de midi, une centaine d’occupants de la passerelle Debilly à Paris était rassemblée au niveau de la Tour Eiffel. Trois hommes, vêtus de longues robes noires et de perruques blanches, juchés sur des chaises ou des caisses de fortune, haranguent une foule hétéroclite assise à leurs pieds. Faux avocat, faux juge et faux magistrat, ils font le procès… de la 5G, sous les hourras de l’assistance. «Nous condamnons l’Etat [légitime, alors que ce mouvement radical n’a pas de statut clair], la ville de Paris et les entreprises de télécommunication à abandonner la technologie 5G», clame l’un des auteurs de la mascarade, dénonçant au passage «le superflu, la surabondance et la surconsommation des objets connectés».

Ces trois acteurs sont des militants d’Extinction Rebellion. Le mouvement «apolitique [sic – cf. illustration] et apartisan de désobéissance civile», comme le décrivent ses membres, s’est installé là le temps d’un week-end, pour une action qui «se veut instructive, festive et régénérante». Baptisée «Canopée», cette occupation de l’espace public a été pensée comme «non bloquant». Traduction : les militants ont investi le pont sans le rendre impraticable par les usagers qui, à la vue de cette faune insolite, pourraient être dissuadés de l’emprunter et être contraints au détour. Le 9 octobre 2019, la maire de Paris, Anne Hidalgo, apporta son soutien au mouvement qui bloqua la circulation automobile au centre de Paris. 

Climat et racisme:
amalgame apartisan?

Des ateliers sont organisés pour «sensibiliser aux enjeux de l’urgence écologique» et recruter des adhérents.

Animations et ateliers prosélytes

Ce samedi, une militante avait pour mission d’accueillir et d’aiguiller les badauds à l’une des extrémités de la passerelle. La jeune mère, qui avait mobilisé ses enfants, leur expose les motivations d’Extinction Rebellion. Avec l’objectif affiché de faire adhérer le plus de monde possible à la cause du mouvement. «L’idée, c’est d’être très inclusifs, d’essayer d’avoir le plus de monde avec nous, pour mobiliser», confie-t-elle. «On veut arriver à une masse critique pour construire les solutions de demain ensemble». Aux abords du pont, les curieux sont interpellés par des animations morbides. A droite, une ruche couverte d’abeilles mortes pour dénoncer l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes côtoie un cimetière de bidons Total, contre les grands fournisseurs d’énergie. A gauche, un squelette est échoué dans un fauteuil rouge, devant une télévision où sont affichées des images de forêts en feu. Plus loin, un ours en peluche se balance au bout d’une corde accrochée à une potence, pour sensibiliser à la fonte des banquises.

Un déconfinement festif !

Photo suivante

Les militants d’Extinction proposent également à leurs éphémères convives de vivre des expériences inédites. Comme avec cette cage dans laquelle ils sont invités à entrer pour «expérimenter la vie d’un animal en élevage industriel». Ou ces stands qui leur apprennent à fabriquer des bombes à graines «pour revégétaliser près de chez soi» et à s’initier à la permaculture, explique Emelpi, une jeune militante d’Extinction Rebellion.

De nombreux panneaux didactiques, «se basant vraiment sur des travaux scientifiques», assure Sarah, sont également exposés un peu partout, sur des thèmes aussi divers que variés : la multiplication du plastique dans les océans, la disparition des espèces, la surpêche, mais aussi les «migrations climatiques» ou encore – et même si on est loin de la question climatique – la «vulnérabilité des femmes» face au «patriarcat».

Une cantine «100% vegan et 80% issue de récup’»

Le concept de «Canopée» semble en tout cas ravir les badauds. «C’est une bonne initiative de sensibiliser les gens» à ce genre de sujets, estime Antonin, étudiant de passage à Paris intrigué par le lieu. «Les images sont à la fois percutantes et ludiques, avec des installations artistiques», se réjouit son amie Céline. La jeune femme de 23 ans reconnaît que «le milieu militant peut être un lieu intimidant» mais qu’elle «se sent bien ici». «On dirait qu’ils ont investi le lieu pour qu’on y reste, qu’on se sente à l’aise. Ça donne envie de s’informer plus, d’aller voir leurs événements», ajoute-t-elle. Cette étudiante a notamment été charmée par l’accueil des militants. Une cantine «100% vegan et 80% issue de récup’», avec donation libre, a en effet été installée au beau milieu de la passerelle. Les boissons sont sans alcool, mais militants et promeneurs peuvent s’asseoir sur des bottes de paille disposées en guise de siège, pour échanger autour d’une assiette de salade composée ou de fruits. Le tout rythmé par les annonces régulières d’un militant enjoué, dont le haut-parleur est alimenté par une dynamo arrimée à un vélo.

Une ambiance bon-enfant, mais avant tout politique

Si l’ambiance demeure bon enfant sur le pont, elle est en revanche résolument plus politique à l’étage inférieur. Sous les voûtes de la passerelle Debilly, tables rondes, formations et ateliers militants sont au programme. En début d’après-midi, hommes et femmes assis en cercle témoignent de leur rapport au «patriarcat», au cours d’un atelier de «sensibilisation à la domination masculine en milieu militant». Plus tard, les volontaires pourront être formés à «la stratégie d’Extinction Rebellion» ou encore «à la justice climatique pour les adolescents». Mais le clou du spectacle s’est tenu en fin de matinée, avec la conférence de Geoffroy de Lagasnerie. Devant une foule acquise à sa cause, le jeune sociologue d’extrême gauche déroule son argumentaire militant, dénonçant pêle-mêle la «logique diabolique de la politique contemporaine», «l’action climatique destructrice du gouvernement», ou encore les bienfaits de «l’action directe» qui est, pour lui, «impactive et créatrice de temps politique».

Moment savoureux : le philosophe s’est même payé le luxe de faire la leçon à Extinction Rebellion, jugeant «trop molles» la «désobéissance civile» et la «non-violence» dont ses militants se revendiquent. Avant de conclure, la veille du premier tour des élections régionales, en appelant à voter pour la candidate LFI à Paris Clémentine Autain. «Tous les autres sont des collabos», a-t-il justifié en souriant. Un «coup de pub» que ne manquera pas d’apprécier le député LFI du Nord Ugo Bernalicis, invité de «Canopée» dimanche en début d’après-midi, aux côtés du directeur de Greenpeace France Jean-François Julliard.

Greenpeace menace des vies humaines en deltaplane

Paris: des ultra de gauche vont à l’affrontement avec Génération identitaire

Forte de la condamnation de GI par Darmanin, l’extrême gauche va au contact des manifestants

L’ultra gauche avait organisé une contre-manifestation
où le gilet jaune Jérôme Rodrigues a été brièvement interpellé.

Plusieurs centaines de militants se sont rassemblées, ce samedi 20 février sur la place Denfert-Rochereau à Paris, pour protester contre la dissolution annoncée du mouvement Génération identitaire, classé à l’extrême droite pacifiste.

Réclamée de longue date par plusieurs associations de gauche, qui soutiennent en revanche ‘Extinction rebellion’ (XR, mouvement social écologiste international qui revendique l’usage de la désobéissance civile) , La Horde (Réseau d’étude, de formation et de lutte contre l’extrême droite et la xénophobie (REFLEXes) est un « mouvement « antifasciste » radical », accusés par la CNT-AIT et un article d’Indymedia d’avoir des liens avec les services de police), ‘Génération ingouvernable’ (activistes anti-républicains refusant le vote et les « solutions miracle » et revendiquant l’’autodétermination) ou ‘La Fabrique’ (éditions anti-capitalistes), elle a été annoncée le 13 février par Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur. Le RN, qui n’était pas officiellement représenté à la manifestation, avait dénoncé le 14 février, une décision “politique” et “une dangereuse atteinte aux libertés fondamentales”.

“La décision de dissoudre Génération identitaire ne tient pas la route. A aucun moment, ils n’ont violé la loi. C’est de la gesticulation politique”, a déclaré Patrick Hays, vice-président de l’“Institution Jean-Marie Le Pen” toujours en cours de création. Patrick Hays, qui représentait Jean-Marie Le Pen dans la manifestation, estime que “2000 personnes” étaient présentes sur la place, ceinturée par les forces de police et un service d’ordre très visibles, du fait de l’annonce de la contre-manifestation d’une gauche offensive. Les chiffres de la Préfecture de police n’étaient pas encore disponibles à 17h30.

Le HuffPost diffuse un reportage partisan,
au côté des manifestants violents de la gauche ultra

“On est chez nous!”

Des manifestants scandaient “On est chez nous!”, d’autres arboraient des pancartes “Dissous car identitaire”, alors que certains portaient des casquettes avec le slogan “Make America Great Again”, semblables à celles portées lors de la campagne de Donald Trump aux Etats-Unis.

A la tribune, les orateurs ont “remercié” entre autres le essayiste Eric “Zemmour de défendre nos idées”, ainsi que l’ancienne députée FN, Marion Maréchal, pour son soutien.

Militants de Génération identitaire (Place Denfert-Rochereau, Paris
20 février 2921)

Les décisions de justice l’attestent,“à aucun moment, Génération Identitaire n’a violé la loi. C’est totalement illogique de les dissoudre et c’est un risque en terme de liberté d’expression”, a fait valoir Jean-Frédéric Poisson, qui avait participé à la primaire de la droite en 2017 et qui a succédé à Christine Boutin (ex-présidente du parti Chrétien-démocrate et ex-ministre du Logement de 2007 à 2009) à la tête d’un nouveau parti, ‘VIA, la voie du peuple’ (2013).

Si Génération Identitaire est dissous, eh bien demain, n’importe quel mouvement d’opposition pourra être dissous au bon vouloir du pouvoir. C’est extrêmement problématique ça s’appelle la tyrannie”, a souligné Florian Philippot (les Patriotes), et ex-membre du RN.

Jérôme Rodrigues, figure des “Gilets jaunes”, placé en garde à vue quelques heures

A la même heure, dans le quartier de Montparnasse, a moins d’un kilomètre de là, une centaine de manifestants étaient rassemblée à l’appel des révolutionnaires trotskistes de l’Union syndicale Solidaires Paris (SUD), dont la représentativité est faible (3,47 % en 2013), notamment, avec pour mot d’ordre la “riposte antifasciste sociale”.

Ce rassemblement des amis d’Olivier Besancenot et Mediapart avait été interdit par la préfecture de police, au motif que le rassemblement a été déclaré “hors délai”.

Jérôme Rodrigues, l’un des animateurs du mouvement des Gilets jaunes, présent parmi les activistes ultra, a été interpellé et détenu pendant la durée de la manifestation.

LAMEUTE.INFO

Vers 14h30, la police a demandé aux manifestants de libérer la place, juste après que Jérôme Rodrigues a été interpellé, selon un photoreporter non agréé par la profession. Des militants “antifa” ont alors tenté de provoquer le rassemblement de Génération Identitaire: arrivé au contact malgré les forces de police, ils ont créé sur place un bref moment de tension avec les pacifistes. 

Le tweet ci-dessous est publié par le collectif de La Meute, mouvement de gauche ultra

Propagande de ces « antifa » : Depuis 2011, le Collectif de la Meute rassemble des individus qui ont le désir d’inventer en groupe, de mettre en mouvement leurs idées et leurs rêves.
Basé à Douarnenez, il met en place des projets à la croisée des disciplines et des collaborations (architecture, danse, arts plastiques, vidéos) dans une démarche créatrice axées sur l’interrogation de l’espace public.
Fortement ancré au territoire du Finistère, le Collectif de la Meute n’est pas moins par essence nomade. Cette dimension ouverte trouve son incarnation spontanée dans la création de la Bulle d’Air, architecture gonflable mobile et base naturelle à partir de laquelle toutes expériences, rencontres et les ramifications expérimentales sont possibles.
Le Collectif de la Meute affiche haut et fort une volonté fédératrice : le partage des expériences et des idées, le croisement des gestes et des regards, s’affichent comme des désirs nécessaires.
​Merci aux techniciens, amis, familles et tous les aventuriers passés, présents et à venir.​
Nous sommes soutenus par la ville de Douarnenez [LR depuis 2008] , le conseil départemental du Finistère [PS] et par la région Bretagne [PS].

La garde à vue du “chef de rébellion” Jérôme Rodrigues a été levée en fin d’après-midi, a indiqué le Parquet de Paris, précisant que “les investigations se poursuivent”. L’avocat Arié Alimi a ensuite indiqué sur Twitter qu’elle avait duré “trois heures et demie”, annonçant également qu’“une plainte a été déposée”.

24 personnes en garde à vue

“C’est scandaleux d’avoir interdit un pauvre rassemblement pacifique comme le nôtre, il y a plus de forces de l’ordre que de manifestants alors que là-bas les néonazis manifestent tranquillement”,  s’est victimisée une contre-manifestante de 36 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille et qui juge « républicain » d’aller à l’affrontement « en marge » (bien sûr) d’une manifestation interdite.

A 18h30, “24 personnes avaient été placées en garde à vue en marge des manifestations de ce jour”, a annoncé le Parquet de Paris, donnant à penser que des pacifistes de la manifestation autorisée auraient pu être interpellés.

Créé en 2012, Génération identitaire, dont le siège historique est installé à Lyon, revendique 2800 adhérents mais le nombre de ses militants et sympathisants est plutôt estimé « par les spécialistes » (anonymes) à 800 « tout au plus », selon la presse du Groupe Le Monde. Pas de quoi faire tout un pataquès, donc!

Le 26 janvier, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’était dit “scandalisé” par une opération anti-migrants clandestins, une simple sensibilisation médiatique et pacifiste, de Génération identitaire dans les Pyrénées. Le 13 février, Gérald Darmanin a annoncé avoir pourtant engagé la procédure de dissolution du groupe, donnant 10 jours à l’organisation pour faire valoir ses arguments.

Manifestation contre la loi « sécurité globale » : important dispositif de sécurité à Paris

Les journalistes manifestent avec les anti-flics ce samedi pour « la défense des libertés »

Un fort dispositif des forces de l'ordre va être mis en place comme lors de la manifestation du 12 décembre. Image d'illustration.
Forces de maintien de l’ordre lors de la manifestation du 12 décembre.

Malgré la recrudescence de l’épidémie de coronavirus et l’état d’urgence sanitaire, une nouvelle journée de mobilisation a lieu à Paris et dans toute la France ce samedi contre, notamment, la loi de sécurité globale. Considérant que les militants sont radicalisés, un important dispositif de maintien de l’ordre est prévu avec notamment 38 unités de force mobile.

Auxerre (Yonne), le 12 décembre 2020

En dépit de l’obligation du respect des règles de distanciation physique, de nouvelles mobilisations pour « la défense des libertés » sont prévues ce samedi. Plus de 80 rassemblements sont organisés dans toute la France à l’appel de plusieurs syndicats et associations de gauche en protestation contre la loi de Sécurité globale, notamment une restriction de la liberté d’informer, liée à la protection de l’intégrité des fonctionnaires de police qui assurent une vie en société tranquille, dans le respect des lois de la République et des citoyens: une lecture partisane du texte du projet essentialise les cas de brutalités policières, comme en situation d’interpellation d’individus réfractaires et violents.

A Lyon, le 12 décembre 2020, l’appel du collectif NON à la loi «sécurité globale» rassembla des militants de différents collectifs lyonnais (CNNR, Youth for Climate, Fakir, Gilets Jaunes, Extinction Rebellion, Ligue des Droits de l’Homme, Solidaires, Attac, Surveillons-les, Association des Victimes des Crimes Sécuritaires, Alternatiba ANV Rhône,…) contre les lois liberticides.

A Paris, où on attend le plus de monde, des libertaires et des anarcho-autonomes susceptibles de former un ‘black bloc’, le cortège s’élancera de la place Daumesnil l, dans le 12e, pour aller rejoindre la Place de la Bastille, dans le 12e, à partir de 14 heures. Un important dispositif policier va être mis en place, vu la concentration de l’espace prévu pour la manifestation.

A Paris, une « Marche des libertés », à l’appel de nombreuses organisations, a eu lieu entre la place du Châtelet et la place de la République. Selon le ministère, elle a rassemblé 5.000 personnes et a été émaillée de plusieurs vagues de tensions.

A 16h22

Quelques dégâts à #Paris sur le boulevard de Sébastopol pour la manifestation contre la #LoiSecuriteGlobale. Plusieurs charges et interpellations des forces de l’ordre également. Malgré tout, le cortège progresse en direction de #République pic.twitter.com/nqAONQe2v6— Thibault Izoret (@TIM_7375) December 12, 2020

Plus de 2.700 hommes mobilisés…

Dans la capitale, de très nombreux effectifs vont être déployés, à commencer par 38 unités de force mobiles, soit près de 2.700 hommes, rien que pour les CRS et les gendarmes mobiles. A eux, il faut ajouter les forces de la préfecture de police, les brigades motorisés (les BRAV), ainsi que les compagnies d’intervention.

Protéger le commerce déjà éprouvé par les restrictions sanitaires

Paris, le 12 décembre 2020

Pour le 5e samedi, la stratégie de l’Intérieur pourrait ressembler à celle de la 4e manifestation de ce type, le 12 décembre dernier à Paris : un parcours assez court, mais quadrillé et très encadré par les forces de l’ordre tout le long du trajet avec des contrôles en amont. Du point de vue des autorités, cette dernière mobilisation avait été un succès avec peu d’interpellations et de casse, au nom de la lutte anti-libérale, intitulée anti-capitaliste, comme l’anti-sionisme dissimule de l’antisémitisme ou l’anti-racisme, du racisme anti-blanc.

142 interpellations à Paris, indique Darmanin. Pour le ministre de l’Intérieur, la « stratégie de fermeté anti-casseurs » a « permis de les en empêcher, de protéger les commerçants ». Le terme « casseur » et « en marge » sont les cache-sexe de l’ultra-gauche infiltrée.

… et 5.000 à 10.000 manifestants attendus

De leur côté, plusieurs syndicats et associations () ont dénoncé la rigidité du dispositif. #MarcheDesLibertes #12décembre #StopLoiSecuriteGlobale #StopLoiSeparatisme

Parmi les manifestants arrêtés, une dizaine a même porté plainte contre Didier Lallement, le préfet de police de Paris, pour arrestation arbitraire. Ils s’appuient sur le fait que la grande majorité de personnes interpellées n’ont pas été poursuivies en justice.

L’inconnu de la manifestation reste le nombre de manifestants. Les estimations vont de 5.000 et 10.000, selon les autorités, dont 200 à 400 éléments « radicaux ». Les fourchettes sont donc assez larges et tout le monde n’est pas serein. « C’est la première mobilisation après la trêve des confiseurs, il faut donc s’attendre à tout » expliquait une source policière.