Gardes à vue : vingt avocats déposent une centaine de plaintes contre les « détentions arbitraires »

Des juristes militants participent au grand jour à l’insurrection anti-réforme des retraites

100 plaintes par 20 avocats: technique de la submersion
par la NUPES subversive

Depuis plusieurs semaines, des organisations telles que la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), le Syndicat des avocats de France (SAF, classé à gauche), mais aussi les partis politiques de gauche, critiquent une « répression policière ».

Les violentes manifestations contre la réforme des retraites et l’utilisation du 49.3 ont été l’occasion d’exactions et de nombreux activistes ou des militants se faisant parfois passer pour de simples passants ont été placés en garde à vue avant d’être, dans leur écrasante majorité, relâchés sans poursuite comme la plupart. Des centaines de privations de liberté dénoncées – mais moins de cent plaintes – par ceux qui les ont subis, comme le collectif Stop GAV, soutenu par LFI, mais également par des membres de la communauté juridique, à l’exemple du Syndicat de la magistrature (SM) classé très à gauche et connu pour son infâme « Mur des cons ».

Ce vendredi 31 mars, un collectif de 20 avocats annonce le dépôt d’une centaine de plaintes pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique, de non-intervention pour l’arrêt d’une privation de liberté illégale et d’entrave à la liberté de manifester.

292 arrestations à Concorde

«C’est un dépôt collectif de plaintes individuelles, explique Coline Bouillon, une des avocates à l’initiative du projet et pour qui l’instinct de vengeance donne une “ sensation primaire mais jouissive”. Tout le monde a la même plainte, tout le monde a les mêmes avocats. On veut un traitement individuel pour chaque personne.» Tous les plaignants ont été arrêtés depuis le 16 mars, jour où le 49.3 a été utilisé par le gouvernement. L’avocate poursuit : «Le point de rupture qui justifie cette envie de déposer plainte, c’est ce rassemblement à Concorde.» Un rassemblement où 292 personnes sont arrêtées, dont Mélyna, que CheckNews avait interrogée et qui manifestait pour la première fois de sa vie, ou encore deux mineurs autrichiens alors en voyage scolaire et qui n’a pu les empêcher de participer. Sur ces interpellations, 283 donnent lieu à un classement sans suite, seules neuf personnes sont poursuivies.

Cette centaine de plaintes, déposées ce vendredi 31 mars, d’après le communiqué du collectif, ne vise pas «d’auteur précis, considérant que seule une enquête propre à chaque plaignant permettra d’établir la responsabilité de chacun des agents de l’Etat ayant concouru à ces privations de libertés». Ce n’est pas la première fois que des manifestants qui jugent avoir été arbitrairement placés en garde à vue portent plainte, d’autres personnes ayant déjà porté plainte en 2021 au moment des manifestations contre la loi sécurité globale.

Le collectif, qui se concentre sur les plaintes en Ile-de-France, fait savoir qu’il continue de traiter celles que les gens peuvent leur envoyer.

« Ce sont des gardes à vue ‘sanctions’, pour dissuader les personnes de revenir manifester », a appuyé la consœur de Me Kempf, Me Coline Bouillon.

Qui sont les signataires ?

La liste n’est pas d’accès facile. Quelques noms le sont.

Coline Bouillon, avocate généaliste à Vincennes depuis novembre 2018 organisait une conférence de presse au sujet de la détention de Florian D ., appelé Libre Flot, militant internationaliste d’ultra-gauche – Syrie, SDF, fiché S – maintenu en détention provisoire et à l’isolement, en grève de la faim depuis le 27 février: il a été inculpé le 8 décembre 2020 avec six autres personnes pour association de malfaiteurs à caractère terroriste.

Raphaël Kempf, avocat pénaliste de 39 ans qui a crée son cabinet en 2016 à Paris 9e, après avoir travaillé chez des avocats, en France mais aussi en Egypte et en Algérie, milite au côté de Florian D., soutenu par Révolution Permanente. Il est l’auteur de « Ennemis d’Etat, Les lois scélérates, des anarchistes aux terroristes « . De lui Libération écrit: « avocat pénaliste engagé, le défenseur d’activistes et de militants ferraille depuis trois mois au procès du 13 Novembre ». Il est le fils de l’ex-journaliste à Courrier international et au Monde, Hervé Kempf, rédacteur en chef fondateur du site Reporterre, le quotidien altermondialiste, et auteur de Que crève le capitalisme… 

Aïnoha Pascual, avocate en droit public depuis 2015 et ex-chargée d’enseignement en droit administratif à Université Paris Nanterre, a son cabinet Rue de Vaugirard à Paris 15e) et exerce en droit pénal et droit des étrangers. Proche du groupe de défense collective Defcol, soutien juridique aux manifestants victimes de violence policière et/ou mis en garde à vue, elle est amenée à défendre des personnes interpellées lors des manifestations contre le projet de loi travail et de Nuit debout. Elle participe à la legal team de la Coordination contre la répression et les violences policières.

Alexis Baudelin, avocat au Barreau de Paris depuis 2015, a fondé son cabinet Rue Réaumur 75002 Paris en 2021. Il est l’un des avocats d’Amil, activiste écologiste, poursuivi pour une action de Youth for Climate dans les locaux de BlackRock, à Paris. Et aussi pour complicité de dégradation et refus de prélèvement d’empreintes génétiques. Et arrêté le 30 mai 2020 pour avoir participé au blocage non déclaré des Champs-Elysées par des militants d’Extinction Rebellion.