Valérie Hayer dit en « avoir assez des polémiques »
Pour avoir un entretien en tête-à-tête avec la numéro 1 de la liste présidentielle, la presse doit-elle fermer la porte à double tour?
Gabriel Attal risque-t-il de passer par la fenêtre? La journaliste Apolline de Malherbe pose la question à la tête de liste de la majorité pour les européennes, trois jours après que le remier ministre a fait polémique en s’invitant à son entretien dans les locaux de Radio France.
« Moi, je suis très fière d’avoir Gabriel Attal à mes côtés, c’est une chance », répond l’humiliée, qui s’est vu retirer le micro par le chef du gouvernement pendant plusieurs minutes lundi 3 juin. De quoi alimenter un peu plus les critiques des oppositions, déjà bien remontées contre l’implication du couple exécutif dans la campagne et sa présence sur les affiches et dans les media.
Hayer détourne l’attention sur Marine Le Pen
Valérie Hayer renvoie la balle, accusant ses adversaires de « faire des polémiques sur rien ». Obsessionnelle, la députée européenne cible l’extrême droite, largement favorite des élections: « Je vois, particulièrement cette semaine, Marine Le Pen très présente sur les plateaux. (…) Personne ne se pose la question de savoir si Marine Le Pen elle ne prend pas du temps de parole à Jordan Bardella. » Et la polémiste d’ajouter: « J’en ai assez des polémiques. »
Valérie Hayer se plaint qu’on « ne parle pas des enjeux des élections », de ce qu’elle « porte pour les Français ». A l’image du camp présidentiel, elle alerte: « On a devant nous des défis colossaux, le retour de la guerre en Europe (ni l’Ukraine, ni la Russie n’en est membre et Macron est celui qui y appelle), le changement climatique qui s’accélère (malgré la psychose française), le risque de décrochage économique (du fait du « quoi qu’il en coûte » de Macron) dans la compétition mondiale entre les Etats-Unis et la Chine. »
Autant d’argument pour démontrer que ces élections sont « importantes ». « Elles sont d’autant plus importantes qu’au moment précisément où on n’a jamais eu autant besoin d’Europe, il y a un risque de voir arriver au Parlement européen des gens qui détestent l’Europe », insiste la tête de liste.
La réponse de Gabriel Attal
Pas de quoi empêcher les critiques sur le couple exécutif de la part des oppositions, qui se sont multipliées ces dernières semaines. Il y en avait eu lors du discours sur l’Europe d’Emmanuel Macron en avril. On peut également citer celles relatives au débat Gabriel Attal-Jordan Bardella sur France 2 le 23 mai. Ou encore les plus récentes, qui concernent l’entretien à venir de Macron ce jeudi aux 20h de TF1 et France 2, depuis Caen où il sera présent dans le cadre des 80 ans du débarquement allié du 6 juin 1944. Le décompte de son temps de parole aura-t-il un quelconque impacte à la veille de la fin de campagne officielle, vendredi ou est-ce un abus de pouvoir?
De son côté, Gabriel Attal s’est défendu ce jeudi sur France 2. Il a d’abord imputé son irruption à la Maison de la Radio à « la direction de Radio France », expliquant que la chaîne de service public lui a « proposé » de venir « saluer » Valérie Hayer, après son entretien sur France Info un peu plus tôt. Puis, le chef du gouvernement s’en est pris aux oppositions, refusant tout procès en sexisme.
François-Xavier Bellamy a en effet pointé un côté « un peu macho ». La tête de liste LR « est contre la reconnaissance de l’interruption volontaire de grossesse dans la charte européenne des droits fondamentaux et dans la Constitution française, comme nous l’avons obtenue », a rappelé Gabriel Attal, accusateur public. Et de cibler, à son tour, Jordan Bardella, tête de liste RN, et son abstention au Parlement européen sur un amendement en faveur de « l’égalité salariale ». Mais le premier ministre ne fait pas campagne ?