Relocalisation, selon Macron : Recipharm décide de fermer à Monts d’ici 2025 

Le groupe suédois devra rembourser les 15 millions d’euros d’aides de l’Etat du contribuable français

Recipharm (Monts, ici),
quatre usines en France

Bilan de santé alarmant du laboratoire tourangeau Recipharm, situé à Monts (Indre-et-Loire en région Centre-Val de Loire) et expert en enflaconnage du vaccin Moderna, alertait la profession, début décembre 2022. Le site était signalé en perte de vitesse à la fois dans le conditionnement de produits stériles pour ses clients historiques comme Aspen (Xylocaïne) et dans celui du vaccin anti-Covid Moderna. Informations confirmées de source syndicale.

Alors que se passait-il déjà sur le site montois où l’on évoquait une baisse des volumes de commandes de vaccins ? Et, concomitamment, des problèmes de réglage de la ligne depuis qu’Agnès Pannier-Runacher, alors ministre de l’Industrie, avait donné le départ fictif d’un nouveau défi pour Recipharm, en avril 2021. Face à l’effondrement du chiffre d’affaires – les syndicats parlent de moins 74 % cette année -, les tensions sociales sont apparues.

Baisse de production égale rétrécissement des marges, égale activités à temps partiel pour éviter des licenciements au sujet desquels le gouvernement devait se prononcer au plus tard le 1er janvier 2023…

Relocalisation à la Macron ou fuite des entreprises étrangères ?

Recipharm s’en va comme elle est venue. Mais l’Etat annonce ce mercredi qu’il exige de ce groupe suédois qu’il rende l’intégralité des 15 millions d’euros qu’il avait touchés dans le cadre de France Relance, un programme de relance économique de la France (2020-2022) mis en place par le gouvernement et doté de 100 milliards d’euros. Il correspond en France au plan européen adopté en juillet 2020 et déployé dans la plupart des Etats membres pour faire face au choc économique de la pandémie de Covid-19. Ce plan de relance européen est doté de 750 milliards d’euros (806,9 milliards en euros de 2022).

Le remboursement par Recipharm de son aide est une information du député (Horizons) d’Indre-et-Loire, Henri Alfandari, et confirmée ce mercredi par le cabinet du ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure.

Les quelque 220 salariés de Recipharm, à Monts, qui en comptait 360, ont appris sans grande surprise, ce mardi, la nouvelle d’une cessation d’activité de leur usine, d’ici à la mi-2025.

L’information est d’abord venue du député de la majorité (Horizons) d’Indre-et-Loire Henri Alfandari , puis confirmée par le cabinet du ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure. Si en avril 2021, la ministre Agnès Pannier-Runacher avait annoncé qu’elle débloquait 35 millions d’euros d’aides, ce sont finalement 15 millions d’euros qui ont été versés. Ce sont donc ces 15 millions que le groupe suédois Recipharm va devoir intégralement rembourser.

« Il est hors de question de décrédibiliser l’action publique », clame Henri Alfandari, député de l’alliance présidentielle. « 15 millions d’euros dans le cadre du plan France Relance ont été attribués, et on va simplement exiger le remboursement de ces sommes à l’exact, réagit le député d’Indre-et-Loire Henri Alfandari. Il y a un accord du groupe pour le faire, et donc il n’y aura pas de fonds versés par l’Etat dans une activité qui n’existe pas. Il est hors de question de décrédibiliser l’action publique« .

Bruno Le Maire fait ce matin la tournée des plateaux de radio et de télévision, mais c’est pour une tout autre annonce : le laboratoire … danois Novo Nordisk, pour lequel Macron fait un déplacement lourdement médiatisé à Chartres. Ce n’est encore pas une relocalisation, mais une prochaine affaire Recipharm en perspective ?

L’Allemagne n’accepte plus de migrants passant par l’Italie

Ce que l’Allemagne peut, la France ne le peut pas!

Berlin explique cette décision par « la forte pression migratoire actuelle vers l’Allemagne » et le refus de Rome d’appliquer les accords européens.

Le sujet devient très sensible en Allemagne, sur fond de montée en puissance de l’extrême droite dans les sondages et de hausse de l’immigration clandestine depuis plusieurs mois. Berlin a annoncé, mercredi 13 septembre, suspendre l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie, prévu par les accords européens, en raison d’une « forte pression migratoire » et du refus de Rome d’appliquer ces mêmes accords. Le gouvernement allemand a informé Rome de sa décision « fin août », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Cette suspension « jusqu’à nouvel ordre » concerne le « mécanisme volontaire de solidarité européen » qui organise une relocalisation des demandeurs d’asile à partir du pays d’arrivée dans l’Union européenne (UE) vers d’autres Etats membres volontaires, afin de soulager des Etats comme l’Italie et la Grèce, qui sont des portes d’entrée de l’Europe.

Berlin explique cette décision par « la forte pression migratoire actuelle vers l’Allemagne », ainsi que par « la suspension persistante des transferts de “Dublin” par certains Etats membres », dont l’Italie, qui « renforce les défis majeurs pour l’Allemagne en termes de capacités d’accueil et d’hébergement ».

« La relocalisation est secondaire »

Le règlement de Dublin, très controversé parmi les Vingt-Sept, prévoit que le pays d’arrivée d’un migrant dans l’UE traite sa demande d’asile. Or, a écrit le journal allemand Die Welt, le gouvernement italien de Giorgia Meloni ne reprend plus les demandeurs d’asile que veulent lui transférer d’autres pays, ayant fait savoir en décembre 2022 à ses partenaires que l’Italie n’avait plus les capacités d’accueil suffisantes.

« Sur plus de 12.400 demandes de prise en charge faites à l’Italie cette année jusqu’à fin août, dix transferts ont été réalisés jusqu’à présent », a confirmé Maximilian Kall, le porte-parole du ministère de l’Intérieur allemand, au cours d’un point presse gouvernemental.

Giorgia Meloni, dont le parti, Fratelli d’Italia, a remporté les élections législatives il y a un an sur la promesse de mettre un terme à l’immigration massive, a assuré mercredi qu’elle n’était pas surprise par la décision de Berlin.

« Le problème de la relocalisation est secondaire », a-t-elle martelé dans un entretien qui sera diffusé jeudi et dont des extraits ont été publiés par les agences de presse italiennes. « La question (…) est d’arrêter les arrivées en Italie. Je ne vois toujours pas de réponses concrètes », a-t-elle déclaré. Elle a réitéré son appel à davantage d’aide de l’UE, ajoutant : « Nos sites d’accueil [des migrants] sont pleins. »

« Seuil critique »

L’Italie est, à son corps défendant, depuis des années l’une des principales portes d’entrée des migrants venant en bateau de l’Afrique du Nord en l’Europe. Le nombre de personnes arrivant par cet itinéraire sur le territoire italien a bondi cette année à près de 124.000 depuis janvier, contre 65.500 au cours de la même période en 2022, d’après les données du gouvernement.

Beaucoup se retrouvent sur l’île de Lampedusa, où le centre d’accueil a prévenu mercredi que sa capacité risquait d’atteindre un « seuil critique ». La Croix-Rouge italienne, qui gère depuis juin ces installations prévues pour moins de 400 personnes, a déploré que plus de 6.000 y soient désormais hébergées.

Dans le cadre du mécanisme volontaire de relocalisation, l’Allemagne a jusqu’à présent accepté le transfert de 1.700 demandeurs d’asile arrivés dans le sud de l’Europe, sur les 3.500 personnes qu’elle s’est engagée à accueillir. « Nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation très tendue dans de nombreuses communes d’Allemagne », a insisté le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Macron oppose « un devoir de solidarité européenne » à Bardella qui l’appelle à ne pas accueillir «un seul migrant»

Jordan Bardella a expressément demandé au président Macron de ne pas accueillir un seul migrant en provenance de l’île italienne de Lampedusa.  « Emmanuel Macron doit prendre solennellement cet engagement : la France n’accueillera pas un seul migrant issu de l’opération concertée de Lampedusa », a déclaré la tête de liste du parti national pour les élections européennes de juin 2024.

Est-ce l’intérêt des Français et de leur économie, concernant les migrants arrivés en territoire italien, de s’opposer au voeu du RN au motif politique: « il faut instruire leur dossier (…) et voir si ce sont des personnes éligibles à l’asile ou si elles ont vocation à retourner chez elles », a-t-il argué.

Macron appelle à la « solidarité européenne » alors que l’Italie est confrontée à une crise migratoire sur l’île de Lampedusa, où 7.000 migrants sont arrivés en l’espace de 24 heures cette semaine.

Interrogé sur la crise migratoire à Lampedusa en marge de son déplacement à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), Macron a défendu ce vendredi « un devoir de solidarité européenne ».

« Nous agirons comme on a toujours fait, avec rigueur mais humanité », a promis le président de la République.

La situation sur l’île italienne montre que « les approches strictement nationalistes ont leurs limites », a-t-il estimé.

« Approche humanitaire »

Concernant les migrants arrivés en territoire italien, « il faut instruire leur dossier (…) et voir si ce sont des personnes éligibles à l’asile ou si elles ont vocation à retourner chez elles », a-t-il déclaré.

« La responsabilité » des Européens est aussi « de prendre soin » de ces migrants, a rappelé Emmanuel Macron qui promeut « une approche humanitaire ». 

Quels sont les médicaments bientôt relocalisés en France?

La production de Doliprane devrait être augmentée dans les prochaines semaines. 

Macron était quelque part « en Ardèche », ce mardi 13 juin, pour présenter un grand plan de renforcerment la souveraineté industrielle de la France dans le domaine du médicament. Où exactement? Mystère et boule de gomme: la peur des casserolades bride la libre circulation de l’information… Les syndicats l’ont cherché en vain et seule était présente la claque de militants.

Ainsi, une liste de 450 médicaments « à relocaliser ou dont la production doit être augmentée«  a été établie pour éviter de nouvelles pénuries dans l’Hexagone. Pourtant, la production hexagonale est-elle prioritairement destinée à la France ? Rien n’est garanti…

Paracétamol, Fentanyl, Salbutamol… Au total, 450 médicaments « essentiels » vont être relocalisés en France ou voir leur production augmenter dans les prochaines années, a assuré Macron, ce mardi 13 juin, lors d’un déplacement « dans l’Ardèche », dans « le nord de l’Ardèche », apprend-on après coup : plus précisément « sur les terres de son ministre du Travail Olivier Dussopt, natif d’Annonay ». 

Le hasard a donc ainsi fait que ce sont deux entreprises de la circonscription d’un ministre qui ont bénéficié du soutien de l’Etat dans le cadre du plan France Relance mis en place après la crise de Covid.

Ce plan doit permettre de remédier aux pénuries de médicaments qui s’accroissent dans l’Hexagone depuis plusieurs mois.

50 médicaments – sur les 450 – classés « prioritaires »

La liste de ces 450 médicaments n’est pas encore bouclée. On sait en revanche quels sont les 50 « pour lesquels notre dépendance aux importations extra-européennes est avérée » ou dont la production est insuffisante par rapport à la demande. Ils ont été classés « prioritaires ». Au final, seulement la moitié d’entre eux, soit seulement 25 produits, seront relocalisés dans les prochaines semaines.

« Un certain nombre de ces médicaments sont non seulement critiques pour notre système de santé, mais connaissent également une certaine vulnérabilité dans leurs chaînes d’approvisionnement. Ce sont notamment des médicaments pour lesquels nous sommes fortement dépendants de sites de production extra-européens ou pour lesquels le nombre de sources est insuffisant pour sécuriser suffisamment l’approvisionnement en cas de difficulté sur la chaîne de production », indique le ministère de la Santé.

La liste des 25 médicaments relocalisés dans les prochaines semaines

Antibiotiques :

  • Amoxicilline
  • Ciprofloxacine

Anticancéreux :

  • Topotecan
  • Melphalan
  • Busulfan
  • Fludarabine
  • Paclitaxel
  • Oxaliplatine

Médicaments utilisés dans la réanimation et l’urgence :

  • Paracétamol
  • Morphine
  • Fentanyl
  • Propofol
  • Midazolam
  • Diazépam
  • Clonazépam
  • Rocuronium
  • Adrénaline
  • Noradrénaline

Médicaments utilisés dans la prise en charge d’affections chroniques touchant une large population :

  • Méthylprednisolone
  • Esoméprazole
  • Furosémide
  • Clopidogrel
  • Salbutamol

Comment réussir cette relocalisation ?

Pour réussir ces projets de relocalisations, qui devraient « être lancés dans les semaines et mois qui viennent », l’Etat va financer certaines usines de production.

Sur le court terme, huit entreprises vont entamer la relocation dans les semaines à venir et, des semaines, ça peut faire des mois. Il s’agit des entreprises Interor, à Calais ; Sequens, à Porcheville et à Limay (Yvelines), et aussi à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine); Euroapi, à Vertolaye (Puy-de-Dôme); Aguettant, à Lyon ; Skyepharma, à Saint-Quentin-Fallavier (Isère); Ethypharm, à Grand-Quevilly (Rouen) ; GSK, à Mayenne et Benta Lyon, à Saint-Genis-Laval (métropole de Lyon).

Les Français devraient voir la différence d’ici peu, si l’Ukraine, au final, n’est pas prioritaire : c’est la vocation humaniste et humanitaire des Français…

Le principe actif de Doliprane, Efferalgan et Dafalgan a été délocalisé en Chine et aux Etats-Unis

La France a perdu son indépendance pharmaceutique

L’Institut Pasteur n’a pas eu la capacité de concevoir un vaccin contre le coronavirus, a la différence des pays réellement a la pointe de la recherche, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Le cycle du déclassement de la France se poursuit. Macron, au pouvoir depuis dix ans, a-t-il abandonné la relocalisation de toute la production du paracétamol annoncée sur trois ans?

Lors du comité d’entreprise d’octobre 2007, Rhodia a annoncé le projet d’arrêt de l’atelier APAP (Acetaminophen) qui se trouve dans l’usine du Roussillon à l’horizon 2008.  Dans l’atelier APAP, on procédait à la dernière étape de fabrication du paracétamol à partir du PAP (4-aminophenol). L’APAP est vendu aux clients SANOFI, UPSA, GSK… Le prix de vente au kilo était alors de l’ordre de 4€, ce qui revenait à moins de 5 centimes d’euro pour une boite de 16 comprimés 500mg (soit moins de 2% du prix de vente public d’une boite).

Rhodia était l’un des principaux groupes de l’industrie chimique française, spécialisé dans la chimie fine, mais en 2011 la société a fait l’objet d’une OPA lancée par le groupe belge Solvay.

Où en est le projet lancé par le gouvernement le 18 juin 2020, avec l’aide des industriels français Sanofi, Upsa et Seqens? Si le médicament final – vendu sous les marques Doliprane, Efferalgan et Dafalgan – est bien produit en France, son principe actif (4-aminophenol) a été délocalisé depuis bien longtemps, comme bien d’autres… Mais les acteurs français se mobilisent, car si l’Efferalgan et le Dafalgan sont assemblés par Upsa en Nouvelle-Aquitaine, à Agen et au Passage d’Agen (Lot-et-Garonne), les « producteurs » français sont des assembleurs qui ne disposent pas du principe actif produit notamment par les Chinois Wenzhou ou Weifang.

L’APAP sera fabriqué dans une usine du groupe qui se trouve à Wuxi, dont les coûts de production permettent de tenir tête à la concurrence.

L’usine de Wuxi a réussi à produire les 8.000 tonnes annuels (précédemment fabriqué sur le site du Roussillon) sans perturbation de la chaine d’approvisionnement pour les anciens clients du site de Rhodia.

EGE Ecole de Guerre Economique

21 Décembre’21

Relocalisation « de souveraineté » : le cas d’école du Paracétamol

paracétamol

Le paracétamol est le principe actif de nombreux médicaments, dont les trois antalgiques les plus prescrits en France (noms commerciaux : Doliprane, Dafalgan, Efferalgan). C’est donc l’un des principes actifs les plus évocateurs dans l’opinion publique.

Dès le début de la crise du COVID, le paracétamol est recommandé en qualité d’antidouleur et d’antipyrétique (faire baisser la fièvre). Assistant à une ruée dans les pharmacies, l’ANSM contraint les pharmaciens à rationner la vente de médicament à base de paracétamol afin d’éviter une pénurie.

Un emblème qui pose un problème

C’est ainsi que le paracétamol devient un sujet d’actualité traité sous l’angle de la souveraineté. L’enjeu porte sur la continuité d’approvisionnement du principe actif importé essentiellement d’Asie. A ce même moment, les industriels pharmaceutiques voulaient être rassurant en confirmant que toutes les mesures étaient prises pour éviter la rupture de la « supply chain » avec les partenaires en charge du principe actif.

Un an plus tard, la relocalisation du paracétamol est actée et communiquée au grand public alors que le phénomène de désindustrialisation de la fabrication des principes actifs était en marche depuis une trentaine d’années. Le candidat retenu pour produire à nouveau sur le territoire national est l’industriel SEQENS.  

Effet d’aubaine pour ce dernier ou véritable enjeu industriel ? On peut se poser la question. L’enchaînement des informations alarmistes a-t-il laissé le choix à l’Etat ? Le paracétamol était-il le principe actif à rapatrier en priorité ou pouvait-on envisager d’autres principes actifs, voire d’autres investissements dans le secteur pharmaceutique ?  Autant de questions qui n’ont pas été soulevées.

Retour sur la fermeture du site de Rhodia en 2007

Lors du comité d’entreprise d’octobre 2007, Rhodia annonce le projet d’arrêt de l’atelier APAP (Acetaminophen) qui se trouve dans l’usine du Roussillon à l’horizon 2008.  Dans l’atelier APAP, on procède à la dernière étape de fabrication du paracétamol à partir du PAP (4-aminophenol).  L’APAP est vendu aux clients SANOFI, UPSA, GSK… Le prix de vente au kilo est de l’ordre de 4€, ce qui revient à moins de 5 centimes d’euro pour une boite de 16 comprimés 500mg (soit moins de 2% du prix de vente public d’une boite).

La raison avancée lors du comité d’entreprise est un environnement concurrentiel extrêmement tendu : les producteurs basés en Chine tel que Wenzhou ou Weifang, et la pression concurrentielle de l’américain Mallinckrodt.

L’étude de coût comparatif se résume au prix au kilo, mais à aucun moment on adresse l’impact environnemental dû à un processus de production polluant en Chine, ni le bon état général de l’outil de production du site du Roussillon. Les possibilités de re négociation avec les clients avortent immédiatement du fait de la hausse excessive demandée. Rhodia exigeait un passage de 4€ à 5€ du kilo, alors que le point d’équilibre se trouvait à 4,20 €, selon les représentants du personnel.

La délocalisation vers la Chine

Malgré de nombreux effort, le groupe dit se voir dans l’obligation de stopper cette activité, au détriment de 43 emplois directs. Rhodia prend la posture du faible et dit « subir » la concurrence, incapable de mener la bataille. Ce projet est annoncé comme élément d’un repositionnent stratégique, et l’axe de travail « bienveillant » est mis sur la reconversion des salariés (qu’il s’agisse de Rhodia ou du gouvernement de l‘époque). La décision est confirmée en mars 2008, l’atelier cessera son activité en fin d’année.  L’APAP sera fabriqué dans une usine du groupe qui se trouve à Wuxi, dont les coûts de production permettent de tenir tête à la concurrence.

L’usine de Wuxi a réussi à produire les 8000 tonnes annuels (précédemment fabriqué sur le site du Roussillon) sans perturbation de la chaine d’approvisionnement pour les anciens clients du site de Rhodia.

L’acceptation de la dépendance

La fermeture de l’atelier APAP dans le Roussillon a fait l’objet de très peu d’articles dans la presse. C’était défaitiste que l’on commentait les tarifs de productions chinois extrêmement compétitifs (mais à aucun moment l’incapacité du groupe à concurrencer l’américain Mallinckrodt). Seuls les élus syndicaux se sont manifestés contre le manque de pugnacité du groupe pour conserver la production en Roussillon. Personne ne se souciait de la nature des outils de production (polluant), de l’indépendance européenne dans la production des principes actifs, ni de désindustrialisation.

 Il s’en suit une communication à minima et à sens unique. Aujourd’hui, c’est l’entreprise à capitaux français Seqens qui fabrique toujours dans ses usines de Wuxi Chine le principe actif. Seqens dont l’ancien nom de groupe est Novacap, qui avait acquis Rhodia en 2011.

Durant la période 2009 à COVID, la question de la dépendance de la France en matière pharmaceutique ne devient pas un élément prépondérant  du débat public. La crainte de pénurie n’est relayée que très rarement.  Ce qui fait débat jusqu’en décembre 2019 relève de deux éléments : d’une part, la délivrance du paracétamol est uniquement en pharmacie et par le pharmacien (et non en accès libre) et d’autre part,  le fait que ce médicament n’est pas génériquable (au sens où : si le nom de marque figure  sur l’ordonnance, alors, le pharmacien ne peut pas proposer une autre marque).

De la première vague de COVID à l’annonce de la relocalisation

Quatre ans plus tard, les stocks sont-ils reconstitués ?

Le premier acteur audible : L’académie nationale de pharmacie (ANP) fait état le 12 février 2020 de l’impact potentiel de la COVID sur les approvisionnements et insiste sur l’urgence de relocaliser la production de matière première- les principes actifs- en France et Europe. « Il faut relocaliser la production des matières premières pharmaceutiques ». Ce communiqué est dans la continuité des précèdent rapports ; il rappelle l’importance de retrouver une indépendance au niveau européen, en particulier pour les « médicaments indispensables », tels que les antibiotiques, les anticancéreux … mais pas du paracétamol en priorité.

Le 15 Juin 2020, le consul général de France en Chine (Benoit Guidée) était accueilli dans l’usine de Seqens à Wuxi. Au plus fort de la pandémie, notons le remerciement des équipes locales pour leur implications dans la montée en cadence de production du principe actif (APAP), symbole de l’amitié franco-chinoise et de la confiance de l’état français face à sa dépendance vis-à-vis de l’unité de production chinoise. Le lendemain, Emmanuel Macron en visite dans l’usine Sanofi de Lyon évoque l’initiative de relocaliser la production et le conditionnement de médicament sur le sol français, dont le paracétamol.

L’hypothèse de la relocalisation du paracétamol est reprise en août 2020 par Nicolas Biz, directeur projets du laboratoire Seqens. Les militants CGT chimie en font état en septembre 2020 sur le media local France Bleue Isère, puis au niveau national dans le journal l’humanité le 16 octobre. Au-delà d’une prise de conscience générale, la volonté d’autonomie stratégique fait consensus, le paracétamol pourrait en faire partie selon un article des échos du 25 novembre 2020. La décision est officialisée au début de l’été 2021 par Seqens  et dans la presse française.  

L’aveuglement général

Au cours du dernier trimestre 2020, le paracétamol est devenu le symbole de la souveraineté du plan France relance. Le focus informationnel reprend la dialectique : souveraineté et emploi, alors que l’indépendance n’est pas de fait. 

Point essentiel ayant peu de résonnance : l’investissement de l’Etat via BPI dans Seqens pour la relocalisation, alors que le groupe Seqens est en vente depuis février 2021.

Au-delà de la transparence de l’allocation des fonds publics, pas de lisibilité sur l’assurance de la pérennité de l’investissement et des contreparties obtenues.

La matière première (PAP) nécessaire à la production de l’APAP provient de Chine et de Seqens pour le site du Roussillon. Les excipients nécessaires à l’incorporation du principe actif sont également importés.  On ne parle pas du contrôle ou des accords quant au prix de transfert pour éviter de « délocaliser » la marge ? En d’autres termes, à combien est acheté le PAP aujourd’hui et dans un an ?  Quelles sont les exigences de l’Etat qui investit via BPI ?

Les leçons de 2008 ne sont pas à l’ordre du jour. Quelle réflexion sur les raisons profonde de la fermeture, et comment s’assurer de ne pas faire les mêmes erreurs ?

Rentabilité versus survie sanitaire

Une fois la production rapatriée en France, l’opération est-elle rentable avec les nouveaux modes de production ? Le prix du comprimé va-t-il rester stable, car si le bilan final est l’augmentation du comprimé, c’est le système de remboursement assurance maladie qui paiera. Sur ce point, Jean Casteix rassure les salariés de l’usine d’UPSA lors de sa visite du 29 juillet 2O21  « Afin de favoriser le maintien de ces emplois sur votre territoire, le Gouvernement a décidé de stabiliser le prix du paracétamol jusqu’au 31 décembre 2024 ». On comprend donc qu’en cas de hausse de coût de production de l’APAP, c’est l’Etat qui paiera, et donc le risque est assuré avec de l’argent public jusqu’à fin 2024.

L’étude de la concurrence internationale n’est pas non plus le sujet. En quoi le nouveau site va être compétitif dans un environnement international, où les concurrents ne vont certainement pas rester contemplatifs. L’état peut-il exiger des industriels à la fois un prix du médicament bas, et ignorer le contexte concurrentiel auquel ils font face.  

Une autre grille de lecture

La chronologie des évènements, guidés par l’effet médiatique de l’annonce de possible pénurie, interroge sur la nature et le bien fondé de la décision. On se pose la question du rapport de force entre l’Etat français et l’industrie pharmaceutique en matière d’investissement et des contreparties obtenues. L’appui des associations de pharmaciens combiné au récent intérêt de l’opinion public et à la volonté d’emploi, a-t-il laissé le choix aux décideurs politiques et facilité la lucidité en matière d’investissement ?

C’est le choix d’investissement pour le paracétamol (très évocateur pour la sphère publique) qui manque de justification par rapport à d’autres molécules. Le paracétamol a pris le dessus dans le champ médiatique alors que des ruptures d’approvisionnement en cascade étaient indiquées en avril 2020 : curares, propofol, midazolam, antibiotique augmentin sous tension.

Est-ce que l’APAP est l’avenir dans la chaine de valeur de l’industrie pharmaceutique française ? Enfin, et d’autant plus que le groupe Seqens est en vente, pourquoi n’a-t-on pas exigé un partenariat public/privé qui laisserait du poids à la participation de l’Etat ?

Le mot souveraineté à tout prix, sans stratégie industrielle, a également fait disparaitre la notion de projet commun et la dimension humaine du projet. C’est l’incapacité ou le refus de l’Etat à associer les représentants du personnel du secteur de la pharmacie – les syndicats – à la re construction du tissu industriel. Les salariés du Roussillon sont à nouveau pris en étau entre politique et industriel, et non come parties prenantes du projet.

Symbole de souveraineté en temps de COVID, l’avenir dira si le paracétamol est l’acte 1 de la bataille pour le re amorçage d’une politique industrielle dans le secteur pharmaceutique ou la continuité de la gestion du déclin guidée par des décisions politiques prises dans l’instant, et dont le plan de communication informationnel est au premier plan.

Balance commerciale: tassement des excédents agricoles

Les céréales, toujours excédentaires mais en baisse, cachent la forêt

Redressement insuffisant des exportations françaises de produits agricoles et agroalimentaires sur les neufs premiers mois de l’année.

Sur les neufs premiers mois de l’année 2021, les postes boissons et alcools (27,5 %), lait, produits laitiers et œufs (9,8 %) et céréales (9,7 %) pèsent, en valeur, pour quasi la moitié (47 %) de la totalité des exportations françaises des produits agricoles et agroalimentaires de la France relève le Bulletin n° 20 de décembre 2021 de la Commission agricole et agroalimentaire internationale de FranceAgriMer. On note cependant que pour les céréales, « les exportations baissent de 10,4 % en 2021, alors qu’elles avaient progressé de 7,4 % en 2020 sur la période considérée ».

Exportations

Derrière ces trois principaux postes, quatre postes pèsent chacun entre 4,8% et 6,8% des exportations françaises. Parmi eux, le poste des préparations à base de céréales et des farines qui progresse de 8,2 %, sur la période considérée ainsi que celui des résidus des industries alimentaires (qui comprend le petfood), en hausse de 10,9 %. Sur la même période en 2020, les exportations françaises étaient en baisse pour les préparations céréales et farines alors que celui des résidus des industries alimentaires enregistrait une belle hausse (+ 8,2 %).

Parmi les postes pesant chacun entre 2 et 4 % des exportations françaises, les plus fortes progressions concernent les postes oléagineux, graines et semences (+ 14,4 %) et les graisses et huiles animales ou végétales (+ 32,5 %).

Importations et soldes commerciaux

Côté importations, on notera que la France a augmenté celles des préparations à base de céréales et des farines de 7,1 % (un poste qui compte pour entre 6 et 8 % des importations de produits agricoles et agroalimentaires). Ces importations avaient déjà augmenté en 2020 (+ 1,1 %) sur la même période. Les importations de résidus des industries alimentaires (dont le petfood) ont augmenté de 18,4 % et celles des graisses et huiles animales et végétales de 21,5 %.

En chiffres et en termes de solde commercial par segment, les boissons et alcools présentent un solde commercial positif pour 10,6 Md€ (en hausse de 36,4% par rapport à 2020 et excédent supérieur également à celui de 2019 qui était de 9,8 Md€) et les céréales sont en excédent de 4,2 Md€ (- 11 %). Les soldes commerciaux positifs des secteurs des préparations à base de céréales (+ 14,9 %), des produits de la minoterie (+ 21,3 %), des oléagineux, graines et semences (+ 26,4 %) sont en forte progression. Mais celles-ci « interviennent cependant après de fortes baisses des excédents sur ces postes en 2020 par rapport à 2019 » précise le bulletin.

Globalement, sur les neuf premiers mois de l’année 2021, « les exportations françaises de produits agricoles et agroalimentaires se sont fortement redressées, en hausse de 10,5%, effaçant ainsi la baisse de 4,2 % en 2020 par rapport à 2019 sur la même période. Ce redressement est plus important sur les pays tiers (+ 12,2 %) que sur les pays de l’Union européenne (+ 9%) ».

Le quatrième trimestre augure mal de 2022

Le déficit de la balance commerciale en fruits frais

En légumes, le déficit a plus que doubléces dernières années. Dans les deux cas, c’est la dégradation des échanges avec les pays européens qui l’explique. Le déficit de la balance commerciale dans ce secteur s’est tellement dégradé qu’il rend plus qu’hypothétiques les chances de relocalisation de la production, malgré l’appel du gouvernement à la reconquête de la souveraineté alimentaire. « Entre 2005 et 2019, la balance commerciale en fruits frais s’est largement dégradée », dit FranceAgriMer. « Encore léger en 2005, à 197 millions d’euros », le déficit a explosé de 374 % pour plonger à -932 millions. Si, en légumes, l’aggravation est moins grande, le déficit est néanmoins passé de -529 millions d’euros en 2005 à -1,2 milliard en 2019.

L’Algérie plombe les exportations de blé tendre français hors UE

L’Algérie a sollicité l’origine française lors de son achat du 27 janvier 2022, mais l’origine mer Noire s’est montrée plus compétitive, rappellent les experts de FranceAgriMer (Fam), lors d’une conférence de presse le 16 février.  la baisse les exportations hexagonales de blé tendre 2021/2022 sur pays tiers entre les mois de janvier et de février de 100 000 t, pour tomber à 8,9 Mt, peut-on lire dans ses bilans publiés le 16 février. Celles sur l’UE remontent de 45 000 t sur la période, à 7,762 Mt. Le total des expéditions françaises régressent donc légèrement d’un mois sur l’autre.

La révision à la baisse des exportations vers les pays tiers est une nouvelle fois liée « au standby concernant les exportations sur l’Algérie. La France a de nouveau été sollicitée lors du dernier achat algérien du 27 janvier 2022, mais les origines mer noire se sont avérées plus compétitives », a commenté Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de Fam, lors d’une conférence de presse en webinaire le 16 février.

« En même temps », il se dit que le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, se consacre déjà à la direction de campagne du candidat Macron. Quant au diaphane ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, le poisseux Jean-Yves Le Drian qui foire sur le Mali et l’Ukraine, c’est Franck Riester, chargé du Commerce extérieur et de … l’Attractivité. 

Commerce extérieur : déficit record

A défaut de relocalisation, renchérissement des importations

Le déficit de la balance commerciale a bondi à 9,7 milliards d’euros en novembre. Les importations atteignent un niveau record, gonflé par les hausses de prix. Le déficit 2021 va atteindre un sommet.

Un record. Le déficit commercial français a atteint 9 milliards d’euros en novembre en moyenne mobile sur trois mois, selon les chiffres publiés vendredi par les Douanes, soit un niveau jamais atteint. Le déficit cumulé sur douze mois s’élève désormais à 77,6 milliards d’euros, soit 2,6 milliards de plus que le déficit annuel record de 2011. Et encore, la direction du Trésor à Bercy s’attend à -87 milliards d’euros pour l’ensemble de l’année 2021.

De quoi justifier la mobilisation actuelle autour de ce sujet, de Bercy à François Bayrou, haut-commissariat au Plan, qui a publié en décembre une note intitulée « Reconquête de l’appareil productif : la bataille du commerce extérieur » .

Facture énergétique

En termes de commerce extérieur, sur le seul mois de novembre, il a été particulièrement mauvais: le déficit extérieur s’est creusé à 9,7 milliards d’euros, soit 2 milliards de plus qu’en octobre. A titre de comparaison, il n’était que de 4,5 milliards en janvier 2021.

La France subit de plein fouet le renchérissement de ses importations. Celles-ci ont atteint un niveau « historique » de 52,5 milliards en moyenne mobile sur trois mois et de 53,7 milliards en novembre. Sur onze mois, « les importations n’ont augmenté que de 2,6 % en volume, contre 20,1 % en valeur », précisent les Douanes. 

Ce phénomène est notamment visible sur la facture énergétique. L’addition a été alourdie par les tensions très fortes sur les cours du pétrole, du gaz et de l’électricité liées à la reprise mondiale. Et au fait que Bercy refuse de baisser les taxes gouvernementales: il a plombé la dette publique en faisant pleuvoir des milliards de primes et de chèques sur plusieurs catégories socio-professionnelles.

Importation d’électricité

A cela, s’est aussi ajouté un élément spécifique défavorable à l’Hexagone : du fait de la décision idéologique de mise à l’arrêt forcé de plusieurs réacteurs nucléaires – et de réouverture de 3 centrales à charbon – il a été dans l’incapacité de répondre à la demande intérieure, si bien que, traditionnellement exportatrice d’électricité, la France s’est retrouvée en position d’importatrice nette en novembre, à un moment où les cours s’envolaient. De quoi creuser considérablement les déficits sur les produits énergétiques, à 5,3 milliards contre 3,7 milliards deux mois plus tôt.

Hausses des prix, baisse du pouvoir d’achat

Franck Riester est en charge
du Commerce extérieur.

Mais, malgré le retour des exportations à leur niveau d’avril 2019 (44 milliards en novembre), la performance hexagonale n’est guère plus brillante sur les autres produits : le solde commercial sur les biens d’investissement et sur les biens de consommation s’est également détérioré. Là encore, cela s’explique par un gonflement du montant des importations lié aux hausses de prix constatées aussi bien sur les matières premières autres que l’énergie (bois, métaux, céréales etc.) que sur les biens manufacturés.

Au final, en novembre, le déficit des transactions courantes s’est aggravé, à 3,6 milliards contre 2,5 milliards le mois précédent, a indiqué la Banque de France ce vendredi. Seule bonne nouvelle, l’excédent des services s’est amélioré de 1,1 milliard, tiré par les services fournis aux entreprises (+1,4 milliard).

Le commerce extérieur français est estimé à 95 milliards d’euros pour 2022.

Lancement du logo « Fabriqué en France  » pour les consommateurs

La relocalisation pour faire face à la crise et regagner notre indépendance

Le logo «Fabriqué en France», soutenu par le gouvernement
Le logo «Fabriqué en France»,

Le logo, téléchargeable sur le site de France Industrie. Il est disponible pour tout artisan, industriel, commerçant, ou site d’e-commerce qui le souhaite.

Tricolore, il ressemble à un bonnet phrygien stylisé: un nouveau logo «Fabriqué en France» a été lancé jeudi pour mettre en valeur auprès des consommateurs les produits nés sur le territoire national, de la boîte de raviolis au meuble de séjour.

Lancée avant la période des achats de fin d’année, pendant le salon du «Made in France» MIF Expo qui a ouvert ses portes jeudi à Paris, cette nouvelle identité visuelle «a vocation à rassembler dans la durée un maximum de produits français», a indiqué son auteur, l’association France Industrie qui rassemble 28 branches industrielles et représente toute l’industrie auprès des pouvoirs publics.

Le logo a été dévoilé jeudi par Philippe Moreau, président de l’ameublement français, et patron du fabricant de meubles Temaome, et Alexandre Saubot, président de France Industrie, lors de l’inauguration du salon par la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher.

«Nous soutenons cette initiative qui se fait à la veille du Black Friday, c’est intéressant car c’est aussi un appel à se poser la question de notre consommation, et à la veille de la semaine de l’Industrie qui va célébrer aussi bien les sous-traitants de l’aéronautique que les producteurs, pour les consommateurs finaux que nous sommes», a déclaré la ministre.

«Partie significative» de la fabrication en France

Une usine Labonal, fabriquant «made in France» de chaussettes, en janvier 2019.
Une usine Labonal, fabriquant «made in France» de chaussettes « fabriqué en France »
en janvier 2019. 

Le logo est téléchargeable et en libre accès sur le site de France Industrie pour tout artisan, industriel, commerçant, ou site d’e-commerce qui souhaite l’utiliser, «à condition que les produits respectent le code douanier de l’Union européenne», a précisé France Industrie.

Selon le code douanier et la direction générale des entreprises (DGE), la mention «Fabriqué en France» ne signifie pas nécessairement que 100% des étapes de fabrication d’un produit ont été réalisées en France, mais qu’a minima, une «partie significative» l’a été, et notamment qu’il y a subi «une dernière transformation substantielle».

Il peut donc être composé de matières premières importées, à condition que le consommateur ne soit pas induit en erreur. Bercy rappelle par ailleurs qu’il existe plusieurs labels – avec cahier des charges – garantissant l’origine française de certains produits.

En matière agroalimentaire, les indications géographiques comme les AOP ou IGP protègent des territoires et/ou des savoir-faire locaux. Dans le textile, le label France Terre Textile garantit qu’au minimum «75% des étapes de fabrication ont été effectuées en France». Enfin le label «Origine France garantie», décerné à 2.000 gammes de produits issus de quelque 600 entreprises, certifie que «50% au moins du prix de revient unitaire du produit est acquis en France».

La fonderie MBF Aluminium liquidée dans le Jura

284 salariés sont privés d’emplois entre les deux tours des régionales.

Le tribunal de commerce de Dijon a prononcé la liquidation judiciaire de la fonderie MBF Aluminium installée à Saint-Claude (Jura). 284 salariés sont privés d’emplois.

Après des mois de mobilisation, les salariés de la fonderie MBF Aluminium ont pris connaissance de la décision du tribunal de commerce de Dijon, en Côte-d’Or. Mardi 22 juin, il a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise. En fermant l’usine, la justice entraîne le licenciement de 284 salariés.

Renault et Peugeot délocalisent
en dépit de Macron, président inaudible, qui avait promis, dans l’épidémie de Covid-19, de relocaliser

Le 28 août dernier, en déplacement chez le groupe pharmaceutique Seqens, Macron avait annoncé 15 milliards d’euros pour la relocalisation dans le plan de relance. Ils seraient consacrés à l’innovation et à la relocalisation industrielle. Mais cette nouvelle fonderie n’est pas innovante et les drames humains ne suscitent aucune compassion dans la macronie… A Paris, on est content avec un « accompagnement social » des licenciés: combien d’entre eux la majorité présidentielle laissera-t-elle une deuxième fois sur le bord de la route ?

Depuis le 4 novembre 2020, le site était en redressement judiciaire tandis que les candidats à la reprise ont bénéficié de délais supplémentaires pour affiner leur offre. Le plan de reprise de l’entrepreneur lyonnais Mikaël Azoulay qui prévoyait de maintenir 210 salariés a été écarté. « Cette offre permettait de ne pas mourir mais elle n’a pas suffi » regrette Nail Yalcin, délégué syndical CGT.

« On n’a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues. (Koray Sukran, délégué syndical SUD de l’usine MBF Aluminium)

Le tribunal a opté pour la liquidation du fait du manque de trésorerie de la fonderie, bien que le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ait voté une aide de 500 000 euros en ce sens pour payer les salaires et donner un délai supplémentaire au candidat à la reprise.

Lien Le Monde: Renault met en vente la Fonderie de Bretagne, les salariés « ne se laisseront pas faire »

Des salariés « dépités » (France 3 Bourgogne-Franche Comté)

Dépités? Vendredi 21 mai, les salariés de la fonderie MBF Aluminium avaient menacé de faire sauter leur entreprise à Saint-Claude dans le Jura. LIEN

« Les salariés de la fonderie MBF Aluminium menacent de faire sauter leur entreprise à Saint-Claude dans le Jura.

Pour sauver leur entreprise, les salariés de MBF Aluminium avaient déjà lancé une grève de la faim. Ce vendredi 21 mai, ils ont installé des bouteilles de gaz et d’oxygène dans leur usine, à Saint-Claude dans le Jura. Ils menacent de la faire sauter si l’offre du seul repreneur n’est pas acceptée.

Voilà des semaines qu’ils se mobilisent, enchaînant les actions, pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le sort de leur fonderie, qui emploie 280 personnes, et qui est sérieusement menacée de fermeture. Ce vendredi 21 mai, des salariés de MBF Aluminum, à Saint-Claude dans le Jura, ont disposé des bouteilles d’oxygène et de gaz dans leur usine. Alors que le tribunal de commerce de Dijon s’est donné jusqu’au 25 mai pour se prononcer sur l’unique offre de reprise, arrivée tardivement, ils menacent de faire sauter le bâtiment. “On est prêts à tout sacrifier”, affirme Koray Sukran, délégué SUD. “Aujourd’hui, on voit les signaux au rouge”, explique-t-il, “On demande que ça se décante, que les signaux passent au vert, sinon, on reste là”

La fonderie MBF Aluminium liquidée dans le Jura
MBF Aluminium, fabricant de carters de moteurs et d’éléments de boites de vitesse pour le secteur automobile basé à Saint-Claude (Jura).

Au centre de la colère des salariés : le sentiment que le projet de Mickaël Azoulay, le seul à vouloir reprendre la fonderie, n’est pas sérieusement étudié. “ Il est arrivé en disant ‘J’ai une certaine somme’, et là on lui en demande le double, en disant ‘Si vous n’avez pas, ça va coincer’, mais il y a d’autres repreneurs qui avaient beaucoup moins”, s’énerve Koray Sukran. “Sous prétexte qu’il n’a aucune connaissance du milieu, et, je crois, surtout qu’il ferait partir un peu trop de l’encadrement, ça ne va pas”, souffle le représentant dy syndicat révolutionnzire trotskiste. Pour les salariés, si Mickaël Azoulay n’est pas un spécialiste de la fonderie, et que son projet ne sauverait que 229 des 280 emplois, son offre devrait être acceptée. « L’expérience et le professionnalisme, ce sont ceux qui sont dans les ateliers, ceux qui se démènent qui les ont !”. “Même si l’équipe dirigeante ou proche de l’ancienne direction s’en va, la boutique tournera quand même”, affirme Koray Sukran. 

« On n’a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues. »

(Koray Sukran, délégué syndical SUD de l’usine MBF Aluminium)

Le sort de MBF Aluminium doit être scellé ce mardi 25 mai. Les salariés qui occupent l’usine craignent que le tribunal de commerce de Dijon préfère liquider les actifs de l’entreprise, plutôt que de donner une chance au repreneur. Le représentant dénonce “tous les vautours, tous ceux qui veulent faire les fossoyeurs en attendant que MBF se casse la gueule, et qui veulent venir récupérer les outils de production et les murs”.

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Des salariés en grève de la faim 

Depuis une cinquantaine de jours, les salariés de MBF sont largement mobilisés. Ils ont organisé des manifestations, des opérations escargot, un tour de France des fonderies, un blocage de péage, et quatre d’entre eux ont même déjà commencé une grève de la faim. Leurs représentants accusent notamment Stellantis (ex PSA) d’avoir diminué les commandes prévues à leur entreprise, et de les mettre en difficulté. Ces actions visaient notamment à attirer l’attention du gouvernement, actionnaire de Stellantis.

Depuis le mardi 18 mai, quatre salariés mènent donc une grève de la faim. “On a quatre camarades qui risquent leur vie, et apparemment ça ne choque personne”, tacle Koray Sukran, “on ne voulait pas rester inactifs, alors qu’eux risquent leur vie là-bas”. Ils ont d’abord été devant le ministère de l’Economie, en espèrant pouvoir rencontrer Bruno Le Maire. « On pensait qu’avec l’initiative de la grève de la faim, on aurait pu être reçu », explique Naïl Yalcin, représentant CGT et gréviste de la faim, « mais non, ça n’a rien changé, il n’en a rien à foutre ».

Ce vendredi, ils se sont rendus à Nevers, dans la Nièvre, dans l’espoir de rencontrer le président de la République qui y était en déplacement. « On a essayé de voir notre président de l’interpeller » raconte le délégué CGT, « J’ai l’impression qu’il n’y a que le chef de l’Etat qui pourrait demander à Renault et à PSA de garder une filière fonderie en France et MBF dans ce giron-là ». Mais ils ont dû se contenter d’une réunion avec l’un de ses représentants, à la préfecture. « Jusqu’à maintenant, on était dans une logique de construction, de dialogue et de discussion. Mais s’il faut en arriver là, ben on y arrive. »

Après la grève de la faim de plusieurs salariés pour attirer l’attention du président de la République et du premier ministre, un entretien avec le ministre de l’Economie n’a pas non plus abouti au soutien politique escompté. « Selon moi, les fonds de l’Etat ne servent à rien et les ministres peuvent se reconvertir en chauffeurs de corbillard », n’hésite pas à dire Nail Yalcin.

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A l’annonce du jugement, les salariés qui s’étaient déplacés à Dijon se sont laissé gagner par la tristesse et la colère en taguant, retournant et incendiant un véhicule siglé MBF Aluminium devant la cité judiciaire. « La colère s’exprime. On privilégie le dialogue depuis 83 jours mais la stratégie opérée est politique. Je suppose qu’il y a eu des discussions entre l’Etat et les constructeurs qui veulent délocaliser en Europe car MBF Aluminium est la troisième fonderie à fermer en quelques semaines. » Lors de l’assemblée générale qui réunira les salariés, le délégué syndical consultera ses collègues et son avocat pour activer tous les leviers à sa disposition. « Il y a toujours un recours possible » conclut Nail Yalcin.

Lien PaSiDupes: à venir

Reprise de France Rail Industry par une entreprise… britannique

Il faut oser le dire.

Comme souhaitée par Bercy, la création d’« une filière franco-française » de rails, comme souhaitée par Bercy, aura bien lieu. Jeudi 23 juillet, la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg a autorisé… l’indo-britannique Liberty Steel à reprendre France Rail Industry (FRI), principal fournisseur de rails de la SNCF établi à Hayange (Moselle), ainsi que l’un de ses fournisseurs d’acier, l’usine Ascoval de Saint-Saulve (Nord).

Alors qu’en juin dernier il clamait sa volonté de relocaliser l’automobile française, Bruno Le Maire applaudit en juillet à la vente à l’étranger d’un fournisseur de rails pour la SNCF, ainsi rendue dépendante de deux pays hors Union européenne.

« C’est une bonne nouvelle [sic] et une étape importante pour les sites d’Hayange et Ascoval », s’est félicité Le Maire, tout en rappelant qu’« il reste néanmoins quelques éléments importants à régler avec Liberty avant que le ministre [de l’Economie] puisse formellement autoriser cet investissement », FRI étant considéré comme une entreprise « stratégique ».

Le gouvernement positive cet échec.

Aucun repreneur français ne s’est manifesté et Bercy raconte donc qu’il souhaitait réunir à l’occasion de la restructuration – à l’avantage d’étrangers – l’aciérie de Saint-Saulve et le laminoir d’Hayange pour former une entité unique de production de rails, en France, mais détenu par Liberty Steel. Les deux sites sont déjà liés par un contrat pour la fourniture de 140.000 tonnes par an pendant quatre ans de blooms (barres d’acier) par Ascoval à Hayange, destinés à la fabrication de rails pour SNCF Réseau. « C’est cohérent [de réunir Ascoval et FRI], on recrée une filière franco-française, on peut s’en réjouir », a estimé Gérard Glas, président du site mosellan, rappelant que le pays « n’avait plus de filière de produits longs depuis 2006 ». Il n’en a pas davantage maintenant…

Réactions contrastées

Du côté des syndicats, les réactions sont contrastées. Nacim Bardi, délégué CGT à Ascoval, qui compte un peu plus de 260 salariés, s’est, pour sa part, félicité : « C’est une excellente nouvelle […]. A partir du moment où l’aciérie rentre dans une filière intégrée en amont et en aval, il y a plus de stabilité au niveau financier, on va chercher le point d’équilibre beaucoup plus facilement, et cela nous permet après d’avoir des perspectives et d’anticiper sur d’autres marchés », a approuvé M. Bardi, tant que les emplois sont sauvés.

A Hayange, site sidérurgique mosellan qui emploie environ 450 personnes, Djamal Hamdani, représentant CFDT, s’est montré plus nuancé : « On avait le choix entre ArcelorMittal et Liberty, entre la peste et le choléra, et le moins pire des deux, c’était Liberty. » « On souhaite que l’Etat s’engage. On veut des garanties sur les investissements et sur le maintien des salariés », a nuancé le syndicat réformiste, très mitigé

L’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC et FO) de FRI était en faveur d’une reprise par le chinois Jingye, également dans la course à la reprise avec l’indien Arcelor-Mittal. Pas très européen, ni sur la ligne officielle du refus des délocalisations.

Les syndicats auraient lâché la proie pour l’ombre. En mars, Jingye avait repris British Steel, en faillite, mais n’avait pas pu reprendre son usine mosellane, le ministère de l’Economie n’ayant pas rendu son avis.

Croissance forte

Le projet industriel de Liberty, huitième producteur d’acier mondial hors Chine, prévoit le maintien de la capacité de production, des emplois et des accords sociaux, avec 31 millions d’euros d’investissement, a rappelé M. Glas. « Liberty a une croissance assez forte, ce qui doit représenter pour nous des opportunités pour livrer nos produits à des usines du groupe, en aval de notre aciérie », s’est félicité Cédric Orban, directeur d’Ascoval.

« Cette acquisition est une bonne nouvelle », ont abondé dans un communiqué commun Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, et Laurent Degallais, président de Valenciennes Métropole, rappelant la mobilisation « depuis plusieurs années pour pérenniser l’activité de l’aciérie Saint-Saulve ».

Un pis-aller que chacun la sidérurgie européenne accepte, menacée par les surcapacités de production, la concurrence de la Chine, de la Russie et de la Turquie (insuffisamment contenue par les quotas européens) et trois mois de crise sanitaire, qui ont entraîné une chute de plus de 50 % de la production d’acier. A croire que la crise sanitaire n’a frappé ni la Grande-Bretagne, ni l’Inde…

La mauvaise foi n’est pas en recul en France; à la différence de son industrie.