Rapport Stora: les harkis rejettent la panthéonisation de Gisèle Halimi

L’idée de cette panthéonisation est une provocation

Benjamin Stora ou le copinage des camarades, « déboulonneurs » des uns et « panthéoniseurs » des autres

L’entrée au Panthéon de l’avocate, figure socialiste d’opposition à la guerre d’Algérie, proche du Parti communiste, est l’une des propositions de l’idéologue Benjamin Stora dans son rapport pour tenter d’apaiser les divergences et fractures mémorielles de la société française sur le sujet.

Un collectif de femmes et de filles de harkis, auxiliaires de l’armée française lors de la révolte d’Algérie, s’oppose à l’éventuelle entrée au Panthéon de l’avocate Gisèle Halimi, qui s’était mobilisée en faveur des militants indépendantistes algériens et contre les appelés du contingent en Algérie, département français de 1848 à 1962.

«Nous nous élevons de manière unanime, forte et déterminée, contre la proposition émise par (l’historien) Benjamin Stora de ‘l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, grande figure féminine d’opposition à la guerre d’Algérie’ », écrivent une cinquantaine de femmes dans une tribune publiée jeudi dans le quotidien Le Figaro.

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Une panthéonisation préconisée par Benjamin Stora

Le Panthéon, situé au coeur de Paris, accueille de grands personnages de l’Histoire de France, du chef de la Résistance à l’occupant nazi Jean Moulin à la scientifique Marie Curie. Fraîchement décédée, le 28 juillet 2020, Gisèle Halimi a été l’un des principaux avocats des activistes du Front de libération nationale (FLN). Elle dénonça unilatéralement l’usage de la torture par les militaires français en Algérie.

Benjamin Stora, spécialiste socialiste de la guerre d’Algérie (1954-1962) – encensé, pour des raisons idéologiques, par la gauche radicale du camp du Bien – , a remis le 21 janvier au président Macron un rapport préconisant différentes mesures pour tenter d’apaiser les divergences et fractures mémorielles de la société française sur le sujet, qui reste douloureux pour des millions de familles françaises.

La situation des harkis réduite à « la portion congrue » ?

Les signataires de la tribune rappellent que Gisèle Halimi a «affiché en plusieurs occasions son mépris pour les harkis», notamment sur la radio de service public sous assistance des contribuables… France Inter, le 3 mai 2010, quand elle avait expliqué qu’elle appelait «femmes harkis» les femmes qu’elle considérait comme «ennemies de la femme». «Les femmes harkis, malheureusement, cela existe», a aussi asséné l’avocate, féministe franco-tunisienne et abortionniste, signataire du « manifeste des 343 » (1971) réunissant des femmes qui déclaraient avoir déjà avorté (annonçant la dépénalisation de l’avortement, début 1975, avec la loi Veil), à l’époque libertaire post-soixante-huitarde de l’affaire d’inceste qui révèle les crimes d’Olivier Duhamel, politologue et ami fidèle d’une vie entière de l’avocat Jean Veil, confident des faits aujourd’hui poursuivis et participant à une omerta dorée de 35 ans.

«Est-ce ainsi que Benjamin Stora veut favoriser la réconciliation ?» demandent les signataires, critiquant aussi le reste du rapport, à l’instar d’autres organisations de harkis.

Au moment où le parti présidentiel saborde la commission parlementaire ouverte par le LREM Richard Ferrand et jette à la corbeille son rapport sur la gestion de la crise sanitaire, Benjamin Stora propose la création d’une autre commission, «Mémoires et Vérité», dont l’objectif est de réussir à apaiser ces mémoires douloureuses en France, mais aussi d’oeuvrer à la normalisation des relations entre Paris et Alger, toujours volatiles.

Il préconise notamment de faciliter les déplacements des harkis — considérés par certains Algériens comme des traîtres collaborateurs — et de leurs enfants entre la France et l’Algérie.