La gauche, prête à tous les extrêmes
Le Nouveau Front populaire tend le bâton pour se faire battre. Et pour discréditer le nouveau Front populaire, ministres et dirigeants du camp Macron l’ont belle d’appuyer là où ça fait mal, tant est large et profond l’écart politique entre l’ex-président socialiste et le porte-parole du NPA, révolutionnaire.
Depuis la constitution du nouveau Front populaire pour les élections législatives anticipées, la bande à Macron redouble d’attaques contre cette alliance des partis de gauche qualifié de « baroque », « contre nature », voire « indécente », mais Macron n’investit personne face à Hollande en Corrèze, ce qui contibue au spectacle granguignolesque des opposants à la mascarade à gauche. Et renforce la ligne Ciotti contre la ligne canal historique de LR, laquelle s’accorderait volontiers avec Macron, lequel n’investit pas d’opposant à Hollande, lequel siégerait sans étâts d’âme a l’Assemblée avec Poutou, lequel a dressé des gilets jaunes contre lui à l’Elysée. Le mano en la mano des Républicains se réclamant de leur honneur avec les révolutionnaires Mélenchon et Poutou a de quoi servir les intérêts du RN,
Coalition de la honte par la « gauche morale »
A deux semaines du scrutin, deux personnalités cristallisent les critiques, en plus de la figure de Mélenchon, toujours aussi clivante dans le paysage politique. François Hollande d’un côté, alors que l’ancien chef de l’Etat socialiste (2012-2017) s’est imposé comme le candidat du PS en Corrèze à la surprise générale. Et Philippe Poutou de l’autre : l’ancien candidat à l’élection présidentielle et actuel porte-parole NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) bénéficie de l’alliance « large » de la gauche totalement radicalisée et brigue la députation dans la 1ère circonscription de l’Aude. Deux profils qui illustrent le grand écart improbable que la gauche haineuse et avide rend possible.
« On n’est jamais déçu par François Hollande .» Bruno Le Maire, par exemple, n’a pas mâché ses mots ce dimanche 16 juin dans son commentaire du retour spectaculaire de l’ancien locataire de l’Elysée sur le devant de la scène politique. Selon le ministre de l’Economie et des Finances, voir l’auteur « du choc de compétitivité soutenir un Front populaire qui augmente massivement les impôts, c’est un peu surprenant ».
Voir « quelqu’un qui a engagé une réforme des retraites visant à travailler davantage, soutenir la retraite à 60 ans, c’est aussi totalement surréaliste ».
« Plus grave » encore, pour le locataire de Bercy, l’ancien président de la République « s’acoquine avec un Front populaire dans lequel vous avez un NPA qui a été poursuivi pour apologie du terrorisme » après avoir « conduit la grande marche contre l’antisémitisme, contre l’islam radical » en 2015, au lendemain des attentats de janvier 2015. En résumé, « on n’est jamais déçu par François Hollande », a-t-il grondé dans l’émission Questions politiques de Radio France et Le Monde.
Même tonalité du côté de l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale. Si Yaël Braun-Pivet comprend « humainement » la décision du socialiste, elle regrette de le voir s’engager dans une alliance des « plus nauséabondes », notamment avec LFI ou le NPA et des personnalités qui, selon elle, qui profèrent des « propos antisémites. »
Peuvent-ils décemment siéger ensemble ?
Avant eux, c’est Eric Dupond-Moretti qui faisait le même rapprochement entre le social-démocrate et le représentant de la gauche revolutionnaire pour mieux décrire la naissance de la nouvelle union derrière LFI, le PS, le PCF et les écolos.
« C’est pathétique. Moi, j’ai aimé la gauche de gouvernement, Rocard, Mauroy, François Mitterrand à plein d’égards. Quand je vois ce qu’est devenu le Parti socialiste… Je suggère à Monsieur Hollande de prendre Poutou comme suppléant, ça va faire un très bel attelage », a-t-il tonné devant les caméras, samedi, lors d’un déplacement de campagne à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). N’a-t-il pas pourtant été l’un des plus constants opposants systématiques du RN, rendant possibles les unions contre nature d’aujourdhui?
Pour justifier leur candidature, les deux nouveaux candidats invoquent l’union sacrée pour vaincre l’extrême droite, sortie renforcée des élections européennes. « A circonstances exceptionnelles, décision exceptionnelle », a par exemple balancé François Hollande à Tulle samedi après-midi. Philippe Poutou évoque, lui, « un combat politique contre les idées réactionnaires » dans sa vidéo de déclaration de candidature.
Les électeurs sont-ils assez sidérés pour leur redonner une chance de passer l’été ensemble ? Le programme du Nouveau Front populaire ne vaut que pour les cent premiers jours : après quoi, le chaos ? Le châtelain de Tulle va devoir batailler dans une circonscription qui a élu un candidat Les Républicains en 2022, en Corrèze, laquelle garde en mémoire l’affaire de Tarnac et des sabotages de caténaires. Mais le camp Macron n’a pas trouvé de candidat à lui opposer… Dispersée, la gauche a su recueillir quelque 28 % des suffrages au total aux européennes le 9 juin dernier, derrière le Rassemblement national.
Philippe Poutou sera lui sur un territoire traditionnellement à gauche, saboteuse en 2008 de caténaires de la SNCF dans l’Aude, département qui, depuis, a élu un député du Rassemblement national en 2022.
Le socialiste Hollande valide la provocation de Poutou, candidat où le colonel Beltrame a donné sa vie face à l’antisémitisme
Le culbuto rose n’a pas de colonne vertébrale.
La candidature du chef de file du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), au nom du Nouveau Front populaire, se fait au détriment d’un autre candidat du Parti radical de gauche. Le candidat révolutionnaire, élu à Bordeaux, a été parachuté dans l’Aude pour ces élections législatives. « Une humiliation » pour Aurélien Turchetto du Parti radical de gauche (PRG), qui refuse la candidature de Poutou, « antirépublicain, antiparlementaire », déplore-t-il. « Un homme visé par une enquête pour apologie du terrorisme qui le 7 octobre avait choqué. Le positionner chez nous, à Trèbes, où reposent les victimes du terrorisme du drame de 2018 et le colonel Arnaud Beltrame… »
Pathétique. En quoi le Nouveau Front populaire qui valide l’arrivée du NPA est-il plus respectable et moins inquiétant que le RN ?
François Hollande vu par Philippe Caverivière: