Macron fait le vide et le parti présidentiel s’anémie

Une députée rompt les ponts avec LREM et Macron perd sa majorité absolue à l’Assemblée

L’élue de l’Yonne a voulu “dénoncer le fonctionnement du mouvement” présidentiel mais, condamnée à rester dans la majorité, Michèle Crouzet, une ancienne UDI, est entrée en rebellion en confirmant le maintien de sa candidature aux échéances municipales du printemps 2020 à Sens, sans le soutien de son parti, alors que la députée de l’Yonne était jusque-là l’une des représentantes légitimes de Macron…   

SENS La Commission nationale d’investiture de La République en Marche (LREM) a donc rendu son verdict impitoyable de la manière la plus catégorique et définitive qu’il soit. Une décision nette et sans bavure au cœur d’un été caniculaire. Une bouffée de chaleur qui a provoqué la surprise et l’ire de la représentante légitime du mouvement présidentiel, Michèle Crouzet.

D’autant que cette dernière avait déjà déclaré sa candidature officielle depuis plusieurs semaines. L’investiture du parti dont elle défend les couleurs sur les bancs de l’Assemblée nationale ne devrait être qu’une simple formalité pour l’élue icaunaise.

La députée de la troisième circonscription ne s’attendait certainement pas à subir un tel outrage. Toutefois, la députée du Sénonais n’avait pas dit son dernier mot.  

Elle a choisi de maintenir sa candidature aux municipales, mais en dehors de la République en Marche dont les instances départementales lui ont demandé de démissionner prestement. Ce qu’elle a fait.

Dans quel groupe siègera-t-elle à l’Assemblée nationale ?

En signant la charte de déontologie, l’élue s’était engagée à respecter les orientations et les choix de la commission nationale. Se refusant à reconnaître la candidate officiellement investie par le parti de Macron, Claude Vivier Le Got, ancienne colistière de Marie-Louise Fort en 2008 et candidate du Parti Radical en 2014, mais surtout condamnée à un an d’inéligibilité en 2014, après le rejet de son compte de campagne.

Michèle Crouzet a pris les devants.

LREM s’affaiblit de jour en jour. Alors qu’un nouveau groupe s’est formé à l’Assemblée nationale au début de l’été, composé principalement d’anciens députés macronistes, les défections continuent de se multiplier au sein du parti présidentiel. Ce samedi 29 août, la députée Michèle Crouzet a choisi d’adhérer au MoDem, alors qu’elle était initialement affiliée à LREM, en venant de l’UDI. L’élue avait déjà quitté le parti de Macron en 2019, mais était restée apparentée au groupe marcheur à l’Assemblée nationale.

Le sirène MoDem recueille les migrants

Michèle Crouzet semble avoir répondu favorablement à l’appel du président du groupe MoDem à l’Assemblée, Patrick Mignola. « Si demain des parlementaires d’autres groupes que le MoDem veulent nous rejoindre, on les accueillera à bras ouverts. Mon groupe a vocation à s’élargir pour élargir la majorité », avait-il confié début août. De son côté, Michèle Crouzet assure qu’avec ce choix, elle « reste fidèle à [ses] convictions politiques »: « je ne suis pas une frondeuse, je ne suis pas contre le président de la République. Je dénonce le fonctionnement du mouvement LREM et je veux travailler dans de bonnes conditions », se justifie la demandeuse d’asile.

Elle est la… 35e députée à quitter le groupe LREM à l’Assemblée nationale depuis le début de la législature. 

Cette traversée de rue vers l’allié du MoDem irrite les Marcheurs. « Cette main tendue en pleine ambiguïté estivale est malvenue. Au mieux, c’est complètement inutile, au pire ça brouille l’image de la majorité », avait de son côté réagi le député LREM Bruno Bonnell. « Le débat est normal et salutaire, avait ainsi déclaré Christophe Castaner début août, mais en refusant toujours les querelles de partis ou la condescendance d’apparence ». François de Rugy avait, lui, invité le MoDem à ne pas « oublier le respect mutuel ».