Grenoble résiste, mais Rennes a lâché face aux islamistes.
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Alors que la ville de Grenoble décide ce lundi de l’autorisation du port du burkini dans les piscines, à Rennes, le maillot intégral est autorisé depuis juin 2018. Les nageurs et les associations citoyennes sont-elles consultés.
Le port du burkini va-t-il être autorisé dans des piscines de la ville de Grenoble ? Le conseil municipal doit se prononcer ce lundi. De quoi ouvrir les yeux sur la pénétration de cet uniforme islamiste, un signe politique séparatiste, donc anti-républicain. En France, une seule ville autorise le port de ce maillot couvrant, en dépit des règles élémentaires d’hygiène et il s’agit de Rennes. Depuis juin 2018, il est autorisé de se baigner en burkini dans les quatre piscines de la ville socialiste de Nathalie Appéré, élue de la coalition PS-EELV-PCF-PRG-UDB (2014-2020)
PS-EELV-G·s-PCF-UDB (bretonne)-MR (radicaux de gauche)-Nouvelle Donne (depuis 2020).
Qu’en pensent une selection d’habitants de la ville bretonne ?
« Ca ne dérange absolument pas de voir des personnes en burkini dans les piscines municipales », confie une femme au micro d’Europe 1, qui ne précise pas si elle a vécu cette expérience. Le communautarisme et la ghettoïsation de lieux publics serait envisageables… A Lille, les rideaux de la piscine devaient être tirés aux heures de pratique genrée par des musulmanes entre elles.
Un autre nageur estime que « chacun fait ce qu’il veut ». « Ca dérange personne. Moi, personnellement, ça ne me choque pas. » En société, chacun ne fait pas ce qu’il veut et doit respecter la sensibilité de chacun. Le burkini est adapté aux piscines privées individuelles.
Pour Léna, l’autorisation du port du burkini est une bonne chose pour les femmes. « Au contraire, il vaut mieux qu’elle vienne à la piscine plutôt que de se priver de piscine. » Sa liberté de femme indépendante, ce serait de porter un maillot une pièce.
La crainte de tensions
Du côté des associations, on se veut plus prudent, redoutant l’émergence de tensions. Le président de l’Association Solidaire Réflexions Actions Citoyennes de Rennes (ASRAC, 2016) : « Ce dont j’ai peur, c’est que les femmes qui portent le burkini et qui voient une arabe en deux-pièces lui disent qu’elle est une moins-que-rien. Il n’est pas dit dans l’islam qu’il faut mettre le burkini. » Il conclut : » Je pense que ça ne va pas avec la laïcité et que ce n’est pas une bonne idée. «
Farida porte le voile, elle fait le ramadan, mais… le burkini la gêne. « Moi, je vais tôt à la piscine, pour ne pas croiser trop de monde. L’autorisation du burkini, ça veut dire les seins nus aussi, car il faut tout accepter. Or cela ne correspond pas à ma vision : je ne serais pas à l’aise dans l’eau, entourée de femmes dénudées et d’autres en burkini ».
La polémique sur ce dossier la laisse perplexe : « Se battre pour ça, ça ne m’aurait pas traversé l’esprit. Je suis étonnée par ce débat, qui me fait de la peine : encore une fois, nous sommes montrées du doigt ». Pour autant, elle ne dirait pas non à « des créneaux pour les femmes trop pudiques : après tout on a bien ça parfois dans certains bars, ou dans des salles de gym ! ». Au-delà de son opinion personnelle, Farida regrette « l’appropriation de ce sujet par la sphère politique ».
Un avis partagé par Nadia. Si elle estime que « dans une démocratie, on doit laisser les femmes porter ce qu’elles veulent, burkini, monokini ou bikini », elle fustige un débat « lancé à des fins électoralistes, qui ne rend pas service aux femmes musulmanes ». Car finalement, ajoute-t-elle, « cela concernera combien de femmes musulmanes ? La majorité de celles qui portent le voile ne mettront pas les pieds à la piscine : elles préfèrent les piscines privées, lacs ou mer. Et celles qui ne le portent pas se mettront en maillot. Je pense qu’il y a d’autres sujets plus préoccupants que le burkini dans les piscines de Grenoble »…
Salima, elle, s’avoue « un peu choquée » par l’idée-même d’un burkini, à laquelle elle est clairement opposée. « Ces femmes se disent musulmanes, mais elles font tout pour qu’on les regarde : c’est automatique, un burkini, tout le monde le regarde ! C’est comme la burqa : évidemment que tout le monde te regarde, tu es déguisée ! Moi je vais à la piscine en maillot, je ne veux pas me faire remarquer ». Au delà des volontés personnelles, elle regrette l’impact qu’une autorisation engendrerait : « Certains vont avoir peur d’aller à la piscine, c’est sûr. Cela va pénaliser des gens qui ne se sentiront pas à l’aise, et c’est très dommage. Je ne comprends pas la démarche d’Eric Piolle ».
« On va être jugées »
Les réserves exprimées par Marwa sont d’un autre ordre : « Le burkini ne me dérange pas à la plage. Mais à la piscine, c’est non : du point de vue de l’hygiène, c’est douteux. Ma sœur, qui vit en Algérie, me dit que les femmes ne le portent pas que pour se baigner. Alors oui, je comprends l’aspect personnel, la défense d’une liberté : on a le droit de montrer son corps, ou non. Mais je le refuse à la piscine, et je refuse que l’on veuille imposer une telle chose. Surtout que si cela passe, on va encore être jugées, ce sera source d’encore plus de problèmes. Selon moi, ce n’est pas la bonne solution ».
Une opinion à laquelle Malika, presque septuagénaire, ne peut qu’adhérer. « C’est clair et net : je suis contre » tranche cette musulmane née en France, qui assure « ne pas renier ses racines », mais prône l’intégration et le respect des valeurs de sa terre d’accueil.
« Mes parents sont venus d’Algérie à la fin des années 30. Mon père faisait la prière, mais à la maison : il ne s’affichait pas. On est en France, et on doit respecter la culture française. Le burkini, ce n’est pas les valeurs de la France. En Algérie, je m’en fiche, mais ici, non, ce n’est pas compatible. C’est un repli communautaire. Et puis ça me gênerait : moi je vais à la piscine avec mon maillot échancré. Ces femmes en burkini, que vont-elles penser de moi ? Or je veux être libre et pouvoir faire ce que je veux. Cette dérive m’inquiète : on revient en arrière… »
Le féminisme qui défend le voile n’est plus un féminisme »
Questions à Razika Adnani, islamologue et philosophe.
Quelle avait été votre réaction quand vous avez appris la volonté probable de la Ville de Grenoble d’autoriser le burkini (ce sera débattu le lundi 16 mai, en conseil municipal) ?
« J’ai ressenti le besoin d’apporter certains éclairages sur le sujet, qui, je précise, n’est pas un problème qui concerne uniquement la femme, notamment lorsqu’Éric Piolle présentait le burkini comme un signe religieux, une pratique du culte musulman. Car là, non seulement, il prend position sur une question théologique qui concerne les musulmans, mais aussi en faveur des conservateurs ».
LIEN PaSiDupes sur le burkini, Piolle et les féministes
La question divise déjà le monde musulman…
« La question du voile divise les musulmans depuis le XIXe siècle entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Certains musulmans, parmi eux des religieux, ont souligné que le Coran ne recommandait pas aux femmes de couvrir leur chevelure, la partie principale du voile. Pour moi, cela est suffisant pour affirmer que le voile n’est pas une prescription coranique. Les conservateurs affirment le contraire ».
Le burkini et le voile, ce serait la même chose ?
« Le burkini, c’est la version maillot de bain du voile. Il transmet le même discours, il a le même objectif et le même sens. Il a été créé en 2003 pour des raisons commerciales, ce qui ne fait pas de lui un signe de modernité. Celle-ci n’est pas ce qui est récent ou ce qui est lié à l’époque. Lorsqu’il s’agit du comportement des hommes et des femmes, la modernité est un état d’esprit grâce auquel l’être humain prouve sa maturité. Le discours du voile se trouve à l’opposé de cette maturité, donc de cette modernité. Il déshumanise l’homme, en le réduisant à un corps – ce qui est la plus grande atteinte à sa dignité humaine, dont le respect est un principe de la modernité ».
Certaines femmes musulmanes disent pourtant vouloir porter le voile/le burkini et qu’elles n’ont besoin de personne pour leur émancipation ?
« Le voile/burkini n’est pas une émancipation. Il est une pratique ancestrale dont l’objectif est d’être, pour la femme, le signe de son infériorité, de lui interdire de montrer certaines parties de son corps, ce que l’homme, lui, a le droit de montrer. Il attribue une légitimité à la violence à l’égard des femmes non-voilées.
« Le voile est imposé aux femmes. Aucun être humain n’aime naturellement être dans une situation d’infériorité. Il faut savoir que la morale islamique est fondée sur le principe de l’obéissance et par là même, l’organisation sociale et politique. Les militantes pro-burkini s’activant dans le cadre de la confrérie des Frères musulmans, dont les chefs sont des hommes, répondent aux ordres d’hommes. Derrière toute femme voilée, il y a un homme. Telle est la réalité ».
Des féministes soutiennent pourtant ce mouvement, pourquoi sont-ils et elles perméables à ce discours, selon vous ?
« On ne peut pas avoir une position claire et réelle au sujet du voile en faisant fi de son histoire et de sa culture et c’est ce qu’elles font. Je rappelle que saint Paul disait, dans son épître aux Corinthiens, que la femme doit porter un voile sur la tête comme signe de sa subordination à l’homme. Un féminisme qui défend le voile n’est pas un féminisme ».Soumeya, Anissa et Amel lancent : « Il était temps que les femmes musulmanes se mobilisent face à la montée de l’islamophobie en France ».
Alliance citoyenne : « Pourquoi des gens décideraient-ils à ma place comment je dois me vêtir ? »
Trois jeunes femmes d’Alliance citoyenne reviennent sur leur action pour le port du maillot de bain couvrant dans les piscines grenobloises. Elles l’affirment : « Notre mouvement s’inscrit dans une revendication féministe plus large : laissez les femmes choisir comment s’habiller ! ».
Leur discours est ciselé, net, précis. « Féministe » disent-elles. D’un féminisme intersectionnel qui se redéfinirait à l’aune d’un nouveau siècle, générationnel peut-être, militant sans aucun doute. Anissa, assistante sociale, Amel et Soumeya, étudiantes, ont pour leur part déjà pris une part majeure dans la revendication portée par Alliance citoyenne depuis trois ans.
« Il y a un fantasme orientaliste sur nous, les femmes voilées »
Trois ans « où on nous a longtemps boycottées, où les élus ont longtemps refusé de nous répondre », jusqu’à cet horizon du 16 mai qu’elles guettent avec autant de craintes que d’attente. Leur espoir ? Le maire de Grenoble. « Éric Piolle est sur la même ligne que nous ». Elles lancent « il est un allié », sans mesurer ce que cette affirmation déclenchera comme réactions. « C’est le seul qui a ce courage mais ce n’est pas étonnant qu’il suive cette dynamique. La gauche islamophobe, le PS, le PCF, est minoritaire. Désormais, La France insoumise (Éric Piolle est membre d’EELV, NDLR) est plus sur ces thématiques et elle a récolté 20 à 40 % des voix (selon les villes) à la présidentielle ».
Soumeya, Anissa et Amel ont donc quelques alliés et surtout pas mal d’ennemis, d’opposants, de détracteurs. Pourquoi selon elles ? « On ne sait pas vraiment. Peut-être que l’on ne correspond pas au cliché classique de la femme qui porte le voile, la femme soumise qui ne travaille pas ».
Anissa insiste : « Il y a un fantasme orientaliste sur nous, les femmes voilées. On convient seulement quand il s’agit de faire le ménage dans les entreprises, les petits gâteaux pour l’Aïd, quand on nous dit soumises à nos pères, nos frères ou au quartier ; on ne veut pas que l’on sorte de ces cases. Et on nous présente comme des personnes qu’il faudrait libérer ou sauver, mais on ne demande rien ! ».
Anissa poursuit : « Nous sommes la troisième ou la quatrième génération, nous sommes nées ici, nous n’avons aucun problème avec les lois de la République qui sont les nôtres. On nous a rabâché que la France était un pays de droits et de liberté. Pourquoi entraverait-on la mienne ? Pourquoi des gens décideraient-ils à ma place comment je dois me vêtir ? »
« Imaginez la violence »
Soumeya abonde : « Ce n’est pas une option de retirer le foulard pour aller à la piscine ou pour trouver un travail ». Anissa raconte : « Une fois, je me suis fait dégager d’un lac (pour le port d’un maillot de bain couvrant) alors qu’un chien s’y baignait à loisir. Imaginez la violence ».
Désormais inscrites « à l’agenda politique », elles se félicitent : « C’est une victoire de s’être imposées alors que, pendant la présidentielle, on a parlé de nous sans cesse mais… sans nous ». La « victoire », elles y pensent mais n’y croiront réellement qu’à une condition : « Quand on sera dans l’eau ».La réunion organisée par Émancipation 2022 a attiré près de 150 personnes.
Une pétition pour le retrait de la délibération du 16 mai
Initiée par plusieurs acteurs de la vie locale (Françoise Criqui, Sadok Bouzaïene, Jean Caune, Sylvie Ferry, Henri Touati, etc.), une pétition intitulée “Burkini, hijab : quels combats à Grenoble ?” (sur wixsite.com) demande la suppression de la délibération du 16 mai – qui autorise le port du burkini dans les piscines grenobloises. Au 8 mai, elle a recueilli plus de 1.834 signatures.
Et mercredi dernier, la Salle rouge de Grenoble était pleine, pour la réunion organisée par les initiateurs de cette pétition. Près de 150 personnes – dont de nombreux élus – ont écouté la conférence de Razika Adnani, avant de débattre de ce sujet ô combien délicat.
Parmi les nombreuses interventions, on retiendra celle de Pascal Clouaire, membre de la majorité municipale, qui a clairement annoncé qu’il « se prononcera contre. Cette délibération ne fait pas partie des engagements pour lesquels nous avons été élus, et elle est contraire à mes valeurs de gauche républicaine ». L’élu a surtout estimé que passer ce vote en conseil municipal était « une mauvaise idée : on tombe dans un piège. On divise à l’heure où il faut rassembler ».
Laëtitia Rabih (PS), conseillère municipale à Echirolles, a parlé d’un « combat de civilisation qu’on n’a pas choisi ». Elle s’est interrogée : « A-t-on envie de donner de l’audience aux pratiques rigoristes, quelle que soit la religion ? C‘est ça, la question ».
Quant à Christophe Ferrari, président de la Métropole, il s’est étonné que « la Ville de Grenoble ait voté à l’unanimité un vœu demandant le transfert des équipements aquatiques à la Métro », pour ensuite voter un nouveau règlement de piscine. « Je leur demande d’être cohérents : le conseil municipal ne peut préempter un débat qui, demain, serait potentiellement métropolitain ! »
Un avocat évoque « de possibles recours »
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le port du burkini
en piscine, contre le soleiil !
Il est un adversaire assumé de la politique d’Éric Piolle : Thierry Aldeguer, avocat, s’est notamment opposé à la Ville dans les dossiers des Places aux enfants , et de la terrasse du Tonneau de Diogène.
Le burkini le fait réagir : « Ce n’est pas simple, et la jurisprudence (via le Conseil d’État) n’a tranché que dans le cas du burkini sur les plages. Elle dit qu’on ne peut interdire de façon absolue, mais qu’il faut faire attention aux troubles à l’ordre public ».
Il convoque également l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme , « qui évoque la liberté de religion, et dit que tout doit être proportionné et équilibré. On ne peut pas interdire, mais on ne peut pas tout autoriser, sous peine de recours ».
Dans le cas des piscines grenobloises, Me Aldeguer voit un problème : « C’est un établissement public géré par une commune. Or il existe un principe de neutralité des services publics : en modifiant le règlement pour favoriser une communauté, on méconnaît ce principe de neutralité. On quitte la proportionnalité et la mesure ».
Débat sur TPMP:
Sans oublier les questions de sécurité sanitaire, de salubrité (« Qui va vérifier, qui va contrôler ? »), et évidemment d’éventuels troubles à l’ordre public. « En mélangeant burkini et monokini, on favorise une ambiance délétère. Or le maire doit maintenir l’ordre public »…
Mélenchon dans ses oeuvres: