Premier pas vers un blocage général des prix?
3,5%, c’est le niveau de soutien fixé par l’exécutif pour renforcer le pouvoir d’achat des Français, en ce qui concerne les loyers. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, l’a confirmé ce lundi 27 juin au matin: l’aide personnalisée au logement (APL) sera revalorisée de 3,5% et l’augmentation des loyers sera plafonnée elle à 3,5% et ce jusqu’à juin 2023.
“Face à l’augmentation des prix, nous protégeons les Français”, a défendu Bruno Le Maire en présentant les deux mesures phares du texte de loi axé sur le pouvoir d’achat. L’Insee avait mis en garde la semaine dernière contre la plus forte inflation que la France ait connue depuis 1985, laquelle pourrait atteindre 5,5% au total sur l’année.
Mais, sociale sur le papier, la mesure n’a pourtant pas convaincu l’opposition de gauche, Insoumis en tête. Pour Manuel Bompart, “les comptes sont pas bons”, a-t-il tranché sur Twitter.
L’eurodéputé LFI reprend notamment à son compte un calcul de Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, qui signale que la hausse des APL n’est pas alignée sur l’inflation, et qu’elle demeure donc insuffisante.
La présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot fustige, elle, une annonce inverse à celle prise en 2017, lorsque le gouvernement avait baissé les APL, ainsi que les réformes du mode de calcul des aides. L’élue évoque elle aussi des calculs de la fondation Abbé Pierre qui faisaient état en février dernier d’une baisse de 15 milliards d’euros de toutes les aides pour le logement, sur l’ensemble du quinquennat, et donc pas seulement sur les APL.
Autre point de crispation dans l’opposition, la disparité entre le montant d’un loyer et celui de l’APL. La revalorisation annoncée des aides demeure insuffisante par rapport à la hausse possible de 3,5% des loyers, tance notamment le député LFI des Yvelines William Martinet, président de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF, 2013-2016).
Défense du projet
Si pour l’opposition de gauche, les mesures ne sont pas suffisantes, chez Les Républicains ont fait valoir “l’exigence budgétaire” face à la dette. “La situation de la dette française aujourd’hui est très grave (…) Le gouvernement ne peut pas dire: ‘Allez hop, 30 milliards de dette supplémentaire!’ Ce serait irresponsable”, a temporisé le LR Olivier Marleix, sur Europe 1.
La ministre Amélie de Montchalin – qui est en sursis au gouvernement depuis son rejet aux législatives – tente quant à elle l’apaisement et estime que ces deux mesures relèvent du compromis: “Un gel des loyers indifférencié aurait pénalisé un propriétaire modeste qui vit de la location de son bien pour compléter sa retraite et dans le même temps favoriserait un locataire aisé. Ce ne serait pas juste”, a-t-elle défendu, avant d’annoncer qu’elle recevrait prochainement les associations de locataires.