Judiciarisation de la vie publique : la macronie n’assume pas et réclame l’impunité

« C’est le fondement de la démocratie elle-même, qui est en question », alerte Pierre Steinmetz

L’occupant européen,
à l’Arc de Triomphe

Macron et Véran se veulent infaillibles, mais ces demis-dieux adultérins se mettent à couvert: ils appellent le judiciaire à les soutenir, alors que la mission d’information sur « la judiciarisation de la vie publique » a démarré ses travaux, ce mardi, par l’audition de Pierre Steinmetz, ancien directeur de cabinet du premier ministre Jean-Pierre Raffarin (2002-2003).

Cet ancien membre du Conseil constitutionnel s’est alarmé de la place prépondérante des juridictions nationales et européennes dans la fabrication des normes au détriment du pouvoir politique.

Fin décembre 2021, à l’initiative du groupe centriste, le Sénat lançait une mission d’information sur « la judiciarisation de la vie publique ». L’un de ses objectifs est de plancher sur l’évolution de la fabrication de la norme en France. « L’institution judiciaire n’est pas simplement l’interprète du droit. Elle crée la norme et de ce fait crée un sujet sur la place du Parlement. Nous allons chercher à mieux réguler la création de la norme entre le pouvoir législatif et l’autorité judiciaire. Ça pose une question de légitimité », promettait le mois dernier, le rapporteur de la mission Philippe Bonnecarrère, sénateur UDI du Tarn, à publicsenat.fr.

Ce mardi, démarrait le premier cycle des auditions, par celle de Pierre Steinmetz, et ce grand commis de l’Etat a dressé un constat plutôt alarmiste sur ce qu’il considère être « une remise en cause des équilibres démocratiques ».

« On est passés d’un contrôle de régularité à un contrôle de fond »

Le point de départ remonte à une célèbre décision du Conseil constitutionnel du 16 juillet 1971 relatif à la liberté d’association. Par cette décision, les Sages de la rue Montpensier intègrent dans le bloc de constitutionnalité le préambule de la Constitution et la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. « C’était une décision à la limite de l’Etat de droit puisque tout à fait contraire aux intentions du constituant de 1958 », a-t-il souligné.

En effet, dans l’esprit de Michel Debré et du général de Gaulle, le Conseil constitutionnel était voulu pour être un régulateur de compétences entre les pouvoirs législatif et exécutif et non comme le gardien des droits et des libertés comme c’est le cas actuellement.

« En se référant à des principes extrêmement généraux, on est passés d’un contrôle de régularité qui portait sur les procédures, à un contrôle de fond qui porte sur le contenu. C’est une césure dont on n’a pas eu conscience à l’époque », a-t-il insisté avant de situer « la seconde étape » vers ce déséquilibre démocratique à 1975, date d’une autre décision du Conseil constitutionnel.

Cette décision renvoie le contrôle de conventionalité des traités aux juridictions administratives et judiciaires. « Nous avons ainsi des tribunaux qui peuvent écarter l’application d’une loi en se fondant sur les traités internationaux […] et surtout le pouvoir politique a perdu ainsi la capacité d’avoir le dernier mot en modifiant la loi ou la Constitution. Jusqu’ici, si le pouvoir politique estimait que les décisions juridictionnelles ne convenaient pas, il suffisait de changer la règle que les tribunaux étaient chargés d’appliquer. Là, nous nous trouvons avec un pouvoir juridictionnel qui est pourvu d’une légitimité propre, qui ne relève pas des instances nationales, mais des traités et donc des tribunaux internationaux chargés de leur interprétation et de leur application ».

« Remettre du politique dans le processus décisionnel »

La compétence européenne s’est de plus, renforcée depuis le traité de Lisbonne de 2009 qui a fait rentrer dans le droit positif, la Charte des droits fondamentaux et la Convention européenne des droits de l’Homme. « Nous avons une extension quasi illimitée de la compétence européenne », a constaté Pierre Steinmetz. Sans compter que cette Union européenne impose ses décisions aux législateurs franco-français.

Le pouvoir politique n’est donc plus « le seul maître » dans la fabrication de la norme. Et si le pouvoir politique au niveau européen est incarné par les Etats, ils doivent se mettre d’accord à 27, ce qui le paralyse et le rend pour le moins théorique, voire inapproprié.

« Le simple fait qu’on se pose la question : qui fait la loi ? Je crois que c’est le fondement de la démocratie elle-même, qui est en question. Le juge se prononce au nom du peuple français. Nulle part, il est écrit qu’il représente le peuple français », souligne l’ancien membre du Conseil constitutionnel.

Et de dénoncer: « c’est la souveraineté nationale qui se trouve ainsi biaisée par les organes qui la définissent ».

Il insiste donc pour « remettre du politique dans le processus décisionnel ».

« Dire au juridictionnel qu’il est en train de sortir des clous »

Philippe Bonnecarrère a souhaité connaître les pistes « d’un dialogue qui pourrait permettre au juge de tempérer son action tout en respectant son indépendance ».

« Il ne faut pas se faire d’illusions, c’est un rapport de force entre institutions […] Or, je trouve qu’il y a, tant du côté de l’exécutif que du législatif, une démission généralisée dans le rapport avec le juridictionnel. Les termes que vous employez pour poser la question me paraissent significatifs. Il y a un proverbe alsacien qui dit : même un chien peut regarder un évêque. Il ne faut pas avoir peur de dire au juridictionnel qu’il est en train de sortir des clous. Si on le lui dit, il en tiendra compte car il y a un esprit de responsabilité », a fantasmé Pierre Steinmetz.

Pandémie: le premier grand meeting de campagne est décalé par Marine Le Pen

Ni les acteurs politiques, ni la presse ne saluent son sens des responsabilités…

Prévu initialement le 15 janvier, le premier rassemblement de campagne de la candidate à l’élection présidentielle 2022 se tiendra le 5 février à Reims.

« A cause de la situation sanitaire et du pic épidémique », la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a annoncé le décalage de trois semaines de son premier grand meeting de campagne, qui devait se tenir le 15 janvier à Reims (Marne). L’événement est décalé « au 5 février 2022 », comme l’a précisé son service de presse par voie de communiqué, lundi 3 janvier, une fois la décision prise par son bureau de campagne.

Même si cette « convention présidentielle » prévue le week-end du 15 et 16 janvier est décalée, Marine Le Pen « fera une déclaration solennelle dans un lieu symbolique » à cette « date initiale du lancement de la dernière ligne droite de la campagne à la présidence de la République », a précisé son service de presse.

A cette occasion, la candidate lancera l’opération “5.000 marchés”, au cours de laquelle elle et ses équipes, ainsi que les militants du RN, « sillonneront la France à la rencontre des Français », précise le communiqué.

Différentes adaptations à la situation épidémique

Le 11 décembre, la candidate du parti Les Républicains (LR) désignée par un vote en congrès, Valérie Pécresse avait dû restreindre son meeting d’investiture à la seule présence des cadres du parti, annulant le grand rassemblement de 5.000 personnes initialement prévu, porte de Versailles.

Une semaine plus tôt, le candidat d’extrême droite Eric Zemmour avait, lui, maintenu son grand meeting à Villepinte (Seine-Saint-Denis), rassemblant plus de 10.000 participants, avant la prise de pouvoir du varant Omicron.

Yannick Jadot et Anne Hidalgo avaient, eux, choisi, le week-end du 11 et 12 décembre, de tenir des meetings en plus petits effectifs en raison de la recrudescence épidémique.

Si les rassemblements politiques ne sont pas concernés ni par l’application de jauges ni par l’obligation de présentation du passe sanitaire en vertu de leur protection constitutionnelle, les candidats à l’élection présidentielle 2022 se positionnent en cette rentrée sur le sujet des restrictions, afin de tenter d’assurer le bon déroulement de leur campagne.

La République en marche (LRM), le Parti socialiste (PS), Les Républicains (LR) et le Parti communiste français (PCF) ont ainsi annoncé que le passe sanitaire sera quand même demandé lors des meetings de leurs candidats respectifs et ont précisé qu’ils appliqueront les jauges qui s’imposent aux autres types de rassemblements, soit 2.000 personnes en intérieur et 5.000 en extérieur.

En revanche, Marine Le Pen, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon sont eux opposés à toute application de ces restrictions. Soulignant le caractère inconstitutionnel de telles mesures, ils ont fait savoir qu’ils ne demanderont pas le passe sanitaire et n’appliqueront pas non plus les jauges, restreignant le nombre de participants aux événements.

Alors que le nombre de cas détectés ne cesse de croître, le candidat communiste Fabien Roussel ainsi que le candidat de LFI Jean-Luc Mélenchon ont aussi affirmé qu’ils distribueront des masques FFP2 gratuitement à l’entrée de leurs meetings.