« Du calme, » rétorque Macron aux patients privés de leurs traitements médicaux
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Macron a annoncé une enveloppe de 200 millions d’euros pour financer des infrastructures de production de médicaments en France. « Tout le monde a vu durant cette crise que des médicaments qui paraissaient usuels n’étaient plus produits « sur notre sol, » avait-il commenté.
Les bras cassés de l’exécutif n’ont rien appris de la covid et de son cortège de pénuries: gel hydroalcoolique et masques sanitaires, respirateurs et lits d’hôpitaux, effectifs d’infirmiers et de médecins, médicaments d’anesthésie et de soins. La faute à ses prédécesseurs, accusait Macron au pouvoir pourtant depuis 2012, soient dix années, auprès de Hollande de l’Elysée à Bercy, puis à l’Elysée, comme président de plein exercice, avec un Palais Bourbon à sa dévotion. Macron avait promis une relocalisation La pénurie de certains médicaments devient insoutenable.
Les faits révèlent que Macron n’a rien anticipé car, malgré ses promesses et coups de menton, la France connaît depuis plusieurs semaines de graves tensions d’approvisionnement en doliprane pédiatrique mais aussi en amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit chez les enfants. Et le département des Yvelines n’y échappe pas. Sous forme de sachet, de sirop ou de suppositoire, il s’avère impossible pour les pharmaciens de s’en procurer. Après avoir limité la vente à deux boîtes, puis à une seule, ils doivent avouer leur incapacité à dépanner leur patientèle. La chasse au trésor est ouverte…
Après des bagarres d’automobilistes à la pompe, les Français doivent s’arracher des médicaments
« Je cours après ces produits tout le temps. Je passe 30 minutes par jour à essayer d’en trouver. En plus de ça, je dois appeler les médecins généralistes pour adapter la prescription en fonction du patient mais tout ceci est tellement chronophage ! » (Philippe Richard, pharmacien à Juziers)
Cette année, les épidémies de grippe et de bronchiolite sont précoces et particulièrement virulentes comme le rappelle Santé publique France. Mais sans stock de doliprane et d’amoxicilline, les pharmaciens se retrouvent pris en étau.
« Je ne me sens pas tranquille »
« Il ne me reste que de l’amoxicilline en gélule, explique avec inquiétude Philippe Richard. Je conseille aux parents de le faire boire aux enfants. Mais une dose adulte n’est pas la même que pour un enfant. Je ne me sens pas tranquille, en tant que professionnel de santé, de demander aux parents de gérer les doses eux-mêmes. Je crains l’erreur, qu’elle me retombe dessus… »
Le cas de Philippe Richard est celui de la plupart des pharmaciens yvelinois. Les tensions d’approvisionnement de certains médicaments ont obligé le ministre de la Santé, François Braun, mardi 13 décembre, à interdire aux laboratoires de fournir directement en doliprane ou en amoxicilline les officines afin de mieux répartir les stocks.
« La situation atteint son paroxysme »
![Dans l'arrière-boutique de la pharmacie de Christophe Cluzel, les étagères réservées au doliprane pédiatrique sont vides.](https://static.actu.fr/uploads/2022/12/1000000241.jpg)
Christophe Cluzel est pharmacien à Versailles (Yvelines) et président du syndicat FSPF78. Selon lui, l’intention est bonne mais ne résout rien, les grossistes pharmaceutiques n’ayant pas plus de stock.
« J’étais au téléphone avec le responsable d’un des plus gros grossistes, OCP. Il m’a dit qu’il ne reçoit quasiment rien. Il fournit 1.000 pharmacies et ne reçoit que 400 boîtes de sirop doliprane. Alors qu’en moyenne, il en revend 10.000 par jour. »Christophe Cluzel (pharmacien à Versailles et président FSPF78)
Dans sa pharmacie, plus aucun doliprane pédiatrique depuis deux semaines ni d’amoxicilline depuis un mois. Et si ces deux médicaments souffrent d’une réelle pénurie, le manque récurrent de médicaments s’accentue depuis quelques années.
« Sur mon bon de livraison du 13 décembre, il y a plus d’une centaine de médicaments que mon grossiste n’a pas pu me délivrer, explique Christophe Cluzel, quelque peu désabusé. Il y a 30 ans, quand il en manquait 3 ou 4, c’était exceptionnel. Aujourd’hui, la situation atteint son paroxysme. »
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Une pénurie multifactorielle
Il existe plusieurs raisons à la pénurie de doliprane et d’amoxicilline :
– Difficulté approvisionnement des éléments packaging (verre, carton, aluminium) à cause de la guerre en Ukraine.
– Après deux années impactées par la covid-19 où les besoins en amoxicilline ont baissé, les chaînes de fabrication ont diminué leur production.
– Mouvement social à Sanofi ralentti la production de doliprane.
– Tension d’approvisionnement autour des principes actifs qui composent les médicaments, ces principes actifs étant essentiellement fabriqués hors d’Europe, en Inde notamment.
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en dépit de 3 épidémies en cours,
dont la bronchiolite frappant les bébés
Actuellement, OCP subit une situation de tension ou de rupture d’approvisionnement sur 2.500 références. Un chiffre équivalent à celui rapporté par l’Agence de sécurité du médicament sur les ruptures constatées en France depuis un an.
« On espère un retour à la normale d’ici la fin 2023. Mais jamais d’ici la fin de l’année actuelle. Avec le brassage de population pendant les fêtes, ça peut être catastrophique ! »
Que racontait Macron, il y a deux ans et demi ?
Le chef de l’Etat a de nouveau pris des accents souverainistes à l’occasion d’un passage en région lyonnaise, un ton adopté avec constance depuis le début de la pandémie de Covid-19. « Tout le monde a vu durant cette crise que des médicaments qui paraissaient usuels n’étaient plus produits en France et en Europe », a-t-il observé.
Macron a annoncé la mise en place d‘un « mécanisme de planification » de la production française dans le domaine de la santé, ainsi qu’une enveloppe de 200 millions d’euros pour financer des infrastructures de production.
Les 200 millions sont-ils arrivés à destination, à qui, pour quoi, avec quel effet, dans cette république bananière ,
Sanofi avait sauté sur l’aubaine.
Le géant pharmaceutique Sanofi va annoncé qu’il répondait à l’appel de l’Elysée : le groupe avait promis un investissement de près d’un demi-milliard d’euros dans une nouvelle usine à Neuville-sur-Saône, en région lyonnaise, pour y créer une « Evolutive Vaccine Facility », spécialisée dans la production de vaccins, qui serait installée à côté d’un site de production déjà existant de Sanofi. Cet investissement de 490 millions d’euros sur cinq ans devait créer 200 nouveaux emplois, précisait le laboratoire, et pourrait produire 3 à 4 vaccins différents simultanément, contre un seul dans les sites industriels actuels.
Cette usine permettra à Sanofi de « sécuriser les approvisionnements en vaccins de la France et de l’Europe en cas de nouvelles pandémies », selon le groupe. Un enjeu crucial, alors que les Etats à travers le monde se sont lancés dans une course pour accéder à un vaccin contre le coronavirus, qui a fait plus de 436.000 morts à ce jour dans le monde.
Quid des médicaments usuels et banaux ? La visite du chef de l’Etat sur le site lyonnais du laboratoire a-t-il eu un quelconque effet ? A Marcy-l’Etoile (Rhône) ?