Les prix plancher agricoles adoptés à l’Assemblée, contre l’avis du gouvernement

Les Ecologistes infligent une défaite symbolique au gouvernement 

Le président pérore,
son ministre baisse les yeux

Le retour d’une mesure voulue par Macron, mais rejetée par la macronie.

Macron avait annoncé la mise en place de « prix plancher », au Salon de l’agriculture, à la surprise générale, pour garantir les rémunérations agricoles.

Leur mise en œuvre semblait à risques. Mais, surprise, ils viennent d’être votés à l’Assemblée à la faveur d’une niche parlementaire écolo.

A la faveur de leur niche parlementaire du jeudi 4 avril, les députés écologistes ont présenté une proposition de loi visant à instaurer leur version des prix plancher agricole. La majorité a voté contre, espérant faire valoir sa propre interprétation du sujet dans de prochaines propositions législatives. Mais, faute d’opposition de la droite, la mesure a été adoptée quand même…

C’était une des images du Salon de l’Agriculture 2024 (ci-dessus). Le visage du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau se décomposant à l’annonce, par le président de la République, de l’instauration d’un prix plancher agricole pour sauver les revenus des fermes. Rien n’avait été préparé. Pire, la majorité, qui s’était gaussée d’une proposition similaire faite, en novembre à l’Assemblée, par La France Insoumise, s’était retrouvée en porte-à-faux.

L’Assemblée a approuvé jeudi 4 avril dans la soirée en première lecture une proposition de loi écologiste en faveur de prix planchers pour les agriculteurs, en dépit de l’opposition de la majorité et du gouvernement.

Dans un hémicycle clairsemé, où de nombreux élus macronistes étaient absents, le texte de la députée écologiste de la Drôme Marie Pochon a été approuvé par 89 voix contre 66, la gauche votant pour et la majorité contre. Le RN s’est abstenu, affirmant par la voix de Grégoire de Fournas avoir «toujours été pour des prix planchers», mais regrettant l’absence dans le texte de «dispositifs pour encadrer les marges» au risque de nourrir «l’inflation alimentaire».

LR a été quasi absent du débat, mais le député Pierre Cordier a marqué son désaccord avec le texte.

Pour «garantir un revenu digne aux agriculteurs», le texte écologiste prévoit un prix minimal d’achat fixé par «une conférence publique» dans les filières qui le souhaitent, ou sur décision du gouvernement  en cas de désaccord. Le texte prévoit que les prix ainsi déterminés permettent de rémunérer les agriculteurs à hauteur de deux fois le Smic, le prix minimum pouvant être revu tous les quatre mois.

La proposition de loi, qui reprend une mesure proposée dans un texte de la France insoumise rejeté de peu dans l’hémicycle en novembre, fait aussi écho aux propos du président Macron, qui avait fixé un objectif de «prix planchers» lors de sa visite houleuse du Salon de l’agriculture en février, sur fond de colère paysanne.

«Inopérant»

Au banc du gouvernement, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, a toutefois rejeté avec vigueur le dispositif proposé par l’écologiste Marie Pochon, le jugeant «inopérant», même si le gouvernement «partage pleinement [sa] préoccupation» par le1 revenu des agriculteurs. «La piste conduisant à des prix administrés doit être écartée» car ce n’est pas le gouvernement qui «peut déterminer le prix pour un secteur économique», a estimé Agnès Pannier-Runacher.

De plus, «l’instauration d’un prix minimal qui par définition ne s’appliquerait qu’à la production nationale, pourrait favoriser les produits importés au détriment de nos agriculteurs», a-t-elle souligné.

Au cours de débats qui se sont étirés, la majorité a parfois donné l’impression de jouer la montre pour éviter d’aller jusqu’au vote de la loi. «Ils sont gênés sur un dispositif annoncé par le président de la République», a analysé Marie Pochon.

Le député MoDem Bruno Millienne a particulièrement échauffé les esprits, en accusant les écologistes de «vouloir [se] racheter une conscience, après avoir fait chier les agriculteurs pendant des décennies, mais ça ne marche pas»«Oui nous sommes écologistes, nous sommes fiers et nous sommes au côté des agriculteurs. La réalité c’est que vous n’assumez pas votre vote» – contre les prix planchers -, a réagi la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain.

Un mois avant, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, Marc Fesneau était d’un avis diamétralement opposé. «La proposition de LFI pour un prix plancher sur le lait c’est un modèle soviétique».

Le texte doit désormais être présenté au Sénat, à majorité à droite.

Salon de l’agriculture: 63% des Français jugent Macron responsable des incidents lors de l’inauguration

Des policiers en grand nombre déployés à l’intérieur du Salon

Le Salon de l’agriculture s’est ouvert ce samedi 24 février, un coup d’envoi marqué par des heurts qui ont éclaté sur place, dans un contexte de crise agricole.

D’après un sondage Elabe pour BFMTV publié ce mercredi 28 février, 63% des Français estiment d’ailleurs que Macron, arrivé sous les sifflets, est responsable des violences qui ont eu lieu lors de l’inauguration du Salon, en attisant les tensions par sa manière de gérer les relations avec le monde agricole.

Ce jugement est largement partagé par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (77%) et de Marine Le Pen (78%). Les sympathisants LR, eux, sont plus partagés, mais pointent avant tout la responsabilité des agriculteurs radicaux (59%).

71% des électeurs de Macron jugent également que ce sont les agriculteurs qui sont responsables de ces heurts, en s’opposant aux forces de l’ordre, bien qu’elles aient pénétré dans le Salon, en dépit des usages.

Specimen de soutien à Macron :

69% des Français comprennent les actes de violence

7 Français sur 10 (69%) disent par ailleurs comprendre les actes violents de la part de certains agriculteurs, notamment en marge du Salon, même si 54% les condamnent. 83% des Français continuent d’avoir un regard positif sur la mobilisation des agriculteurs, une approbation qui touche également les électeurs de Macron (84%).

Malgré les annonces gouvernementales pour répondre à la crise du monde agricole, 53% des Français estiment qu’elles vont dans le bon sens mais qu’elles restent insuffisantes. 35% d’entre eux jugent même qu’elles ne correspondent pas du tout aux attentes des agriculteurs, et seuls 11% les estiment à la hauteur.

Dans ce contexte, aucune personnalité politique ne recueille la confiance d’une majorité de Français pour apporter des réponses à la crise, même si Marine Le Pen (37%) et Gabriel Attal se démarquent (35%). Macron, lui, est déconsidéré, n’obtenant que 23% de points de confiance.

D’où la tentative désastreuse de diversion de Macron – mal inspiré par sa détestation du parti rival aux élections – estimant qu’on ne peut exclure l’envoi de troupes en Ukraine.

Sandrine Rousseau (EELV): les agriculteurs, responsables de la souffrance animale ?

Macron empêché au Salon de l’agriculture : des paysans imposent leurs volontés au président

Inauguration retardée, mini débat, déambulation restreinte, affrontements, huées, appels à la démission,…

« Grand » débat réduit à… 50

Les agriculteurs ont exécuté l’ultimatum qu’ils avaient lancé au président Macron lorsqu’ils bloquaient les autoroutes au mois de janvier. Sur les barricades de tracteurs et de bottes de foin, ils avaient mis en garde le chef de l’Etat contre sa visite les mains vides au salon de l’agriculture qui s’est ouvert dans la confusion ce samedi 24 février avec 1h30 de retard à 10h30 alors que les esprits s’étaient échauffés.

Macron, c’est déjà
sept ans de malheur

Les plus téméraires ont tenté d’escalader les grilles avant d’être rattrapés par les policiers de la Brav-M. Un membre de la Coordination rurale, Patrick Legras, s’énerve : « C’est le Salon de l’agriculture ! Pas celui du président et on est interdit d’y entrer ! C’est honteux ».

Un niveau de langue du président Macron révélateur de sa tension

Pendant cette longue heure et demie, Macron s’est entretenu avec quelques responsables choisis de syndicats agricoles, en étage, sous une caméra fixe: FNSEA, la Confédération paysanne, les Jeunes Agriculteurs, la Coordination rurale et le Modef (mouvement de défense des exploitants familiaux). Une réunion pour sauver la face, à l’issue de laquelle le président de la République s’est exprimé dans un couloir du hall 1 du parc des expositions, à distance des agriculteurs en colère, derrière six rangs de policiers. Plusieurs centaines d’agriculteurs se sont introduits dans le hall d’accueil et ont échangé des coups dans les allées avec les CRS abondamment déployés à l’intérieur, provoquant ainsi un regain de fureur.

Tensions inédites

Dans le salon, une voix annonce sobrement que cette 60e édition s’est ouverte avec du retard et que le Hall 1 n’ouvrira « qu’ultérieurement » au public. « Pour un salon, c’est un démarrage particulier d’avoir le Hall 1 vide. C’est historique », observe Edith Macke, éleveuse dans le Nord. Il faudra attendre 14 heures passées avant que les visiteurs puissent accéder à la plus grande salle d’exposition où se mêlent vaches, chèvres, brebis, toutes installées sur un matelas de paille. Juste avant l’ouverture au public de cet espace, des agriculteurs bonnets jaunes vissés sur la tête ont tenté de pousser les CRS et les policiers en civil déployés en nombre et paraissant par moments dépassés.

Malgré les sifflets, les huées et les « Macron démission » scandés par les agriculteurs présents depuis l’aube dans le hall 1, Emmanuel Macron, dont c’est le sixième salon en tant que président de la République, a progressé de en bulle dans les allées sécurisées. L’un des éleveurs de la vache égérie, prénommée Oreillette, ne cache pas sa déception.

Mêlée paysans-policiers en civil

L’ambiance est inédite, à en croire les habitués du salon. Tom Dumesnil est âgé de 19 ans dont 15 à venir avec ses parents éleveurs à la porte de Versailles. Aujourd’hui il garde un œil inquiet sur ses cinq vaches blanches avec des tâches marron. Elles sont à une dizaine de mètres des manifestants et du barrage précaire de CRS qui disposent de sulfateuses à gaz lacrymo, pour le bien-être animal… « C’est pas au salon qu’il faut faire ce cirque-là. On ne montre pas une bonne image des agriculteurs », estime le jeune homme, non syndiqué. Ses bêtes sont nerveuses à cause des policiers et des agents de sécurité qui se pressent autour d’elles. « Il y en a qui ont dû enlever leurs vaches. On ne sait jamais comment ça peut dégénérer », explique celui qui veut reprendre l’exploitation de ses parents.

Policiers à cheval

A l’extérieur, on peut croiser des chevaux qui ne sont pas exposés, mais montés par les policiers.

Les CRS bloquent les accès à l’étage ou courent toujours dans les allées. « D’habitude, on les voit dehors, pas dedans », gronde Patrick Solignac, éleveur de bovins.

Lui a pu échanger avec Macron : « Je lui ai dit de penser aux éleveurs parce qu’on est un peu les oubliés », rapporte-t-il. Assis sur une botte de foin, un autre éleveur d’Occitanie, observe la déambulation du chef de l’Etat. « Certes, il déambule avec un dispositif de sécurité, mais il le fait », lui reconnaît Nicolas Lassalle.

Le responsable FNSEA de l’Aude est en colère contre les retards de paiement de la politique agricole commune (PAC). « La PAC me doit 180 000 euros depuis octobre », peste-t-il. L’agriculteur vient depuis 25 ans au salon et comprend la colère de ses collègues. Lui-même aimerait que l’on « arrête la mondialisation » et il dénonce « les industriels qui font des plus-values » sur ses produits. Lors de ses échanges avec les éleveurs, le président a pourtant rappelé que « Sans Europe, il n’y a pas d’agriculture ».

Avant d’entamer une déambulation houleuse, sous haute protection policière, Macron s’est entretenu avec des agriculteurs dans le hall 1 fermé au public. Il s’est satisfait d’un mini-débat improvisé suite à l’annulation de la veille après l’invitation provocante de l’organisation écologiste radicale Les Soulèvements de la Terre. Face à lui, des bonnets jaunes siglés Coordination rurale, des casquettes rouges, marque des Jeunes agriculteurs et des vertes floquées de la FNSEA.

La Confédération paysanne était absente. « Tout ce sketch détourne l’attention sur le sujet principal qui est celui du revenu des agriculteurs », a dénoncé Laurence Marandola, sa porte-parole, solidaire des Soulèvements de la terre. « La Confédération paysanne a refusé de fournir 30 noms d’agriculteurs pour remplir les tribunes » du grand débat au Salon de l’agriculture, a annoncé vendredi 23 février Laurence Marandola. Ni grand, ni micro débat: « C’est une mascarade pour mettre en valeur le président de la République et la FNSEA ».

Le chef de l’Etat lâche à nouveau du lest en annonçant que l’agriculture sera reconnue comme « un intérêt général majeur », une mesure demandée par Arnaud Rousseau, président de la FNSEA sur Public Sénat, une réflexion sur des « prix planchers pour préserver le revenu agricole », contre l’avis de son ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, ainsi qu’une trésorerie d’urgence. Une rencontre sera organisée avec les syndicats agricoles dans trois semaines, promet aussi Macron.

Malgré ces annonces, la situation ne s’est pas détendue, c’est sous les huées et les appels à la démission que le président a coupé le ruban inaugural du salon… à 13 h 30.

Inauguration retardée d’une demi-journée : inédit !

« Nos revendications sont toujours les mêmes, des prix pas des primes », lance Joël Fortin, éleveur retraité depuis trois ans. L’agriculteur, membre de la Coordination rurale et originaire de Vendée, explique les mouvements de foule et les tensions par « l’accumulation de ce mois d’actions ». « Les prix planchers, c’est bien, ça peut aider, mais les annonces ne sont pas encore complètes. On veut une feuille de route précise », demande Edith Mack, éleveuse de bovins dans le Nord.

Inquiétudes persistantes

La colère est profonde. Quentin Arnaldi, un sifflet rouge autour du cou et un tee-shirt marqué « Jeunes agriculteurs » s’inquiète : « Si ça continue, ce ne sera plus le salon de l’agriculture mais un musée parce qu’on sera tous morts ».

Après s’être accordé une pause déjeuner avec les responsables des filières agricoles, Macron a repris sa déambulation dans les allées du hall 4, fermé par les CRS. Contrairement à sa visite du hall 1, celle-ci était donc beaucoup plus calme: un salon Potemkine… Le président de la République a échangé avec des agriculteurs et des visiteurs, récupéré des lettres de doléances et une bouteille de vin de la part d’un viticulteur de Haute-Garonne. « Qui aurait dit ce matin que douze heures plus tard on serait ici en train de travailler ? On fait, on avance et c’est ce que méritent les agriculteurs français », s’est félicité Macron lors d’une conférence de presse en fin de journée, sans un mot pour ses protecteurs policiers. Malgré le calme apparent de la deuxième partie de journée, une visite d’un chef de l’Etat au salon de l’agriculture n’aura jamais été aussi perturbée.

Interpellation de Régis Desrumaux, leader de la FDSEA de l’Oise

Peu après l’ouverture du Salon de l’agriculture à Paris, ce samedi 24 février, le leader de la FDSEA de l’Oise a été interpellé par les forces de l’ordre. Les agriculteurs du département ont alors lancé un appel à la mobilisation, menaçant de bloquer la préfecture à Beauvais et les grands axes routiers. 

La visite de Macron tourne au chaos

Emmanuel Macron a profité de sa venue au Salon samedi pour faire des annonces au monde agricole.
Macron sous tension, avec ses deux ministres-santons,
Fesneau et Pannier-Runacher

Des grilles forcées, des policiers visés par des projectiles… Jamais de mémoire de policiers et d’agriculteurs, le Salon de l’Agriculture n’avait vu, pour la venue d’un chef de l’Etat, CRS et gendarmes mobiles s’affronter avec des manifestants dans son enceinte même, donnant l’image d’un immense chaos. Six manifestants ont d’ailleurs été interpellés et huit membres des forces de l’ordre ont été blessés ce samedi, dont deux « un peu plus sérieusement touchés ».

Le préfet a évalué entre « 300 et 400 » le nombre des manifestants vindicatifs, le matin. Concernant l’après-midi, il a revendiqué d’avoir interdit à « 300 militants de la Coordination rurale » l’entrée du hall 4 du Parc des Expositions où était alors le chef de l’Etat, pour les empêcher de venir « à nouveau au contact du président de la République, pour s’en prendre à une autorité publique ». Il a précisé que trois des personnes interpellées l’avaient été pour « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Le Parquet de Paris avait relevé un peu plus tôt que ces personnes seraient convoquées ultérieurement par la justice.

« Ce manque d’anticipation est incompréhensible »

Le contexte de grande colère des agriculteurs , qui avaient suspendu il y a un mois leur mouvement sur des annonces présidentielles non tenues, laissait présager une visite compliquée samedi pour le diseur qui a misé sur le déploiement des forces de l’ordre casquées et boucliers au poing pour contenir les agriculteurs en colère. Du jamais vu.

« Jamais, je n’ai vu cela », a affirmé le secrétaire national Alliance des CRS et ancien responsable de groupes de sécurité du président et du premier ministre, Johann Cavallero. « Quand on en arrive là, c’est que la situation est hors de contrôle », estime cet ancien policier. Et pourtant, a noté un connaisseur des visites de personnalités de haut rang au Salon, « ce n’était pas une surprise cette colère, exacerbée par l’invitation des Soulèvements de la terre au débat présidentiel ». « Ce manque d’anticipation est incompréhensible ».

D’habitude, les forces mobiles sont déployées autour de l’enceinte du Salon. « C’est le protocole pour le chef de l’Etat », c’est aussi le cas pour d’autres personnalités politiques comme le Premier ministre, a confirmé Johann Cavallero, confirmant la fébrilité de l’Elysée.

Des CRS en renfort

Tout a dérapé peu après 8h00, alors que Macron était confiné dans une salle au premier étage du parc des expositions de la porte de Versailles avec des représentants syndicaux agricoles. A ce moment-là, des agriculteurs de la FNSEA et de la Coordination rurale ont forcé les grilles d’entrée du salon. Grilles gardées par la sécurité privée du Salon, comme l’ont assuré Johann Cavallero et deux sources policières. « Depuis plusieurs années, la responsabilité de la garde des grilles est confiée aux personnels de sécurité privée », a affirmé le responsable Alliance des CRS.

Quatre compagnies de CRS étaient mobilisées depuis 06h00 du matin aux abords du Parc des Expositions, soit quatre fois 160 fonctionnaires actifs, 640 CRS. Et deux autres sont venues en renfort dans la matinée. Il y avait aussi des compagnies de gendarmes mobiles. Deux forces qui ont l’habitude de travailler ensemble dans les opérations de maintien de l’ordre.

« Il y a eu un loupé avec le franchissement des barrières d’entrée. Après, un peu tout le monde a fait du maintien de l’ordre à l’intérieur. Et là s’est posé un problème de coordination entre les forces », analyse Johann Cavallero.

Des animaux en panique

Samedi, il y avait des policiers en civil de la préfecture de police de Paris, des policiers de la CRS 8 (l’unité spécialisée dans les opérations de lutte contre les violences urbaines et autres), des CRS, des gendarmes mobiles, des forces de l’ordre à cheval

« En panique » ?

« Les CRS avaient interdiction d’utiliser des gaz lacrymogènes à cause des animaux », ont affirmé plusieurs membres des forces de l’ordre. Néanmoins, des agriculteurs ont fait état sur des chaînes d’information de l’utilisation très brève de lacrymogène. Pour le préfet de police, les forces de l’ordre n’ont pas utilisé de gaz lacrymogène, « à une exception près, celle d’un gendarme mobile, projeté au sol, pris à partie, qui, pour se dégager, a fait usage très brièvement d’une gazeuse à main ».

Pendant plusieurs heures, de façon intermittente, il y a eu des agriculteurs poussant les forces de l’ordre qui elles-mêmes les repoussaient vivement. « C’est de la poussette. On ne peut pas faire autre chose dans un milieu clos tel que le Salon », a expliqué le syndicaliste policier, ajoutant que si les policiers avaient mis leurs casques, c’était en protection d’éventuels projectiles que des agriculteurs auraient pu lancer(mottes de terre, œufs, etc..).

Jamais une inauguration du Salon par un chef de l’Etat n’était intervenue plus de quatre heures après l’horaire prévu, avec le Hall principal, celui des animaux, fermé au public à l’ouverture. « Samedi, la tension était à un niveau paroxystique », a résumé un habitué du Salon.

Macron aurait menti en niant farouchement les invitations de l’exécutif aux Soulèvements de la terre à son « grand » débat avec les agriculteurs

Macron au Salon de l’Agriculture : fallait pas l’inviter !

Le président de la République a politisé sa visite du 60e Salon international de l’Agriculture – du 24 février au 3 mars 2024 à Paris Expo Porte de Versailles – en attaquant le Rassemblement national, parti qui rassembla 13 millions d’électeurs contre lui en avril 2022, mais ignorant le collectif radical Les Soulèvements de la terre qui blesse des policiers et qu’il a tenté de dissoudre. En vain, comme la plupart de ses actions. BFMTV a interrompu un entretien pour diffuser en direct l’agression verbale présidentielle du premier parti de France.

Le santon Pannier-Runacher baisse les yeux…

A la Joe Biden, 81 ans, insultant Poutine, traité de « fils de p*te » («son of a bitch»), pendant une rencontre à San Francisco (Californie) avec des donateurs du Parti démocrate, Macron en campagne des Européennes – faute de se trouver une tête de liste pour son mouvement – a estimé que la profession agricole « mérite mieux » que le « projet de décroissance et de bêtise » du RN

Macron a pété un cable ce samedi 24 février au cours de réponses aux questions de la presse depuis le Salon de l’agriculture. Il est entré dans une colère noire pour assurer qu’il n’a jamais invité les Soulèvements de la Terre à débattre. Il a martelé qu’il n’a « jamais » au grand jamais « songé initier » une invitation au collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre à un grand débat.

« Je démens totalement cette information. Totalement ! Je n’ai jamais songé initier une telle invitation », à un grand débat au premier jour du Salon de l’agriculture, a-t-il asséné en évoquant le collectif écologiste d’extrême gauche. Une nouvelle qui avait provoqué la colère des agriculteurs et déclenché un boycottage par la FNSEA, syndicat majoritaire et respectueux.

« Vous parlez au président de la République qui a assumé de faire passer en Conseil des ministres la dissolution des Soulèvement de la Terre. Toute cette histoire m’a mis en colère à un point que vous ne pouvez pas imaginer (…) Donc là, ça, c’est n’importe quoi », a-t-il ajouté haussant le ton, visiblement hors de lui. Sauf qu’il est un comédien reconnu, également capable de prononcer des discours d’hommage sur un ton compassé frisant le ridicule et de prononcer au Salon des grossièretés (« bordel », « emmerder » et autres), le banquier pensant faire peuple et se rallier ainsi les benêts.

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, détourne le regard…

Macron évoque une « erreur » de ses conseillers

Pressé par les journalistes puisque le collectif avait été cité parmi d’autres dans un appel de l’Élysée à débattre avec la presse, il a insisté : « Il n’y a pas eu d’invitation. »

« Il y a eu une erreur qui a été faite quand ce groupement a été cité, mais c’est faux. Il y a eu la volonté d’organiser un débat avec toutes les parties prenantes, avec les distributeurs, avec la grande distribution, avec les industries agroalimentaires et avec les organisations qui sont dans les conseils, c’est-à-dire les organisations qui ont pignon sur rue, qui sont pacifiques et qu’on retrouve dans les conseils Ecophyto, etc. », a-t-il dit, citant les douteux WWF et Greenpeace.

VOIR la colère surjouée de Macron :

« Les organisations qui pratiquent la menace, qui détruisent : jamais », a conclu le président, dont on ne savait toujours pas à 10h s’il comptait se rendre au contact des agriculteurs échaudés pour couper le cordon officiel signant l’ouverture du Salon. Macron n’aurait donc pas tenté d’amadouer les méchants en invitant LSD, sachant que la FNSEA et les JA , quant à eux, sont accessibles à la raison et entrent dans l' »arc républicain. »

Les Soulèvements de la terre démentent les propos du président

« Contrairement à ce que voudrait faire croire Emmanuel Macron et la FNSEA, les Soulèvements de la terre sont nés avec l’objectif de lutter pour la préservation d’une agriculture paysanne, contre l’artificialisation et l’accaparement des terres. Nous ne sommes pas contre les agriculteurs, nous oeuvrons au contraire aux côtés d’une grande partie d’entre eux depuis nos débuts, pour que les ressources, les sols, l’eau soient protégés : c’est la condition sine qua non pour qu’une agriculture soit possible encore demain, et que de nombreuses personnes puissent vivre de la paysannerie, assure LST sur son site. L’Élysée a bien cherché à nous contacter via différents biais pour nous inviter à ce « grand débat » [1]. Voici quelques clarifications sur notre positionnement et sur les dernières 48h.

Marine Tondelier (EELV) confirme : lien

En deux jours, la venue d’Emmanuel Macron au salon de l’agriculture a pris des airs de farce et s’est accompagnée d’une somme de mensonges de l’exécutif. A l’heure d’une fronde agricole inédite, Macron a cherché à désamorcer le conflit en resservant la soupe du « grand débat ». Mais de l’arnaque de la convention citoyenne pour le climat au simulacre de négociations pour les retraites, plus personne n’accepte de faire de la figuration pour légitimer les monologues présidentiels. L’invitation des Soulèvements de la terre a rendu fous de rage la FNSEA, la droite et l’extrême droite. De notre côté nous avons d’abord cru à une blague lorsque nous avons appris que l’Elysée cherchait à nous contacter pour participer au débat. De toute évidence, nous ne nous serions jamais livré à une telle mascarade qui n’a d’autre objectif que d’éteindre la rébellion agricole en cours. Notre place est dans les luttes avec les paysan-nes, dans les blocages des  plate-formes de la grande distribution ou les occupations des sièges de l’agro-industrie. Les débats nous les avons au quotidien, sur le terrain, avec les habitant-es et paysan-nes des territoires.                                    

La direction  de la FNSEA et le gouvernement agissent de concert pour mettre un point final au mouvement agricole et œuvrent à mettre en place une agriculture sans agriculteurs, accuse encore LST. Ils cherchent à détourner la colère avec un train de mesures qui ne profiteront qu’aux patrons de l’agro-business sans résoudre trois questions centrales : (1) celle du revenu paysan, de la capacité à vivre dignement du travail de la terre ; (2) celle d’un changement de modèle agricole pour préserver la terre et l’eau face au ravage écologique ; (3) et enfin celle de la garantie pour tous-tes d’accéder à une alimentation saine et locale. La loi d’orientation agricole en facilitant l’usage des pesticides, en généralisant les méga-bassines au profit d’une minorité d’agriculteurs exportateurs ne répond à aucun de ces enjeux. 

Le désarroi agricole, les suicides et la colère sont les conséquences d’une politique délibérée de destruction de la classe paysanne (sic) : par la mise en concurrence mondiale et les accords libre échange et par l’organisation d’une dépendance au complexe agro-industriel qui dépossède les agriculteurs de la maîtrise de leur métier, les surendette et inféode leur activité aux profits de la grande distribution et des industriels de l’agro-alimentaire. 

Nous contribuons avec les Soulèvements de la Terre à différents combats pour la défense des paysan.nes. Contrairement à ce que cherche à faire croire la propagande du gouvernement, nous n’avons jamais « attaqué de fermes », nous avons ciblé des infrastructures du complexe agro-industriel : bassines en Deux-Sèvres, une usine Monsanto à Lyon, des expérimentations toxiques de l’industrie nantaise du maraîchage. Nous avons repris des terres aux spéculateurs et vendangé les vignes de Bernard Arnault pour appuyer des installations paysannes. Plusieurs générations de paysan-nes se retrouvent dans nos manifestations et prennent pleinement part aux Soulèvements de la Terre. 

Contrairement à ce que cherche à faire croire la FNSEA, il n’y a pas un monde agricole unifié  dont elle représenterait les intérêts. Il y a une grande bourgeoisie agro-industrielle, dont Arnaud Rousseau est le représentant, qui accapare et concentre les terres et les aides publiques. Et en face, il y a des masses d’ouvriers agricoles précaires et d’agriculteur-ices moyens en voie de paupérisation. Le gouvernement et la direction de la FNSEA cherchent une nouvelle fois à opposer écologistes et paysan-nes. Pour nous, il n’est plus question que les paysan.nes continuent à être pris en tenaille entre suicide économique et suicide aux pesticides. Nous avons la conviction que la lutte sociale des travailleurs de la terre et la lutte écologique contre le ravage en cours [sic] sont indissociables. Nous le démontrerons une fois de plus lors de la saison d’action des Soulèvements de la Terre qui commence ce printemps. 

L’agitation qui règne au salon de l’agriculture démontre que le mouvement qui a surgi en janvier 2021 n’est pas près de s’éteindre. Nous continuerons [avec le soutien du Conseil d’Etat], comme nous l’avons fait ces dernières semaines, à appuyer les blocages et les actions contre les multinationales, comme Avril [marques comme Lesieur, Puget, Matines ou Diester ] et Lactalis [produits laitiers Président, Galbani, Lactel, Bridel, Société, Le Roitelet, Lepetit, Salakis, Graindorge…], qui font leur beurre sur le dos des paysans. 

[1] L’Elysée, par l’intermédiaire des cabinets de Pascal Canfin [ministre délégué au Développement dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault] et Gabriel Attal, ont bien cherché à contacter des membres des Soulèvements de la terre afin de nous inviter à ce débat. En effet, le jeudi 22 février, à partir de 18h, un député européen EELV confirme avoir transmis le numéro de téléphone d’une de nos portes paroles au cabinet de Pascal Canfin (RE), qui était en charge de faire le lien avec l’Élysée pour nous inviter à ce « grand débat ». Des membres du cabinet du cabinet Gabriel Attal ont contacté une responsable politique nationale d’EELV, afin de récupérer un contact chez les Soulèvements de la terre. Cela rejoint les annonces de l’Elysée concernant notre invitation, lors de la conférence de presse du jeudi 22 février.

[2] Notre premier communiqué sur le mouvement agricole en cours, daté du 31 janvier :

L’écriture inclusive n’est pas de notre fait…

Salon de l’agriculture : des manifestants forcent l’entrée, des CRS sont déployés à l’intérieur

Le Salon ouvre au public avec retard et Macron bunkerisé à l’étage avec un vingtaine de syndicalistes

La soixantième édition du Salon de l’agriculture n’a pas pu effectuer son ouverture officielle à 9h, du fait de la présence contestée de Macron ce samedi 24 février dans un climat de tension, nourri depuis plusieurs semaines avec le rejet de normes européénnes et de règlements nationaux et les manifestations agricoles.

Les organisateurs du Salon ont finalement annoncé à 9h15 que l’ouverture est retardée jusqu’à nouvel ordre. Dans le même temps, Macron a pris la parole, avec des fiches, devant une caméra fixe et des journalistes accrédités, renouvelant des promesses qui n’ont pas apaisé la colère rurale après 35 jours.

Le président, qui a été contraint d’annuler finalement hier son « grand » débat avec les agriculteurs, a fait son entrée dans la nuit, en évitant le comité d’accueil paysan pour se rendre dans une salle fermée, en étage. Dans ce huis clos, il a rencontré les secrétaires généraux des syndicats de la profession. Echaudées, des dizaines de manifestants, dont certains ont passé la nuit devant le salon pour accueillir le chef de l’Etat, ont forcé une grille pour entrer dans les lieux avant l’heure.

Certains, munis de sifflets, se sont précipités dans l’entrée principale où des heurts se sont produits avec le service d’ordre. « On va le dégager physiquement s’il le faut », a déclaré l’un des manifestants.

Heurts entre manifestants et membres du service d’ordre
du Salon de l’agriculture,
le 24 février 2024. 

Des empoignades ont eu lieu entre la sécurité des manifestants portant des signes distinctifs des trois syndicats, FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale, au moment où le chef de l’État commençait à s’entretenir avec des responsables syndicaux à proximité. Des CRS ont été déployés dans les allées du salon et les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène contre les agriculteurs.

L’ouverture du salon repoussée

Les organisateurs du Salon de l’agriculture, qui avaient dit qu’ils comptaient bien ouvrir comme prévu à 09H00, ont finalement annoncé que l’ouverture était retardée jusqu’à nouvel ordre.

« Les organisateurs du Salon international de l’agriculture informent que dans le contexte actuel les conditions ne sont pas réunies pour que nous puissions ouvrir les portes aux visiteurs sereinement. La décision est prise de retarder l’ouverture de la 60e édition », ont-ils indiqué.

Dans leur première annonce, ils envisageaient que des « endroits restent inaccessibles » au public, en particulier le pavillon 1 – celui des animaux – où ont convergé les centaines d’agriculteurs remontés.

Macron fait des annonces

Vers 9h15, Macron s’est adressé la presse, appelant à ce que le salon « se passe bien, dans le calme ». « C’est un moment de fierté, de reconnaissance et donc il faut que ce salon se passe bien, dans le calme pour l’agriculture française », a-t-il déclaré constatant également qu’« on ne répondra pas en quelques heures à cette crise agricole ».

« Nous lancerons un recensement dans chaque région des exploitations qui sont dans les plus grandes difficultés de trésorerie pour pouvoir les accompagner. », a-t-il annoncé.

Il a dit vouloir reconnaître dans la loi l’agriculture et l’alimentation « comme un intérêt général majeur » de la France. « Nous devons lancer un Egalim européen, parce que nous avons aujourd’hui des grands groupes de distribution qui ne joue pas le jeu et qui utilise l’Europe pour contourner la loi française. », a-t-il ajouté.

Plusieurs agriculteurs interpellés après des heurts entre manifestants et service d’ordre

Quelques minutes après l’arrivée de Macron porte de Versailles, quelques dizaines de manifestants présents sur place ont forcé une grille et ont pénétré dans l’enceinte du Salon de l’agriculture. Des bagarres ont éclaté avec le service de sécurité.

Fiasco – Macron avait invité Les Soulèvements de la terre à débattre: la FNSEA indignée

Macron rétropédale: il exclut les violents du débat au Salon de l’agriculture

Macron a scandalisé en invitant des casseurs
avec des agriculteurs républicains

Ce devait être un grand débat « ouvert, franc et transparent ». Le président de la République assurait qu’il voulait « esquisser l’avenir » de la filière, a indiqué ce jeudi l’Elysée. « L’ensemble des acteurs pourront donner leur point de vue, faire des propositions, confronter des idées », a promis la présidence. Le débat, qui va durer au moins deux heures, se veut également « sans filtre », « dans un état d’esprit républicain ». Le président « souhaite vraiment que la parole soit libre », a ajouté l’Elysée. Mais les Français savent à quoi s’en tenir.

L’annonce de ce débat est survenue alors que les agriculteurs, en colère depuis plusieurs semaines, ont remis la pression sur le gouvernement. Une centaine d’entre eux a manifesté jeudi à Arras (Pas-de-Calais) à l’appel de la Coordination rurale pour réclamer des « actes ».

Quand en mai 1992, le Conseil des ministres européen entérina la nouvelle PAC, la Coordination rurale organisa alors le « blocus de Paris », une action nationale destinée à « essayer de paralyser Paris » en dressant dans la nuit du 22 au 23 juin 1992 des barrages sur les accès principaux d’Ile-de-France. Cinq cents tracteurs se dirigèrent sur la capitale.

Mercredi, le premier ministre Gabriel Attal a récapitulé les dizaines d’engagements et chantiers déjà lancés pour répondre à la colère du monde agricole. Ces déclarations n’ont pas empêché plusieurs actions de protestation un peu partout en France.

L’invitation des violents Soulèvements de la Terre, une provocation pour la gentille FNSEA

Le collectif des Soulèvements de la Terre n’est finalement pas convié samedi, a annoncé l’Elysée ce jeudi soir 22 février.

Plus tôt, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, avait refusé d’y participer en la présence de fauteurs de troubles qui instrumentalisent l’écologie à des fins subversives. Collectif fondé en janvier 2021 à Notre-Dame-des-Landes par d’anciens membres de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, ces éco-terroristes.

Selon Gérald Darmanin, le collectif – l’un des principaux organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline samedi 25 mars 2023, avec « Bassine non merci » et la Confédération paysanne (dont certains membres font aussi partie du collectif d’ultra-gauche) – est directement « à l’origine des actions violentes » dénoncées par le gouvernement lors des regroupements non autorisées contre le projet de méga-bassines. Le ministère a compté 47 policiers blessés et le ministre . 

En décembre 2022, une usine Lafarge avait été victime de dégradations à hauteur de 4 millions d’euros dans une attaque des activistes du mouvement. Dans l’été 2022, ces éco-terroristes avaient déjà effectué des vendanges sauvages, fort de plusieurs centaines de militants, dans des parcelles de vignes situées dans le Var et considérées comme « accaparées » par LVMH.

Le Conseil des ministres a prononcé en juin la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre. Le Conseil d’Etat avait suspendu cette dissolution pendant l’été et a examiné le fond de l’affaire avant de mettre sa décision en délibéré et d’annuler la dissolution, mais validant, en même temps, la dissolution de trois autres associations : la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), dissoute le 20 octobre 2021, l’Alvarium, un groupuscule d’ultradroite établi à Angers, dissous le 17 novembre 2021, et le GALE (Groupe antifasciste Lyon et environs), dissous le 30 mars 2022.

Personne ne veut participer au show de Macron

La FNSEA ou encore les Jeux Agriculteurs ont protesté contre l’invitation par l’Elysée des Soulèvements de la Terre. A la veille de l’organisation de son « grand » débat au Salon de l’agriculture, le chef de l’Etat a dû annoncer qu’il prend « acte » de la décision des syndicats de ne pas le rencontrer samedi 23 février à son grand débat au salon de l’agriculture. C’est pourquoi il s’est résolu, ce vendredi soir, à l’annuler.

A la place de ce grand débat, le chef de l’État a imaginé d’ « inviter demain matin tous les syndicats agricoles avant l’ouverture officielle du salon ». Ces rencontres auront bien lieu à la Porte de Versailles. Avant d’ajouter: « Je serai là pour l’ouvrir et irai au contact de tous ceux qui veulent échanger comme je le fais chaque année. »

Un risque de « plusieurs actions » susceptibles de perturber l’événement est mis en exergue par le renseignement territorial. Le président risque d’être « sifflé à son arrivée », selon leurs informations.

Le Salon de l’Agriculture verse de dégustations abusives en beuveries

Les organisateurs doivent prendre des mesures

Pénuries d’électricité, de carburants et de médicaments,
mais abondance d’alcools
en France (lien PaSiDupes)

Le weekend des 25 et 26 février a été particulièrement important dans le débit de boissons au Salon de l’agriculture, parfois jusqu’à l’excès. L’organisation de l’événement a d’ailleurs pris les devants pour limiter cette tendance.

Depuis son inauguration, le 25 février dernier, le Salon de l’agriculture attire des milliers de visiteurs. Une occasion pour les familles de se rencontrer dans une ambiance conviviale et déguster les spécialités régionales. Néanmoins, cette année, les organisateurs et exposants ont constaté une consommation excessive d’alcool par certains visiteurs.

«C’est une tendance qui n’est pas simplement celle du salon de l’agriculture. Elle est un peu dans la société. On boit plus et plus vite, avec un certain nombre de conséquences. On ne serait pas honnêtes de ne pas le constater au salon. C’est pour cela que l’on va prendre un certain nombre de dispositions autant en prévention qu’en sanction», a affirmé Arnaud Lemoine, président de CENECA (Centre national des expositions et concours agricoles) et organisateur du Salon de l’agriculture.

Pour faire face à cette consommation excessive, l’organisation du salon a envoyé un mail aux exposants leur demandant d’adapter un certain type de vente. «Nous avons constaté une forte augmentation de ventes de bouteilles (…) qu’ils consomment dans les allées de façon déraisonnable», peut-on lire dans le courrier envoyé en date du 26 février 2023.

Sociologie de la biture, selon la tranche d’âge

Les visiteurs du Salon sont représentatifs de la société, pour laquelle faire la fête, c’est prendre une bonne cuite. «Nous appelons une fois encore à la contribution de tous pour maintenir une ambiance festive et familiale en favorisant la consommation raisonnable d’alcool», rappelle-t-on, en urgence.

La forte consommation d’alcool varie en fonction du jour de visite et la tranche d’âges des visiteurs «notamment les samedi où c’est beaucoup de jeunes dans la trentaine, 25-35 ans, qui viennent pour vraiment consommer et faire la fête [notion dévoyée] entre amis. Sur des journées comme les dimanches, par exemple, c’est beaucoup plus familial», a expliqué le brasseur Emmanuel Alfaïa (brasserie de l’Aurore,d’Indre-et-Loire). Un pari sur l’avenir.

Même constat pour Jean Wahl, commercial CHR. «Il y a eu beaucoup de consommations, les gens venaient pour boire. Après, le public qui arrivait par la suite, ce n’était vraiment pas le même», a-t-il indiqué.

En 2015, la session nocturne du salon de l’agriculture avait été supprimée, déjà dans le but de limiter la consommation excessive d’alcool.

2023: fermeture avancée de l’accès au Salon

Salon de l’agriculture : une fermeture avancée pour raisons de sécurité

Les entrées ont été interrompues en avance, deux heures plus tôt que l’horaire officiel de fermeture, officiellement pour des raisons de sécurité, du fait de l’affluence qui rend difficile la circulation dans les allées, ont annoncé les organisateurs.

Il y a eu ce samedi trop de visiteurs dans les allées. Le Salon de l’Agriculture a été obligé de fermer ses accès en avance, deux heures plus tôt que l’horaire officiel de fermeture

Plus aucun visiteur n’est autorisé à pénétrer samedi au Salon international de l’agriculture à Paris, qui ferme ainsi ses portes deux heures plus tôt que d’habitude afin de « sécuriser » la manifestation parisienne, en raison d’une forte affluence qui rend difficile la circulation dans les allées, ont annoncé les organisateurs.

L’événement reprendra normalement à 09 h 00 dimanche pour sa dernière journée. « Il ne s’agit pas d’empêcher mais de sécuriser », soulignent-ils.

De mémoire (courte) d’organisateurs du salon (cf. 2015), c’est la première fois que « sous la pression du succès » (de la binouze ?), la manifestation a été contrainte de fermer ses portes à 16 h 30. Dès la mi-journée, le Comexposium et Ceneca, organisateurs de l’événement, étaient étonnés de la hausse de la fréquentation sans pour autant présager qu’elle monterait encore en puissance dans l’après-midi. « Au point que [parce que hyper-réactifs] nous avons pris la décision de fermer les portes du parc des expositions de la Porte de Versailles aux nouveaux visiteurs à 16 h 30 (au lieu de 18 h 30, le salon fermant quotidiennement depuis le 25 février à 19 heures). Et ce, pour des raisons de sécurité, tant pour le public et les animaux, que pour des raisons de confort de visite », prétend-on dans les coulisses de l’organisation. La gerbe n’est pas très glamour ?

Macron parle d’atmosphère « conviviale »:

En vérité, le salon qui, le week-end dernier déjà, avait vécu une affluence extrêmement …festive, voire débridée sous l’effet de l’alcool facile à « déguster ». Difficile donc pour des marchands d’anticiper une menace sur l’atmosphère peu familiale !…

« Pas un festival »

Dès la matinée de cette avant-dernière journée, les allées du parc des expositions de la Porte de Versailles se sont densifiées, rendant par endroits les déplacements difficiles. Le public, supposé familial, est aussi composé de groupes de visiteurs alcoolisés, de plus en plus désinhibés, à mesure que les heures de visite s’étirent et que les fûts de bière se vident, ont rapporté les journalistes sur place.

En milieu de semaine, Arnaud Lemoine, directeur du Centre national des expositions et concours agricoles (Ceneca), propriétaire du Salon, avait appelé à préserver cette « grande fête populaire » des excès de l’alcool. « Ce salon est une fête populaire, familiale, et doit le rester. On n’est pas un festival », avait-il souligné.

Le nombre d’agents de sécurité « a pratiquement doublé par rapport à l’an dernier », avait-il expliqué, et les stands vendant bières ou liqueurs ont été invités à ne pas offrir de verres de dégustation. De même, les bouteilles de vin doivent être vendues fermées. « Un verre entre amis, oui mais avec modération » : le message résonne régulièrement dans les haut-parleurs et, pour faire tomber un peu la tension éthylique, des « désoiffeurs » – des employés chargés de bidons d’eau pour réhydrater les visiteurs – sont mobilisés.

Des gardes du corps de Macron malmènent un militant écologiste au Salon de l’agriculture 2023

Le président se désolidarise de sa garde rapprochée

Violences par un membre du Groupe de sécurité de la présidence de la République

Un manifestant écologiste a été plaqué au sol par le service de sécurité du président de la République alors qu’il visitait ce samedi le Salon de l’Agriculture.

« Le plan de rénovation thermique, M. le président ! », a crié un jeune militant vers 15 heures, alors que le chef de l’Etat parlait avec une éleveuse d’ovins. Il a été évacué sans ménagement par les gardes du corps du chef de l’Etat, notamment en lui tirant les cheveux, et en le plaquant au sol, une scène qui a fait l’objet d’une vidéo massivement partagée sur les réseaux sociaux. @Chamakd1

Le militant dépose plainte. Ce lundi, le militant a annoncé à LCI qu’il a porté plainte contre X dès samedi soir. Se disant « choqué par cette violence », Jérémy a assuré n’avoir « proféré aucune insulte », ni « exercé aucune menace ». « J’ai crié : ‘A quoi tu sers?‘ qui est notre slogan de Dernière rénovation sur nos t-shirts puis ‘plan de rénovation thermique et 2.200 morts par an à cause de la précarité énergétique’ », a-t-il ajouté. 

Lien TikTok

Avant de raconter la scène tel qu’il s’en souvient. Le jeune homme a indiqué qu’un « membre en particulier de la sécurité (l)’a attrapé par le cou en (l)’étranglant ». Une fois plaqué au sol, Jérémy a assuré avoir reçu des coups. « J’ai crié pour qu’il arrête ses actions, j’ai des traces et marques de violences sur le cou et le haut de la poitrine, des contusions à l’œil gauche ainsi que deux bosses sur le crâne. J’ai tout de suite été porté dans une salle à l’écart pour un contrôle d’identité par les forces de police », a-t-il encore décrit. Le militant de Dernière Rénovation a néanmoins été relâché sans aucune charge à son encontre.

« Je n’ai pas vu ce jeune homme », a ensuite prétendu Macron, en disant « réprouver tous les gestes de violence quels qu’ils soient, quand il s’agit d’interpeller quelqu’un, qu’elle soit d’ailleurs physique ou verbale ».

Après les huées et les sifflets et des accrochages verbaux sur son passage au premier jour de l’événement, il a d’ailleurs condamné « tous les gestes de violence », après son passage mouvementé au premier jour de l’événement.

« A quoi tu sers ? »

Un peu plus tôt, un membre du collectif « Dernière rénovation » avait interpellé le chef de l’Etat en l’appelant à « écouter les rapports scientifiques » sur le changement climatique. Se présentant comme « Pierre », il arborait un tee-shirt barré de la mention « A quoi tu sers ? ». Lien PaSiDupes

Plusieurs citoyens soutenant ce mouvement « ont rappelé l’inutilité criminelle du gouvernement actuel, déclaré hors la loi par ses propres tribunaux, dans la lutte contre le dérèglement climatique », a souligné le collectif dans un communiqué.

Ces militants demandent un plan de rénovation énergétique plus ambitieux des bâtiments en France. « J’ai été plusieurs fois interpellé par ces jeunes militants de ces ONG, que ce soit Extinction Rebellion, ou Dernière Rénovation », a indiqué plus tard le président de la République. « Moi, je crois au dialogue. A chaque fois, j’ai eu des gens, ils ne voulaient pas dialoguer (…) J’invite ces jeunes (…) à venir dialoguer à l’Elysée ».

« On peut pas vivre dans une société où d’un côté vous avez des jeunes, hagards d’ailleurs dans la manière de vous aborder, qui disent  »on va tous mourir, on est foutu, j’ai 26 ans », et qui ne veulent pas du tout dialoguer », a poursuivi Macron. « Et vous faites dix mètres, et vous avez de jeunes agriculteurs ou des plus anciens qui vous disent  »moi je vais mourir, on change les règles tout le temps, je ne peux plus vivre » ».

Adepte de la stratégie du coup d’éclat, le collectif Dernière rénovation, fondé début 2022, a déjà perturbé le Tour de France, Roland-Garros ou un match PSG-OM. Vendredi soir, l’une de ses militantes s’est brièvement introduite sur scène lors de la cérémonie des César. « On refuse de faire partie du plan de communication. S’il veut un débat, il a nos numéros », a lancé Pierre en fin d’après-midi sur BFMTV.

« A quoi tu sers ? » : violent dialogue de sourds entre Macron et un militant de Dernière Rénovation

Macron ébranlé: il n’a pas réussi à retourner l’activiste écologiste

Le garde du corps garde une main sur l’avant-bras du militant,
au cas où Macron exaspérerait le contestataire écologiste
et où une gifle ou un coup de poing partirait…

Lors de sa déambulation au Salon de l’agriculture, samedi, Macron s’est écharpé avec un homme se revendiquant du collectif «Dernière rénovation».

Le jeune homme, qui arborait un t-shirt barré de la mention « A quoi tu sers ? », a interpellé le chef de l’Etat en l’appelant à « écouter les rapports scientifiques » sur le dérèglement climatique.

Macron l’a accusé de refuser le « débat ».

« Je suis là pour vous dire qu’on n’arrêtera pas, parce qu’on n’en peut plus de demander gentiment. Entendez-ça, sinon ça va être terrible. J’ai fini ce que j’avais à dire », a-t-il lancé en pointant son index sur le chef de l’Etat, mais en refusant d’écouter sa réponse. « On vous a déjà entendu ! », s’est-il justifié.

Or, le contestataire « citoyen » vert « non violent » a été empêché:

Lien Instagram

Lien TikTok

« Vous êtes la démonstration d’une forme de violence civique »

C’est l’accusation que Macron a adressé à l’écologiste, en l’interrogeant : « Je suis élu [par défaut] par le peuple français, vous êtes élus par qui ? ».

« C’est pas un débat! », a insisté le militant. « Et ben alors, partez, si c’est pas un débat ! », lui a répondu le président outragé et furieux.

« Je n’aime pas tellement l’interpellation sans le débat »

Alors que le jeune homme a promis de « ne pas se laisser faire », en faisant valoir que « c’est la vie de (sa) petite sœur qui (était) en jeu », Macron l’a repris en soulignant que « la vie des agriculteurs, c’est la vie de nos compatriotes », une concession lourde de sens : sa politique est une menace pour la vie de l’ensemble des Français…

Encore interpellé sur « la rénovation thermique des bâtiments », Macron a assené: « C’est ce qu’on fait ! »

« Je veux bien vous répondre, mais vous n’avez pas le courage et la cohérence d’écouter une réponse. Ça vous ressemble, et ça, ça ne sert à rien! », a conclu le chef de l’Etat.

Après avoir ruminé l’altercation, Macron a cru bon de se justifier en lâchant, quelques minutes plus tard: « Moi, j’accepte de me faire engueuler, de me faire bousculer, mais j’aime pas tellement l’interpellation sans le débat ».

Un peu plus tard dans la journée, alors qu’il tentait dans l’adversité de battre son record de présence au Salon de l’Agriculture, Macron s’est de nouveau fait interpeler par un militant de « Dernière Rénovation », comme le rapporte le collectif écologiste sur son compte Twitter, à défaut de couverture par la presse aux ordres.

« Le pays est conduit par une équipe de 19 millionnaires qui servent les intérêts des profiteurs de crise », écrit par ailleurs le mouvement.

On notera que la déambulation se déroule sous les sifflets et les huées, mais que l’Elysée a organisé la claque présidentielle en amenant quelques militants.

Adepte de la stratégie du coup d’éclat, le collectif Dernière rénovation, fondé début 2022, a déjà perturbé le Tour de France, Roland-Garros ou un match PSG-OM. Vendredi soir, l’une de ses militantes s’est brièvement introduite sur scène lors de la cérémonie des César.

La cérémonie des César déjà perturbée par le collectif

Macron estime que cet activiste ‘Dernière rénovation’ n’est pas courageux :

Dramatisation: la guerre en Ukraine « durera », mais du fait de l’OTAN

Macron confirme que les Atlantistes poursuivront leur stratégie de dislocation de la Russie

Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture, à Paris, le 26 février 2022. (Photo: POOL New via Reuters)
De passage au Salon international de l’Agriculture, Macron a différé l’annonce de sa candidature

Encore dans la guerre, Macron se projette déjà dans le temps long de l’après-guerre en Ukraine. Au Salon de l’Agriculture, ce samedi 26 février, il annonce un plan de résilience: les Français doivent se préparer à des sacrifices.

Devant les dirigeants des organisations professionnelles, Macron a averti que la guerre en Ukraine “durera” et qu’“il faut nous y préparer”, ajoutant que le gouvernement prépare “un plan de résilience” pour faire face aux conséquences économiques de cet bras de fer entre OTAN et Russie, sur le territoire ukrainien. La Pologne assure d’ores et déjà l’accueil et l’hébergement des réfugiés ukrainiens, tandis que le président américain tire les ficelles de ses marionnettes européennes, le Royaume-Uni et la France, ainsi que l’Allemagne, plus en retrait du fait de sa dépendance énergétique à la Russie en pétrole et en gaz.

Si les annonces de sanctions occidentales sont un geste de soutien à l’Ukraine, il est symbolique, car la Russie a construit son auto-suffisance. Les membres européens de l’Alliance atlantique et l’Ukraine ont plus à perdre que la Russie de la guerre en Ukraine. Depuis 2014, les sanctions européennes consécutives à la reprise de la Crimée par la Russie ont renforcé la décision de Vladimir Poutine d’investir 52 milliards de dollars dans l’agriculture, pour ne plus dépendre de l’extérieur en alimentation et ne plus craindre des pénuries en cas de sanctions occidentales. Jusqu’alors importatrice de blé, la Russie est devenue le premier pays exportateur. De même, si elle n’avait quasiment pas d’élevages, aujourd’hui la Russie est autosuffisante en volailles et quasiment en viande de porc, grâce à des investissements massifs dans l’élevage industriel. Le plan de résilience de Macron vise à pallier les pénuries attendues avec les représailles que Poutine sera conduit à déclencher, quand les aides militaires françaises de défense arriveront à la mi-mars. Des livraisons d’armes de l’OTAN ont déjà été livrées il y a plusieurs semaines aux frontières de l’Ukraine qui demande des armes, notamment des anti-missiles, et des munitions. L’OTAN assure également la dissimination d’armes offensives, notamment depuis la Roumanie, clandestinement.

Dans un discours qui a duré une vingtaine de minutes, le président de la République a indiqué que “la guerre est revenue en Europe”. Cette guerre a été choisie unilatéralement par le président Poutine, accuse-t-il […]. De manière certaine il y aura des conséquences dans nos exportations pour les grandes filières”, comme celles du vin, des céréales et de l’alimentation du bétail, a déclaré le chef de l’Etat à des responsables agricoles en inaugurant le salon international à Paris.

“Nous sommes en train de bâtir un plan de résilience, d’abord pour sécuriser nos filières, nos intrants, ensuite pour bâtir des boucliers en termes de coûts […] et apporter des réponses dans la durée”, a expliqué Macron.

Une visite au Salon réorientée de son annonce de candidature à un constat d’état de guerre

Fini de jouer au chef de guerre. Le quadra coiffe le képi de « héros de Kiev » à Paris et de petit père du peuple. Il faut “vous accompagner en termes de revenus et accompagner nos compatriotes aussi sur les impacts en termes de coûts [économique et financier sur nos vies quotidiennes: inflation du coût de la vie (carburants, gaz et électricité, céréales, etc) et pénuries] immanquablement”, a insisté notre ‘escort boy’ fataliste, en s’adressant aux responsables des filières et des syndicats agricoles.

En raison de la crise, Macron a écourté sa visite au Salon de l’agriculture originellement prévue pour être le cadre de son annonce de candidature à la présidentielle. Contrairement à 2019, il ne déambulera donc pas pendant sept heures Porte de Versailles. C’est le Premier ministre Jean Castex qui le suppléera dans “la déambulation et la visite de stands”, a fait savoir l’Elysée.

Les professionnels de l’alimentation redoutent des mesures de rétorsion russes à la mesure des sanctions occidentales, qui déséquilibreront encore davantage notre balance commerciale. La France est le neuvième fournisseur de la Russie en produits agroalimentaires, pour 780 millions d’euros par an, selon l’association française de l’agro-industrie Ania.

Plusieurs grands groupes français sont implantés en Ukraine, en particulier dans le secteur laitier, des céréales et des semences. Lactalis (groupe français présent notamment dans l’industrie laitière), qui a un stand au salon, compte trois sites de production dans l’ex-république socialiste.

Nos entreprises présentes en Russie seraient sereines. Le ministre de l’Economie himself, Bruno Le Maire, évoque une « économie française peu exposée » et des conséquences « contenues », en cas de contre-attaque commerciale russe. La France pourrait donc, selon lui, se passer de Moscou. En 2021, les exportations vers la Russie cumulaient pourtant 6,5 milliards d’euros, faisant de l’ex-URSS le quinzième marché de la France et le septième hors Union européenne. La Russie ne représente que 1,3 % des exportations françaises. En termes d’indépendance économique, la France importe 9,7 milliards d’euros par an de la Russie, soit 1,7 % du total des importations de Paris, principalement en gaz, ce qui n’est pas sans conséquences sur les prix de l’électricité, alors que Macron a arrêté des réacteurs nucléaires et qu’il refuse de baisser les taxes gouvernementales sur les carburants et d’importer le gaz de schiste américain. En même temps, Le Maire incrimine pourtant déjà les conséquences d’un blocage de Swift qui entraverait les échanges de fonds, bien que cette société coopérative de droit belge ne soit qu’une messagerie sécurisée, spécialisée dans l’ échange d’informations et d’ordres bancaires, mais aussi utilisée dans la lutte anti-terroriste.

Mieux, Swift est utilisé à des fins politiques et le Parlement européen a demandé à l’Union européenne de déconnecter la Russie de ce réseau. Elle a eu pour conséquence d’encourager la Russie à travailler sur un système alternatif, et la banque centrale de Russie a développé le système de messagerie financière russe qui en septembre 2018 regroupe 416 entreprises et administrations russes[7].

Rendez-vous incontournable d’une campagne présidentielle, le Salon de l’agriculture était envisagé comme l’une des rampes de lancement possibles de la candidature de Macron, qui n’a toujours pas officiellement annoncé son intention de briguer un nouveau mandat à l’Elysée. Au château, on assure désormais que cette possibilité n’a jamais été envisagée.

Les candidats déclarés ont pour la plupart annoncé leur venue au Salon la semaine prochaine. Mais l’écologiste Yannick Jadot, par ailleurs eurodéputé, a dû décaler son passage de mardi à jeudi, là aussi en raison de la crise en Ukraine. Un épiphénomène.

Ukraine : Macron élude la flambée des prix des matières premières liée aux sanctions occidentales sur la Russie

Au Salon de l’Agriculture, Macron fait l’impasse sur les conséquences des sanctions de l’OTAN et de l’UE contre la Russie entrée en Ukraine

Macron, héliporté
pour les caméras de l’Elysée

Incidences de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales sur les prix des matières premières

Pétrole passant les 100 dollars le baril et gaz naturel s’enflamment, de même que l’aluminium, le blé et le soja pour les cas les plus spectaculaires. Suite à l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, ces hausses ne sont pas de bon augure car elles risquent d' »alimenter » une hausse des prix dans les pays de l’OCDE qui ont déjà atteint un niveau élevé.

La réaction des marchés des matières premières n’a pas tardé suite au déclenchement des opérations militaires russes en Ukraine, tôt ce jeudi matin. Déjà tendus en raison de l’impasse diplomatique et des dernières déclarations de Vladimir Poutine laissant présager une intervention armée sur le territoire ukrainien, les cours se sont effondrés à l’ouverture de séance.

L’indice Reuters-Jefferies CRB qui regroupe 19 matières premières s’affichait ce jeudi à son plus haut niveau depuis plus de 7 ans. Il a progressé de plus de 15% depuis le début de l’année, traduisant la tension sur plusieurs marchés de produits de base. Tour d’horizon.

  • Pétrole : le prix du Brent a enfoncé la barre symbolique des 100 dollars, pour atteindre plus de 103 dollars le baril, avant de refluer pour évoluer entre 102,5 et 103 dollars. La Russie compte parmi les plus importants exportateurs de brut avec l’Arabie Saoudite. En cas de sanctions des Occidentaux contre le secteur énergétique russe les prix pourraient continuer à grimper. Il pourrait toutefois se détendre, si un accord sur le dossier nucléaire iranien était trouvé dans les prochains jours, un producteur majeur de brut et de gaz naturel. L’Iran pourrait ajouter rapidement 1 million de barils par jour supplémentaires sur le marché.
  • Gaz naturel : en Europe, le prix du gaz naturel a bondi de 30% à 115 euros le MWh, renouant avec ses plus hauts niveaux depuis 2 mois, sur des craintes de perturbations d’approvisionnement même si la Russie ne semble pas avoir coupé pour le moment ses livraisons via les gazoducs qui la relient à l’Europe.
  • Aluminium : le métal non ferreux a atteint un nouveau record historique en cotant jusqu’à 3.420 dollars la tonne sur un marché qui s’inquiète de nouvelles perturbations de l’approvisionnement alors que les stocks sont en forte baisse. La Russie compte parmi les plus importants producteurs d’aluminium.
    Le marché est d’autant plus tendu que la Chine, pays premier producteur et consommateur de ce métal a vu nombre de ses entreprises réduire leurs volumes de production en raison des pénuries d’énergie, de la pandémie, et de réduction de la pollution durant les Jeux Olympiques d’hiver.

Menace sur notre souveraineté agro-alimentaire du fait de la hausse des prix des énergies et des engrais

Blé : au plus haut depuis plus de 9 ans, la céréale a coté jusqu’à 9,29 dollars le boisseau sur le marché de Chicago, faisant craindre une réduction des volumes disponibles, la Russie et l’Ukraine étant respectivement les premier et quatrièmes exportateurs mondiaux. En outre, la faiblesse des stocks aux Etats-Unis et au Canada, respectivement les deuxième et troisième exportateurs du monde, est également un facteur de soutien des cours. Cela risque de peser sur les gros importateurs comme l’Egypte, la Turquie et le Bangladesh.

Soja : son prix a lui aussi atteint un sommet de presque 10 ans, en s’affichant à 16,80 dollars le boisseau, le risque de perturbation ajoutant aux inquiétudes sur le niveau des récoltes chez les grands pays producteurs comme l’Argentine et le Brésil qui ont subi les aléas climatiques.

Huile de palme : dans le sillage du soja, auquel elle peut se substituer notamment dans les biocarburants, les prix de l’huile de palme progressent de plus de 5% sur le marché à terme de Malaisie pour atteindre un record historique à 6.354 ringgit (1.339 euros), soit une hausse de plus de 30% depuis le début de l’année. Le marché est tendu en raison d’un recul de la production en Malaisie et la décision de l’Indonésie, premier producteur mondial, d’imposer à ses producteurs de consacrer 20% de leur production au marché local, réduisant l’offre sur un marché international déjà tendu.