Délinquance des mineurs: Dupond-Moretti enfin prêt à sanctionner les parents?

Le ministre souhaite « restaurer la parentalité, » mais il y a loin de la coupe aux lèvres

Dans le texte, envisagé par le ministère de la Justice, qui devrait être examiné en début d’été, un an après les émeutes, on trouve un durcissement des sanctions contre les parents de mineurs délinquants (trois ans de prison, 45.000 euros d’amende), des condamnations aussi lorsque le parent ne se présente pas quand le mineur comparaît devant la justice.

Le ministre de la Justice souhaite « restaurer la parentalité ». En juillet 2023, en marge d’un déplacement au tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne) réalisé en pleine période de violences urbaines après la mort de Nahel à Nanterre, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait laissé éclater sa colère contre les parents des mineurs impliqués dans les violences. Mais la colêre est mauvaise conseillère.

Neuf mois plus tard, lundi 15 avril, le média L’Opinion a dévoilé un projet de loi « relatif à la responsabilité parentale et à la réponse pénale en matière de délinquance des mineurs » porté par le ministre de la Justice, qui vise à « restaurer la parentalité ».

Jusqu’à trois ans de prison

Autre élément de langage choc: « que les parents tiennent leurs gosses. »

Dans le détail, ce nouveau texte prévoit de durcir les sanctions déjà prévues par l’article 227-17 du Code pénal, dont les 2 ans de prison et 30.000 euros d’amende pour les parents dont les enfants mineurs auraient commis plusieurs crimes ou délits.

De plus, le texte prévoit également la mise en place d’un stage de responsabilité parentale, la création d’une « contribution citoyenne éducative » ou encore la mise en place d’amende en cas d’absence lors d’audience d’assistance éducative de leur enfant.

Si ce projet est voté, cette peine pourrait alors passer à 3 ans de prison et 45.000 euros d’amende. Une peine complémentaire de travail d’intérêt général (TIG) est aussi créée pour le parent défaillant, apprend-on.

« Techniquement un peu compliqué« …

Plusieurs parents originaires de la ville de Villeurbanne, en banlieue lyonnaise, se disent plutôt d’accord avec le contenu de ce projet de loi. « Vous allez voir de toutes façons la différence entre des parents qui sont là pour leur enfant et des parents qui laissent aller », dit une mère de famille.

« Je serai pour qu’on les éduque un peu, qu’on les sanctionne », abonde une seconde mère.

Le maire de Viry-Châtillon (Essonne) s’est exprimé sur le sujet, plus d’une semaine après la mort dans sa commune d’un adolescent de 15 ans qui avait été au préalable passé à tabac près de son collège. « Il est important que les parents prennent leurs responsabilités« , a estimé Jean-Marie Vilain (divers droite), invitant ces derniers à inculquer certaines valeurs comme le « respect des autres » et à montrer l’exemple.

Prenant le cas de parents qui se garent « n’importe comment » devant des écoles, Jean-Marie Vilain a questionné: « Comment voulez-vous que des enfants qui voient leurs parents se comporter de cette façon-là (…) puissent eux-même avoir un comportement exemplaire. C’est quasiment impossible. »

D’un point de vue juridique, et malgré les dispositions déjà existantes, est-il applicable que les parents soient retenus responsables des actions de leurs enfants mineurs? « Ça me parait techniquement un peu compliqué d’infliger des sanctions pénales puisque la responsabilité pénale est par définition personnelle. En droit pénal on n’est jamais responsable que de son propre fait », déclare l’avocat Charles Consigny.

En 2020, la délinquance des mineurs traitée par les Parquets a concerné 187 700 mineurs, soit 2,8 % de la population âgée de 10 à 17 ans au 1er janvier 2021. Parmi les garçons de 16-17 ans, ce taux est de 9,7 %.

Dupond-Moretti se fait violence: est-il volontaire et déterminé ?

Il aura fallu dix mois a Dupond-Moretti pour changet son fusil d’épaules, depuis les émeutes à la suite de la mort de Nahel en juin 2023 et plusieurs agressions en quelques semaines : l’attaque de Thomas à Crépol en novembre 2023, l’adolescente Samara, rouée de coups le 2 avril, à la sortie de son collège à Montpellier (Hérault), la mort de Shemseddine le 4 avril, un collégien à Viry-Châtillon (Essonne) ou encore le décès d’un autre adolescent à Romans-sur-Isère (Drôme), le 9 avril. Des drames qui poussent Eric Dupond-Moretti à agir et à tenter de trouver des solutions pour stopper la délinquance des mineurs.

Mais est-il prêt à confisquer les allocations familiales, à exclure des logements sociaux ou à modifier l’excuse de minorité ? Trop compliqué?…

Nouvelles évacuations de bâtiment d’un ensemble social, suite à des vibrations

Les alertes et évacuations se multiplient

Les habitants ont quitté leurs logements ce vendredi après-midi après avoir signalé des vibrations. Des fissures avaient déjà été constatées dans le même bâtiment en décembre.

Les habitants du bâtiment Loup, dans le quartier populaire de Notre-Dame-des-Marins à Martigues, PCF, ont été évacués après avoir ressenti des vibrations dans l’immeuble ce vendredi 22 mars en début d’après-midi. Ils ont immédiatement appelé les pompiers des Bouches-du-Rhône et ont quitté le bâtiment à 13h30.

Les habitants ont évacué d’eux-mêmes l’immeuble

« Un craquement, puis un grand ‘boum' », c’est ce qu’a ressenti l’habitant d’un immeuble de Martigues (Bouches-du-Rhône) une nuit de septembre dernier. L’immeuble, le bâtiment K, ne s’était pas effondré, mais d’importantes fissures étaient apparues. Les 54 familles avaient été évacuées, soit 150 personnes, sans attendre les mesures de relogement.

« Aucun signe d’effondrement »

En décembre, les habitants avaient déjà signalé des fissures inquiétantes dans les murs, repérées à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment Loup.

Contacté, le bailleur 13 Habitat, 1er bailleur social public dans les Bouches-du-Rhône, présidé par la conseillère départementale en charge de la politique de la ville (ex-LR, elle se revendique désormais « sans étiquette ») Nora Preziosi, précise que les capteurs installés sur le bâtiment n’ont rien détecté. Le bailleur n’a ainsi relevé « aucun signe d’effondrement » concernant cet immeuble. Le centre social se prépare à accueillir les habitants évacués.

Des experts sont de nouveau attendus sur place pour déterminer les causes de ces vibrations et évaluer les risques.

Compiègne veut protéger ses HLM des perturbateurs

Un malus à l’accès au logement social en cas de manquement à la loi

L’Agglomération de la région de Compiègne s’est dotée d’un système d’évaluation du civisme des demandeurs de logements sociaux. Quatre critères prévoient de protéger les habitants respectueux de HLM, notamment en cas de lien avéré des postulants avec le trafic de stupéfiants, mais aussi des nuisances et des violences. Une mesure de paix sociale jugée inquiétante par une association de locataires dont le bien-être de la population n’est pas prioritaire.

La politique HLM de l’Oise évolue vers plus de fermeté, dans la logique des expulsions locatives de familles dont les membres ont été condamnés pour trafic de drogue, apparues ces dernières années à l’OPAC de l’Oise. En décembre, l’Agglomération de la région de Compiègne (ARC) a voté sa nouvelle grille de cotation des demandeurs de logement social, laquelle prend aussi en compte la chute du taux de rotation des gens qui nous quittent lequel est passé de 10 % à 7 %. Au lieu d’avoir 3.000 logements à proposer chaque année, on en a 2.000. »

La municipalité gérée par le maire LR Philippe Marini a établi une nouvelle grille de notation, les dossiers les mieux notés arrivant en haut de la pile des commissions d’attribution. Un système avec des « bonus ». Par exemple, +5 points pour les travailleurs dits « essentiels » ou pour « implication dans la vie locale ». Et des “malus”. Par exemple, -10 points si un membre de la famille est reconnu violent ou en cas de « troubles du voisinage », -20 points si « un membre du ménage a déjà été expulsé pour troubles locatifs ». Et -25 points si un membre de la famille a déjà été condamné ou expulsé pour trafic de stupéfiants.

Comme l’oblige la loi Elan de 2018, les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) devaient se doter de cet outil avant le 31 décembre 2023. Il est censé garantir une plus grande transparence du processus lors des commissions d’attribution de logements et d’examen de l’occupation des logements (Caleol). Chaque demande se voit donc attribuer une note selon plusieurs critères. Ce système fait remonter les trois dossiers les mieux notés. La CALEOL demeure souveraine dans sa décision finale.

L’opposition socialo-communiste mène la fronde

La population est prise en tenaille et hésite à s’exprimer. « J’ai du trafic dans mon immeuble » reconnaît une habitante. “On fait tout ce qu’on peut pour les enfants, mais ils choisissent leur chemin”, s’excuse une autre. “Mettre un malus par rapport aux logements sociaux qui sont déjà difficiles à avoir, ce n’est pas bien parce qu’on n’est pas tous coupables”, assure la même. Pourtant, un logement social, solidaire, ça se mérite.

C’est une punition collective, abonde néanmoins Rachid. “Le risque, c’est que toute la famille se retrouve pénalisée financièrement et que s’il y a un gamin dans la famille qui veut s’en sortir, il n’y arrive pas à cause des conneries de son frangin”, raconte-t-il.

Les dossiers les mieux notés seront en haut de la pile, mais les autres pourront aussi avoir un logement, insiste Vincent Peronnaud, directeur général de l’OPAC de l’Oise, qui attribue les logements sociaux.

“On va recevoir une note et on ne saura pas ce qu’il y a derrière. Et je n’irai pas rechercher le passé judiciaire de la mère ou des enfants. On n’a pas le droit de le faire. Et une fois de plus, la cotation, ça ne fait pas une attribution”, appuie-t-il, muisqu’une commission se réunit pour choisir parmi trois dossiers pour chaque logement libéré.

Mais pour Guillaume Aichelmann, chargé de mission logement social à l’association CLCV, Consommation Logement Cadre de vie, ce système n’est pas bon, car il va engendrer des doutes sur des cas de favoritisme, ou des passe-droits.

“Si vous avez un bonus quand vous avez une implication dans la vie locale, ou que vous êtes un locataire sans difficulté, on va dire: ‘ah celui-là, il est dans ce cas là, il fait plaisir au maire’. Et là, il n’aura plus accès à un logement social. Je pense que tous les demandeurs ont envie d’une chose, c’est que le système soit juste et qu’il puisse y avoir une réponse à leurs demandes. On veut éviter des accusations mensongères ou problématiques. Parce qu’en ce qui concerne ces histoires de contrôle, quand vous avez juste un employé de mairie qui va prendre la décision, parce que c’est juste une validation manuelle, alors dans ces cas-là vous pouvez être certain qu’il y aura des passe-droits, des avantages en nature”, dénonce-t-il.

HLM, pour « cas sociaux » ?

Logement : les annonces décevantes du gouvernement

Fin du Pinel, prolongation du prêt à taux zéro, augmentation des aides à la rénovation…

Bayrou et Borne

Après plus de six mois de réflexion entre professionnels de l’immobilier et un report de dernière minute, le Conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement a rendu ses conclusions ce lundi 5 juin, en présence de l’ancien communiste, puis PS (jusqu’en 2021) Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement et de François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan et secrétaire général du CNR, alors que plusieurs mesures ont d’ores et déjà été présentées par le cabinet de la cheffe du gouvernement aue l dimanche soir. Mais, malgré ce tapage pour remédier à la crise immobilière, ces annonces ne sont pas jugées à la hauteur de la situation.

A Matignon, on tente de relativiser. « Il n’y a pas de solution magique à la crise », déclare un conseiller anonymé de la première ministre au journal Le Parisien. Selon lui, « les annonces de lundi correspondent à un point d’étape » : encore une annonce inaboutie, donc, du ni fait, ni à faire.

« Ce n’est pas l’électrochoc que nous attendions », déplore le patron de la FFB

Macron et Klein

Parmi les mesures prévues, on compte notamment l’extension du prêt à taux zéro (PTZ) pour les primo-accédants dans les zones tendues. Ce dispositif, accessible sous condition de ressources, sera prolongé jusqu’en 2027.

Pour Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), l’extension du PTZ « est une bonne nouvelle, bien sûr, mais ce n’est pas suffisant ».

« Aujourd’hui, il est plafonné à 20 % du montant dans le neuf. Avec l’augmentation des taux d’intérêt et la difficulté d’accès au crédit, ce plafond devrait être rehaussé à hauteur de 40 % pour être réellement efficace et faire revenir les primo-accédants. Ils sont 60 % actuellement à se voir refuser leurs prêts par les banques », explique-t-il.

Autre piste envisagée par l’exécutif, l’utilisation du patrimoine foncier de l’Etat pour construire de nouveaux logements sociaux. « C’est un serpent de mer qui avait déjà été proposé par la commission Rebsamen, il y a deux ans et depuis rien n’a bougé », juge Olivier Salleron.

 « L’Etat n’est pas la hauteur » (Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, marquée à gauche)

Pour encourager la construction de HLM, le gouvernement entend également inciter les bailleurs sociaux grâce à un prêt préférentiel, un gel des cotisations et une aide à la rénovation énergétique.

Christophe Robert

« Cela manque vraiment de précision », selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, qui estime que « l’État n’est pas la hauteur ». « L’État ponctionne toujours les bailleurs sociaux à hauteur de 1,3 milliard chaque année. Par ailleurs, rien n’a été annoncé concernant l’encadrement du prix du foncier et des loyers, rien non plus sur la taxe sur le foncier non bâti. Bref, on espère d’autres annonces ce lundi, car ces mesures ne vont pas inciter à la création de logements sociaux », ajoute-t-il.

« Clairement, ce n’est pas l’électrochoc que nous attendions », déplore Olivier Salleron. Selon lui, « ça va limiter la casse, mais c’est loin d’être suffisant. En réalité, il faudrait des mesures fortes comme le plafond du PTZ relevé à 40 %, le retour à l’ancien Pinel et une prime pour inciter les maires à construire. »

Législatives 2022 : les candidats de la majorité doivent signer une charte

12 engagements à être des « bénis-oui-oui »

Exemplarité, laïcité, « dépassement politique »,… soutien à Macron ! Les candidats de la majorité présidentielle aux législatives de juin doivent signer ce jeudi une charte de 12 engagements.

Concrètement, l’investiture des candidats est conditionnée au rattachement en préfecture à la case politique « Ensemble ! », du nom de la confédération de la majorité présidentielle, mais aussi à la signature de cette charte.

Logements sociaux et laïcité

Celle-ci se base sur « l’éthique et la poursuite de la moralisation de la vie publique », avec par exemple des dispositions sur l’occupation d’un logement social, les candidats étant invités à le quitter « dans les plus brefs délais » s’ils ne respectent plus les critères d’éligibilité.

Sur le front de la laïcité, les candidats doivent défendre une laïcité « dans le strict cadre de la loi du 9 décembre 1905 » : « aucune conviction ou religion ne pourra être ni privilégiée, ni discriminée », est-il écrit.

Sur le volet « méthode » politique, « les candidats s’engagent à ne pas être le candidat d’un camp politique, mais à représenter l’ensemble des citoyens de leur circonscription ».

314 députés en 2017, dont il ne resta que 267

L’engagement écologique est également incontournable.

Tous sont en outre invités à soutenir « l’ensemble des engagements pris par Emmanuel Macron devant les Françaises et les Français dans le cadre des deux tours de l’élection présidentielle ».

En 2017, 314 députés avaient été élus sous l’étiquette LREM avant que départs et transfuges ne fassent fondre ce chiffre à 267 en fin de législature.

Pour l’heure, la majorité a pourvu 548 circonscriptions sur les 577, et devrait renoncer au final à présenter des candidats dans une quinzaine de territoires.

Réforme des APL: politique perdant-perdant de Macron

Sa réforme des APL a fait plus de perdants que de gagnants, selon un rapport du Sénat

Une caisse d'allocations familiales
Une caisse d’allocations familiales

L’année 2021 s’achève et avec elle, la première année de l’application de la réforme du calcul des APL (les aides personnelles au logement). Depuis le 1er janvier, le montant des APL est désormais revu tous les trimestres, sur la base des revenus des douze mois précédents. Auparavant, elles étaient attribuées pour une année entière, en fonction des revenus perçus deux années plus tôt.

Un rapport de la sénatrice Dominique Estrosi Sassone (LR), remis dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2022, dresse un premier bilan de cette réforme. « Cette réforme n’est pas rejetée dans son principe, même s’il ne faut pas cacher sa fonction budgétaire », écrit-elle. Le rapport estime que la réforme a dégagé entre 1,1 et 1,2 milliard d’euros d’économies. A titre de comparaison, le budget 2022 prévoit 13,1 milliards d’euros de financements pour les APL, soit 643 millions d’euros de plus par rapport à 2021. « Le gouvernement soutient les APL cette année, mais c’est oublier les 10 milliards d’euros économisés au détriment des plus modestes depuis cinq ans comme l’a justement dénoncé la Fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel sur le mal-logement », tient à rappeler le rapport.

Pour 29,6 % des bénéficiaires, les allocations ont diminué de 73 euros en moyenne

Comme toute modification de ce type, la réforme apporte son lot de gagnants et de perdants. Cette deuxième catégorie surpasse nettement la première, à la lecture du rapport. Avec la réforme des APL, 18,2 % des allocataires ont vu leurs droits augmenter de 49 euros en moyenne, 115.000 personnes sont devenues allocataires grâce à la réforme. Pour 29,6% des bénéficiaires, en revanche, leurs allocations ont diminué de 73 euros en moyenne. 400.000 personnes ont perdu leurs droits. Enfin, 52,2% ont vu leur situation inchangée. « La réforme a amplifié lesles ajustements à la baisse et atténué les réévaluations à la hausse », résume le rapport.

Il note par ailleurs que la mise en œuvre technique de la réforme a été « difficile » pour la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF). C’est notamment parce que les caisses d’allocations n’étaient pas prêtes à basculer sur le nouveau système que la réforme avait été reportée à plusieurs reprises. « Jusqu’à 3 % » des versements mensuels auraient été erronés, soit près de 200.000 allocataires. La situation a été particulièrement compliquée sur les cinq premiers mois de l’année, puisqu’entre 120.000 et 180.000 dossiers ont été victimes d’anomalies sur cette période, allant du bug informatique, aux annulations de versements ou réclamation à tort de trop-perçus, en passant par l’allongement du traitement des demandes.

Bugs lors de la mise en place de la réforme

« La situation semble aujourd’hui maîtrisée, mais elle mobilise encore une importante énergie », souligne aujourd’hui le rapport sénatorial. Auditionnée au Sénat le 9 novembre, la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, avait affirmé que la mise en application de la réforme s’était « déroulée dans des conditions techniques globalement satisfaisantes ». « On a reculé deux fois, mais la bascule informatique a eu lieu. Un certain nombre de bugs se sont produits […] Le système est à peu près rodé ».

Parmi les effets pervers de la réforme, le rapport sénatorial insiste sur le cas des jeunes actifs, qui débutent leur vie professionnelle par une période de précarité. En se basant sur les dernières ressources connues, et non sur celles remontant deux ans en arrière, le nouveau système leur est nettement moins favorable. Il fait ainsi référence à une étude de l’Union nationale pour l’habitat des jeunes, qui pointe un « rattrapage brutal pour les jeunes actifs », notamment ceux qui sont « vulnérables » pour l’accès au logement, du fait de leur début de carrière hachée. L’UNHAJ constate : « Les plus impactés par la baisse des APL sont les jeunes actifs dont les revenus sont proches du Smic (entre 800 et 1.300 euros) pour lesquels elle s’élève en moyenne à 95 euros par mois. Pour l’ensemble des jeunes, la baisse moyenne mensuelle est de 38,50 euros. » La part des perdants de la réforme est même plus élevée chez les 18-24 ans que dans l’ensemble des allocataires : elle atteint 39%, selon UNHAJ.

Certains ajustements ont été décidés pour les étudiants, pour que la réforme ne modifie pas leur APL, à situation professionnelle inchangée. Le Sénat ajoute que les apprentis et jeunes en contrat de professionnalisation bénéficient d’un abattement sur leurs ressources. Le gouvernement a rappelé, lors de l’audition du 9 novembre, que l’organisme Action Logement avait mis en place une nouvelle aide de 1.000 euros à destination des jeunes actifs.

« L’objectif de 120.000 logements sociaux agréés en 2021 ne sera pas atteint »

De manière générale, la sénatrice Dominique Estrosi-Sassone liste un certain nombre de signaux d’alerte sur la politique du logement, qui bénéficie malgré tout d’un relèvement significatif dans le prochain budget (16,3 milliards d’euros en 2022, soit 7,4 % en plus). « La commission en a pris acte, mais sans oublier les lourdes économies réalisées par le passé et négliger les questions non résolues pour l’avenir », rappelle la sénatrice des Alpes-Maritimes. En 2017, le budget du Logement pesait 17,6 milliards d’euros, avant de redescendre jusqu’à 14,4 milliards en 2020, avant la crise sanitaire.

Au chapitre des logements sociaux, le rapport relève un retard dans le nombre d’agréments de logements sociaux pour l’année 2021. Il devrait légèrement dépasser la barre des 100.000. « L’objectif de 120.000 logements sociaux agréés en 2021 ne sera pas atteint, ni celui de 250.000 logements en deux ans », soulève le rapport.

Si des grues manquent dans le ciel, on pourrait ajouter qu’une nappe de brouillard s’est installée. Le rapport indique que plusieurs questions sont renvoyées à 2023. C’est le cas de l’avenir d’Action logement (l’ex 1% logement, c’est-à-dire participation des employeurs à l’effort de construction), dont la convention quinquennale doit être renégociée l’an prochain. Une autre interrogation pèse sur la réduction de loyer de solidarité (RLS), qui pèse environ 1,3 milliard d’euros sur les bailleurs. Sera-t-elle reconduite, augmentée ou diminuée ? Cette aide de l’Etat, en place depuis 2018 pour diminuer le montant du loyer des foyers les plus précaires, devra être tranchée dans le premier projet de loi de finances du prochain quinquennat.

Logements sociaux: 34 communes des Bouches-du-Rhône peinent face à la loi SRU

25% des résidences principales, n’est-ce pas excessif ? Un Français sur quatre est-il mal-logé ?

Bon bout d’an et à dans trois ans. 34 communes des Bouches-du-Rhône terminent l’année avec une pénalité de la préfecture car elles n’ont pas rempli leurs objectifs de rattrapage de leur retard en termes de logements sociaux. Les arrêtés ont été signés le 22 décembre et publiés le 25, remarque La Marseillaise.

Actuellement, la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) oblige les communes de plus de 3.500 habitants (1.500 en Ile-de-France) à disposer, d’ici à 2020 ou 2025, d’un nombre minimum de logements locatifs sociaux de 20 ou 25 % du total des résidences principales.

Plusieurs communes n’ont pas atteint les 25% de logements sociaux en 2025 comme l’impose la loi adoptée sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, et portée par son ministre communiste de l’équipement et du Logement Jean-Claude Gayssot. Des objectifs de constructions avaient été fixés sur la période 2017-2019 pour que les villes loin du seuil réglementaire puissent combler leur retard de manière progressive.

Eyguières et Ceyreste devaient par exemple construire 215 et 152 logements sociaux sur cette période. Elles en ont réalisé respectivement un et zéro. Le préfet leur applique donc une amende majorée à 400%.

LA LISTE DES COMMUNES MISES A L’AMENDE

Lambesc, Rognac, Cabriès, Eyragues, Jouques, Allauch, Barbentane, Bouc-Bel-Air, Carry-le-Rouet, Ceyreste, Eguilles, Ensuès-la-Redonne, Eyguières, Fuveau, Gémenos, Gignac-la-Nerthe, Lançon-de-Provence, Les Pennes-Mirabeau, Mallemort, Meyrargues, Mimet, Pelissanne, Peypin, Plan-de-Cuques, Rognes, Rognonas, Roquefort-la-Bédoule, Saint-Mitre-les-Remparts, Sausset-les-Pins, Simiane-Collongue, Saint-Chamas, Trets, Velaux, Venelles. Source : La Marseillaise

La Ville de Marseille de Jean-Claude Gaudin s’est-elle endettée pour entrer dans les clous? Elle n’est pas au nombre des mauvais élèves…