Qui est Gabriel Attal, quatrième premier ministre de Macron ?

Après les tontons et la grand-mère, je demande le fils

Gabriel Attal, en mai 2017.CHARLY TRIBALLEAU / AFP.
Gabriel Attal, en mai 2017

Un parcours qui ressemble à une succession de stages ouvriers, un roman d’apprentissage écrit par Macron.

Le député LREM des Hauts-de-Seine a été nommé secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse en charge de la jeunesse et du service national universel (SNU), à 29 ans… Une ascension-éclair qui n’étonne guère car le jeune homme est un Macron boy. Il a été conseiller de la ministre de la Santé, Marisol Touraine (2012-2017), porte-parole de La République en marche (janvier-octobre 2018), secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse (octobre 2018- juillet 2020), secrétaire d’Etat auprès du premier ministre, porte-parole du gouvernement (juillet 2020–mai 2022), député des Hauts-de-Seine (juin-juillet 2022), ministre délégué chargé des Comptes publics (2022-2023), ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse (juillet 2023-janvier 2024). Il saute aux yeux que le p’tit gars n’a pas jamais appris à finir ce qu’il commence et Gérald Darmanin pointe ce grave travers :

François Bayrou, président du MoDem et allié objectif de Macron, précise qu’il a fait part de ses « interrogations » sur le choix de Gabriel Attal comme premier ministre, notamment s’agissant de « l’expérience nécessaire » pour occuper le poste à Matignon. « J’ai émis deux interrogations. La première : quitter le ministère de l’Education alors qu’on vient d’y rentrer et qu’on a fait naître un espoir était un problème« , a expliqué au Parisien le Haut-commissariat fictif au Plan. « La deuxième, c’était celle de l’expérience nécessaire pour être à la tête d’un pays qui traverse de si profondes difficultés. »

C’est aussi un pro de la communication, qui n’hésite pas à se démarquer de ses trois prédécesseurs pour mieux marquer les esprits.

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 » Gabriel Attal fait essentiellement de la communication « , tacle sur BFMTV le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, fustigeant le bilan de l’éphémère ministre de l’Education nationale, nommé à Matignon en lieu et place d’Elisabeth Borne. « Aujourd’hui la France est championne d’Europe des classes surchargées, (…) les rémunérations des enseignants sont à peu près de 20% inférieures à la moyenne de l’OCDE, une classe sur deux n’avait pas d’enseignant [à la rentrée]. »

Attal a toujours fait son cinéma

Une ascension éclair qui n’est pourtant pas si étonnante, au vu du parcours politique déjà bien étoffé et dans pause de ce « Macron boy » qui est l’un des rares parlementaires de la nouvelle garde à s’être fait remarquer. « Ces dernières années, il a pris une place politique importante. C’est un des députés les plus actifs et il est porte-parole de LREM. Sa nomination au gouvernement est donc logique », commenta pour 20 Minutes, Aurélien Taché, député LREM du Val-d’Oise. Mais cette nomination fait aussi grincer des dents. Notamment celles de Marylise Lebranchu : « Gabriel Attal, pur produit du carriérisme politique, trouvait tellement dur de ne pas être ministre avant 30 ans… ouf il est secrétaire d’Etat », a twitté l’ancienne ministre de la Fonction publique. « Il y a deux ans, je ne m’imaginais pas député et là me voilà secrétaire d’Etat », avait commenté l’enfant gâté, lors de sa prise de fonctions rue de Grenelle. Après une première apparition sur le petit écran à 9 ans dans un reportage à l’Ecole alsacienne puis un rôle au cinéma à 19 ans, un lycéen dans «La belle Personne», le premier ministre, fraîchement nommé ce mardi 9 janvier, s’est essayé à un nouvel exercice filmé pendant ses études à Sciences Po Paris. A seulement 22 ans, le premier ministre participait déjà à une émission. Ses camarades l’imaginaient interprétant le rôle de président de la République.

Au départ, il était du côté de la gauche réformiste

L’histoire de Gabriel Attal avait déjà bien commencé. Né à Clamart, il a vécu une enfance parisienne épanouie dans les 13e et 14e arrondissements auprès de ses trois sœurs, un père avocat passé à la production cinématographique (Talons aiguilles, etc) et une mère, salariée d’une société de production de son mari. Bon élève, Gabriel Attal de Couriss est scolarisé à l’Ecole alsacienne, établissement élitiste à 4.000 euros le trimestre (mais fréquenté par la gauche non seulement friquée mais progressiste (cf. le petit Lambert Wilson, fils de Georges Wilson du Théâtre National Populaire…) ou comme les gosses de Pap Ndiaye), avant d’intégrer Sciences Po Paris. Très tôt, il s’intéresse à la politique. « Le déclic a lieu en 2002, lorsqu’il a 13 ans et que ses parents l’emmènent à une manifestation contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle », raconte à 20 Minutes une de ses proches, qui a travaillé avec lui au ministère de la Santé. Il adhère au parti socialiste à 17 ans et se situe dans la ligne Strauss-Kahnienne. En 2012, au cabinet de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, « il était brillant, bourré d’humour et très politique. Il est d’ailleurs resté au ministère pendant toute la durée du quinquennat », commente sa collègue de l’époque.

Une communication percutante

Dès 2016, il rejoint En marche. « J’étais avec lui au PS et nous en sommes partis. Car nous avons constaté que le PS n’était pas en capacité de faire de la place à la nouvelle génération et que le parti était englué dans des schémas de pensée vieillots. Avec Emmanuel Macron, nous avions plus l’impression que les valeurs de progrès, de liberté et d’émancipation étaient défendues et ce, dans une dynamique positive », explique Aurélien Taché. Gabriel Attal est d’ailleurs devenu le porte-parole de La République en marche fin 2017. Cette même année, il est élu député des Hauts-de-Seine. Puis il siège à la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation à l’Assemblée nationale.

Il se fait notamment connaître en devenant le rapporteur du projet de loi pour l’orientation et la réussite des étudiants et en défendant bec et ongles la e. Il n’hésite jamais non plus à monter au front pour défendre la politique du gouvernement, que ce soit au Palais-Bourbon ou dans les media, quitte à balancer quelques scuds au passage. Exemple sur France inter, où il dénonce la « gréviculture » où dans l’émission On n’est pas couché sur France 2, lors de laquelle il critique l’ « attitude égoïste et bobo » des étudiants bloquant leurs universités pour protester contre la loi ORE (loi sur l’orientation et la réussite des étudiants). Il n’hésite pas non plus à accorder des entretiens un peu décalés comme celle parue dans Paris Match cet été où il confiait être fan de Koh-Lanta et d’Orelsan. « Il a imprimé son style. Ça fait du bien en politique d’avoir une parole plus libre, plus percutante et plus moderne », estime Aurélien Taché. Mais Attal n’a pas des mains de bâtisseur…

Des défis politiques trop lourds pour un touche-à-tout ?

Au ministère de l’Education, il a donc été en charge de mettre en œuvre le service national universel, promesse de campagne du candidat Macron lors de l’élection présidentielle de 2017, programme mis en place par le premier ministre français Edouard Philippe à partir de …2019, dossier repris par la météorite, patate chaude repassée à Prisca Thevenot, secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel, mais qui ne décolle pas. Un sujet qu’il maîtrise bien puisqu’il l’a déjà travaillé dans la commission Education de l’Assemblée. « Cela peut être la grande réforme de société du quinquennat », a-t-il déclaré ce mardi sans modestie sur le perron de la rue de Grenelle. « Il y aura des résistances et donc un gros travail de conviction à faire. Le fait qu’il soit très politique va jouer en sa faveur », commente son ancienne collègue du ministère de la Santé. « C’est une réforme très importante. Il n’a pas le droit de se rater », confirme Aurélien Taché. Attal est passé à autre chose…

Il planchera aussi sur les questions de vie associative. « L’engagement, c’est ce qui permet de contribuer à une société bienveillante », a-t-il d’ailleurs souligné ce mardi. Dossier qu’Attal a laissé en rade…

La nomination de Gabriel Attal est approuvée par les Français, selon deux sondages. 56 % des personnes interrogées lui font confiance, 44 % pas confiance, selon l’enquête Harris Interactive LCI. Selon Odoxa pour Le Figaro, 53 % des Français sont satisfaits de l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon. Effet répulsif de sa prédécesseuse ?

Il a aussi un enfant à charge de 6 ans : prénommé Nikolaï, il a été adopté par sa maman pour lui permettre de contourner la GPA ? « Ma cousine germaine est décédée dans un accident de voiture. Elle a laissé derrière elle un petit garçon de 3 ans, Nikolaï », avait indiqué Gabriel Attal dans les colonnes de Gala en août 2021 avant de s’attarder sur sa complicité avec ce frère, malgré la différence d’âge. « Je l’emmène au cinéma, on va à Disneyland, il vient à la maison le week-end, on regarde des vieux films », avait-il confié en expliquant qu’il accordait tout « son temps familial » à ce petit frère adoptif. Un joli scénario…