Mort de Nahel: Macron et Borne enflamment les passions

«Inexplicable» et «inexcusable», estime Macron

Plus de 24 heures après la mort de l’adolescent de 17 ans, mortellement blessé par balle par un policier à Nanterre après deux délits de fuite et refus d’obtempérer à deux interpellations pour conduite dangereuse sans permis, Macron a lâché des propos de nature à encourager les départs de violences dans certains quartiers : à Marseille, il a jugé le drame « inexplicable » et « inexcusable ».

« Rien, rien ne justifie la mort d’un jeune », a affirmé le chef de l’Etat au troisième jour de sa visite à Marseille, évoquant « l’émotion de la nation toute entière » et assurant « respect et affection » à la famille de Nahel. « Nous avons un adolescent qui a été tué, c’est inexplicable, inexcusable et d’abord ce sont des mots d’affection, de peine partagée et de soutien à sa famille et à ses proches », a déclaré Macron à la presse. Lien TikTok

Macron s’est ensuite repris… « Nous n’avons pas besoin d’avoir un embrasement, » a-t-il réalisé. Il a même fini par rappeler que les forces de l’ordre sont composées de « femmes et d’hommes qui viennent aussi de tous les quartiers de la République et s’engagent pour nous protéger et servir la République ». Et de se fendre d’un « je les remercie chaque jour de cela », rappelant que leurs fonctions s’exerçaient « dans un cadre déontologique qui est défini, qui doit être respecté ». « La justice a été immédiatement saisie : je souhaite qu’elle fasse son travail avec évidemment célérité et dans le calme que ce travail requiert, et que la vérité puisse être faite dans les meilleurs délais », a ajouté le président, dès l’instant où le drame a entraîné des violences urbaines dans les Hauts-de-Seine dans la nuit de mardi à mercredi.

Le sénateur EELV du Rhône Thomas Dossus, ex-chargé de communication pour la campagne présidentielle de Yannick Jadot, interpelle Gérald Darmanin en des termes d’une rare violence et, de surcroît, mensongers :

Propos de Macron aussitôt récupérés également, notamment par EELV, au …Sénat: lien TikTok

« Il faut du calme partout parce que nous n’avons pas besoin d’avoir en effet un embrasement, une situation qui viendrait se dégrader », a-t-il ensuite expliqué. Au-delà, il a souhaité continuer à « avancer » pour « régler les sujets du quotidien », citant « l’école », « le sport », « la sécurité » et la « réhabilitation urbaine ». « Alors que l’été arrive (…), on a beaucoup de familles, beaucoup de jeunes qui vivent dans des situations très difficiles, ce sont des familles qui ne partent pas en vacances », a disserté le chef de l’Etat. « Evidemment, les esprits peuvent s’échauffer », a-t-il reconnu, mais « je souhaite qu’il n’y ait aucune manipulation ».

Déclaration de Borne, faux-pas ou faute ?

Bafouant le princioe de présomption d’innocence, la première ministre a, quant à elle, jugé que l’intervention policière n’est « manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre » à Nanterre, ce mercredi, », au lendemain de la mort de Nahel.

« Les images donnent à penser que le cadre d’intervention légal n’a pas été respecté », a insisté la première ministre lors des questions au gouvernement au Sénat.

« Honte à ceux qui n’ont pas appelé au calme, » s’est écrié Darmanin. Le ministre de l’Intérieur pense-t-il seulement à Mélenchon (LFI) ou Tondelier (EELV) ?

Mélenchon banalise le refus d’obtempérer, en plus de taire un défaut de permis et d’occulter deux délits de fuite.

12:25 PM · 28 juin 2023
Troublante insistance à évoquer les émeutes de 2005

Quant à Marine Tondelier, elle évoque du « racisme », convoquant ainsi dans la rue les nostalgiques des émeutes de 2005 et les partisans de Assa Traoré, soeur de Asama, qui essentialise les bavures policières.

Peu lui chaut, à l’écologiste, que l’adolescent au volant de la Mercedes AMG (plus de 300 CV et à partir de 129 700 €) ait démarré en trombe, déséquilibrant le policier en appui sur le montant du pare-brise…

Risque de délestages: « les patients sous respirateurs  » seront pris en charge », rectifie Borne

La première ministre a critiqué les « propos maladroits » d’Enedis , éclaboussant au passage  ceux qui « agitent de fausses peurs ».

Restez calme !

Alors que le directeur exécutif du Réseau de transport d’électricité (RTE), Thomas Veyrenc, a récemment expliqué qu’il n’y aura pas « de coupures à très court terme », c’est-à-dire, royalement, dans les quinze jours à venir, l’exécutif a fait savoir qu’il a commencé à se préparer à de possibles délestages.

Elisabeth Borne a pris la parole pour tenter de rassurer les personnes à haut risque vital, stressées par les propos irréfléchis du porte-parole deshumanisé d’Enedis, notamment celles placées sous respirateur artificiel, en cas de délestage électrique. « Contrairement à ce que des propos maladroits ont pu laisser penser, nos hôpitaux seront toujours alimentés en électricité et les personnes malades à domicile seront toujours prises en charge », a expliqué l’occupante de Matignon, mardi, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Les hôpitaux sont dotés de groupes électrogènes et ne doivent donc rien à Elisabeth Borne. Restent les patients à domicile qu’Enedis a mis aux cent coups, puisque leur risque vital est engagé, mais qui ne peuvent bénéficier d’aucun régîme de faveur, selon le porte-parole.

Enedis recadré par Macron et Borne 

Le président français, Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse sur la crise énergétique, à Paris, le 5 septembre 2022.

L’exécutif change son fusil d’épaule après avoir angoissé les Français plongés dans la crise de covid. Elisabeth Borne a critiqué les « propos maladroits », pour le moins, de ce porte-parole d’Enedis refusant de faire exception pour les malades à domicile, notamment tributaires d’un respirateur artificiel, qui pourraient subir de plein fouet les éventuelles coupures d’électricité. Elle n’a pas hésité, sur un sujet aussi sensible, à détourner du sujet, épinglant plus largement ceux qui « agitent de fausses peurs », faisant montre d’un tact de polytechnicienne.

La mise au point de Borne met-elle un terme à la cacophonie anxiogène ?  Les « propos maladroits » évoqués par Elisabeth Borne sont ceux tenus lundi soir par Laurent Méric qui n’a pas craint d’affirmer que « les personnes qui sont à haut risque vital ne font pas partie des clients prioritaires définis par les préfectures et sont éventuellement délestables ». 

Ecoutons-le:

Une sortie qui, selon BFMTV, avait valu un premier recadrage de Enedis, dès mardi matin, par la première ministre. « En faisant cette sortie, il a agacé [c’est tout ?] le président et la première ministre », a fait savoir l’entourage anonyme d’E. Borne.

Macron n’agite plus les peurs: ce n’est pas son style !

Crise de l’énergie : jouer la peur, une stratégie de communication risquée
Après ses propos alarmistes sur la “fin de l’abondance” et le “prix de la liberté”, Emmanuel Macron se fait plus rassurant cette semaine, observe ce quotidien suisse, suite à la conférence de presse du chef de l’Etat sur la potentielle crise de l’énergie à venir. Un revirement qui s’explique peut-être par le souvenir de la crise de Covid-19.

Mardi à la mi-journée, Macron, qui ne redoute de rien, avait aussi critiqué « les scénarios de la peur » dénoncés par l’opposition et les réseaux sociaux face aux risques de coupures d’électricité cet hiver, en assurant que la France va « tenir » si chacun fait « son travail »: la balle est dans le camp des consommateurs… Mais, en même temps, il  se montre plus virulent. « Stop à tout ça ! Nous sommes un grand pays, nous avons un grand modèle énergétique, nous allons tenir cet hiver malgré la guerre », a-t-il asséné face à la presse, depuis l’Albanie, où il était en déplacement pour un sommet européen de plus.

Après ses propos alarmistes sur la “fin de l’abondance” et le “prix de la liberté”, Emmanuel Macron se fait plus rassurant cette semaine, observe ce quotidien suisse, en réaction à la conférence de presse du chef de l’Etat sur la potentielle crise de l’énergie à venir. Un revirement qui s’explique peut-être par le souvenir de la crise de Covid-19.

Le chauffage est-il coupé
au Palais Bourbon ?
A croire que Bruno Le Maire gère le budget de l’Etat au sou près

Prenant le contrepied de son gouvernement, le « bad cop », le chef de l’Etat a joué au « good cop ». Il a voulu tenir un discours mobilisateur en demandant à chacun « de faire son travail »: de se mettre sur le pied de guerre. « Celui d’EDF, c’est de faire tourner les centrales, le travail du gouvernement, c’est qu’il y ait une planification [allo, Bayrou, es-tu là ? »], le travail de tout le monde, c’est qu’on déroule la sobriété. On reste tous unis et on avance », a-t-il lancé. Il avait déjà expliqué récemment que les coupures pourraient être évitées si les Français continuaient à baisser leur consommation électrique: il fallait enfiler les pulls à col roulé, sur le modèle de Borne, ou griller le pain d’un seul côté. Un tango élyséen déroutant.

E. Borne, seule, fait du zèle

En France, on a tellement intégré le risque de pénurie d’énergie, en plus de la pénurie de carburants, après la pénurie de masques, gel et respirateurs, et de médicaments, toujours actuellement (paracétamol ou amoxicilline) que l’on risque d’être déçu de ne pas avoir froid cet hiver. François Heisbourg, conseiller à la Fondation pour la recherche stratégique, le principal centre d’expertise français sur les questions de sécurité internationale, nous disait il y a quelques jours qu’en tenant son discours alarmiste sur “la fin de l’abondance”, Emmanuel Macron s’est “habilement” mis en situation de pouvoir dire à la fin de l’année : “On a bien géré l’affaire et c’est grâce à vos efforts, mes chers compatriotes, que nous avons réussi à surmonter la situation.” Ce faisant, le président s’est cependant peut-être aussi mis en situation qu’on lui dise : Après avoir crié au loup sur le Covid, vous nous avez fait peur sans raison sur le chauffage et l’électricité.”

Le col roulé,
ce n’est pas pour Macron
et le palais de l’Elysée
(28 nov. 2022)

Macron en marche vers une dissolution de l’Assemblée nationale ?

Macron a tiré ses dernières cartouches de 49,3: reste la dissolution

La question est désormais de savoir quand Macron va dégainer. « Tout est prêt. Dans les moindres détails », écrivent même nos confrères, qui évoquent un « protocole de dissolution », détaillé jour par jour, impliquant notamment des modalités de discussion entre la majorité et ses partenaires, le MoDem de François Bayrou et l’écurie d’Edouard Philippe, Horizons, ainsi qu’un séminaire de formation des candidats de la majorité aux nouvelles législatives, prévu moins d’une semaine après l’annonce de la dissolution.

Une perspective inéluctable ?

A la baguette, le macroniste Stéphane Séjourné, actuel secrétaire général de Renaissance et concubin de Gabriel Attal, aurait également entamé un tour de France pour s’assurer que chaque circonscription aura, le moment venu, un candidat de la majorité présidentielle prêt à se présenter.

Côté finances, là encore ‘Renaissance’ aurait déjà sorti les calculettes pour s’assurer que le parti sera en capacité de financer les campagnes : « On a plus de 40 millions d’euros d’immobilier, détaille un dirigeant. Si nécessaire, on aurait un emprunt très rapidement sans problème. Peu de partis sont dans ce cas-là », assure ainsi un membre de la majorité. Objectif, préparer les esprits à cette éventualité et s’assurer que tout sera prêt le moment venu afin d’éviter de reproduire le scénario de 1997, qui avait vu Jacques Chirac dissoudre l’Assemblée nationale dans la précipitation – en abandonnant sa majorité au profit du Parti socialiste.

Alors que Macron a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale au printemps dernier, voilà donc la perspective d’une dissolution qui prend un peu plus d’épaisseur. Fin septembre, lors d’un dîner réunissant les cadres de la majorité et consacré à la réforme des retraites, le chef de l’Etat avait déjà agité le chiffon rouge, n’excluant pas de dissoudre l’Assemblée nationale si les oppositions « se coalisaient pour adopter une motion de censure et faire tomber le gouvernement ». Une menace pour éviter la « chienlit », selon des propos rapportés de Macron, répétéels un mois plus tard lors d’un entretien sur France 2 : « « Pourquoi voudriez-vous que je me lie les mains et que je vous dise ce que je ferais ? La dissolution est l’un de ces outils. Je connais notre Constitution. » 

Dès le lendemain, le 29 octobre, à l’occasion d’un échange avec le quotidien portugais « Publico », Elisabeth Borne y était, elle aussi, allée de sa petite phrase sur le sujet : « S’il y a une alliance pour faire tomber le gouvernement de la part de groupes qui ne peuvent pas gouverner ensemble, revenir aux urnes peut être un chemin ».

Le RN et LFI, prêts à repartir en campagne

La députée LFI Clémentine Autain, comme son collègue du RN, Sébastien Chenu, se sont dits dimanche, chacun de leur côté, « prêts » à retourner devant les électeurs en cas de dissolution de l’Assemblée, où le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative.

« On est prêts. Non seulement on a les idées, le projet, les candidatures, mais nous avons même stocké du papier en cas de dissolution précipitée » pour imprimer tracts, professions de foi ou bulletins, a assuré Clémentine Autain sur Radio J.

Jugeant qu’une dissolution est « probable », sans en connaître le « terme », l’élue de Seine-Saint-Denis s’est montrée favorable à une telle option, n’étant « pas satisfaite des équilibres politiques aujourd’hui »« J’estime que la macronie n’a pas de majorité pour faire ce qu’elle fait », a-t-elle plaidé.

Clémentine Autain y voit aussi une façon pour Emmanuel Macron, qui a déjà brandi la menace d’une dissolution si le gouvernement était renversé par une motion de censure, de « tenir ses rangs, parce que ça commence déjà à fatiguer, ça commence déjà à contester au sein de la macronie »« Il ne faut jamais avoir peur de retourner devant le peuple », a-t-elle encore souligné.

« Cela ne nous fait pas peur », a abondé dans le même temps le député RN Sébastien Chenu sur BFMTV.

« Nous sommes prêts, parce que nous sommes un parti de militants avec des hommes et des femmes qui veulent conquérir le pouvoir pour mener une autre politique », a ajouté le vice-président de l’Assemblée. « Nous sommes prêts à partir en campagne, nous sommes prêts à gouverner le pays », a martelé l’élu du Nord.

« Si les Français veulent (…) confier cette majorité au Rassemblement national pour porter une autre politique, on ne va pas se défiler », a-t-il insisté.

Castex, recasé à la tête de la RATP

Chaises musicales: Borne était au poste de PDG de la RATP, il y a cinq ans

Ex-premier ministre recyclé en PDG de la RATP, après Borne qui lui a succédé à Matignon

Macron a décidé ce mercredi de proposer le nom de Jean Castex au poste de PDG de la RATP. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique a avalisé son choix de l’ancien chef du gouvernement comme futur président-directeur général (PDG) de la Régie autonome des transports parisiens.

L’inventivité de l’innovant Macron laisse sans voix ! Tant de variété dans le choix de ses collaborateurs donne une idée de la richesse du vivier dans son parti à l’intitulé prometteur, Renaissance: on prend les mêmes et on recommence… En plus vieux: Castex, 57 ans, Borne, 61 !

Une « reconversion professionnelle » gratifiante ?

La HATVP veille à « la compatibilité de l’exercice d’une activité rémunérée au sein d’un établissement public à caractère industriel et commercial avec les fonctions de membre du Gouvernement exercées au cours des trois années précédant le début de cette activité ».

Sérieux garde-fous

Si la Haute autorité donne son aval au « projet de reconversion professionnelle de Monsieur Jean Castex » elle lui impose de sérieux garde-fous.

Dans le cadre de ses futures fonctions, l’ancien premier ministre se voit ainsi interdire d’entrer en relation avec tout service ou personne qui était placé sous son autorité durant le temps où il occupait l’hôtel de Matignon.

« Monsieur Castex, écrit la Haute autorité dans son avis, devra, dans le cadre de sa nouvelle activité professionnelle, s’abstenir de toute démarche, y compris de représentation d’intérêts, auprès :

  • des membres du Gouvernement en exercice qui l’étaient également lorsqu’il était Premier ministre ainsi que des membres de son cabinet qui occupent encore des fonctions publiques ; cette réserve vaut, pour chacune des personnes qu’elle vise, jusqu’à l’expiration d’un délai de trois ans à compter de la cessation de la relation de travail entre Monsieur Castex et la personne concernée.
  • des services qui étaient placés sous son autorité directe lorsqu’il était Premier ministre, jusqu’au 16 mai 2025. »

« Encadrer les futures relations professionnelles de Monsieur Castex »

Des limites strictes, justifie la Haute autorité, édictées « dans le contexte de mise en œuvre de l’ouverture à la concurrence des transports publics en Île-de-France » pour « encadrer les futures relations professionnelles de Monsieur Castex afin de prévenir tout risque de mise en cause de l’indépendance et de la neutralité de l’administration ».

Autant dire que l’ancien maire de Prades ne pourra plus intervenir auprès d’aucun ministre actuellement en exercice, dont la première d’entre elles Elisabeth Borne. La majorité de l’équipe gouvernementale actuelle, et ses membres de cabinets, ayant été sous son autorité dans les précédents gouvernements.

Leur « respect fera l’objet d’un suivi régulier par la Haute Autorité,«  prévient même cette dernière.

Jean Castex est également, depuis le 7 juillet 2022, président de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF).

Pénurie de carburants : « On a merdé; on a minimisé, » admet le gouvernement

Le retard à l’allumage des énarques de l’exécutif face à la vraie vie

La réaction tardive de l’exécutif face à la grève dans les raffineries irrite jusque qu’au parti présidentiel. Après avoir provoqué les Français en les appelant au « calme », niant ainsi la réalité des pénuries multiples (médecins, infirmières, céréales, gaz et électricité, carburants,… ) les ministères, qui se renvoient la balle.

« Objectivement, on n’a pas été à la hauteur », peste un conseiller ministériel auprès de France Télévisions. La séquence sur le dossier de la pénurie de carburant a laissé des traces au sein du gouvernement d’Elisabeth Borne. Chacun se renvoie la responsabilité des erreurs commises pour gérer la crise. Alors que la grève a été reconduite dans six des huit raffineries de l’Hexagone, mercredi 12 octobre, au 24e journée de mobilisation, le gouvernement a fini par réagir en ordonnant la réquisition du personnel indispensable au fonctionnement du dépôt ExxonMobil de Port-Jérôme, en Seine-Maritime.

« Dans les prochains jours, là, vous allez avoir une amélioration très sensible », a promis mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à l’issue du Conseil des ministres. Mais les tensions dans les files de voitures qui s’accumulent aux abords de certaines stations-service vont quand même mettre encore un peu de temps à se résorber. 

« Tout le monde se planque »

Fallait-il réagir plus vite pour éviter l’enlisement des derniers jours ? « Il faudrait que, dès le début, on décide de comment on règle un conflit social dans une entreprise ? » interroge Sacha Houlié, député de la majorité. « C’est un paradoxe que je trouve un peu gros. C’est aux salariés et à l’entreprise en question de trouver une solution, pas à l’Etat de se substituer à ce dialogue social. » En revanche, le gouvernement a pu dégainer la mobilisation des stocks stratégiques, puis l’arme de la réquisition.

Et là aussi, la majorité estime avoir respecté les étapes. « On a laissé la place au dialogue et comme ça n’a pas abouti, on agit. Si on avait fait ça plus tôt, on nous aurait reproché d’être brutal et jupitérien », tente de justifier François Patriat, chef de file des sénateurs de la majorité. Le gouvernement ne s’est d’ailleurs pas résolu à la solution des réquisitions de gaieté de cœur.

Circulez, il n’y a donc rien à reprocher au gouvernement ? Pas tout à fait. La pénurie de carburant a révélé de grosses lacunes en matière de communication. « C’est une crise de com’, parce qu’elle a été mal gérée », admet une conseillère en communication ministérielle. « On n’a eu aucune empathie. Il fallait être dans les stations-service au contact des Français. Tout le monde se planque », poursuit un autre conseiller, qui aurait aimé voir la mise en place d’une cellule de crise énergie à Matignon, « en mode Covid ».

Circulez, il n’y a donc rien à reprocher au gouvernement ? Pas tout à fait. La pénurie de carburant a révélé de grosses lacunes en matière de communication. « C’est une crise de com’, parce qu’elle a été mal gérée », admet une conseillère en communication ministérielle. « On n’a eu aucune empathie. Il fallait être dans les stations-service au contact des Français. Tout le monde se planque », poursuit un autre conseiller, qui aurait aimé voir la mise en place d’une cellule de crise énergie à Matignon, « en mode Covid ».

« On n’a pas pris la mesure »

En pleine bataille à l’Assemblée sur le budget, ils sont plusieurs à reprocher aux ministres en charge du dossier d’avoir mis beaucoup trop de temps à réagir. « Ce n’est pas un retard à l’allumage, mais plus un diesel en panne sèche. La sobriété, ça ne peut pas marcher pour les réservoirs, constate un autre conseiller ministériel. On a laissé courir le truc un peu trop longtemps et maintenant on est à 30% de stations à sec. » 

« On ne retient pas les leçons. Dès que ça touche à l’essence, il faut se saisir du sujet à la seconde. » (un conseiller ministériel honteux, flouté par franceinfo)

Tous fustigent le rôle et la position inflexible de la CGT, mais regrettent dans le même temps une communication gouvernementale qui a réagi avec un train de retard.

Le sujet monte pourtant dans l’actualité depuis le 5 octobre. Ce jour-là, Olivier Véran assure à la sortie du Conseil des ministres qu’il « n’y a pas de pénurie », mais des difficultés pour environ 12% des stations en France. « Quand il dit ça, il a à la fois tort et raison, car il n’y a pas de pénurie d’approvisionnement mais de distribution, commente un poids lourd de la majorité. Ensuite, c’est toujours facile de se dire après coup qu’on aurait pu dire les choses autrement. »

Olivier Véran a répété cette position vendredi 7 octobre et expliqué sur BFMTV qu’il n’était « pas nécessaire » de faire des provisions avec des jerricans. Pourtant, sur le terrain, la situation dérape. « On n’a pas pris la mesure. Les gens pètent un câble. Ça met le pays à cran », confie à France 2 un ministre. Ils n’ont « aucun capteur sur le terrain », fustige de son côté un autre poids lourd de l’opposition. 

« C’est aux ministres de s’exprimer »

« On a merdé, on a minimisé. Quand on dit aux Français qu’ils créent les pénuries, en se ruant sur les pompes… Le porte-parolat apparaît déconnecté », tacle une conseillère ministérielle. « C’est aux ministres en charge du dossier de s’exprimer, car ils gèrent les éléments de fond. Le porte-parole est là pour transmettre ces éléments au plus grand nombre en se déployant », rétorque-t-on du côté du cabinet d’Olivier Véran, roi du bonneteau : tu ne la vois pas la pénurie, tu la vois, tu ne la vois plus….

L’inaction de la ministre de la Transition énergétique est dans le viseur de plusieurs conseillers. Ils reprochent notamment à Agnès Pannier-Runacher, touchée par la Covid-19 depuis dimanche, de ne pas avoir fait passer le message dans le week-end d’un gouvernement au volant pour éviter la sortie de route. Il ne « regarde »même plus les dossiers « sur la table », alors comment espérer qu’il les étudie ?…

« La réunion de crise de lundi à Matignon était pensée depuis deux jours. Pourtant, on n’en trouve aucune trace dans les journaux ce week-end. » (une conseillère ministérielle a franceinfo)

Du côté du ministère de la Transition énergétique, on se défend vigoureusement : « Les mesures opérationnelles ont été prises très rapidement, comme la libération des stocks stratégiques de l’Etat. La ministre était en déplacement dans le Pas-de-Calais jeudi et vendredi, en réunion avec les préfets sur ces sujets, et devant la presse, elle a expliqué les mesures prises. » 

Testée positive samedi, Agnès Pannier-Runacher s’est ensuite isolée mais « elle agit » et « est en lien permanent avec les organisations syndicales et les dirigeants des deux entreprises », à savoir TotalEnergies et Esso-ExxonMobil. « Elle est celle qui s’est le plus exprimée », argue encore son entourage, citant notamment un entretien avec BFMTV dimanche et avec La Voix du Nord, lundi.

« Borne va glisser très vite »

Un conseiller ministériel assure néanmoins avoir alerté les services de Matignon dès ce week-end des dérapages qui remontaient du terrain. La première ministre, alors en déplacement en Algérie avec les ministres du gouvernement, a bien annoncé depuis Alger son intention de puiser dans les stocks stratégiques de carburant, mais n’a pas réellement calmé les esprits. « Nous suivons la situation depuis la semaine dernière de très près et nous avons décidé de convoquer une réunion au retour de la Première ministre d’Alger dès dimanche », se défend l’entourage de la cheffe du gouvernement. Borne a été appelée à quitter Alger plus tôt que prévu et à regagner Paris en urgence.

L’image de l’exécutif s’en trouve très affaiblie. « Borne a perdu six points dans les sondages [selon une enquête d’Ifop-Fiducial pour Paris Match]. Si ça continue, on va avoir du Paic citron sur le toboggan. Elle va glisser très vite », s’inquiète un conseiller. Charge désormais à Macron de mettre son logiciel à jour. Interrogé dans la nouvelle émission politique de France 2, mercredi soir, le président a promis une amélioration « dans le courant de la semaine qui vient ». Le chef de l’Etat a par ailleurs appelé la direction de TotalEnergies et la CGT « à la responsabilité » et souhaité que le syndicat « permette au pays de fonctionner ». Voeu pieux d’impuissant.

L’humoriste Philippe Caverivière se penche sur le cas Le Maire Bruno:

Covid: le masque, si ça vous chante…

Macron hésite à rendre le masque de nouveau obligatoire en France

Le nombre de contaminations à la Covid-19 a pourtant dépassé 206.000 en début de semaine, selon les données de Santé Publique France publiées mardi 5 juillet 2022. Face à une septième vague épidémique qui se développe depuis plusieurs jours, le pouvoir peut-il rendre le masque obligatoire en France, au risque d’irriter les vacanciers assoiffés de liberté ? 

Malgré la multiplication des cas positifs au virus, Macron ne s’engage pas.

Le gouvernement mise sur la vaccination et la responsabilité citoyenne de chacun, excluant à ce stade le retour de mesures sanitaires coercitives.

Mercredi 6 juillet, Elisabeth Borne a recommandé le port du masque dans les lieux clos et bondés, mais a exclu pour l’heure d’imposer « une mesure nationale d’obligation ».

« L’épidémie repart. Donc moi j’appelle chacun à la vigilance. Quand on est dans des espaces fermés, où il y a beaucoup de monde, il faut porter le masque, notamment dans les transports », mais « nous n’avons pas l’intention d’avoir une mesure nationale d’obligation » parce que « les Français connaissent aujourd’hui les bons gestes », a déclaré la première ministre sur TF1. Pour le moment, la Haute Autorité de santé (HAS) n’a d’ailleurs pas émis de nouvelle recommandation sur le port du masque.

Même s’ils sont nettement relâchés depuis la levée de toutes les restrictions, les gestes barrières demeurent encouragés. Le masque, « il faut vraiment que cela devienne un réflexe » dans chaque « situation à risque », a toutefois exhorté Isabelle Bonmarin, responsable de l’unité de prévention des risques infectieux chez Santé Publique France (SPF).

Un retour du masque dans les transports ?

Si beaucoup semblent l’avoir abandonné, le masque reste recommandé, notamment dans certains lieux particulièrement à risque. Raison pour laquelle plusieurs voix dans la communauté médicale, dont celle d’Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, à titre personnel, ou de la fédération des hôpitaux publics, plaident pour un retour du masque obligatoire dans les transports. Une mesure levée depuis le 16 mai 2022.

Et cette recommandation, Christian Estrosi l’a suivie. Le masque sera effectivement de nouveau exigé dans les transports en commun de la métropole de Nice (Alpes-Maritimes) à compter de lundi [11 juillet], a annoncé le maire. « J’ai pris mon arrêté avec d’autres maires de la métropole de Nice […] pour que chacun à partir de lundi porte le masque de manière obligatoire », sur les 2.500 km du réseau de bus et de tramways, a déclaré l’ancien LR, qui a rejoint Horizons, le parti d’Edouard Philippe.

Le maire de Nice a ainsi traversé la rue où bloque Macron. Le gouvernement ne fait en effet que recommander le port du masque dans les transports publics. Selon Christian Estrosi, le gouvernement « sera obligé d’y venir, parce que 200.000 cas de plus en moins de vingt-quatre heures, on voit bien que nous sommes sur une septième vague qui monte en flèche et qui nous amène vers une rentrée scolaire à haut risque ».

S’il faut « considérer un retour du masque dans les transports, on ne s’interdit rien », assurait justement Olivia Grégoire fin juin, alors porte-parole du gouvernement, avant de passer la main à Olivier Véran après le remaniement du gouvernement.

Les recommandations fusent, libre aux citoyens de s’yconformer. Ou non.

Alors que les vacances estivales ont déjà commencé pour certains Français, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou a aussi appelé les voyageurs à porter de nouveau le masque dans les gares et les trains. « On est complètement dans la logique d’une vive recommandation, à la fois pour nos personnels comme pour les voyageurs, de porter le masque », a-t-il déclaré sur France Inter « On voit bien qu’il y a un rebond de l’épidémie. Porter le masque dans les gares, porter le masque dans les trains, je pense que c’est la meilleure façon de se protéger », a-t-il ajouté.

Patrick Pelloux, le président de l’association des médecins urgentistes de France a d’ailleurs jugé, mercredi 6 juillet, au micro d’ Europe 1 que le choix d’enlever le port du masque obligatoire dans les transports est « une erreur » .

Estrosi ne pourra pas imposer le masque à Nice

A trois jours de son entrée en vigueur lundi 11 juillet, le tribunal administratif de Nice a considéré ce vendredi que le maire enfermiste Christian Estrosi n’avait pas de raison valable pour prendre son arrêté obligeant les Niçois à porter le masque dans les transports de la ville.

La mesure devait s’appliquer dans les bus et tramways de la préfecture des Alpes-Maritimes et les communes de la métropole sous peine d’une amende de 135 euros. Mais elle porte une “atteinte grave et manifestement illégale” à la “liberté d’aller et venir” et “au droit de chacun au respect de sa liberté personnelle”, peut-on lire dans le texte du tribunal.

Bien que le taux d’incidence soit particulièrement élevé dans les Alpes-Maritimes et que les vacances promettent un afflux de touristes, les magistrats ont estimé qu’il n’y a pas de raison propre à la ville ou la métropole de Nice qui permettait à l’édile de prendre une telle décision.

Jusqu’à présent le gouvernement se borne à recommander le port du masque dans les lieux bondés et clos mais n’envisage toujours pas de mesure obligatoire. C’est d’ailleurs l’un des points soulevés par l’arrêt du tribunal administratif. Le pouvoir de police conféré au maire aurait pu lui permettre d’imposer malgré tout le masque.

Mais la justice fait valoir le taux de remplissage en réanimation plutôt que le taux d’incidence. Le “taux de tension en réanimation” était au 7 juillet “de 14% dans le département des Alpes-Maritimes contre 20% au niveau national”.

En conséquence, note le juge, “l’existence de raisons impérieuses propres à la commune rendant indispensable l’édiction de cette mesure, en dépit de la situation particulière liée au tourisme en période de vacances scolaires d’été, n’a pas été démontrée”.

Christian Estrosi a la possibilité de faire appel devant le Conseil d’Etat. A ce stade, il a pris acte de la décision de justice. “Je reste préoccupé face au personnel hospitalier épuisé, la forte fréquentation de notre territoire en cette période estivale et au risque de tension hospitalière”, a fait valoir le maire de Nice qui appelle chacun à ses responsabilités. “Il en va à la fois de la santé des plus fragiles, de la préservation de notre activité économique et des conditions de préparation de la rentrée scolaire”, a-t-il réagi.

Le pouvoir d’achat reste le fardeau du nouveau gouvernement comme des Français

Pendant que Macron mettait 20 jours à former son gouvernement, l’inflation a pris de l’ampleur

Les nantis ravis et
les défavorisés mécontents

La petite femme a autorité sur le grand mâle blanc, mais pour quoi faire: ni l’une, ni l’autre n’est encore disposé à lancer les réformes impopulaires en souffrance. Les législatives vont encore leur faire prendre quatre semaines de retard. Elections obligent, la “priorité” du nouveau gouvernement sera la “protection des Français contre l’inflation”, proche de 5% sur un an en avril, a assuré ce samedi 21 mai le numéro 2 de l’exécutif Bruno Le Maire, dans la lignée des déclarations de la nouvelle première ministre Elisabeth Borne.

Bras croisés
en signe d’ouverture…

En macronie, les mots font bouillir la marmite. La veille, la locataire de l’hôtel de Matignon avait remis au squatteur de Bercy sa feuille de route, faisant  du porte-monnaie des Français son premier dossier. “Je suis bien consciente qu’il y a beaucoup d’inquiétudes”, a-t-elle assuré sur le plateau de TF1, vendredi soir, à l’heure où Macron provoquait des attaques du fait de sa constitution laborieuse d’un gouvernement accouché aux forceps d’un groupe à problèmes, de mauvais augure, dès son début de deuxième mandat.

“Tout au long de ces derniers mois, nous avons pris des mesures fortes pour protéger le pouvoir d’achat des Français » (…), a estimé Borne E., pour convaincre que tous nos protecteurs Macron, Le Maire et elke-même ont fait le job, mais en se consacrant à tout – guerre en Ukraine et deux élections – sauf au pouvoir d’achat. « Je peux vous assurer qu’on a bien entendu le message. Le premier projet de loi qui sera examiné par la nouvelle Assemblée portera sur ces sujets.” Cette promesse pourrait donc se concrétiser rapidement, mais pas avant un mois (et deux ou trois, pour leur mise en oeuvre) après les élections législatives du mois de juin et encore deux semaines pour installer les députés. Au bas mot trois, mais plutôt quatre mois de vacance du pouvoir, pour mieux nous protéger de l’inflation…

Le projet de loi ‘pouvoir d’achat’ à l’étude

Le travail, quant à lui, commence dès maintenant. C’est en tout cas le message que Bruno Le Maire a voulu faire passer dès la passation de pouvoir à Bercy ce samedi matin. “Dès demain (dimanche) nous allons donc nous atteler (…) à la préparation du projet de loi sur le pouvoir d’achat”, a affirmé le ministre de l’Economie et des Finances, reconduit dans ses fonctions avec un portefeuille élargi.

Mot d’ordre « protection », depuis des mois, alors que les hausses de prix s’emballent. Le Début mars, il y a trois mois, le président-candidat avait reconnu que les prix du carburant ou du chauffage allaient augmenter, et annoncé un « plan de résilience » basé sur la « souveraineté » et l’« indépendance ». Le plan, c’est lui; la résilience, c’est pour nous…

“Je recevrai dès lundi [!] les acteurs économiques pour étudier avec eux comment ils peuvent aussi participer à la protection des Français contre la hausse des prix”, a ajouté Le Maire, en accueillant Gabriel Attal, expert qui s’ignorait jusqu’alors en Comptes publics, mais désormais ministre kamikaze dédié, et en remerciant le sémillant Olivier Dussopt, en partance pour le ministère du Travail et la réforme des retraites.

Comme Elisabeth Borne, Bruno Le Maire a cité plusieurs leviers pour améliorer le pouvoir d’achat des Français: prime “Macron”, hausses de salaires, chèque carburant ou chèque alimentation et bonus carotte de saison en circuit court.

Nous travaillons – qui? le ministre de l’Agriculture ne savait pas hier où il serait –  sur le chèque alimentation. Il fera partie de ce projet de loi [dans cinq mois ou années]. Il y a les mesures pour le bouclier tarifaire mis en place sur l’énergie [déjà annoncé en septembre 2021 !] pour stabiliser prix du gaz et de l’électricité. Il y a la réduction sur les carburants qui sera prolongée” [à quelle hauteur et jusqu’à quand?], a ainsi engrené sans vergogne la première ministre sur TF1, samedi, avant d’évoquer des mesures “très attendues” comme “la revalorisation des retraites ou des minimas sociaux.” Et c’est pour quand: elle est dans le Calvados pour mener campagne des législatives…

Malgré les nouvelles dépenses qui s’annoncent pour atténuer les effets de l’inflation, “premier défi politique et économique”, selon les mots de Bruno Le Maire, “la maîtrise des comptes publics” reste dans “l’ADN” de la majorité, a-t-il affirmé. Le fameux “en même temps”.

“Les dépenses que nous engageons” pour le pouvoir d’achat “ne nous empêcheront pas de respecter les engagements du président de la République sur la baisse de la dette publique et la réduction des déficits”, a ainsi promis le ministre dont la quadrature du cercle est une spécialité.

Un défi de taille pourtant, puisque le déficit était encore de 6,5% du PIB fin 2021 et la dette publique de 112,9%, du fait de… la crise sanitaire liée à la Covid-19. La macronie garde les deux mains mobilisées sur le même levier, celui de la peur passée et de son souvenir comme excuses à tous ses atermoiements.

Chômage de longue durée: la ministre Borne, interpellée sur son niveau de vie

« Mais vous, vous vivez avec 800 euros par mois ? », cloue le bec de la ministre du Travail de Macron

La ministre du Travail Élisabeth Borne, le 3 septembre 2021. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)
La ministre du Travail,
Elisabeth Borne

La ministre du Travail Elisabeth Borne n’a pas été déçue du voyage à l’agence Pôle emploi de Vitry-sur-Seine, lundi, pour rencontrer des demandeurs d’emploi et présenter le plan d’investissement annoncé par le gouvernement.

La ministre s’est faite recevoir à l’agence Pôle emploi de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) lundi 27 septembre après-midi pour présenter aux caméras le plan d’investissement annoncé par le premier ministre pour les demandeurs d’emploi longue durée, c’est-à-dire ceux qui sont au chômage depuis plus de deux ans. 

Après les sept milliards promis par Macron en quinze jours, Jean Castex a promis le déblocage de plus d’un milliard d’euros supplémentaire pour cette année et l’année prochaine pour soutenir la formation des chômeurs longue durée et des personnes travaillant dans des secteurs en difficulté pour les former à des filières d’avenir ou à celles qui ont besoin de main d’oeuvre.

Face à des chômeurs exaspérés

Avant son point presse, la ministre du Travail a rencontré des demandeurs d’emploi, qui se sont exprimés sans filtre. Comme cette habitante de Vitry qui vient de trouver un travail dans les assurances, sans l’aide de Pôle emploi, après plus de deux ans de chômage : « Les sous-emplois, j’en ai trouvé, AVS [Auxiliaires de Vie Scolaire], Atsem [agent territorial spécialisé des écoles maternelles], etc, cite-t-elle. Je pourrais même être femme de ménage demain ! » Ce à quoi la ministre répond : « Je ne sais pas si on peut parler de sous-emploi puisqu’il y a tout de même des gens dont c’est le métier. » Une réponse qui n’a pas plu à l’habitante en question qui a de nouveau interpellé la ministre : « Mais vous, vous vivez avec 800 euros par mois ? Bien sûr que ce n’est pas un sous-emploi, je considère ces personnes-là pour avoir travaillé avec elles mais pas le salaire qu’on leur donne. » Et l’habitante de poursuivre : « L’aide à la personne, l’aide à domicile etc. On a vu pendant la pandémie qu’on en avait besoin et on ne leur donne pas le salaire adéquat. »

« Je pense que les gens – et je parle pour beaucoup de gens – on en a un peu ras-le-bol que rien ne se fasse comme il faut. » (une habitante de Vitry qui est restée plus de deux ans au chômage)

Plus loin, un autre habitant cherche un poste de carriste depuis cinq ans, sans succès : « J’ai fait beaucoup de recherches sur le site internet ‘Indeed’ et je n’ai souvent pas de réponse. Il y a l’âge et puis il y a les gens qui ne répondent pas. » Pour les demandeurs d’emploi qui ne trouvent rien depuis plus de deux ans, comme ce carriste, le plan du gouvernement prévoit un parcours de remobilisation d’ici fin 2022 avec notamment un diagnostic individuel et une mise en situation en entreprise.

Présent également sur place, Pierre Garnodier, de la CGT des travailleurs privés d’emploi, a lui aussi accueilli Elisabeth Borne à son arrivée à Vitry-sur-Seine.

« A la CGT, nous portons la revendication des 32 heures parce que les 32 heures c’est arithmétiquement 4 millions d’emplois en plus. » (Pierre Garnodier, de la CGT des travailleurs privés d’emploi)

« C’est 120 milliards supplémentaires de cotisation pour notre protection sociale, poursuit le syndicaliste. Donc, rien que cette mesure-là, elle permet d’indemniser tous ceux qui se retrouvent au chômage ensuite. » Le représentant de la CGT estime également que le montant des allocations chômage est aujourd’hui insufisant pour – à la fois – subvenir aux besoins d’un chômeur et chercher un travail en même temps.

Malgré Goodyear, Whirlpool, Goodyear, Samsonite et Continental, le gouvernement promet de sauver Bridgestone

Des années avant que le gouvernement dépêche un ministre à Béthune, Pas-de-Calais

Arrivées dans le Pas-de-Calais, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, et la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, se sont engagées à préserver l’emploi des salariés du site de Bridgestone de Béthune, dont le fabricant japonais de pneumatiques a annoncé la fermeture, la semaine dernière.

Le gouvernement va mener une « contre-expertise » de l’ensemble des autres scenarii, annonce la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, lundi 21 septembre, face à la fermeture de l’usine de pneumatiques souhaitée par le fabricant japonais.

Ce travail, réalisé par le cabinet Accenture, « nous permettra non seulement de regarder ces scénarios, mais également (…) de soumettre des scénarios alternatifs autour de cette technologie du pneu », a-t-elle déclaré à la sortie d’une réunion de crise avec la direction du groupe, des élus locaux et des représentants des salariés. Elle a notamment évoqué « la question du recyclage du pneu, comme étant un élément pouvant mettre de la charge dans l’usine ».

« Dans la période actuelle, plus que jamais, le gouvernement se battra pied à pied pour sauver les emplois », a déclaré Elisabeth Borne. « Ce site, c’est des compétences qui sont rares, des compétences industrielles, des emplois qualifiés (…). On ne laissera pas perdre ces compétences », a-t-elle raconté.

Pannier-Runacher n’hésite pas à évoquer l’entrave de la covid-19:… Ministres, élus et direction Europe du géant japonais du pneumatique se réuniront à nouveau « dans deux à trois semaines »de manière « aussi physique que possible » en fonction des conditions sanitaires, « pour justement revoir les différents scénarios, qui sont des scénarios alternatifs à une fermeture de site », a commenté Pannier-Runacher. « Ce qui nous anime, c’est que les salariés de Bridgestone aient un emploi dans un an, dans deux ans, dans trois ans », a-t-elle assuré, L’avenir de 863 familles s’est brutalement assombri. L’avenir de 863 familles s’est brutalement assombri.

L’avenir de 863 familles s’est brutalement assombri.

Le fabricant japonais de pneumatiques Bridgestone a annoncé mercredi vouloir entamer des discussions en vue de la fermeture de son usine de Béthune, une décision vivement contestée par le gouvernement français, qui se dit en « désaccord total ».

Le projet de cessation totale d’activité est « la seule option qui permettra de répondre à la surcapacité de production structurelle de Bridgestone», a opposé Bridgestone à l’issue de la réunion de lundi, le Japonais prenant soin de conserver l’adhésion de l’Europe : « en même temps », il affirme en effet sa volonté de « sauvegarder la compétitivité de ses opérations en Europe » .

« Notre priorité est la recherche active et de manière approfondie de projets alternatifs de reconversion du site avec et sans Bridgestone et de travailler à la revitalisation du territoire », a maintenu un porte-parole de Bridgestone qui justifie sa décision en mettant en avant la faiblesse de la demande et la forte concurrence.

Les syndicats veulent garder un « petit espoir »

« En France, il y a des lois qui font que quand on veut lancer un PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] on doit justifier de difficultés économiques. (…) Je pense que la direction de Bridgestone a bien compris qu’on est déterminés à faire appliquer ces législations protectrices pour les salariés et pour les emplois », a, de son côté, grondé E. Borne, dans un coup de menton. Un PSE permet à une entreprise d’au moins 50 salariés de licencier au moins dix salariés dans une période de trente jours consécutifs, et ce pour des raisons économiques. Il vise à éviter les licenciements ou à en limiter le nombre, notamment par des mesures de « reclassement« .

Le régional de l’affaire, Macron, se tient en retrait, mais fait dire qu’il sera « exigeant » avec le Japonais

« La direction nous a très expressément dit qu’elle est prête à ouvrir des scénarios alternatifs », a encore déclaré A. Pannier-Runacher. « Nous serons extrêmement exigeants, notamment sur le respect de la parole donnée », a-t-elle insisté, montrant les muscles, tout en appelant Bridgestone à se saisir des dispositifs prévus notamment dans le plan de relance. « On n’a jamais eu de moyens aussi considérables que ceux qu’on peut mobiliser aujourd’hui (…) pour accompagner un site industriel qui veut se moderniser », a renchéri Mme Borne, prenant le risque de devoir assumer (?) l’échec annoncé des scenarii et l’inadaptation des dispositifs prévus notamment dans le plan de relance. Elle assure à son tour que le gouvernement sera « très exigeant vis-à-vis de l’entreprise pour qu’elle mobilise bien tous ces outils exceptionnels ».

Bien que l’Italie ait fait plier Bridgestone en 2013, les Français font passer Bridgestone pour intraitable

« On connaît cette direction de Bridgestone, comment elle opère. Mais il y a quand même un petit espoir du fait qu’ils acceptent de discuter ; on aurait pu dire : “La porte est fermée, pas de discussion.” Donc, on s’accroche à ça », a réagi Bruno Wable, de la CGT, à l’issue de la réunion de lundi.

Il y a sept ans, à Bari, dans le sud de l’Italie, 900 ouvriers avaient cependant réussi à empêcher une telle fermeture. Alors que l’usine se portait très bien en 2013, neuf mois après son ouverture, la direction avait en effet annoncé brutalement sa fermeture. Les salariés n’avaient pas fait grève mais avaient interpelé vivement les gouvernements italien et japonais. Après des semaines de tensions, le Japon avait finalement forcé la direction de l’usine à envisager un plan B. L’accord passé avait été cependant très douloureux : 377 licenciements avaient dû être acceptés ainsi que des baisses de salaires.

En attendant que Jean-Yves Le Drian, néfaste au Moyen-Orient, soit positif auprès du Japon, la menace de fermeture de l’usine de Béthune, mise en service en 1961 et d’une capacité de production d’environ 17.000 pneus par jour, met en péril l’avenir de 863 personnes. En attendant cette éventualité, c’est le plan de relance qui va devoir faire la démonstration de son adaptation à la situation.