L’AG de TotalEnergies a lieu en dépit des activistes verts
Plusieurs centaines de d’activistes ont manifesté ce vendredi 24 mai pour protester contre l’action climatique qu’ils jugent délétère du champion français des hydrocarbures, qui tenait son Assemblée générale annuelle. 173 individus ont été interpellés, indique la préfecture de police.
(mis à jour le 24 mai 2024 à 20h40)
Des activistes de l’extrême gauche anticapitaliste prétendûment écologistes – 350.org, Alternatiba, les Amis de la Terre, Attac, Greenpeace, XR ou encore Scientifiques en rébellion – ont bousculé le rassemblement annuel des caciques de TotalEnergies, en signe de protestation contre l’action climatique de l’énergéticien. Les forces de l’ordre ont dû protéger de cette minorité les participants à l’AG qui s’est tenue dans le XVe arrondissement de la capitale dans les locaux d’Amundi, l’un des premiers actionnaires de TotalEnergies. Plusieurs centaines de personnes, dont plusieurs députés LFI, telle Manon Aubry, justement en campagne des Européennes, les écologistes radicaux se sont laissé encerclet à partir de 11 heures, au pied de la haute tour de verre qui héberge la société.
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Les violences ont fait dix blessés parmi les agents de sécurité du bâtiment, dont 9 ont été transportés à l’hôpital. 173 rebelles ont été interpellés, précise la préfecture de police. Parmi les manifestants politiques arrêtés, Marion Beauvalet est candidate sur la liste LFI au scrutin européen. «C’est un signal fort. La bonne humeur des actionnaires de Total est protégée, le futur et la jeunesse sont réprimés. Telle est la macronie. On a raison de se révolter», a estimé Mélenchon l’ancien candidat battu à trois élections présidentielles, sur le réseau social X.
Dans la matinée, c’est Greenpeace qui avait ouvert les hostilités contre l’assemblée générale de TotalEnergies, dans le quartier d’affaires de la Défense. Ses activistes avaient personnalisé leur cible en déployant une banderole géante sur la façade d’un centre commercial, frappée d’un «Wanted» («recherché» en anglais) façon Far West s’étalant en lettres noires au-dessus du visage du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné. «La société civile [excessif !] recherche le dirigeant de l’entreprise française la plus polluante qui se fait des milliards [le succès irrite la minorité décliniste] au détriment de la planète et des populations», pouvait-on y lire. «Si vous avez des informations, surtout, ne contactez pas le gouvernement, c’est son principal complice», poursuivait Greenpeace, organisation politique avant que d’être écologiste.
«Aucune volonté de les contraindre»
Les hors-la-loi de Greenpeace se font passer pour des justiciers. Le montant de la prime fixé par Greenpeace pour la capture de Pouyanné s’élève à 20 milliards d’euros, à la hauteurs des résultats financiers records du groupe en 2023, soit 20,5 milliards d’euros de bénéfice net, qui mettent les déclinistes en fureur. «Nous dénonçons la stratégie climaticide de TotalEnergies, orientée vers le fossile pour amasser plus de profits, réagit Edina Ifticene, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France, mais une irresponsable qui n’a pas anticipé des substituts et prétend pouvoir se passer des produits du pétrole. Cette affiche désigne le PDG car il incarne et assume cette stratégie et nous pointons le gouvernement comme complice car il n’a aucune volonté de les contraindre.»
La major pétrolière française est la quatrième mondiale et plus grosse entreprise du CAC40 par le bénéfice, avant un possible départ pour la Bourse de New York. Les actionnaires de TotalEnergies devaient se prononcer sur la stratégie climat du groupe et reconduire le PDG. Une AG annuelle désormais automatiquement perturbée par les militants anticapitalistes.
S’éloignant de l’impressionnant dispositif policier déployé à la Défense pour sécuriser le quartier d’affaires et l’AG de Total, des collectifs écologistes, anticapitalistes, féministes (!) et de défense des droits « humains » ont mené des actions de perturbation de la population de Paris pendant toute la journée pour mettre la pression sur la multinationale.
C’est ainsi qu’une camionnette blanche s’est garée dans le courant de la matinée dans le XVe arrondissement, devant les locaux d’Amundi, l’un des premiers actionnaires de TotalEnergies. Des enceintes et du matériel sont rapidement sortis par les activistes bien rodés bloquent la route adjacente en quelques minutes, avec des cartons et installent des banderoles sur le parvis. Pour le bien-être des riverains…
De l’autre côté du bâtiment, l’ambiance est festive ! Les rébelles sont déguisés en scientifiques dans leur habituelle blouse blanche, certains activistes taguant le logo d’Exctinction Rebellion et des slogans comme «liquidation totale». Des hors-la-loi tentent de rentrer dans la tour, applaudis par le reste des participants à l’action… festive. Ils sont vite accueillis par les vigiles, lances à eau à la main. «Economisons l’eau», leur hurle une activiste. Pas particulièrement dérangés par les trombes d’eau, les contestataires continuent de forcer le passage sous les tambours. Bientôt, dans une atmosphère plus tendue, les « pacifistes » arrachent le tuyau des mains des agents de sécurité et l’enroulent autour de poteaux pour le rendre inutilisable. Certains brisent une porte vitrée et en arrachent une autre. Plusieurs dizaines de ces ultras s’engouffrent dans le bâtiment et taguent l’entrée du siège d’Amundi.
« Le but c’était de se mobiliser contre Total [et non pour le climat !] « , mais le dispositif policier était beaucoup trop lourd à La Défense», raconte Irénée Frérot, physicien chercheur au CNRS et membre des Scientifiques en Rebellion. «Ici, on dénonce ceux qui financent Total, car le consensus scientifique est très clair : il y a assez de sites fossiles existants pour dépasser les objectifs de l’accord de Paris [dont le plus ambitieux vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C].» Il ne faut plus ouvrir aucun champ d’extraction d’énergie fossile plaide le chercheur, alors que TotalEnergies a annoncé augmenter sa production de gaz d’un tiers d’ici à 2030. «Ils nous disent que le gaz est une énergie de transition, mais c’est faux, c’est du greenwashing», plaide Irénée Frérot. La fête s’est terminée avec l’arrivée sur place des forces de l’ordre et le début de la nasse.