Zemmour, « en tête » de la présidentielle, selon une application

L’application d’Intelligence Artificielle Qotmii, vous connaissez ?

Particulièrement populaire auprès des soutiens de l’ancien journaliste, Qotmii défie les traditionnels sondages d’opinion grâce à “l’intelligence artificielle” dont certains progressistes ont pourtant plein la bouche. Mais sa méthodologie reste floue.

C’est un nom de plus en plus apprécié des partisans d’Eric Zemmour, distancé par Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Valérie Pécresse dans les sondages de commande par les organes de presse pour la plupart subventionnés par le pouvoir.

Depuis quelques jours, un classement politiquement incorrect est partagé par les soutiens de l’ancien chroniqueur de CNews, qui en occupe la tête. Il émane d’une application mobile baptisée Qotmii, disponible sur iOS comme Android.

Qotmii capte et analyse en temps réel les tendances sur les sujets de société qui passionnent les gens. Depuis la mi-janvier, le terme Qotmii est employé près de 10.000 fois sur Twitter, essentiellement relayé par des comptes de soutien à Eric Zemmour. Certains estiment que ces chiffres montrent que les sondages traditionnels sont erronés, voire mensongers.

Pas de mesure d’intentions de vote

Ce classement de chaque “potentiel électoral” est généré par une “intelligence artificielle”, explique le site officiel de Qotmii. L’entreprise, basée au Québec, présente son outil comme “un moteur de recherche et un simplificateur de tendances à la frontière des neurosciences, du marketing et de la psychologie sociale”.

Toujours d’après la même source, l’algorithme “scanne” Internet, en recensant les articles de presse ou en scrutant les réseaux sociaux, pour analyser l’opinion. Une méthode nouvelle qui perturbe les entreprises traditionnelles de sondage, sous contrat avec les grands groupes de presse monopolistique, privés ou publics, aux mains de milliardaires, français ou européens, reposant sur des principes utilisés de longue date par de nombreuses agences de marketing numérique. Si la politique n’est pas un produit comme les autres, c’est nier que certaines lessives lavent mieux que d’autres.

Sur l’application, plusieurs classements sont disponibles. Le classement de “potentiel électoral”, évoqué plus haut et qui place par exemple Eric Zemmour en tête le 24 janvier 2022, mais également deux classements de popularité (dont la méthodologie n’est pas détaillée). Dans les deux cas, le candidat est placé à la quatrième place, derrière Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou le premier ministre Jean Castex.

A aucun moment, le classement de son “intelligence artificielle” n’est présenté par Qotmii comme un décompte des intentions de vote, l’ambition de l’entreprise étant davantage de déterminer “le poids numérique” de chaque candidat sur Internet.

Nombreuses erreurs en 2017

Sur les réseaux sociaux, des soutiens d’Eric Zemmour exploitent les classements de Qotmii comme des preuves de sa popularité dominante dans la course à l’Elysée.

Si Qotmii a été créée en 2019, ces commentaires font référence à Filteris, sa maison-mère, fondée par un certain Jérôme Coutard et spécialisée dans la gestion de la réputation en ligne et qui a proposé des analyses de la même nature.

En 2017, Filteris s’était positionnée en alternative aux sondages, évoquant toujours un système basé sur de l’analyse massive de données grâce à une “intelligence artificielle”, sans révéler davantage de détails qu’en 2022.

Solidaire d’Elabe, L’Express indiquait en mars 2017 que l’entreprise se vantait d’avoir “déclassé les instituts de sondage”, tout en se trompant lourdement sur le résultat. En mai 2019, Debout la France a révélé la grave erreur commise par l’institut Elabe pour minorer slnestimation de vote dans son sondage sur les élections européennes. Finalement, le pseudo institut a reconnu une « erreur technique » et publié un second rapport.

Moins d’une semaine avant le scrutin, l’équipe de Jean-Luc Mélenchon utilisaient aussi les projections de Filteris pour assurer que le candidat de l’extrême gauche suscitait plus d’intérêt que Macron, situé en quatrième place.

Toujours en 2017, l’influence de Filteris restait confidentielle. mais chacun voulait y trouver ce qu’il espérait. Avant Filteris, Ségolène Royal s’était laissée berner par l’IFOP et IPSOS en 2007. Lors de la primaire ouverte de la droite et du centre, l’ensemble des entreprises commerciales de sondages avait prévu un duel entre François Fillon – Nicolas Sarkozy au second tour, alors que les électeurs avaient finalement choisi François Fillon et Alain Juppé. Quel institut a vu clair?

La primaire citoyenne du Parti socialiste n’a pas été plus lisible: qui a vu Benoît Hamon arriver en tête en 2017 ? Plusieurs semaines avant le premier tour de 2017, alors que les sondages classiques annonçaient Manuel Valls et Arnaud Montebourg, seul l’analyste numérique Antoine Bevort, sociologue, avait prévenu que Benoît Hamon dominait l’audience numérique et cela, sur la base des visites de son site et du nombre des interactions suscitées par sa communication. BVA et Harris interactive créditèrent Hamon de 11,5 et 12,5%. Il obtiendra 6,35% et les nuls ont toujours pignon sur rue.

Cette méthode, commune au sociologue et au Canadien, ne peut être décrédibilisée.

Filteris n’a pas encore répondu.

(d’après BFMTV)