Rencontre de Saint-Denis: Macron loupe son coup politique

Eric Ciotti accuse Macron de « nourrir » la crise démocratique

A la Maison des Demoiselles de la Légion d’h9.3,onneur de Saint-Denis, la rencontre de Macron avec les partis se solde par un nouvel échec.

Macron a même vécu comme un crime de lèse-majesté dans la cité des rois de France et il n’a pas caché son désagrément face aux défections, à l’ombre de la basilique où reposent nombre de nos souverains…. Le président de la République, en quête d’unité et de consensus, après 17 pieds-de-nez à la représentation nationale pour imposer ses textes sans vote par le 49.3, a organisé vendredi 17 novembre la troisième édition de ses rencontres de Saint-Denis avec les chefs de partis bafoués qui étaient prêts à mettre leur honneur républicain dans leur poche et leur mouchoir par-dessus.

Quelle abnégation ! Huit heures de discussion dans la Maison de l’éducation de la Légion d’honneur, ont été requis pour de nombreux « débats de qualité » (comme le veut la formule), mais entrelardés de monologues saoûlants de leur hôte… Un pensum ! Et pas grand-chose de concret au bout, hormis l’annonce d’un calendrier plus précis sur l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Ces échanges ont avant tout étalé la difficulté pour l’Elysée de trouver un quelconque terrain d’entente.

Le Parti socialiste, Les Républicains et La France Insoumise n’ont pas passé l’éponge sur les humiliations endurées. Un paradoxe, puisque Macron est privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale et toujours incertain pour définir le cap – sinon le récit – de son second mandat.

Pas d’élargissement du référendum : Macron se sait coupé du peuple…

LR refuse d’être la « caution d’une nouvelle séquence de narration qui n’aboutira à rien » et dénonce une « obsession du palabre sans lendemain ».

Sur le fond, le chef de l’Etat a du « prendre acte », selon la formule de son entourage, de l’absence de majorité pour réviser l’article 11 de la Constitution relatif au référendum. Une possibilité que Macron avait relancée dans un discours, le 4 octobre dernier, à l’occasion des 65 ans du texte fondateur, et érigé depuis en point numéro un des rencontres de Saint-Denis. Tous sont donc d’accord pour dire que c’est un raté.

« Un consensus s’est dégagé autour de la table sur le fait qu’il paraissait compliqué d’élargir la possibilité de tenir des référendums sur des sujets sociétaux, tellement les sujets sont larges et clivants », a par exemple résumé le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel à la sortie.

Il n’est plus question donc, comme l’envisageait un temps le président de la République, de permettre au peuple de se déterminer sur des sujets aussi intimes ou fondamentaux que la fin de vie ou l’immigration. A la satisfaction de la NUPES…

Ciotti dénonce une « obsession du palabre sans lendemain ».

Eric Ciotti, le patron du parti Les Républicains, dénonce cette nouvelle tentative de Macron de « nourrir » la crise démocratique en « démultipliant » des initiatives en dehors des institutions. « Vous êtes le président de la République française et vous devez en respecter les institutions », écrit l’élu des Alpes-Maritimes, dans une lettre ouverte.

Après avoir « accordé le bénéfice du doute » lors des premières rencontres organisées le 30 août, Eric Ciotti refuse désormais d’être la « caution d’une nouvelle séquence de narration qui n’aboutira à rien », fustigeant une « obsession du palabre sans lendemain ».

« En démultipliant les initiatives extérieures au champ institutionnel, vous participez à les affaiblir et à nourrir la crise de la démocratie. » (Eric Ciotti, patron des Républicains, dans une lettre ouverte à Macron)

L’absence annoncée d’Eric Ciotti à Saint-Denis a été instrumentalisée par le chef de l’Etat comme « une faute politique ». Mais pour le député des Alpes-Maritimes, la discussion « doit être publique, soit au Parlement, où le peuple délègue ses représentants, soit directement avec le peuple lui-même par référendum ». Le patron de LR demande ainsi à la majorité présidentielle de soutenir la « proposition de révision » que propose LR pour consulter le peuple sur l’immigration.

Outre Eric Ciotti, Olivier Faure (Parti socialiste) et Manuel Bompard (La France insoumise) et non la poissonnière et chef de groupe, Mathilde Panot, ont opté cette fois pour la politique de la chaise vide à Saint-Denis. Les Républicains étaient néanmoins représentés par le président du Sénat, Gérard Larcher, invité au même titre que la présidente Renaissance de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet.

Présidentielle: le président sortant ne décolle pas du sociétal

Macron évoque l’euthanasie, mais la presse ne fait pas écho

Euthanasie, méthode Macron de gestion du grand âge, des Ehpad et de Orpea

Brigitte Macron est fixée sur son avenir. Macron s’est en effet confié à des habitants sur le thème de l’euthanasie. Lors de son déplacement à Fouras, en Charente-Maritime, il a confié qu‘il est « favorable à ce qu’on évolue vers le modèle belge », mais sans expliciter: s’il était réélu, il pousserait pour la dépénalisation de l’euthanasie.

Cette confession a été captée par les micros d’Europe 1. Le casseur du secteur politique répondait à des sympathisants. « Je vous donne un avis personnel parce que je pense qu’il faut un débat dans la société sur un tel sujet. Je suis favorable à ce qu’on évolue vers le modèle belge« , a-t-il prévenu. Ce modèle signifie une dépénalisation de l’euthanasie.

Les cinq années à venir seraient encore sociétales: euthanasie, cannabis, GPA, etc

Macron, qui n’avait pas pris d’engagement sur la loi Claeys-Leonetti de 2005, a précisé que « le sujet a été mis sur la table avec les membres du Comité national d’éthique » au moment de la loi bioéthique du 2 août 2021, qui élargit la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules et donne de nouveaux droits aux enfants nés d’une PMA. Elle contient d’autres dispositions, notamment sur l’autoconservation des gamètes hors motif médical, la recherche sur les embryons et les cellules souches. « On s’est interrogé », continue le président-sortant, « je n’avais pas de mandat démocratique pour faire ça et il n’y a pas consensus dans la société », reconnaît le candidat à sa réélection.

Devant une femme qui lui parle de son ami âgé de 40 ans, Macron insiste pour dire qu’il a pris l’engagement de faire évoluer le sujet « en faisant une convention citoyenne pour qu’elle fasse accoucher [sic] un consensus ». S’il écarte le modèle suisse, un modèle d’assistance au suicide (en 2020, 1.280 personnes ont reçu une assistance au suicide en Suisse de la part d’Exit, soit 68 de plus que l’année précédente), le modèle belge « est différent et il permet de traiter des cas comme celui de votre ami, qui sont des maladies dégénératives connues où l’on sait qu’il y a une issue fatale« , a argumenté le candidat en habit de président en vraie-fausse campagne.