Macron aurait menti en niant farouchement les invitations de l’exécutif aux Soulèvements de la terre à son « grand » débat avec les agriculteurs

Macron au Salon de l’Agriculture : fallait pas l’inviter !

Le président de la République a politisé sa visite du 60e Salon international de l’Agriculture – du 24 février au 3 mars 2024 à Paris Expo Porte de Versailles – en attaquant le Rassemblement national, parti qui rassembla 13 millions d’électeurs contre lui en avril 2022, mais ignorant le collectif radical Les Soulèvements de la terre qui blesse des policiers et qu’il a tenté de dissoudre. En vain, comme la plupart de ses actions. BFMTV a interrompu un entretien pour diffuser en direct l’agression verbale présidentielle du premier parti de France.

Le santon Pannier-Runacher baisse les yeux…

A la Joe Biden, 81 ans, insultant Poutine, traité de « fils de p*te » («son of a bitch»), pendant une rencontre à San Francisco (Californie) avec des donateurs du Parti démocrate, Macron en campagne des Européennes – faute de se trouver une tête de liste pour son mouvement – a estimé que la profession agricole « mérite mieux » que le « projet de décroissance et de bêtise » du RN

Macron a pété un cable ce samedi 24 février au cours de réponses aux questions de la presse depuis le Salon de l’agriculture. Il est entré dans une colère noire pour assurer qu’il n’a jamais invité les Soulèvements de la Terre à débattre. Il a martelé qu’il n’a « jamais » au grand jamais « songé initier » une invitation au collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre à un grand débat.

« Je démens totalement cette information. Totalement ! Je n’ai jamais songé initier une telle invitation », à un grand débat au premier jour du Salon de l’agriculture, a-t-il asséné en évoquant le collectif écologiste d’extrême gauche. Une nouvelle qui avait provoqué la colère des agriculteurs et déclenché un boycottage par la FNSEA, syndicat majoritaire et respectueux.

« Vous parlez au président de la République qui a assumé de faire passer en Conseil des ministres la dissolution des Soulèvement de la Terre. Toute cette histoire m’a mis en colère à un point que vous ne pouvez pas imaginer (…) Donc là, ça, c’est n’importe quoi », a-t-il ajouté haussant le ton, visiblement hors de lui. Sauf qu’il est un comédien reconnu, également capable de prononcer des discours d’hommage sur un ton compassé frisant le ridicule et de prononcer au Salon des grossièretés (« bordel », « emmerder » et autres), le banquier pensant faire peuple et se rallier ainsi les benêts.

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, détourne le regard…

Macron évoque une « erreur » de ses conseillers

Pressé par les journalistes puisque le collectif avait été cité parmi d’autres dans un appel de l’Élysée à débattre avec la presse, il a insisté : « Il n’y a pas eu d’invitation. »

« Il y a eu une erreur qui a été faite quand ce groupement a été cité, mais c’est faux. Il y a eu la volonté d’organiser un débat avec toutes les parties prenantes, avec les distributeurs, avec la grande distribution, avec les industries agroalimentaires et avec les organisations qui sont dans les conseils, c’est-à-dire les organisations qui ont pignon sur rue, qui sont pacifiques et qu’on retrouve dans les conseils Ecophyto, etc. », a-t-il dit, citant les douteux WWF et Greenpeace.

VOIR la colère surjouée de Macron :

« Les organisations qui pratiquent la menace, qui détruisent : jamais », a conclu le président, dont on ne savait toujours pas à 10h s’il comptait se rendre au contact des agriculteurs échaudés pour couper le cordon officiel signant l’ouverture du Salon. Macron n’aurait donc pas tenté d’amadouer les méchants en invitant LSD, sachant que la FNSEA et les JA , quant à eux, sont accessibles à la raison et entrent dans l' »arc républicain. »

Les Soulèvements de la terre démentent les propos du président

« Contrairement à ce que voudrait faire croire Emmanuel Macron et la FNSEA, les Soulèvements de la terre sont nés avec l’objectif de lutter pour la préservation d’une agriculture paysanne, contre l’artificialisation et l’accaparement des terres. Nous ne sommes pas contre les agriculteurs, nous oeuvrons au contraire aux côtés d’une grande partie d’entre eux depuis nos débuts, pour que les ressources, les sols, l’eau soient protégés : c’est la condition sine qua non pour qu’une agriculture soit possible encore demain, et que de nombreuses personnes puissent vivre de la paysannerie, assure LST sur son site. L’Élysée a bien cherché à nous contacter via différents biais pour nous inviter à ce « grand débat » [1]. Voici quelques clarifications sur notre positionnement et sur les dernières 48h.

Marine Tondelier (EELV) confirme : lien

En deux jours, la venue d’Emmanuel Macron au salon de l’agriculture a pris des airs de farce et s’est accompagnée d’une somme de mensonges de l’exécutif. A l’heure d’une fronde agricole inédite, Macron a cherché à désamorcer le conflit en resservant la soupe du « grand débat ». Mais de l’arnaque de la convention citoyenne pour le climat au simulacre de négociations pour les retraites, plus personne n’accepte de faire de la figuration pour légitimer les monologues présidentiels. L’invitation des Soulèvements de la terre a rendu fous de rage la FNSEA, la droite et l’extrême droite. De notre côté nous avons d’abord cru à une blague lorsque nous avons appris que l’Elysée cherchait à nous contacter pour participer au débat. De toute évidence, nous ne nous serions jamais livré à une telle mascarade qui n’a d’autre objectif que d’éteindre la rébellion agricole en cours. Notre place est dans les luttes avec les paysan-nes, dans les blocages des  plate-formes de la grande distribution ou les occupations des sièges de l’agro-industrie. Les débats nous les avons au quotidien, sur le terrain, avec les habitant-es et paysan-nes des territoires.                                    

La direction  de la FNSEA et le gouvernement agissent de concert pour mettre un point final au mouvement agricole et œuvrent à mettre en place une agriculture sans agriculteurs, accuse encore LST. Ils cherchent à détourner la colère avec un train de mesures qui ne profiteront qu’aux patrons de l’agro-business sans résoudre trois questions centrales : (1) celle du revenu paysan, de la capacité à vivre dignement du travail de la terre ; (2) celle d’un changement de modèle agricole pour préserver la terre et l’eau face au ravage écologique ; (3) et enfin celle de la garantie pour tous-tes d’accéder à une alimentation saine et locale. La loi d’orientation agricole en facilitant l’usage des pesticides, en généralisant les méga-bassines au profit d’une minorité d’agriculteurs exportateurs ne répond à aucun de ces enjeux. 

Le désarroi agricole, les suicides et la colère sont les conséquences d’une politique délibérée de destruction de la classe paysanne (sic) : par la mise en concurrence mondiale et les accords libre échange et par l’organisation d’une dépendance au complexe agro-industriel qui dépossède les agriculteurs de la maîtrise de leur métier, les surendette et inféode leur activité aux profits de la grande distribution et des industriels de l’agro-alimentaire. 

Nous contribuons avec les Soulèvements de la Terre à différents combats pour la défense des paysan.nes. Contrairement à ce que cherche à faire croire la propagande du gouvernement, nous n’avons jamais « attaqué de fermes », nous avons ciblé des infrastructures du complexe agro-industriel : bassines en Deux-Sèvres, une usine Monsanto à Lyon, des expérimentations toxiques de l’industrie nantaise du maraîchage. Nous avons repris des terres aux spéculateurs et vendangé les vignes de Bernard Arnault pour appuyer des installations paysannes. Plusieurs générations de paysan-nes se retrouvent dans nos manifestations et prennent pleinement part aux Soulèvements de la Terre. 

Contrairement à ce que cherche à faire croire la FNSEA, il n’y a pas un monde agricole unifié  dont elle représenterait les intérêts. Il y a une grande bourgeoisie agro-industrielle, dont Arnaud Rousseau est le représentant, qui accapare et concentre les terres et les aides publiques. Et en face, il y a des masses d’ouvriers agricoles précaires et d’agriculteur-ices moyens en voie de paupérisation. Le gouvernement et la direction de la FNSEA cherchent une nouvelle fois à opposer écologistes et paysan-nes. Pour nous, il n’est plus question que les paysan.nes continuent à être pris en tenaille entre suicide économique et suicide aux pesticides. Nous avons la conviction que la lutte sociale des travailleurs de la terre et la lutte écologique contre le ravage en cours [sic] sont indissociables. Nous le démontrerons une fois de plus lors de la saison d’action des Soulèvements de la Terre qui commence ce printemps. 

L’agitation qui règne au salon de l’agriculture démontre que le mouvement qui a surgi en janvier 2021 n’est pas près de s’éteindre. Nous continuerons [avec le soutien du Conseil d’Etat], comme nous l’avons fait ces dernières semaines, à appuyer les blocages et les actions contre les multinationales, comme Avril [marques comme Lesieur, Puget, Matines ou Diester ] et Lactalis [produits laitiers Président, Galbani, Lactel, Bridel, Société, Le Roitelet, Lepetit, Salakis, Graindorge…], qui font leur beurre sur le dos des paysans. 

[1] L’Elysée, par l’intermédiaire des cabinets de Pascal Canfin [ministre délégué au Développement dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault] et Gabriel Attal, ont bien cherché à contacter des membres des Soulèvements de la terre afin de nous inviter à ce débat. En effet, le jeudi 22 février, à partir de 18h, un député européen EELV confirme avoir transmis le numéro de téléphone d’une de nos portes paroles au cabinet de Pascal Canfin (RE), qui était en charge de faire le lien avec l’Élysée pour nous inviter à ce « grand débat ». Des membres du cabinet du cabinet Gabriel Attal ont contacté une responsable politique nationale d’EELV, afin de récupérer un contact chez les Soulèvements de la terre. Cela rejoint les annonces de l’Elysée concernant notre invitation, lors de la conférence de presse du jeudi 22 février.

[2] Notre premier communiqué sur le mouvement agricole en cours, daté du 31 janvier :

L’écriture inclusive n’est pas de notre fait…

Loi immigration : le camp Macron diabolise LR et son projet

Un « acte de décès du parti de gouvernement », selon les chasseurs de sorcières

Immigration : La charge du camp Macron contre LR et son projet, « acte de décès du parti » (photo d’Eric Ciotti et Olivier Marleix prise le 7 février 2023)
Immigration : La charge du camp Macron contre LR et son projet, « acte de décès du parti » (photo d’Eric Ciotti et Olivier Marleix prise le 7 février 2023)

Sans majorité, le parti du président veut toujours avoir raison seul contre tous. Une semaine après en avoir annoncé les contours, Les Républicains viennent de déposer à l’Assemblée nationale le premier volet de leur projet adapté à la situation sur l’immigration. Bousculé dans son inertie, le camp présidentiel relance son entreprise de démolition en règle dans les media, comme il le fait contre le groupe LIOT, avec la proposition d’abrogation de la réforme des retraites imposée sans vote.

Les taxis de la Marne du parti Renaissance montent au front ce samedi 27 mai dans Le Journal du Dimanche. L’agité de l’ex- gauche du PS, Sacha Houlié, le LREM Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français établis hors de France (Benelux) et Pascal Canfin, écologiste passé â Renaissance, signent effectivement une tribune très partisane dans laquelle ils accusent Les Républicains de verser dans le camp des « partisans du chaos européen. »

Les trois responsables tentent ainsi de diaboliser une mesure qui évoque le opt-out réussi du Danemark : la possibilité voulue par LR de déroger au droit européen renvoie en effet à un précédent, l’option danoise de retrait de la politique de sécurité et de défense commune.

Cette position de retrait français des règles communes européennes en matière d’immigration, estime le trio, « est l’acte de décès du parti de gouvernement que fut LR, prêt à sacrifier ce qui pouvait lui rester de conviction européenne sur l’autel du suivisme des combats identitaires de l’extrême droite. »

« Une vieille revendication de l’extrême droite française et européenne »

Le parti gaulliste propose de revoir la Constitution pour parvenir à plusieurs objectifs : fixer des quotas migratoires, permettre l’organisation d’un référendum sur le sujet, mais également donner « la possibilité de déroger à la primauté des traités et du droit européen », ceci lorsque « les intérêts fondamentaux de la nation sont en jeu ». Ce serait le cas pour l’immigration. Autant de mesures qui, selon les sondages, font écho à la demande populaire.

Or, pour le camp présidentiel, toujours prompt à disserter sur la ligne politique des autres et ź rejeter systématiquement tout amendement venu d’ailleurs, « mettre fin à la primauté du droit européen », un « principe de bon sens qui assure la cohésion de l’Union », se serait « reprendre une vieille revendication de l’extrême droite française et européenne. » on le voit, un argument repris à tout props et, du coup, usé jusqu’à la trame, outre qu’il méprise les aspirations de la base.

« Cette prise de position fait sortir Les Républicains du champ des familles politiques que l’on peut qualifier de proeuropéennes, en rupture avec leur histoire et en rupture avec les autres partis européens de droite de gouvernement », ostracisent encore les présidents de Commissions à l’Assemblée Sacha Houlié (Lois) et Pieyre-Alexandre Anglade (Affaires européennes) et l’eurodéputé Pascal Canfin.

La triade n’hésite pas non plus à diaboliser la stratégie migratoire des Républicains, estimant sur ce point en tout cas,qu’elle bloquerait l’Union européenne, et donc la fragiliserait, si elle ne l’était pas déjà. « Que paralyser l’Europe soit le projet de l’extrême droite depuis des décennies, c’est une évidence. Mais qu’il soit désormais aussi celui des Républicains est nouveau, » racontent les trois commis d’office.

D’autant que cette tribune est fort peu du goût de Gérald Darmanin. Dans un entretien publié en fin de journée dans Le Parisien, le ministre de l’Intérieur ne met pas LR au ban des partis de gouvernement, contrairement à ses trois collègues radicaux: « Il y a ceux qui pensent à régulariser tout le monde, c’est la Nupes. Ceux qui ne veulent accueillir personne, c’est le RN. Entre les deux, il y a les partis de gouvernement ». Darmanin tente ainsi de ramener ses collègues à la modération. Essayant la méthode Coué avec le janissaire de Macron qui s’oppose au …référendum d’initiative citoyenne, dans lequel il voit « une source de graves dangers », mais plaide pour la tenue d’un …référendum sur la réforme des institutions, Darmanin tente de calmer les esprits. « On est tous dans la même majorité. Je travaille très bien avec Sacha Houlié, qui a un grand talent et le sens de l’intérêt du pays ».

Lien PaSiDupes : Bruno Retailleau

Irresponsabilité de Macron à la COP26, après son revirement sur le traité du Mercosur

Macron bafoue l’accord UE-Mercosur et dévalue sa signature

Une manifestation de soutien au président brésilien Jair Bolsnora devant l’ambassade franàçaise à Brasilia, le 25 août.
Une manifestation de soutien au président brésilien Jair Bolsnora devant l’ambassade française à Brasilia, le 25 août 2019

Le président français a fait faux bond à l’UE, dont il va assurer à son tour la présidence, retirant le soutien de la France à l’accord commercial controversé de l’Europe avec le Brésil, pour sanctionner Jair Bolsonaro.

La volte-face spectaculaire de l’imprévisible Macron sur l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay) de juin 2019 est une rupture d’engagement comparable à l’annulation subite du contrat de l’Australie pour des sous-marins français, un revirement qui l’offusque chez l’autre, mais qu’il s’autorise et « assume » avec arrogance. En plein G7 à Biarritz, alors que des incendies ravagent l’Amazonie, le président français retire vendredi 23 août son soutien à ce traité de libre-échange controversé, accusant l’inaction de son homologue brésilien Jair Bolsonaro en matière de climat et de biodiversité. Accabler ses semblables pour se grandir, telle est la méthode Macron, celui qui n’a pas su garder plus de quinze mois son ministre de l’écologie, Nicolas Hulot, qu’il avait fait ministre d’Etat pour faire illusion sur ses convictions profondes réelles. Même aux nombreux opposants à l’accord, cette volte-face de Macron était apparue opportuniste à peu de frais.

L’accord en bref

L’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) vise à faciliter les échanges entre les deux blocs. Il prévoit l’élimination, d’ici à dix ans, de la quasi-totalité des droits de douane appliqués aujourd’hui sur les exportations d’un continent vers l’autre. En matière d’agriculture, l’UE a accepté un quota annuel d’importation de 99.000 tonnes de viande bovine sud-américaine. En retour, elle a obtenu un meilleur accès de ses entreprises aux marchés publics des pays du Mercosur et une protection de ses indications géographiques protégées.

1. Emmanuel Macron a changé d’avis sans raison évidente

Lorsque l’UE et le Mercosur ont annoncé à la fin de juin avoir trouvé un accord commercial, Macron s’était montré plutôt bienveillant. Malgré une forte contestation, jusque dans son camp, il avait expliqué que l’accord était « bon à ce stade ». Mettant en garde contre les attitudes « néoprotectionnistes », il avait prôné une « ouverture [commerciale] sans naïveté, exigeante […] sur le plan climatique ».

Les écologistes l’accusaient de faire une fleur à Bolsonaro en pactisant avec un dictateur ? Le président français se félicita au contraire d’avoir obtenu l’introduction d’une clause contraignant le Brésil à respecter ses engagements climatiques. Ce levier « écologie contre commerce » était pensé comme un mécanisme vertueux pour empêcher Bolsonaro de quitter l’accord de Paris, comme il menaçait de le faire. Il pourrait même permettre de « replanter douze millions d’hectares » de forêt en Amazonie, racontait le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne, le 2 juillet. Tout au plus Macron avait-il concédé qu’il mènerait une « évaluation indépendante » pour vérifier que le Brésil tenait ses engagements avant d’apporter sa signature officielle.

En plus de braquer les projecteurs du monde entier sur la politique destructrice du président brésilien, les incendies qui ravagent l’Amazonie ont visiblement fait changer d’avis Macron. Depuis Biarritz, il a tout à trac accusé Jair Bolsonaro de lui avoir « menti » sur son engagement en faveur du climat et de la biodiversité, suggérant que le président brésilien avait révélé son vrai visage. Comme l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis qui eux aussi auraient trompé la sagacité du prétentieux je-sais-tout, décidément roulé dans toutes les farines diplomatiques du monde, jusque, actuellement, dans l’attribution des licences de pêche avec le Royaume-Uni. Sans parler des impasses militaires, comme en Afrique sub-saharienne.

Or, dès sa campagne électorale, J. Bolsonaro n’a jamais dissimulé qu’il relativise la menace sur l’Amazonie. La recrudescence récente d’incendies n’est que la conséquence logique de la politique de déforestation menée ouvertement par le président « d’extrême droite », selon les opposants à l’alternance démocratique depuis son arrivée au pouvoir après les deux présidents d’extrême gauche condamnés en justice, Lula da Silva et Dilma Rousseff. Que Bolsonaro ait renoncé à quitter l’accord de Paris n’a rien changé à sa politique intérieure. LIEN PaSIDupes

En lâchant l’accord UE-Mercosur, Macron acte donc l’échec de son bras de fer. Après avoir tenté la carotte, il se rabat sur le bâton. Dand le conflit franco-britanniquz sur les licences de pêche, il menace, puis accorde au Royaume-Uni un dépassement à la date de son ultimatum… Sur le Percosur, s’il avait donné sa signature, Macron aurait quasi abandonné son dernier moyen de pression. L’accord UE-Mercosur prévoit bien des clauses censées forcer le Brésil à respecter ses engagements en matière de climat et de déforestation. Mais s’ils ne sont pas respectés (ce qui est difficile, et souvent très long, à établir), l’accord ne prévoit pas de mesures de rétorsion très efficaces.

2. L’accord n’est pas (encore) mort

A l’automne 2019, on ignore alors si Macron dispose formellement d’un veto sur l’accord UE-Mercosur. Selon la nature juridique du traité, qui n’est pas encore connue, c’est l’unanimité ou une simple majorité qualifiée des Etats membres de l’UE qui sera requise. Au-delà des détails légaux, un non français est très probablement suffisant pour torpiller l’accord politiquement. D’autant que M. Macron a déjà reçu le soutien de plusieurs pays, dont l’Irlande et le Luxembourg.

Mais le chef de l’Etat français s’est bien gardé d’insulter l’avenir. Il a seulement déclaré, le 23 août, qu’il s’opposait à l’accord UE-Mercosur « en l’état ». Le processus de ratification pouvant se mesurer en années, il n’est pas impossible que le sujet revienne sur la table dans le futur… sans la certitude que Jair Bolsonaro et Macron soient encore au pouvoir à ce moment-là.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a d’ailleurs réaffirmé son soutien à l’accord samedi, tout en reconnaissant que les conditions n’étaient pas réunies aujourd’hui pour une « ratification harmonieuse ».

Le plus probable est que l’UE et le Mercosur continuent de peaufiner les détails de leur accord commercial au cours des prochains mois, le temps que le contexte politique se clarifie. Ils pourront alors décider de lancer la ratification de l’accord, d’en renégocier certains points, ou de l’enterrer définitivement. Dans tous les cas, il faudra obtenir l’aval du Parlement européen, ce qui n’est pas forcément acquis.

3. Enterrer l’accord n’est pas suffisant pour sauver l’Amazonie

« Je crois que la non-conclusion de l’accord avec le Mercosur ne contribuerait en aucun cas à ce qu’un hectare de moins ne soit défriché au Brésil, au contraire », prévenait en juin la chancelière allemande, Angela Merkel. A en juger par la réaction violente de Jair Bolsonaro, le non de Macron ne semble alors pas en mesure de faire dévier le président brésilien de sa trajectoire.

C’est pourquoi certains poussèrent Macron à aller plus loin. Son ancien ministre de l’écologie Nicolas Hulot réclama ainsi des « sanctions commerciales » pour interdire l’importation de produits agricoles brésiliens contribuant à la déforestation :

  • les 12 millions de tonnes de soja brésilien importées chaque année par l’UE pour nourrir les animaux d’élevage (qui, avant même l’accord commercial, ne sont déjà soumis à aucun droit de douane) ;
  • le quota non pas de 140.000, ni 160.000, mais de 99.000 tonnes de bœuf brésilien importé chaque année, pouvant être issu d’élevages contribuant à la déforestation.

Macron tarda à envisager de telles sanctions commerciales. Dans sa stratégie contre la « déforestation importée » présentée il y a un an, son gouvernement s’était contenté de proposer des mesures incitatives.

L’eurodéputé macroniste Pascal Canfin (ex-EELV) assure aujourd’hui que le Parlement européen travaille à « limiter l’accès au marché européen [des] produits issus de la déforestation », mais une telle mesure semble lointaine. Aucune norme contraignante ne figurait dans la stratégie contre la déforestation présentée en juillet par l’UE.

L’argent peut aussi servir de moyen de pression sur Bolsonaro : la Norvège et l’Allemagne décidèrent de couper les subventions versées au Brésil dans le cadre du Fonds pour la préservation de l’Amazonie. La France ne peut pas en faire de même, puisqu’elle ne contribue pas à ce fonds.

En revanche, Paris dispose du levier de l’aide au développement : l’Agence française pour le développement finance de nombreux projets au Brésil. Couper ces subsides, à supposer que cela soit possible, pourrait toutefois se révéler contre-productif, en bloquant des projets liés à la transition écologique. Ce que l’Allemagne et la Norvège font, la France ne pourrait se le permettre…

Correction, le 26 août à 17h15 : le quota de viande bovine accepté par l’UE n’est pas de 160 000, mais de 99 000 tonnes.

Maxime Vaudano

Pascal Canfin « totalement » opposé à la taxe carbone sur le chauffage et les carburants

Les écolos vont devoir accorder leurs violons…

L'ancien ministre Pascal Canfin, désormais président de la commission Environnement au Parlement européen, s'oppose à la taxation du chauffage et des carburants.

L’ancien ministre délégué EELV au Développement du socialiste Ayrault (2012-2014) Pascal Canfin, désormais président de la commission Environnement au Parlement européen, s’oppose à la taxation du chauffage et des carburants.

La Commission européenne a annoncé mercredi une douzaine de propositions visant à atteindre la neutralité carbone dans l’Union en 2050. Parmi elles, une plus forte taxation du chauffage domestique et des carburants. Une mesure que combattra Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement européen.

La Commission européenne a voulu donner un coup d’accélérateur à la transition énergétique en présentant, mardi, un pacte vert, comprenant une douzaine de mesures censée amener l’Union à une neutralité carbone en 2050. Parmi elles, la fin des voitures diesel et essence, une taxe kérosène dans l’aérien, le développement des énergies renouvelables ou encore la taxation des biens moins verts importés dans l’UE. Y figure aussi la création d’un nouveau marché carbone, sur le chauffage domestique et les carburants, en 2026. Cette dernière mesure est sans doute à l’heure actuelle la plus contestée, car elle pèsera sur les ménages. Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement européen, a prévenu jeudi sur Europe 1 qu’il la combattrait.null

« J’essaierai de faire en sorte qu’il n’y ait pas de majorité au Parlement européen »

« Autant je suis favorable à la quasi-totalité des mesures de ce paquet climat, autant où je suis totalement en opposition à cette mesure spécifique », a assuré l’ancien ministre délégué au Développement (2012-2014). « Quand, par exemple, on habite à 20 ou 30 kilomètres d’un centre-ville et que l’on est obligé de toute façon d’aller travailler en voiture et conduire ses enfants en voiture, on n’a pas le choix. Ce n’est pas parce que l’essence coûte 20 centimes ou 10 centimes plus cher. C’est juste que vous êtes obligé de payer. Et vous n’avez pas d’alternative. Je pense que cette mesure-là n’est pas bonne », a-t-il insisté.

Et Pascal Canfin fera tout pour que cette mesure précise soit finalement retoquée. « J’essaierai de faire en sorte qu’il n’y ait pas de majorité pour la soutenir au Parlement européen« , a-t-il affirmé. « D’ailleurs, la France, en tant que gouvernement au sein de l’Europe, y est hostile. »

« Quand on prend l’avion, on émet du CO2 »

L’ancien président de WWF France s’est dit en revanche favorable à la taxe sur le kérozène pour les trajets en avion à l’intérieur de l’Union, même si elle était répercutée sur les prix des billets. « Vous êtes quand même rarement obligé de prendre l’avion. C’est un choix », a-t-il relevé. « Le fait de dire au secteur aérien, ‘c’est normal de mettre un prix du carbone parce qu’aujourd’hui, toutes les autres industries en ont, mais vous, vous êtes en quelque sorte un passager clandestin de la lutte contre le dérèglement climatique’, c’est juste du bon sens. Effectivement, ça pourra rendre les billets d’avion de quelques euros plus cher. Mais chacun doit comprendre que quand on prend l’avion, on émet du CO2. On doit au moins payer le CO2 à son juste prix. »

Même soutien de Pascal Canfin à une autre mesure spectaculaire ; l’interdiction de la commercialisation de véhicules émetteur de gaz à effet de serre, hybrides compris donc, dès 2035. « 2030, c’est trop tôt pour gérer les conséquences industrielles et sociales de cette transition. 2040, c’est trop tard pour le climat », a tranché l’ancien ministre. « Notre objectif, c’est d’être neutre en carbone en 2050. Or, une voiture (essence) en moyenne, ça dure à peu près 10 à 15 ans sur les routes. Et donc, si vous n’arrêtez pas au plus tard en 2035, la vente de nouveaux véhicules thermiques, vous en avez encore sur les routes en 2050. Et donc, par définition, vous n’êtes pas neutre en carbone. »